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les Elections en bavière.
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LA DYNASTIE DES FODCHARD.
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Mercredi 21 Juillet 1875.
10™ année. N" 997.
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I.e Journal parait le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions coiitent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces jutliciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütenl 20 fr. les 100 exemplaires.
V II E M I A S l<: F K 15.
17 Juillet.
TRIPOTAGE LIBERAL.
C est aojourd'hui mème que doivent avoir
lieu les elections en Bavière. Oo se rend par-
faitement cornpte, mème hors d Allemagne,
de l'imporlance de ces éleclions, mais on se
trompe en eroyant que les catholiques Bava
rois sont sürs de la vicloire.
Personne, il est vrai, ne peut conlester
que presque tous les callioliques bavarois
soient ultramontains. Aux derniéres élec
lions pour le Parlement allemand, les can-
didats ultramontains, c'esl-a-dire franche-
ment catholiques, ont oblenu en Bavière,
prés de B00,000 voix, landis que tous les
aulres parlis ensemble ne réunissaient que
308,000 voix, dont 280,000 au moins d'é-
lecteurs protestants.
Cela n'empèche que le résultat des élec
lions de ce jour est fort problématique.
La formation des circonscriplions elec
torates est un tel chef-d'oeuvre d'injustice
que trois provinces sur huil (Haule-Franconie
Franconie Centrale Bavière Rhénane)
sont presque entiérement perdues d'avance
pour les catholiques.
Parlout ou cela est possible le ministère
a eu soin de neutraliser l'inlluence des can
tons catholiques, en les réunissant a des
cantons protestants ou lihéraux.
Pour obtenir ce résultat, on fait faire aux
élécleurs catholiques, dans certains districts,
quatre el cinq lieues de marche pour arriver
a une ville oü ils sont sürs d'èlre écrasés sous
le nombre. On leur fait mème parfois tra
verser, pour parvenir a destination, dautres
villesoü se trouve un bureau electoral.
Des communes rurales composées de ca
tholiques et de protestants sont coupées en
morceaux et chacun de ces morceaux est
adjugé a une circonscription éleclorale diffé
rente, afin d'assurer au libéralisme une peti
te majorité dans chaque bureau. La oü le
nombre des catholiques est trop grand pour
que celte manoeuvre puisse léussir, on forme
avec toutes les communes les plus conser
vatrices d une province une ou deux circons
criplions éleclorales, oü les députés catholi
ques sont nommés a la presque unanimité,
landis que les libéraux de toutes les aulres
circonscriplions, déharrassés des communes
qui les gènaient le plus, triemphenl ailleurs
a une petite majorité.
Aucune ville catholique située dans une
parlie protestante du pays, ne forme une cir
conscription électorale indépendanle. Toutes
les villes prolestantes ou libérales siluées
dans des provinces catholiques composent,
au contraire des circonscriplions éleclorales
séparées, lors mème que ces villes n'ont
guére la population exigée par la loi pour
l'élection d'un dépulé. Nous cileronssous ce
rapport Nordlingue, Augsburg, Gunzburg,
Passau,etc.
Tous ces moyens étant insuffisanls pour
faire triompher le libéralisme, on accorde
systématiquement un nombre beaucoup plus
grand de députés aux circonscriptions pro
lestantes qu'auxcirconscriptions catholiques.
Pour ne citer que quelques exemples, la
circonscription libérale de Sulzbach comple
54,074 habitants et nommera 2députés; tout
a cóté se trouve la circonscription catholi
que de Kemnalh qui conlient 75,800 habi-
tanls et nommera également 2 députés. Rien
n'était plus facile que de donner a ces deux
arrondissemenls, qui se joignent, un ehiffre
égal d'élecleurs; on ne l'a pas fait et l'on a
sciemment violé la loi pour faire écraser a
Sulzbach une forte minorité catholique par
une petite majorité protestante et libérale.
De mème a Wnrzburg. L'arrondissement
libèral de Wurzburg I cornpte 47,408 habi
tants et nomme 2 députés. Toule proportion
gardée, l'arrondissement catholique de Wurz
burg II, qui cornpte 135,696 habitants, au-
rail a nommer 6 députés: il n'en nomme que
4. Le mème système a élé suivi dans toutes
les provinces sans exception.
Ajoulezacela que les éleclions sont a deux
degrés et que dans presque toutes les com
munes les commissaires du gouvernement
ont répété en petit ce que le miuislre a fait
en grand, ajoutez a cela que les protestants
dominenl dans trois provinces sur huil et
forment 29 p. c. de la population totale du
royaume, el vous aurez une idee des difli-
cultés contre lesquelles ont a lutterles catho
liques Bavarois pour obtenir a la Chambre
ne füt-ce mème qu'une seule voix de majo
rité.
Voila le libéralisme en action: il esl par-
toul le mème!
TRAVAILLER ET MANGER.
Les libéraux en sont encore a eet argu
ment contre le repos du Dimanche, qu'ilfaut
bien travailler tous les jours, puisqu'on man-
ge tous les jours.
Nous leur demanderons d'abord s'il tra-
vaillcnt tous les jours el s'ils mangent tous
les jours.
Nous leur demanderons si, aulour d'eux,
ils ne voient pas des gens qui mangent tous
les jours el qui ne travailleul pas tous les
jours.
Nous leur demanderons si les ouvriers qui
respectenl le Dimanche sont plus misérablcs
que les aulres, et si ce n'est pas le contraire
qui est Ia regie.
Nous leur demanderons si l'ouvrier meur!
de faim en Angleterre, aux Etals-Unis, dans
tousles paysoü l'on observe le repos domi
nical.
Ces simples fails deyraient leur donner a
réfléehir.
S'ils voulaient encore réfléehir un peu, ils
Irouveraient facilement que le prix de la
main-d'ceuvre s'avilissant d'autanl plus qu'il
y a plus de bras pour exécuter un travail, le
prix de la main-d'ceuvre augmenterail par
cela mème qu'il y aurait un seplièine de
moins de bras; autrement dit, si les bras se
reposaient un jour sur sepl, le prix de la
main-d'ceuvre augmenterait dans la propor
tion d'un septième, ce qui reviendrail a lais
ser l'ouvrier aussi riche tout en lui donnant
un jour de repos.
Cet avantage leur parait-il minime ou vou-
draient-ils que l'ouvrier n'eül pas un mo
ment de repos?
Dieu, en établissant le repos du septième
jour, l'Eglise, en mainlenant de tout son pou-
voir ce précepte divin, ne sont-ils pas plus
compatissants pour le pauvre, pour l'ouvrier
que tous ces philanthropes qui lecondam-
nent a travailler sans relache, sous prétexte
qu'il a besoin de manger le Dimanche aussi
bien que les aulres jours?
N'cst ce done rien que de donner a l'ou
vrier sansaucun détriment pour lui, un jour
qu'il peut consacrer a Dieu, a sa familie, a
d'honnètes récréations?
La religion, la morale, l'hygiène, la mé-
deeinesonl ici d'accord.
La religion veut qu'on reconnaisse le sou-
verain domaine de Dieu en lui réservant un
jour, el il trouve que lorsque ce jour est
observe comme le demande la religion, la
morale se relève, la santé est meilleure, Ia
maladie est plus rare el la vie se prolonge.
La science et la religion s'nnissenl pour
recommandcr l'observation du Dimanche; la
science économique parle aussi haul que le
catécliisme, et les chefs d'usine, les patrons,
qui ont le bon esprit de supprimer le travail
du Dimanche, s'applaudissent de leur con
duite, non-seulement au point de vue de la
religion et de l'humanité, mais au point de
vue même des bénéfices a tirer de leur in
dustrie.
Cela est si vrai que tout le monde serail
d'accord sur ce point, si ce que demandent
l'humanité, la science économique,l'hygiène,
n'était pas demandé en mème temps que la
religion.
Des esprits bien fails admireraient cct'e
religion qui comprend si bien les intéréts des
individus et des sociétés; en reconnaissant
que celte religion a devancé sur ce point les
savants et les économistes, ils reconnai-
traienl mème qu'elle vient de plus haut que
rhomme.
Mais la religion gêne les superbes philoso-
phes de nos jours et les fiers écrivains d'une
certaine presse. Done, que plutöt l'ouvrier
meure a la peine, qu'il n'ait pas un moment
de répil, qu'il soit traité comme les machi
nes inanimées dont il devienl l'esclave, tout,
plutöt qus de s'exposer a devenir religieux,
a tourner ses regards vers Dieu, a s'élever
a toule la hauteur de sa dignité d'botn-
me!
Et alors on ne craint pas de répéter ce
sophisme aussi absurde qu'inhumain: II
faut travailler le Dimanche, puisqu'on man-
ge le Dimanche.
Voila les hommes de progrès, les hommes
d'esprit, les amis du peuple!
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Poperinghe- Ypres, 5-13,7-00,9-30,10-33,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe. 6-40,9-07,12-05,3-57,6 50,8-43,9-50. Po-
peringhe-Hazebrouck, 7 03, 12-23, 4-I7, 7 13. - llazebrouck Poperinghe Yprès, 8-35, 9 50, 4-10, 8-25.
y ines-Houlers, 7-50, 12-23, 6-45. - Kouiers-Ypres, 9-29, 1-50, 7-50.
6|o <-n"9fis)8,44 8-43 11-34,1-13,4 39,7-36,(9-55.Lichierv.) Licliterv.- Thouroui,4-23 m.versOstende. Thouroiil-Licft'er
Yn.f- rUg,,S-/{('l'/srs''7 25,8-23,12-30,9-00,6-42.8 45.— Lichierv.-CWlrai,3-25m.9 01,1,30,5,377,21
v£ rr^', i i 'i1"ili'2"3!i'ö,'^'7IS,ml,,e rel 2'cl.). Courlrai-Vprès,7,09(mixiè1'el2"cl )8-08,11-02,2-56,3-40,8 49.
P,| C >".ro";' /7-18, 12 06 6 20, (le Samedi a 3-50 du malin jüsqu'a Langhemarck)Thouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(lesamedi a 6-20 du malin de Langhemarck Ypres).
omines NVarnetoni-Le l ouquet-IIouplines-zlrMe»tóères, 0 00, 10,13, 12-00, 6-25,Armentières-Houplines Le Totiquel-War-
n^,eJ,°ü~ n'mneS Z 3, 10'30, S"40- Cornines- Warnélon 8 45, m 9-30 s. Waroeton-Comities 3-30, 9-50,
Rml? i?nf6,i ,!i' l! '<)0' 12-35,4-05, 6-55. 9-00 s. (Lichierv.)— Bruges-Courtrai. 8-23, 12-50, 3-00, 6-42.
U°.Mi lVëJle' Hey,st' (Slalion) 6 50,7-25,9 20,(exp. ie Dim. seulem )9-50,1 1 08,2-25,2-50,5 33,(exp.)5-50,(exp. Ie Sam.
if (Nssin) 7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 66,11 -14.2 31,2-66,5 4-1 (exp )5 56, (exp. Ie Sarn. soul.) 7 41,
In «li; V r\J('yst' banken!), s"uges,55-45,7-1 ö(exp. le Lundi )8,25,11-25,1 25,2 45(exp.)4-10.5-30,7 25(exp. le Dim.)7 35,8 45
11 on"!//! Gand 3-00, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Dejwzie, 6-03 2' cl., 7-13. Gand-Deynie-Jngelmunster, 6-38,
11-20, 4-41. Deynze Ingelmunster, 1-00. 2" cl. 8 20
Inge munsler-dwsep/iew, 6-03, 12-33, 6-13. Anseghem-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-43.
3-40W 5 00 ,xrr urnes el Dunkerke, 6 -30, 9-08, 1-35, 8-00. Dunkerk*-Furnes-D\xm\ide et Lichlervelde6-35, 11-10,
Dixmnde-^ie?zport,9-30,2-20,8-45. —Nieup-Dm?i,(bains)7-20,11-50,4-10. (ville) 7-30,12-00,4-20.
«5u r""1-Oslende4-80, 9-13, 1-50, 8-03. - Ostende-Thouroul, 7-53, 10-10, 12 23, 6-13.
Selzaele-Eecloo. 9-05, 1-23, 8-23. Eecloo-Seèzaete, 5-33, 10 13,4-22.
GmA-Terneuzen, (station) 8-17, 12 13. 7,-zs (porto d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
Selzueta-Lokeren, 9 04, 1-30, 8:30. (le Merer. 5 10 in.) Lokeren-Sö/zaete, 6 00,10-23, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.)
con n ei i
I I' o w d jv c K
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. li,37 10,53 12,33
Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,23
BRUXELLES, COURTRAI.
3,47
6,14
6,33.
8,54.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
3,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
3,33
7,36
6,47.
8,44.
LILI.E.
COURTRAI, TOURNAI
Courtrai dép. 6.37 10,36 2,54 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Li-lle 7,38
10,36 2,54 3,34 8,47.
11,47 8,48 6,39 9,41.
12,08 4,00 6,33 10,00.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Li lie dép. 3,15 8,22 11,03 2,22 3,20
Tournai 5,42 8,96 11,29 2,40 5,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAI, OAND.
OAND, COUIITRAl.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,31
3,44
3,04
6,40.
7,56.
Gand dép.
Courtrai arr.
3,13
6,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, GANDBRUXELLES.
Bruges d. 6,49exp. 12.34, 2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,30, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gau I arr. 6,00
Bruges 7,13
BRUXELLES, OAND, BRUGES.
8,14 11,33 3,12 exp. 4,59 exp
9,41 1,13 3.23 4,26 6 37
10,34 2,38 4.37 3,11 7,22
3,33.
7,23.
8,38.
ai
Suite. Voir le N° précédent.
III.
En réalité, M. Dusseanx, qn'il est temps de faire
connailre, lui et ses enlours, ne voulait éreinter
personne. Entendant le commerce d'une manière
élevée, il se proposait de reeonquérir son ancienne
position par un tralie honorablede plus en plus
éleudu, mais sans accaparer loiiles les affaires.
Négociant a lilois, quelques années avanlruiné
par une crue subile de la Loire, qui, dans une
nuit, avail enlevé d'immenses quanlilés de bois de
son magasin situé prés de la gróve il étail venu
s'ctablir a Chemelles pour rccommencer l'édifice
de sa fortune. Merveilleusement secondé par son
(ils, il avail déja réussi a payer presque toutes ses
defies; encore un pen, et il pourrait marcher seul,
sans recourir a la bourse d'aulrui. Le père et le
fils travaillaient avcc une ardeur égale, ils se com-
plétaient I un l'autre le père reslait au cabinet,
faisait la correspondance traiiait les affaires du
dehors; le fils, Armand s'occupait de l'exploila.
lion; il possédail une süreté de coup d'oeil el de
calcul qui donnait aux opéralions lentées par son
père une snpériorité constante. Les tonnelicrs de
Rlois, d'Amboise el de Beaugency se dispntaient
le merrain de 51. Dusseaux; qui ne pouvait suffire
aux demandes.
Sii'avenir se présentait ainsi pour l'ancien com-
merganl sous d'assoz heureux auspices, le passé
avail élé bien dur. Préeipilé lout h coup d'une ex
cellente siluaiion dans un élal voisin de la faillite,
il avait refuse un concordat eu disanl Nous
travaillerons, Armand et moi, et notis paierons
lout, s'il plait a Uien de nous accorder la santé.
51 et la n t aussilöt a exéculion son vailbnt projet, il
étail venn se fixer a Chemelles oil une rieille pa
rente, 51llc Chevert, lui o(Trait un logement gratuit,
dans une petite maison contigue" a la sienne. La,
comment un de ces labeurs incessants que le
suceès ou la mort couronne inévitablement. Levé
a cinq heures, 51. Dusseaux conrail a son magasin,
metlail les ouvriers entrain, revenaita son bureau,
retournail au magasin, prenaitdenx repas rapides,
el ne se rrposail qti'a la nuit close. Armand de
son cóté, passait la journée dans la forèl, cnbail le
bois, el dirigeait les fendeurs et les bt'icherons.
Ces deux hommes cumiilaient ainsi les offices
de patron, de commis et de contre-mailreau
besoin ils savaienl mellre la main a l'ouvrage,
empiler le merrain donner quartier a une pièce
de charpenle. Ledimanche, repos complet, raa-
tinée grasse déjeuner rnmme aux anciens jours
aprés la messe. la promenade; après la promenade,
diner chez 51"" Chevertoü l'on passait ensuile la
soirée.
Pendant la première année du séjour de 5151.
Dusseaux a Chemelles, ils y étaient depuis
quatre ans a l'époque oü commence ce récit,
Armand trouvait la journée du dimanche, la soirée
siirtout, bien tnnuyeuse. Du mème Age qu'Achille
Fouchard, sou ancien camarade de collége, très-
différent de lui sans doule par l éd.ucationpar le
fonds naturel, par ce quelque chose d'antérieur a
nous-niêmes, qui nous est transmis coinuic un
mouvement commcncé vers le bien ou vers le mal,
il éprouvait cependant l'altrait ordinaire pour les
plaisirs bruyauisrapides el de haul goüt que les
jeunes gens rencontrent a la ville mais il aimail
le devoir, les moindres désirs de sou père élairnl
saerés a ses yeux, il n'y ent pas en lui un instant
d'hésilalion sacrifiant tout d'un seul coup, il vim
a Chemelles et lie chercha point a retourner a
Biois. mëinesous prétexle d.affiires, dans la crainle
d'élre enlratné quelque jour par ses amis. Gai,
aiinable, instiuil, d'une pfiysionomie ouverle et
bienveillante, élégant de inanières. il avail fort
caressé dans le monde, quand sou père occupail
une place dislinguéc dans le bant commerce de
Bloisla chüle fut profonde pour le jeune hommc
lorsqu'il faliut vivre six jours par scmaine avec des
bucherons, el le dimanche, lenir compagnie a une
vicille demoiselle passionnée pour la guilure et le
boston de Fontainebleau. La guitare et le boston,
passé cneorcmais les manies, la description mi-
nulieuse des anciennes modes, et, par-dessus tont,
i'histoire cent fois répétée, de ses campagnes.
Oui, de ses campagnes!... M"° Chevert avait (ail
1 des campagnes, prélendait-elle. Dans sa jeu nesse,
attüchée comme lectrice a la marquise de Cllé-
mery, elle avait suivi celte dame en Allemagne,
pendant la revolution. Plusieurs fois chassée des
villes de refuge, par l'approche de corps d'armée,
la pauvre demoiselle croyait avoir vraiinent pris
pirl aux fails de guerre, et racontait, quaranle
ans après, les exploits des Prussians, des Autri-
cluens ou des Frangais. sans se rendre bien compte
du pai-li (jin avait élé le sien de tous les partis
d'aillturs, disait elle, lui étaient venus des hom
mages que sa fierlé avait invariablement repoussés,
mais qui lui eommandaient un certain ménage-
ment. Les pays Iraversés par elle lui fournissaient
aussi milièrea oonler. Avait-elle mal vu, on rêvé
depuis? le fait est qu'elle en disait des merveilles
si plaisam nent étranges que lenir son sérieux en
l'écoutant u'élal pas chose facile. Et pourtant, il ne
faillait ni rire ni douler au moindre sigue d'irré-
vérence cnvers sa parole, la narratricc se courrou-
gait. Privée de bien de félicilés en ce monde, laide,
peiile, et longleinps pauvre, 51"° Chevert, en
compensation, réclamail un grand respect dans
ses vieux jours. On le lui accordait assurément.
51. Dusseaux, le curé de ChemellesArmand et
une autre personne, que nous nommerons plus
laid, l'entoiiraient d'égards; nnis elle avail l'hu-
meur aigric, ou n'en faisait jamais assez. Ca vraie
cause de l'irritation de la vicille fille, c'élnil d'avoir
coiffé sainte Catherine. Pourquoi ne s'élail-elle
pas mariée? elle eüt trouvé un purli sorlablr
on eu trouve toujours, n'eül élé une singulière
s
pretention; elle se disait, sans preuve aucune,
de la familie de l'illustre lieutenaut-généralsous
Louis XV, Frangoisde Chevert, et parlant, n'avait
jamais voulu épouser un hommede petile condi
tion. Sans aspirer précisément a devenir la femme
d'un genlilhomme bien clairet bien net, elle exi-
geait au moius que son mari lui assurAt un rang
dans la bourgeoisie. Genlilhomme ni bourgeois ne
s'étant présenté, 51"c Chevert se renferma dans sa
dignilé et ne pouvant porter le nom quelque pen
sonore d'un époux, elle ajouta une parlicule au
sei n
Totilefois, en se faisant appeler mademoiselle
de Chevert, si son amour-propre trouva satisfac
tion, lorsque la giaeffe etit prisson cocur denieura
vide. Or elle avail besoin d'aimer piquée contre
le monde, capricieuse, de faible jugemenl, iufini-
ment susceptibleelle n'était pas néanmoins abso-
lumenl égoïste. En conséquence, elle appela prés
d'elle une jeune orpheline, sa parente au dixième
degré Marie Soyer, fille d un jtige au tribunal de
Romorantin el la mil chez des religieuses qui
lenaient line peiile pension a Chemelles. Les reli
gieuses devaient achever l'éducalion de la jeune
personne 51"° Chevert se réserva de la former au
monde, c'est-a-dire de lui inculquer les principes
de la guitare, puis les notions de haute politesse
qu'elle avail clle-inéine acquises autrefois chez Mro°
la marquise de Chémery.
A con Tl STOER.