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LA DYNASTIE DES FÖÜCHARD.
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Samedi 17 Juillet 1875.
10me annee.
N° 996
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Le Journal parait le Mercredi et le Sarnedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
17 Juillet.
ont ouvertement declare que s'ils votaient
contre le projel, c'était uniquement a cause
des a vantages que les calholiques pourraient
relirer du nouveau régime de l'enseigne-
ment supérieur en France.
II n'est pas sans inlérèt de remarquer que
l'allilude du libéralisme beige, a propos de
cetle queslion, est absolument la mème que
celle des républicains francais.
Si nos libéraux étaient sincères dans l'ad-
miralion qu'ils élalent pour la Constitution,
il semble qn'ils devraient voir avec bonheur
un des principes fondamenlaux de nolre
droit public la liberie d'enseignement
s'inlroduire chez un« nation voisine et amie.
Or, nous les voyons, au contraire, dèplorer
la loi libéralrice qui vient d'etre volée a
Versailles et signaler ce progrés véritable
comme le symplóme d'une funeste déca-
dence. Qu'esl-ce a dire smon que toule me
sure qui a pour résultat d'affranchir l'Eglise,
de permetlre la diffusion de la vérilé catho-
lique, de reconnailre la liberie de la prière,
de la parole ou de l'aumöne, souléve néces-
sairemeot, a raison mème de cecaractcre,
l'hoslililédu libéralisme. En revanche, toule
mesure d'exceplion, tout acte de proscrip
tion, tont décret de perséculion dirigé con
tre l'Eglise, conlre son sacerdoce ou contre
ses fidèies est également assure, a raison
mème de ce caraclére anti-calholique, d'etre
accueillï par les applaudissements des libé
raux.
La chronique contemporaine est le com-
mentaire pratique et quotidicn de ce double
fail. II serail done bon de meltre le langage
en harmonie avec les fails et de conlribuer
ainsi a dissiper des equivoques trop prolon-
gées. On appelait autrefois une loi libérale,
celle qui étendait la liberlé, et, a ce litre, la
législalion qui vient de prévaloir en France
eüt certainement mérité celte qualification.
Mais les mots aujourd'hui n'onl plus la mè
me va'eur: une loi libérale, une mesure libé
rale sont des lois exceplionnelles, des mesu-
res reslrictives, parliculiéremenl édiclées
contre l'Eglise catholique, contre ses ininis-
tres, contre les fidèies soumis a son ensei-
gnement. En ce sens, et de l'aveu de nos
adversaires eux-mèmes, la politique de M.
le prince de Bismark est une politique essen-
tiellement libérale, la perséculion qui régne
en Suisse est un régime libéral dont Texem-
ple est bon a imiler.
C'esl en nous inspirant de ces réflexions
que nous nous félicilons du vote de la loi sur
Penseignement supérieuren France comme
d'un triomphe remporlé sur le libéralisme.
L'Eglise est désormais libre de luller, et
comme le prix de la lutte, cesont les ames
conquises par le sang de Jésus-Christ, il y a
vraimenl lieu de se réjouir de la loi répara-
trice qui fait cesser le monopole de Terreur.
Aussi le Saint-Pére a-t-il appelé d'avance de
ses vceux le vote de Mardi dernier el a-t-il
prodigué ses bénédiclions et ses encourage
ments aux champions qui ont amené ce ré
sultat. A leurs noins, il convienl cependant
de joindre ceux des soldals d'aulrefois qui
ont lullé pour !a mème cause sans avoir eu
la joie d'assisler a la victqire.
L'activité catholique va prendre désormais
une autre direction. Aprés avoir laborieuse-
meul conquis le terrain sur lequel doit s'éle-
ver l'eddice de renseignemeul religieux ct
libre, il s'agit maintenant de mellre la main
a l'ceuvre pour batir. Les matériaux sont
prèts el, selon toule apparence, les ouvriers
ne feront pas défaut. Ce ne sera pas l'un des
spectacles les moins grands et les moins
consolanls de nolre époque que celui de l'é-
panouissement de la science catholique, dé
sormais dégagée des entraves du libéralisme.
On verra bienlót si l'Eglise estl'ennemie des
progrés de l'esprit humain; on verra si Elle
ne retrouvera pas, dans son immortelle jeu-
nesse, cetle fécondilé qui avail parsemé
d'universités l'Europe du Moyen-Age; on
verra enfin ce que peuvenl des croyances
qui s'affirment sans respect humain et des
dévouements qui se donnent pour le salut
des ames et pour l'amour de Dieu.
(Bien public.)
UN PLACEMENT RECOMMANDÉ.
M. Anspach est enlré en vacances, et ces
vacances il les prend a l'élranger. (I doit,
avant de se rendre a Londres, oü il est invi
té au diner du lord-maire, passer par Paris.
On lui prète l'intention d'inviter le Sultan de
Zanzibar a venir visiter Bruxelles. Hier soir
celte nouvelle circulait dans les cafés qui
foisonnenl sur la Place des Nations et aux
alentours du théalre. La perspective de voir
le Sultan arabe parait sourire beaucoup aux
Bruxellois qui s'imaginent que cela altire-
ra du monde et fera aller le commerce.
Mais il y a un petit revers a la médaille:
le Sultan de Zanzibar, quoique fort a son
aise, n'a pas hérité des diamants du Grand-
Mogol, il sail compter, et puis il ne décore
pas!! C'est ce qu'un trio de juifs qui inacu-
lent de leur prose les feuilles libérales, affir-
mail avec une véritable douleur.
On dit Bourgosch-Ben-Said intelligent. II
régne depuis 1870 sur l'ile de Zanzibar, la
principale parlie de ses possessions. D'au-
cuns afiirment qu'il vient chercher en Euro-
UNE CONQUÈTE
FAITE SUR LE LIBÉRALISME.
L'Assemblée de Versailles a volé Lundi,
par 31G voix contre 266, le projet de loi sur
Tenseignement supérieur.
Ce vote est un véritable événement histo-
rique. II couronne par une vicloire la lon
gue lutte que les calholiques francais ont
soutenue contre le monopole odieux de l'U-
niversilé. En dépil des imperfections et des
lacunes de la législalion nouvelle, ce résul
tat est considérable et sera fécond en bien -
fails. L'Eglise affranchie des entraves qui
pesaient sur elle, peul désormais se livrer a
ce travail de restauration morale qui est la
condition préalable et la preface obligée du
rétablissement de l'ordre chrétien. Elle aura
désormais sa part dans la haute éducation
intellecluelle de la nation francaise, et, en
présence du réveil religieux qui se mani
feste,- il est permis d'espérer que celte in
fluence sera considérable.
Fait digne de remarque! Les adversaires
du projet de loi se sont tons trouvés dans le
camp libéral et républicain. Ce sont les pré-
tendus partisans du droit commun qui ont
défendu le privilége; ce sont les pröneurs
de la concurrence qui sont demeurés les
champions obstinés du monopole; cesont
les amis des lumiéres el de la libre discus
sion qui ont dispulé a l'Eglise une place
légalemenl mesurée dans l'aréne 011 se li-
vrent lesgrandes Iutles de notre temps. Ces
inconséquences meitent a nu le fond du libé
ralisme: il n'est et ne sera jamais que la
haine et la proscription de la vérilé. Au sur
plus, oertains oraleurs n'ont nullement dis-
simulé le mobile de leur opposition au projet
de loi. Dans le cours de la discussion, plu-
sieurs membres de la gauche républieaine
pe un fonctionnaire expérimenté et apte a
implanier dans ses Etals ['administration des
peuples civilises de 1'Occident. II me semble
que ce rare oiseau que cherche Bourgosch-
Ben-Saïd ne doit pas élre introuvable en
Belgique. M. Ie Gouverneur Vrambout pour-
rait, me semble-l-il, accepter avec fruit la
mission de civiliser le sultanat de Zanzibar.
Je lui soumets très-respectueusement cette
idéé et je me perrnets d'ajouter que pour le
cas oü eet honorable fonctionnaire se déci-
derait a devenir le bras droit du prince
Bourgosch, il ne rencontrerait pas a Zanzi
bar des dépulés permanents avides de régu-
larilé comme ceux de Bruges. Cet avantago
vaul son pesanl d'oret il mérite de fixer la
sérieuse attention de M. Ie Gouverneur.
Et puis qui sail si, au bout de trois ou
quatre ans, M. Vrambout ne reviendrait pas
de Zanzibar, le teint bronzé comme le sultan
Bourgosch lui-mème, flanqué d'une suite de
beaux négres et de négrillons et le front
ceint de l'auréole des grands civilisateurs!
Encore une fois que M. Vrambout veuille
bien prendre la peine de réfléchir. II y a la
pour lui une perspective brillanle et une
occasion unique de conquérir une gloire
impérissable. S'appeler Benoit Vrambout,
c'est déja quelque chose; ajouter a ce quel
que chose le litre de préfet des Deux-Glaces
et de comle de Girandole, c'est mieux en
core; mais s'appeler un jour Vrambout-Ben-
Saïd, porter un fez étincelant, a glands d'or
el se savoir rangé au nombre des mammou-
chis dont la postérilé gardera le souvenir:
c'esl bien autre chose cela!
II me parait difficile que M. Vrambout nc
soit pas de mon avis s'il daigne méditer
sérieusement l'idée que je prends la liberlé
de lui suggérer, moi petit et chétif.
(Patrie.)
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Popennghe-Ypres, 5-15,7-00,9-30,10-56,2-15,5-06,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-05,3-57,6 50,8-45,9-50.
peringlie-IIazebrouck, 7 03, 12-25, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-35, 9 50, 4-10, 8-25.
i pres-Routers, 7-50, 12-25, 6-45. Ron Iers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Po-
-Lichterv.-Cottrtrai,5-2Sm.9 01,1,30,3,377,21
Y pres-Roulers, 7-30, 12-28, 6-4-3. Kou Iers- Ypres, 9-23, 1-30
Kou Iers-3,44,8-4311-34,1-13,4 39,7-36, (9-33. Lichterv.) uiciuerv.- n
velde l2-02ven;uit d'Ostende.— Bruges-/fo«iers,7 23,8-23,12-30,3-00,6-42.8 43.—i,u-.inerv.-ovuro-tn.D-zoui.v uii ,ou,a,o< .21
Ypres-Co«rtm't'8-34,9-49,11-13,2-33,3-23,7l5(miite 1*et 2*cl.).Courtrai-y^r«s,7,00(mixiel°ei2'cl.)8-08,11-02,2-36,3-40,8 49.
x Pres-hourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-30 du malin jusqu'a Langhemarck)Thourout- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(Ie Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck i Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-IIouplines-AmeBfières, 6 00, 10,13, 12-00, 6-23,Armentières-IIouplines Le Touquel-War-
nélon-Comines 7-23, 10,30, 4-10, 8-40. Comines-Warnéton 8-43, m. 9-30s. Warnêton-Commes 8-30
Courtrai 8-03, 1
Bruges, Blankenberghe,
seul)7-38,(exp.)8 S3.
(exp.)9 01.- Ileyst, Blankènh
1 nge I m urfiter Deynze-Gand3-v^, ö-,,, ^-.u. ...gommi
11-20, 4-41Deynze Ingelmunster, 1-00. 2* cl. 8 20.
lngelmunsler-Arase^/iem,, 6-08, 12-83, 6-13. Anseghem-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. Z)iz>iAerA«-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-33, 11-10,
3-40, 5-00.
Dixmude-AYgMport,9-80,2-20,8-43. Nieup-Drm,(bains)7-20,11-30,4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
1 hourout-Oslende, 4-30, 9-13, 1-80, 8-03. Oslende-Thouroul, 7-88, 10-10, 12 25, 6-15.
aelzaete-ifiec/oo, 9-03, 1-23, 8-25. Eecloo-Se/raete, 8-33, 10 13,4-22.
9-5Ö,
6-42.
le Sam.
I 7 41,
_r 33,8 45
-Ingelmunster, 6-38,
Gaad-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
Selzaete-LuAemt, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) LoWeren-Selzaete, 6 00, 10-25, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.)
o o R r xrspoiriaakircss.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,35.
Bruxclles arr. 9,20 1,38 2,25 6,14 8,34.
COURTRAI, TOURNA I, LILLE.
Courtrai dép. 6,37 10,86
Tournui arr. 7,28 11,47
Lil le 7,38 12,08
2,34 3,34 8,47.
3,48 6,39 9,41.
4,00 6,35 10,00.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,33 6,47.
Courtrai arr. 8,02 10,46 2,44 7,86 8,44.
LILLE, T0URNAICOURTRAI.
Lil Ie dép. 3,13 8,22 11,03 2,22 8,20
Tournai 5,42 8,36 11,29 2,40 5,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAI, GAND
GANDCOURTRAI.
Courtrai dép.
Oaud arr.
6,42
8,01
12,31
1,31
3,44
3,04
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courlrai arr.
3,t3
6,34
9,38
10,51
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,32, 3 43 ex. 6,43.
Gand a. 7,31, 1,49 4-07, 4,28, 7,33.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 6,00
Bruges 7,13
BRUXELLES, 0AND, BRUGES.
8,14 11,53 3,12 exp. 4,59 exp. 3,33.
9,4t 1,13 3 23 4,26 6 37 7,23.
10,34 2,38 4.37 3,11 7,22 8,38.
a
Suite. Voir le N" précédent.
II était ciirieux de les voir ensemble. Le père
Fouchard complaitnous l'avons dit, soixante-
nruf ans, Ui fiain Foiichard quaranle sepl. Achitie
vingtquatre. Aux époques de la vit' 011 la jeunesse,
I age iin'ir et la vieillesse sont duns leur ptéuiliide
respective, differents d'hutnenr. 011 le concoit, ils
élaient au fond parfailrnienl seinblahlesnou par
1 esprit, 111 ais par l.lnie, deiiieurée tbt'Z eux sans
cuiluie; or, l'ame c'est I honiint'. Quelque cliose
de celle resseniblance se Irahissait a l'exléricur.
Droits grands vigoiireux bien fails on prenait
plaisir ii les voir passer dans la mede Cheinelles,
quand ils allaienl de la maison du bonhoimne a
son verger, silué ii l'aulre exlrémilé du village.
Sonl-ils ben du méuie sang! disaient les com-
mères, dommage qn'ils soient si durs au pauvre
monile, n'y a point de larmes dans leurs veiix.
L'ulail la eiïecliveinenl leur Irait coniinun. Par
ailleiirs, il y avail enlre eux des nuances fort
disiinctes.
Haul en couleur, nn pen marqué de la petite
vérole, le coin de l'ouil et de la boucbe ridé par 1111
ricanement habituel, les cheveux encore épais et a
peine grisonnantsl'air finaud, salisfaitsdr de
tonics choses malgré son absence compléte de
struction le père Fouchard eüt posé avantageu-
scinent couune modèlc de la piospërilé villageoise,
ordinairementsans enlrailles Je suis arrivé,
failes-én autant si vous poiivez.
Plus maigre plus usé pent élre que son pêre,
Urbain Fouchard avail les tempes dégarnies, l'ueil
enforicé, un plisseinenl sinistra rapprochait ses
sourcils"; il était de visage el d'huineur sombres.
Son esprit nt inanquail 111 de vigueur ni d'étendue.
mais il sa vuil pen. Quand a l'age de treize ans, il
lui pril fantaisie de quitter la pension oü on lui
enseiguait le francais personne ne s'v opposa.
Depuis. il n'avait rien appris. si ce n'est la politique
du jour et Its bribes d'hisloire qu'on trouve dans
les joiirnaiix. Pour toule reconnaissance de la
satisfaction autrefois donnée a uri caprice qu'il
regret tail aujourd'biii morlelfemenl, il disail par-
fois ti Mou père est une vieille béte, il a voulu
que je lusse comme lui. n
Kn revanche, Acbüle avail passé au collége les
dtx annécs classiqoes; 011 l'eüt mème poussé plus
loin, si le jeune liomme, entier dans ses volonlés
et rebelle a l'autorilé patcrnelle paree qu'il tron-
vail en sa mêrc un appm loiijours assuré, ne se fut
refuséa continuer des études sans objetdisait-
il, puisque je dois être richeet très-riche,
répétait-ilen essayanl de tordre avec l'index et le
police tin rudement de moustaches.
Depuis le jour oü cetle memorable parole avail
été prononcée.six annécs s'éiaient écoulées.Achille,
deVenu libre de toutc enlrave, dépensait, pour son
propre compte les trois quarts du revenu desa
mère, s'endeltait en outre, el faisait des billets;
mais il était un des héros du quihconce ii Blois, oil
il allait fréquemment; il jouait, possédail un che-
valun élégant tilbury et donnail de (ins soupers
en son logement de passage sur le quai. Le plus
souvent possible loin de sa familie, il délestail son
père, méprisail le bonhomme Jean Fouchatd, et
se servait de sa mère couiuie d'une personne utile.
Extérieurementle garcon avail bonne mine, les
trails réguliers, une belle taille, l'air dégagé.
Le l ire vient du coeur, et lémoigiie de soil élat
habituel Achille riait fort, froidement, sans aban
don M. Fouchard de Cormeray ne riait jamais; le
bonhoniine ricanail loiijours aucun n'avait de
gaielé véritable.
II.
Telle était la dynastie des Fouchard, suivant
l'expiession du nolaire de l'eiuboil, Jl. Bourdin,
(pii eslituait plus trois bons clients a Chenielles
que trois einpeieurs hors du ressort,
Ainsi qu'il en est de beaucoup de grandes bu
ses, celle dynastie, sui generis, avail eu de faibles
commencements. Né dans une ferme, Ie père
Fouchard ne conniil, dans ses jcunes annécs, que
l'agriciilture, et l'agiiculture Irès-simple assuré-
ment qu'on pratiquait alors en Sologne. Jusqu'a
l'age de treule-cinq ans, il ne songea point a gros-
sirsa bourse d'autre fagon qu'en vendant del'oi ge,
de l'avoine el du blé. Mais la fortune rapidement
réalisée par tin marchand de bois qui, vers 1802,
vint selablir a Chenielles pour surveiller l'exploi-
Uxlion de diverscs venles, dont il s'étail rendu
adjudicataire dans la forêt de Ilussyouvrait les
yeux au laboureur Fouchard, déjii bien en fonds.
A son lour, il essaya du métier, souinissionna
quelques pelits lots de furêls ct se mil a vendre
d'abord du bois de chauffage, puis du bois de
charpenle, puis enfin du bois de fente, de la bois-
sellerie et du merrain. Profitant de la situation de
ses lerres, qui confinairni ii la forêt il pul, sans
déplacemcnl et sans frais, employer ses clievaux
de labour au transport du bois; en pen de temps
ses peliles affaires prospérèrent. Payant comptant,
vendant de méine, il éehappait aux emprunts et
aux faillites tout allait bien. Malheureusement,
incapable de faire par liii-uiêuie les opérations de
calculs nécessaires pour cuber les bois el siippuler
les qiiaulilés de polities, planches ou merrain
qn'ils pouvaient produire et n osant pour cela se
fier a personne les opérations iiiiporlantes lui
élaient inteidites. Je 11c fais rien de confidentie!,
disait-il d'un air salisfait, c'est plus sür. Au
fond, le compère vovail avec chagrin des spécuia-
tcurs, muins l iclies que lui acheler les plus belles
venles, faire du merrain, el lui recéder dédaigneu-
sement le bois dtr chauffage; il avalait l'liiimilialion,
prenait les rebuts quand tnême. et atlendait que
son fils flit en age de l'aider ii écraser ses rivaux.
Le temps coula, Urbain dt vint en effet très-capablé
du contró'er, la plume ii la main les estimations a
vue de pays que son pure faisait préalablenieYit.
Pendant trois ou qualre ans, les Fouchard pi'irent
la lêle du commerce, et eurenl la douce joie de
cooler a fond quelques concurrents.
Mais bienlOt surviniunt des queiclles entre le
père et le lils; cc derniersiinplement héritier de
1 sa mère, ne pouvait fournir qu'un tiers de capi-
laux et prélendait néanmoins toucher la moilié
dus benefices, attendu la supériorité de ses con-
naissances hardi d'ailleurs en affaires, aventureux
mème, la tiinidité et les hésitalions de son père
l'irrilaient. II quitla Cbemelles, pril nn associé
étranger, se maria pour accroilre ses moyenscom-
merciaux, et, suivaut soa expression, laissa le
vieux compter aur ses doigls et rouler sa bosse
tout seali>
Si bosse il y a la sienne roula de travers un
procés avec sa femme uil procés avec son associé,
le mircnl, au boot de quelques années, hors d'élat
de continuer les affaires. Lui aussi espérait en son
fils, mais bon chien chasse de race. Achille rendit
a sou père Ie traitement que celui-ci avail fait
siihir au siun.et avec iisure: Me faire bücheron!
répoudit-il, plus souventOn revint ii la charge;
il silllu, se moqua L'argent de sa mere était
bien fail pour élre enierré dans un chantier de
bois
Volontiers M. Fouchard de Cormeray se füt
alors reiourne vers Ic vieux,» mais il n'étaitplus
temps. Abandonné a ses propres forces, et ne
voulant courir aucun risque en achelant des ven
les considerables, dont il ne pouvait calculer exac-
lement les produits, le père Fouchard avail trouvé
inoyen d'utiliser autrement ses capitaux inaclifs
il prélait sur gages et ii des (aux usuraires, sans
dunner la tuoindre prise légale contre lui. Uu mai-