fo LES "LIBÉRÊS FORQATS.» p.GAJv^ Mercredi 23 Mai 1877. 12e armee. N° 1,189. 5 Q e Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces jadiciaires se paieftt 30 canliines la ligne. Ou traite A forfait pour les insertions par an nee. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numeros supplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires. i HfiMIKfS E V K It. 1 Décernbre. 8. 8. JPIE KL. 1999. 18 Mai. Né a Sinigaglia, dans la marche d'Ancöne. II recul les noms de Jean-Marie. Le nom de sa familie élait comte Maslaï Ferretti. a II vint a Rome a I'age de 22 ans. Recu avec bonté par Pie Vll.il voulul servirdans la garde noble du Pape; mais le prince Barberini, chef de celte garde, ne voulut pas l'y recevoir a cause de sa faible santé. En elïet, une attaque du haut-mal vint dé- soler le jeune comte, qui tomba en pleu- rant aux pieds de Pie VII. LeSaint-Père le releva et Ie consola en lui disantque Dieu voulait, sans douie, l'appeler a lui par le chemin de la croix. Guéri par l'interees- sion de la Sainle-Vierge, le jeune Mastai se consacra au service des autels. 1*19.11 Avrll. Ordonné prétre. 11 dit sa première messe dans une mai- son d'orphelins et d'enfants délaissés, fon- dée par Jean Bonghi. Le jeune comle Mas- taïs'occupait decesenfants avant son or- dinalion. II s'occupait depuis sept ans de eet hum- d ble travail, lorsqu'il fut envoyé en Améri- que. En voyage, il fut mis en prison a Tile de Majorque par des employés espagnols qui regardaienl d'un mauvais ceil les relations de Rome avec les pays révoltés de PAmérique méridionale. En Amér'ique, les missionnaires furent d'abord recus avac enthousiasme; mais les gouvernements, jaloux de leur nouvelle autorité, suscitérent tant de difficullés a la légalion, qu'elle fut obligée de revenir a Rome sans avoir obtenu de grands ré- sultats. A son retour d'Amérique, l'abbé Maslaï ful bien accueilli par Léon XII, succes^eur de Pie VII. que ie nomina gouverneur de Saint-Michel, asile pour enfanls el vieil- lards. 1889, 81 Mai. Nommé archevê- que de Spoléte. 1889, 8 Juin. Inauguré S l'ar- jchevèché de Spoléte. C'esl cel anniversaire de cinquante ans d'épiscopat que lemoude eatholique célé- bre en celte année. 184Ö, 1-1 llécembre. Elevé a la dignilé de cardinal. 1849, 1© Juin. Elu Pape. 1891,1© Juin. Souverain-Ponli- fejubilaire. Premier Pape qui atteinl les an- nées de Pierre. Vive Pie IA'! Ce cri a retenti par tout l'univers. 1899, 81 Mai. Evèque jubilaire. Que le Seigneur conserve Pie IX, qu'll lui donne la vie, qu'll lerende heureux sur la terre, et qu'll le délivre des mains de ses ennemis! Amen. Le jubilé pontifical sera eélébré dans notre diocèse le 10 Juin. Sa Sainleté a daigné transférera cejour, pour Ie diocèse de Bru ges, l'indulgence plénière concédée a l'occa- sion de la solennilé jubilaire. Notre révéren- dissime Evèque a annoncé lors de la réunion générale des OEuvres Pontificales, qu'il pu- bliera une lettre pastorale d'ici a quelques jours. Nous pouvons dire dés a présent, que les fidèles rivaliseront de zèle pour pavoiser leurs maisous le 10 Juin et les illutniner le soir. L'EGLISE ET SES ADVERSAIRES. Aujourd'hui, l'Eglise lutte conlre ceux qui l'ont affaiblieou qui voudraient la détruirc. Dépouillée des ornemenls extérieurs qu'elle tenait de l'homme, liée par lui comme une puissance incommode et dangereuse, insullée dans sa faiblesse apparente.elleestsemblable a un géant, que des enfanls ont entouré de bandeletles, et qu'ils s'elïorcent de précipi- ler: elle se défend par sa masse mole sua stat, et son immobilité toule seule est une vicloire. Tranquille paree qu'elle porie dans son sein une promesse élerneile cl l'esprit de Dieu, elle n'est inquiéte que de l'humanité, qui peut plus ou moins associer ses destinées a la grandeur des siennes. Ne nous y trorn- pons pas, il n'y a qu'uhe seule question au monde, depuis six mille ans, celle de savoir si la vérilé Chrélienne y sera vaincue ou viclo- rieuse; elle y a élé vaincue jusqu'a Jésus- Christ, elle y est viclorieuse depuis Jésus- Christ et viclorieuse par i'Eglise eatholique assise sur la pierre qu'a posée Jésus-Christ. Libre, protégée, persécutée, I'Eglise ne perd rien sous aucun de ces régimes; tous lui donnent vie, )>uissanee et gloire. Aujour d'hui par loute la lerre, I'Eglise est dépouillée de son patrimoine acquis lenlement par ses verlus; l'aulorité civile s'est retirée d'elle, un pouvoir nouveau, celui de la presse, a conspiré sa perle: Eh bien! au milieu du changement universel I'Eglise persuade encore, et ses ennemis élonnés, ne pouvant comprendre sa vie, s'amusent a prophéliser sa mort. Semblable a la poussiére qui insulte ie voyageur en passant, le siècle en ruine oulragc l'élernité de l'Eglise et ne s'apercoil pas que son immobilité est la preuve de sa force. S'il est quelque chose de beau et de sacré sur la terre, e'est la Constitution divine de I'Eglise! Qu'est ce que les hommes font au- Scènes de la Russie méridionale. prés? lis élèvenl, par la force, des empires qui succombenl sous la force. Cyrus détruit l'ceuvre de Ninus, Alexandre, celle de Cyrus, les Romains, celle d'Alexandre. La force, lót ou lard, rencontre la force, une persuasion isolée rencontre une autre persuasion; mais, quand la persuasion a vaincu 1'tinivers, non dans le sens de ses passions, mais dans le sens du sacrifice, alors il y a une ceuvre di vine et immortelle. El si ce sont des pè- cheursqui onl fait cela, si quelques Galiléens ont fondé ce grand empire de la persuasion, malgré tons les efforts de la force, alors celle ceuvre est divine et immortelle an dela de loute expression créée. El moi, ministre de de celle ceuvre, ills de la persuasion, Galiléen, je vous dis a vous enfanls du siècle; Jusques a quand iravail- lerez-vous a ce qui se passe, et lutterez-vous contre ce qui demeure? vous diles sans cesse; II ne faut laisser faire FÉglise, parce- qu'elle deviendrait irop puissanle, c'esl-a- dire il faut éloulïer la persuasion qui nous subjuguerait lous malgré nous. Que pouvez- vous dire qui atteste d'avantage la divinité de FÉglise? Comprenez de ses ennemis; comprenez par les merveilles de son institu tion et deson histoire, que son établissement et sa perpétuité ne sont pas des oetivres possibles a I'homrnecomprenez que tout le bien qui se fait dans Ie monde sort d'elle direclemenl ou indirectement, et aspirez a devetrr ses fils, a vous ranger parmi les bienfaileurs du genre humain. II en est tempslout est par terre, il faut rcoonstruire; et l'Église eatholique seule peut poser les fondemenls d'un edifice immuable, parceque seule elle a loule raison et tout amour, et que l'homme est irop grand pour n'ètre pas fondé et sauvé par la plus haute raison el le plus fort amour. Lacordaire. Fragments d'une conférence a A'.-JJ. de Paris. SOC1AL1STES ET CATHOLIQUES. Les socialises constituent une secle cos mopolite qui réve de revolutionner Ie monde par une nouvelle Terreur, une nouvelle Com mune ou un n'importe quoi leur permeltant d'assotivir leur vengeance stupide, leur haine solte, el d'étancher leur soif insatiable du pouvoir et du bien d'atitrui. Les calboliques formenl un corps immen se, l'Église, composé d'hommes croyants, gé.néreüx et dévoués, qui veulenl le régne de la morale chrélienne et des principes sociaux qui en découlenl Les premiers travaillent au renversement brutal de Fetal de choses élabli par la Pro vidence, au bouleversement complet de I'or- dre social. Ils voudraient chasser Dieu de la société, ils voudraient bannir Dieu de la fa milie, ils voudraient memo anéanlir loute idéé de Dieu Les seconds tachenl d'amener la restaura- lion du régne de Jésus-Ciirist, et dans la société, et dans la familie, lis poursuivent, avee persistant, la reeherche des moyens les plus propres a atnéliorer l'étal social, les plus propres a assurer Ie bonheur présent el fulur des générations prèsentes ct futures. Les premiers se forgent une libre morale sanctionnée par leur conscience, e'est-a-dire par une petite chose, la conscience humaine, toule pétrie d'itnperfectious, de faiblesse el de vices. El ils s'efforcent d'atlirer a eux et d'en- doctriner tous les mécontents, les ambitieux, les avides, leur promettant une curée abon- dante, après que le bouleversement social tant atiendu se sera enfin accompli après le pillage el pendant I'anarchie. Les second appellenl la religion au seeours de l'homme pour Faider a aimer son pro- chain, a obéir a l'aulorité légitime et a res pecter le bien d'autrui. Et la religion apprend a l'homme qu'il a des devoirs a remplir, des V -< z O co O co «O cc cc 3 u £x2 3 os m v. O s 33 *-<! r1^ 2L n- *H SS 3 C/i H rc c*: H O CO m o O C2 PI zz O 73 CX O H mm IV Uoperinghe- Ypres, 8-18,7-00,9-28,11-00,2-15,5-08,'9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30,9-07,12-07,3-07,6-80,8-45,9-80. peringlie-Hazebrouck, 6 53, 12-25,7-10. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, 4-10, 8-25. Ypres-lioulers, 7-50, 12-25, 0-45. lloulers- Ypres, 9-25, 1-80, 7-50. Kouiers-Bruges, 8-45. 1 1-34, 1-13,5,16, 7-36, (9-55. Lichterv.) Licliterv.-Thouroul, 4-25 in. vers Ostende. - Brages/lou- Iers 8-25, 12-45, 5-05, 6-42. Lichterv .-Courtrai, 8-25 m. Ynres-Courtrai 5-34, 9-46, 11 -20, 2-35, 5-25, Courtrai- Ypres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40, 8-49. Ypres-Thouróüt, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Tliourout-Ypres, 9 00, 1-25, 7-45, (le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnêton -Le Touquel-HouplMies-ArwteKlières, 6-00, 12-00, 3-35, Arineniières-IIouplines-Le Touquel-YY arneton- CQmines 7-28, 2,00, 4-45. Comines- Warnêton 8 45, in 9-30 s. (Ie Lundi 6-3(?,) Warnêton-Cowtnes 5-30, 11-10, (le Lundi 6,50.) Courtrai-Bruges, 8-08, 1 1-00, 12-35,4-40, (Ingel.) 0-55. 9-00 s. (Lichterv.) Bruges-Courlrai, 8-25, 12-45, 5-08,6-42. Bruges, Blankenb, Heyst, (Station) 7-25, 11-08, 2-50, 7-38. (bassin 7-31, 11-14, 2-56, 7.41, lleyst, Blankenh, Btuges, 5°45, 8,25, 11-25, 5-30. ngelmunsler Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunsler-Deyreze, 6-10 7-18. Gand-Daynie-Ingelmunsler, 6-88, 11-20, 4-41, 7-21. Deynze Ingebnunster, 1-00. lneelmunster-.4nseghem, 6-08, 12-55, 6-13. \\vseg\iam-Ingelmunsler7-42, 2-20, 7-48. Lichtervelde-Dixn.'tide-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-38, 8-00. DwnA-erAe-Furne.s-Dixmude el Lidder velde, 6-35, 11 10, 3-40, 5-00. Dixmude-Nieuport,9-50,2-20,8-45. Nieup-Dm», 7-30,12 00,4-20. Tliourout-Oslende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Osiende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaete Eecloo, 9-08, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/z«ete,5-35, 10-15.4-22. Gand-Ttsr/tewze?!, (station) 8-17, 12-25. 7,39 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 48. Ferneuzen Gand, ti-00, 10-30, 440. Selzaeie-LoAtiretz, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5 10 rti.) Lokeren-.3Vzne(e, 6 00, 10-23, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.) O O IX. I A COURTRAt, BRUXELLES O 3V D A. NOES. BRUXELLES, COURTRAI. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,37 8,50 10,53 1,35 12,33 2,25 3,42 0,10 6,35. 8,84. Bruxelles dép. Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 5,35 7,56 6,47. 8,44. COURTRAI, TOURNA!, LUXE. Courtrai dép. Tournai arr. Lille 6.37 7,28 7.38 10,56 11,47 12,08 2,54 3,48 4,00 5.34 8,47. 6,39 9,41. 6.35 10,00. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille dép. 5,15 8,22 11,05 2,22 4,45 Tournai 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39 Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 COURTRAI, GAND. Courtrai dep. 6,42 9,49 12,31 Gand arr. 8,01 11,08 1,51 BRUGES, GAND, BRUXELLES. GAND, COURTRAI. 3,44 5,04 6,40. 7,50. Gand dép. Courlrai arr. 5,15 6,37 9,38 40,56 1 28 2,54 4,24 5,34 7,21. 8,47 BRUXELLES, GAND, BRUGES Bruges d. ö,49ex.7,04 9,39 12.34, 2-32,ex. 6.43. Gand 7,34 8,19 10,54 1,49 4.07, 7,88. 9,31. Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4 00,7,13, 9-31.1),40. Bruxelles dép. 7,20 8,1 4 11,00 t ,38 3,02 ex. 4,89 ex8.83 Gan i arr. 0,00 8,38 9,41 1.23 3,59 4,1 1 6.29 7,37 Bruges 7,15 9,23 10,34 2,33 3,01 7,22 8,18 (Extrait de la Revue Générale). AOL Suite. Voir le numéro précédent. Exctisez-inoi, mais vous me faites rire s'éci ia Niissan. Se nomtnail-il lui-même du nom que lui ont don.né les chrétiens Nafiali Reys- meyer II n'y a certes jamais pensé. Réellcmenl, on ne se sonvienl de ce nom-la que lorsqu'on a bcsoin il'nn passe port ou quand préserve Dieu! on a a comparaitre devant le tribunal, on bien encore, préserve Dieu devanl le conseil de révision. Mais antrement, jamais Non, il a dit Naftali Feigelcs, paree que sa mère s'appelail Feige, a moins qu'il n'ait dit Nafiali l'Oscher de Delz (Ie Créstis), car e'est ainsi que lout le monde l'ap- pelait. Niissan ordonnai-je poussé a bout, tont Ie reste de vos rectifications vous les ferez quand nous scrons en route. F.xcusez-moi, hé, hé Naftali Reysmeyer, hé, hé Mais son rire n'était pas un rire de bon coeur el Niissan alla en gromtnelan! s'asseoir a quelques pas de nous. Celte familie vivait done dans une félicité saus mélange; malheiirensement Belz est situé en Russie. La cause de leur infortune fut une cause foneièreinent russc. C'était en 1850; Giltel avait alors dix-sepl ans, son frère Ruben en avait onze. Onze ans Nolle pari, sur toule l'étendue du glo be, eet age n'aslreint au service militaire. Jadis, il en élait de rnêrne dans l'empire du knout; mais cctte année-ta.faisailexception. Nikolai Pawiowilch avail besoin de soldats. L'expédition de Ilongrie lui avait eoitté beaucoup de monde, et il préparait, contre le (ure, une eroisade civilisalriee. On re- crutail dans ses irnmenses Etals avec une activité dérorante. J'étais a cette époque en Sibérie; vous le pensez bien, la part que je prenais a tout ce qui m'entouraii n'était qii'une part duulilFérence, et cependant, le cliquetis des armements pénétra jtisque dans nos solitudes. La conscription et la durée du service n'étaienl pas encore réglemenlées alors; elles ne le sont guère davantage aujotird'htii. On procédait sommairement les enröleurs eer- naient ie village on la ville, rassemblaient de gré ou de force les jeunes gens, choisissaient les valides et les fourraient pour la durée de leur vie dans des uniformes. Entendons nous: anx soldats invalides et a ceux qui avaienl passé la lirnite dage, on re- prenait alors leur délroque militaire et ils avaient le droit ou de se pendre a l'arbre de leur choix, ou de mourir de faiin. Bref, devenir militaire s'appelait et s'appelle encore actuellement, en Rus sie, élre morl-vivant. Aussi, pas plus qu'aujour- d'hui, personne n'aimait il a endosser l'unifoi me, a quelque classe, a quelque nation que l'on appar ent. II n'y a pas jusqu'au paysan abruti de Moscovic, si renommé pour son altachemenl ca- nin a la personne dn Czar, qu'il ne faille allacher par ce moyen d'cducation infaillible dans les che- nils le fouet. Le recrulement élait surtout une plaie pour la Poiogne el pour les Juifs, quoique pour des motifs différents. Les Juifs ne délestaient pas la Russie par antipathie de race ee n'était pas leur nalionalité qui leur faisaient regarder le ser vice du Czar comme une bonte et un esclavage pires que la rnorl, mais les Juifs ont, en général, horreur des amies meurtrières... Niissan s'empressa d'inlervenir. Ecoutez, s'il vous plait, ii dit-il; voici une chose que je veux absqlument dire, et cela avant d'etre en route, encore. Qu'êles vous, I'ani YValerian Un Polo- nais, et e'est pour cela que vous méprisez les Juifs. Vous avez élé en Sibérie et vous êtes un ljbéré forgat; mais un Polonais reste toujours un Polo- nais. Vous insinuez que les Juifs manquent de courage. Venez ici el je vous montrerai si je suis lache; mais la, paisiblemenl bien entendu, comme il convient entre gens de caiur. Je vous expliquerai pourquoi les Juifs n'aimenl pas Ie métier desarmes surtout celui des Moscovites. Primo, que nous importe leur Czar, a nous II nous traite comme si nous éüons des chiens; devi ions-nous nous con- duire envers lui comme s'il se montrait notre père? Nous le iiominons baluschku oui: ii cause de l'usagc, comme nous disons mon bienfaileur lout Ie monde. Mais quel sentiment voulez-vons que nous ayons pour Ini Secnndo, un soldal cesse d'etre un Juif: il est forcé de manger a la chrélienne, d'enfreindre notre sainte !oi, d'allera l'exercice même le grand jour du Jomkipur, de perdre l'élernité enfin. Et qu'a-t-il dans ee bas- monde Une vie de chien: il est mort pour les siens et les siens sont moi ls pour lui.Mais le prin cipal, e'est moi qui vous le dis, est qu on Ie con trahit de vivre comme s'il n'était pas un enfant d Israel Pani YValerian n'honora I'inlerruption d'auciin mot de réponse, 1 Sailer nipten r d'aucun regard, ii I.es Juifs, poursuivit il, abhorrent le service desarmes. Ce fait n'était pas un myslère pour le Czar. II savail bien qu'ici seraient impuissanls Irs arguments en général si efficaces sur le reste de ses stijels. On cernail bien encore les bourgs juifs, mais presque toujours la traque restait sans ré sultal le gibier avail délogé. Le dieu rouble ouvrait aux pères de familie les secrets des bureaux du gouvernement, et ils connaissaicnl toujours, quelques semaiues d'avance, les plans de l'aulorité. La plupart des recrues, pineées "a l'iniproviste, se raihelail k prix d or, et ceux qui restaient pris étaient presque toujours gens sans aveu mal nourris ct rachitiques. Les movens ordinaires restant sans effet, le Czar recourula tin moyen extraordinaire, brutal, con traire a toule idéé d'humanité, mais d'une effiea- cité certaiiie. On continua ii faire la chasse aux jeunes Juifs en age militaire, mais on pril en mêine temps les garqons de sept a douze ans que l'on incorporait pour les fuurrer ensuite dans les colonies inilitaires de creation récente. Ceci avait un double avantage: d'abord, les ga icons en bas- age étaienl faciles a saisir, parce qu'il leur élait impossible de quitter la nxaison palerneJIe el <k s'enfuir comme faisaient les adolescents, et puis, on pouvait aiscment dresser ces tendres rejelons d une race pliysiqucmenl decline, et en faire de robustes ct dociles machines de guerre. Des nie- sures draeoniennes conlre la corruption des agents rècruteurs assurèrent l'exêcnlion du deciel impe rial. liref, ie Czar avait lieu d'êlre satisfait car, bien que la mortalité füt grande parmi ces pan- vres petils consents, (pie, sur trois, un seul d'en tre euxarrivJl ii la colonie, le nouveau syslème augmenlail d'aulant ses provisions de chair a ca non. On obviait géuéralement a l'incouvénient de cette morlalitc précoee, en enrólanl d'emblée le triple du nombre requis ponr le contingent effec- lif. Quand on est le père de qualre-vingt millions de sujels, que fail un millier on deux de petils Juifs de plus ou de moins (a continuer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 1