fallait laisser a l'électeur le moment d'isole-
ment et de liberté nécessaire pour qu'il put
k son gré modifier ou changer son bulletin.
Sous ce rapport done, on leur donne plei-
neet entière satisfaction, et M. Malou, pour
faire cette concession, n'a pas hésilé a ra-
masser et a rajuster les débris du boxe élec-
toral qu'il avail lui-mème démoli si spirituel-
lemenl, il y a quelques années, en plein
Sénat.
Voila ce qu'obliennent les libéraux
En revanche quel est le grief des calholi-
ques qui recoive nne ombre de satisfaction
On l'a dit avec beaucoup de véritéce
n'est pas au moment de l'émission des votes
que se commellent les fraudes électorales les
plus graves et les plus nombreuses.
La sincérité du scrutin est particuliérement
altérée par les inscriptions indues qui vicient
la liste des électeurs.
A Anvers cette fraude a atleint des propor
tions colossalesles listes électorales, qu'on
nous permette le mot, y sont litléralement
truffées de faux électeurs.
Les faits sont patents, attestés par des
chiffres irrécnsables et qui n'ont jamais été
sérieusement contestés par les Gueux eux-
mèmes.
Cependant le projet de loi amendé de M.
Malou n'oppose aucun remède a cette plaie
purulente.
Si ce projet est voté dans les lermes oü il
est actuellement rédigé, un fait énorme et
monstrueux s'inscrira dans les fastes de la
Belgique parlementaire: e'est que les élec-
lions légisiatives d'Anvers auront lieu, en
1878, au vu et au su du Roi, du gouverne
ment, des Chambres et du pays tout enlier,
sur une liste èlectorale dérisoire et frelatée
qui contient, au minimumquatorze cents
faux électeurs gueux.
Une telle situation est-elle acceptable, esl-
elle digne? Peut-elle et doit-elle s'abriter
sous la complicité consciente et préméditée
des pouvoirs publics les plus élevès de la
nation
Nous posons la question a ceux qui se
proclamenl a tout moment les champions de
nos libres institutions. Car enfin quel
prestige veut ou que conserve aux yeux du
pays, aux yeux de l'étranger, un régime
aussi profondément entamé par la fraude?
II est déja bien difficile, dans certaines cir-
constances, de prendre au sérieux les fic
tions conslitulionnelles. Mais lorsque ces
fictions deviennent des mensonges, et lors
que ces mensonges deviennent de vériiables
escroqueries politiques, il n'est ni digne ni
mème moral d'accepter niaisement Ie róle de
dupes et de rendrea la fraude les honneurs
de la légalité. II y aurait dans le pays entier
un cri de stupeur et d'indignalion si l'on
apprenail que la trop célébre Lolo a été ad-
iniseau bal de la Cour et qu'elle y a figuré
dans un quadrille avec les premiers person-
nages de l'Etat. Cette indignation serail fort
légitime assurément. Mais, de grace, n'ayons
pas deux poids et deux mesuresSi Lolo ne
doit point paraitre au Palais, la fraude pa-
tentée c'est le mot ne doit point avoir,
en 1878, ses enlrées a la Chambre. Or, nous
cherchons en vain, dans le projet de loi de
M. Malou, la barrière qui doit prévenir ce
scandale!
Les calholiques réclament aussi la décen-
tralisation du scrutin comme une conséquen-
ce logique et equitable du principe de l'éga
lilé des Beiges devant la loi. Sur ce point
encore, le projet de loi est absolument muel;
et, si des milliersde pétilionnaires persistent
avec une louable persévérance a réclamer
cette juste réforme, il faul bien avouer qu'ils
n'y ont pas été encouragés par les déclara-
lions ministérielles. On leur a dit d'avance
vos griefs sont fondés, mais si nous les re-
dressions, on nous reprocherait de faire une
loi de parti. En ce temps de progrés, il
n'est ni pratique, ni possible d'êlre juste au
profit de ses amis.
Enfin l'une des mesures les plus indispen-
sables pour assurer le fonclionnement régu
lier de oolre régime éleclif, c'est ('organisa
tion d'une protection efficace accordée a la
liberté Individuelle, a la sécurité el a la pro-
priété des citoyens. Sous ce rapport, toutesl
d faire, puisque les violences, l'émeute et le
pillage sont devenus l'accompagnemert obli-
gé de chaque éleclion disputée dans nos
grandes villes. Touies les pétuions conserva
trices s accordenl pour réclamer, a cel égard,
l'iulervenlion efficace de la législature, et les
fails, bien mieux encore que les pétitions,
altestent l'urgencede ce reméde. Cependant,
ici encore, le projet de loi est inuet et rieo
n'empéche qu'aux elections de 1878, M. le
bourgmeslre d'Anvers mettea défendrel'or-
dre public el en particulier le domicile des
électeurs et des élus du meelingIe mème
empressement et le mème zèle qu'il a dé-
ployés dans la soirée mémorable du 13 juin
1876.
C'est a peine si, sur un grief accessoire,
le domicile mobile des officiers, les calholi
ques obliennent un semblanlde satisfaction.
Encore les organes de la gauche se basent-ils
sur le redressemenl de eet incontestable abns
pour préconiser le rejet du projet de loi dans
son ensemble
En résumé, les Gueux, malgré les conces
sions qu'ils obliennent, ne veulent pas de la
réforme èlectorale, proposée par M. Malou,
et, de leur cóté, les calholiques n'ont aucune
raison d'en vouloir.
Dans ces conditions, nous nous demandons
si M. le ministre des finances n'agirail point
sagement en laissant le moutard mal venu
dont il a acceplé d'étre le luteur et le parrain,
suivre nalurellement ses destinées. C'est un
enfant trouvé dans les rues d'Anvers, un soir
d'émeute, et si l'on ne veut point du tour
pour lui, il y a assez de gueux pour l'adop-
ler. II pourrait mème ainsi conserver quelque
chance de rattraper son véritable pére.
tliroiiique locale.
VILLE D'YPRES.
Association
CONSERVATRICI ET CONSTITUTIONNEELE.
Comme nous l'avions annoncé ['Associa
tion conservatrice et constitulionnelle de no
ire arrondissement était convoquée pour Sa-
medi dernier; elles'esl réuniea deux heures,
sous la présidence de l'honorable M. Spille-
bout.
Jamais affluence pareille d'élecleurs, n'a
été conslatée, mème dans les phases les
plus aigues de nos luttes électorales.
La rénnion fut, une véritable el imposante
manifestation; le résultat d'une explosion du
sentiment catholique, surexcité par une vue
claire du péril que les Gueux font a cette
heure, courir a des institutions qui nous
sont demeurées chéres et a la Patrie toule
ent'ère.
Un grand nombre de Membres n'ont pu
trouver place dans la vaste salie de Saint
Laurent; nos honorables représentants MM.
Berten et EugéneStruye s'étaient joints aux
Membres du Bureau.
Monsieur le représentant Biebuyck dont
la santé n'est pas encore complétement réta-
blie avail fait exprimer tous les regrets qu'il
éprouvait de ne pouvoir assister a la réunion.
L'honorable Président a ouvert la séance
par une improvisation chaleureuse, inter-
rompuea différentes reprises par les applau-
dissemenls de i'assemblée:
En vous remerciant, Messieurs, de l'em-
pressement que vous avez mis a répondre a
l'appel de voire bureau,je constate que vous
nous donnez une preuve que vous coin-
prenez ('importance de la question qui nous
occupe.
Ces démonstrations touies pacifiques sont
de nature a apporter une énergie nouvelle
au Ministère.
En fait, Messieurs, nous ne réclamons au
cun privilége pour notre opinion; nous ré
clamons la sincérité de la confection des lis-
les électorales, nous réclamons le secret le
plus absolu du vote, mais en méme temps
nous réclamons avec la plus grande éner
gie la répression de la fraude.
II vous sera donné lecture, Messieurs d'un
projet d'adresse que nous vous proposons
d'envoyer a la Droite Parlementaire, au nom
de l'association.
La discussion sera ouverte sur l'adresse;
Ie Bureau invite tous les membres a y appor
ter telle modification qu'ils jugeraient con -
venir. Nous désirons qu'elle réponde en tous
points a vos désirsvoulant avanl tout,
qu'elle soit l'expression vraie des sentiments
qui vous animenl.
(Ces dernières paroles ont été couvertes
par des applaudissemenls unanimes.)
Monsieur le Baron Surniont demande en-
suite la parole.
Son discours a été un exposé complet de
la question. Aprés avoir faiten quelques mots
l'historique de la réfo rme èlectorale el proles-
lé conlre les calomnies vraiment ineptes
que MM. Bara el Berger avaient lancées con-
tre les électeurs de ^arrondissement d'Ypres,
l'oraleur a inontré les nombreux inconvé-
nienls que présente la loi actuelle et prouvé
ies graves abus, auxi,|uels elle a donné lieu.
II ne s'agit pas seulement de la liberté du
vole dont les libéraux font un si grand bruit.
La loi de 1867 a sans doute été insuffisante
sous ce rapport. C'est la confection sincère
des listes électorales qu'il faut garanlir. La se
passent les abus les plus graves, a cause
des conséquences que la fraude entraine avec
elle. Un millier de faux électeurs pourrait
suffire pour changer Ie gouvernement du
pays. Le parti des gueuxet il faut com-
prendre le libéralisme entier sous ce nom,
cherche a tirer profil des fraudes nombreuses
qu'il a commises sous ce rapport. Tout le
tapage qu'il fait en ce moment n'a pour but
que de conserver les avantages que les listes
faussées lui assurenl en 1878.
Malheur au pays si les gueux parviennent
au pouvoir. La plus part de ceux qui ap
pelant leur avénemenl aujourd'hui pour sa-
tisfaire leur haine conlre la Religion catho
lique, ses prètres et ses ceuvres, déplore-
ront alors un aveuglemenl funeste.
Tels sont les termes dans lesquels la ques
tion est posée.
Une réforme èlectorale est done devenue
nécessaire. Elle doit être sincère, loyale
et compléte, non comme la demande les
gueux qui veulent avant tout, conserver les
avantages que leur procure l'inscription de
centaines de faux électeurs. La loi nouvelle
doit reconnaitre l'égalité de tous les élec
teurs d'une manière formelle.
II faut rentrer dans l'esprit de notrc con
stitution qui, en exigeant le paiement d'un
eens électoral a voulu qu'il eut une base
réelle: la possession d'une certaine fortune.
Les faux électeurs, c'est-k-dire ceux qui
sont inscrits au moyen d'une déclaration de
patente, ou d'imposition qui ne correspond
pas li la réalité des faits, doivent dispa-
raitre des listes.
Pour atteindre ce but,il n'existe que deux
moyens: ou remettre aux mains des juges,
appelés k connaitre des réclamations, les
moyens de prononcer en parfaite connais-
sonce de cause, ou supprimer les impèts
qui donnent des facilités k la fraude. Ainsi
eu serait-il de certaines patentes et des
chevaux mixtes. Le dernier mode est évi-
demment le meilleur il atteint le mal
dans sa racine.
La loi devra définir d'une manière claire
le lieu oü l'électeur pourra exercer son
droit électoral. Le domicile réel exigé par
notre Code est si indéterminé, la jurispru
dence si variée, qu'il est possible aujour
d'hui de soutenir les opinions les plus di-
vergentes. Les partis, les libéraux prin-
cipalement, ont largement abusé de cet
te situation; la fraude s'est donné pleine
carrière.
On peut done réclamer k juste titre, du
pouvoir législatif une mesure formelle qui
empêche le retour d'abus comme ceux dont
nous avons été témoins. II y a lieu de tenir
compte de la résidence habituelle de l'élec
teur, principalement en ce qui regarde les
fonctionnaires amoviblesles militaires
tous ceux enfin qui par position sont sujets,
k des déplacements plus oumoinsfréquents.
La nberté du vote appelle l'atten-
tion d'une manière spécialé, II faut que cet
te liberté soit compléte. Sous ce rapport les
gueux n'en demanderont jamais plus que
nous. lis en font leur grand cheval de ba-
taille. Mais tout le tapage, les émeutes et
les criailleries n'ont qu'un but, celui d'em-
pêcher une réforme vraiment efficace d'a-
boutir. A cöté de la liberté du vote nous
voulons la sincérité des listes, et l'égalité
des électeurs devant le scrutin.
11 ne suffit pas, k nos yeux, que le billet
électoral soit méconnaissable pour empê-
cher le controle du billet marqué: il faut
que le billet soit dressé de telle manière
que l'électeur n'ait aucune difficulté pour
émettre son vote; il faut qu'il soit remis
assez k temps pour permettre k l'éleeteur
de formuler son vote en pleine connaissan-
ce, k tête reposée, chez lui k l'abri de toute
pression.
La liberté doit être réelle. L'électeur
doit être, non-seulement soustrait k toute
pression, qu'elle émane de son propriétaire
ou d'une administration publique dont il
dépend, ou même de toute autre personne.
II faut en outre qu'il soit mis k couvert
contre les surprises, et les manoeuvres dont
le parti libéral abuse k chaque élection.
II faut surtout que les électeurs n'aient
rien k craindre pour leur sécurité person-
nelle.
Les libéraux d'autrefois, les gueux
d'aujourd'hui ont la victoireetla défaite éga-
lement mauvaises.Toute élection est signa-
lée par des désordres, des émeutes, des
pillages.
Ce genre de pression doit être supprimé
comme les autres.
L'élection qui constitue l'acte le plus im
portant de notre régime politique réclame
le calme et la digneté.
Nos codes punissent les perturbateurs:
que la peine soit appliquée aux coupables,
et non a leurs victimes, ce qui ne tardera
guère k arriver k voir les tendances actuel-
les.
Enfin, pour être compléte, la réforme
èlectorale doit redresser l'inégalite qui exis-
te aujourd'hui entre les électeurs des divers
arrondissements du pays. Quoi quon dise,
jamais on ne pourra justifier le droit dun
électeur habitant Bruxelles de nommer 13
représentants, alors que celui d'Ypres n'en
nomme que trois et celui de 1 urnes ou
d'Ostende qu'un seul. Ce privilége en
faveur des grandes villes est exorbitant
et fausse le principe du régime repré-
sentatif. Ou ne justifiera pas davanta-
ge la perte de travail et d'argent, les diffi-
cultés de déplacement, les frais de toute
nature imposés k l'électeur des campagnes,
tandis que l'électeur de la ville vote avec j
la plus grande facilité.
II est nécessaire de rapprocher l'urne de
l'électeur, de donner k ce dernier toutes les
facilités possibles.
L'exercice du droit électoral ne doit pas
être considéré comme une corvée. C'est
un devoir sacré pour le citeyen de concou-
rir au gouvernement de son pays; que les
uns puissent le remplir aussi aisément que
les autres. Que tous puissent aussi l'exer-
cer dans une mesure égale.
Ces deux points se résument dans le vote
unninominal exercé k la commune.
Voilk les principes sur les quels doit
porter la réforme pour être loyale et com
pléte.
La loi projetée ne répond pas k cette si
tuation.
Les catholiques ne peuvent rester silen-
cieux en presence des manifestations du
gueux et des propositions insuffisantes sou-
mises aux délibérations de la Chambre.
Opposons aux manifestations des protes
tations toujours légales et calmes, mais
énergiques et constantes. Le parti catholi
que fait entendre sa voix dans touies les
provinces. De nombreuses pétitions sont
envoyées aux Chambres. Emus de la gravi-
té des circonstances présentes et inspirés
par un véritable esprit national, les Cercles
catholiques et les Associations politiques
envoient aux représentants des adresses
qui formulent leurs griefs et expriment
leurs voeux.
Apportons notre concours k ces mani
festations. Nos intéréts sont les mêmes.
Devant le triste avenir qui attend notre
pays, si les Gueux arrivaient au pouvoir, un
impérieux devoir s'impose k notre con
science. Rester indifférent serait une faute
irrémissible.
Comme conclusion de son discours M.
le baron Surmont proposa k I'assemblée
d'envoyer une adresse k la Chambre des
Représentants.
Nous en faisons suivre le texte.
A MM. les Président et Membres de la Cham
bre des Représentants.
Messieurs,
Nous soussignés, Membres du Comité de l'As-
sociation conservatrice de l'arrondissement d'Y
pres, nous prenons la respectueuse liberté de
vous exprimer nos voeux au sujet de la loi èlec
torale soumise en ce moment a vos délibérations.
Ces voeux que nous vous adressons au nom de
l'Association entière sont la confirmation des
nombreuses pétitions envoyées a la Chambre
par notre arrondissement, pétitions couvertes
de plus de cinq mille signatures.
Nous désirons
1° Que les listes électorales a tous les degrés
soient dressées avec sincérité et ne portent que
les noms d'électeurs possédant, conformément a
l'esprit de la constitution, les bases du eens élec
toral; qu'en conséquence il soit procédé la re
pression de la fraude non seulement par l'appli-
cation de peines sévères, mais même par voie de
suppression des impots donnant naissance a la
fraude
2° Que l'électeur soit inscrit sur les listes de
sa résidence habituelle, et si l'électeur est fonc-
tionnaire amovible, militaire, etc. sur les listes
de sa résidence actuelle ou sur celles de la com
mune qui est son domicile d'origine
3° Que le secret du vote soit garanti par tous
les moyens possibles
4° Que la liberté et la sécurité des électeurs et
des élus soient absolument sauvegardés, avant,
pendant et après l'élection; que toute tentative
de désordre soit sóvèrement et immédiatement
reprimée
5° Que l'égalité de tous les électeurs devant le
scrutin soit réalisée d'une manière compléte.
Les catholiques beiges qui constituent ]'ito.
mense majorité de la nation n'accepteraient pas
plus que vous MM.,une loi qui tendrait a assurer
la suprématie de la secte des gueux dans le
gouvernement du pays.
Veuillez agréer, Messieurs, l'assurance des
sentiments respectueux de vos trés-humbles ser-
viteurs.
Le Secrétaire, Le Président,
Les Membres.
Cette proposition est adoptée par accla
mation.
Monsieur lweins d'Eeckhoutle-Slorm pre-
nani la parole en flatnand, a fait en termes
énergiques el saisissants I hislorique de la
Réforme Electorale. Voiei a peu prés les ter-
mes dans lesquels s'est expritné l'honorable
orateur
Bon nombre d'tnlre vous, Messieurs
ignorenl peul-êlre comment et pourquoj
la Reforme naquit le 13 Juin dernier
Voici le motif
Le scrutin en éloignant nos Gueux du pou.
voir, metlait une nouvelle barrière a la con-
voitise des portefeuilles qui est la maladie
chronique de nos adversaires.
Vous vous rappelez encore, Messieurs, de
l'enthousiasme qui s'était emparé de nos ad.
versaires bien avant le 13 Juin; le succès ne
faisait plus I'ombre d'un doute, un nouveau
cabinet était formé, des noms furent mis en
avant. La chüte du ministère était chose
certaine.
Nos adversaires, Messieurs, avaient es-
compté l'avenir; aussi, le réveil fut-il une
débacle, un véritable Sédan politique.
Leur déception fut grande, leur rage ne Ie
fut pas moins; elle donna lieu aux plus
grands désordres a Anvers et dans la pluspart
des autres villes du pays.
Voiia pourquoi la Réforme Electorale na
quit le 13 Juin, a 2 heures de l'aprés-midi.
La Fédération des Associations hbérales fut
convoquée, et a dater de ce moment, péti
tions et adresses affluérent a la Chambre.
Dés le lendemain de l'ouverture de cette
assemblée, une grande discussion politique
s'ouvril a propos de la validation des éleclions
d'Anvers, de Bruges et d'Ypres. Monsieur
Bara ouvrit le feu; durant une quinzaine de
jours, notre Parlement offril un spectacle des
plus affligeants. A la suite de ce debat bien
regrettable, el qui a été de nature a amoindrir
la consideration dont notre Patrie jouissail a
juste titre a l'étranger, Monsieur Malou s'en-
gagea a présenter a bref délai, un projet
de loi de Réforme Electorale. Cel engage
ment calma momenlanémenl la fièvre gueu-
se. Hélas! ce ne fut que pour fort peu de
temps; la loi èlectorale h'était pas déposée
de quarante-huit heures, qu'un lolle général
éclata de nouveau chez les Gueux, et des
manifestations lapageuses cherchérenl a se
faire jour.
Le mouvement Gueux amena le mouve
ment catholique, et grace a Dieu, ce mouve
ment tout pacifique ne fait que s'accroitre
chaque jour.
Honneura vous Messieursqui èles accou-
rus en si grand nombre a noire appel; vous
venez par voire présence prolester de ce chef
contre les tendances Gueuses qui cherchenl
a nous élouffer; vous venez protester conlre
les abus criants qui se sont fait jour dans
notre régime électoral, c'est contre la fraude
que vous venez protester, cette hydre qui a
donné naissance a 1400 faux électeurs a Ad-
f vers seulement.
Nos adversaires je le sais bien, chevchent
a donner le change a l'opinión, en mettant
a notre bilan une part dans la fraude; cette
manoeuvre neréussira pas: devant leurs pro
lestations conlre toutes les njesures que Ie
gouvernement veut prendte pour couper
court a la fraude, devant cette attitude, ne
sommes nous pas en droit de douter de
leur sincérité? Nous, au contraire, nous ré-
c'amons le secret du vote, le rapprochement
de l'urne, des pénalités sévères conlre tout
retour de fraude et la sincérité dans la con
fection des listes.
Nos adversaires en invoquant le Ballol acl,
en y puisant les articles a leur convenant,
ont eu soin de laisser dans I'ombre le vedea
la Commune.
Je vous le demande, Messieurs, la loi
tuelle n'est-elle pas injuste a voire égarri? El'8
vous oblige a des déplacements parfoïs
péuibles, alors que nous, nous n'avons- qu
faire nn pas, pour aller déposer noire bul'
letin.
Reclamons nous le vote a la cornmum e'e
qu'il se pratique en Angleterre, en Franc e<el
Allemagne, en Hollande et dans lant d'a ulre:
pays Non, Messieurs, nous demandons sel1
lement le vole au chef-lieu du canton, e1'
est de notre devoir de Ie faire.