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Mercredi 1 Septemb. 1875.
10' année. N° 1,009.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent lb centimes la iigne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. Ou traite d forfait pour les inserVwas par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
II K ïfl I S O JE FE II.
17 Juillet.
LES DEUX SOCIÉTÉS.
II devient chaque jour plus évident que les
lulles engagces conlre l Eglise catholique par
la révolution libérale, onl constitué, Tune en
face de l'autre, deux sociélés enliérement
distinctes et profondémenl divisées.Enlre ces
deux sociélés, il s'est crcusé un abime; eet
abime s'élargit sans cesse et bienlöt se refu-
sera a livrer quelque passage que ce puisse
ètre.
Ce ne sont pas les catholiques, baions-
nous de le dire, qui ont voulu ces hostilités.
Nous n'en donnons pour preuve que le pacle
même, qui fut conclu avant 1830, qui fit
notre révolution et nolre indèpendance, et
nous donna cette constitution devani laquel-
le le libéralisme s'accouprit en stupides ado
rations.
Nous avions voulu franchement la paix et
l'union. II élait Irop tard, quand nous nous
sommes apercus que nous avions fait un
marché de dupes.
La situation actuelle, si différente du
point du depart, oü calholiques el liberatix
avaient l'air de fraterniser, atteste mieux que
tons les raisonnements combien celte union
fut menteuse, combien il restera toujours et
radicalement impossible d acconpler le bien
et le mal et de faire sortir de cette alliance
monstrueuse quelque chose qui ressemble a
la paix.
Devant la position qui nous est faite, et la
guerre étant déclarée comme elle I'est, c'esl
le devoir, et ce sera l'honnetir des calholiques
de l'accepter sur toute la Iigne et de la con-
duire avec la vigueur de vieux et braves
combattants.
II y a longtemps, en effet, que I'Eglise
catholique est militante. Elle est née, elle
vécut et elle vivra sur un champ de bataille
grand comme Ie monde, el oü de loutes parts
elle dresse des trophées couverts du sang
glorieux de ses plus illuslres enfants.
Ce n'est done pas le combat qui nous ef-
fraie, comme ce n'est pas son issue qui nous
inquiéte. Mais ce que nous votilons, ce que
tous, dans toute la mesure de notre influence
et de notre pouvoir, nous devons réaliser,
c'est d'enróler nos troupes sous notre vieux
drapeau, c'est d'arborer haut et ferme le
labarum de notre foi, c'est d'entendre la
voix retentissanle de I'Eglise, quand par
l'organe puissant de son chef, elle ne cesse
de crier: Qui m'aime me suive!
Point d'équivoquc dans celte levée de
botteliers. II ne faut point que dans les rangs
de l'armée chrétienne il y ait place pour des
Turcs, si déguisés qu'ils puissent s'y mettre.
De pareils conscrits lachenl toujours pied,
dans les moments de péril, et c'est par eux
que commence la débandade.
El voila pourquoi nous aimons a signaler
la situation oü nous sommes et a monlrer
ces deux sociélés rivales, devenues deux
ar méés en présence, et entre lesquelles tout
compromis devient impossible.
Quand cette vérité sera universellement
comprise, quand il deviendra évident a tous
les yeux et cetle evidence se fait rapide-
ment qu'il s'agit d'être catholique ou de
ne l'èlre pas, de l'ètre enliérement ou de ne
l'èlre plus du toul; quand d'une part les
combattants scront franchement et hardi-
ment les soldats de I'Eglise, et quand d'autre
part tous les soudards altgnés porleront le
signe de la béte, alors la tacliquesera nette
et claire, le plan de campagne factie a tra
cer, la victotre prompte etcertaine.
L'armée libérale, qui est devenue l'armée
de Satan, et qui appelle sous ses enseignes
tous les ennemis de I'Eglise chrétienne, en
leur endossant urte casaque aussi peu voyan
te que possible, mais leur meltant a tons le
même glaive a la main, leur confiant a tous
le même mot d'ordre et le même cri de ral-
liement, cette armée, qui s'exerce sous nos
yeux, nous rend le service de nous ensei-
gner ce que nous devons faire: épurer nos
rangs, choisir nos hommes, connaitre nos
chefs, rompre en visière avec l'ennemi, le
ver l'étendard et marcher en avant!
Qu'est-ce done que vaincre, demnndait-on
a un vieux guerrier? Et 1'homme do guerre,
qui savaitson métier, répondu: V'aiticre c'est
aller en avant. Eb bien, oui, allons en avant,
et que ce soit sans ménagement et sans
crainte. Nolre chef a tous nous en donne le
commandement et l'exemple, N'est-il pas
évident que chaque parole parlie du Vatican,
depuis ces dix derniéres années surtout, est
une parole qui oommande un mouvement
sur l'ennemi, une manoeuvre en avant? Est -
ce que le généralissime de l'armée catholi
que se cache dans les broussailles et dissimu-
le ses évolutions? Son cri n'est-il point clair
el sonore? Ne dit-il pas avec une sainte au-
dace, aux princes et aux peuples, ce qu'il
veut, oü il va? Et serions-nous moins résolus
que lui?
Laissons done le libéralisme s'accenluer,
s'organiser, s'exercer a son tir international
auquel I'Eglise catholique sert de cible uni
que; pour nous, soyons soldats de l'armée
catholique, c'est-a-dire catholiques avant
lout, calholiques partout, catholiques tout
d'une piéce. Laissons la liberté libérale se
séparer chaque jour plus radicalement de la
nölre; mais répondons a la séparation par la
separation, a l'exclusion par ['exclusion.
C'est le cas de répéter le texte fameux dont
Bossuel faisait une application saisissante a
une situation qui n'était point sans ressem-
blance avec la nólre: Que ce qui doit aller
la mortaille a la mort!
Pour nous, nous savons oü est la vie et
nous voyons cetle vie, qui est la nölre,
paree qu'elle est celle de notre pére el de no
tie mére, celle de Jéstis Christ et de son
Eglise, grandir et se fortifier, malgré
toutes les defections el toules les attaques;
nous la voyons plus jeune et plus vigoureuse
que jamais, tandis que la décrépitude alteint
el ronge les phalanges ennemies, que l'élé-
nient de mort se développe dans leurs en-
trailles et que leur pourriture se révéle en
exhalaisons chaque jour plus épaisses et plus
fétides.
Entre ces deux sociélés le choix n'est point
difficile: mais il importe de ne point hésiter
a le faire avec toute promptitude et toute
énergie.
LES CRIMES DE LA PRESSE.
Nous avons fait ressorlir, dans un de nos
derniers numéros, en évoquant les souvenirs
encore récents de ia Commune parisienne,
quelles peuvent ètre les sanglantes el funè-
bres conséquences des attaques de la presse
contre le clergé et contre les ordres re-
ligieux.
Pour répondre a cette démonstration, on
rappelle qu'a cótédesprélres etdesreligieux,
victimes de la Commune, il s'est rencontré
aussi des gendarmes, un sénaleur libéral de
l'Empire, M. Bonjean, et mème un rédacteur
du Siècle, M. Chaudey.
Done, conclut le eorrespondant bruxellois,
les attaques de la presse ne sont pour rien
dans I'acharnement lout particulier déployé
par les communards contre les prêtres et les
religieux.
C'est aller un peu vite en besogne et dissi-
mulersous un sophisme, trés-facilea démas-
quer, la vérité historique et l'évidence des
faits.
II n'y a rien d'élonnant a ce que des gen
darmes aienl figure parmi les otages de la
Commune. Beaucoup d'annexionnistes com
munards avaient contre la gendarmerie des
griefs personnels; elle avail, en outre, le lort
de représenler, aux yeux de la démagogie
parisienne, la force matérielle, mise au ser
vice de cette sociétéqu'on aspirait a détruire.
Quant au sénateur Bonjean, il était pour
les msurgés la personification de l'Empire,
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Popermghe- Ypres, 3-15,7-00,9-30,10-55,2-13,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-40,9-07,12-05,3-07,6 50,8-45,9-80. Po-
peringlie-Hazebrouck, 7 03, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperingtie-Ypres, 8-35, 9 50, 4-10, 8-25.
i pres-Routers, 7-50, 12-25, 6-45. Heulers -Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-ZInzjM,5,44,8-45,11-34,1-13,4 39,7-36,(9-55.Lichterv.)—Licluerv.-Thourout,4-25 m.vers Ostende. Thourout-Lic/ifer
velde 12-02venani d'Ostende.—Bruges-/{o«iers,7 23,8-25,12-50,5-00,0-42,8 45.—Licluerv.-Coürtra»,5-23m.9.011,30,5,377,21
Ypres-CoMrtmi3-34,9-49,11-15,2-35,5-25,713 (mixte lvt 2'cl.).—CourtraiYpres,7,00(mixiel*ei2"cl.)S-08,1 1-02,2-56,5-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 6-50 du matin jusqu'a Langliemarck). Thouroul- Yprest 8-40, 1-10, 7-00,
(Ie Samedi a 6-20 du maiin de Langliemarck 4 Ypres).
Comines-Wamélon-Le Touquet-Houplines-Ameun'ères, 6-00, 10,13,12-00, 6-25,Armenlières-Houplines Le Touquet-War-
nêton-Cowu'nes 7 -25, 10,80, 4-10, 8-40. Comines- Warnéton 8-43, in 9-30 s. Warnêton-Commes 5-30, 9-50,
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-33,4-03, 6-33. 9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CWtra», 8-25, 12-50, 5-00, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Slation) 6-50,7-25,9 20,(exp. le Dim. setilem )9 30,11 08,2-23,2-50,5 35,(exp.)5-50,(exp. Ie Sam.
feul)7-35,(exp )8 53 (bassin) 7-00,7-3l,9-26,(le Dim. seul) 9 56,11 -14.2-31,2-86,5 41 (exp.)3 56, (exp. le Sain. seul.) 7 41
(exp.)9-01Heyst, BI ankenb, Bruges,5-48,7-15(exp. le Lundi )8,25,11-28,1-25,2 45(exp.)4-10.5-30,7 23(exp. le Dim.)7-33,8 43
ingelmunsier Deynze-GVtttci, 5-00, 9-412-15. lngelmunster-Z)e^rt,z#, 6-05 2" cl., 7-18. Gand-Deyirie-Ingelmunster6-58,
11-20, 4-41. Deynze Inge/munster, 1-00. 2* cl. 8 20.
Ingelmunster-^ztsejAer/t, 6-05, 12-55, 6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerke, 6 -30, 9-08, 1-33, 8-00. D«»AerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-35, 11-10,
3-40, 5-00.
Dixmude-JVïeMpor<,9-S0,2-20,8-43. Nieup-Z)txm,(bains)7-20,11-30,4-10. (ville) 7-30,12-00,4-20.
Thourqut-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-58, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaele Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/saete, 5-35, 10 15, 4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Selzaete-X,oAer«», 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Selzaete, 6 00, 10-28, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
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IPOirD AltOBS.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,33 12,33 3,47 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,25 0,14 3,54.
COURTRAI, TOURNA!LILLK.
Courtrai dép. 6,37 10,36 2,34 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,35 10,00.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
3,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
3,33
7,56
6,47.
8,44.
COURTRAI, CARD.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
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LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,18 8,22 11,03 2,22 5,20
5,42 8,36 11,29 2,40 5,39
6,34 9.47 12,20 3,38 6,33
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courirai arr. 6,34 10,51 2,49 3,31 8,42.
Lille dép.
Tournai
Courirai arr.
BRUGES, (IARD, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,52, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,58.
Bruxelles 8,30, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép. 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7,15 10,34
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2,38 4,37 5,11
4,59 exp
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7,22
3.23.
7,33.
8,58.
DANS LA
PAR AI ME RICK.
Suite. Voir Ie N" précédent.
Le croiriez-vousdocteur? Moisi froidsi
indifférent line heure avant. moi qui croyais poti-
voir impiinémenl affronter les regards d'lda, sans
même éprouver la moindre commotionj'élais
devenu Iriste agile pensif. Je sentais se remuer
en moi je ne sais quels sentiments indéfinissables...
Les liettx, ce chateau, ces souvenirs, ces nouvelles
vagucs, trisles mystéi ictisescet accident dont
on ignorait les détails, cet exil dont je ne m'expli-
quais pas les motifs, tout cela me boulcvcrsail,
me tourmentait infiniment.
J'aurais pu facilcment m'accoulumer a l'idée de
voir Ida heurense, même avec un autre, mais
cette incertitude sur son sort me peinai, me rem-
plissaitdejc nesais quels tristes pressentiments...
Aussi a peine sur mon yacht, ordonnais-je
1'appareillage. Je voulais partir... Pour oil? Je
n'en sarais rim. Potirquoi? Je ne coniprenais pas
davantage. Mais enfin je voulais partirfuir cetle
terre riante cette lie fortunée. qui se dressait
Iteproduction interdite. Extrait <lu volume
un Amour entre deux cercueils, etc, par Aimé
Hick, in-l2.de 238 pages, édité par G Lebrocqny,
32Chans.ée de Wavre. a Ixelles En venlo eliez
VAND ERG H INSTE - FOSSE, a Ypres.
IVix 2 francs.
devant moi, prtsque comme un remords... et
sans m'en apercevoir, sans avoir ail fond bien
conscience de ce que je faisaisce fut sur
Gênes que je mis le cap.
En route, mon équipage ne me reeonnaissait
plus. J'élais devenu sombre. L'iriquiétude me
toiTurait. Je me surpienais it réversur le beaupré,
comme du temps de ma première jeunesse.
J en étais déja a me dire quel malheur d'avoir
abandonné cel ange Pourquoi ai-je ainsi passé
a cölé du bonheur?...
Et alors, loutes les scènes d'aulrefois m'appa-
raissaient de nouveau, sous des formes viyes et
brillantes. rendues plus belles encore par le prisme
de la fantaisieet de la distance.
Je voyais Ida, comme elle m'avait apparu Ic
dernier soir, avcc sa robe blanche, sa chevelure
toi due sans art par le poignet vigoureux d'une
rustiqtie camèi iste, mais si sonple, si abundante,
si serrée, qua tout instant on pouvait craindre
de voir se briser lepeigne qui pliait sous son poids,
et la chevelure se répandre en manteau debène
sur ses épaules... II me scmblail découvrir deux
larmes perlées dans ses yeux brillanls, larmes que
j'aurais vonlu boirel... II me samblail enfin en
tendre encore les riloimielles niouranteS de cetle
valse mélancolique dont it-s acroids nous arrivaienl
par bouffèes, au monienl oü elle soupirail je
t'aime
XII.
UN CONSUL MANIAQUE.
Mais nous élions a Gênes. Je cotirus vite chez
le consul anglais. Je trouvai un gros homme,
(lodu, en train d'éplueber des cocos et de compter
du millet puur ses serins.
De quoiQue me voulez-vons dil-il
d'nn air de marguillier que l'ou derange a table...
Les Maltais?... Les eomtes Gastro della Itiviera?...
Ah bien oui I Est-ce que je saismoioü ils sont
allés?... Ils ont passé par ici, c'est incontes
table. II y a Irois ans de cela, c'cst évident... a
telle enseignequ'ils onl diné chez moi, Monsieur...
un fameux diner! Pour cela oui... du Madère
extra-fin... et du Bourgogne... Vous aimez le
Bourgogne, Monsieur?.'. Car j'ai une cave, moi...
oh mais la une caveMais quant aux Castro,
ui vu ni connu... Parlisdisparu... Voulez-vous
diner avec moi?... Sans compliments!...
J'éeinnais! Néanmoins me retenant
Pourriez-vo.us au moiiis me dire quels étaient
ces Gastro... Etait ee un jeune homme avec sa
femme, ou bien avec sa scciir?... Voyageaient-ils
seuIs Ne vous onl ils pas dit oü ils allaient?
Que de questions... Jour de Dien? Eli! le
puis-je savoir?... II me semble qu'ils étaient frère
et soenr... et li telle enseigne qu'ils étaient brouillés
ensembleet qu'ils se disputaient. même en bti-
vanl mon Lunel... un fameux vin!... Et qui en a
fait des reconciliations, qui en a fait!... Quand
deux capilaiues sont brouillés, je les fais vrnir
dans mon cabinet... Je leur sers mie bouteillf de
Lunel... et entrés les frères ennemis ils en res-
sortent les deux Ajax... Mais quant a vos individus,
non! Rien h faire!... Maintenanl puur oü onl-ils
tourné la baique?... Pour Naples, a ce que je
crois... oui pour Naples, c'est silr... je m'en
souviens maintennnla telle enseigne que leur
ayant offert du Lacryma Christi...
Bonsoir, Monsieur, interrompis-je furieux.
et je plantai-la sans plus de famous, cet insup
portable personnage.
Le soir même je filais sur Naples.
Mais la, même incerlude, même indécision. Ni
le consul un homme charmant celte fois-la
ni la police ni la legation anglaise ne piirenl me
donner des indications sur Giacomo et Ida.
Ils avaient passé par lil (onle monde s en rap-
pelait... Mais oü ils étaient en ce moment? Per-
sonne ne pouvait le dire.
Après plusienrs mois de recherches, je perdis
courage et je ne cherchai plus.
Jeparcourus les principals ti les d Italië. Par
tout jc m'informai adroitemeut. n>ais toujours sans
résullat. Je partis alors pour la Gi èee, je revis les
lieux de mes premiers combats, et Constantinople,
jadis le but de nolre expedition.
De la mon yacht return na en Anglelcrre, et,
pris soudain d'une passion de voyages a pied, je
vendis le bateau et mejoignisan bataillon exeen-
trique de mes eompatriotrs que vous reneontrez
dans tons les pays, sur tontps les colonnes, au bord
de tons les précipices dans le cralêre de tous les
volcans. Vrais Juifs errants qui une lunette
d'une main et un sandwich de l'autre, leur livre
rouge sous le bras. leur plaid et leur album en
bandouillère se Ironvent partout oü il y a un
danger a conrir, line soltise a faire, oil une curio-
sitc a voir.
Le pavé de toules les capitales fut u«é par mot.
Tons les Musées furent passés en revue. Tons les
points de vue piltoresques eonehés sur mon album.
Je montai ea ballon je desctudis dans les mines?
j'inscrivis mon nom sur le sommet de toutes les
munlugnes. A trente-cinq ans en 1840 j'avais
tont vu, tout éprouvé, tout parconru et, comme
Alexandre, jc pouvait meplaindre que le monde
füt trop petit pour y promener mon spleen el mes
remords.
Car malgré cetle vie agitce et tiimullueuse, je
n'avais pas nn instant de repos. J'aimais encore et
toujours Ida depuis mon excursion a File de
Malle, tont le feu dc ma jeunesse s'élait rallunié
dans mon coeur.
Je n'avais pas voulu en con ven ird'a bord. Simple
curiosité, m'étais-je ditaffaire de savoir si Elle est
mariée, oui ou non.
Mais a mesure que mes recherches devenaient
plus infructucuscsa mesure que s'accumiilaieiit
les chances de ne plus la revoir jamais, mon
amour se développait encore,... jetais foil... plus
fou (|ue le premier jour... plus fou qu'au moment
de notre dernier baiscr...
A mon amour d'adolescent naïf, s'était ajoulé
toute l'énergic male de l'hotnine fait... Je ne pen
sais, je ne vtvais que par elle... et sur de ne la plus
revoir, tout mon élre s'était change, lout mon
esprit avail pris celte tournure sombre ct farouche
qui fait de mes compairiotes la terreur des voyages
cosmopolites...
Le spleen m'obsédait, melyrannisait, metuait...
La douleur aiguè s'rtait changce en ennui lent,
mortel, mais insurmontable... J'avais beau fttir,
me dislraire... il me suivait et me poursuivait,
dans le bal le plus brillanlcoinme dans la solitude
la plus profonde... J'élais uialheureux, j'élais
maudita coktinuer.