r raHRSS W^r-smmua^-m c,sEMRyv LE PRESBYTÈRE DU HAIEAU. «MP Mercredi 97 Octobre 1875. rÓlf 10' année. N° 1,095. 5 O W£m >- EE >- Le Journal parait le Mercredi el Ie Samedi. Les insertions cautenl IS centimes la ligne. Les réclames.etannonces jadiciaires se paie.it 30 centimes la ligne. On traiteia foifmtpoi^ le^insertiöns par annee. Un numéro du journal, pris an Bureau, 10 ceolimes. Les numéros supplémeutaire's commandés pour articles, Réclames ou Annonces, couler 0 s 1 CHCMI^S I» E FEK.-I OCTOBRE. LE DERNIER MOT DU LIBERALISME BELGE: L'organe doctrinal des libéraux beiges adople hardiment la devise, résumé de la politique de M. de Bismark: la force prime le droit- Dans sa derniére livraison, la Revne de Belgique, poi'te-voix de la franc-maconne- ric, parlant du libéralisme tout enlier, ful- mine l'anathème a la liberté et déifie la force. Nous citons attjourdTiui quelques exlrails, ils sonl significaltfs el peuvent se résurner en ces mols: guerre a PEglise, oppression de l'Eglise, persécution des calholiqties, le progrés est la! Si Ton entend par l'Eglise libre dans 1'Elat libre que chacun peut libretnent ado rer Dicu a sa maniére en dehors de toute politique comme il culliverail la peinture ou la musit/ue, rien de mieux; mais si I'on pretend qu'une Eglise, un corps ecclésiasli- que, un organisme savant et puissant a le droit de se mouvoir librerrienl a l'intérieur de l'-Elat et de faire une propagandc directe- nient conlraire a ses adversaires, aux libé raux par exemple, c'esl èoidemmenl une aberration mdnslrueuse que pas un seul liberal ne pourra loyiqucmenl ad/nettre. Voila Ie langage de ces libéraux qui nous accusent de vouloir renverser la Conslilution de 1830, celte cbarle transaclionnelle, que nous défendons tous les jours contre eux et que nous ne eesserons de défendre. Pour- suivons: Quoi qu'il en soil, on ne peul nier que les libéraux n'accordent, dés aujourd'hui, a la liberté un róle beaucoup plus modeste dans leurs conceptions soctales. Et nous le voyons bien, puisque nous voyons les libéraux délfier I'Eiat el admirer la politique de M. de Bismark, qui a fail bil'fer COMTESSE DE BASSANVILLE. (Reproduction interdile.) de la Constitution de son pays la liberie des associations religieuses. Dans la guerre que Ie libéralisme a décla- rée a l'Eglise, tous les rnoyens sont bons, mème l'assassinat, même le massacre. Lec- teurs, pardonnez-nous la citation qui suit, abominable blasphéme: Faisonsdonc la part du lemps: mais cet- te part faite, reconnaissons que les condam- nations des libres-penseurs de Socrate, de Jésus par exemple, furenl aussi légilimes que le sonl de nos jours, celles des évèques a I le - mands ou suisses révoltés contre les lois de leur pays. Pour ne prendre que la con- damnation de Jésus par Ponce-Pilate, qui done oserail blamer Ie procureur romain en Judée d'avoir livré un faclieux aux loisde son pays. Voila a quel degré d'impiété infame, de blasphéme atroce, de violence sans nom, ar rive le libéralisme! Otii! le voila sans mas que, le voila dans sa laidetir. Le langage de la Revue de Belgique est un avertissement. Voici la conclusion Proclamer la separation de l'Eglise el de l'Elat, ce serail riotre suicide. Non, si les libéraux beiges veulent sauver leur pays et leurs idéés, il fuut qud/s recourent d das moqens plus ênergiques. II faal quails tra- vaillenl sans relac/ie a la suppression des couverils el des ordres religieuxquits ar- rachent C cnseigneme.nl aux mains du c Ier gé, qiïits arrètent par des mesures sévères et radicates le développement inouï des miracles, des pélerinages (nous y voila el voila l'explication des événements de Mai dernier) et des sligmatisées qui sont un scan- dale et une bonte pour noire pays... La prison, les amendesel le bannissement sont des armes légales, pourquoi ne pas s'en servtr Si nous voulons faire oeuvre sérieuse, nous devons oublier les doctrines de 1830, ei mettre de cóté nos beaux rêvesde liberté! Encore une fois, voila le libéralisme sans masque voila les enseignements de son or- gane le plus aulorisé comme doclrine voila les conclusions pratiques de l'écoleaux lecons de laquelle préside M. le professeur de La- veleye COMMENT NOS LIBÉRAUX ENTENDENT LA LIBERTÉ! On les voit depuis assez longtemps a l'ceu- vre potirèire complétement édifiéa eet égard. Cependant, il est bon de relever, de temps a autrecertains traits caractéristiques qui démontrenl surabondamment ou nous en serions si jamais nos doctrinaires lenaient le haut du pavé. Un honorable ciloyen catholiquc se trou- vait, il y a quelques jours, dans un eslaminet voisin de son domicile. Survint une société chorale qui exéctila quelques cbceurs après lesquels on procéda a l'inévitable quète du Denier des Ecoles. Notre concitoyen refusa naturellemenl de verser son obole au profit d'une oeuvre que sa conscience désapprouve. Aussilöt les oris de d bas le calolin I d bas le petit frdre retenlirent autour de lui, et deux ou Irois énerguménes lui présentèrent une seconde fois l'escarcelle. Nouveau reftis exprimé en termes polis. Alors, ainsi que Ie raconte elle-rnéme la vic- lime de celie lache agression, vingt poings se dirigent vers son visage, les épithétes les plus dégoülanles lui sont adressées. On ne sait ce qui serail arrivé sans ['inter vention énergique de quelques hommes de coeur qui parvinrent a mellreces forcenés a la raison en leur montrant qu'eux aussi avaient des poings aü service de leurs idéés. Voila la politique du libéralisme N'est- elle pas faile pour provoquer l'indignation des vrais amis de la liberté (La Cloche). PILORI. Au pilori VEtoüe, lasainte-nitouche^foiVe. Ah YÉtoile respecte tout ce qui est res pectable!... Ah! VEtoile peut impunément s'étalersur la table des families chrètiennes! Ah YÉtoile n'a jamais porté la moindre atteinte a la morale publique ou privée Voyons. De quoi s'agil-il D'une réclame en régie, a l'adresse d'un iivre infame, écri! par une créature infame et qui, après avoir occupé pendant quelques jours la previse interlope de Paris, a fini par ètre inlerdit par la police francaise, pour cause d'immoralité. Nous ne cilerons ni Ier Iivre, ni l'auleur, de peur de conlribuer a la réclame. Mais il va de soi que YÉtoile cile en tontes lettres. La facon donl YÉtoile lonrne son boniment est calculée pour sttrexciler au superlalif les passions malsaines de ceux qui ont l'habilude de se repailre de ces sorles de malproprelés. L'Éditeur ne tardera pas a s'en apercevoir. El les journalistes de YÉtoile se plaignent et s'indignent quand nous les accnsons de faire un métier malpropre,deprostituer lenrplume en s'abaissanl au besoin au niveau des scribes de la presse de lolérance L'an dernier, dit la Clochenous avons, dans un résumé substantie!, fait connailre YÉtoile telle qu'elle est. Son tiragc en a souf- fert. Bien des families calholiqties désabusèes se désabonnérenl. Le dommage fut tel que YÉtoile réunit son eonseil, a l'efïet d'aviser s'il n'y avail pas moyen de nous inlenter un procés en dommages-inlérèts. Après mure délibéralion, on reconnnt que le procés ferail encore plus de mal que de bien. Au surplus, il n'y avail pas matière. Nous avions pour nous et la légalilé, et les fails et I'opinion de tous les honnètes gens. LA PEINE DE MOBT. M. Delecourt, procureur-général prés Ia Cour d'appel de Bruxelles, qui a tenu son audience de renlrée joudi, a, pour mercu- riale, prononcé un discours sur la nécessité de recourir aux executions capitales pour expiation des grands crimes. L'oraleur a dit que, au risque de provo quer les récriminations des parlisans de I'a- bolition de la peine de mort, il se déclarait positivement partisan de I'application de cette peine pour des cas aussi exceptioneels que celui de Nalinnes. fl ne pent que regretter d'avoir vu commuer la peine de mort pro- noncée contre les auteurs du crime effroyable de Nalinnes, du moins en ce qui concerne Meunier et Lorent, dont M. le procureur- général avail vivement sollicité l'exécution. M. Delecourt a démontré, par des tableaux statistiques, que la criminalité avail fait des progrés effrayants, stirtout en ce qui con cerne les attentats contre la vie, dans tout Ie ressort de la cour d'appel, mais spéciale- menl dans la province de Barnaul et ['arron dissement de Charleroi. M. Ie procureur-général a ajouté que les exécutions cnpitales élaient devenues aujour d'hui use nécessité sociale, que, depuis lc Co O <8 2; co O V) 2 O O O T3 2* O o 'JZ C3 50 gn O 2 T"3 H O a H o O m cr C3 C*1 r* ssS rn en sH 2 CTJ e en 3 pi ÏO ra 2 Poperinghe- Ypres, 5-1 7-00,9-30,10-55,"2-15,8-08,9-20. Ypras-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-57,6 SO,8-46,9-30. Po- peringhe-Ilazebrouck, 7 03, 12-28, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-35, 9-80, 4 10, 8-28. Ypres-/(ou/ers, 7-80, 12-28, 6-48. Roulers- Ypfes, 9-28, 1-30, 7-50. Rouiers-Wrajes, 8-45, 1 1-34, 1-13, 8,18, 7-36, (9-35. Lisluerv.) Lichterv.-Tlwuroul, 4-23 m. vers Ostende. Bniges-/?oa- 7 25, 8-25, 12-50, 8-00, 0-42. Lichterv.-Courlrai, 8-25 m 9 01, 1,30, 5 37 7,21 Ypres-Courlrai 8-34, 9-49, 11-13, 2-35, 5-25, Comtrai- Ypres, 8-08, 11-02, 2-30, 5-40, 8-49. Ypres-Tlwuroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-30 tlu matin jusqu'a Langhemarck). Tnourout- Ypres, 9 00, 1-28, 7 48, (le Samedi a 6-20 du matin tie Langhemarck a Ypres). Comities-Warnéton Le Touquet-lIouplines-Ar/rtetHiVji-es, 6-00, 10,13, 12-00, 6-23,Annentières-IIouplines Le Pecquet-War- nèton-Cowtwes 7-25, 10,80, 4-10, 8 -40. Comities- Warnêlon 8-43, m. 9-30s. Wamelon Comines 5-30, 9-30, Courlrai- Bruges, 8-08, 11-00, 12-38,4-40, 6-83. 9-00 s. (Lichterv.)— Bvuges-Courlrai, 8-23, 12-30, 5-00, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Station) 7-25, 11-08, 2-50, 7-35, (bassin) 7-31, 11-14, 2-86, 7 41. Ileyst, Blankenb,Btuges, 5-43,8,25,11-23,8-30. lngelmunster Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-Deyn^#, 6-10 2" cl7-18. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41. Day me Ingelmunster, 1-00. 2* cl. 8 20. lngelmunster-dHsej/iei», 6-03, 12-58, 6-13. S.nse%\\em-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixmade-Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-35, 8-00. Duti/teWce-Furnes-Dixmude el Lichtervelde, 6-33, 11 10, 3-40, 5-00. Dixmude-(Viewport,9-50,2-20,8-48.Nieup-Z)i'trw, (bains) 10-48, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20. Thourout-Ostende, 4-50, 9-18, 1-50, 8-03. Ostende-Tlwuroul, 7-85, 10-10, 12 25, 6-15. SelzaeleaEecfoo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Sefzraete, 5-38, 10-15, 4-22. Gnnd-Terneu zen Scheela-Lukeren. (station) 8-17, 12-23, 7.3) .(porie d'Anvors) 8-30, 12-40. 7-43. - Terneiwen -Gand, 6 00 10-30, 440.- 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3 10 m.) Lokeren-Se/zaete, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardt, 9,30.) C O R H Ti! HPOJSDiVlSC COURTRAI, BRUXSLLES. bruxeli.es, courtrai. Courlrai dep. Bi ■uxelles arr. 6,37 9,20 10,33 1,35 12 33 2,23 3,47 6,14 6.33. 8,54. Bruxefles dep. Courlrai arr. 5.22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 5,33 7,86 6,47. 8,44. COURTRAI, T0URNA1, LILLE. Courlrai dep. Tournai arr. Lille 6.37 7,28 7.38 10,36 11,47 12,08 2,8 4 3,48 4,00 5.34 8,47. 6,39 9,-41. 6.35 10,00. LILLE, TOURNAICOURTRAI. Lille dép. 5,18 8,22 11,03. 2,22 5,20 Tournai 5,42 8,50 11,29 2,40 5,30 Courlrai arr, 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 COURTRU, GAND. GAND, COURTRAI. Courlrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,51 3,44 5,04 6,40. 7,30. Gand dép. Courlrai arr. Bruges d. 6,49exp.12.34, Gand a. 7,34, 1,40 Bruxelles 8,30, 4-00, BRUiES, flAND BRUXELLES. 2,32, 3 43,ex. 6,43. 4-07, 4,28, 7,38. 6,02, 9-31. Bruxelles dép. Gand arr. 6,00 Bruges 7,13 3,13 6,34 8,14 9,41 10,34 9,38 10,51 1,28 2,49 4,24 3,31 7,21. 8,42. BRUGES. BRUXELLESGAND, 11,53 3,12 exp. 4,59 exp. 8,28. 1,13 3,23 4,26 6,37 7,33. 2,38 4,37 8,11 7,22 8,38. LA FORCE PRIME LE DROIT. PAR LA Suile. Voir Ie numéro précédent. Dame Marion avail on coeor d'or, une santé de frr, et el Ie élait toiijours préte a rendre un service. On n aurail pas Irottvé a dix lieues a la ronde une aussi bonne garde-malade, el, Bile d un vétérinaire miné, e!le avail conserve le souvenir de bonnes recettes qu'elle savail applinuer au besoin. Comme le village de C... élait a une assrz grande distance des grandes routes, et éloigné, par conséquent, de tout secours. c'étail el le qui, a défant de vétérinaire et de médecin, soignait bêtes et gens. Dame Marion, venez done voir ma vache qui est tin pen malade, disail I'un. Dame Marion y allait elie ne demandait rien mais quand el I e guérissail l'animal, Ie propnélaire, reconnaissant, glissait deux poulets dans son pa nier. II n'y en avail jamais qu'un qui pa nil stir la table de l'abbé il escamotait I'aulre pour une femme en couches ou pour un vieillard alité. Dame Marion, mes moutons sont tout chose; entrrz done un moment a lelable pour me con- seiller, disail tin autre. II v en avail qiielques-uns aussi qui disaient ii Dame Marion, venez voir mon riifaul qui tuusse a me fendre le coenr D'autres ajoutaient Venez voir mon mari qui a des douleurs de puis la derniére fatichaison, dans laquelle ce pauvre homme s'est lué de tra vail. a Et dame Marion allait oil on l'appelait. El I e indiquait un spécifique pour les moutons; el le donnait une tisane pour l'enfanl eüe veillait le pauvre laboureur pour que sa femme pilt dormir, et frictionnail ses membres endoloris, sans oublier de lui glisser quelques bonnes paroles sur l'utilité de la souffrance qu'elle avail retenties au dernier próne. La mère et la femme reconnaissante lui porlaient, dés que leurs poules pondaient, leurs premiers oeufs. Le cure grondait un pen Marion, qui avail, disait-il, rélahli la dime mais il s'adou- cissait quand elle Int faisait observer qu'on pourrait en dunner aux maladcs. Marion était done ainsi la providence du pres- bylère et des pauvres du pays. Que de premiers ministres n'exercent pas leur mandat avec la même conscience Aussi persoune ne songeait-il a lui enlever le litre qu'elle avail si noblement conquis, et c'était plaisir de voir, quand les prtits enfants lui faisaient la révérence et leurs parents un res- peclueux saint, l'air glorieux avec leqtiel la bonne femmerecevait les honneurs qui luiélaient rendus, honneurs auxquels elle répondait par un petit mouvement de lête et un sourire prolecteurs. St dame Marton avail un pen trop le sentiment de son importance, elle possédait le plus excellent coetir, i'ame la plus dévouée, la charité la plus ardente qu'il soit possible de rencóntrer, et si elle partageait avec l'abbé Henri l'estime qu'on portait a celni-ci, elle parlageait atissi ses veilles el ses assidnitéssoit auprès du lil des malades, soit dans le triste réduil des malheureux. Elle préparait des tisanes aveenn art extréme, el s'entondail au moins anssi bicn a tricoler de grands bas de laino ponr les pauvres vieillards et de petites brassieres pour les nouyeau-nés. Elle mélangeait bien quelquefois tonics ces bontés d'une nuance de mauvaise hu meur, il faut en eonvenir mais qui est parfait ici-bas D ailleurs le premier miuistrc du curé n'étail plus une jeune fi 1 ie, il s'en fatlail de bean- coup et les rbumalismcs autaut que les années puuvaienl servtr d'excuse li la légère aigreur tpii souvent allérail sou raractère, aigreur qui heureu- sement nese lépandait nulleinent ni dans les tisanes de ses malades, ni dans les bouillons de ses pau vres. On itii pardonnait done ces inégalilés d'hu- meur, el quand on voyail ses souieils froncés ou sa botiche grimaganle, on se conlenlait de dire a part soi Bien site, le temps va changer, car les rbumalismcs de dame Marion commencent a la lourmenter. Quant li l'abbé Henri, il ne prêtait pas la moin- dee attention a la mauvaise humeur de dame Marion, el comme jamais sa vieille ménagère ne s'était permis de sorlir des bornes du respect, quand il s'agissait de son inailre, qu elle fut maussade ou gaie, c'étail tout un pour lui. La maussaderie de la gouvernante lui convenait même peut-êlre mieux que sa gaielé. En efTet, sa mauvaise humeur la rendail stlencieuse, et elle épanchait sa gaieté dans nn inlarissablc flux de paroles. Or, comme tous les hommes réfléehis et sérieux, l'abbé professait iine profonde horreur pour le bavardage. Ce fut done soignée par ces deux nobles eoenrs, leen ré el Marion, que la panvreabandounée revinl a la vie. Son premier mouvement fut toni a la bonte causée par l'embarras qu'elle crovail avoir apporlé dans eetie pauvre demetire inais quand elle vil l'affection sous laquelle se cachait la charité, la reconnaissance sen le pril place dans sou cccur. Marion, avec sa grande experience des souffraii- ces huinaines, ayani deviné bien vile que le manque de nourriture élait la maladie principale de l'étran- gère. lui apporta line grands lasse de bouillon, el, pour déguiser sou atnrióne, elle répéla plusieurs fois que le village de C... étail un Iron, el qu'on ne trouvait pas d'auberge sur la rotile. L'élrangère deviua sa pensee, el, prenanl affec- liieusenaeul les mains de la vieille ménagère enlre les siennes, elle lui dit avec un triste sourire Je ne rougis pas de ma pauvrclé, ma bonne mère elle n'esl qu'une punilion de mes faules merci pour voire bon secours qui me sauve la vie; oui, jc sotiffre de la faim mais je souOVe encore plus de la, ajouta-l elle en meltanl la main stir son coeur. Pauvre femme! s'écria dame Marion en allant hien vite cbeecher dans son aemoire I'nile de poulet et la bouteille de vin qu'elle avail peéparées pour Ie souper de son maitre, et elle dit a voix basse en sourianl Tant pis, M. le cure ne mangera que du pain cc soir, et il m'en remerciera encore, li'est-ce pas 7 Elle balbutia ces mots en se retournant vers l'abbé Henri, qui lui tépotidil par le plus affeclueux sourire, tout en aidant la malade a se soulever sur son séanl pour commence!- ce repas qu'elle accep- tail avec aulanl d'embarras que de reconnaissance. Quand elle fnt bien remise et qu'elle se senlit plus forte, l'élrangère voulut prendre congé de ses boles bienfaisants. Mais tous deux s'opposè- rent a ce depart. Le soir vient et le froid re double; oft irez-votis a celte hcure? disail Marion, en hochanl la lête. La nuit porte eonseil, deniain il fera jour el nous verrons. En attendant, vous allez prendre mon lit; mot j'at a repasser les aubes de M. Ie curé pour Dimanche et les stirplis de nos chanties aussi. Vous ne me dérangez done pas, et au moins vous vous reposerez tranquillement. La pauvre abandontiée voulut refuser ce géné- reux dévouement, car elle n'étail pas dupe dn pieux slratagème de la vieille ménagère; mais il fallut céder aux instances de eelle-ei. Après avoir repassé quelques aubes, Marion alia stoïquement s'asseoir dans Ie fauteuil de faille oil habituelle- menl son maitre faisait ses lectures chéries, et la, cuveloppée duns une vieille couverture, elle léflé- chit a l'événemeut de la journée, jiisqu'au moment oil Dicu lil descendre sur elle le doux sommeil qu'il reserve aux enfants et aux jusles. Voiiii comment on enteudait ia charité au pres- bytère du hanieau. (a continueb).

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1