malheur qui vienl de frapper l'Eglise n'a été
commuDiquée officiellement que hier matin.
Dés Ie soir du 7, Ie l'aese avail annoncé Ie
triste événementmuis non sans quelque
réserve, de maniére que personne n'y avail
ajouté foi, croyant que c'était un de ces
odieux mensonges que la secte révolution-
naire se plait souvent a faire répandre; mais
quand, Ie lendemain, Ie fait fut malheureu-
sement confirmé, et que Ie doute u'était plus
possible, on fut ici en proie a la plus vive
douleur. La consternation ètait empreinte
sur toutes les figures. Aussitót on vil parailre
aux balcons du Corso de Viclor-Emmanuel
et de la rue Macquedo un grand noinbre de
drapeaux avec un cré(ie noir. Beaucoup de
magasins se fermèrent,'et tous les autres,
inêtne ceux appartenant a des libéraux con-
nus, mirent une large bande en signe de
deuil. Ce fut une dénionstralion générale el
spontanée. Au Lycée el aux ecoles techniques
les élèves abandonnèrent les classes et comine
l'aulorilé scolastique n'avait encore pris au-
cune disposition, one commission est allée
se présenter au proviseur pour Ie prier de
vouloir bien faire suspendre les cours dans
toutes les écoles. D'aulre part, la junle mu
nicipale s'élanl assemblée en séance extraor
dinaire, a décidé que les theatres fussenl
fermés.
Mais ce qui a surpassé toute attente, c'est
la contenance digne et respectueuse de la
presse libérale. Le Journul de SicileYAmi
du Peuple et la Guzelie de Palerme (je vous
les envoie afin que vous puissiez en juger),
non-seulement onl paru hier encadrés de
noir, mais ils se sonl exprimes en termes
émus pour regrelter la perte de l'immortel
Pontife. Voici ce que dit YAmico del Popoio:
II ne nous est pas donné de faire la bio-
graphic du regrellé Pontile pour relever
toutes ses vertus, les belles qunlilés de sou
espru el les inanières exquises qui le firenl
généraiement admirer et estimer. Dans ce
i) moment, il tie nous resto qu'a nous pros-
lerner devant cette tombe pour lui pré-
senter notre tribul dc larmes el de véné-
ration.
Et le Paese«La vertu, la grandeur
d'ame. la générosilé sont admirables par
tout ou elles se trouvent. Pie IX. appelè a
représenter la lutte iles vieilles idéés du
moyen-age conlre les nouveaux principes
de la liberie, sut se maintenir généreux.
loyal, doux, charitable son coeur n'èlait
pas lerme aux nobles seulimeuls du patrio
tisuie, el nous, Sicilieus, qui nous sommes
insurgés aux cris de Pie IX, nous nous
sentons plus vivemenl impressionnés du
depart soudain du venerable vieillard qui
nous soutint dans les premiers pas que
nous fitnes dans le chemiu de la liberté,
et (]ui, rnalgré Gaëte, Ie Syllabus et Men-
laua, n en restera pas moms une des plus
grandes figures du XIXe siècle.
Par les temps qui courent, c'est encore
une consolation que de voir les revolutions
rendre, en pareille eirconstance, hommage a
la verin. Comme par un miracle do la Pro
vidence, amis comme ennemis, tous, dans
ce moment suprème, se proslernent devant
le tombeau d'un hommequi a rempli de son
éclat le monde entier. Je n'ai jamais doute
de l'ardente foi du peuple stcilien; a vous
dire vrai, j etats loin de m'allendre a ces
témoignages de regret de la part de ceux
qui représenlenl chez nous ce qu'il y a de
plus avancé dans le parti liberal. La journée
d'hier aura une page glorieuse dans l'hisloire
de la Sicile.
On écrit de Cracovie, IB Fevrier, a I'U-
nivers
Parmi les nations eaiholiques, il n'en est
aucune qui soit plus affligée de la mort du
saint Pontife de la malheureuse Pologne,
pour laquelle il a eté un vrai père. Qu'il me
soit permis de citer ce qu'en dit un journal
qui ne s'est pas distingue jusqu'a cejour par
un grand zéle calholique, tnais qui, dans
cette triste eirconstance, s'est fait l'organe du
sentiment public en Pologne; c'est le journal
de Posen (üzieunick Poznanslci).
C'est une pene bien douloureüse, dit il
pour le monde calholique, tout entier, mais
el le est la plus douloureuse pour nous, Polo-
nais, qui avons perdu dans le saint Pontife
non-seulement Ie chef auguste dc notre reli
gion, plein de sollicilude pour l'Eglise calho
lique en Pologne, mais aussi l'aini le plus
constant, le plus généreux, le plus sincere
de notre nation. La Pologne, toute démetit-
brée qu'elle est, ne Loublicra jamais. Le nom
de Pie IX y sera aimé, vénére, béni par les
généralions successives tatil qu'il y aura des
cceurs polonais. Ou s'y souvtendra toujours
que, a une époque ou tous les principes ino-
raux étaieut éliminés du droit public, oü la
force brutale primait le droit, luiseul élevail
la voix pour defendro les droitsdesPolonais.
En 1863, quand le sangcolait a Hots en Po
logne, il commanda une procession a Rome
pour oblenir du Ciel la miséricorde pour les
victimes; l'année dernière il a rccu comme
un pére affectueux les pélerins polpnais, et,
recommandanl a la nation entiére la patience
et la persévérance, il lui predit (|ue Ie royau-
me de Pologne ressuscitera.
Enfin dans ces derniers temps, au moment
oiï les armées viclorieuses de la Russie s'ap-
prochaienl de Constantinople, et quand pas
une puissance n'osait protester conlre l'am-
bition insatiable de ces eonquérants barba
res, n'osait dire en face a lajlussie que l'Eu-
rope n'est pas dupedesa prélenduesympathie
pour les Slaves oppriniés pat les Turcs, quand
:lle-méme s'acharne avec une cruaulé inouïe
:ontre la Pologne, la plus illustre parmi les
taiions slaves, en ce moment, disons nous,
ui seul. Ie vieux Pontife, dépouillé de toute
puissance, lance au czar loul-puissanl une
accusation sans ménagemenl: il lui enléve le
masque hypocrite dont il se ceuvrait de
piotecteur des nationalités opprirnèes, des
religions persécutèes. montreen lui l'oppres-
seur impitoyable des Polonais, le persécuteur
sauvage du catholieisme, el rompt a la face
du monde tous les rapports diplomatiques
avec son gouvernement. Voila pourquoi nous
pleurons sa mort plus peut-êire que lout
autre peuple. Tout Polonais qui aime sa
pa trie, sans distinction d'opinion politique,
sans distinction même de religion, doit ho-
norer toujours sa mémoire, et c'est du fond
de notre coeur que nous nous écrions
Honneur honneur èlernel a la mémoire
du Saint Père Pie IX
Les prières pour l ame de Pie IX n avaient
pas besom d'ètre prescriles aux évéques.
Elles vout copnnencer deinain dans les prin
cipals églises successivemenl el dureronl
neuf jours, pendant lesquels toutes les clo
ches sonnerout trois fois par jour. Déja les
é'dises sonl pavoisées de drapeaux noirs, et
cel le de Sainle Marie, par ou doivent com
mence!- les cérémonies funébres, est ornée
avec une pompe qu'on n'a pas vue depuis la
inort des derniers rois de Pologne enterres
dans la cathédralede Cracovie.
Le deuil est génèral dans la ville. Lps bals
publics et privés ont été njournés. Toutes
les dames de la haute sociétè sont en noir.
Le peuple qième, celui de la ville comme
celui des campagnes, est sincéremenl afiligé.
II a appris a connaitre Pie IX par les récits
des paysans qui onl été en pèlermage a Rome
l'année dernière, et ne parient de lui qu'a vee
aitendrissem'enl.
Puisse ce deuil du monde calholique ap-
prendre el a M. de Bismarck et a Sa Majeslé
czarienne que le catholieisme est une Inrce
contre laquelle s'useront tous leurs moyens
tyranniques. lis passeronl, et I Egliserestera.
FUNÉRAILLES DC PAPE.
On écrit de Rome, 13 février, a I'Union
Au Vatican, les lettres et télégrammes arrivent
par milliers tous les jours, exprnnant la douleur
inconsolable des catholiques du monde entier.
Tous les gouvernements ont l'ait parvenu' au
Sacré-Collége leurs sentiments de condoleance.
I.e sultan lui-même n'a pas voulu etre un des
derniers Deux seuls ne se sont point associés au
deuil général. Ge sont ceux de Prusse et de Rus-
sie. Le fait se passé de commentaires et doit
suffice a ouvrir les yeux a ceux qui pourraient
encore se l'aire des illusions sur le but revolu-
tionnaire et antireligieux que poursuivent ces
allies du Nord.
La foule des tidèles qui s'est rendue a Saint-
Pierre pour y vénérer les restes mortels du
Pontife bien-aimé a été, comme les jours précé-
dents, immense, innombrable.
Cette démonstration immense irrésistible
vraie, universelle, demeurera le panégyrique
le plus éloquent des vertus du grand pontife,
ia consécration la plus solennelie des droits et
des intéréts do l'Eglise romaino persécutée, et
la protestation la plus éclatante des catholiques
opprimés. Elle est non-seulement une consola
tion et une espórance, elle sera aussi un procliain
levier de restauration prochaine.
La cérémonie de l'ensevelissemeut des restes
mortels de notre bien-aimé Pontife le Pape Pie
IX a eu lieu ce soir après six heures et detnie.
Les cardinaux se sont réunis dans la salie du
Consistoire et, précédés des massiers, des pale-
freniers et des sediari, suivis chacun de leur
prêtre et accompagnés par les gardes suisses
qui formaient la liaie, se sont rendus procession-
nellement et deux a deux dans la chapelle du
Saint-Sacrement a Saint-Pierre, en suivant le
même itinéraire que pour le transport funèbre
de samedi soir. Dans la salie Regia étaient grou-
pós tous les camériers de cape et d'épée qui se
sont unis ensuite au cortége funèbre. Dans la
chapelle du Saint-Sacrement se trouvaient réunis
tous les prélats de la cour du Saint-Père, ayant
Mgr Ricci et Mgr Macchi a leur tète et le cha-
pitre de Saint-Pierre en tenue de choeur. Deux
mille personnes environ attendaient dans ia
Basilique. C'ótaient toutes les families de la
nombreuse aristocratie romaine, les membres
des députations étrangères déja arrivées, des
catholiques bien connus de Rome et d'Italie, et
aussi quelques libéraux qui avaient réussi a se
procurer des billets de faveur, et bon nombre
de correspondants étrangers, ceux du Times et
de 1'Illustration, eiitre autres. Les membres
du corps diplomatique et leurs families étaient
places dans les tribunes du choeur de la chapelle
des Chanoines.
La vaste basilique, avec sa masse imposante,
sa vaste coupole, ses piliers remarquables et ses
marbres précieux, enveloppée dans line sombre
obscurité au milieu de laquelle on voyait jaillir
comme d'autant d'ótoiles la flamme des lampes
qui entourent la confession et celle de quelques
flambeaux qu'on avait disposés le long de la
grande uef pour éclairer les pas des assistants,
offrait le spectacle le plus grandiose, ie plus
majestueux et le plus émouvant qu'il soit possi
ble d'jjnaginer.
Les cardinaux étant arrivés dans la chapelle
du Saint-Sacrement ont défilé devant Sa Sainteté
et se sont aussitót dirigés vers la chapelle du
choeur oh ils ont pris place dans les stalles des
chanoines. Précédés de la croixle cardinal
archiprêtre, les chanoines, les bénéfieiers et les
clercs de la Basilique, un cierge a la main, se
sont ensuite dirigés Vers ladite chapelleen
psalmodiant les vérsets du Miserere. Le corps
du Saint-Père était ensuite portó par buit mem
bres de la confrérie du Saint-Sacrement et par
buit exempts de gardes-nobles qui avaient re-
vendiqué l'bonneur de rendre a leur souverain
bien-aimé ce dernier hommage d'amour et de
dévouement.
Tout autour, les gardes-nobles et les suisses
en arnies derrière, tous les attachés' a la cour
du Souverain-Pontiie. Le cortége a aiusi traversé
la double et pról'onde liaie des invités qui, après
s'étre agenouillés, se relevaient aussitót pour
mieux contempler encore line fois le visage
encore sóiiriant dn Pére bien-aimé qu'on n'allalt
plus revoir. Tous pleuraienttous priaient
C'était un spectacle cl'une majesté et d'une émo-
tion inénarables. Le corps du Souverain-Pontife
a été dóposé au milieu de la chapelle, et alors les
chantrés ont entonné l'antienne In paradisum
deducant te angeli.
L'ofiiciantMgr Folicaldia clianté ensuite
l'oraison Deus, qui puudastietc., et a aspergé
d'eau bénite le corps et la bière. Aussitót après,
quatre chanoines, assistés des frères dn Saint
Sacrement, des exempts, des gaides-nobles, et
dirigés par le docteur Ceccarclli, ont soulevé
dans leurs bras le corps du Pontile défunt et l'ont
pieusement déposé dans une bière en bois de
cypres doublée de ouate et de velours rouge,
avec deux coussins au sommet pour goutenir la
tète.
Le Saint-Père a été ainsi déposé dans sa bière
revétu de tous ses ornements pontifieaux et la
mitre en tête. Toutes les tètes se penchent pour
contempler encore une fois ces traits chéris qui
vont pour jamais disparaitre a nos yeux, et des
sanglots éclatent de tons cótés. Mgr Ricci, ma-
joruome et préfet du palais apostolique, s'avance
alors en chancelant et la mort dans l'arne. Les
yeux sont inondés de larmes. Iljette un dei-nier
regard sur le grand Pontife quil a tant chéri.
11 s'arrête un instantO angoisse suprème 1 Puis
il couvre les traits et les mains de Pie IX, le
bien-aimé, avec un grand voile de soie blanche.
Consummation estNous ne reverrons plus ici-
bas notre bienfaiteur et notre Père... II depose
ensuite au fond de la bière une bourse en velours
de soie rouge, contenant trois rouleaux. Dans
ces rouleaux sont 32 médailles en or, 32 en argent
etautant en cnivre. Co sont les médailles qui ont
été frappés chaque année pendant le Pontificat
de Pie IX, pour commémorer quelquo fait écla
tant ou quelque moment de l'inépuisable généro-'
sité du grand Pontife. Enfin Mgr Ricci dépose
encore dans la bière, au pied du corps, un cylin-
dre en fer blanc contenant l'éloge du Pape defunt
écrit sur parchemin. Cela fait, le voife de soie
blanche qui couvre déja les traits et les mains
du bien-aimé Pontife est étendu jusqu'aux pieds.
On apporte aussitót le couvercle et on le visse,
puis la bière tout entière est entourêe d'un drap
de soie violette sur les bords duquel on appose
deux cachets en cire rouge avec le sceau du
cardinal camerlingue, deux autres avec le sceau
de Mgr le majordome, préfet du palais aposto
lique, un avec celui du cardinal Rorromeo, archi
prêtre de la Basilique, et un enfin avec celui du
chapitre. La bière en bois de cypres était déja
déposée dans une autre beaucoup plus grande
en plomb. On apporte le couvercle de cette
seconde, et on le place. Pais les rebors de cette
même bière sont repliés sur le couvercle et
soudés. Après, six cachets ont été placés aux
quatre angles et deux au milieu dont deux
encore cette fois avec le sceau du cardinal-
camerlingue, deux avec celui de Mgr le major
dome, un avec celui du cardinal archiprêtre et
un avec celui du chapitre. Le couvercle de cette
seconde bière est surmonté d'une grande croix
qui pose sur un piëdestal formó de trois pommes
de pin ou tours. Au-dessous sont les armes du
Pape, puis une inscription avec ces mots: Cor
pus Pil. P. P. IX qui vixit, etc., rexit Ecclesiam
etc., decessit, etc. Enfin, au-dessus, une tête de
mort et deux os croisés, le tout en relief. L'opé-
ration de la soudure est assez longue. Pendant
que les ouvriers travaillent avec énergie, M.
Philibert Ponponi, notaire de la Basilique vati-
canedonne lecture de l'acte de décès et de
sépulture du Souverain-Pontife.
La lecture de l'acte a duré plus d'une demi
heure. Pendant ce temps, l'opération si fatigante
et si complexe de la soudure a pu être terminée.
On approcha alors une trqisième bière en bois
de cliataignier poli. Elle est placée sur une sorte
de radeau a rouesle couvercle est déja adhé-
rent, mais elle est ouverte au somiret dans sa
partie verticale. En ce moment les cardinaux
quittent leurs stalles et viennent tous adresser
un dernier adieu au Pontife défunt dont les traits
ont a jamais disparu a nos yeux. Aussitót on
glisse le cercueil de plomb dans le troisième en
bois, on cloue la partie supérieure, et le tout est
rouló hors de la cnapelle vers la porte qui donne
accès aux tribunes de gauche du chosur. Un
échafaudage est déja prét. Les trois cercueils
sont entourós de cordes, auxquelles est adapté
un grand crochet a poulie. Un cabestan est mis
en mouvement, et le corps du grand Pontife
s'élève peu a peu dans les airs, tandis que les
chantrés font entendre des rnorceaux sacrés et
que l'ofiiciant récite les dernières prières. Bien-
tót le cercueil est arrivé a la hauteur voulue.
Les ouvriers le poussent vers l'ouverture du
mur. Pie IX vient de remplacer Grégoire XVt.
L'ouverture est murée rapidement par les ma-
cons, et au-dessus du mur on place l'inscription
suivante Pius P. P. IX. Tout est terminé,
chacun se retire en silence et le coeur plein
d'émotion. La triste cérémonie, commencée a
6 h. 30, était terminée a 9 h. environ.
LE NOUVEAU PAPE.
S. E. Ie cardinal Joachim Pecci, qui vient
d'ètre élevé au suprème Pontifical, est né a
Carpinelo (diocese d'Anagni), le 2 Mars
1810, d'une antique el illustre maison.
Camerlingue de la Sie Eglise Romaine, il
était connu depuis longtemps comme l'un
des membres les plus éminents du Sacré-Col
lége, el son caractére et son énergie, sa sa-
gesse, ses hautes vertus lui avaient acquis
depuis longtemps une considéralion excep-
lionnelle.
Pie IX qui se connaissail en hommes l'a-
vait successivemenl appelé aux plus hautes
dignités de la hierarchic et, dans tousles
posies qu'il a oecupés, il a juslifiè et dépas-
sè les espérances qu'on avail placées en lui.
L'Urtiid cullolicu, dans une hiographie
des cardinaux qu'elle a pubhée, ces jours
derniers, di! en pa riant de S. E. le cardinal
Pecci: II unit dans une merveiIlense me-
sure la douceur de l'apötre el la screine
sévérilé du magistral; il sail lout a la fois
se faire aimer et se faire craindre.
Un autre biograplio donne les détails sui-
vanls:
Le cardinal Pecci est de haule taille. II a
la maigrenr d'un ascèle. Sa lèle est re
marquable de finesse: les lignes du visage
sont fermes, arrélées, un pen angulenses.
l,a voix est sonore et brillanle quand il
prononce un discours. Dans les relations
de la vie privée, il est simple, affectueux,
aimable. plein d'osprit. Dans les cérémo-
o nies, sous la pourpre ou sous les orne-
ments épiscopaux, il devienl grave, aus-
tére, majestueux: il semble se pénétrer de
l'ampleur de sou ministère.
Voiei enfin quelques renseignements sur
la carrière parconrue par Ie cardinal Pecci:
II fit ses premières études au collége Ro-
main avec beaucoup de succés; puis il fut
adrnis a 1'inSigoe académie des ecclésiasti-
ques nobles oü il se distingua dans l'élude
de la theologie et du droit.
S. S. Grégoire XVI l'honora toujours de
beaucoup d'estime.
Le 16 Mars 1837, il se l'altaeha comme
prélat domeslique et le nomina référendaire
de l'u ne et la ut re signature.
Comme il monlrait dans ses fonctions une
sagesse profonde, une rare malurile de juge-
nient, une ap(iiud<' remaiquable a estereer
l'autorile, le uième Pape lm donna le litre
dc protonotairc apostolique t t lui confia suc-
sessivement les delegations aposloliques (pre
fecture) de Bénévent, de Spoléte et de Pe-
rouse.
Dans ces divers posies Mgr Pecci sul se
concilier Peslime cl la bienveillance publi-
ques par la disctinciiou de ses nianiéres el
la noblesse de sa conduite, jointes a une
équité incorruptible.
A Bénévent. il purgea sa province du bri
gandage; a Pérouse. il arrivé sous son ad
ministration que les prisons furenl vides.
Les dons éminents de l'espril el du cceur
que Mgr Pecci avail déployés dans ses divers
gouvernements le désignèrcnt bienlöl pour
des postes plus élevés.
Préconisé en 1843 comme archevèqtie de
Damielte i.p. i. il fut envoyé en quahtóde
Nonce apostolique a Bruxelles. Sou séjour
dans noire pays dura trois années. Le nou
veau Pape counaitdonc parliculiérement la
Belgique et il v a conservé de nombreuses
relations. Dans sa nonciature il dé[>loya
beaucoup d'intelligence et d'esprit pratique.
Feu le roi Léopold 1 le tenait parliculiére
ment en es time et lui en donna une preuve
en lui conférant le grand-cordou de l'ordre
de Léopold, a l'époque oü le nonce de Belgi
que fut appelé a l'évèché de Pérouse, le 27
Janvier 1846.
Cette dernière nomination ent lieu sur la
demande mème des habitants de cette ville
qui avaient conservé le meilleur souvenir de
la justice, de la délicatesse, de la cliarilé de
Mgr Pecci.
Grégroire XVI,. non-seulement accéda a
ces vooux; mais voulut l'adjoindre au Sacré-
Collége el le créa cardinal de la Sle-Eglise
Romaine, en le réservanl in petto.
Le cardinal Pecci ne fut proclamé par S.
S. Pie IX qu'en 18S3. dans le Consistoire du
19 Décembre el, fut trés-rare, il était seul
cardinal a être l'óbjet de cette préconisation.
S. E. le cardinal Pecci appartenail a l'Or-
dre des prètrcs, sous le litre cardinalice de
St-Chrysogone.
Le Pape lui assigna les congrégations des
Conciles, de rimm-unité. des Rites et de la
Discipline réguliére.
II y a quelques mois, Pie IX. comme nous
l'avons dit, assigna encore au cardinal Pecci
les fonctions si importantes de Camerlingue
de la Sle-Eglise Romaine et lui donna pour
évêque auxiliaire a Pérouse, Mgr Laurenti.
En des temps trés-difficiles, le cardinal
Pecci a gouverné son diocése avec une rare
sagesse et a rempli lous les devoirs d'un pas
teur prévoyant et prudent. C'est un fait
particuliérement remarquable, dit un bio-
graphe des Pères du Concile du Vatican,
que.nonobslant des difficnllés conlinuelles,
la modération de Mgr Pecci, unie a dos
vertus intrépides, ait toujours imposé le
respect et la vénération. Son diocése est
un monument vivanl de sa vigilance et de
sa charité, les écrits et les mandemenls
qu'il ne cesse d'adresser a ses ouailles de-
meureront un témoignage perpétuel de sa
doctrine et de sa fermeié.
D'après une dépêche de Rome, c'est au
troisiéuie tour de scrutin que S. E. le cardi
nal Pecci a élé élu.
Mardi, on a apercu a 1 beure trois quarts,
au-dessus du Vatican,la sfumettafumée pro-
duite par les bulletins qu'on brüle avec de
la paille.
Le second scrutin du conclave a commen-
céa 5 heures; la fumée a été apercue settle
ment a 6 heures trois quarts du soir.
S. E. le cardinal de Lisbonne était arrivé
Mardi et était enlré le soir méme au Conclave.
Mereredi le cardinal Mac Closkcy est arri
vé tout juste aprés l'élection.
Mereredi midi, a une heure, S. S. Léon
XIII a été proclamé du haut du balcon de la
basilique de St-Pierre.
Nous cilerons encore ces détails earaclé-
ristiqu.es sur le nouveau Pape
Mgr Pecci s'acquit beaucoup d'estime et de
crédit a la cour beige, et dans lous les rangs
de la société. Léopold ler se plaisail a le con
sulter el a lui prodiguerdes marques d'affec-
tion. Mais le climat et peut-ètre les tra-
vaux de sa charge altera sa santé au point
qu'il dut, sur le conseil des médecins, solli-
citcr son rajipel. Léopold ler en fut contrislé:
il lui conféra le Grand Cordon de son Ordre,
el le pria de remetlre au Pape un pli cacheté.
Le prélat demanda si les commissions du roi
étaient pressées: il voulait, avanl de rentrer
a Rome, visiter une partie de l'Europe, en
éludier les institutions poliliques, comine il
avait fait en Belgique et en Hollande.
II sufilt, monseigneur, répondil le
roi, que vous remettiez vous-mème le pli
aux mains du Pape, a voire rentrée a Rome.»
Quand Mgr Pecci eut regagné la Ville-
Eternelle, Grégoire XVI, aprés avoir pris
connaissance du billet royal, lui dit
Le roi des Beiges exalte voire carac
tére, vos vertus, vos services, el il demande
pour vous tine chose que j'accorderai de
grand cceur: la pourpre... Mais voici qu'une
députalion dc Pérouse me supplie de vous
confier le gouvernement de ce diocése
Acceptez done le siége de Pérouse: vous y
recevrez bieniöt le chapeati cardinalice.
Les nouveaux maitresde l'ltalic lui ont pris
Ie séminairc dc Perouse.
«Je n'ai besoin que de quelque chanu
bres, a dit le cardinal.
II donne l'hospitalitc aux séminarisles dans
son palais. i! vu au milieu d eux. II prend
ses recreations avec eux. II les invite a sa
table.
II a fondé pour les prêtres de son diocése
une Académie dito de Saint-Thomas, et prési-
de aux disputes ihéologiques, encourageant
les travaux dc chacun, et faisant surgir des
hommes vèrilablement dignes des meilleurs
temps de l'Eglise. Grace a lui, s'accomphT
Perouse le mouvement scienlifique que Ie
cardinal Riario Sforza a irpiuguré a Naples.
a lui-mêmc une culture des plus variées.
est poète a ses heures.
Jamais il n'a permis a aucun fonctionnai
re du régime acluel de franchit- le seuil ye
sa porie el de par uit re devant luiet, pour.
tanl, le pouvoir civil honore son caractére-
el, par égard, apporte quelquefois certain's
temperaments a ses mesures.
Rome, 21 Février, 9 h. 23 rn. matin.
L'élection du Souverain Pontife a eu lieu
après trois scrutins, le premier ayant élé tm|
et les voix, au sécond, s'étant dispersées de
facon que le cardinal Pecci avait Irentegua-
tre suffrages.
Au Iroisiètne scrutin, le cardinal Pecci
ayant obtenu t/uarante-qualre voix. I'assem-
blée du conclave, deboul lout entière, accéde
au cardinal Pecci.
A ('interrogation qui lui est faite, le nou-
vel élu, après avoir prié, répond qu'il ac-
ce_pte: il déclare vouloir prendre le nom de
LEON, puis il va revèlir les habits de sa di-
gnité; après quoi, assis sur le Iröne devant
l'autel, il recoil l'hommage des cardinaux.
A une heure etdemie, le cardinal Cale-
rini apparaissanl a la loge extérieure procla
mé le nouveau Pape. Bieniöt la ville entière
se précipite vers la basilique, oü se presse
une foule immense, attendant le Pape qui ne
vient pas. Le bruit court alors qu'il paraiira
a l'extérieur de la basilique; mais, a quatre
heures el demie, Léon XIII vient a la loge in-
lérieure, et, d'une voix forte, donne la bé-
nédiction solonnelle.
Les acclamations retenlissent. Le cri de:
Vive Léon XIII! est poussé par des milliers
de voix, l'émotion est indescriplible.
Le Pape a invité les cardinaux a coucher
au Vatican, et a tenir congrégalion.
On lélégraphie de Berlin au Standard
Le prince de Bismark considère l'érection
du cardinal Pecci comme la meilleure pos
sible dans les circonstances acluelles.
Les jonrnaux auti ichiens se félicilenl du
choix du cardinal Pecci.
BULLETIN POLITIQUE.
La Turquie se débat sous la main viclo-
rieuse de la Russie. Différentes dépêches
annoncent le départ de Namyk pacha pour
St-Pélersbourg. II serail chargé d'implorer
de ia magnanunilé du Czar une modification
aux conditions de paix dictées par le général
lgnatieff, en ce qui concerne la Bulgarie.
Si ces conditions étaient ratifiées par un traité
defimlif, les limites poliliques de la future
principauié s'étendraient jusqu'a quelques
lieues de Constantinople et tous les musul-
mans qui y sont acluellement élablis de-
vraient la quitter.
La conférence européenne se rétinira déci-
dément a Raden-Baden. Lord Derby l'a an
noncé officiellement a la Chambre des lords
d'Anglelerre. II n'est pas encore définiment
arrèlé si ce sera une conférence ou un con-
grés, mais dans 1'opinion de lord Derby ce
sera une conférence.
Le gouvernement anglais a pris les devanls
et son plén i potent ia ire est déja désigné.
Ce sera lords Lyons, l'ambassadeur brits
tannique a Paris. La dale de la réunion de-
représentants des puissances n'est d'ailleurs
pas encore fixée, mais l'enlenle ne peut lar
der a se faire sur cette question, secondaire
en somme.
En attendant I Angleterre a conclu avec la
Russie une convenlion au sujet de Gallipoli.
Sir Staflord Nortbcote en a fait connaitre les
termes a la Chambre des Communes.
Les deux gouvernements s'engagent réci-
proqu^ment a ne faire occuper par leurs
troupes ni Gallipoli, ni la cöle asiatique des
Dardannelles, les Russes, en outre, a resier
en deca des lignes de Bulair.
i'liruiiiqiie iacate,
JEAN-JOSEPH FAICT,
I ut la miséricorde de Dieu el la grace du
Sw/U Siége apostolique^ Evêque de Bril-
gesPrélat domeslique de S. S. Pie IX
huèque assistant uu tröne pontificalau
clerge el aux fidèles de notre diocese
sulut el bénédict ion.
N'os irès-chers Fréres
Gloire a Dieu! II a plu au Seigneur d'exau-
cer prompteinent les prières de l'Eglise en
demi et de faire cesser son veuvage. Nous
venons d'è re informé officiellement et Nous
Nous etnpressons de porter a voire connaiS'
sauce que, dans Ia journée du 20 de ce mois»
les Cuidinaux out élu Pape, son Eminence le