s s fl 8ÉL, M N° 1,034. 10e annee. Samedi 27 Novembre 1875. In z O ÉjimL IB» A a C; 1MK >- 2 Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content lb centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la hgne. 0 traite a for fad pour les insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandos pour articles, Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exeinplaires. Cl II E U I Y S DE E E IS. 1 OCTOBRE. SELECTION DE GAND. L'éleclion de Gand ne change a la si tuation politique parlementaire: II y avail a droile 70 membres el b4 a gauche il y a aujourd'hui 69 catholiques, b4 libó raux et I ane doré. Le ministère a uue ma- jorité de 14 voix qui lui permet de gouver- ner trés a son aise, el pour peu qu'il veuille accenluer ses allures, ne plus se préoccuper des prolestalions hypocriles des plats-pieds libéraux, qui assiégenl les antichambres pour obtenir places el faveurs, il donnera a ses amis une altitude devant laquelle devront fléchir tous les (balers possibles. Les libéraux ont fait de la violence au pays avec une seule voix de majorilé; je ne conseille pas eet exemple a nos amis; mais lorsqu'on a une majorilé de 14 voix, on peut hardiment défier M. de Kerchove et sa bourse. Que le minislèrenoussecondevaillamment, et il aura a se loner a son lour de l'appui qu'il rencontrera dans la nation, qui ne veut pas du parti de l'étranger. Ce sont les éleeleurs de la ville de Gand qui ont été particuliérement en bulte aux obsessions pécuniaires du libéralisme el qui malheureusement y ont cédé. Je sorlais du 2° bureau, qui a donné a nos ariversaires une majorilé plus grande que l'année der- niére, et j'entendis les limiers libéraux s'é- crier: Huil billets marqués ne sont pas tor lis! A ce bureau siégeait cornme scrutateur le frére du Bourgmestre de Kerchove: il don nail ainsi un exemple de délicatesse qui ré- pugnait l'année dernière a nos amis: car le frére d'un de nos candidats, ayant élédési- gné comme scrutateur, refusa de siéger, ne voulanlpas, disait-il, qu'on put mème soup- connersou imparlialité. Mais cbez les nobles sires de Kerchove de Denterghern Delimon et aulres limons, pareil scrupule n'est pas ad mis. Noblesse n'oblige guère. Bien des billets ont été conteslés el annex es au procés-verbal. Dans certains bureaux et malgré la loi, on ne voulut pas admettre des bulletins porlant: Storme, fabricant. Aussilöt le résultat définitif du scrutin pro- clamé, Pélu de Kerchove a crié a un employé municipal qui se Irouvail prés de lui: Fuites sonner la grosse cloche el le carillon! El on a sonné une derni-beure pour Pane doré les cloches qui ne sonnent que 15 minutes pour le Roi. N'admirez vous pas ce qu'il y a tie noble dans ce mot: Sonnez en mon lion- near! C'est trés-sonore, mais fori pileux! Parian! du résultat de l'éleclion de Gand, le Courtier de Bruxelles dit: A première vue, ce résultat apparail comme un grave échec pour la cause con- servalrice. Aux elections générales de 1874, la liste catholique passait a Gand avec 190 voix de majorilé: il semblerait, a ne consul Ier que les chiffres bruts du scrulin, que celte proportion est aujourd'hui renversée an profit de nos adversaires. II n'en est rien cependant, et il snfTit d'une simple eompa- raison pour réduire a des proportions très-mo desles le iriomphe oblenu ce malin par les libéraux gantois. Au 9 Juin 1874, le nombre des éleeleurs inscrils pour rarrondissemeut de Gand étant de 7.103, le nombre des volants fut de 6,812. II n'y eul done que 291 abstentions. A 1'elect ion de ce jour,23 Novembre 1875, le nombre des abstentions est de 784, soil 500 de plus qu'aux elections générales de 1874. A quoi faut-il altribtier ces abstentions? Evidemment aux riguettrs de la saison, qui ont rclenu chez eux bon nombre d'électeurs campagnards, landis que les éleeleurs ur- bains, privilégiés par la loi qui leur permet de voter sur place, n'ont pas eu a braver les inlempéries de l'biver et se soul trouvés plus nombreux que jamais au scrulin.» INSUFFISANCE DU PORT D'ANVERS. Nous lisons dans le Nouvelliste de Ver vier s: On a lant crié pour ou conlre le port de Ternenzen et déja on commence a reconnai- tre qu'un autre port qu'Anvers est indispen sable. Ces jours derniers nous avons recti d'un fabricant do verres a vitres, communication d'un télégrarnrne de son expéditeur aAnvers LA VENTE DE FUSILS. Nous lisons dans la Gazelle de Liége: La presse libérale parail saisie d'épou- vante a la pensée que des milliers de fusils viennenl d'ètre mis par d'imprudents spécu- laleurs dans les mains dc notre population ouvrère. Elie n'a pas lort, sans doute. de s'inquiéler, car le fait ne manque pas de par loqitol il l'informe QU A CAUSE D E' COM- BREMENT on ne peut expedier une parite de verre pour Londres! Cependant ces caisses sont destinées pour la reexportation a Londres et le navire qui duit les prendre est sur le point de partir: Deplus, le fret de cetle partie de verre est engage. Si les verres dont nous parions, et ils ne sont pas les seuls sans doute dans ce cas, arrivent trop tard, ils resteront a Lon dres pour cornpte du fabricant, le motif d'encombrement n'ètant pas de comple chez l'acheleur. Les Anversois ne préviennent souvent de l'encombrernent que lorsque les marebandi- ses sont en gare; sans ceia, nos fabricants prendraienl leurs dispositions pour faire par tir leurs produits par Gand ou par Terneu zen. L'insuffisance du port d'Anvers ne peut pas conimuer a enlraver les exporlalions de la Bslgique. Qu'on n'otiblie pas que nous sommes en temps de crise. Qa'arrivera-t il si un jour le travail reprend partoul? Probablement un ENCOMBREMENT PERMANENT. gravilé; mais il nous sentble que, si elle avait voulu pénétrer au fond des choses, elle au- rail du s'inquiéler beaucotip plus tót en pre sence de phéitomènes tont autrenient alar- manls que ceux qui lui inspirent tant d'effroi. En effet, ce qui peut rendre les fusils dan- gereux enlre les mains de nos ouvriers, ce sont les fausses doctrines dont s'est nourrie leur intelligence et les aspirations révolu- tionnaires qui fermentent dans leurs coeurs. C'est la, c'est dans la corruption des esprits atteints par le souffle de la Revolution que reside le véritable, le suprème danger; car un peuple qui aspire a bouleverser l'ordre social, finira par trouver tót ou tard les ar- mesdonl il a besoin pour accomplir sou oeu vre de destruction. Or, ne sont-ce pas précisément la presse doctrinaire, la propagande libérale qui ont mis tout en oeuvre pour propager ces doctri nes révolulionnaires qui sont comme la pou- dre dont se charge le fusil des émeutiers? Ne sont-ce pas elles qui, en leur enlevant avec la foi, la resignation qtt'elle seule sait inspirer, les out condamnés a devenir un jour les instruments dociles de la Revolution? Ces ouvriers que vous craigncz aujourd'hui, c'est vous, vous seuls qui les avez fails ce qu'ils soul devenus; ce sont les fils de vos doctrines, les imilaleurs de vos exemples. Frappé d'une incurable cécité, le libéra lisme ne peut ni ne vent cotnpreudre que la societe ne repose pas uniquement sur la compression matérielle. II ignore que l'anarchic des intelligences w 25 25 O CQ -H rn CO O b, CO S; ■-i &3 0) 05 bi Q fe: H %3 -Si 3 T3 O O w as cs a id ca a a as -11 =0 TJ ■^1 O vz G so *t5 n Q) pi H os 2 O zr H G H as C*1 cc -O tr* OS* za 03 Cd t3 O CT CT s O pi O cj cn CT zo pi Poperinghe-Ypres, 3-15,7-00,9-30,10-55,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-05,3-87,6 50,8-45,9-50. Po- peringhe-Hazebrouck, 7 03, 12-25, 4-17^ 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-35, 9-50, 4-10, 8-25. Y pres-Roulers7-50, 12-25, 0-45. Roulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50. Koulei's-ZMzpes, 8-45, 11-34, 1-13, 5,15, 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thouroül, 4-25 m. vers Osiende. Bruges-Roit- 7 23, 8-25, 12-50, 5-00, 0-42. Lichterv.-CWtra», 5-23 rn. 9 01, 1,30, 5.37 7,21. Ypres-CWr(rcit 5-34, 9-49, 11-13, 2-38, 3-23, Courlrai-. Ypres, 8-08, I 1-02, 2-50, 5-40, 8 49. Ypres-Thourout, 7-18, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Tuouront-Ypres, 9-00, 1-23, 7-43, (Ie Samedi a 6-20 du malin de Langheinarck a Ypres). Comines-Warnêloir-Le Touquet-Houpliries-Ar;»e«lière.s, 0 00, 10,13, 12-00, 6-23, Armentières-lloupliijies Le Touquet-War- néton-Comines 7 -25, 10,30, 4-10, 8 -40. Comines- Warnëtop 8 48, rn 9-30 s. - Warnêton-Comines 5-3ri, 9 30, Coarmi-Bruges, 8-08, 11-00, 12-35,4-40, 6-53. 9-00 s. (Lichterv.)Bruges-CWlmi, 8-28, 12-50, 8 oo, 0-42. Bruges, Blankenberglre, Ileyst, (Station) 7-23, 11 08, 2-50, 7-33, (bassin) 7-31, 1114, 2-56, 7 41. Ileysl, Blankeqb,Bruges, 5-45, 8,25, 11-25, 5-30. lngelmurisler Deynze Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-öer/nze, 6-10 2" cl., 7-15. Grdni-Doyme-Ingetmunsler, 6-58, 11-20, 4-41. Deynze Ingelmunsler, 1-00. 2' cl. 8 20. Ingelmunster-Awsep/ie»!, 6-05, 12-33, 6-13. .kiise^ham- Ingetmnnstér] 7-42, 2-20, 7-45, Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-38, 8 00. DitnfcerA-e-Furn'es-Dixmude et Lichtervelde, 6-33, 11 10, 3-40, 3-00. Dixrnude-AT'e!<ywL9-S0,2-20,8-45.Nieup-ZJbrw, (bains) 10-43, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20. Tliourout-Qstende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Osiende-Thourout, 7-53, 10-10, 12 23, 6-15. Selzaeie-jEec/oo, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-Sefzraefe, 5-35, 10 15, 4-22. Gand- Terneuzen, (station) 8-17, 12-25, 7,30. (porie d'An vers) 8-30, 12-40, 7-43. Ternenzen CiW, 6 00, 10-30, 440.- Selzaete-LuAere», 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 3 10 m.) Lokeren-Selzaete, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.) C O H. R. IPOISDASOE COURTRAIBRUXELLES. Courlrai dép. 6,37 10,33 12.33 3,47 6,33. Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,14 8,54. 60URTRAI, TOURNA ILILLE. Courlrai dép. 0,37 10,56 2,34 3,34 8,47, Tournai arr. 7,28 II,47 3,48 6,39 9,41. Lille 7,38 12,08 4,00 6,35 10,00. BRUXELLES, C0URTRA1 Bruxelles dep. Courlrai arr. 3,22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 3.35 7.36 6,47. 8,44. LILLE, TOURNA), COURTRAI. Lille dép. 5,15 8,22 11,03 2,22 5,20 Tournai 5,42 8,36 11,29 2,40 8,39 Courlrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Courlrai dép. 6,42 12,31 3,44 Gand arr. 8,01 1,31 5,04 BRUGES, GANDBRUXELLES. Bruges d. 6,49exp.!2,34, 2,52, 3 43,ex. 6,43. Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,58. Bruxelles 8,30, 4-00, 6,02, 9-31. 6,40. 7,56. Gand dép. Courlrai arr. Bruxelles dép. Gail i arr. 6,00 Bruges 7,13 y--' -w -wr.rAiTx- aë PAR LA COMTESSE DE BASSAN VILLE. {Reproduction interdile.) Suite. Voir lc numéro 'précédent. Madame Laure s'approcha alors de son bienfaiteur, et el le lui dit, les yeux remplis de larmes el d'une voix émue Quo Dieu vous rende, liomme généreux, la bienveillanto protection dont vnus vonlez hiencou- vrtr une femme bien malbeuruu.se,mais qui a mériré ses malheurs... Soyez béni...Mais ajoula t elle avec entrainement, pour m< tue ie comble vos bienfaits, permettez moi de venir vous visiter quelquufois... Elle s'arrêta subitement en voyant le regard du prêtre se détourner ilu sien avec un sentiment indé- finissable de repulsion. C'élail bien lui cependant qui, la veil I eavail assuré son sort. Si tna conduite passée lui fait éprouver pour moi tant d'aversion, se disait elle, pourquoi tant de bonté Si mes malheurs m'ont fait obtenir grace devant sa pilié, pourquoi ses yeux prennent ils, en me regardant, cetle expression de sévérité qui rn'ef- fraye Cetle pensée avait traversé l'espril de l'étrangère pendant qu'elle baissait les yeux sous le regard du prêlre. Quand elle les releva vers lui, pour lui de- mander pardon de sa requélê indiscrete sans doute, le regard de celui-ci n'exprimail que la douce pitié, ses lèvres se dessinaient sous un bien veil lant sou- rire. J'aurai mal vu..., se dit Laure, ma conscience troublée a seule trompé mes regards. Et elle se confirtna complélement dans cette pen sée quand elle entendil l'ubbé Ilenri lui dire avec bon té Venez, mon enfant, venez, quand vous pour rez, au presbytère du bameau Je serai tonjours prét a consoler vos prunes el a nfformir vos nas dans le bien. Adieu, ma fille, que Dieu vous garde el vous protégé. Mais, quand la malbeureuse abarrdonnée se fut éloignée de lui, il leva vers le ciel des yeux romplis de larmes, en disanl d'une voix eirnie Mon Dieu, soulenez votre serviteur, et appre- nez- lui a pardonner.. Plusieurs mois s'écoulèrent, ct Laure, heureuse aularrt qu'elle pouvait l'être dans sa nouvelle posi- tion, revenail doucemenl a la vie. La dame a la quelle elle était atlaclrée l'avail prise on ainilié, et elle ne se lassail pas d'exprimor a l'abbé Ilenri loule sa reconnaissance pour le présent qu'il lui avait fait. Aussi s'étonnait-elle de la rareté des visi tes du cure, qui vetinil bien plus souvent In voir, disait elle, quand elle étail seule, qu'aujourd'liui qu'il y avail au chateau deux personnes qui lui étaienl égalemenl dévouées. Madame Laure, qui avait complélement oublié l'incident.qui avail marqué ses adieux au presbytère du Irarneau, ne pouvait pas penser que sa presence au chateau err éloignat le prêlre. Aussi allail-elle souvent au presbytère Quelquefois elle y était en- voyée par ia bonne chatelaine, avec une invitation pressante pour le cure ou des provisions d'objois ciiers a dame Marion el utiles aux pauvres mais le pius sou\ ent elle y était attirée par son cceur et con- duile par la piélé el la reconnaissance. Ces visites réilérées produisirent un excellent effet sur l'abbé Henri il y avail, en effet, un senti ment qui dominoil toute sa conduite, le sentiment du devoir. Le bien qu'il pouvait faire lui faisait oublier facilemcnl le mal qu'on lui avait fait, el il ne pouvait conserver de ressentiment pour qui se ré- conciliaitavec Dieu.Quand il vit cette üme éprouvée revenir dans Ia bonne route, accepter ses épreuves comme une expiation, et s'élever, cbaque jour, vers Dieu par une pieuse aspiration, l'éloignemen't qu'il avail conserve pour l'étrangère disparut. II reprit le ebeinin dn chateau, et presque toujours il a 1 luil par lagi r le diner de ses deux reconnaissantes amies. Les clioses en étaient la, quand tout a coup il maiiqua a cetle douce habitude. Ces daines s'cn effrayèrent, et Laure demanda la permission, qui lui fut accordée av.ee cmprossemenl, uo partir stir- le champ pour le presbytère, afin de s'enquérir du motif qui retenuit ainsi lour respectable ami si long temps loin d'elles. La soiree était déja avancée quand cetle resolution fut prise, et, le cocher étant malade el ne pouvant li conduire, Laure s'avénlura seule a travers la cam pagne pour aller ou la reconnaissance l'appelail. Lorsqu'elle arriva au presbytère, son inquietude redoubla encore. La porto était ouverte, et une chandelle fumeuse éclairait a demi la chambre du curé. Elle y enlru.Quel douloureux spectacle frappa alors ses regards Le bon prêlre, la tête entourée d'un bandage sanglanl qui reloinbait sur ses yeux, élait étendu, pale et glacé, sur sou lil. En enlendant marcher prèsde lui, il crut que c'était Marion qu'il venail d'envoyer lui chereher les secours dont il avail besoin. II lend il alors vers la table une main trerublante, el, désignant le coffrel myslérieux qui s'y Irouvail encore Marion, dit-il d'une voix faible, ouvrez ce pi- tit coffre, prenez les pupiers qu'il renferme ut brü- lez-les sur-le-champ. Laure voulut obéir a eet ordre, et, n'osant pas se faire reeonnaitre, dans la craintede causer une émo lion au inulade dont elie pressenlail le danger, elle s'approcha de la table, ouvril la boile, prit les lettres qu'elle contenait el se disposuil a y mellre le feu quand un portrait s'en échappa el tomba a ses pieds. Maurice!... s'écriu -1-el le d'une voix déchirante et porlant avec terreur les yeux aulour d'ello comme si elle craignait une apparition terrible. Qui a prononcé ce nom?... murmura a son tour le prètre, en arrachanl son bandeau sunglanl. Alors, ses regards alliiblis s'étarit por;és sur Laure, il poussa uu profond sou pi r en laissant éohapper ces mots dc ses lèvres glacées Ah! malbeureuse femme!... malbeureuse femme Oh! oui, malbeureuse!... répéta la pauvre femme dans un déchirant sanglol. Puis, s'.ipprochajit du lil du b'essé, elle lui de manda avec angoisse Comment ce portrait est-il ici Vous con- naissiez done Maurice, niun père?... C'était mon frère réporidit doucemenl le prêtre en jetant un regard de pardon sur la malheu- reiise Laure, qui éiuit tomhée ugenouillée devant son lit de douleur A ce moment, dame Marion rentra avec des medicaments qu'elle apponail d'un air inquiel et empressé. Dans un quart d'heure le vicaire sera ici, dit- clie, et le médeoin viendra après. Cost bien, fit le malade. Je suis faclié, bonne Marionde ton lus les peiues que je vous cause, .\lais éiOignez vous un moment, je vous prie, ajoula-t-il doucemenl, j ui besoin do me reeueillir avant de lecevoir la visile qui in'est annoncée. Puis, lendanl la main a Laure - Ne quittez pas le presbytère, ma soeur, lui dit-il 6i Dieu me dunne des forces, j'aurai besoin de vous parler, et j'ai si pen de tumps a roster prés de vous, que les moments sont précieux Sans lui répondre, Laure et Marion sorlirent aus- siiót pour cacher leurs larmes, et cette dernière ra- corila alors le cruel événement qui ullail sans doute les pi'iver de l'homme de bien qui se mourait avec tant de quietude et de resignation. Quelques heures avant, le feu s'élait declare dans un village des environs. Tous les habitants du ba meau s'ótaient portés au secours des ineendiés, et l'abbé Henri a leur tête. D'abord on crut qu'on n'aurait a déplorer que des |iertes matérielles. Mais ons'apercui bienièt de l'absence d'une femme octo- 5,13 6,34 9,38 10,51 1,28 2,49 4,24 5,31 7,21 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES 8,14 9,41 10,34 11,53 I 13 3,23 2,33 4.37 3.12 exp 4,26 3,11 4,39 exp. 3,28. 6 37 7,33. 7,22 8,35. géaiire, qui avait été oubliéo dans son lit, oü lu paralysie la reteriait clmrée dupuis longlsmps. La chauinièi-e oü elle se Irouvail étit compléte- ment en feu. Posez une écbelle sous la fenètre, dit avec resolution l'atibé ilenri, en s'enlourant d'une cou verture mouillée. Et il monta courageusement pour sauver la vie il le paralylique dans la chambre enva- hie par les Hammes. Dieu serrrblo le proléger, il pénètre dans la chaumière el prend la pauvre femme évanouie sur ses bras, descend l'écbelle avec son tardeau un pas encore el le courageux prêtre va soi tir sain et saüf de cetle périlleuse aventure; mais, au moment oè ri depose dans les bras de ses enfants celle pour le saIut de laquelle il s'est dévoué, une pièce de bois enfl uninée se détacbe, le frappe lui- méme a la tête et le renverse, blessó et sanglant, sur le sol. Ou l'avail porté au presbytère, sans bien se ren dre cornpte d'abord de la gravite de la blessure mais une hétnorragie s'était bien lót déclarée, el, par les ordres du cure, qui conservait toute la clair voyance de son esprit, Marion était allée, cherchcr les secours spirituels et temporels. Ce fut le cceur douloureusement oppressé que Laure écouta ce récit, et, le secret qu'elle venail de découvrir réveillant ses remolds, elle resta plongée dans les plus Iristes reflexions, oubliant et les heures el 1'en.lroit oü elle se trouvait. Elle fut lirée de celte rêverie profonde par la vieille Marion, qui venait la clrercher de la part du mourant, et co fut presque machinalementqu'elle se rendit a eet appel. Venez, ma soeur, venez auprès de moi, lui dit l'abbé Ilenri en lui tendant une main amie. Dieu m'accforde quelques instants encore, je veux vous los consacrer ot vous donner, au nom do toute ma familie, le pardon que vous. atlendez... Vous me regardez avec étonnernenl, ajouta-t-il, et un trisle sourire se dessina sur les lèvres écoutez done mon bisloire, que je vous dirai en quelques motselle

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1