J journal ue prélendra sans donle pas que le socialisme soil un danger imaginaire en France el en Allemagne. Or, ces deux pays n'ont pas loujours subi le régime du suffra ge universel. En France, parexemple, celui- ci n'exislait pas avanl 1848, el le eens éleclo- ral y élait mème infiniment plus élevé que chez nous. Cela n'a pas empèché le socialis me de faire les journées de Février, d'orga- niser le gouvernement de Ledru-Rollin, de donner a nos voisins un avant-goüt de la Commune et de conquérir, les armes a la main, le suffrage universel qui lui assure la prépondérance dans lous les grands centres et qui finira a la longue par asseoir la Répu- blique démocratique et sociale au cceur mème des campagnes conservatrices. En Russie, l'obstacle est plus fort encore. 11 n'exisle légalement pas de pouvoir popu laire ni mème arislocratique et censitaire. Le gouvernement césarien des empereurs n'ad- met la nation a aucun degré dans ses conseils et dans sa politique. Cependant c'est mani- festement et de l'aveu de tous, la pression populaire et l'agitation panslaviste, c'est a- dire socialiste, qui a force le czar a décla- rer la guerre a la Porte, malgré lui en conlre sa volonlé exprimée formellemenl a diverses reprises. C'est encore cette mème puissance anonyme, et néanmoins réelle et formidable, qui sape maintenant Ie tröne des Romanoff et avec laquelle le pouvoir doit sérieusemenl compter. Oui, dira-t-on, mais les excès de l'usure juive en Russie ont, en ruinant les serfs éman- cipés, facilité la propagande nihiliste. En Belgiqueun lei danger n'est pas a craindre. C'est une grave illusion. Chez nous, il est vrai, Ie paysan et l'ouvrier ne sont pas écra- sés sous l'usure telle qu'elle existe en Russie. Mais le développemenl trop considérable de I'industrie, I'engouement qui, en surmenant la production bien au-dela des besoms de la consommation, a rendu les crises inévilables et a conduit a l'abaissement des salaires, ont atliré vers certains centres une grande par- tie de la population et ont ainsi préparé le champ off s'exerce Paction révolntionnaire. Nous traversons une crise industrielle sans exemple jusqu'ici, bien des ouvriers sont sans travail puree que beaucoup d'élablisse- ments industriels ne sont pas de taille a lutter contre l'anémie commerciale, et ceux qui trouvenl encore a s'occuper voient leurs sa laires se fondre a mesure que la crise menace davantage I'existence mème de I'industrie. Croit-on qu'il soit si difficile au socialisme de jeter dans les rues cette population iné- conlente et en grande parlie démoralisée par un enseignement corrupteur el par l'almos- phère immonde des grandes villes libérales? Nous disons des villes libérales, car, après tout, on aura beau dépeindre les socialistes comme des jésuiles habillés de rouge, ces fan laisies sont tropen dehors de la réalité pour résisler un instant a l'examen. Ce ne sont ni les campagnes flamandes ni les pro- vinces agricoles et calholiques de Namur qui sont atteinles de ce chancre, inais bien les citadelles du libéralisme, Gand, Anvers, Bruxelles, le Borinage, les bassins de Liége et de Charleroi, Verviers et sa banlieue. Oui, la situaion est grave et paree que le libéralisme affeete de fermer les yeux pour ne pas voir, elle n'en reste pas moins telle. Tout homme de bon sens voil que nous mar chons a un 1848, sinon a un 1871, el lout au moins au suffrage universel. Ce serail a yEloile moins qu'a personne, de prendre ces airs de pruderie qui ne trom- pent personne. Alliée de I'Internationale, n'est-ce pas elle qui a introduit le ciloyen Janson, républicain et socialiste, au Parle ment Beige? N'a-t-elle pas fait contre nous écho au Congrés de Gand? El les 3,000 élec- teurs de son protégé Janson, n'élaienl-ce pas, par hasard, des censitaires et des libéraux pardessus le marché? Et les électenrs gueux des Defuisseaux, des Demeur, des Lescarts et des 23 représentanls libéraux partisans déclarés du suffrage universel, ne sont-ils pas des censitaires? On voit done ce que vaut ia digue de yEloile, puisque, inème sans avoir élé renversée, elle laisse passer au-des- susde sa crète le suffrage universel, yinter- nationale et la République socialiste! MORALE 1NDÉPENDANTE. La presse libérale vienl de s'illustrer par un nouvel exploit qui élargit indéfinimenl les horizons déja bien vastes de la morale indé- pendante. C'est la Chronique,l'organe favori des faro- crales bruxellois et des commis-voyageurs en libéralisme, a qui revient l'honneur d'ou- vrir cette campagne en faveur d'une liberté éminemment libérale, mais que les« héros de 89» eux-mèmes n'avaient pas osé inscrireau nombre des® immortelles conquètes de l'es- prit moderne. 11 s'agil de la liberté de la débauehe publi- que. Certains quarliers de la capitale offraient rant, dans un loinlain faubourg, panserquel- que malade abandonné! La voie publique est faite pour les filles de joie Et voila les progrès libéraux, voila la civi lisation libérale peinte par elle-mème!.... Jugez-la, lecleur, par ses aspirations et par ses regrets! COUCOU LAURENT ET COUCOU GOBLET. Nous recevons par la posle un fascicule édité a Bruxelles, probablement par une Sociêlé évangéhque quelconque et inlilulé: te Protestantisme cl la Presse beige. Avant de inellre cette brochure au panier, tombeau habituel des productions de ce gen re, nousavons voulu y jeler un coup d'ceil et nous avons élé agreablemenl surpris d'y trotiver un désaveu hounèle el iudigné, mfli- gé a MM. Laurent, Goblet el a lous les ana- baptistesde contrebande de la Flandre libé rale el de la Revue de Belgique. Ces pharisiens ont désormais, de par l'é- crit qui nous occupe, une dénominalion offi- cielle fort heureusement empruntée a l'orni- thologie: ce sont les Coucous du protestan tisme. Voici comment s'exprime l'auleur de la brochure évangélique: Nous comprenons qu'on eüt élé fort aise de profiler des cadres d'une église existanle pour se consliluer, comme certain oiseau pond ses ceufs dans un nid qu'il na point construit. II faut y renoncer, el, si l'on veut introduire ce pretendu culte, le créer soi- mème de toules piéces, mellre la main a la pate, se constituer en consistoire, et, qui sait? peul-ètre méme monter en chaire et prononcer quelqu'un de ces prèches qui sont des conférences, le lout probablement en pure perte, dót le Conseil provincial du Brabant délourner, en faveur du culte li- gens-la trouvaient-ils de quoi tant rire, et quelles tigures de connaissance pouvaient leur représen- ter Tartufe, Orgon ou Cléante Assurément s'ils ont été lésés comme époux ou comme capitalistes cela ne s'est pas fait contre eux sous le manteau de la plété. Les larrons dont ils se plaignent ne liantaient point les églises, n'ont point surpris la conflance par l'ardeur dont au ciel ils poussaient leurs prières aucune religion n'a jamais été pour rien dans aucune des ccftnmandites oü ils ont pu laisser un brin de leur toisonN'importe Tartufe est leur ennemi. Ils ont lu, voila le mys- tére. Grace a la complicité de toute la littérature et de tout l'art qui se brassent pour eux, par Feffort combiné du journal, de la chanson, du roman, de la caricature, Tartufe est devenu un symbole. A leurs yeux, ce personnage quasi fan- tastique, maintenant introuvable sous l'habit dont Molière Fa affublé, et qui a complétement change de style, de masque et de peau, ce n'est pas l'im- posteur, c'est le chrétienc'est l'homme qui croit en Dien et qui priel'homme qui, s'étant donné les régies sévères de la justice, a cessé d'être ou n'a jamais été des leurs, et qui par cela même les géne. II est lidèle a sa femme, il va iidèlement a l'église, il fréquente son curé, il paye ce qu'il achète et il vend ce qu'il fait payer: Tartufe! Tar tufe et demi, si la popularité lui vient et si l'on voit que l'estime publique s'attache a luiCom ment ne serait-on pas heuureux de se venger d'un pareil homme Qui n'aimerait a se prouver que sa fatigante probité n'est que fard et grimace et son crédit le fruit de la fraude Qui ne trouve, au fond du cosur, un peu son compte a se persua der que ce croyant ne croit pas, et que sa vie austere est le calcul d'une hypocrisie ratFinée ou Terreur etle supplice d'une imbécilité parfaite? f.1 continuer). C'est le reglement édicté dans ce but qui excite les regrets émus de la Chronique. Ce règlement ne va-l-il pasenlevera Bru xelles un de ces aspects® qui donnenl aux grandes capitaies leur physionomic spécia- Ie? Ecoutez, lecleur, le développement de cette thése Si Ie boulevard Monlmartre a Paris, si Regent Street, a Londres, avaient la tranquil- lité pudique des rues de Turnhout ou la rno- deslie silencieuse des rues de Dixmude. Paris et Londres ressembleraienl a Dixmude el a Turnhout. Et alors, Paris et Londres paraitraient peut-èlre moins animés... II faut savoir choisir enlre deux maux. Généralement, on choisil le moindre; c'est la vieille école. L'édilité bruxelloise toujours avide de progrès, vienl d'édicter un règlement relalif a Tobjel qui nous préoccupe elle s'est mis en lêle de moraliser les rues de Bruxelles. C'est une idéé trés-rcspeclable. Seule- ment, les rues de Bruxelles, qui ne font déja point paiir, par leur tumulle enivrant et leur brouhaha joyeux,le boulevard de Paris ou le Haymark de Londres, les rues de Bruxel les en arriveront promptement, sous l'empire du règlement nouveau, a rassembler a celles de Bruges. Et puis, l'édilité bruxelloise dira aux com- mercants, pendant qu'elle vendra leur meu- bles sur la Grand'Placepour cause de con tributions non-payées II est bien extraordinaire que le monde des plaisirs ne vienne point dépenser sou argent a Bruxelles. Je moralise vos rues a tel point que le déserl s'y fait dés neuf heuresel demie; a minuit, on peut y as- sassiner en toute séenrité, protégé par une solitude ahsolue. El malgré cela, les viveurs de toute l'Europe ne se donnent point rendez vous a Bruxelles pour y faire ia noce. Voire commerce de luxe est mort de marasme. C'est a n'y rien comprendre!!! - Moi. je comprends très-bien. Et d'autres comprendront avec moi. Je lesouhaite, s'il en est temps enco re. Les reflexions sont superflues. Lorsqu'entre la prostitution effrontée et la tranquillilé pudique »des villes de provin ce, on choisit Ie vice comme un moindre mal. on donne lout a la fois la mesure de sou jugement et celle de son sens moral. Toutes les expressions que nous pourrions accuinuler ne flélriraient pas mieux la Chro nique que I'arlicle off elle se photographic elle-mème en se rangeant, ofliciellement et de plein gré, dans« la presse de trottoir. Nous ajoulerons seulement que les gail- lards qui detnandenl, an nom du« commerce deluxe» la libre circulation des cocottes, sont les premiers a s'offusquer s'ils reucon- trerit des petites Soeurs des Pauvres faisanl la collecte pour leurs vieillards. Arriéreaussi les filles de la Charilé, cou- le soirun aspect si répugnant et si scandaleux que l'édilité, si libérale qu'elle soit,® s'est bre-penseur et parfait protestant, quelques mis en tète de moraliser les rues de Bruxel- filets du Paclote budgélaire. les. Pour n'ètre pas trés évangélique, cette dernière insinuation n'en va pas moins droit a son but! Quant a nous, désintéressés dans ce débat, nous applaudissons néanmoins au vigoureux coup de bee qui chasse du nid calviniste Coucou-Laurent et Coucou-Goblel pour les envoyer... pondre ailleurs des libres-pen - seurs déguisés en huguenots. Ces deux oiseaux gueux vont perdre dans cette campagne pas mal de leurs plumes. Et c'est justice!... Lorsqu'on introduit dans la controverse religieuse les fourberies de Scapin, lorsqu'on se grime en protestant sans croire au protestantisme, lorsqu'on se prétend chrétien sans croire a N. S. Jésus- Christ et que, dans les rapports de Tame avec Dieu, on se monlre aussi sans sincérité et sans loyauté, c'est a bon droit qu'on re- cueille Ie mépris général, y compris les désaveux humiliants des protestants mêmes dont on recherchait l'alliance! La secle des Coucous est désormais offi- ciellement classée parmi les nombreuses va riétés du protestantisme; mais on peut dire aussi qu'elle est définitivemerit coulée. JESUITES Au moment off le mot d'ordrc des enne- mis de Ia religion et de la sociélé, dans leurs journaux comme dans leurs clubs et même au théalre, semble èire de plus en plus: Guerre aux Jésuiles! le nouveau livrede Paul Féval, inlilulé: Jésuiles.! arrive comme une frappante actualilé. Saisisanleet vraie comme hisloire, rapide el concluante comme polémique, cette oeuvre apporte au débat un élément plein d'a-propos. En voici un exlrait: Je veux écrire pour ceux qui n'ont pas encore fait leur siége, pour les jeunes geus, pour les geus du monde et aussi pour les frivoles comme moi, balancés, ainsi que je le fus trop longtemps, dans une irrésolution pleine d'indifférence entre Terreur qu'ils ne connaissent pas très-bien et la vérité qu'il ne leur imporle point de connailre. Je ne sais pas si je serai lu, mais je Tes- pére. Pour quelques-uns, mes mauvais livres d'autrefois serviront de passe-port a ce livre d'aujourd'hui, qui sera bon. Chez d'autres la malveillance vei 11 ern une curiosité, car cerlaines pauvres petites plumes m'accusent déja d'avoir risqué une spéculation en reve- nant a Dien... Et comme elles ont raison, Seigneur, ces plumettcs! Quelle immense fortune je me suis créée lout d'un coup en nfannihilant sous vos pieds! Mais je ne veux pas entonner ici le canlique d'actions de gra ces qui déborde de mon cceur. Ce serail long el je n'ai plus que quelques lignes pour 'ndiquer le but de mon travail. Je veux seu lement dire encore que celle inculpation dirigéc conlre mon lionneur est une aubai- ne: elle m'aménera des lecleurs. N'est-ce pas chose piquanle, en ellet. el amusante que de voir un galant homme se vaulrer, sur le lard, lom au fond de I'indus trie des hypocrites? Je compte sur cela, el je me hate, baitanl le petit fer de ces poi- gnards pendant qu'il esi chaud. Ce livre. a moins que Texécution n'en traduise la?pcnsée première, va ètrele pro jet largemenl dessiné de mon grand tableau: L Hisloire générale des Jésuiles, que j aché- verai si Dieu me prèle force el vie. J ai be- soin d'en fixer a i'avance les lignes princt- pales el d'en régler les perspectives. Ce sera une simple esquisse, jetéeau trait, ou, pour parler sans figure, un résu mé rapide, puisque tout liendra en un volu me, mais de cetie vue d'ensemble je comple pourlant faire saillir hors de leur plan cer tains fails principaux: ceux, précisémeni, qui ont servi surlout de thème aux calom- niateurs et qui sont comme la légende de la calomnie. Le point d'admiration qui marque mon litre est une promesse de donner quelque importance a la perpéluelle injure sous la quelle la haine, depuis trois cents ans, éera- se el tue quelquefois la Compagnie de Jésus qui ressuscite loujours; il m'a paru oppor- tun de choisir, parmi les crimes de ces éter- nels accusés, les plus éclatants pour les ex- poser sous une forme quasi-dramaliquc avant de porter Ie procés tout entier en appel. Je me souviens d'avoir iu dans Gioberli, trisie chrétien el piétre politique, une page écriteavec toute l'emphase d'Italie, mais élo quente el originalement pensée, off ce mor tel ennemi des Jésuiles compare ensemble, a la facon de Plutarque, Ignace et Loyola et Jules César. Gioberli donne I'avantage au fondaleur de la Compagnie de Jésus sur le fondateurdel'empire universel, tout uniment pour faire mieux ressortir la prétendue dé- cadence des fils d'lgnace en regard de la décadence trop vraie des héritiers de César. Je ne dirai rien du parallèleen lui-mè- me: je n'aime ni les anagrammes, ni les acrostiches, ni les paralléles. César élait un puissant soldat; il passa le Rubicon; je ne sais s'il fonda quelque chose; Brutus le tua:on a toujours tort d'assas- siner César ou toute autre créature humaine. Mais je sais que Ignace fonda une humble chose, gigantesque dés son berceau et qui a grandi a travers le temps an lieu de déchoir. Je sais que cette chose a conquis a Dieu pour loujours ou transitoirement les Indes, la Chine. TAmérique, des millions d'ames, des ceulaines de millions d'ames, que l'efforl judaïque des protestants et leur propagande commerciale ont replongé au fond de Ter reur, mais non pas toutes. Je sais que cette chose a été depuis trois siécles el est encore, en dépit de Telfort in cessant qui essaie de la briser, le plus puis sant des instruments d'éducation. Je sais que, dés Ie jour de son origine, cetle chose élail calomniée, comme au temps de Pasquier, comme au temps de Pascal, comme au lemps de Voltaire, comme au temps de Gioberli, comme au nólre et par les mèmes calomniaieurs, paree que TEgise de Jésus-Chrisl suscile aulour de sa pérenni- tè des haines nnplacables, des coléres enve- nimées, toujours les mèmes aussi. Je sais que notre pays, a Tépoque ou nous sommes, a deux besoins pressants, deux besoins de vie et de mort; besom d'ap- prendre Tobéissance qui gagne les bntailles; besom de rapprendre Dieu oublié, qui est la vicioire même. J'ai sous les yeux le livre d'or off lep, Einile Chauveau dénombre les enfants de Técole Saintè-Geneviève, morts a Tennemi dans nos derniers désastres. Eu egard au nombre total des éléves, le nombre des vic- tunes, des élus plutól, est vraiment et g|0. rieusement disproporlionné. Toul Ie monde Ta remarqué, et je suis heureux de Ie remar- quer après tout le monde. On dira: C'est le hasard. Non, i| n'y y a pas de hasard. Alors, c'est Ie bon- heur... Ah! certes, oui! el la grace de Dieu, mais soyez assurés que ces bonheurs- la ne sont point de ceux qu'il faille attendre dans son lil. Ils ne viennent qu'aux cceurs qui les chercheut. Je sais encore que si notre pays meurt, il inourra de ces deux maladies: l'ubsence de religion, Tabsence de discipline; et d'un troisiéme mal qui tient énergiquement aux deux aulres: Tabsence de dévouemeut. Nous sommes pratiquesel le dévoue meut n'est pas une affaire; nous sommes gais. imperlurbablemenl gais, jusqu'au fana tisme de l'eunui, et le dévouemeut, je vous l'affirme, n'amuserail personne parmi la co- hue arlequinée qui exhale la double asphy- xie du luxe el de la misère dans Télouffoir de nos halles a plaisirs. Je sais lout cela et c'est pour cela que je veux raconter Thistoire de ceux qui vivenl de religion par la discipline absolne, dans le dévouement absoln, essayanl de méritei ainsi ce grand bonheur et ce grand honneui de perdre mon nom dans le flot des haines qui passent en hurlant la gloire de ce litre, horreur des ennemis de Dieu paree qu'i contienl le nom de Dieu: JÉSUITES! L'Eglise de Jésus-Christ est une armée «dirigée par un pontife suprème, conduite par ses mille évèques, flanquée de ses cent ordres religieux, parmi lesquelsfigure.au premier rang cetle chose dont nous par- Ions, la fondalion de saint Ignace, la Compa gnie qui, née dans un siècle de luttes, a élé plus que lout autre, organisée pour le combat. La lutle est sa raison d'être, son mérite devant Dieu et sa signification dans Thisloi- re. Quelle lulle? la lulte de Taulorité contre la révolte, de la liberie conlre Toppression, de l'ordre conlre le désordre, du bien contre le mal: la vraie lutle, la grande, la seule. Ie sais, d'un autre cóté, que ceite lulte n'est ni moins générale ni moins désespérée aujourd'hui qu'au seiziéme siècle. Mainle- nante comme alors, ce n'est pas seulement I'Eglise, mais la sociélé tout entière qui est menacée, et cerles, s'il fallait aborder la com- paraison, nous trouverions notre lemps beaucoup plus malade au point de vue reli gieux, social el politique, que le lemps mè me de Lulher el de Calvin. Nous voyons se produire, en Belgique sous un ministère conservaleur un fai extraordinaire que nous n'eussious cru pos sible que sous la domination libérale nou voulons dire la concentration des force calholiques étroitement unies conlre Tennerr commun. Ce phénoméne a une double cause. Tout d'abord le gouvernement affecle de allures defensives jusqu'a l'irnmobililé n'agit ni ne réagit conlre Ie libéralisme il jeté I'ancre dans le lac du statu quo, et Ton peut lui faire un grief, c'est lout jus d'avoir trop laissé entamer la iibertè rel gieuse el les intéréts supérieurs qu'il ava pour mission de défendre. De leur cöté, les gueux, quoique en mini rite légale dans le pays, n'ont renonce aucune de leurs préterilions. lis font échec aux velléités répara!rices c gouvernement par le bruyanl. éclatde leu résistances et, dans les villes off ils sont I mail res, ils développant sans vergogne leu empiélements calculés,sans plus tenir coni| te des garanties de droit commun reconnu aux catholiques que si notre eharte de 18! n'exislail pas. C'est a raison de celle double circonslan que les catholiques, abandonnés pour am dire a leurs propres forces, eherehent a rèunir et a défendre eflicacement contre libéralisme leur liberté religieuse en génér et, en particulier, la liberté d'enseigneme plus specialemenl meuacee par nos gueux. Blus de sept ans se sont écoulés depuis qi les catholiques sont au pouvoir et jusqu présent, malgré Teffaeemenl souvent excess de la politique minislérielle, les libéraux sont pas encore parvenus a se résigner celle consequence parfaitemenl légitime régulière du jeu de nos libres institutions, lis atlaquent le ministère tantót par violence, tantót par un système persévéra de dènigreinent et d'injures. Bien plus: da les positions suballernes qu'ils ont réussi conserver ils redoublent d'injuslice cont les calholiques et ils semblent défier le po voir supérieur de sortir de sa longaniinité de réprimer leurs abus de pouvoir el d'i fluences. C'est sur le terrain de l'enseignement q celle situation sedessine avec le plus de pi cision. Les libéraux affichent plus haul q jamais le dessein d'absorber a leur pro Téducation publique el de Tériger en quelq sorle en ballerie dressée contre I'Eglise. Voila aussi pourquoi le développement ['instruction catholique et libre est el di demeurer le principal souci de nos amis

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 2