Dechamps ce slyle chalié ct nerveux dont il
a donné une preuve si remarquable dans
['éloquent travail qu'il publia en 1865 sous
letitrede Jules César. VEmpire jugè
par CEmpereur. M. Alph. Dechamps a pour
modéles poliliques, el je dirais volontiers
pour modéles littéraires, M. de Tocqueville
et Laboulaye. Sa prose est rapide et concise,
ni ambages ni arabesques inutiles. Elle rnar-
che vive et cristalline, altrayante et trahis-
sanl loujours une conviction non exempte de
passion qui plait et qui charme par la loyaulé
el la sincéritéde son accent.
MORALISONSMORALISONS
La Gazelle connait son mondeelle sail la
valeur inorale deses chalands. Comme I'igno-
ble Chroniqueelle affriande ses lecteurs aux
scandales et aux plus basses tmpiélés c'est
la raison d'êlrc de ces journaux qui comme
certains reptiles, nevivent que dans la fange.
Sachant que sans les theatres, oii le vice
s'élaledans toutc sa hideur, l'ceuvre de cor
ruption a laquelle s'est vouèe la mauvaise
presse ne progresserait pas assez rapidement,
ces feuillesorduriéres etéhonlées s'appliquent
avec une satanique ardeur a tailler de Ia ré
clame a grand orcheslre en faveur des pièces
les plus immorales et les plusobscènes repré-
sentèes dans les theatres de Bruxelles.
De crainte que le public mis a court
d'argenl par le crise actuelle s'abstienne
de fréquenter le théatre, cetteécole de mau-
vaises mceurs indispensable au libéralisme,
les torchons émoustillent de plus belle le
gout dépravé de leurs lecteurs en leur don-
nantdes comptes-rendus détaillés des scanda
les el des abominations que les histrions de
scènc.servenl depuis quelques semaines déja
aux quelques auditeurs trés clair-semés des
theatres bruxellois. Ce zéle libre-penseur est
justifié aussi par ce fait incontestable que le
théatre met en pratique, sur la scène, les
sauvages, les immondes théories préconisées
et défendues a outrance par la presse de
trottoir, organe altilré du libéralisme
Or, les theatres de premier crdre eux-
mémes soul descendus si bas que la Gazelle
apprécie ainsi une pièce jouée dans un des
theatres royaux de la capitale La farce
y prend quelquefois des proportions uri peu
risquées, que l'interprétation consciencieuse
et calme ne parvient pas loujours a sauver.
Comme on le voit la Gazelle voudrait
jusqu'a un certain point sauverles appa-
rences pour ne pasoffusquertrop les 11béraux
qui vont encore a la messe, sans doule.
Les aspirants aux prix de verlu,continue
la Gazelleferonl sagemenl de s'abstenir;
quelles moeurs, juste cicl Et dire que la
scène se passé en Belgique
II est évident que ces lignes feront sur le
plupart des lecteurs de torchon, l'effe! d'un
stimulant qui le poussera irrésistiblemenl a
aller voir la scandaleuse pièce dont il s'agit,
car mème parmi les hbéraux qui vont encore
a la messe, on chercherait vainement des
aspirants aux prix de vertu, et comme ceux-
ci ne lisent guére la Gazelle, l'avis donné
par cette feuillo est plutöl one pressante in
vitation a laquelle inalgré la nécessité de
faire des économies graces aux frères et
amis Emerique, T Kint el luin quanii les
libéraux mèmes les plus dó|ilumés se hale-
ront de se rendre.
Une personne, a mème d'ètre parfailement
renseignée, m'assure que les pochades, que
les vaudevilles, que les comédies, mis a l'é.
tude pour l'hiver prochain, dépassent en
immoralité, en lubricité, en grossiére impu-
deur lout ce qui a paru jusqu'a cejour. C'est
parail-il, par mol d'ordre émané des loges—
lesquelles constatenl que le libéralisme ne
recule pas assez vite vers l'abrulissement
c'est, disons nous par mot d'ordre venant
des loges que les pièces théatrales de cette
année doivent revètir un caractére bien ac-
centué d'impiété et de scandale.
En présence de cette situation, et puisque
Ie théatre est devenu l'auxiliaire nécessaire,
indispensable de la presse pourrie, pourcor-
rornpre le people, il imporlede signaler aux
families chrétiennes, eet ètat de chose.
LES INCONSEQUENCES LIBÉRALES.
Eire logique, c'est une préiention. trés-
souvent aflichée mais très-raremenl juslifiée,
en ce siècle qui, pour s'intituler l'ére de la
raison, n'est pas l'ére du raisonnemenl.
On pourrail mème, dire qu'on a rarement
rnoins raisonné, dans Ie sens élevé de ce mot,
qn'a l'époque oü nous vivons.Aussi qued'in-
cohérence dans les idéés et que d'inconsé-
quences dans la conduite!
Vérifions la justesse de ces réflexions el
appliquons-les a l'ennemi que nous avons
quotidiennemenl a comballre.
Cette expérience ne nous sera pas inutile
el peut-étre ouvrira-l-elle les yeux a quel-
que libéral lui-même.
Le libéralisme se proclame le parti de la
libre discussion, et son arme favorite est la
violence.
II pröne la liberté et on le voit partout
appuyer la centralisation et l'omnipotence
de l'Etat.
II a horreur de la contrainte et il réve l'o-
bligatoire en tout: instruction obligatoire,
service militaire obligatoire, sécularisalion
obligatoire, etc., etc.
II repousse au nom d'une faible minorilé
d'incrédules une religion d'Etal et il prétend
imposer a une grande majorité de croyants
l'irréligion d'Etat.
II exalte la neutraliléde l'Etat moderne et
partout il organise ou il cherche a susciter
des gouvernements de combat contre les
catholiques.
II rejelte l'infaillibilité du Pape et il affirme
l'infaillibililé de la loi.
II s'insurge contre les encycliques qui rap-
pellent aux sociélés la souveraineté de Dieu,
et il proclame lui-mème le Syllabus de l'a-
théisme social.
II s'emparede la fameuse devise: l'Eglise
libre dans l'Etat libre, el il fait consister
la liberté de l'Etat dans l'asservissemenl de
l'Eglise.
Ilsedéclare étrangcr aux questions reli-
gieuses, ct son dessein principal, sa raison
d'ètre est la guerre au catholicisme.
II s'affiche, d'autre part, liés-souvent com
me le parti du radicalisme pur, el, pour
mieux faire la guerre a l'Eglise, il s'enróle
sous la banniére d'un protestantisme batard
auquel il ne croil pas lui-même.
II respecte la liberté de conscience et il
fait ceruer par des garnissaires de la libre-
pensée le lil de mort de ses adeptes pour les
empècher de revenir librement a l'Eglise.
II accuse le clergé de pousser a la guerre
civile, et aux passions aveugles des masses
il donne lui-mème ce mol d'ordre: lecatho-
lique, c'est l'ennemi!
Eire libéral, disait-on autrefois, c'est ètre
généreux, et cependant, de l'aveu d'un jour
nal libéral, «tous les libéraux sont pingres.»
Le libéralisme, disait-on encore, c'est la
tolérance, et mille pari il ne sail mème étre
la justice.
II prétend ètre le champion du gouverne
ment représentalif et les grandes dates de
son hisloire, ses plus célébres succés polili
ques coincident, nolamment en Belgique,
avec des renversements séditieux de la ma
jorité parlementaire.
II pose en gardien incorruptible de la Con
stitution et il n'est guére de principes eon-
slilulionnels qu'il n'ait violés ou amoindris;
la Constitution elle-mème, il la 'traite de
grande duperie.
lldeinande la loyaulé des élections, et il
repousse les inoyens efficaces d'assurer la
sincéritè des lisles électorales.
II veut le droit commun, el sa préoccupa-
lion constante est d'en exclure les catholi
ques, nolamment les prèlres et les religieux.
II incrimine 1'indépendance des représen-
tanls, des magistrals, des fonctionnaires ca
tholiques, il est l'invenleur du mandat im
péralif, le docile cxéculeur du mol d'ordre
parli des Loges!
II s'appelle Ie parti des lumiéres, et son
élat-major délibére el agit dans l'ombre des
sociélés secréles.
II se glorifie d'ètre le parti national par
excellence, et il va chercher dans les |iays
oil fleuril le Kullurkampf des exemples bons
a imiter.
II proteste contre la peine de mort appli-
quée a des scélérats, mais u I excuse appii-
quée a des innocents.
II est implacable a I égard du prélre tom
bé mais repentant; il accueille a bras ouverts,
en Suisse et ailleurs, le prélre souillé et apos-
tat.
II est libre-pensée et la plus grande parlie
deses adeptes se compose de gens qui ne
pensent point!
II réclame 1.1 diffusion de I instruction et il
combat partout la liberté de l'enseignemenl
de peur qu'elle ne profile a l'Eglise.
II prèche l'épargue el il s'appuiesur Ie ca
baret.
II prétend éclairer le peuple et il le trom-
pe: le servir el il s'en sert.
II exalte la bienfaisance, et partout il place
l'obslacle d'un légalité jalouse enlre la main
lendue pour donner et la main ouverte pour
recevoir.
II se largue de comballre efficacemenl le
socialisme, et il affirme dans l'ordre moral
tous les principes de libre pensée comme de
libre jouissance dont Ie socialisme ne fail que
déduire les conséquences économiques.
En un mol, il se dit le remède il est la
maladie.
Avis aux gens sains qui veulent se préser
ver el aux gens malades qui veulent se gué-
rii
La semaine dernière plusieurs organes du
parti libéral ont trouvé trés-patriolique de
décrier les officiers généraux de l'armée
beige, sous prélexte que, dans les manoeu
vres qui ont en lieu récemment au camp de
Beverloo, des fautes ont èté comtnises, des
ordres ont été mal compris et mal exécutés;
et cela a suffi a ces journaux pour discrédiler
l'armée beige et ses chefs. Ainsi, on a lu
dans leurs colonnes:
Que des officiers supérieurs onl fait
preuve d'une incapacilé scandaleuse;
Qu'on croyait avoir sous la main d'ex
cellents manoeuvriers el qu'on n'u pas mème
des apprenlis mamvuvres;
Qu'au camp de Beverloo, c'elail un dés-
arroi general, etc., etc.
Le lieutenant général Lemaire, comman
dant supérieur du camp de Beverloo, a pro-
testé énergiquemenl contre ce délestable
langage, et il a très-bien fait. La période
de manoeuvres de cette année, a-l il du, a
produil ce qu'elle pouvait produire. Si elle
souiéve quelques critiques, c'est qu'on est
entre dans une voie nouvelle en laissanl une
grande initiative aux sous-ordres el que tous
les commencements sont dilïiciles.
Nous ne sommes pas compétents pour
discuter la question des manoeuvres en elle-
mêtne, et cette incompetence nous l'étendons
aux bétes d'encre libérales qui s'érigent
en slralégistes el en censeurs des hommes
du métier. Leur présoniption nous ferait
rires'il ne s'agissait pas ici de choses extrè-
metnent sérieuses.
Nous admettons pour 1111 moment que des
manoeuvres uieut été mal exécutées au camp
de Beverloo, et si cette hypothése est fondée,
les fautes comtnises n'auront échappé ni a
l'ceil observateur du Roi qui a suivi les exer-
cices de prés, ni aux officiers généraux qui
se trouvaienl au camp. De leurs observa
tions il sera inévilablemenl rendu el tenu
comple, et des mesures seronl prises pour
qua l'avenir ces fautes ne se reproduisent
plus. Dans de pareilles conditions il est im
possible qu elles se renouvellent, car en sem-
blable maliëre on ne saurait errer deux fois.
Dés lors, oüétail la nécessité dejeler cette
question, toute d'ordre intérieur, aux quatre
vents de la publicilé, d'insuller nos officiers
généraux, de faire accroire a l'étranger qu'ils
ne connaisseut pas leur metier et que noire
armee, conduite par eux, nc vaut rien?
La belle laelie que nos guenx ont entreprise
la, mais qu'ils n'en soient pas fiers, car c'est
un acte de mauvais citoyens qu'ils ont posé.
Au roste, est-ce chose si anorinale, si ex
traordinaire, que telle ou telle manoeuvre
manquee, telle ou telle erreur commisc? Les
généraux les plus expérimentés d'aulres pays
n'en commellent-ils pas? Notts nous souve-
nons avoir In, il y a une dizaine d'aunées,
des observations très-sérieuses faites par des
officiers francais sur des manoeuvres I'autives
de i'arntée prussienrte, el l'expérience a ce
pendant preuvé que eet le armee 11'a pas sou
égale en Europe.
Que des officiers francais aient retnpli la
mission qui leur avail été confiée, qu'ils aient
consigné dans des traités spéciaux leurs cri
tiques, cela est lout naturel et iIs ne pou-
vaient s'en dispenser; mais que des journa
listes, ignorants en maliëre militaire, sans
mission ou caractére official quelconque,
se meitent a discrédiler et les chefs de notre
armée ct l'armée elle méme; qu'ils déprécienl
des hommes a talent inconlestables; qu'ils
sémenl le découragement dans les rangs
inilitaires, la defiance dans le pays et le
mépris de notre armée au-dela des frontières,
voi.a ce que nous blamons, ce que nous flé-
trissons; pas un hotrime ayant le sentiment
de la dignité nationale, comprenant ses de
voirs civiques, qui se rende coupable d'un
fait aussi anti palriotique, aussi impolitique.
Du resto, nous ne croyons pas qu'il existe
un exemple d'actes aussi repréhensibl,:s;
l'Europe ne nous en a pas offert, et il n y a
chez nous que le parti de 1'élranger qui
puisse s'oubber a ce point.
Nous croyons intéressant de reprodnire
les observations suivantes de I'Union elles
donnent une idéé de la facon dont les roya-
listes francais euvisagenl la perspective d'une
alliance autrichienne sous l'impulsion de
l'Angleterre. Ajoutons cependant que, si tel
esi l'avis du parli de \'Union, les personnes
qui sont catholiques avanl tont, el mème
beaucoup de légimistes, sont moins hostiles
a l'idée soulevée par le cabinet britannique
II est malheurensemenl Irop vrai qu'il
existe une entente entre l'llalie et l'Allemagne
une alliance d'intérèts el d'ambilions que le
voyage de M. Crispi a Berlin a confirmée, en
dépitdes dementis officiels de M. Melegari.
Le ministre des affaires élrangéres italien a
bien pu dire a notre ambassadeur que cette
alliance èlait beaucoup moins avancée et
beaucoup plus incertaine que ne le voudrait
M. de Bismark il n'en est pas moins vrai
qu'un accord existe en prévision de compli
cations futures.
Cel accord est ancien déja. II a été conclu
en 1866, par lesconseils funestesde l'empe-
reur Napoléon III; il s'est cimenté en 1870,
a notre détriment, au milieu de nos désastres;
il s'est manifesté de nouveau a Constantinople
par faction commune de l'Italie el de l'Alle
magne en faveur de la Russie. La faule inepte
de la po'ilique impériale en 1866 pèse encore
lourdemenl sur nous.
II n'est pas élonnant que l'Angleterre, trés-
clairvoyante, inquiète de cette triple alliance
russo italio-allemande, cherche un conlre-
poids, el pour cela off're une alliance diplo
matique a I'Autriche et a la France. Cela est
dans la nature des choses; mais la réalisation,
pour nous du moins, est difficile.
On connait les raisons majeures qui nous
imposent, dans le conflit actuel et dans ceux
qui peuvenl surgir, la plus extréme réserve,
et nous espérons que notre gouvernement la
gardera. Nous ne ponvons conclure dalliance
qu'a la condition d'y trouver des garanties
formelles de force et de sécurilé.
Pour I'Autriche, la situation est aussi ex-
trêmement délicate, et I'aititude de son gou
vernement nous prouve qu'il lc comprend.
L'Autriche est isolée et pressée entre l'Alle
magne el l'Italie, qui penvent. d'un moment
a I'autre. la menacer dans son littoral de
I'Adriatique.
La fameuse alliance des trois ernpereurs
n'est pour elle qu'un ben de fer qui enchaine
sa liberté et la tient, malgré elle, dans la
dépendance de Berlin. Derrière la diplomatie
officielle, en dehors des protestations d'aint-
tie qu'on peut échanger dans les enlrevues
de Reischtadl et de Salzbourg, se trament
de sotirdes nienées qui rninent la monarchic
austro hongroise.
Le complot de Transylvanie a éclioué,
dira-l-on. Cela est vrai mais il révèle un
ét a l de choses fort grave, qui persisle lou
jours malgré l'activité de la police. II est
proové aiijonrd'hui qu'il a des ramifications
dans une moitié de la Hongrie el dans le
royaurne de Pologne el que si les agents su-
balternes, les homines de coup de main,
sont arrètés Jes fauteurs principaux du
mouvement contimienl leurs menées.
Or, quel est le but veritable de ce mouve
ment
Le premier objectif indiqué de cel'.e expe
dition de Risque-Tout élan I'mvasion de la
Roumunie pour couper les communications
de l'armée russe. Est-ce bien la ia vérilé
Nous en dotiIons.
Nous constatons que I'étal-major russe et
roumain ne s'est nullement effrayé, comme
s'il eta 11 prévenu d'avance, ou comme s'il
complait sur une autre intervention pour
conjurer le danger. Pas un corps n'a été
dèlaché pour surveiller la frontiére, [iour
défendie les defiles des Karpathes d'oü peut
venir I'mvasion. On s'en rapporto done, pour
prevenir le peril, a la police autrichienne.
Mais enfin cede action de la police irrite
profondement les Hongrois si favorables a la
cause des Turcs, si ulcérés depuis loiiglemps
contre la Russie. II y a dans ce conflit entre
les deux poliliques de Vienne et de Pesth
un commencement de rupture enlre les deux
monies de la monarchie austro hongroise.
Nous louchons peut étre la au but véritable
du complot.
Depuis longtemps un élément revolution-
naire mine I'Autriche el suscilea toule occa
sion des difficullés pour pousser a un conflit
avec la Hongrie. Le complot n'avait peut-étre
pas d autre but que d'accenluer encore da-
vantage les divisions entre les deux royau-
mes nnis, et de preparer une rupture, au
nom d'utic intervention en faveur des Turcs
demandée par les Hongrois. Si les comités
panslavisies rèvent la destruction de la Tur-
quie, d'aulres, en poussant a I'alliance avec
I'lslam, rèvent peut-étre le morcellemenl de
I'Autriche.
On voit que la situation du cabinet de
Vienne est presque aussi délicate que la
notre. On pressent en Autriche qu'une im-
mense conspiration est ourdic, derrière le
drame des événementspour remanier la
carle de l'Europe de fond en comble.
Nous ne savons ce qu'il y a de vrai dans la
nouvelle donnée par I'Assemblée nationale
nous croyons bien que l'Angleterre cherche
a nouer des alliances sur le continent en
prévision d une action commune dans |ts
affaires oricnlales, mais de la a une réussite
facile il y a loin.
Si c'est Ie rétablissemenl de la paix que
propose I'Angleti rre, nul doule que la France
el I Autriche nc lui prélenl leur concours
diplomatiquesi c estune intervention armée
au 110111 des intéréts britanniques, le succés
est plus douteux. La France tie peut rien et
ne veut rien en Orient. Quant a I'Autriche,
elle a plus que jamais a smvre une politique
do sagesse et de prudence.
BULLETIN POLITIQUE.
D'après les informations, transmises de
Vienne au Standard, le prince Gortschakoff'
serail d'avis de rouvrir les nègociations au
sujet des reformes a élablir en Bulgarie et
au sujet de la paix, aprés la prochaine atta
que de Plevna, quel qu'en soil Ie résullat.
Les journaux italiens s'occupent loujours
du voyage de M. Crispi et des nègociations
poursuivies enlre l'Allemagne el l'Italie. La
Nazione public lc projel d'un traité secret
d'alliance qui aurait été préparé enlre M. de
Bismark et M. Crispi.
D'aprés la Nazione, ce traité consislerail:
1° Dans I'envoi au printemps prochain,
par l'Italie, de deux cent mille hommes au
secotirs des Russés;
2° Elle recevrait comme compensation Ie
Trentin et quelques iles;
3° L'Allemagne prendrait la Hollande;
4° L'Autriche aurait de son cóté de trés-
larges compensations dans le démembrement
de l'Empire ottoman pour sa bienveillante
neutralité.
Enfin, a l'Angleterre, si elle von la it garder
sa neutralité, on donnerait l'Egypte.
Quant a la France, MM. Crispi et Bismark
voudraient son isolement.
II y a dans ce projel de traité une clause
qui nous ferait douter de sa réalité: c'est
cel le qui parie de I'envoi en Orient d'une
armée de 200,000 hommes. L'lialie n'est pas
en mesure, ni financiérement ni mililaire-
ment, d'envoyer sur le Danube un pareil
nonibrede soldats. En 1866, elle n'a pu mel-
tre en lignc a Cuslozza que 120,000 hom
mes, et, cette bataille perdue, elle n'a pu
reprendre la campagne. Comment, aujour-
d'hui, ses moyens lui permettraient ils d'cx-
pédier en Bulgarie ou en Albanië une armée
de deux cent mille hommes?
Cette réserve faile sur les termes mèmes
du traité, nous devons ajouler que l'entenle
enlre le Quirinal et Berlin ne nous pa rait que
Irop cerlaine, d'autant plus que nous en trou-
vons la confirmation dans une correspon
dence adressée au Journal des Dédtats.GOpi
nion e dit formelleinent qu'une alliance offen
sive el defensive est conclue entre l'Italie el
l'Allemagne dans un hut qu'on n'indique
pas, mais qu'on peul deviner.
Ce journal est plus prudent el plus politi
que que la Nazioneil affirme le fait mais il
segarde bien de publier les tenues d'un traité
qui est sans doule secret et qui peut ètre mé-
me n'est point encore rédigé. Deux autres
journaux, l'Italia et le Bersugliere. demen
ten! le fail, mais 1 Opintone mainlienl ses
affirmations.
II y a un accord, nous 11e pouvons en dou
ter; depuis longtemps on le soupconne, et
les indiserélions de certains journaux, jointes
au voyage de M. Crispi, Ie coufirmeul de plus
en plus. Seuiement, dans quel but est fade
cette alliance? Est-ce en vuedes événements
d'Orienl, ou en prévision de complications
occidentals? C'est ce qu'il nous est impossi-
ble de savoir. Aussi garderons-nous toujours
cei taines inquiéludes tant que la paix 11e sera
pas rélablie en Orient,
O11 trouvera plus loin le texle du nou
veau Manifeste du maréchal de Mao-Mahon.
Cest le résumé du discours bon et mauvais
de M. de Broglie.
Les gatiches du Sénat ont publié un coa
tte-manifeste, qualifiant les candidats officiels
et le Maréchal denuemis de la Républiqueet
Ie Manileste présidenliel de mensonge, et
engageanl les électeurs a voter pour les 363.
GUERRE D'OHIENT.
Constantinople, 11 nctobre.
Moukhtar pacha lélégraphia es date du
10 octobre
Hier pendant notre concentration a
Aladjadagh, des lorces russes considéraMes.
soutenues par 60 canons, ont tenlé de sin-
prendre le corps d'observation de Chefkei