ce qu'il rélablit iodirectemenl le bulletin de parli donl Ie libéralisme a si heureusement oblenu la suppression. Cette objection n'a pas le sens common. Le bulletin de parli n'exisie ni plus ni moins dans Ie systéme de M. Tack que sous le régime acluel. Aujourd'hui aussi, il suffit de marquer d'une estampille on d'une croix, comme le propose M. Ie minislre des finances, soil line case leinlée en bleu,soil une case leintée en rouge, pour voter d'un trail pour loute la lisle libérale on pour toule la liste catho- lique. La seule difference qui existe dans Ie sys téme de M. Tack, et c'esl précisément son avantage, c'est qu'en fracliorinant les bulle tins, il supprime la marque (croix ou estam pille) el qu'il ferine ainsi une source abon- danlede difficultés el de conlestations. Mais ce systéme, la gauche ricn veutpas! El pourquoi n'en veut-elle pas?... Est-ce qu'il favorise Pun parti au détriment de l'autre? Non. Est-ce qu'il entrave la fibre émission des votes? Non. II Ia facilite el la simplifie. Est-ce qu'il comporte le billet frauduleu- sement marqué? Encore moins, pnisqu'il se base précisément sur la remise d'un bulletin exempt, sauf dans les cas de triage, de loute marque et rcmis par i'élecleur dans l'état mème oü celui - ci l'a recu du président du bureau. Done point d'objeclion plausible et un avantage évident. Ne serait-ce pas peut ét re cel avantage mème qui dicte l'opposition de la gauche et du journalisme libéral? Qui a done intérét a multiplier les con testations de bulletins el les éleclions liti- gieuses? Cettx qui visenl d pècher en eau trouble. Or, depuis quelque temps, ce n'est plus en Allemagne el en Suisse seulement que nos Gueux vont cfiercher des exemples bons a imiter. Le systéme des invalidations pour cause d'utilité républicaino, si lestement pra- tiqué en France, excite aussi la jalouse éinu- lation dc libéralisme beige. I! est obsédó de projets de conlrefacon de celte admirable manoeuvre; mais tous ces projels impliquent deux conditions: i° une majorité libérale füt-elle fictive, d'une seule voix, et düt-elle commencer par se valider elle-mème pour invalider ses adversaires; 2° des contesta tions quelconques sur la régularité des élec lions. Voici les réflexions que ces factions inspi - rent a la Pair ie de Bruges: Décidément, le parti libéral avail projeté une émeute pour le cas oü la Chambre eüt voté la loi loyale, logique et juste, pro- posée par le gouvernement en vue d'aug- menter le personnel législatif. La nouvelle nous en est arrivée de Bruxelles, et le plan a été révélé parun journal juif deVienne, la Neue freie Pers donl nous avous cité un exlrait. II faut done allribuer a Ia crainte d'une émeute l'élrange revirement qui s'est opéré a la Chambre des représeuiauts, et conve- nons-en, cela est extièmement déplorable. Si l'émeute libérale doit prendre place parmi les pouvoirs de l'Etat, s'il lui appartienl de faire el de dêfaire les lois, dserail plus digne, plus ralionnelde lui céder le gouvernement d'une manière compléte: si, au contraire, el personne ne peul raisonnablemenl le contester, l'ordre public doit ètre mainle- nu a tout prix, il l'aul sabrer les émeuliers libéraux, il faut leur apprendre qu'ou ne transige pas avec eux, et cela n'est ni difficile ni dangereux: quand la radicaille de Bru xelles el d'ailleurs descend dans les rues, failes charger ses rangs par quelques esca- drons de gendarmes, suivis d'agenls de po lice pour recueillir les rebelles, et soyez cer tain que ces derniers seront excessivement clairsemés. Traduisez les individus arrèlés immédialement devanl le tribunal correc- tionnel, qui en fera bonne justice, et quand le libéralisme saura que vous voulez ce que vous pouvez, il renlrera ses cornes et sa béte émeuliére mourra desa laide mort. II n'y a jamais eu d'émeute que paree que l'autonléa faibli ou paree qu'elle a élé com plice des perturbaleurs; il en est de mème des révolulions. L'histoire est la qui l'ensei- gne, et nous nous demandons pourquoi en Belgique on ne profile pas de ses lecons, alors qu'il est évident, en persistant dans les errements acluels, on prépare la désorgani- salion des pouvoirs publics et la démoralisa- tiou des bons citoyens. PROJETS DE CAMPAGNE DU PARTI GUEUX. Le correspondant bruxellois de la liépu- blique francaise lui a envoyé les renseigne- ments suivants Le petit ion cafard de cette derniére phra se n'échapperu pas aux esprits clair voyants. EDUCATION LAIQUE. M. Sarcey, si prompt a se déchainer conlre les instituteurs eongfègamsles coupablesd'in- fliger a leurs élëves la moiudre petite égra- lignuie, oublie avec un som fort remarqué de rapporier certains fails récemmenl corn- mis par des instituteurs trés-libéraux. La Flandrelibérale et les autres journaux gueux de Belgique gardent naturellemenl le mème silence. C'esl saus doute oubli de leur part. Aussi leur demandons-uous pour la qua- triéme fois si le cas des deux ou trois insti tuteurs congréganisles cilés par eux, et que nous voulons bien admetlre, est comparable a celui CI1RONIQUE PARLEMENTAIRE. Le Sénat a disculé le projet de loi relalif a raugmentalion du nombre des membres des Chambres législatives. Le débat a porté principalemenl sur un amendemenl des sénaleurs de Liége, défendu en leur nom par MM. Braconier et d Andri- mont, et tendanta allribuer a leur arrondis sement, le représentant que le projel voté par la Chambre accorde a l'arrondissement de Waremme. Cet amendement a été rejeté par 2G voix contre 15. L'ensemble dn projet a été adopte par 30 voix conlre 4 et 1 abstention. Le Sénat, aprés avoir voté des credits suppémentaires au budget dc l'intérieur, s'est ajourné jusqu'a convocation ullérieure. de la présidence du conseil, Vefik Pacha s'est rallié a la politique de neutraljlé des autres ministres, politique que la Porie sera peut- étre en élat de suivrc d'abord, mais qu'elle ne pourra observer longtemps si la guerre éclaie réellement enlre la Russie el l'Angle- terre. CHRONIQUE ELECTORALE. On nous écrit du Luxembourg que les nonvelles électorales de l'arrondissement de Neufchateau sont excel lentes. M. le comte de Loen d'Enschedeque les calholiques porleront conlre M. Bergh, sénateur libéral acluel, aura, dans cet arrondissement, une majorité qui ne sera guére inférieuie a cel le qui, d'ores et déja, lui est assurée dans l'ar rondissement de Virion. Selon tonles proba- bilités, il n'aura inème pas de concurrent. On annonce comme un fait a peu prés certain que M. le prince Alphonse de Chi- may, qui a épousé Tan dernier Mile Lejeune, posera sa candidature aux prochaines élec tions de Thuin. II est également trés-probable que M. Wa- rocqué prendra la place de M. Paul Brouwel au Sénat.* (Union, de Carleroi.) Les calholiques du canton d'Anvers out, assure t-on, l'inlention d'enlrer en lice pour les éleclions provinciales. Nous venons de lire une intéressante bro chure intilulée Essaisur la richèsse rnaié- rielle de la Belgique par M. War eg Massalski, professeur a l'Université catholique de Lou- vain. C'est une étude analylique des éléments qui constituent la fortune générale de la Bel gique. En les groupanl pour en faire un seul lont, Eau leur obtient le résulial suivant: 1Terres el bois. 10,315,442,208 2. Produits végélaux de la lerre 943.562,400 3. Animaux 000.000,000 4. Maisons d'habitation3,500.000,000 5. Bailments publics. 3,918,000,000 0. Meubles.etc. 4,007,220,001» 7. Mines et carrières 390,780,000 8. Stock de merchan dises 300.000,000 9. Mélaux précieux 1,616,226.000 10. Chemins de fer, etc. 1,855,705,947 11. Valeurs sur fétranger 1.020,281,275 12. Divers1,000,000,000 29,539,217,830 En résumé done, la riclnsse maiérielie de la Belgique est de prés de Irente milliards. Cette richesse répartie sur les 2,945,510 heet., que comprend le lerritoire, donne une valeur approximative de 10,000 fr. par unité de surface. Répartie sur la population entière, elle est en chiffres ronds de 5,500 fr. par habitant. BULLETIN POLITIQUE. S'il faut cn croire'VEcho de Loodr.es, les invitations au Congres ont été Inn cé.es hier soir el les traités de 1856 el de 1871 seront deposés au Congres pour ètre comparés avec le Irailé de San Siefaoo. Ces traités formeront done la base forrnel- ledes Iravaux de la conference ou du con- grés, ee qui implique nécessairement la dis cussion, dans loules ses parties, du (railéde San Stefano, dont tous les articles modifient plusou moms profondémenl des stipulations des traités antérieurs. C'est une concession qui facilite évideni- ment une entente. La erise minislérielle qui s'est produile a Constantinople; mais qui est mainlenant apaisée, pïovcnait d'un désaccord survenu dans le conseil des ministres deTurquie au sujet de l'attilude que cetie puissance devra prendre si la guerre éclaie enlre l'Angleierre ei ia Russie. La plupari des ministres lures s'élaienl prononcés pour la neulralité; le premier minislre, Vefik Pacha, avail au con- iraire émis I'opinion que la Turquie devait conclure une alliance avec l'Angleterre el agir dc concert avec celle puissance. Se voyant isolé, Vefik-Pacha avait donné sa démission, mais il l'a retiree par suile d'un compromis. Aprés plusieurs tenlatives failes en vain pour engager un membre du cabinet acluel ou du cabinet précédent a se charger RUSSIE. La Petersburger Borsen-Zeilung s'expri- me de la maniére snivante sur les frais de la guerre russo-turque ACTES OFFICIELS. C/larrtaajjaic IitcaSe. Nous avons visité avec inlérèt el admira tion ia splendide collection de dentelles que Monsieur René Begerem destine a ('Exposi tion universelle de Paris. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de produire des dessins plus riches, plus élé gants, mieux détachés. Dans ces ramuges, ces fleurs et ces feuillages il y a de la vie et du mouvement. Le réseau est d'une finesse el d'une correction paifailes, pas une maiIle irrégulière. II y a des mouehoirs, des éven- lailset des volants a séduire les reines et les princesses. La dentelle portée a cette perfec tion n'est plus un fabrical, c'esl unc oeuvre d'art. Dans celte vitrine, qui renferme des tré- i sors, nous avons dislingué aussi toute une série de garnitures, de mouehoirs d'un des sin exquis. Le goüt le plus délicat a présidé a cc clioix qui représente la plus haute nou veauté. La Maison Begerem fait honneur a la ville d'Ypres et, nous ne eraignons pas de le dire, a l'art industrial national. Nous n'en pouvons douter, les grands frais que la Maison Begerem s'impose, pour main- temr la haute reputation do la belle Valen- cieurie d Ypres, lui vaudra une vogue lou- jours croissante. C'cst avec le plus vif intérét que nous avous appris que cette rare perfection de tra vail est due en grande partie a I ecole si populeuse des Soeurs Lamotle. On nous a sigiidlé des ouvrages ravissants fabriqués a cette école ct les produils les plus distingués cl les plus surprenants sont l'ceuvre d'an- ciennes élèves de cette incomparable institu tion. Nous félici'.ons Monsieur René Begerem de rinlelligenlc impulsion qu'il donne a noire industrie dentelliére. Nu lie part il n'est pas possible de produire une collection de den- telles plus lines et mieux failes. Nous regrelions de n'avoir pas trouvé le Avant la cloture de la session, nous aurons une discussion complete sur la politique du gouvernement. M. Frère l'a annoncé. S'il faut vous dire toute ma pensee, je ne crois pas que cette passé d'armes oïatoire, quelque talent la proportion des partis dans les Chambres ne - sera pas cliangée et que le ministère catiiolique conservera une majorité assez forte pour rester aux affaires. Alors it faudra se decider a ouvrir les yeux et a reconnaitre qu'il est urgent de sor- tir de 1'ornière oü le parti libéral est embourbé depuis plus de quinze ans. Je puis vous an- noncer pour le lendemain des élections un mou vement eousidérable en faveur, siuon du suffrage universel, au moins d'une large extension du droit électoral. Nous voila avert is aussidéja maintenant on annonce pour le lendemain des prochaines élections un mouvement considerable. Le correspondant bruxellois de la Nouvel le presse hbre de Vierme, qui esl trés bien placé pour connailre le secret des dieux libé raux, nous fait, a son tour, une intéressante révélalion. Voici avec quelle ingénuité il prédisait, le 9, de prochains troubles dans les rues de la capilale L'irritation de la population bruxelloise. mor- tellement calomniée par les cléricaux, menace de prendre une forme extra parlementaire. La Li- gue des Gueux a convoqué pour demain, Mardi, un meeting populaire au theatre de l'Alhambra, qui servira probablement de prologue a une demonstration populaire devant les hotels des ministres, rue de la l.oi. Le ton provoquant avec lequel les orateurs de la majorité s'expriment, leur haine contre Bruxelles, laquelle poussait le député d'Alost, M. Woeste, a soutenir qu'il i'al- lait faire une loi d'exception pour la capitale, grace a laquelle le nombre de ses représentants ne pourrait plus jamais s'accroitre, tout cela a aigri les coeurs, et on peut s'attendre pour Mardi soir a des événements tumultuaires. Le Roi Leopold tl célèbrece jour-la son 43e anniversaire de naissance, et, a cette occasion, les monuments publics seront illumines: la demonstration la plus tranquille peut, dans une telle soirée, prendre une importance plus grande que ne le désirent peut-ètre aujourd'hui ses auteurs. Quoi qu'il en soit, il serait plus sage de s'abstenir compléte- ment. 1° De l'instituteur laïque du Quesnoy (Somme), qui a brutalisé un enfant au point que la mort s'en est suivie 2° De l'instituteur laïque de Lliéraule (Oise) qui a laissó un enfant A genoux en penitence devant l'ócole si longtemps et par un froid tel que l'enfant en mourait trois jours après 3° De l'instituteur laïque chargé par intérim, au mois de février dernier, de Tourouvre (Orne), qui a donné si brutalement a un élève un coup de pied dans les reins, avec ses sabots, que le pauvre enfant mourait quelques semaines après d'un abcès au bas des reins et d'une paralysie de la jambe. Trois enfanls, en trois mois, mor Is des suites de punitions corporelies infligées par des instiluteurs laïques, qu'en peuse le XIXe Siècle Nous parions de fails publics, incontcsta- bles, sur lesquels nous aurons prochainement des jugements. Nousdonnons les noms, nous indiquerons les lieux, sons crainte d'etre conlredit par le XIX* Siècle ni par aucun autre de ses eompéres. Encore une fois, qu'en pense-t-il Ei pour quoi ne s'indigno-l-il pas aussi Le AIA* Siècle a parlé également d'un ou deux faits d'immoralité a la charge des insti tuteurs congréganisles. Pourquoi n'a-l-il ricn dit (pour nous en lenir aux seuls fails du premier irimestre de celte année) t° De l'instituteur laïque de Boussicort (Somme) 2° De l'instituteur laïque de Dancourt (Somme); Tous deux écroués sous l'inculpation d'atten- tats a la pudeur commis sur des petites filles; 3° De Tinstitütrice laïque de Tonquédec (Cótes- du-Nord), poursuivie pour crime d'infanticide dans les plus horribles circonstances Pourquoi ne reléve t-il pas non plus ce que nous avons dit de Irois instituteurs laïques condamnés en une seule session par la cour d'assises de la Cóte-d'Or Le A1A* Siècle el la luandre libérale juge- raient-ils ces fails excusables paree ipi'ils out pour auteurs des laïques ROME. Un épisode touchant de la reception de ,Mm<' de Montalembert par le Souverain Pontile, raconté dans une correspondance du Salut public Mme de Montalembert se trouvait dans la Ville Eternelle quelques jours après l'élévation du cardinal Pecci au trö.ie pontifical. Léon XIII, instruit de la présence a Rome de la digne veuve de l'illustre orateur, lui lit dire qu'il désirait la voir. Mm0 de Montalembert so rend aussitöt au Vatican, accompagnée de l'une de ses filles M"° Thérèse. Après avoir remerció Mmo de Monta lembert dés éminents services rendus A l'Eglise par son mari et par son frère, Mgr de Mérode, le Saint Père, avisant M"° Thérèse, demande a M1"" de Montalembert Quelle est cette jeune fille? C'est ma fille, répond Mma de Montalembert. Alors, Léon XIII se léve et étendant la main droite sur la téte de la jeune fille, prononce avec émotion ces mots«Je vous donne ma bénédic- tion, Thérèse, pour vous et pour votre glorieux père. 10 mois 22 jours ou 32i jours se sont écoulés depuis le 12 avril 1877, jour de la déclaration de guerre, jusqu'au 4 mars 1878, jour de la ratifica tion du traité de paix. Mais déja, plus de cinq mois auparavantune grande partie de l'armée était mobilisée. Ces 10 mois nous ont coüté d'énor- mes sacrifices matóriels. En novembre 1876, trois emprunts intérieurs de 350 millions de roubles papiers et un emprunt extérieur de 93 3/4 millions de roubles en or, ou 125 millions roubles papier, ont été conclus. En outre, le Trésor a encore emprunté de la Banque de l'Empire une somme de 285 millions de roubles environ, épargnés du budget des annóes précédentes. En tout, on a dépensé S00 millions pour les préparatifs et pour la campagne contre la Turquie. - Disons qu'il faudra 50 millions pour la rapa- triement des troupes, et la somme totale des frais de la guerre s'élèvera ainsi a 850 millions de rouble». L'amortissement et le service des intéréts de cette somme s'élève a 45 millions par an. Comme la déper.se pour les dettes de l'Empire exige, d'après le budget de 1877, une somme de 108 1/4 millions de roubles, il est évident que la guerre a augmenté la dette de l'Empire de moitié environ. L'augmentation serait moins sensible si la Turquie payait les 300 millions de roubles stipu- lés dans le traité de paix; les dépenses de la guerre seraient alors réduites a un demi milliard de roubles: les intéréts annuels et l'amortissement n'exigeraient plus que 30 millions do roubles. >.Iais on ne peut pas encore juger avec la moindre assurance si cette contribution de 300 millions sera payée. Nos lecteurs n'ont pas oublié la tentative d'assassinat sur le général Trépof, en Russie. II y a six semaines, une femme se présentait cliez le général Trépof, préfet de Saint Péters- bourg, en solliciteuse. Ihtroduite auprès du gé néral, elle tira de dessous ses vêtements un revolver et en déchargea sur lui deux coups qui le blessèrent grièvement. L'enquête établit que cette femme était une nommée Vera Sassoulith et qu'elle avait été la maïtresse. d'un nihiliste arrêté dix-huit mois auparavant. A la suite d'un acte d'insubordination, le général Trépof avait fait fustiger le détenu et Vera avait jure de venger son amant. L'attentat eut lieu juste un an jour pour jour, après le chati- ment qui en fit concevoir l'idée. Traduite devant la cour d'assises, Vera Sas soulith a été acquittée par le jury. Le fait est d'autant plus grave qu'A sa sortie du tribunal la jeune fanatique a été, de la part de la foule, l'objet des demonstrations sympathiques les plus bruyantes, C'est la une nouvelle preuve de la popularity que le parti nihiliste et révolu- tionnaire a fini par acquórir en Russie. II en ré- sulte que le gouvernement est obligé en ce qui concerne la question d'Orient, de tenir grand compte des visées du parti panslaviste, pour ne pas ètre a l'intérieur entiérement débordó par des factions puissamment organisées. On écril dc Saint Pétersbourg, le 13 avril, a VUnicers Souvent un incident, un simple petit détail pris sur le vif, en dit plus sur l'état social d'un pays que n'importe quel gros volume, Voici, par exem- ple, quelque chose qui vient de se passer ici quelque chose de mince importance peut-être', mais qui vous donnera en peu de traits le vrai mot sur le gouvernement, sur le public .et sur leurs rapports mutuels. Je résumé autant que possible. Vous connaissez l'attentat commis par la dame Zassoulitch sur la personne du général aide de camp Tré'poii', prél'et de police a St-Pétersbourg. Mercredi l'accusée Vera Zassoulitch a passé en cour d'assises. Parmi les douze jurés se trou- vaient neuf employés d'administration, un gentil- homme, un marchand et un artiste. Vera Zassoulitch expliqua ainsi les motifs de son crime Elle avait lu dans un journal que, lors de l'ar- restation de quelques niliilistes a la suite de l'affaire dite de l'église de Kasan (troubles et cris sédiïieux)un des inculpés (Bogoluboff) avait recu, par ordre du général Trópoff, 25 coups de verges comme peine disciplinaire. Cette correc tion infamante indigna a un tel point la dame Zassoulitch que, sans connaitre personnellement l'iuculpé Bogoluboü', elle se décida a vénger ce dernier. Vera Zassoulitch se trouvrit alors a Penza, a un millier de kilometres de St-Péters bourg. Elle róunit quelqu'argent, acheta un revol ver, prit un billet de troisième classe et, le lende, main de son arrivée a St-Petersbourg, se présenta cliez le général Trépofï sous prétexte de pétition. On sait le reste. En présentant un placet, elle tira a bout portant sur le préfet et le blessa griè vement. A l'audience, l'attitude de l'accusée est très- calme et très-correcte. C'est une petite et chétive personne, aux traits minces et accusés; vingt- huit ans comme age. La salie est bondée. Une foule de notabilitós et de liauts persouuages de tout genre, entre autres le prince chancelier Gortschakolf. Public hou- leuxet surexcité. Les explications de l'accusé et le discours du défenseur sont accueillis par des tonnerres d'applaudissements sans que le prési dent se risque non-seulement a faire évacuer la salie, mais mème a imposer silence a ces de monstrations inconvenantes. Après cinquante minutes de délibération, lo jury apporte un verdict d'acquittement. Nouvel le explosion de bravos et d'applaudissements. Le défenseur embrasse l'accusée, le public embras- se le défenseur. A la porte du tribunal, foule énorme. Véra Zassoulitch et son défenseur sont accueillis a ia sortie par des cris et des hourras. Quelques énergumènes les soulévent et les portent en triomphe. La police vent mettre le hola a ces expansions par trop significative^; on invite la dame a monter en voiture pour se soustraire aux ovations. Elle résiste. Une mêlée s'en suit. Deux coups de pistolet partent, on ne sait d'oü, et la dame Zassoulitch, airsi qu'un étudiant qui se trouvait a ses cótés, tombent, Véra Zas- soulitb blessée a l'aisselle droite, l'étudiant raide mort... C'est tout un tableau que cette charmante his- toire. Un préfet qui fait fustiger a coups de verges des inculpés politiques. Une dame, indignée de cette infamie, qui ne trouve rien de mieux que d'alier assassiner ce préfet a verges. Un jury qui acquitte a l'unanimité une tentative d'assassinat avecpréméditation, tentative suivie de blessure dangereuse. Un public qui acclame aVec enthousiasme cet étrange verdict, qui acclame l'liéroïne de ce haut fait. Ce président qui n'ose pas imposer le respect que le public doit a lajustice. Enfin cette scène finale de tuerie dans la rue, oü, par le plus étrange ha,sard, deux coups de pistolet sont óvidemment tirés sur Vera Zassou litch, dont l'un atteint un innocent qu'il tue sur la place. Charmant intérieur, en vérité Un arrêté ministeriel du 16 avril porte que les miliciens de la Flandre occidentale désignés pour le service et compris dans le contingent de la levée de 1878, et pour lesquels le versement de 200 fr. mentionné a l'art. 644 de la loi n'a pas été effectué, seront remis a l'autorité militaire les 12, 13, 14, 15, 17 et 18 juin. Les miliciens pour lesquels le versement de 200 fr. a été affectué doivent ètre remis le 1 juillet Ceux dont la designation pour le service est devenue definitive peuvents'ils le désirent, étre mis en activité avant ces époques. Ils doi vent, a cet effet, s'adresser au gouverneur de leur province, qui les remettra a l'autorité mi litaire.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1878 | | pagina 2