LA DYNASTIE DES FODCHARD.O
p.aA N£-
10me année. N° 999.
Mercredi 28 Juillct 18
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 13 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ltgne. On traite d forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütcut 20 Ir. les 100 exemplaires.
sa. k xU i ar s i> k s? k k. 17 juiiiei.
libéralisme et socialisme.
On connait les relations intimes qui exis
tent entre la Libre-Pensee, la Franc Flacon
nerie et le Libéralisme. Ces relations n'onl
été niées par aoctin journal liberal.
Voici mainlenant la prcuve d'une tou-
chante confraternilé existant entre la Libre-
Pensee et le Socialisme.
Ilse public a Liege on journal inlilulé:
L Ami du People; journal socialists. révo-
lulionnaire, organe de la Federation du
bassin de Liegeparuissanl tons les Diman-
c/ies,
Or, dans un de ses derniers numéros,
l\4w; du Pcuple recommande a ses leoteurs,
avec I a lor isa t ion expresse du Conseilfédé-
>a/(lnternationalisle) une brochure intitulée:
les Bases de la morale par le citoyen B.; il
ajoule: Pour favoriserla propagande, nous
livrons celte brochure (en venie au bureau
du journal) pour les libraïres, les sections
de I Internationale et de la Libre-Pensee,
au prix de 15 centimes.
Ainsi, pour les sociatisles, les sections de
la Libre-Pensee sont assimilées a celles de
1' Internationale.
II y a, d ailleurs, un fait qui saute aux
yeux de quiconque prend en main un de
ces petils journaux sociaiistes qui existent en
Belgique. C'est l'identité compléte de vues,
sous le rapport religieux, entres ces journaux
et les feuilles libérales. De part et d'aulre,
eest la memo rage conlre I'Eglise calholi-
que, ce sont les mêmes blasphemes contre
les dogmes, les mèmes insulles a I'adresse du
Pape, des évèques et des prèlres, les mèmes
sarcasmes contre les pratiques de la Religion.
Ainsi, {'Ami du Peopledans ce mème
numéro dont nous parlions toul-a-Theure,
aprés une kyrielle de blasphemes contre
N.-S. Jésus Christ, ose imprinter ce qui suil:
Et voila. Ciioyennes el Ciloyens, la thé
orie de Jésus-Christ iaut vaniée par uos Déis-
tes el nos Tbéologiens. Si tons les soi-disant
ministres dc D cu el mème los ininislres au-
lorilaires des peuples veulent suivre l'ex-
emple de Jéstis-Cbnsl, i/tiils commence»t
dune d se laisser erucifier.
Ou com me neon,i a les crucifier nous mè
mes, si nous pensons, comine les Juifs,
avoir un jour lu hberté.
L'ldée de Dien c'est sottise el lacheté.
L Idéé de Dieu c'est hypocrisie et men-
songe.
L Idéé de Dieu c'est tyrannic et misère.
L Idéé de Dieu c'est le mal.
Nous alions plus loin, nous la maudissons
cetle Idéé, nous lui faisons la guerre, paree
que nous sommes sürs que si I on vienl a la
détruire, on verra du méme moment s'ou-
vrir le régne de la justice et de la solidarité
humainc-
El quelques lignes plus bas:
Et certes, c'est jusqu'au dernier qu'il fau-
dra détruire, par tons les ntoyens, ces gens
qui ont été dans lotts les temps une des prin
cipals causes des misères de l'humanité.
Le Progrès qui continue a assimiler In
ternationale rouge avcc ce qu'il lui plait
d'appeler I'Internationale tioire, sans jamais
apporter une ombre de preuve a l'appui,
voudra bien nous dire ce qu'il pense de cette
comrnunauté de haines conlre [Internatio
nale noire, qui se manifeste entre le Libé
ralisme et I'Internationale rouge.
LE DENIER DE ST PIERRE ET LE DENIER
DU l'LAISIR.
VEloile a publié d'inléressants renseigne-
ments sur le ménage du theatre de la Mon-
naie:
Les recettes dti theatre de la Monnaie
doivent alteindre chaque utois le cliilTre for-
midable de cent mille francs pour couvrir le
budget des dépenses. Le public, qui s'iulé-
resse fort peu aux details du ménage, et qui
nesc Jaisse séduire que (tar l-attrail du spec
tacle tie sait guére a quel total s'éléve le
budget mensuel du theatre de la Monnaie. Ce
total est aeluellemeht de fr. 90,924-50.
Dans cetle somme les artistes du chant
et de la danse et les deux chefs d'orchestre
entrent pour 42,925 fr., cachets non com-
pris; les chorisles du chant, pour 8 325 fr.;
tes choristes de la danse, pour 5,302 fr.;
l'orcheslre, pour 12.465 fr.; I'eclairage el le
chauffage, pour 3,972 fr.; les machinisles,
costumiers, habilleuses, lu figuration, le
service et le personnel de la scène, pour
7,297 fr.; I'affichage pour 798 fr.; les droits
d'auteur pour 146, et la direction 1,500 fr.
settlement. Le surplus se compose de frais
généraux divers.
On voit par la qu'a vingt-qnatre repré-
sentations par mois il faut urte recette moyen
ne de 4,166 fr. par soiree, rien que pour
couvrir les frais.
Ainsi done, pour les huil ou neuf mois de
la saison théatrale, c'est une dépense de buit
d neuf cent mille francs que doit couvrir le
Denier du plaisir pour un seul theatre!...
Nous n'examinerons pas la question de
savoir quelle sorle de compensation le thea
tre donne a ses bienfaiteurs, ni si I'argent du
Denier du plaisir est bien ou mal employé,
ni quelle variété de meutes il nourrit. Don-
Monnaic les macaroniques et précicuses am
plifications de rliétorique professionnelle
qu'il adresse cinquanle fois au Denier de
St-Pierre.
L'argumcnl tiré de l'intérèt des pauvres
et de la rigueur de I'ltivor n'est hon a em
ployer que lorsqu'il s'agil du Denier de
Si-Pierre. Quant an Denier du. plaisir, ce-
lui-la est sacro-saint: lionni soil qui mal y
[tense!
LE BOURG.MESTRE DE LIEGE ET LE ROI.
M. Piercol, hourgmestre de Liége, a don-
né, cetle semaine, a diner aux conseillers
communaux, ses collégues.
Au dessert, le fanalique ennemi des pro
cessions catholiques a eu I'audacede porter
le toast au Roi en des termes dont il est a
peine besoin de faire ressorlir l'inconvenance
el l'inconstitutionnalité.
Voici comment s'est exprimé M. Piercot:
Léopold II aime la Belgique cotnme son
père («fc). Né et élevé parmi nous (1), il con
nait nos sentiments, nos aspirations, noire
besom de hberté.
Semhlahle a Léopold lr, son fils sail do-
miner les partis; il sail résister aux entraine-
ments irrêflóchis, aux exigences désordon-
nées et anarehiques.
II aime les liberies conslitntionnelles du
pays el sail les respecter, conime il respecle
son sermenl.
II sait aussi, messieurs, quand il le faut,
faire respecter indépcndance du pouvoir
civil, qui est la garantie de la royauté, non
moins que celle des a u I res pouvoirs publies.
Liége en a rccu récemmerii. une preuve
éclatante, el la population de cette grande
ville, i/ui aime Lordre et lu puixgarde au
neau Denier du plaisir quiconque le juge a Bot, pour ce bienfail, une vive reconnais
propos. Mais nous prions le Progrès de bien sance
vouloir retourner conlre les habitués de la
Messieurs, unissons-nous a nos conci-
toyens, et, d'une sen le voix, remercions le
Roi ei acdamons Léopold II avec un patno-
tique enthousiasme.
Vive le Roi
Ou ces paroles ne signifient rien, ou elles
indiquent que c'est a l'initiative personnelle
du Roi qu'esl dü le mainlietTde l'arrêté ar
bitraire et inconslitutionnel, pris par M.
Piercol contre l'cxercice public du culte ca-
iholique.
Mais si ce fait est exact, de quel front M.
le hourgmestre de Liége a-t-il osè parler de
S. M. Léopold II coiitme il l'a fait?
Le Roi, a t il dit, est supérieur aux enlrai-
ncments des parlis, el il lui attribue un aclo
de condesceiidance des plus graves en faveur
du parli de l'émeute!
Le Roi, a-t-il dit encore, sait respecter les
liberlés couslitutionnelles comnte il respecte
son sermenl. El en méme temps il le loue
d'avoir violé son sermenl, en approuvant la
suspension des liberlés conslitntionnelles!
Enfin, en prêlant a Léopold II les théorïes
libérales sur l'indépendance du pouvoir
civil, M. Piercol lente d'accaparer au profit
du libéralisme et de transformer en adver-
saires des catholiques, tin sottverain qui a
promis, au débtil de son régne, de ne jamais
faire de distinction entre les Beiges!
II est impossible d'ètre tout ensemble plus
téinéraire et plus maladroit.
Nous ne fcrons pas a S. M. Léopold II l'in-
jure de croire qu'il uit pu mériter les cotn-
promellants éloges de M. Piercot.
Chacun sail d'a i I leu rs que si lecoup d'élat
administratis commis a Liége contre l'exer-
ciee public du culte catliolique, n'a pas été
cassé comme il devait l'étre, c'est que la
question extérieure pesaitsur l'indépendance
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Poperinghe-Fpm, 5-15,7-00,9-.30,10-53,2-15,5-05,9-20. Y pres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-08,3-87,6 30,8-48,9-80. Po-
peringhe-llazebrouck, 7 03, 12-28, 4-17, 713. - - HazebrouekPop.eringlie-Ypres, 8-38, 9 30, 4-10, 8-23.
Ypres-Kouters, 7-80, 12-23, 6-45. Bowlers- Ypres, 9-28, 1-80, 7-50.
Rooiers-firitje.?,8,44,8-45,11-34,1-13,4 39,7-36,(9-55.Licluerv.Licbterv.-Thouroul,4-23.m.versOstende. -Thourowl-Lichter
velde 12-02venant d'O-Uende.'— Bru^s-Kouters,7 23,8-28,12-50,5-00,6-42.8 45. Lichterv.-Co(tr<rttt,5-25m.9 01l ,30,5,377,21
Ypres-Co«rtmi5-34,9-49,11-15,2-38,5-28,715mixte 1 «el 2'cl.). Cuuiirai- Ypres,7,00(mixtel"ei2'cl.)S-08,11 -02,2-56,5-40,8 49.
Ypres-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 de malin iusqu'u Langbeinarck)Thouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(le Samedi a 6-20
(Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemnrck a Ypres).
mines-YVarnètori -Le Touqiiel-lloupliries-M/v»e»<tè/"es,
r6 00, 10,15, 12-00, 6-23, Armentières-IIouplines Le Touquel-War-
nèton-Comines 7 -23, 10,30, 4-10, 8 -40. Coinines- Warnèton 8 45, m 9-30 s. Wamèton-6'o»ïines 5-30, 9-50,
Courtrai -Bruges, 8-08, 11-00, 12-38,4-03, 6-53. 9-00 s. (Licluerv.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-50, 3-00, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Station) 6-50,7-23,9 20,(exp. le Dim. seulem )9 30,11 08,2-23,2-50,8 35,(exp.)5 80,(exp. le Sam.
seul)7-35,(exp )8 53. (bassin) 7-00,7-31,9 26,(le Dim. seul) 9 56,11 14 2-31,2-80,3 41 (exp )3 56, (exp. le Sam. soul.) 7 41,
(exp.) 9-01 Ileysi, Blankcnb, Bi nges,5-45,7-15(exp. le Lundi )8,25,11-23.1 25,2 45(exp.)4 10.5-30,7 25(exp. Ie Dim.)7 35,8 48
Ingelmunster Deynze Gund, 8-00, 9-41, 2-15. Ingelmunsier-Det/n^e, 6 05 2" cl., 7 15. Gand-DaynLe-Ingelmunsier, 6-58,
11-20, 4-41Deynze Inge/munster, 1-00. 2' cl. 8 20.
1 ngeimunster-Anseghem6-05, 12-35, 6-13. \itseg\tcm-Ingelmunster, 7-42, 2 20, 7-43.
Liclnervelde-Dixmade-Fumes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. Du/tkeWce-Furnes-Dixmilde et Lichlervelde, 6-33, 11 10,
3-40, 5-00.
Dixmude-MeMpdrt,9-50,2-20,8-45. Nieup-Dé
Ihouroul-Ostende, 4-50, 9-15, 1-30, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-53, 10-10, 12 23, 6-15.
27»,(bains)7-20.11-50,4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
cT"s-iu, i-ou, s-un. tastende-Thouroul, 7-35, K
feelzaete-Afec/oo, 9-05, 1-25, 8-23. - Eecloo-Selzaele, 5-35, 10 15, 4-22.
Gunt-Terneazen, (station) 8-17, 12 15, 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen Oand:, 6-00, 10-30, 4 40.
Selzuete-LoA'ere», 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5 10 in.) Lokeren-Safsuete, 6 00, 10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
o o n 11 ic s o itr r> a nrcBS.
COURTRAI, BRUXELLES.
BRIJXEI.LESC0URTRAI
Courtrai dép.
Bruxolles arr.
6,37
9,20
10,33
1,33
12,33
2,23
COUnTRAI, TOURNAlLILLE.
Courtrai dép. 6,37 10,56 2,54
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48
Lille
3,47
6,14
3,34
6,39
6,33.
8,54.
8,47.
9,41
Bruxellcs dép. 5,22 8,28 12,21
Courtrai arr. 8,02 10,46 2,44
5,38
7,56
0,47.
8,44.
7,38 12,08 4,00 6,35 10,00.
COURTRAI, GAND.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 5,13 8,22 11,03 2,22 3,20
Tournai 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
GAND, COURTRAI.
Courtrai dep. 0,42 12,31 3,44
Gaud arr. 6,01 1,51 5,04
BRUGES, GAXD, BRUXELLES.
Binges d. 6,49exp.12.34, '2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gaud a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,53.
Bruxolles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
6,40.
7,56.
Gand dép.
Courtrai arr.
5,13
6,34
9,38
10,51
1,28 4,24
2,49 3,31
7,21.
8,42.
Bruxolles dép.
Gaivl arr. 6,00
Bruges 7,13
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,53 3,12 exp. 4,59 exp. 5,33.
9,41 1,13 3.23 4,26 6 37 7,23.
10,34 2,38 4,37 3,1 1 7,22 8,38.
Suite. Voir le N° précédent.
IV.
Malgré son pen d'cslime pour les hommes
Mademoiselle Chevert ne dédaignait point leur
soeiélé. II n y avail pas, il est vrai, a Chemelles
de femmes dassez haul parage pour frayer avec
elle; mais, sen ftil-il trouvé. il est douletix qu'elle
eül voulu les voir: eri ihéorie, c'élail anx hom
mes qu'elle sen prenait en pralique, elle ne pou.
vait souffrir les femmes. Son alTeclion pour Marie
avail le caraclère exceplionnel de la maternilé.
Done, le salon de M"° Cheverl s'ouvrait chaque
dimanche a des visileues masculins. Le euré de
Chemebes y occiipait la place d'honneur assuré
inent célait un homme convenable, pourlant
en fait de polilesse soutenue, d'atlentions respec-
lueuseselt! ehon le Irouvait bien inférieur
a certains membres de I ancien clergé, qu'on avail
vtis aulrefoischez la marquise de Chémery. Après
le euré, le notaireM. Bourdin eelui-ci avail du
bon, cotirlois, empressé, presque galant, «qui
aurait voulu l'écoulermats! Pauvre demoi
selle, si eflectivement elle avail pu entendre Ie
lacétieux labellion répéter cltez lui, en se tenant
les cótes, les histoiees d'Allemagne F.nfin le père
Le volume est en venle au Bureau du Journal
au prix de 2 fr.
<i Peuples, nous reslerons esclaves
Tam qu' un prctre sera detiout.
louchard, mon Dieu, oui, Ic vieux paysan a peine
déci a>séle ricanetir sempilernel élut ad mis elirz
M Madeleine de Chevert tl y élail si respccliieux,
si reeonuaissant de ITiomieur, si muet, auditeur
si cotivaincupaysan sans dotile mais bon
homilie au loud, pensail-on, et sans consequence.
Onlre ces Irois visiteurs qui ue venaienl point
ensemble, le euré se relirait toujonrs peu après
I arrivée du père Foucliard et de M. Bottdin
il y avail de fondation M. Dusseaux el Armand,
convives attilrés. Ou dinait it tpialre heines; le
diner fint, comtnencail le rée.it des campagnes;
puis, dès qu'élail survenu un visiteur, la p;n lie de
boston s'organisait.
Pendant la première année du séjour de MM.
Dusseaux it Cheinelles, Marie était chrz les reli-
gieuses, on ne la voyail jamais. Sortie de pension,
elle assistait au diner mais elle n'v disail pas tm
motqutUait la table au dessert el dtsparaissail
cnsuite. Cependant tl arriva deux ou Irois fots tpte
pl tl siert is des visiteurs habiluels ayant manqtté a la
fois, on ne put faire la partie. M"° Cheverl sougea
que lotts ses anus élaieut gens it pen prés eonve-
itables, que datiieurs, en sa presence, rien de
déplacé ne pouvail êlre ditMarie eul done ordre
de rester après le diner. Elle faisait qualrième a la
table de jeu s'il élail nécessaire, ou bien elle se
lenail derrière la chaise de sa lanle, el lui doniiait
de temps en temps une infusion de cochléaria,
propte, parait-il a éclaircir la vue.
Armand n'avait pas besoin lui, d'infusion de
cochléaria pour voir Irès-clairemenl Ie charmant
visage de Marie, et, a partir du jour oü elle eut
fait apparition dans le salon de M"" Cheverl, il
cessa de ti onver !a soirée dti dimanche ennnycuse.
Mais ce qui lui louchait le cueur mtinimenl plus
que la beauté de Marie, c.etait la lendre soumission
de la jeune lille pour line vieille bonne femme Ira-
cassière jamais un ntiage de Iristesse d'ennui ou
d'impülience ne passait sur cette physionomie
radieuse dc finesse et de gaité une petite motie
Yciiait-elle a poindce au coin de ces lèvres ver-
meilleselle s'achevait par uil sourire, la douceur
doiniiiait lout. Armand fut séduitentraiué
suhjiigné en lui-méme, il se donna lont enlicr
cl saus retour.
Eaiit-il ajouler que Marie, rencontranl parfois
Ie regard expressif du jeune lioinme le sacliant
si sage, si attaché a ses devoirs, si dévoué a son
père, éprouvait tpieiqne peine a voir en lui un de
ces pervers contre lesqnels on favait lellemcnt
inise en garde? Armand l'inlriguait beaucoup,
Armand élail un prohlcme pour elle. Ma tante
dit qn'ils sont tons Iroinpciirs, ingrats, inéchants,
pensait-«*llemais qui lrompe-l-ilcelui-ci? oü
est son ingratitude? M. Dusseaux l'apprlle «i mon
hon Armand. n Sei ail-il done méchant? Dieu il
n'en a pourlant pas l'air
Tanl que ccs questions n'occnpcrenl que l'csprit
curieux de la jeune fille ellcs reslèrenl doutciises
mais bieiilöt le coeur s'en méla de riuléi'êl a la
sympathie, il n'y a qu'iiii pas; de la sympathie a
un sentiment plus lendre, la pente est naturelle;
les doutcs s'affjiblircnt pen a peu dans 1'esprit de
(I) Style de ha ras.
Marie, un beau jour ils avaient disparu sans lais
ser de trace. Ainsi la pauvre Marie, louchée d a-
bord par quelques atltmlioiis bien discrèlemenl
hasardées, émue par le son grave el harmonietix
d'une voix qui s'adoucissait encore pour lui dire
un simple bonjour Marie se senlii aimée, elle
aiina aussi, qu'y ponvail-elle faire? Qiielqucfois
elle se croyail heurettse, Armand lui paraissait s'
bon! En d'autres moments, lorsque lui revenaienl
les sinistres avertisseincnls de sa tante, elle pleurait
sou malheurOh, il ine liompera clone
Eli bien, je l'aimerai t|uand méinc
Cependant M"° Chevert élsil loin de soupgonncr
ce i|iii se passait sous sou loitsous ses yeux, a sa
BMtüE pouvail on dice dans tons les sens du mol.
El comment eüt-elle pu Ic soupgunnerPendant
i cinquanle ans elle avail chercbé iiiiiliieuient ce que
j l'orpheline venail de trouver eu quelques mois.
Quoi qu'il en soit, l'affaire était grave, un hel
I exemple it ajouterau chapilre de l'iiigralilnde des
hommes! Comment! on voulait bien avoir de la
considéralion pour M. Dusseaux, qtielque bien -
veillance pour Armand on était bonne avec eux
cl ces parents hcijergés, coinblés, abusaient ainsi
Oü ce jeune léméraice avait-il pris Ie droit de
laisser son cccur battre? il ne disail rien, c'est vrai;
ses intentions élaienl droitcs, son amour parfaiie-
ment pur n aspirait qti'aux fins les plus legitimes
qu'iinporle? Oü la permission? El celte fille qui
souiïrait qu'on l'airnal rn silence, qui. sans horreur
peul-être, répondait inlérictircnicnl anx vccux
dool elle élail l'objetet cela au mépris des
conseils qu'on lui donnuit chaque jourII y a des
choses qui passent toute mesure! Tant d'audace
d'iiu cöté, tant de faiblesse de l'autre appclaient
tin chAtiment exemplaire, dont Ic premier dt'gré
serail la séparation ahsolne des coupables.
Voila très-ccrtainement cc qu'eiit pensé et fait
M"° Chevert si la vérité se füt inopinément fait
jonr a ses yenx. Les deux jeunes gens le pressen-
taient par prudence, autant que par réserve
naturelle, ils se traitaientlors des réunions du
dimanche doucetncntpoliment, froidemenl mè
me en apparence. Armand Irouvait fort souvent,
il est vraimoyen de sa mcltre a table ii cöté de
Mariemais ils se disaient si peu de choses!
Malie aimail beaucoup eertaines fleurs d'un bleu
velouté tpii croissent dans les clairières de la forét
de Itussy, Armand ne manquait jamais d\ n ap-
poi'termais c'était pour les olTrir a M"° Che
verl si Marie en irouvait one sous sa serviette, si
cetail la plus belleaffaire de hasard pioba-
blement.
Comprenani bien que la realisation de ses cho
res espérances depend i t uiiiquemenl de Mllc Che
verlArmand seffoicait de gagner ses bonnes
graces il n y réussissait pas trop malon le traita
de plus en plus familièrement, on en vint a lui
permetlre de dire ma tante, c'était un grand
pas de fait. Armand montiedela modeslie, disait
qiielqucfois M""Cheverl, it parterespectueusementj
c'est uri jeune homilie presque convenable.
Malhcureusement, les choses en eet élat, survint
un incident qui faillil tont perdre. M"e Chevert