f I 1 v;^i Mercredi 30 Janvier 1878. ^ik_ê 13e année. N° 1,261. LE SPECTRE NOIR. 2 <C r^OA 9 ,o I z z -c 70 z O 7; 7} O 50 O ZD CC h£> 5 -3 35 =2 tT3 cn rr o rü >- V* O 3T o Journal parail le Mercredi el le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne. Les réclames et annoncesjudieiaires se paient 30 centimes la ligtie. On traite d forfait pour .es insertions par année. Un numéro dn journal, pris au Bureau, 10 centimes Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, content 10 fr. les 100 exernplaires. 3' IS Eï m 5' IW 3S> K W R ES. Poperinghe- Ypres, 5-15, 7-00, 9-28, 11-00, 2-15, 5-05, 9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30, 9-07, 12-07, 3-57, 6-50, 8-45, 9-50. Pope- ringhe-Hazébrouck, 6-53, 12-25, 7-10. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-25, 4-00, 8-25. Ypres-Roulers, 7-50, 12-25, 6-30. Roulers-Ypres, 9-10, 1-50, 7-50. Roulers-Bruges, 8-45, 11-34, 1-15, 5-16, 7-20 (9-55 Thourout.) Bruges - Routers, 8-05, 12-45,5-05, 6-42. Thourout - Courtrai, 5-15 mat. Ypres-Gourtrai, 5-34, 9-46, 11-20, 2-35, 5-25. Gourtrai-Ypres, 8-08, 11-05, 2-56, 5-40, 8-49. Ypres-Thourout, 7-00, 12-06, 6-07, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langemarok'.) Thourout-Ypres, 9-00, 1-05, 7-45 (le Samedi a 6-20 du matin de Langemarck a Ypres). Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6-00, 12-00, 3-35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton- Comines, 7-25,2-00, 4-45. Gomines-Warnètoii, 8-45 mat. 9-30 soir, (le Lundi 6-30.) Warnêton-Gomines, 5 30, 11-10 (le Lundi 6-50.) Cominés-Belgique, Comines-France, Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7.27, 8,59,11,45,6,43,9,41.— I.ille, la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle, Comines-France, Gomines-Belgique, 6,13, 7,13, 10,35, 4,37, 8,15. Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, 4-40 6-37, 9-00 soir. (Thourout.)— Bruges-Courtrai, 8-05, 12-45, 5-05, 6-42. Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7-22, 11-27, 2-50, 7-35. (Bassin) 7-28, 11-33, 2-56, 7-41. Heyst-Blankenberghe-Bru- ges, 5-45, 8-,40 1-25, 5-30. Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41,2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58,11-20, 4-41. 7-21. Deynze-Ingelmunster, 12-00. Ingelmunster-Ansegnem, 6-05, 12-55,6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20,7-45. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7-10, 9-08, 1-35, 7-50. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-15, 11-05, 3-40, 5-00. Dixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-35. Nieuport-Dixmude, 7-15, 11-55, 4-20. Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-35, 10-10, 12-20, 6-15. Selzaete-Eecloo, 9-05,1,25, 9-03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05. ul-TerneUzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Auvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand 0-00, 10-30, 5-30. zaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-2o (leMardi, 10-00). Gand Selzaete com m BSPOWDAHTC15S. COURTRAI, BRUXELLES. Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35. Bruxelles cirr. 8,50 1,35 2,25 6,i0 8,54. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. Courtrai dép. 6,37 9-37 10,56 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,28 10,15 11,47 3,4'8 6,39 9,41. Lille 7,42 10-42 12,08 4,00 6,37 10,04. COURTRAI, GAND. Courtrai dép. 6-42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32. Gand arr. 8,01 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20. BRUGES, GAND, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47. Courtrai arr. 8,00 10,46 2,41 7,56 8,44. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille Tournai Courtrai dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10 i 5,42 8,56 11,32 2,40 5,20 8,50 li arr. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40 9,32 GAND, COURTRAI. Gand dép. 5,15 8,45 9.34 1,23 4,20 7,21. Courtrai arr. 0,37 9,37 10,50 2,54 5,34 8,47. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,2o 9,00 11,06 1,3a 3,02 o,5a o,01 8,10 8,20. Gand «.7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,33. Gand arr. 5,55 8,29 9,31 10,22 1,1 3,o9 4,11 i.i i /,02 9,19 10,26. Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,42. Bruges 7,15 9,23 10,at 11,20 2,38 5,01 8,3(5 KULTURKAMPF BELGE. Le nouveau reglement du bureau de bien faisance d'Ostende, siodieux qu'il soit, n'est, somrnc toute, qu'une application spéciale et logique de la maxime favorite du libéralis me: /'jE7a/, <f est nous; done, les ressour ces de l'Etat doivent être alïectées, exclusive- inent et par privilége, aux intéréts et a la propagande libérale. La maladresse des Gueux consisle a avoir choisi, cette fois, pour victimes de leur ex ploitation, des families pauvres el d'avoir ainsi révolté par leur intolérant fanatisme eet instinct naturel a l'homme qui le porie a sympathiser avec le malheur opprimé. II y a, en effet, quelque chose d'exorbitanl a refuser tout secuurs le mol est lex- tuel a des malheureux dont le seul crime est de préférer pour leurs enfants des écoies catholiques aux écoies officielles. Comme l'a fort bien dit, a la Chambre, M. le ministre des finances, ces violences sectaires sonl si odieuses que Popinion publique seule devrait suffire a faire reculer les implacables promo- leurs de cette perséeulion bureaucralique. Mais cel le reculade, en supposant qu'elle se produise, ne sera qu'un fail accidenlel. Le systètne génèral du libéralisme, c'esl-a-dire celte centralisation qui tend a absorber dans un mlérèt de parti les ressources pubhques, coniiiiuera loojours a subsisler. Ei pour un altos qu'on denoncc el qu'on tleirit, cornbieo d'autres qui s'incrusleront, pour ainsi dire, dans la pratique admunstra- live! II faut en effet reconnaïl'rece fait que les libéraux ont Part de s'emparer a leur profit de tons les ressorts gouvernementaux aux- quels ils peuvent meiire la main. M. Sarcey ne voit pas sans inquietude l'exis- tenco et le' développemeut des ordres religieux. II médite de les expulser ou de les faire dispa- raitre d'une facon quelconque, car oil peut être certain que sur ce point M. Sarcey est compléte- ment dégagé de scrupules. Le moyen le plus efficace sera le meilleur. Sous la revolution fran- caise les Sarcey du temps clépouillèrent les religieux, en tuèrent le plus qu'ils parent et chassèrent les autres. Pour le moment, le XIX" Siècle ne propose pas l'emploi simultané de tous ces moyens. Le vol, l'assassipat et le banissement d'honnêtes citoyens, e'est drop a la fois. II faut procéder avec ordre- et métliode. On se conten- terait.jusqu'a des temps meilleurs dune simple confiscation. M. Sarcey s'y emploie de son mieux; 11 rappelle qu'en mars dernier la précédente Chambre des deputes a décidé qu'il serait lait un inventaire des biens possédés par les ordres religieux. En effet, un inventaire ne doit-il pas préceder toute liquidation On constatera que les congié- gations possèdent tant d'immeubles, pouvaiit être estimés a tant. On trouvera ce cliiilre très- Eu France comme en Belgiquc les journaux libres-pen- seurs ont mis a l'ordre du jour des discussions publiques ja question de la main-morte monacale. C est le bon homme Sarcey, un des impresaru du thebtre Guignol de la badau- derie libérale qui s'est charge de faire manceuvrer le fameux speclre noir. Ce jeu de mariounettes inspired 1 Univers un excellent article doet le lecteur fera aisément l'application a noire pays. La bureaucratic esl ainsi devenue tine de leurs grandes forces el un de leurs princi palis points d'appui et ils coniinnent a s'en servir mème lorsqu'ils cessent d'ètre la ma- jorilé légale. Dans la plupart de nos grandes villes, les bureaux dépendant des administrations com- munales sont devenus puremeht et simple- ment des officines de libéralisme. Depuis quelqties années, le service de la bienfaisance publique a subi la mème trans formation. el ce fait correspond a revolution qui s'est produite au sein du parti liberal, dans le sens d'une hostilité plus francbe el plus radicale conlre I'Eglise caiholique, Aussi longtemps, eri effet, qu'il ne s'agis- sait pour Ie libéralisme bureaucralique que de inénager des influences électorales on de gagner de notivelles recrues, il élait assez inutile d'agir sur la clienlèle de l'assistance publique. Les pauvres secourus par les bu reaux de bienfaisance ne sont ni électeurs, ni en train de le devenir. Mais, depnis que Ie libéralisme avoue son but d'arracher des arnes a I'Eglise, depuis surtout qu'il travaille, parlous les moyens en son pouvoir, a réaliser ce but infernal, la bienfaisance officielle est devenue, el le aussi, une arme au service du libéralisme militant. Ceüe arme est mème d'autant plus efficace el plus terrible qu'elle se manie discrèle- njent, dans une sphére qui parait, au pre mier abord, élrangére a nos Intles publi ques. el qu'elle frapue des malheureux moins capables de se défendre. Aussi, depuis quelques années, les maitres des pauvres sonl-iIs, dans les villes libérales, avec soin, triés sur le volet Cene sont pas seulement des distributeurs dp secours, ce sont aussi, ct avarit tout, des agents de pro pagande gueuse el ils ont mille moyens, plus odieux les tins que les a'ulres, de combatlre les senlimenls religieux, restés encore si vivaces an sein de nos populations. Pour quoi ces images pieuses ornent-elles le foyer de la familie? Pourquoi ne pas iravailler le Diinanche? Pourquoi les enfanls snivent-ils Ie caiéchisme et l'école dominicale au lieu d'assisler aux conférences données sous les auspices de quelque sociélé gueuse? Les pourquoi n'en finissent pas el, au boul de loules ces questions, se trouve une promes se, si on cède aux suggestions de I'agenl gueux, ou une menace, si on a l'air dene pas les suivre avec un empressemenl assez docile. L'odieux règlementdu bureau de bienfai sance d'Oslende n'est, nous le répèlons, qu'une application isolée de ce sysleme; mais la méme oil ('intolerance gueuse ne s'afftclie pas avec auiant de franchise, la contrainte scolaire est praliquée au profil de I'enseignemcnt offieiel el libéral. Tous ceux qui s'occupent de charilé peuvent, journel- lemenl pour ainsi dire, constater le fail. f a bienfaisance publique est done ainsi délournée, non-seulemenl du but voulu par ceux qui lui ont créé son patrimoine, mais elles'écarle complétement de la mission que lui assignenl nos lois. Elle cesse d'ètre line institution d'ulililé. générale pour devenir une exploitation el un abus. Or, comme ce sont avant lout les catholiques qui sonl vic times de celie exploitation et dupes de eel abus, il n'esl que juste que leur altitude a l'égard de la prétendue bienfaisance publi que exprime les sentiments qu'une telle silnation doit natureilemenl leur inspirer. élevé, beaucouptrop élevé: on dira qu'avec cette raleur on pourrait construire beaucoup de salles de danse ou d'opéranourrir sans rien faire beaucoup de républicains qui n'aiment pas a travailler, batir de vastes prisons destinées aux enriemis de la Répubüque; bref; que les biens du clergé régulier font courir le plus grand danger a la fortune publique et qu'il faut aviser. Ceux i qui le diront n'en croiront rien, mais cela ne les empèchera pas d'aviser, comme avisaient Car touche Mandrain et Robespierre. Car enfin quand on vent voler un homme, quel besoin a-t-on de croire qu'il est malhonnêteII sufiit de savoir qu'il est riche. En effet, M. Sarcey n'articule contre les ordres religieux aucune accusation particuliere il leur reproche seulement d'exister et même de pros- pérer, ce qui est, en vórité, fort criminel de la part des gens de bien. Du temps de la Fontaine, les loups reprochaient aux agneaux de troubler l'eau oil les loups allaient se désaltérer. Honnê- tes vieux animaux, pleins de scrupules Les loups de notre temps sont plus civilisésquand ils veulent manger un agneau, ils ne l'accusent que d'une seule chosed'ètre gras. Telle est la morale de M. Sarcey, qui donne a son article ce titre appétissantIts font leur pelote. D'abord, si e'est un si grand crime de faire sa pelote, il faut remarquer que les religieux no sont pas les seuls coupables, en supposant qu'ils le soient. Nous connaissons beaucoup de républicains et des pins famés, auxquels on pourrait reprocher d'avoir fait leur pelote, et mème fort rapidement. M. Sarcey lui-même ne fait-il pas sa pelote Nous le voyons au XIX Siècle, oil il mange tous les jours du prctre a beaux deniers comptants; au Temps, oü il parle des theatres, moyennant finance; dans des salles de conférences, oü il pérore a tort et a travers pour de l'argent. II se fourre partout, et partqut il est eqnuyeux: pelote fade, quoique enragée. Voyons mamtenant comment les ordres reli gieux font leur pelote. M. Sarcey formule son premier grief en disant qu'ils privent le Trésor des droits de mutation. Avant dit cela, M. Sarcey, comme effrayé de la betise qu'il vient de lancer, ajoute pour s'excuser Ce n'est la qu'une raison fiscale. Fiscale ou non, la raison doit être raisonnable et nous allons montrer a M. Sarcey que la sienne nl'est pas. On peut diviser les ordres religieux en deux categories ceux qui ont la personnalité civile et ceux qui ne Tont pas. Les premiers possèdent leurs bien en vertu de leur droit propre, sous le nom de leur personnalité civile. Les biens ainsi possédés payent au Trésor tous les impóts de droit comnnin ètablis sur les biens des particu- liers, plus une taxe spéciale dite taxe de main- morte. Une note de la Défense, que nous avons repro- duite, indiquait la nature de cette taxe par des chiffres aussi exacts qu'éloquents. Les ordres religieux qui n'ont pas la person nalité civile, et ce sont les plus nombreux, ne possèdent rien par eux-mêmes. La propriété des biens qui sont a leur usage repose sur la tète d'un particulier ou d'un religieux responsable vis-a-vis de l'Etat de toutes les charges de la propriété. Au point de vue des impóts fonciers, ces inimeubles sont assujettis a tous les droits, taxes, perceptions de quelque nature que ce soit, dont ils seraient passibles en d'autres mains. Les propriétaires de ces biens sont pour le trésor II n'est done pas élonnantde les voir porter ailieurs leurs offrnndes et de les voir anssi refuser de participera toute oeuvre de phi lanthropic officielle. La logique inchque celle ligne de conclude ei, du train d'ou vont les choses, a Ostende, par exemple, la con science finira par interdire fine coopération qui deviendrail de la simplicité. A ce point de vue, il n'esl pas mauvais que le reglement Van Iseghem ait vu lejour et surtoul qu'il ait fait l'objel d'un solennel débat parlementaire, grace a ['interpellation adressée au gouvernement par l'honorable M. Cruyl. Les esprits les plus enclins a Poptimisrne doivent voir clair mainVena'nt el peuvent se convaincre que la bienfaisance officielle est souvent aussi pen bienfaisante que le libéra lisme est pen ami de la vraie liberlé. Nos bu- reaucratcs de l'assistance publique justifient trop bien le mot do Chateaubriand: La phi lanthropic n'est que la latisse rnonnaie de la chariié. ENCORE LES VENGEÜRS DE LA MORALE. C'est hier que M. Frère Orban a dévelop- pé devant la Chambre un projet de loi dü son initiative et concu en ces lermes Les condamnés pour crimes, ou crimes j> correctionnalisés; les condamnés pour vols, escroqueries, alms de confiance ou pour attentats a la pudeur, ne pourront jouir ui d'un traitemeni, ni d'une subvention quel- conque a charge de l'Etat, de la province ou de la commune, ni d'une administra- lion publique. Le bul de cetle proposition est suffisam- menl determine par les circonstances qui ont aussi productifs que les autres, et même, au point de vue du droit de mutation, ils sont beau coup plus productifs, comme nous allons le voir. Oil sait que les droits de mutation sont bien différents suivant le degró de parente de l'héri- tier avec le de cujus. Ces droits varient depuis un pour cent environ, si l'héritage va du père au fils, jusqu'a dix pour cent en chiffres ronds si aucun degré de parenté n'existe entre le testateur et son légataire. Or, si Ton considère Ténsemble des biens possédés par les particüliers, on re- marquera que la plus grande partie se transmet du père aux enfants, et par conséquent acquitte le minimum des droits, droits qui sont encore réduits de moitié lorsque la mutation s'opóre par contrat de mariage. Quand il s'agit des biens possédés par les or dres religieux, il en est tout autrement. Ces biens ne se transmettent évidemment jamais de père en fils et jamais par contrat de mariage. Le tes tateur et son héritier sont toujours étrangers l'un a l'autre. Ils paient done toujours le maxi mum des droits, e'est-a-dire, dix pour cent, au lieu de un pour cent si l'héritage se transmettait dans une ligne directe de filiation. Déja la diffe rence est a noter. Mais il y a plus. Les biens possédés dans les families sont sou vent dévolus a des mineurs, a des enfants du plus bas age; dans ce cas, un immeuble peut être possédé par ia mème personne pendant soixante- dixquatre-vingts anset même davantage. Pendant tout ce temps le Trésor n'a a percevoir aucun droit de mutation. Les biens qui appar- tiennent aux religieux se transmettent au con traire toujours a des personnes adultes, tout au moins en pleine maturitó, sinon avancées en age, d'oü il suit que les mutations se renouvellent amené M. Frére-Orban a user, en celle occa sion, de celle initiative parlementaire. Un prètre, condamné pour des actes con- traires a la morale, a élé, plusieurs années aprés sa condemnation, placé par Mgr l'évè- que dcNamur a la lèle d'une modeste cure du Luxembourg. Celle nomination, snivie bienlöl d'une de mission volontaire, a en lieu dans des cir Constances et a la suite de soilicitalions laï- t]ues que nous ne voulons tpie menlionner ici. Notre intention esl d'èlever le débat a la hauteur d'une question de principe el de le dégager absolument de la question de personne. Toujours est-il que le fail unique auquel nous faisons allusion, mèeliammcnt exploité et grossi par la presse libérale, a fourni a M. Frére-Orban Ie prétexle du projet de loi dont il went de saisir la Chambre. Nous disons le prétexlecar nul ne saurait, de bonne foi, erivisager comme le vengeur de la morale outrngée leparii <pii a réélu Ié sieur Fontainus, adult ére et nieurlrier, com me inembre du comité central de l'Associa- lion libérale de Bruxelles. Nous diroris plus, et ee fail est plus lopi- qtie encore: les prètres tarés. immoraux, flétris par la justice sonl précisémenl ceux que le libéralisme choisit et e.xpédie de toutes paris pour en faire, en Suisse, les fondateurs el les apólres du calholicisme liberal. II ne s'agit done, dans le débat qui va s'en- gager a la Chambre, ni de venger la moralité publique méeonnue.ni de prolester conlreles prétendues connivences de l'épiscopat avec des prètres frappés par la justice. Cha- cun sail bien que si le prètre dont il est question, au lieu de prendre la voie dn re- beaucoup plus fróquemrnent. En admottant, ce qui n'a rien d'exagéré, que ces mutations se présentent deux fois plus sou- vent que si Timmeuble était possédé par les i générations successives d'une familie naturelle, comme déja nous avons une difference de un a dix par rapport a l'élévation du droit lui-même j de mutation, nous sommes en droit de conclure qu'un immeuble possédé par une congrégation religieuse non reconnue comme i;ersonne civile rapporte a l'Etat vingt fois plus que s'il était la propriété d'une lamille. Vingt fois plus Etes- I vous satisfait, monsieur Sarcey Second griel formulé contre les coi%régation s religieuees j "Une congrégation ne peut %'annexer un heri tage ou une donation qu'après décision conforme du conseil d'Etat. II est assez rare que le conseil d'Etat, tel qu'il est composé a cette heure, la refuse. Peut-ètre y mettrait-il plus de faconS si une enquête, rigoureusement poursuivie, lui avait mis praalablement sous les yeux le ehiffre des propriétés déja possédées dans le même département par les corporations religieuses. S'annexeu! Le mot est un peu louche. Nous avons connu dans ee siècle bien des annexions, toujours anticléricales, qui font peu d'honneur a la délicatesse, pour ne pas dire plus, des anne- xants. On s'est annexe des ministères, des préfectu- res, des trónes, des provinces, des millions des tines a la défense nationale, nous n'avons pas entendu dire que ce soient les congregations religieuses qui en aient profité. Que M. Sarcey garde done pour lui et les siens l'expression d 'annexer. Avec la signification historique qu'elle a acqui-

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1878 | | pagina 1