fonclionnaires et employés publics, en majo-
rilé libéraux, qui sonl porlés sur nos üsles
éleclorales, plutöl qu'aux 217 prêtres que
M. Frère-Orban accable de sa colére? Cetle
armée de cabaretiers nous a tenus en échec
pendant dix ans: avons-nous songé a soule
ver les orages donl Ie libéralisme nous donne
depuis des mois (écceurant spectacle
Tel est cependant le fond du raisonnement
qui contient les exigences libérales. On s'ef-
force de prouver que les prêtres exercenl
sur le résultal de nos éleclions une prépon-
dérance désastreuse pour l'expression sin -
cère de la volonlé nationale, ma is on n'a
garde de soullier mot du nombre bicn autre-
ment considérable des fonclionnaires de (E-
tat, des provinces ou des communes, portés
sur les listes éleclorales.
Nous allons suppléer a ce silence calculé
en extrayant de I'Annuaire slatistique pour
1876, publié par le ministère de Pintérieur,
quelques cbiffres officiels et incontestables
Arrond8. Electeurs. Prêtres élect8. Fonct8 id.
Anvers.
10609
174
404
Malines
2728
131
164
Turnhout
1715
73
101
Bruxelles
17845
218
1211
Louvain
4180
181
180
Nivelles
3570
131
113
Bruges
3003
129
190
Courtrai
2764
97
108
Dixmude
933
36
20
Furnes
921
30
37
Oslende
1220
34
76
Roulers
1324
43
30
Thielt
Ypres
947
2242
34
99
96
Alost
2528
105
98
Audenarde 1845
82
83
Eecloo
985
31
29
Gand
7763
217
367
St Nicolas
2762
62
64
Termonde
1961
42
74
Ath
2048
41
60
Charleroi
4994
59
127
Mons
4114
61
177
Soignies
2467
51
64
Thuin
2507
40
122
Tou rnai
3454
79
159
Huy
1394
39
62
Liége
7213
92
397
Verviers
3344
44
98
Waremme
1163
50
51
Hasselt
1534
72
117
Maeseyck
541
25
34
Tongres
1459
87
101
Arlon
629
2
109
Bastogne
437
6
26
Marche
597
23
176
Neufchatea
u 668
6
197
687
8
58
Dmant
1383
38
92
Na in u r
3460
108
154
Philipeville 1205
28
80
Total 117143
2908
5921
Voila la vérité. Sur les 41 arrondissemenls
du pays il en est 21 ou i'un des deux partis
ne se présente presque jamais au scrutin.
Des 20autres, il v en a 18 oü une prépon-
dérance énorme est acquise aux fonclionnai
res. Dans deux arrondissemenls seulement
les prêtres ont une légére avance sur les
fonclionnaires.
Mais il y a plus. Puisqu'on a parlé du Lu
xembourg et qu'on l'a signalé comme une
forteresse des prêtres électeurs, nous exami
nerons la situation a noire tour.
Constatons tout d'abord que cetle province
compte 3018 électeurs, dont 45 prêtres et
566 fonclionnaires. Ces derniers forment
done pres du cinqüième du corps électoral.
Dans l'arrondissement de Neufchateau ils en
forment /e tiers
Ce n'est pas tont. L'arrondissement de
Marche a 44,000 habitantscelui de Neuf
chateau 52,000. Le premier compte 142 em
ployés communaux électeurs, le second 129,
c'est-a-dire chacun aulant que toule la pro
vince de Namur avec une population buit
fois plus forte Ces deux arrondissemenls
petits et peu riches devancent de beaucoup
sous ce rapport les grands cl riches arron'*
dissements d'Anvers (93), Louvain (79), Ni-
velles (54), Gand (118), Charleroi (52), Mons
(66), Tournai (50), Liége (113), Namur (55)
ils tiennenl le second rang et ne sont dislan-
cés que par Timmense circonscription de
Bruxelles.
N'est-ce pas la une prédominanco dange-
reuse et de nature, si les calholiques ne fai-
saient bonne garde, a fausser entiérement
l'expression du verdict électoral Le dernier
soutien donl se servenl les administrations
libérales pour élayer (edifice vermonlu de
leur domination tyrannique, a toujours été
l'armée dos fonclionnaires el employés pu
blics.
Qu'on rapproche ces chiffres officiels des
declamations et des mensonges du parti libe
ral, et qu'on juge
CHRONIQUE PARLEMENTAIRE.
Le Journal de Gand exprimait hier
une fois n'est pas coulume une grande vé-
rilé
II nous semble disait-il, que la discussion
générale du projet de loi sur les traudes
éleclorales déraille un peu. On a déja,dans
cetle discussion générale, empiété sur la
discussion des articles, on a enfin disculé
tout ce qui était discutable et l'on s'occupe,
ou du moins l'on s'est occupé de ce qui
n'élait pas en discussion.
C'est aussi notreavis; mais le déraillement
signalé par le Journal de Gand tient un peu
aux habitudes du parlementarisme et il est
du, cetle fois encore, aux membres de la
gauche.
Au lieu de disculer le projet de loi, ils se
sonl répandusen attaques furibondes contre
le clergé et en récriminalions personnelles
contre leurs adversaires de la majorité. De
la des répliques. des ripostes el le débat plus
irritant qu'intéressant dont la Chambre
nous offre depuis bienlöl quinze jours le
spectacle.
C'est ce que M. Frére-Orban a appelé un
jour la vie honorable des nations. Une
fois engagé dans cetle voie, on parvient dif-
ficilemenl a s'y arrèter et l'on discute, l'on
dispute, l'on sechamaillejusqu'a «extinction
de forces physiques, sans se convaincre
mutuelleinent el sans modifier l'opinion soit
a ['intérieur, soit a (extérieur de la Chambre.
Aussi esl-il facile de remarquer que (at-
lention publique qui s'était d'abord lournée
avecassez d'intérèt vers ia réforme éleclora-
leesldéja visiblement fatiguée. De toutes
parts, on se demande el sans garder toujours
le respect dü aux mandalaires de la nation
En onl-ils bienlöl fini
Hier encore, au début de la séance, M. Ie
vicomle Eugène de Kerekhovea été obligé de
commencer sou discours en répondant aux
attaques personnelles dont il avait été l'objel.
II l'a fait avec esprit, mesure et sobriété.
Revenant ensuile a la question, (honorable
député de Malines a fait voir une fois de plus
que la véritable réforme électorale ne con-
sisle pas dans la créalion oflicielle d'une ar-
moire Davenport a (usage des électeurs
mais dans (application du principe de la
justice et de (égafité a la formation des cir-
conscriptions éleclorales. 'foute celte par-
lie de son discours a été semée de trails vifs
et heureux a (adresse du libéralisme gueux.
M. Malou est intervene ensuile dans le dé
bat pour réitérer une déclaration déja faite:
il limite le bul du projet de loi au secret du
vole et a la suppression des fraudes éleclo
rales. Le reste viendra plus lard.... a Pa-
ques ou a la Trinité
Le reste de la séance a été occupé par une
nouvelle diatribe de M. Saincleletle contre le
clergé (2e édition). On y a fait médiocre-
ment attention, et c'étail justice.
Lundi 21 mai, jubité épiscopal de Pie IX,
la facade et les tours de (église Sainte-Gndule
a Bruxelles seront illuminées aux fenxélec-
triqiies et aux Hammes de bengale depuis
8 1/2 jusqu'a 10 1/2 h. M. Ricard est chargé
de faire cetle illumination.
JUBILÉ PONTIFICAL.
On écrit de Gand
Nous recevons de divers cötés des nouvel-
les fort consolantes au sujet des témoignages
publics de respect, de reconnaissance et d'a-
mour que les calholiques de notre Fiandre
s'apprètent a donner au Saint Père le 21 de
ce mois.
Les lapissiers et les lampistes de notre ville
ne peuvent suffire aux commandes qui leur
sont faites, et (on cite tels magasins qui,
aprés avoir épuisé un immense stock de ban-
niéres, travaillent nuit et jour avec une foule
d'ouvrières pour en confectionner de nou-
velles.
Mais ce n'est pas seulement a Gand que Ie
mouvement exisle. Dans le reste de la pro
vince, toutes nos communes ri va lisent de
zèle.
A Solteghem, nous écril-on, les habitants
ont été lous invités par le comité du Denier
de St-Pierre a pavoiser el a illuminer leurs
maisons. Des feux de bengale illomineront
la tour de (église, et ia musique parcoura les
rues au soir, en faisant entendre ses joyeuses
fanfares. La aussi, comme a Lokeren et ail-
leurs encore (administration communale
saura se souvenir qu'elle est catholique et
qu'elle administre des calholiques. Elle s'as-
sociera a (ailégrèsse de la population, en
faisant illuminer (hótel-de-ville.
Le temps el (espace nous manquent pour
nous étendre davantagesur les diverses com
munications qui nous sont faites. Qu'il nous
suffise de dire que lout fait prévoir le renou-
vellementde la helle manifestion du 16 juin
1871.
Cliroiiiquc locale.
CE QUE CELA VEUT DIRE.
Sous ce litre quest-ce que ceta neut di
re? La Clironique, journal oü élucu-
brenlè la fois Chariot pour notre agrémenl,
et Jean d'Ardenne pour le plus grand en
nui de M. Carton fils,la Clironique re-
produisail (autre jour (entrefilet suivant
emprunté a 1 'Echo du Parlement
Les électeurs... seront moins disposés
aujourd'hui qu'il y a quinze jours a trou-
ver que la présence actuelle de M. Janson
a la Chambre est un danger pour nos in-
slitutions. Nous avons pour notre
compte d'excellentes raisons de croire que
ce danger n'existe plus. Ou voudra bieri
nous croire quand nous (affirmons, puis
qu'on a refusé de nous croire quand nous
affirmions le contraire.
Ce que cela veut dire?... Parbleu, c'est
bien simple a deviner, et nous ne prenons
guère au sérieux (embarras qu'affecle la
Clironique en présence d'un Sphynx aussi
embrouillé. Cela veut dire simplement, que
rad ica ux-socia I isles el doctrinaires seront
élernellement les mèmes farceurs. M. Janson
une fois nommé est disposé a planter-la les
amis de la veiIle, et a jeler par dessus bord
une parlie des doctrines qui lui ont servi d'é-
chelon. C'est la constante pratique de lous les
parvenus. Quant aux doctrinaires, ils ont fait
bon marchéde leurs feintes frayeurs a (en -
droit de nos institutions.
On est de part et d'autre, convenu de cer-
taines étapes dans (oeuvre de démolition de
la grande duperie de 1830, et Ia
paix s'est faite sur le dos des moines et des
curés. Ce n'est pas plus malin que cela.
Peut-ètre aussi la piêtre figure faite par
Vhomme bouletdés ses premiers pas dans
(enceinte parlementaire, n'a-t-èlle pas peu
contribué a rassurer ses collégues de la gau
che sur (influence que pouvaient exercer les
accents d'une voix claire el sonore sur
notre organisme politique en général, et sur
leur rééleelion en particulier.
II est évident que ce boulet-Janson ira
avant peu se perdre dans le mème trou, oü
déja ont été s'aplalir sans force, le boulet-
Defré, le boulet-Joltrand, et tant d'autres
boulets-morts. Amen.
Chacun était doncadmisa s'asSurer. san>
déplacement et sans éciiture, s'il avail rié
tenu compte de (arrèl de la Cour de Gand,
en co qui concerne (inscription de Ver-
meerseh. Or il e>l évident que dans létat
actuel des partis, des membres d'une asso
ciation politique, qui ont en main lous les
moyens de controle, ne vont pas rester sans
s'assurersi la radiation d'un adversaire a été
opérée conformément a un arrêl qu'ils ont
eux-mèmes provoqué el ponrsuivi.
Quant a (intirné lui-méme, la notification
erronée était indifférente, puisque (arrèl de
la Cour était passé en force de chose jügée-.
Que Ie Progrès en soil done pour la honte
de ses insinuations.
PUÉRILITÉ.
Le Progrès croil devoir revenir sur (inci
dent auquel a donné lieu la notification de la
décision de la Cour de Gand, en ce qui con
cerne (inscription deM. Vermeerschde Zon-
nebeke, sur les listes éleclorales de 1877.
Nous avons dit que cel incident se réduisait a
une erreur de copie, due a la distraction
bien excusable d'un employé, qui sur tont
un étal, a pris une décision pour une autre.
La Dépulation permanente avait ordonné
(inscription de M. Vermeersch sur la lisle
des électeurs généraux la Cour réformant
en parlie cette décision, ordonna lemaintien
do eet élecleur sur la lisle provinciale et
communale, el sa radiation sur la lisle géné
rale.
(ar erreur, erreur aussitöt reclifiée quo
connue, il est nolifié a la commune, que
(arrèl de la Cour est confirmalif de la déci
sion de la Dépulation permanente. Tel était
en effet Ie cas pour (élecleur, dont le norn
suivait immédiatemenl celui de M. Ver
meersch sur (étal des décisions de la Cour
d'appel, transmis par (autorité provinciale.
Le Progrès se livre la-dessus a des insi
nuations, qui parties de si bas, ne sauraient
atteindre oü el les visent. Les relever serail
en vérité faire au Progrès trop d'honneur.
Ceux.-la senis sont capables de falsifications
qui en accusent si fucilement lesautres.
La teniation de falsification en l'espèce
eüt été d'ailleurs par trop puérile. Est-il vrai
que cette erreur eüt pu, comme le prétend
le Progrèsavoir pour résultal le vole abu-
sif d'un faux élecleur
Pas le moins du monde
Paree qu'en vertu de (art. 63 du code élec
toral, il doit ètre donné au Commissariat
d'arrondissemenl communication des listes
el des rectifications, a lous ceux qui veulenl
en prendre copie.
RÉPONSE AU PROGRÈS.
UN PRÊTRE ACCUSE ET RÉHABILITÉ.
II y a quelque temps, nos feuilles libérales
se sont jetées avec avidité sur la nouvelle
qu'uri prèlre francais venait d ètre extradé
de Belgique el livré a la justice sous la pré-
vention d'attentatsa la pudeur.
Cet ecclésiaslique vienl de comparailre de-
vant la cour d'assises de la Haute-Marne oü
il a éténon-seulementacquittémaisréhabilité.
On peul ètre certain que, fidèles a leur
tactique habituelle,les organes de la «morale
indépendante se garderonl bien de relaler
(acquitlement de (honorable prètre qu'ils
ont trainé a travers la boue fangeuse des
calomnies libérales. Le mensonge et la dé-
loyaulé sont les armes Iiabiluelles de la presse
maconnique. Olez-lui cette arme el cette
presse malhonnête devient complètement im-
puissante.
Voici en quels termes unefeuilleparisienne
relate (acquitlement de (ecclésiaslique, point
de rnire des basses attaques des scribes libé
raux
La cour d'assises de la Haule-Marne a
consacré (une de ses dernières audiences a
(étude d'un procés qui avait vivement ému
la ville de Chaumont. Nons sommes d'autant
plus heureux de rendre compte de cetle af
faire que certains de nos confrères se garde
ronl d'en parler, et pour cause. Voici, en
quelques mots, (exposé du procés
M. (abbé Vincent, curé de la paroisse de
Germisay, fut accusé en 1875, d'attentats
odieux, qui auraient été commis sur trois
jeunes filles de sa paroisse.
Cédant a des conseils sans doute impru-
dents, mais que venait expliquer la crainte
d'un scandale mème immérité, (abbéVincent
qmtta le pays, II fut, peu de temps après,
condamné par conluma.ce aux travaux forcés
a perpétuilè.
Le parquet, a une époque toule récente,
reeul une dénoncialion anonyme. On y révé-
lait que le prètre s'était refugié en Belgique.
Le fait était exact. L'abbé Vincent fut extradé
et son procés est revenu, il y a quelques
jours, devant la cour d'assises.
Mc Lachaud était venu défendre devant le
jury (ancien curé de Germisay. II était assisté
de Me Guillemin, batonnier de (ordre des
avocals du barreau de Chaumont.
La première parlie de (audience a eu lieu
a huis-cios. II nous est done inlerdit formel-
Iemenl d'en résumer les débats, mais nous
pouvons dire que les declarations des jeunes
filles appeléesen témoignage, ont produit le
plus déplorable effet sur le jury. Leurs ré-
ponses aux questions de M. Ie président Ber
nard, leurs contradictions éclatantes que re-
levail a chaque instant el avec soin Mc La
chaud, ont délruil de fond en comble (accu
sation.
Enfin, M. Ie procureur de la République
Deschamps s'est levé el, se faisant (intcr-
prèle des sentiments unanimesdes membres
de la cour, a demandé qu'on rendit (au
dience publique, ajoulant qu'il allail aban-
donner les poursuites et qu'il croyait juste
que (illnstre défenseur de l'abbé Vincent püt
donner a son cliënt la justification publique
a laquelle il avait droit.
La salie d'audtence a bienlöt été remplie,
et (on a pu assister ace spectacle émouvanl:
un procureur de la République disant aux
jurés qu'il était venu a la cour d'assises avec
la pensée que (abbé Vincent pouvait ètre
coupable, mais que la lumière s'était faite,
que (accusé était innocent, et revendiquant
(honneur de proclamer le premier cetle in
nocence, et demandant pour l'abbé Vincent
un verdict de non-culpabilité, c'est-a-dire un
verdict de réhabilition.
Mr Guillemin a remercié en peu de mots
(organe du ministère public de cette décla
ration si loyale, puis la parole a été donnée
a M° Lachaud.
Dans la première parlie de sa plaidoirie,
(éminent avocal a raconté, avec une émoij0n
touchante qui a gagné lout (auditoire, |a V|e
irréprochahle de cc prèlre excellent, ipii aV!)il
éié l'objel des plus infames calomnies. a
expliqué, il a pronvé par des documents in-
contesiablcs que, pour obéir a des recoin.
mandations inopporlunes, l'abbé Vincent quj
affirmait avec la plus grande énergie son in.
noeence el qui, dés 1875, demandait a com-
paraitre devant ses juges, s était laissé entrai-
ner a quitter ia France pour éviter un de ces
débats que (on devaii considérer, dans tons
les cas, comme facheux, paree qu'ils soulè-
vent toujours les plus odieuses attaques.
Abordanl ensuile la discussion des faits
M<= Lachaud a suivi pas a pas les déposilions
mensongéres et contradictoires des lémoins.
II a fait avec les éléments de (instruction cl
dn débat le jour le plus éclatant sur leurs
abominables accusations, et il a établi, a (aide
d'argumenls sans réplique, que (abbéVin
cent avait été la victime d'un odieux complot.
M. le président Bernard a jugé que, dans
une pareille cause, il était inutile de faire un
résumé. II a indiqué seulement, dans un lan-
gage très-élevé, les enseignemenls qui de-
vaient ressortir du débat, el il a demandé
aux jurés d'entrer dans la salie de leurs deli
berations pour affiriner solennellement, par
leur verdict, (innocence de (abbé Vincent.
Après (acquitlement, ce pauvre prètre a
éléeutouréde la foule la plus sympathique,
Chacun lenait a lui serrer la main et a s'asso-
cier a la réhabililalion éclatante qui venait
d'ètre proclamée par la cour et par le jury.
UUnion de Charleroi donne, sur (extra
dition de M. (abbéVincent, les détails sui-
vants
Nous (avons vu reconduire a la frontière
enlre deux argousins.
II était vètu comme un pauvre parmi les
pauvres. Deshaillons, dessouliers forlernent
échancrés. Tout son aspect criait la misère.
Cela serrait le cceur de le voir dans ce dé-
nuement absolu et douloureux.
Sa figure portait la trace de grandes priva
tions, et cependant il s'y réfléchissait je ne
sais quel rayonnement de calme et de joie
intérieure. N'eussent été ses étranges cicero
nes, on eüt dit la vertu malheureuse.
Un individu hurlait a nos cötés LeTar-
lufe N'a-l-il pas la pose d'un saint
En apprenanl la réhabililalion de (insulié
que ce mol soit léger a (insulteur.
Sür du bon témoignage de sa conscience,
(abbé Vincent ne pouvait que dire a Dien:
Vois mon innocence el juge ma cause
Dteu a recueilli les larmes du prisonnier!
LE DÉRAILLEMENT MODERNE.
Quand, sur les planches d'un théatre un
acteur crie, sc démène et jure qu'il va mourir
pour ia patrie, le public reste calme, ou, s'il
fait un peu de bruit, c'est pour siffler (acteur
ou applaudir a ses talents.
Le brave public ne s'inquiéte pas du reste.
II sail bien que tous cas gestes, lous ces cris,
toutes ces menaces el ces protestations, mé-
me ces coups lerribles porlés avec d. s épées
de boisou des poignards de carton, ne doi-
vent pas ètre pris au sérieux Comédie,
dit-on, histoire d'empècher les speclateurs
de s'endormir.
Seul, par-ci par-la, un ivrogne cuvanlson
vin intervient parfois pour crier aux juges...
de théatre qu'ils sont en train de coudamner
un innocent; ou bien quelque gueux en go-
guette hurle enlre deux hoquets:«A bas
Malou! pendant que les acteurs se démon
tent les poumons en criant le grand duo de
la Muelte. Enfin, on voit quelquefois aussi uo
brave fermier, conduit a cetteécole de rnceurs
pleurer comme un veau en voyant la vertu....
de théatre, récompensée dans une apothéose
au feu de bengale, au milieu de nüages e"
papier de couleur.
Ne peul-on pas surtout en ce moment,
comparer certains journalistes gueux, el cer
tains oraleurs de la gauche parlementaire,
a ces acteurs qui menacent un ennemi invi
sible en brandissant leur épée de bois ou d£
fer-blanc?...
Ces messieurs écrivent, parient, crieol.
déclamenl, sans croire mème un traitre naüi
de tout ce qu'ils avancent.
Faut-il citer desexemples a (appui de cC
que nous venons de dire?
En voici quelques-uns puisés au hasaf
dans les journaux libéraux que nous avons
lu ces jours derniers.
Dans une des dernières séances de la Chara
bredes Représenlants, M. Olin a dit s
La pression des villes libérales que 'ol1
craint pour les campagnards est nulle.
26
Virion