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U N D R A M E
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GROTTE D'AZUR.O
Mercredi 11 Aout 1875.
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10* année. N° 1^,003.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content Id centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
ün numéro du journal, pris au Uureau, 10 centimes. Les numeros supplémeulaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
t ca i: Tl I J!i 1? fii IS BS. 17 Juillel.
LA RELIGION ET L'ARMÉE.
Les feuilles libérales surloul YEloi/e,
qui professe comme on sail un profond res
pect pour la Sainte Religion de nos péres,
pour le Cultc et ses minislres ont poussé
des cris de frayeur paree que le reglement
réformé des élablisseinenls disciplinaires et
de correction dans l'arrnée, fixe des heures
pour les exercices du culte catbolique. Le
réglement en question ordonne aux soldats
a discipliner et a corriger, qui auront decla
re être calholiques, d'assisler a la messe le
Ditnanche comme il leur ordonne d'assister
les autres jours a des cours de morale, a des
cours de lecture, d'écrilure, etc.... Ces
feuilles, qui se moquenl de M. B. Dumorlier
quand l'illustre homme d'Etat flétrit les vio
lations de la Constiution commises par les
liberaux, onl loutes crié a la violation de
Ia dite Constitution!
Un brave soldal calholiqne nousadresse
a ce sujet des observations marquées au
coin du bon sens, et nous communique des
renseignements qui -s'ils sont exacts,
révélent Eexislence de nombreuses entraves
mises a la liberté religieuse des citoyens
beiges incorporés dans l'armée.
Ne vous ètes-vous jamais élonné de voir
si peu de soldats a l'Eglise? Inutile d'ajouter
le Dimanche, pendant Ia semaine, méme
sainte ils ne sauraient y aller.
Ne croyez pas qne loule l'armée soit
irréligfeuse: mais les efforts de la fibre-pen -
sée pour la rendre telle sont considérablcs
el persistants.
II y a des militaires indignes de ce nom,
que le respect humain, la crainte de la rail-
lerie écarlent de la religion, mais c'est l'or-
ganisalion mêrne du service qui empèche la
presque toialité des soldats d'accomplir leurs
devoirs religieux.
Voila qui est inconstitutionnel.
Je ne parIe pas des officiers, ils pcuvent
aller a la messe el beaucoup y vont en
tenue civile.
Je m'en liens aux regiments. II y a des
régimenis oü chaque Samedi Ton voit figu-
rer a l'ordre journalier:
Demain service de Dimanche; la troupe
pourra sortir dés huil heures.
C'est une derision.
Les complables ne peuvent sortir de la
matinée: a neuf heures a lieu I'avant-rap-
port, puis vient I'immense fatras de pié-
ces qui doivent étre établies chaque jour el
que le capitaine viendra signer a midi,
puis a onze heures le rapport, puis Inspec
tion.
Quant aux aulres sous-ofliciers, 1'un est de
semaine el ne peut sortir du quartier, sou-
vent l'autre est de planton ou de garde, dans
le cas oü la compagnie aurait deux sergents.
Pour la troupe, décomptons d'abord le
caporal de semaine et le garde-chambre,
les hommes punis pour quelque fulilitéet
qui sont employés aux corvées decour, les
hommes de garde, les cuisiniers, etc. Les
quelques hommes restanls doivenl nettoyer
les chambrcs, les corridors, arranger et
porter les linges au lavage, ou la soupe a
leurs camarades.
Quand il est dix heures, ils peuvent enfin
s'apprèter pour sortir. Mais a onze heures et
denne il y a inspection: de la poussiére sur
leurs bottines, un léger dérangemenl dans
leur tenue, quelques boutons qui nesentent
plus la brosse, (style militaire), un rien suflit
l pour les faire consigner au quarlier durant
le reste de la journée.
Est-il élonnant aprés cela que l'on voil si
peu de militaires a l'église?
Pourlanl un article du réglement sur le
service intérieur ordonne les inspections le
Samedi; et un autre dit que le soldal doit
avoir loute latitude pour remplir ses devoirs
religieux.
Je puis citer des régimenis, oü loule une
compagnie est consignee au quartier, les
Dimanches, pour servir de piquet en cas
d'incendie.
Dans d'autres régiments, au su de l'aulo-
rilé, cordonniers ou tailleurs travaillent le
Dimanche jusqu.'a midi.
Cela n'esl-il point inconstitutionnel?
Nous autres, calholiques, nous savons gré
a quiconque parle de faire respecter noire
liberté, méme aux libéraux.
Mais qu'en celle circonstance ils nous
permetlenl de douter do leurs bonnes inten
tions. Avanl que de demander pour les cor-
rectionnaires la liberté de ne pas aller a la
messe, qu ils unissent leurs efforts aux nó-
tres pour que facilité soit donnée a l'armée
entiére d'y aller.
lis auront fait franchement observer la
Constitution et nous les en remercierons.
Grace a l'intclligence du spiriluel jour
nal, tous les abonnés de YEeho da Parle
ment out recu gratis, par la voie méme de
leur feuille, un avertissemenl contre les
mauvais journaux. S'il en est parmi eux qui
aient conservé un vestige de foi, el quelque
rectitude de bon sens, ils seront certaine-
menl frappés des motifs trés-sérieux, trés-
solides et trés-concluants invoqués par i'au-
leur inconnu de la pièce.
La voici telle que I 'Echo l'a Iraduite du
flamand.
II y a des journaux que nousne ponvons
lire, parce que l'Eglise, qui parle au nom de
Dieu, nous le defend, Ayons la conviction
que c'est pour noire bien: car l'Eglise nous
aime, puisqu'elle est notre Mere et que nous
sommes ses enfants.
j> Serions-p.ous assez tèméraires pour nous
croire plus sages que Dieu, et pour opposer
notre science a celle de Dieu
Mais quels sont les mauvais journaux?
Ce sont ceux dont les feuilletons péchent
contre la foi et la morale; ceux qui attaquent
l'Eglise dans ses dogmes, dans ses cérémo
nies, dans ses serviteurs, dans ses institu
tions, dans ses sacrements, dans ses droits et
dans sa liberté; ceux qui comballent l'Eglise
par la calomnie et le mensonge; qui propa-
gent avec complaisance les scandales vrais
et faux; qui applaudissent a toutes les per-
sécutions dirigées contre les catholiques;
qui dans les élections, soutiennenl les eandi-
dals connus comme ennemis de l'Eglise,
francs-macons et autres; qui refusenl obéis-
sance.a Notre Saint Pére Ie Papo, successeur
de Pierre et Vicaire de Jésus-Christ.
Les plus dangereux parmi ces journaux
sont d'une part les feuilles a deux centimes,
et d'aulre part celles qui cachent sous les
apparences de la moderation leur hostilité,
afin de tromper traitreusement le peuple et
les personnes simples.
Combien de jeunes gens, combien de
jeunes filles se perdent par la lecture des
mauvais journaux! El leurs parents en sont
la cause! lis en rendront un cotnple terrible
a Dieu
Si vous voulez savoir mieux encore
quels sont les mauvais journaux, adressez-
vous les questions suivantes:
Qui defend, répand el paie ces jour
naux Qui lit ces journaux Dans quollcs
families et dans quelles sociétés trouve-t-on
ces journaux? Enfin, qui sont les rédacteurs
de ces journaux
Los mauvais écrits sont l'origine de tout
le mal qui se produit actuellement dans la
société.
Quoi l'on pnnit les malfaiteurs, et ceux
qui prêelienl le crime reslent impunis! Et
cela se nomine libertéO bètise humaine
Mères chrciiennes, que cettepeste ne pé-
nètre pas dans vos maisons. C'est l'expres-
sion employée a juste litre par le pape Gré-
goire XVI.
On ne vit pas impunément dans un mi
lieu empesté. Veillez et priez.
b Nous fétons aujourd'hui sainte Anne,
voire patronne. Eh bien au nom de sainte
Anne, faites un petit sacrifice, renoncez pour
toujours aux mauvais journaux. Le bonhcur
de vos enfants et la paix de ia familie en dé-
pendenl.
b Que vos derniers jours et I'heure de vo
ire mort ne soient pus altrislés par le re-
moi'ds
Nous rcmercionsaveccmpressement l'^c/to
de sa parfaile ct salutaire obligeance. II n'est
pas facile de faire arnver la vérité aux oreil-
lesdes intelligents b abonnés de I'Echo. II
nous a fait la gracieuseté de lever lout obsta
cle et se bate, avec un zèle des plus louablcs,
de se faire lui-même le propagateur zélé et
gratuit de la vérité chrélienne au point da
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Poperinghe- Ypres, 5-18,7-00,9-30,10-58,2-13,8-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-40,9-07,12-03,3-37,6 30,8-45,9-00Po-
peringhe-Ilazebrouck, 7 03, 12-25, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Y pres, 8-33, 9 50, 4-10, 8-25.
Vpres-Holders, 7-80, 12-23, 0-4-0. lloulers- Ypres, 9-23, 1-50, 7-30.
Roulers-/yrMjej,3,44,8-43,11-34,1-13,4 39,7-30,(9-33.Liclnei v.) Lichterv.- Thouroul,4-23 m.versOslende. Thourout-Lfc/ifer
velde 12-02venant d'Östende.—Bruges-Rou/ersJ 23,8-28,12-30,3-00,6-42,8 43.Lio1uerv.-Coitrtra»,8-28m.9 01,1,30,3,377,21
Ypres-CoMriTOi8-34,9-49,11-18,2-38,8-28,71Ö(niixle 1"el 2°cl.)„— Cour tra -Ypres, 7,00 (mixtel*ci2'cl. )8-08,l 1-02,2-80,8-40,8 49.
Ypres-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi ii 3-80 du malin jusqu'a Langtiemarck). Thouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(le Sa «led i a 0-20 du malin de Langtiemarck 4 \rp resb
Comines-Warnëton-Le Touquei-llouplines-Arme?i<ière«, 6 00, 10,13, 12-00, 0-28,Armentières-Houplines-Le louquet-War-
nèion-Comines 7 -23, 10,80, 4-10, 8-40. Comines-Warnêlon 8-48, m 9-30 s. Warnêion-Comines 8-30, 9-80,
Courtrailiruges, 8-08, 11-00, 12-38,4-03, 6-83. 9-00 s. (Licluerv.Bruges-CWrfrru, 8-23, 12-80, 8-00, 0-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Station) 6-80,7-'2S,9 20,(exp. le Dim. seulem )9 50,11 08,2-23,2-80,8 38,(exp.)S-30,(exp. le Sam.
seul)7-83,(exp )8-33. (bassin) 7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 30,11 14.2 31,2-80,8 41 (exp )S 50, (exp. le Sam. seul Y 7 41
(exp.)9 01Heyst, Blankenb, Biuges,8-48,7-18(exp. le Lundi )8,2S, I I-23,1 28,2 48(exp.)4-10.8-30,7 28(exp. le Dim )7 33,8 43
Ingelmunster Deynze Gand-, 8-00, 9-412-18. Ingelmunsler-Deyncte, 0 08 2* cl., 7-18. Gmd-Deyuie-Ingelmunster, 0-88,
11-20, 4-41. Deynze Ingelmunster, 1-00. 2" cl. 8 20.
Ingelmunster-;!nseghem, 0-08, 12-88, 0-13. Anseghein-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-48.
Liclitervelde-Dixmade-Furnes el üunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. Daiikerke-Yarnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-33, 11 10,
3-40, 8-00.
Dixmude-ATetzpori,9-80,2 20,8-48. Nieup-/)t>?n,(bains)7-20.1 1-80,4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
Tliourout-O.s-fenda, 4-80, 9-13, 1-80, 8-08. Oslende-Thouroul, 7-83, 10-t0, 12 28, 0-15.
Selzaele-jEec/oo, 9-03, 1-28, 8-28. Eecloo-Se/zaete, 5-38, 10 13,4-22.
Gand-Terneuzen, (station8-17, 12-18, 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen Gand, 6-00, 10-30, 440.-
SeliMe-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Ssfraefe, 6 00, 10-28, 4 48. (Ie Nlardi, 9,30.)
O O IX il BHJPOWClAIVCKü»
COURTRAIBRUXELLES.
BRUXELLES, COURTRAI.
Courtrai dep. 6.37 10,83
Bruxelles arr. 9,20 1,35
12,33 3,47 0,38.
2,28 6,14 8,84.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22
8,02
8,28
10,40
12,21
2,44
3,33
7,50
6,47.
8.44.
COURTRAI, TOURNAI, Ltl.I.E.
Courtrai dép. 6,37 10,50 2,54 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 6,42 12,31 3,44 6,40.
Gand arr. 8,01 1,31 5,04 7,50.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
BRUGES, GAND BRUXELLES.
Biuges d. 6,49exp.l2,34, 2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gand a 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Lille dép. 3,13 8,22 11,03 2,22 3,20
Tournai 5,42 8,80 11,29 2,40 8,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 0,33
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 3,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,34 10,31 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 8,14 11,53 3,12 exp. 4,59 exp. 3,53.
Gand arr. 6,00 9,41 1.13 3,23 4,20 6 37 7,23.
Bruges 7,13 10,34 2,38 4,37 5,11 7,22 8,38.
DAiN'S LA
III.
LA JAMBE OU LA VIE!
Un tremblemcnt nervcux s'empara du rnoi et,
instinctivement, ju voiilus prendre les rames pour
regagner la cóte au plus vile.
Mais milord comprit aussilól mon intention...
Inutile d'essayer, me dit-il froidementj'ai
calculé exaclemenl mon jour el mon hen re... la
mer est trop haute... on ne pent passer mainte-
tenant sous la voi'ite
Alois, que voulez-vous done faire de moi?
m'écriai- jevoulez-vous me tuer?...
Ma voix devait étre terrible, mais l'Anglais se
mil a sourire.
Moa pas vouloir tuer voo dit il dans son
jargon moa vouloir seulemenl que voo coupez
ici ma jambe a moa.
Qu'est-ce?
Moa vouloir voo cooper ma jambe a moa
tout de suite.
Juste cieldis-je en moi-même, mon homme
est foilEh bien me voil'a dans de jolis draps!
Reproduction interdiie.
Couper voire jambe, milordmais vous n'y
songez pas Pourquoi? Comment? Allons, calmez-
vous... Cest tine plaisanterien'esl-ee pas? une
simple plaisanierie?...
Moa jamais plaisanter, reprit la voix avec un
flegnie qni ariêta mon sang dans les veines Je
veux qu'on me coupe la jambe, et ici, sur-le-
champsinon...
Sinon
Sinon voila comment je me ferai obéir.
El l'Anglais lira de sa poche un petit revolver.
Des menaces? m'écriai-je exaspéré. Oh
c'est trop fori! Eh! bien, lirez done, milord; et,
qn'an moins il ne soit pas dit que j'ai cede aux
instances d'un fou
Vous vous méprenez changement sur mes
intentions eoulinua la voix avec douceur ee n'est
pas a vous que le coup est destine. Mais si vous
refusez de me couper la jambe, je vais me lieer j
une balie dans le genou cl vous serez bien oblige
d'obéir ensuile
Oh! nessaycz pas de saisir mon revolver ni
de vous jeler sur moi, ajouta l'Anglais en
s'apercevant que je me préparais a faire un mou
vement du ee genre; une tentative pareille
n'aboulirait qu'a me faire briiler la cervellé, car
je suis parfaitemenl decide a ne sortir de cette
grotte que mort ou avec une jambe de moins!
J'éiais litléralement pclrifiéQue faire?...
Comment calmer cèt insensé?...
Après quelques minutes de silence, la voix
reprit
II n y a ponit de temps a perdre encore
cinq minutes. Si vous consentez a l'opération je
vous en serai redevable toute ma vie sinon, je tire
et ma blessure sera peut-êlre mortelle. Pensez
sérieusement, docteur, a ce que vous atez a faire
Maismon Dien répliquai-je encore, pour
quoi agir ici de la sorte? Pourquoi faire ehoix de
ce lieu obscur, de ce lieu desert?... Comment
puis-je opérer?
Vous avez vos trousses c'est tout ce qu'il
vous faut... el j'ai des raisons pour préférer la
grotte d'Azur ii tout autre endroit... Commence-
rez-vous done entiu
Ju perdais la léte. Un sang en feu coulait dans
mes veines! Et l'aiguille de la munlrc marebail,
niarcbait (oiijours et les cinq minutes claieut pres
que écoulées
Vous comprenez que mon idéé dominante clait
Cel homme est fou. II est en efTet impossible
de supposer que de son plein gré, par pure dis
traction. affaire de s'émouvoir un peu, un homme
se fasse ainsi couper une jambe...
Aussi mon unique preoccupation élait-elle
Comment trainer I'affaire en longueur? Comment
parlementer assez longiemps pour que la marée
nous permelte de sortir?...
Peine inutile
Les cinq minutes sont passées, docteur, me
I.ES MAOVAIS J0UUNA6X.
dit milord... je litre.
Eteu effet, je le vis diriger le canon du revol
ver contre son genou droit...
Halte! roaiheureux, m'écriai je; puisque
vous le voulez, me voici ii vos oi dres..,. Mais avant
tout, laissez-moi encore protester...
Prolestez tant que vous voudrez, me répliqua
froidemem milord; mais faites, et faites vite.
Je jetai un regard désespéré vers le batelier. II
dormait toujours, sous les étreintes d'un sommeil
de plomb. On voyait qu'un narcotique puissant
avail passé par la.
Je me résignai enfin. Je pris ma trousse,ct,
avec le plus grend soin et la plus grande habileté,
j'ose le dire, je me mis a ma triste besogne.
Ce n'était cel les pas la première jambe que je
coupaisUn chirurgien qui se respecle en doit
avoir au moins une demi-douzaine dans ses étals
de service. Mais couper bien propremenl une
jambe, a l'hópitalentouré d'aides, d'infirmiers,
et la couper sur une nacelle en proie a une émo-
tion des plus vivesoutre la crainte de voir a
chaque instant le fou qtte l'on opère vous sauter a
la goi ge oh ce n'est pos tout ii fait la mêine
chose je vous l'assurc et mes ligatures s'en res-
senlircnt plus d'une fois.
Néantnoins, je réussis tant bien que mal. L'An
glais fut sloïque il ne broncha pas il ne bougea
pas. Calme. presque souriantil m'aida de son
niieux, avec une indifference qui Hie slupéfiait.
On aurait dit qu'il assislail a l'opération d'un laz-
zaroneeten simple curieux. Oh! quelle race que
cetle race anglaise
Ont-ils du flegme, ccs gaillards-la
IV.
UN BATELIER ÉPOUVANTÉ.
Quand tout fut lerminé, il s'était bien passé une
heure. J'étais prét ii m evanouir d'émotion. Milord
dut plusieurs fois me passer de son rhum pour me
réconforler. Après avoir lavé le siing, il pril sa
jambe cotipée, l'enveloppa dans un linge qu'il
avait apporlé, et la déposa au fond du bateau.
Puis, tirant d'un nécessaire une puissante es
sence, il la fit respircr au batelier, qui se réveilla
aussilOt.
Je ne vous dépeindrai pas, Monsieur, la stupenr
de ce pauvre liominc en voyant l'Anglais élendu
dans le fond de la barque, avec une jambe écotir-
téc jusqu'au genou.
Son premier mouvement fut, je crois, de se jeter
ii la mer. II voulait fuir cette barque ensorcelée,
oii, pendant son sommeil, on coupait ainsi des
jambes... cl j'avoue que moi-même j'étais encore
si béte, si ahuri, que je n'aurais pu dire un traitre
mot pour Ie rassurer...
Mais l'Anglais avail tont sou calme, lui
Rassurez-vouspatrone Filippo lui dit-il, il
n'y a rien en cela que du fort naturel. Monsieur le
docteur vient de me couper la jambe, mais sur
mes instances... Le motif ne vous regarde pas...
Sachez seulcmcnt que vous ne courez aueun ris-
i,
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