m
L'hisloire des mouvemenls révolulionnai-
res qui out forcé ie Saint-Père a s'enfuir de
Rome, esl connue de toul le monde.
Les circonstances de sa fuile sont inléres-
santes a relire
Pie IX hésilait, lorsqu'un incident oü ii
crul voir un averli^emenl du ciel. vint fixer
ses résolulions. Dans Ia soiree du 22 Novem-
bre, un papuei lui parvinl, avec la lettre
suivante de Mgr Chaitrousse, évèque de Va
lence en Dauphiné
Trés Saint-Père,
Pendant les pérégrinalions de son exil
en France, el surloul a Valence, oü il est
mort, et oü reposent son cceur et ses en-
trailles, le grand Pie VI porlait la Trés
Sainle Eucharistie suspendne sur la poitri-
ne ou sur cel le des prélals domestiques qui
étaieut dans sa voilure. II puisail dans cel
augusle sacrement une lumière pour sa
conduite, une force pour ses souffrances,
une consolation pour ses douleurs, en at-
tendanl qu'il y trouvat Ie viatique pour
son éternité.
Je suis possesseur d'une maniére cer-
i> taine et authentique de la pyxide qui ser-
vaila un si religieux, si touchant, si mé-
morable usage; j'ose en faire hommage a
Voire Sainlelé. Héritierdu nom, du siége,
des vertus, du courage, et presque des
tribulations du grand Pie VI, vousallache-
rez peul-élre quelque prix a celle modeste
et intéressante reliquequi, je l'espère ne
recevra pas la mème destination. Cepen-
dant, qui connait les desseins de Dieu,
jo dans les épreuves que sa Providence ména-
ge a Votre Sainteté?... Je prie pour Elle
avec amour el foi.
Je laisse la pyxide dans le petit sac de
soie qui la conlenait, et qui servait a Pie
VI; il est absolumentdans Ie mèmeétat que
lorsqu'il étail susperidu a la poitrine de
l'immortel Ponlife.
Je garde un précieux souvenir et une
pi ofonde reconnaissance des bonlés de Vo-
tre Sainlelé, a l'époque de mon voyage a
Rome l'année dernière. Daignez encore y
ajouler votre bénédiction apostolique; je
l'atlendsprosterné vos pieds.
Pie IX considéra longteinps la précieuse
relique, puis la baisant avec larmes, il la
suspendit pieusement a son cou, s'abaridon-
na a la Providence, et se résigna a la vie
errante de Pie VI.
Restait unedifficulté, et non la moindre.
Comment tromper la surveillance jalouse qui
le gardait a vue? Une Francaise, la comlesse
deSpaur, femme du ministre plénipotentiai-
re de Baviére, eul le courage de l'essayer.
Elle concerts l'entreprise avec son mari et
rambassadeur de France.
Dans la soiréedu 24, l'ambassadeur ar-
rivait au Quiriual en grand équipage précédé
de coureurs et de torches. Introduit auprés
du Saint Pére comine pour une réception
solennelle, il aida celui-ci a quitter ses vèle-
menls blancs pourun costumede prélre ordi
naire, lui couvrit lesyeux d'épaisses lunettes,
lui mil sur les épaules un large manteau et
le fit échapper, par une porte dérobeé, a
travers les longs corridors du Conclave.
Pour lui, resté seul dans le cabinet de Pie IX,
il affeclait de lire a haute voix el de parler
avec animation, comine on lait dans une
discussion qui s'éehaui'fe. Les geöliers du
Pape furent dupes de ce manége; ils ne pri-
renl point garde que, dans ia préteudue
discussion, ils entendaient toujours la mème
voix. Enfin le due d'Hai court, qui avail eu
som de baisser graduelleinenl le ton, sorlit
doucement de la chambre, annonca aux
gardes que Pie IX venait de se meltre au lit,
et regagnanl le pal ais de fambassade, passa
de sa voiture de gala dans une chaise de
posle pour rejoindre le fugilif.
Celui-ci, pendant ce temps, était arrivé
en compagnie d'un seul serviteur, a la porie
isolée des Qua/re Fontaines. La, une voiture
l'attendail. Des soldats lui adresséren! quel-
ques mots saus le reconnailre, et le laisserent
passer. Adieu, monsieur l'abbé, lui dit a
haute voix son doiriestique, en I installant
seul dans la voiture el en refermaul la por-
nére, el les chevaux conduits par le comie
de Spaur, l'entrainérenl au galop dans la
direction d'Albano, oü la comtesse de Spaur,
qui avail quitté Rome quelques lieures au
paravaut dans une berline de voyage attelee
de quatre chevaux de posle, les rencoulra
dans la vallée d'Aricia. Au moment oü iIs la
rejoignirenl, une patrouille de cmq carabi-
niers vint a passer et s'ariéta jusienienl pour
les regarder. La comtesse, comprenaul le
danger, cria aussilöt, en s'adressaul a Pie IX:
Esl-ce vous, monsieur le docieur vous
vous èles bien fait allendre Les carabi-
niers laissèrent monter le Pape. lis aidérent
mème a relever le marchepied. Le Saint Pére
pril place au fond de la berime, a cöléde la
comtesse; le jeune Maximilien de Spaur s'in-
stalla en face de lui; une femme de chambre
monla sur le devant auprés du cocher le
comie, avec sou chasseur, lous deux bien
ar més, se mirent sur le siége de derrière, et
la berime s'élanca du cóte de Terracme.
On n'entendait que le bruit des roues;
le respect fermail la bouche aux compa
gnons de Pie IX. Celui-ci rompil Ie premier
le silence el dit, comme pour répondre a ia
pensee de tous Soyez tranquilles, Dieu
est avec nous, je porte sur moi le trés-Saint
Sacrement.
A Fondi, pendant qu'on relayait, un des
postillons dit a sou camaradeRegarde
done eet abbé, comme il ressemble au por
trait du Pape que nous avons chez nous.
Pie IX songea a Louis XVI arrèté a Montmédy
en des circonstances lout a fait semblables
mais Ie postilion n'insista point et parla
d'aulre chose.
Pendant loute la route, raconte Mme de
Spaur, le Saint Pére ne cessa de prier pour
ses persécuteurs. En sortant de Terracine, il
me pria de I'avertir quarid nousserions a la
frontiére de l'Etat romain et du royaumede
Naples. Lorsqu'il eut enlendu de ma bouche
ces mots Saint Pére, nous y sommes
il versa des larines el récita le Te Deutn.
Cependant le comte de Spaur arrivait a
Naples, au palais de la nonciature. Le nonce,
Mgr Garibaldi, qui avail passé la soirée chez
un ami, venail de rentrer. Le comie lui de-
manda de Ie présenter sur le champ au roi
de Naples mais le nonce objecla qu'il était
minuil, qu'a celte beure avancée Ie roi serail
couché sans donte. Alors le comte montra le
pli cacheté aux armes pontificales a I'adresse
du roi
Reconnaissez-vous celte écrilnre et
ce sceau C'est l'écriture et le sceau de
Sa Sainlelé. Oui, Monseigneur, el il faut
que je remelle celle lettre moi-même el
lout de suite. Nous irons demain au
point du jour, répliqua le nonce. Mon-
seigneur, dit le comte, j'ai des ordres for-
mels, et je dois les remplir coüte que coüte.
Au nom de Sa Sainteté, voulez-vous, oui
ou non, me conduire chez le roi
Devant une pareille insislance, le nonce
comprit qu'il s'agissail d'une mission vrai-
ment urgente. Le roi, prévenu, recut imnié-
diatemenl Ie ministre de Baviére, qui, toul
en s'excusant de se présenter si lard, lui re-
met la lettre de Pie IX. Aprés I'avoir lue,
Ferdinand II embrassa le comte et lui dit
Revenez dans six heures, ma réponse sera
prèle. Et quand, six heures aprés, le comie
vinl chercher celte réponse, Ie roi lui dit
Nous allons la porter ensemble.
II avait passé la nuit a faire tout prepa
rer pour Ie départ. Aucun détail ne lui avait
paru indigne; il avait veillé lui-mème a ce
qu'on remplit de linge plusieurs malles, a ce
qu'on se munit de drap blanc pour des sou-
lanes, a ce qu'on emportat la plus belle vais-
selle el les plus belles garnitures d'apparte-
ment. En mème temps on chauffail, par son
ordre, deux frégates a vapeur, Ie Tuncrède
et le Robertet l'on y embarquait deux ba-
laillons de troupes. A six heures, il monta
lui-mème sur le Tuncrède, accoinpagné de
la Reine et de toule sa familie, du ministre
de Baviére et d'une suite nombreuse, et les
canons des forts annoncérent le départ.
Le due d'Harcourl abordail a Gaëte sur
une frégate francaise presque en mème
temps que la flotlille napolitaine. II vinl
saluer le roi sur le rivage et, pour ne pas
trahir encore l'incognilo du Pape, il fut con
vene qu'on se rencontrerait tous au palais du
gouverneur. Pie IX, averli, s'y rendit de son
cólé.
Ferdinand II ne put reteriir ses larmes
quand il vit paraitre le chef presque seul, un
baton a la main, mais toujours doux, calme
et souriant sous son Iricorne noir, comme
sous la triple couronne. La Reine se iriit a
genoux sur l'escalier avec ses enfants toule
la cour l'imita, et ils ne se relevérenl qu'a-
prés avoir recu la bénédiction de l'höte vé-
néré que le ciel leur envoyait.
Le roi mit toule son éloquence a faire
agréer de Pie IX l'hospitalité de Gaëte, séjour
tranquille el sür, voisin de la frontiére ro-
main£,au milieu d'un rocher formidahlement,
armé. II lui céda son palais. Lui-mème, avec
la familie royale, s'installa dans une maison
peu éloignée, d'oü cliaque jour il venail. le
visiter et souper en compagnie de la Reine
et de ses enfants a la table pontificale. II fut
également plein de prévenances pour les
cardinaux et aulres personnes de la petite
cour romainequi, pen a peu, rejoignaient le
Pape. Sa générosité pourvut aux besoms de
tous, avec empressement, avec allégresse.
En un mot, ce pieux souveram, quoique l'un
des moindres de l'Europe, se conduisil en
grand Roi.
On télégrapliie de Rome a la Defense:
12 Février, midi.
Je puis vous affirmer qu'une majorité ést
parfaitement dessmée au conclave quidécidé-
ment se liendra au Vatican, aprés un vote
presque unanime el se réunira aprés los
obsèques de Pie IX, le 18 Février au soir,
pour les cérémonies d'usage. Dés le lende-
mam matin on procédera auscrutin.
L'affluence est énorme a Saint-Pierre. Tou-
tes les foules se ressemblent, dil-on, par le
mélange des bons el des mauvais instincts;
mais, ce qui domine dans la plèbe romame,
c'esl la vénération et l'amour du grand Pape
qu'elle a train. On lui rend presque un
culte.
M. le baron Baude est, dit-ou, chargé ofli-
cieusement de'négocier avec le gouverne
ment italieu au sujet de la présenceaux fu-
nérai!les du Roi el des grands corps de
l'Etat.
On croit qu'il réussira a ne compromeltre
aucun principe et a n'engager nullement le
Saint Siége dans une reconnaissance plus ou
iuoiiis deguisee du fait accompli, ce qui se
rail une enorme faule a lous points de vue,
el mème au point de vue politique. On croit
génèralement ici que la cour se prétera a la
négocialion, saus exiger, non plus, que les
questions de principes soient engagées a
propos de questions de convenance recipro
que.
Tout ce que racontent les feuilles gouver-
nemenlales des luttes au sein du Sacré-Collé-
ge est de la pure fantaisie. Nous avons
appris avec douleur que S. Em. Mgr Brossais
Saint Marc ne pourrail se rendre, el que le
nombre des cardinaux francais ne serail pas
complet.
Voici comment procèdent les trois cardi
naux chargés inlérimairemenl du pouvoir
exécutif pontifical: chacun d'eux tient con-
seil successivement un jour sur trois, assislé
de deux cardinaux clioisis a tour de röle.
On croit que les opéralions du conclave
ne dureront pas quaranle-huil heures, mal-
gré les difficultés qu'il faudra résoudre.
L'Autriche, parmi les tjualre puissances
catholiqnes auxquelles apparlicnl Ie veto,
pourrail seule se disposer a se prévaloir de
son droit. Mais il est probable qu'elle n'aura
pas lieu d'en faire usage. On dit aussi que la
Prusse seservirail du veto du Portugal pour
inlervenir. Mais rien n'est moins probable.
SACRÉ COLLÉGE.
Voici ce qu'on peut dire aujourd'hni de la
composition actuelle du Sacré Collége, au
point de vue les nationalités.
Le nombre des cardinaux acluellement en
charge est de 64, dont 38 italiens et 26 de
nationalité étrangére.
II n'y a plus que six chapeaux vacants.
Les diverses nationalités élrangéres se ré-
partissent de la maniére suivante: 9 cardi
naux francais, 4 espagnols, 3 autrichiens, 2
hongrois, 2 anglais, 1 irlandais, 1 porlugais,
1 allemand, 1 polonais, 1 beige, 1 améri-
cain.
En ce qui concerne les rapports des di
verses nationalités, en prévison de la pro-
cliaine élection pontificale, on remarqueque
l'èlément étranger occupe aujourd'hni une
place relalivemenl considerable au sein du
Sacré-Collége.
On sail que ['election du Pape n'est pro-
clamée que lorsqu'un des candidats a oblenu
les deux tiers des voix.
ESPAGNE.
Malgré une tradition admise qui veut que
la cour ne porle pas le deuil pour la mort
d un Pape, celle de Madrid vienl de le pren
dre pour un mois a l'occasion du décés de
Pie IX. Les mmistres ont tenu a ce sujet un
conseil oü il a été décidé que des funérailles
auraienl lieu aux frais de l'Etat en l'honneur
de Sa Sainteté.
Le roi Alphonse a ordoriné ua service so
lennel dans la cha pel le du palais avec l'as-
sistance de la cour.
Dés que la rentrée du Parlement aura lieu
les Chambres s'associeront par une manifes
tation publique aux sentiments du monde
calholique pour la mort du Saint-Père.
Les principaux theatres ont ferrné leurs
portes pendant trois jours.
La plupart des journaux de Madrid ont
paru encadrés de noir.
AUTRICHE.
Dés la première nouvelle de la mort de Sa
Sainlelé, les salons d la nonciature aposto
lique de Vienne ont été remplis de grands
personnages venus pour présenter leurs com
pliments do condoléance a S. Exc. Mgr Jaco-
bini, nonce apostolique.
Un des premiers visiteurs a été l'archiduc
Francois Charles, pére de l'Empereur. II est
resté prés d'une demi heure auprésdu nonce.
L'archiduc Guillaume et In due régnant de
Nassau sont également arrivés des premiers
a la nonciature. Tous les archidues et archi-
duchesses, les ministres, les princes étran-
gers, les ambassadeurs, les facultés, les
sociétés savantes, les associations, les chapi-
tres, etc., se sont lait un devoir de se pré
senter a la nonciature.
Des provinces sont arrivées de nombreu-
ses dépêches expédiées par de hauls person
nages et par des foiiclioujiaires d'un rang
élevé.
INTÉRIEUR.
La communion générale qui a eu lieu Di-
manche matin en l'église des SS. Michel et
Gudule a été sans contredit l'une des plus
touchanles manifestations de foi et d'amour
pour la papauté que la population calholique
de Bruxelles ait faites depuis longtemps.
C'est, comme l'on sail, sur l'initiative de la
commission du Cercle calholique que cette
communion générale a eu lieu.
A 7 heures et demie, devant l'autel et la
statue de Notre-Dame de Lourdes, magnifi-
quement illumines et placés au milieu du
transept, la foule pieuse est venue se ranger
sur deux rangs. Sa masse profonde occupail
non-seulement loute la nef centrale jusqu'au
portail mais dèbordail encore dans les deux
nel's laiérales.
L'émotion, le recneillemeul de cette im
mense affluence étaient saisissanls el profon-
dément edifiants.
A huil heures, aprés une messe chaniée,
la communion générale a commencé pour ne
se terminer qu'a neuf heures. Tout a eu lieu
au milieu de l'ordre le plus parfait, grace a
MM. les commissaires du Cercle calholique.
C'esl M. le doyen Ntiyls qui a donné aux fi-
déles le pain eucharislique.
Plus de quinze cents personnes, hommes
et dames, ont pris part ii celle communion
générale, qui restera l'un des plus beaux
souvenirs du Cercle calholique de BruxeUes.
La noblesse, la inagistrature, le barreau, l'ar-
mée, la bourgeoisie, la presse calholique de
Bruxelles étaient représentés a cette touchan-
le solennité.
On lit dans la Patrie
Le bruit a couru que, par suite du grand
deuil qui vient de frapper l'Eglise et le mon
de catholique, toutes les fèles annoncées en
notre ville, seraienl remises a une date in-
déterminée.
Nous sommes en mesure d'affirmer qu'il
n'en est rien.
Sans doute, el nous l'avons dit, I'a-
journement absolu de toute réjouissance, au
lendemain d'un événement aussi profondé-
ment douloureux esl de haute convenance
le signal de pareille interruption a été immé-
diatementdonné, et celte fois comme tou
jours, il est parti de haul.
Mais la cour reprend la série de ses fètes
aprés les cérémonies funèbres; cel exemple
est suivi dans toutes les provinces du pays.
II n'exisle done pas de motif's pour remettre
plus longtemps des fèles fixées dés l'abord,
a une date moins rapprochée de la mort de
Sa Sainteté, fêlesdont noire commerce est
appelé a profiler largement.
En conséquence le bal quecomplail donner
notammerit Monsieur le gouverneur de la
province el Madame Ruzetle, aura lieu le 20
Février.
MILICE NATIONALE.
La première session du conseil de milice
a Bruges aura lieu du 18 au 28 courant.
On nous signale a ce propos une habitude
des plus scandaleuses que nous nous faisons
un devoir de porter a la connaissance de
l'aulorité compétente el dont nous deman-
dons une sévére répression.
Tout le monde sail que les miliciens des
communes sont conduits a Bruges par leurs
gardes champêlres respectifs.
Or, il parait que ces fonciionnaires com-
munaux ne se bornenl pas uniquement a
remplir leur mission officielle.
Des personnes parfaitement honorables el
eri position d'ètre bieu informées nous certi-
fient que plus d'un de ces agents de police se
sont rendus coupables, dans Ie passé, de ce
que nous appelons un acte de révoltante im
moral i té.
On a done vu, a différentes reprises, ces
délégués de l'aulorité communale conduire
les jeunes gens confiés a leur garde dans des
maisons qu'on ne nomme qu'avec une vive
répugnance. On nous assure mème que ces
trisles personnages ont enlevé dans ces cir
constances la plaque tradilionnelle qui per-
metlrait aux honnètes gens de les reconnai
lre et de les dénoncer au bourgmestre de leur
commune.
Nous protestons de toutes nos forces con-
tre cette violence morale avec laquelle on
entraine au vice des miliciens qui souvent
jusqu'alors ont été des jeunes gens d'hon-
neur et des hommes de devoir.
Nous demandons si l'aulorité compétente
peul lolérer dans la suite les actes si blama-
bles que nous lui signalons. Elle doit avoir,
ce nousseinble, desmoyenspoursévir contre
des fonciionnaires qui sont rétribués pour
rendre aux communes de loyaux services el
non pas pour aider a corrompre les fils de
ceux qui ont la bonté de payer leur traite-
ment.
Le nombre de ceux des jeunes gens appe-
lés cede année a concourir au lirage au sort
pour la levée de milice qui ont versé la som
mede 200 fr. exigée par la loi pour, Ie cas
échéant, ètre remplacés par l'inlervenlion du
département de la guerre, dépasse 6,000,
assure-t-on.
CIIRONIQUE PARLEMENTAIRE.
LeSénat et la Chambre, au début de leur
séance du 12, ont recu communication d'une
lettre du conseil de fabrique de l'église des
SS. Michel el Gudule annoncant qu'un ser
vice funébre serail célebré Jeudi pour le re
pos de l'ame de Pie IX.
I M. Casier, au Sénat, cl M. Dumorlier, a
1 Ia Chambre, ont immédiatement proposé
que ces assemblees ne siégenl pas le jour oü
aura beu ce service. Ces motions ont pro-
voqué dans l'nne el 1'aulre Chambre les pro
lestations de la gauche. Disons cependant
qu'au Sénat, aprés un court échange d'ob-
servations entre MM. Van Schoor, Van Ocker.
hout, Reintjens, d'Anethan, de Tornaco et
Descamps, la proposition a fini par ètre adop-
tóe sans opposition.
II n'en a pas été de mème a la Chambre.
MM. Fiére, Jolt ra ndJanson et Bergé ne
croient pas qu'une Chambre beige puisse
suivre l'exemple donné par l'Assemblée répu-
blicaine de France et par le Parlement ita.
lien en s'abstenant de siéger le jour du ser
vice du grand Pontife doril la catholicilé
déplore en ce moment la perle. Fmalement,
adoplant la proposition formuléepar M. Ja
cobs, la Chambre a décidé par 38 voix con
tre 33 qu'elle ne tiendrait pas séance Jeudi.
La Chambre a consacré la fin de sa séance
a la suite de la discussion de la proposition
de loi concernanl le travail des enfants dans
les mines. M. le ministre des travaux publics
a déposé un amendement lendanta fixer a
12 a us pour les garcons et a 13 ans pour les
filles la limited age établie par Ie décrel de
1813 pour la descente des enfants dans les
mines.
BULLETIN POLITIQUE.
Le Journal officiel de I'empire russe et le
Journal de Samt-Pétersbourg publient un
lélégramme-circulaire que le prince Gort-
chakofl a adressé a toutes les grarides puis
sances pour les informer de I'occupaiion
procliaine de Constantinople par des détache-
menls de troupes russes, a raison de I'mten-
tion manifeslée par divers gouvernements
de monlrer leurs pavilions maritimes dans
les eaux du Bosphore.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir
la gravilé de cette résolution et des consé-
quences qu'elle peut enlraiuer. La presse
tory, en Angleterre, prend un langage de
plus en plus belliqueux, el le Times lui-
mème constate que Ie gouvernement britan-
nique devra agir rapidemenl et énergique-
meut, si les Russes enlreni a Constantinople
sans déterminer ladurée de leur occupation.
A Vienne aussi l'émotion est grande. Dans
le inonde officiel on considére la situation
comme des plus (endues. L'Aulriche-Hongrie
se plaint de Ia conduite de la Russie, et elle
voudrail ramener les exigences de celte der
nière a son programme primitif.
L'entrée d'une partie de I'escadre brilan-
nique dans les eaux de Constantinople est
officiellement confirmée. Le chancelier de
I'Echiquier en a fait part, hier matin, a la
Chambre des communes. La Porte ayant
persisté dans son refus de renouveler le fir
man d'entrée, I'amiral Hornby, conformé-
ment a ses instructions, a forcé le passage
malgré l'opposilion et les protestations, tou
tes formelles d'ailleurs, des autorités oltoma-
nes. L'escadre britannique s'est arrêlée pour
le moment a I ile des princes, a quelques
"lilies et en vue de Constantinople. C'est ce
que nous apprend une dépêche de Vienne.
Avanl que les choses en vinssent a cette
extrémité, le Sultan avail fait une démarche
auprés du Czar. II l'a prié de surseoir a ^exe
cution du projel d'occupation de Constanti
nople, jusqu'après l'arrivée de la réponse de
la Reine Victoria a sa demande.
Cette demande n'a pas été accueillie favo-
rablemenl, le Czar s'étant référé purement
et simplement aux termes de la dépêche-cir
culaire du prince Gortchakoff du lü février.
II faut done s attendee a recevoir d'un mo
ment a I autre la nouvelle de l'entrée des
iioupes russes dans la capitate ollomane.
Toute appreciation de ces fails serail pré-
maturée. Constatons encore que le Tunes
tieol un langage de plus en plus belliqueux.
II considére la circulaire du prince Gortcha
koff comme une menace devant laquelle il
serail déshonorant pour Ie gouvernement
britannique de s'incliuer.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
C est Mercredi qu'a été appclée au tribu
nal correctionnel de Bruxelles Paction inten-
lée par Ie ministère public au journal la
Croix, pour refus d'insertion d'une lettre de
M. Laurent en réponse a un article dans le-
quel le professeur de l'Université de Gand
avail été attaqué.
L'avocat de la Croix a déclaré que l'édi-
teur responsable du journal, était une per-
sonne habilantLille.de sorle que l'on n'aura,
en cas de condamnation, aucun moyen de
coërcition contre lui.
Le tribunal a remis le prononcé du juge-
ment au 29 Février.
Mercredi la cour d'assises du Hainaut a
commencé l'inslruclion de l'afïaire charge
de Flore Demarliére, 45 ans, veuve de Vic-