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MË&SËi
Ce qu'on veut pour Ie prètre, on Ie veut
pour nous tous, caiholiques, cléricaux com
me on nous appeile. Nous sommes trop Bei
ges, irop attachés a nos franchises et a nos
convictions religieuses, trop forts surtout
pour que les descendants des gneux ne s'at-
tachent pas a avoir raison de nous en nous
paralysant. Leur campagne électorale, odieu-
se et hypocrite comédie s"il en fut, ne com-
porte pas d'autre explication, dans son en
semble comme dans ses détails.
Mais sachons oü l'ennemi prétend nous
conduire et nous connaitrons mieux Ie dan
ger d'un moment de faiblesse. C'est un ar
dent qui nous inslruira, et l'hisloire doit
nous avoir appris que les ardents viennent
toujours après les modérés, les violents après
les endormeurs, les radicaux sur les pas des
doctrinaires. II faut disait la Flandre
libérale il y a quelques jours seulemenl,
a enlever a l'église la prétendue liberté qui
n'est que l'usurpation de la souverainelé
nationale. Plus de culte salarié, plus de
couvents, plus de moines, c'est la vermine
qui rooge la Beigique. Plus d'écoles oü l'on
crétinise l'enfance et la jeunesse. L'Etat
désarmé par la Constitution doit reprendre
son indépendance el èlre l'organe du peu-
ple; la liberté de l'Eglise, e'est-a-dire son
usurpation doit faire place a des lois qui
punisseul les usurpateurs
Bien aveugle celui que ne frapperait point
le rapport évident entre ces horribles mena
ces et les attaques parlies de la Fédération
libérale, entre noire avenir de citoyens et de
caiholiques el le sort du projet de loi qui va
se débatlre a Bruxelles. Le libéralisme essaie
de I'intimidation, el en cela il obéit a son na
turel révolulionnaire. Aux caiholiques il ap-
parlient de lui montrer que les partis vrai-
ment conservateurs se maintienneut par le
ferme attachemenl au droit el par le respect
qu'on lui assure. Quand done les clameurs
de cerlaine presse et les clameurs du club ou
de la rue réclameront des concessions que la
justice ne conseillera pas, il sera bon de se
rappeler l'avertissemenl du poéte
Luxembourg, que l'assemblée ne soil nom-
breuse et des mieux composées. Dans I'ar-
rondissement de Virion comme dans le
resledu Luxembourg Ie libéralisme est
démodó et ne comple plus, dans ses rangs,
que la lie de la masse électorale.
Le Cercle calhotigue de Dixmude vient
d'organiser un pétitionnement général dans
I'arrondissement.
Les membres du Cercle demandent le vote
a la commune, ou du moins au chef-lieu de
canton, et proposent de prendre des mesures
efBcaees pour empècher les inscriptions frau-
duleuses sur les listes éleclorales, garantir ie
secret du vote el l'indépendance de l'élec-
teur.
Sous pen de jours loutes les communes de
de I'arrondissement auront envoyé des peti
tions dans ce sens a la Chambre des répré-
sentanls.
MOUVEMENT CATHOLIQUE.
L'A-isociation consliUitionnelle et conser
vatrice d'Anvers s'est réunie Dimanche, sous
la présidence de M. J. van Havre, dans la
saile de la rueSt-Paul. L'assislance était fort
nombreuse. Deux reprèsenlants, MM. Eug.
Meeus et De Decker y assistaient.
La loi sur la réforme électorale y a été
l'objel d'uri examen sérieux et approfondi.
Les différents oraleurs qui ont pris la parole,
tels que MM. J. van Havre, J De Poorter,
Alph. della Faille, Eug. Meeus, Eug. De Dec
ker, Carpentier, etc., ont recueilli une cha-
leureuse adhesion dans l'assemblée.
L'adresse a envoyer a la droile parlemen
taire et donl le secrétaire a donné lecture, a
étéadoptée a l'unanimitéet par acclamation.
Elle s'esl immédiateinent couverte de signa
tures.
Les caiholiques d'Arlon sont franchement
entrés dans le généreux et patriotique mou
vement que les violences gueuses ont partont
provoqué. lis se sont réunis Jeudi, au local
du Cercle. L'assemblée était nombreuse el
des mieux composées. Plus de cent élecleurs,
tons dévoués corps et ame a la cause de l'or-
dre, de la justice, de la religion et de la li
berté, avaient tenu a coeur d'assistera celle
réunion.
L'honorable président du Cercle a dépeint
avec un rare bonheur les agissements de la
Gueuserie et les dangers tern bles dont ce
triste parti menace la Beigique. Aprés avoir
montré comment le projet d'une réforme
électorale éiait issu de la colère et du dépit
du libéralisme, ballu compléteinent aux elec
tions de Mai et de Juin, il a fait ressortir la
nécessilé, pour les caiholiques, d'agir éner-
giquement conlre les attentats anli-constitu-
tionnels qui sont la honle et le déshonneur
du pays, et les a engages a signer et a faire
signer de tous leurs amis une protestation
aux Chambres qui a été aussilöt couverte de
signatures.
Les caiholiques de I'arrondissement de
Virion vont se réunir en assemblée générale,
a reflet de prolester contre les fraudes élec
lorales commises par le libéralisme, cl adres-
ser une pétition a la législature pour oblenir
une réforme sincère, loyale el compléte.
Nous nedoulons nullement, dil la Voix du
BULLETIN POLITIQUE.
Les nouvelles qui nous parviennent au
sujet de la question d'Orient ont un carac
tére belliqueux très-prononcé. On nous ap-
prend d'abord, de divers cólés, que les
négocialions entre la Porte et le Monténégro
ne marchent pas d'une facon absolumenl
salisfaisante. Des difficultés ont surgi et l'on
ne sail pas encore comment il sera possible
de les écarier. De plus, des renseignements
donnés hier sur l'atiitude et les projets de la
Porie i! résulle que celle-ci ne veut rieri
céder el resie aussi inlransigeanle que de-
vant. L'agence Reuter affirme même que la
Turquie lie reculera pas devant la guerre
plutólquede supporter la prolongation de
l'incerlitnde actuelle. La Turquie décla-
ranl la guerre a la Russie Voila un denoue
ment auquel on n'avait pas encore songé.
Le Journaille Sl-Péiersbourg prolesle contre
le bruit que la Russie renoncerait a rien ob
lenir de la Porte, et affirme qu'une pareille
politique est impossible. L'insuccés de la
Conférence neconslitue pas une solution et
t> la Russie doit avoir soin tout d'abord de ne
pas laisser durer,plus longlemps qu'il n'est
strictement nécessaire, une situation indé-
cise.» Enfin, derniérenouvelle belliqueu.se:
on annonce en Russie la formation d'un neu-
viéme corps d'armée.
Vienne, 8 mars.
La Nouvelle Presse libre publie unedé-
pèhe de son correspondent spécial Galalz,
qui confirme que loule opéralion militaire
quelconque est entièrement impossible avant
plusieurs semaines; toutes les routes et che-
mins de communication sont impraticables.
St-Pétersbourg, 8 mars.
La nouvelle que la Porte demanderait la
mise sur pied de paix de l'armée Russe du
Sud est entièrement inexacte. Non seulemenl
la Porte n'a pas fait pareille demande mais
elle prolesle contre l'intention de la faire.
Rome, 8 mars.
Le Pape vient de communiquer l'ordre
définilif des fetes du Vatican.
Le 12 mars aura lieu le consisloire pour
la création de onze cardinaux. C'est Mgr Cat-
taldi qui a été chargé de porter les billets
aux cardinaux présents a Rome.
Mgr Canossa portera le billet a Mgr de
Falloux.
Le 13 mars, le Pape, dans la grande salie
du tröne, remeltra les barrettes cardinalices.
NOMINATIONS ECCLÉSIASTIQUES.
Mgr l'Evèque de Bruges a nommé direc
teur de rinstilut de Spermalie, a Bruges,
M. Naeghels, vicaire de Thiell;
Vicaire a Thielt, M. Ach. Samper, profes-
senr au collége St-Vincenl, a Ypres.
Ciii'oi)i(iue locale.
CERCLES CATHOLIQUES.
Les déléguésdes Cercles caiholiques réunis
•derniérement a Bruxelles ont, comme nous
l avons dil. décidé l'envoi d'une adresse a
la majorilé parlementaire. Ce manifeste, qui
représenle a lui seul un groupe de plus de
20,000 citoyens. est ainsi concu
DÉDIÉ AUX GENS PORTANT L1VRÉE.
Les patrons du Progrèsont eu vent du
grand concours d'élecleurs venus de tous
les poinls cardinaux de I'arrondissement, et
qui se pressaient a la réunion de l'Associalion
conservatrice Samedi dernier, pour y rècla-
mer énergiquement avec nous, la répression
des fraudes colossales pratiquées par les
Gueux, et des mesures pour assurer la sincé-
rilé et le secret du vote, l'indépendance de
l'électeur el son égalité devant le scrutin.
Par une manoeuvre connue, ils croienl en
prenant le devant, amortir Ie retentissement,
qu'auront nécessairemenl celle réunion et
ces légitimeset fermes revendications, dans
I'arrondissement tout entier. lis ne peuvent
nier ces bons patrons, ni le nombre des ad-
hérenls, ni l'ardeur el l'unaniinité des pro
lestations, qui vont aller se confondre avec
les protestations qui s'élèvenl de tout le pays
catholique, dans le plus magnifique mouve
ment d'opinion qui se soit vu en Beigique
depuis 1830.
Déroulés par ce qu'ils voientquoi s'é-
crient-ils, vous, infimes, vous vous metlez en
oppositon avec l'un des clrfs les plus émi
nents du parti, avec Phonorable baron d'A
nethan? M. d'Anethan estime que les amen-
dements minislériels doivent satisfaire les
catholiques et vous n'ètes pas contents
Quand même les paroles prononcées par
l'honorable M. d'Anethan auraient la portee
que le Progrès leur donne, et un journal
de la capitate qui est lout aulremenl aulorisé
que le Progrèsles inlerprête bien difïérem-
ment, oui, nous nous perinellrions, mal-
gré tout le respect dont nous enlourons l'un
des chefs les plus vaillanls et les plus jusle-
ment bonorés de la droile parlementaire, de
différer avec lui d'appréciation, non seule
menl sur ce qu'exigent les nécessilés du mo
menten inaliére électorale, mais sur la so
lution constitutionnelle qui serait a donner
a une crise min istér iel le, si ce que nous
necroyons pas, elle venait a s'ouvrir.
II y a quelqu'un qui aura plus d'espril que
M. d'Anethan, ou que M. le Mmislre des fi
nances, c'est lout le monde.
Or, notre avis est celui de tous les Cercles,
de toutes les Associations du pays; nous
marchons d'accord avec les milliers desi-
gnataires des six cents pétilions qui sont
arrivées déja a la Chambre. Nous n'admet-
trons jamais que nos amis au pouvoir résis
tent übslinéinent et le coeur léger a ce
mouvement pacifique mais unanime de no
tre parti, o'esl-a-dire de la grande majorité
de la nation. Nos revendications legitimes,
nous conlinuerons a les faire valoir avec
calme, mais d'une voix si ferme que, si haul
qu'on soit placé, il l'audra bien qu'on les
entende et qu'on en lienne comple.
nuions pas a nous en occuper aclivement.
Le Progrès essaie de s'esquiver devant no
ire dernier article. Ses instincts libéraux
l'avaient entrainé a des attaques inqnalifia.
bles a l'adresse du ministère et de nos dép»,
lés, ainsi qu'a la defense de propositions véri-
lablement inadinissibles. La Politique mon-
trait le bout de l'oreille el menacail de gater
tout ce que la cause présentait de chances
favorables. II en sera toujours ainsi dans Ie
parti qui n'a pour but que la possession de
portefeuilles minislérielles.
La réponsc du Progrès a nos observations
prouve que nous avons trop raison. II prtj.
tend que, journal politique, il a mission
a van l lout de faire de la politique; que
n'ayanl pas réussi dans la politique, i| ya
s'en payer lout son soul dans une question
d'inlérêl général. Nous ne lui conteslons pas
son droit: mais nous usons du noire en |uj
disant que la politique qu'il fait est intem.
pestive et nuisible, el que, dans loule ques
tion de ce genre, il a toujours eu en vue de
renverser les catholiques du pouvoir, et non
deservir les vérilables intéréts de noire ar
rondissement.
A quoi sert-il de parler de l'épiderme pea
sensible de M. le Ministre et de faire quelques
plaisanteries d'un goüt aussi spirituel?
A bien lire les articles du Progrèsnous
serions tentés de croire que la reprise du
Canal est bien le cadet de ses soucis. Cette
question est une arme de combat, el si une
solution favorable inlervenail. Panne serail
brisée dans ses mains. Ce serail a ses yeux
un contre temps facheux: son article prouve
qu'il se place a ce point de vue étroit et
égoïste.
II ne faut pas être bien fort pour compren-
dre l'élat actuel de cette question de reprise,
élat que le Progrès ignore ou ne veut pas
faire connaitre.
Le Canal d'Ypres a la Lys constitue une
concession. II est la propriété d'un conces-
sionnaire, société ou individu, quia
pris vis-a-vis de l'Etal l'engagemenl d'exé-
cuter tous les travaux de construction et d'ex-
ploiler le canal moyennant un tarif détermi-
né. L'Etat, de son cölé, s'est engagé a verser
enlre les mains du concesssionnaire une
somme de 2,800,000 fr. contre remise de
litres de la société. L'Etat a rempli ses enga
gements mais le concessionnaire est en dé
faut.
Dans une situation pareille est-il possible
de reprendre un ouvrage inachevé? Ce serail
poser un précédent compromettant au poinl
de vue des concessions en general.
Nous le répélons, dans l'étal actuel de cel-
te affaire et sous les conditions mises en
avant par le concessionnaire, on ne trouvera
jamais, ni un ministre qui propose la reprise
du Canal, ni une Chambre qui la vote.
Si Ie Progrès veut discuter sérieusemenl
et loyalement la question, nous serons bien-
löt d'accord avec lui. Mais son intérêtn'est
pas la; sa politique s'y oppose!
II préfére parler de la situation désaslreuse
de nos finances et de la banqueroule annoti-
cee par M. Frère-Orban. A ce propos nous
rappellerons en passant a notre adversaire, I
Progrès, qu'aujourd'hui, au milieu de l'ef-
fondrement de toutes les valeurs de bourse,
les fonds beiges 4 1/2, cotent 102-90; le 41
est a 100-10 et le 3 a 76 40. Ufa
avouer que l'Etal, donl on a prédit la faillilt
avec lant declat, voit son crédit eslimê as-
sez haul.
Nous ferons observer encore au Progrèi
que, depuis 1873, nos fonds nalionaux n'o
fait que progresser. Voici quelques cotesin-
léressantes a ce sujet:
Au 31 Décembre des années 1874, 1875
el 1876 les valeurs de l'Etal beige coütaient
CANAL LYS-YPERLEE.
Nous sommes en reste avec le Progrès au
sujet de la reprise du Canal Lys-Yperlée et
de celle beaucoup plus importante de notre
réseau de chemin de fer. D'aulr-es faits,
les grands exploits de notre Police locale
surtout, ont absorbé les esprits el détour-
né momentanément notre attention. Les
nombreux intéréts, éngagés dans cette ques
lion do reprise, sont trop considerables sous
tous les rapports pour que nous neconti-
a la Bourse de Bruxelles:
41/2 °/0
4%
3
1874
103
98 74
72 85
187 b
103 9b
98 80
73 75
1876
103 90
99 00
74 Si
Depuis celte dale, a part le 4 1/2 trés
sible aux bruits de conversion, ils ont pro'
gressé encore.
Nous parierons prochainement de la rept1
se des chemins de fer. Le Progrès a écrii-
au sujet du rapport remarquable et remf'
quède M. Struye, notre honorable représei
lant, un article qui vient affirmer une foisc
plus la juslesse du reproche que nous'
adressions lout a I'heure, a savoir: 1"
monlre a lout propos et surtout hors de prC
pos une élroitesse de vue, une mesquiueri
d'idées, une inconsequence dans les appri
ciations, iudignes d'un journal qui set
pecterail. Mais Ie Progrès ne se respecle I
plus qu'il ne respecle les autres!
J
»r
Laissez-les prendre un pied chez vous,
lis en auront bientot pris quatre.
Messieurs,
Organe des soixante-quatre Cercles catholi
ques de Beigique, la Fédération a laquelle ils
appartiennent, c-onsidère comme un devoir, au
milieu des circonstances difficiles que traverse
notre pays, de vous exposer respectueusement
sa pensée et ses vceux.
Nous avons a peine besoin de le dire, la
situation de la Beigique préoccupe et inquiète
tous les vrais patriotesc'est peut-être la plus
périlleuse qui se soit présentée depuis 1830, pat'
suite de dissentiments intérieurs, auxquels nos
adversaires ont imprimé de nos jours un carac-
tère des plus irritants et des plus funestes. Dans
les premiers temps de notre indépendance poli
tique, nos luttes, si vives qu'elles fussent, étaient
renfermées dans les limites de la légalité elles
avaient conservé un caractère d'honnêteté, et les
partis semblaient animés du désir de faire res
pecter nos institutions constitutionnelles et les
grands intéréts qu'elles protègent.
Depuis plusieurs années un mauvais vent a
soufflé sur la Beigique: nos adversaires, partant
de la supposition que le parti libéral est seul en
droit et en mesure d'exercer le pouvoir, en sont
arrivés a s'attribuer une espèce de légitimité,
devant laquelle disparait tout droit pour les ea-
tholiques de gouverner, de facon que même une
majorité parlementaire, librement et honorable-
ment élue, ne peut, si forte qu'elle soit, les rele-
ver de cette déchéance. Les libéraux seuls ont
droit au pouvoir, et, selon leur théorie, quand ils
en sont momentanément privés, ils peuvent em
ployer tous les moyens, l'émeute y comprise,
pour le récupérer.
Ce systéme du parti libéral n'est plus une
théorie: il passe de plus en plus dans la pratique.
Pour ne rappeler ni 1857, ni 1871, ni juin 1876, ni
Oostaeker, ni Malines, ni toutes les autres cir
constances dans lesquelles les libéraux, vain-
queurs ou vaincus, ont usé de la force brutale,
nous voici en présence d'appels réitérés au dés-
ordre de la rue ces appels ont déja été entendus
et peuvent l'être encore si l'autorité supérieure
ne se met en position d'agir énergiquement
contre les fauteurs de troubles qui alarment Ie
pays a l'intérieur et le discréditent a l'étranger.
C'est a ces désordres, d'une part, et a la frau
de, de l'a.utre, que le parti libéral-gueux deman
de niaintenant la consécration de ses étranges
pretentions, et cela explique sa campagne entre-
prise, depuis les élections de juin, a propos d'une
réforme électorale, que lui-même, par un reste
de pudeur peut-être ou par hypocrisie, n'a pas
osé définir, et qu'il a habilement cherché a faire
réaliser par ses adversaires.
La question est nettement posée aujourd'hui:
il s'agit de savoir si les catholiques, qui ont tou
jours loyalement pratiqué nos institutions natio-
nales, deviendront, le pouvoir en main, les vic-
times de l'agitation gueuse, s'ils seront sacrfiés
étant majorités, après avoir été opprimés étant
minorité. Tous cependant doivent savoir ce qui
les attend si les libéraux parviennent a s'emparer
du pouvoir soit par une légalité frauduleuse, soit
par la violence des rues.
Leurs organes nous l'ont déja dit, Messieurs,
les lois de parti abonderaient, la Religion catho-
lique, la première, serait frappée, et la Consti
tution, qu'ils ont qualifiée de grande duperie
de 1830 n'échapperait pas a leurs coups destruc-
teurs.
Du reste, le libéralisme obéit a ses instincts
de tous les temps nous n'avons qu'a voir ce qui
se passe dans les pays oü il domine, qu'a nous
rappeler ce qui s'est passé, depuis le 16e siècle,
partout oü il a dominé. Aujourd'hui comme alors
les hommes qui ont inscrit sur leur drapeau les
mots Liberté de conscience, sont les premiers
a opprimer la conscience des catholiques.
C'est le sort qu'ils nous réservent moins d'un
demi siècle après la resurrection de notre natio-
nalité, si tous les hommes de coeur, si tous les
honnêtes gens ne se donnent pas la main pour
défendre le droit,la justice et la probité politique.
Nous savons, Messieurs, que ces grands prin
cipes ont toujours trouvé et trouveront encore
en vous des défenseurs dévoués, et c'est pour
cela que nous nous adressons a vous au nom des
catholiques beiges, dont le patriotisme ne se dé-
mentit jamais.
Avons-nous besoin de le dire, Messieurs
Les amendements apportés au projet de loi ne
correspondent nullement aux sentiments de la
grande majorité du pays dont vous êtes l'expres-
sion, et si vous aviez besoin de vous convaincre
de cette vérité, vous trouveriez les éléments de
cette conviction dans les assemblées si grandes,
si digiles, si remarquables par leur calme et par
leur patriotisme qui ont lieu dans tous les arron-
dissements du pays, et qui vous prient d'amender
a votre tour, dans la vraie expression du mot,
le projet de loi soumis a vos délibérations.
Qu'il nous soit done permis d'appeler votre
attention la plus sérieuse sur les points suivants,
qui, selon la Fédération des Cercles catholiques,
méritent un examen approfondi et un accueil
favorable.
Selon nous, Messieurs, la loi a intervenir
doit
1. Garantir complétement et efficacement la
sécurité de l'électeur; dócréter des mesures pour
que les articles 128 et 129 du Code éleetoral soient
rigoureusement exécutés; rendre personnelle-
ment responsable le chef de la police localè qui
aura négligé de les faire observer et conmiiner
contre lui telles peines que de droit.
2. Rapprocher l'urne de l'électeur rural, ou
accorder a celui-ci une indemnité de voyage et
de séjour.
3. Etablir que le bulletin ofliciel sera distribuó
d'avance a l'électeur, cette distribution ne pou-
vant pas, a la suite des mesures que prescrit le
projet, porter atteinte au secret du vote.
4. Créer une juridiction pour examiner les re
clamations électorales, le mode actuel jetant la
perturbation dans l'administration provinciale
et introduisant les passions politiques dans la
magistrature.
5. Faire supporter par le patron la patente
attribuée aujourd'hui aux commis, système déja
admis en ce qui concerne les ouvriers; le maitre
qui les emploie étant imposé a raison du nombre
de travailleurs qu'il occupe.
6. Et si on ne veut pas toucher a la loi des pa-
tontes, a laquelle 011 déroge déja par l'art. 53 du
projet amendé, renforcer les moyens depreuve
Contre la fraude en matière de patente, le projet
restant impassible contre la fraude immense,
audacieuse, qui entache les listes d'Anvers et
d'autres localités encore.
7. A défaut de la création d'une juridiction
spéciale chargée de l'examen dos reclamations
électorales, conserver aux Députations perma-
nentes les mêmes pouvoirs d'instruction qu aux
Cours d'appel, le premier juge devant pouvoir
s'écLurer aussi bien que le second; car que di-
rait-on si, en matière correctionnelle, 011 réser-
vait a la Cour d'appel la tache d'entendre les
témoins a l'exciusion du tribunal de première
instance
8. Etendre les incapacités indiquées a l'art. 60
du projet amendé, aux condamnations pronon-
cées sous l'empire du Code pénal actuel.
9. Etablir une regie fixe quant au dorïncile
des officiers et des fonctionnaires amovibles.
Telles sont, Messieurs, les demandes qu'après
un long et mür examen, la Fédération des Cer
cles catholiques nous a chargés de vous sou-
mettre. Elles sont dictées par le vif et sincère
désir de voir bannir touts fraude, toute déloyauté
des opérations électorales et garantir les droits
de tous les citoyens.
Bruxelles, le 26 Février 1877.
Am nom de la Fédération des Cercles catho
liques.
Le Vice-Président,
EMILE PONCELET, Av'.
Le Secrótaire-général,
A. NEUT.
Le Secrétaire,
VICTOR HENRY.