ce qu'il rélablit iodirectemenl le bulletin de
parli donl Ie libéralisme a si heureusement
oblenu la suppression.
Cette objection n'a pas le sens common.
Le bulletin de parli n'exisie ni plus ni
moins dans Ie systéme de M. Tack que sous
le régime acluel.
Aujourd'hui aussi, il suffit de marquer
d'une estampille on d'une croix, comme
le propose M. Ie minislre des finances, soil
line case leinlée en bleu,soil une case leintée
en rouge, pour voter d'un trail pour loute
la lisle libérale on pour toule la liste catho-
lique.
La seule difference qui existe dans Ie sys
téme de M. Tack, et c'esl précisément son
avantage, c'est qu'en fracliorinant les bulle
tins, il supprime la marque (croix ou estam
pille) el qu'il ferine ainsi une source abon-
danlede difficultés el de conlestations.
Mais ce systéme, la gauche ricn veutpas!
El pourquoi n'en veut-elle pas?...
Est-ce qu'il favorise Pun parti au détriment
de l'autre? Non.
Est-ce qu'il entrave la fibre émission des
votes? Non. II Ia facilite el la simplifie.
Est-ce qu'il comporte le billet frauduleu-
sement marqué? Encore moins, pnisqu'il se
base précisément sur la remise d'un bulletin
exempt, sauf dans les cas de triage, de loute
marque et rcmis par i'élecleur dans l'état
mème oü celui - ci l'a recu du président du
bureau.
Done point d'objeclion plausible et un
avantage évident.
Ne serait-ce pas peut ét re cel avantage
mème qui dicte l'opposition de la gauche et
du journalisme libéral?
Qui a done intérét a multiplier les con
testations de bulletins el les éleclions liti-
gieuses? Cettx qui visenl d pècher en eau
trouble.
Or, depuis quelque temps, ce n'est plus
en Allemagne el en Suisse seulement que nos
Gueux vont cfiercher des exemples bons a
imiter. Le systéme des invalidations pour
cause d'utilité républicaino, si lestement pra-
tiqué en France, excite aussi la jalouse éinu-
lation dc libéralisme beige. I! est obsédó de
projets de conlrefacon de celte admirable
manoeuvre; mais tous ces projels impliquent
deux conditions: i° une majorité libérale
füt-elle fictive, d'une seule voix, et düt-elle
commencer par se valider elle-mème pour
invalider ses adversaires; 2° des contesta
tions quelconques sur la régularité des élec
lions.
Voici les réflexions que ces factions inspi -
rent a la Pair ie de Bruges:
Décidément, le parti libéral avail projeté
une émeute pour le cas oü la Chambre eüt
voté la loi loyale, logique et juste, pro-
posée par le gouvernement en vue d'aug-
menter le personnel législatif. La nouvelle
nous en est arrivée de Bruxelles, et le plan a
été révélé parun journal juif deVienne, la
Neue freie Pers donl nous avous cité un
exlrait.
II faut done allribuer a Ia crainte d'une
émeute l'élrange revirement qui s'est opéré
a la Chambre des représeuiauts, et conve-
nons-en, cela est extièmement déplorable.
Si l'émeute libérale doit prendre place parmi
les pouvoirs de l'Etat, s'il lui appartienl de
faire el de dêfaire les lois, dserail plus digne,
plus ralionnelde lui céder le gouvernement
d'une manière compléte: si, au contraire,
el personne ne peul raisonnablemenl le
contester, l'ordre public doit ètre mainle-
nu a tout prix, il l'aul sabrer les émeuliers
libéraux, il faut leur apprendre qu'ou ne
transige pas avec eux, et cela n'est ni difficile
ni dangereux: quand la radicaille de Bru
xelles el d'ailleurs descend dans les rues,
failes charger ses rangs par quelques esca-
drons de gendarmes, suivis d'agenls de po
lice pour recueillir les rebelles, et soyez cer
tain que ces derniers seront excessivement
clairsemés. Traduisez les individus arrèlés
immédialement devanl le tribunal correc-
tionnel, qui en fera bonne justice, et quand
le libéralisme saura que vous voulez ce que
vous pouvez, il renlrera ses cornes et sa béte
émeuliére mourra desa laide mort.
II n'y a jamais eu d'émeute que paree que
l'autonléa faibli ou paree qu'elle a élé com
plice des perturbaleurs; il en est de mème
des révolulions. L'histoire est la qui l'ensei-
gne, et nous nous demandons pourquoi en
Belgique on ne profile pas de ses lecons,
alors qu'il est évident, en persistant dans les
errements acluels, on prépare la désorgani-
salion des pouvoirs publics et la démoralisa-
tiou des bons citoyens.
PROJETS DE CAMPAGNE DU PARTI GUEUX.
Le correspondant bruxellois de la liépu-
blique francaise lui a envoyé les renseigne-
ments suivants
Le petit ion cafard de cette derniére phra
se n'échapperu pas aux esprits clair
voyants.
EDUCATION LAIQUE.
M. Sarcey, si prompt a se déchainer conlre
les instituteurs eongfègamsles coupablesd'in-
fliger a leurs élëves la moiudre petite égra-
lignuie, oublie avec un som fort remarqué
de rapporier certains fails récemmenl corn-
mis par des instituteurs trés-libéraux. La
Flandrelibérale et les autres journaux gueux
de Belgique gardent naturellemenl le mème
silence. C'esl saus doute oubli de leur part.
Aussi leur demandons-uous pour la qua-
triéme fois si le cas des deux ou trois insti
tuteurs congréganisles cilés par eux, et que
nous voulons bien admetlre, est comparable
a celui
CI1RONIQUE PARLEMENTAIRE.
Le Sénat a disculé le projet de loi relalif a
raugmentalion du nombre des membres des
Chambres législatives.
Le débat a porté principalemenl sur un
amendemenl des sénaleurs de Liége, défendu
en leur nom par MM. Braconier et d Andri-
mont, et tendanta allribuer a leur arrondis
sement, le représentant que le projel voté
par la Chambre accorde a l'arrondissement
de Waremme.
Cet amendement a été rejeté par 2G voix
contre 15.
L'ensemble dn projet a été adopte par 30
voix conlre 4 et 1 abstention.
Le Sénat, aprés avoir voté des credits
suppémentaires au budget dc l'intérieur,
s'est ajourné jusqu'a convocation ullérieure.
de la présidence du conseil, Vefik Pacha s'est
rallié a la politique de neutraljlé des autres
ministres, politique que la Porie sera peut-
étre en élat de suivrc d'abord, mais qu'elle
ne pourra observer longtemps si la guerre
éclaie réellement enlre la Russie el l'Angle-
terre.
CHRONIQUE ELECTORALE.
On nous écrit du Luxembourg que les
nonvelles électorales de l'arrondissement de
Neufchateau sont excel lentes. M. le comte
de Loen d'Enschedeque les calholiques
porleront conlre M. Bergh, sénateur libéral
acluel, aura, dans cet arrondissement, une
majorité qui ne sera guére inférieuie a cel le
qui, d'ores et déja, lui est assurée dans l'ar
rondissement de Virion. Selon tonles proba-
bilités, il n'aura inème pas de concurrent.
On annonce comme un fait a peu prés
certain que M. le prince Alphonse de Chi-
may, qui a épousé Tan dernier Mile Lejeune,
posera sa candidature aux prochaines élec
tions de Thuin.
II est également trés-probable que M. Wa-
rocqué prendra la place de M. Paul Brouwel
au Sénat.* (Union, de Carleroi.)
Les calholiques du canton d'Anvers
out, assure t-on, l'inlention d'enlrer en lice
pour les éleclions provinciales.
Nous venons de lire une intéressante bro
chure intilulée Essaisur la richèsse rnaié-
rielle de la Belgique par M. War eg Massalski,
professeur a l'Université catholique de Lou-
vain.
C'est une étude analylique des éléments
qui constituent la fortune générale de la Bel
gique. En les groupanl pour en faire un
seul lont, Eau leur obtient le résulial suivant:
1Terres el bois. 10,315,442,208
2. Produits végélaux de
la lerre 943.562,400
3. Animaux 000.000,000
4. Maisons d'habitation3,500.000,000
5. Bailments publics. 3,918,000,000
0. Meubles.etc. 4,007,220,001»
7. Mines et carrières 390,780,000
8. Stock de merchan
dises 300.000,000
9. Mélaux précieux 1,616,226.000
10. Chemins de fer, etc. 1,855,705,947
11. Valeurs sur fétranger 1.020,281,275
12. Divers1,000,000,000
29,539,217,830
En résumé done, la riclnsse maiérielie de
la Belgique est de prés de Irente milliards.
Cette richesse répartie sur les 2,945,510
heet., que comprend le lerritoire, donne
une valeur approximative de 10,000 fr. par
unité de surface. Répartie sur la population
entière, elle est en chiffres ronds de 5,500 fr.
par habitant.
BULLETIN POLITIQUE.
S'il faut cn croire'VEcho de Loodr.es, les
invitations au Congres ont été Inn cé.es hier
soir el les traités de 1856 el de 1871 seront
deposés au Congres pour ètre comparés avec
le Irailé de San Siefaoo.
Ces traités formeront done la base forrnel-
ledes Iravaux de la conference ou du con-
grés, ee qui implique nécessairement la dis
cussion, dans loules ses parties, du (railéde
San Stefano, dont tous les articles modifient
plusou moms profondémenl des stipulations
des traités antérieurs.
C'est une concession qui facilite évideni-
ment une entente.
La erise minislérielle qui s'est produile a
Constantinople; mais qui est mainlenant
apaisée, pïovcnait d'un désaccord survenu
dans le conseil des ministres deTurquie au
sujet de l'attilude que cetie puissance devra
prendre si la guerre éclaie enlre l'Angleierre
ei ia Russie. La plupari des ministres lures
s'élaienl prononcés pour la neulralité; le
premier minislre, Vefik Pacha, avail au con-
iraire émis I'opinion que la Turquie devait
conclure une alliance avec l'Angleterre el
agir dc concert avec celle puissance. Se
voyant isolé, Vefik-Pacha avait donné sa
démission, mais il l'a retiree par suile d'un
compromis. Aprés plusieurs tenlatives failes
en vain pour engager un membre du cabinet
acluel ou du cabinet précédent a se charger
RUSSIE.
La Petersburger Borsen-Zeilung s'expri-
me de la maniére snivante sur les frais de la
guerre russo-turque
ACTES OFFICIELS.
C/larrtaajjaic IitcaSe.
Nous avons visité avec inlérèt el admira
tion ia splendide collection de dentelles que
Monsieur René Begerem destine a ('Exposi
tion universelle de Paris.
Nous ne croyons pas qu'il soit possible de
produire des dessins plus riches, plus élé
gants, mieux détachés. Dans ces ramuges,
ces fleurs et ces feuillages il y a de la vie et
du mouvement. Le réseau est d'une finesse
el d'une correction paifailes, pas une maiIle
irrégulière. II y a des mouehoirs, des éven-
lailset des volants a séduire les reines et les
princesses. La dentelle portée a cette perfec
tion n'est plus un fabrical, c'esl unc oeuvre
d'art.
Dans celte vitrine, qui renferme des tré-
i sors, nous avons dislingué aussi toute une
série de garnitures, de mouehoirs d'un des
sin exquis. Le goüt le plus délicat a présidé
a cc clioix qui représente la plus haute nou
veauté.
La Maison Begerem fait honneur a la ville
d'Ypres et, nous ne eraignons pas de le dire,
a l'art industrial national.
Nous n'en pouvons douter, les grands frais
que la Maison Begerem s'impose, pour main-
temr la haute reputation do la belle Valen-
cieurie d Ypres, lui vaudra une vogue lou-
jours croissante.
C'cst avec le plus vif intérét que nous
avous appris que cette rare perfection de tra
vail est due en grande partie a I ecole si
populeuse des Soeurs Lamotle. On nous a
sigiidlé des ouvrages ravissants fabriqués a
cette école ct les produils les plus distingués
cl les plus surprenants sont l'ceuvre d'an-
ciennes élèves de cette incomparable institu
tion.
Nous félici'.ons Monsieur René Begerem de
rinlelligenlc impulsion qu'il donne a noire
industrie dentelliére. Nu lie part il n'est pas
possible de produire une collection de den-
telles plus lines et mieux failes.
Nous regrelions de n'avoir pas trouvé le
Avant la cloture de la session, nous aurons
une discussion complete sur la politique du
gouvernement. M. Frère l'a annoncé. S'il faut
vous dire toute ma pensee, je ne crois pas que
cette passé d'armes oïatoire, quelque talent
la proportion des partis dans les Chambres ne
- sera pas cliangée et que le ministère catiiolique
conservera une majorité assez forte pour rester
aux affaires. Alors it faudra se decider a ouvrir
les yeux et a reconnaitre qu'il est urgent de sor-
tir de 1'ornière oü le parti libéral est embourbé
depuis plus de quinze ans. Je puis vous an-
noncer pour le lendemain des élections un mou
vement eousidérable en faveur, siuon du suffrage
universel, au moins d'une large extension du
droit électoral.
Nous voila avert is aussidéja maintenant on
annonce pour le lendemain des prochaines
élections un mouvement considerable.
Le correspondant bruxellois de la Nouvel
le presse hbre de Vierme, qui esl trés bien
placé pour connailre le secret des dieux libé
raux, nous fait, a son tour, une intéressante
révélalion. Voici avec quelle ingénuité il
prédisait, le 9, de prochains troubles dans
les rues de la capilale
L'irritation de la population bruxelloise. mor-
tellement calomniée par les cléricaux, menace de
prendre une forme extra parlementaire. La Li-
gue des Gueux a convoqué pour demain, Mardi,
un meeting populaire au theatre de l'Alhambra,
qui servira probablement de prologue a une
demonstration populaire devant les hotels des
ministres, rue de la l.oi. Le ton provoquant avec
lequel les orateurs de la majorité s'expriment,
leur haine contre Bruxelles, laquelle poussait le
député d'Alost, M. Woeste, a soutenir qu'il i'al-
lait faire une loi d'exception pour la capitale,
grace a laquelle le nombre de ses représentants
ne pourrait plus jamais s'accroitre, tout cela a
aigri les coeurs, et on peut s'attendre pour Mardi
soir a des événements tumultuaires. Le Roi
Leopold tl célèbrece jour-la son 43e anniversaire
de naissance, et, a cette occasion, les monuments
publics seront illumines: la demonstration la plus
tranquille peut, dans une telle soirée, prendre
une importance plus grande que ne le désirent
peut-ètre aujourd'hui ses auteurs. Quoi qu'il en
soit, il serait plus sage de s'abstenir compléte-
ment.
1° De l'instituteur laïque du Quesnoy (Somme),
qui a brutalisé un enfant au point que la mort
s'en est suivie
2° De l'instituteur laïque de Lliéraule (Oise)
qui a laissó un enfant A genoux en penitence
devant l'ócole si longtemps et par un froid tel
que l'enfant en mourait trois jours après
3° De l'instituteur laïque chargé par intérim,
au mois de février dernier, de Tourouvre (Orne),
qui a donné si brutalement a un élève un coup
de pied dans les reins, avec ses sabots, que le
pauvre enfant mourait quelques semaines après
d'un abcès au bas des reins et d'une paralysie de
la jambe.
Trois enfanls, en trois mois, mor Is des
suites de punitions corporelies infligées par
des instiluteurs laïques, qu'en peuse le XIXe
Siècle
Nous parions de fails publics, incontcsta-
bles, sur lesquels nous aurons prochainement
des jugements. Nousdonnons les noms, nous
indiquerons les lieux, sons crainte d'etre
conlredit par le XIX* Siècle ni par aucun
autre de ses eompéres.
Encore une fois, qu'en pense-t-il Ei pour
quoi ne s'indigno-l-il pas aussi
Le AIA* Siècle a parlé également d'un ou
deux faits d'immoralité a la charge des insti
tuteurs congréganisles.
Pourquoi n'a-l-il ricn dit (pour nous en
lenir aux seuls fails du premier irimestre de
celte année)
t° De l'instituteur laïque de Boussicort (Somme)
2° De l'instituteur laïque de Dancourt (Somme);
Tous deux écroués sous l'inculpation d'atten-
tats a la pudeur commis sur des petites filles;
3° De Tinstitütrice laïque de Tonquédec (Cótes-
du-Nord), poursuivie pour crime d'infanticide
dans les plus horribles circonstances
Pourquoi ne reléve t-il pas non plus ce que
nous avons dit de Irois instituteurs laïques
condamnés en une seule session par la cour
d'assises de la Cóte-d'Or
Le A1A* Siècle el la luandre libérale juge-
raient-ils ces fails excusables paree ipi'ils out
pour auteurs des laïques
ROME.
Un épisode touchant de la reception de ,Mm<' de
Montalembert par le Souverain Pontile, raconté
dans une correspondance du Salut public
Mme de Montalembert se trouvait dans la Ville
Eternelle quelques jours après l'élévation du
cardinal Pecci au trö.ie pontifical. Léon XIII,
instruit de la présence a Rome de la digne veuve
de l'illustre orateur, lui lit dire qu'il désirait la
voir. Mm0 de Montalembert so rend aussitöt au
Vatican, accompagnée de l'une de ses filles M"°
Thérèse. Après avoir remerció Mmo de Monta
lembert dés éminents services rendus A l'Eglise
par son mari et par son frère, Mgr de Mérode, le
Saint Père, avisant M"° Thérèse, demande a M1""
de Montalembert
Quelle est cette jeune fille?
C'est ma fille, répond Mma de Montalembert.
Alors, Léon XIII se léve et étendant la main
droite sur la téte de la jeune fille, prononce avec
émotion ces mots«Je vous donne ma bénédic-
tion, Thérèse, pour vous et pour votre glorieux
père.
10 mois 22 jours ou 32i jours se sont écoulés
depuis le 12 avril 1877, jour de la déclaration de
guerre, jusqu'au 4 mars 1878, jour de la ratifica
tion du traité de paix. Mais déja, plus de cinq
mois auparavantune grande partie de l'armée
était mobilisée. Ces 10 mois nous ont coüté d'énor-
mes sacrifices matóriels. En novembre 1876, trois
emprunts intérieurs de 350 millions de roubles
papiers et un emprunt extérieur de 93 3/4 millions
de roubles en or, ou 125 millions roubles papier,
ont été conclus. En outre, le Trésor a encore
emprunté de la Banque de l'Empire une somme
de 285 millions de roubles environ, épargnés du
budget des annóes précédentes. En tout, on a
dépensé S00 millions pour les préparatifs et pour
la campagne contre la Turquie.
- Disons qu'il faudra 50 millions pour la rapa-
triement des troupes, et la somme totale des
frais de la guerre s'élèvera ainsi a 850 millions
de rouble». L'amortissement et le service des
intéréts de cette somme s'élève a 45 millions par
an. Comme la déper.se pour les dettes de l'Empire
exige, d'après le budget de 1877, une somme de
108 1/4 millions de roubles, il est évident que la
guerre a augmenté la dette de l'Empire de moitié
environ.
L'augmentation serait moins sensible si la
Turquie payait les 300 millions de roubles stipu-
lés dans le traité de paix; les dépenses de la
guerre seraient alors réduites a un demi milliard
de roubles: les intéréts annuels et l'amortissement
n'exigeraient plus que 30 millions do roubles.
>.Iais on ne peut pas encore juger avec la moindre
assurance si cette contribution de 300 millions
sera payée.
Nos lecteurs n'ont pas oublié la tentative
d'assassinat sur le général Trépof, en Russie.
II y a six semaines, une femme se présentait
cliez le général Trépof, préfet de Saint Péters-
bourg, en solliciteuse. Ihtroduite auprès du gé
néral, elle tira de dessous ses vêtements un
revolver et en déchargea sur lui deux coups qui
le blessèrent grièvement.
L'enquête établit que cette femme était une
nommée Vera Sassoulith et qu'elle avait été la
maïtresse. d'un nihiliste arrêté dix-huit mois
auparavant. A la suite d'un acte d'insubordination,
le général Trépof avait fait fustiger le détenu et
Vera avait jure de venger son amant. L'attentat
eut lieu juste un an jour pour jour, après le chati-
ment qui en fit concevoir l'idée.
Traduite devant la cour d'assises, Vera Sas
soulith a été acquittée par le jury.
Le fait est d'autant plus grave qu'A sa sortie du
tribunal la jeune fanatique a été, de la part de la
foule, l'objet des demonstrations sympathiques
les plus bruyantes, C'est la une nouvelle preuve
de la popularity que le parti nihiliste et révolu-
tionnaire a fini par acquórir en Russie. II en ré-
sulte que le gouvernement est obligé en ce qui
concerne la question d'Orient, de tenir grand
compte des visées du parti panslaviste, pour ne
pas ètre a l'intérieur entiérement débordó par
des factions puissamment organisées.
On écril dc Saint Pétersbourg, le 13 avril,
a VUnicers
Souvent un incident, un simple petit détail pris
sur le vif, en dit plus sur l'état social d'un pays
que n'importe quel gros volume, Voici, par exem-
ple, quelque chose qui vient de se passer ici
quelque chose de mince importance peut-être',
mais qui vous donnera en peu de traits le vrai
mot sur le gouvernement, sur le public .et sur
leurs rapports mutuels.
Je résumé autant que possible.
Vous connaissez l'attentat commis par la dame
Zassoulitch sur la personne du général aide de
camp Tré'poii', prél'et de police a St-Pétersbourg.
Mercredi l'accusée Vera Zassoulitch a passé en
cour d'assises. Parmi les douze jurés se trou-
vaient neuf employés d'administration, un gentil-
homme, un marchand et un artiste.
Vera Zassoulitch expliqua ainsi les motifs de
son crime
Elle avait lu dans un journal que, lors de l'ar-
restation de quelques niliilistes a la suite de
l'affaire dite de l'église de Kasan (troubles et cris
sédiïieux)un des inculpés (Bogoluboff) avait
recu, par ordre du général Trópoff, 25 coups de
verges comme peine disciplinaire. Cette correc
tion infamante indigna a un tel point la dame
Zassoulitch que, sans connaitre personnellement
l'iuculpé Bogoluboü', elle se décida a vénger ce
dernier. Vera Zassoulitch se trouvrit alors a
Penza, a un millier de kilometres de St-Péters
bourg. Elle róunit quelqu'argent, acheta un revol
ver, prit un billet de troisième classe et, le lende,
main de son arrivée a St-Petersbourg, se présenta
cliez le général Trépofï sous prétexte de pétition.
On sait le reste. En présentant un placet, elle
tira a bout portant sur le préfet et le blessa griè
vement.
A l'audience, l'attitude de l'accusée est très-
calme et très-correcte. C'est une petite et chétive
personne, aux traits minces et accusés; vingt-
huit ans comme age.
La salie est bondée. Une foule de notabilitós et
de liauts persouuages de tout genre, entre autres
le prince chancelier Gortschakolf. Public hou-
leuxet surexcité. Les explications de l'accusé et
le discours du défenseur sont accueillis par des
tonnerres d'applaudissements sans que le prési
dent se risque non-seulement a faire évacuer
la salie, mais mème a imposer silence a ces de
monstrations inconvenantes.
Après cinquante minutes de délibération, lo
jury apporte un verdict d'acquittement. Nouvel
le explosion de bravos et d'applaudissements. Le
défenseur embrasse l'accusée, le public embras-
se le défenseur.
A la porte du tribunal, foule énorme. Véra
Zassoulitch et son défenseur sont accueillis a
ia sortie par des cris et des hourras. Quelques
énergumènes les soulévent et les portent en
triomphe. La police vent mettre le hola a ces
expansions par trop significative^; on invite la
dame a monter en voiture pour se soustraire
aux ovations. Elle résiste. Une mêlée s'en suit.
Deux coups de pistolet partent, on ne sait d'oü,
et la dame Zassoulitch, airsi qu'un étudiant
qui se trouvait a ses cótés, tombent, Véra Zas-
soulitb blessée a l'aisselle droite, l'étudiant raide
mort...
C'est tout un tableau que cette charmante his-
toire.
Un préfet qui fait fustiger a coups de verges
des inculpés politiques.
Une dame, indignée de cette infamie, qui ne
trouve rien de mieux que d'alier assassiner ce
préfet a verges.
Un jury qui acquitte a l'unanimité une tentative
d'assassinat avecpréméditation, tentative suivie
de blessure dangereuse.
Un public qui acclame aVec enthousiasme cet
étrange verdict, qui acclame l'liéroïne de ce haut
fait.
Ce président qui n'ose pas imposer le respect
que le public doit a lajustice.
Enfin cette scène finale de tuerie dans la rue,
oü, par le plus étrange ha,sard, deux coups de
pistolet sont óvidemment tirés sur Vera Zassou
litch, dont l'un atteint un innocent qu'il tue sur
la place.
Charmant intérieur, en vérité
Un arrêté ministeriel du 16 avril porte que les
miliciens de la Flandre occidentale désignés pour
le service et compris dans le contingent de la
levée de 1878, et pour lesquels le versement de
200 fr. mentionné a l'art. 644 de la loi n'a pas été
effectué, seront remis a l'autorité militaire les 12,
13, 14, 15, 17 et 18 juin.
Les miliciens pour lesquels le versement de
200 fr. a été affectué doivent ètre remis le 1 juillet
Ceux dont la designation pour le service est
devenue definitive peuvents'ils le désirent,
étre mis en activité avant ces époques. Ils doi
vent, a cet effet, s'adresser au gouverneur de
leur province, qui les remettra a l'autorité mi
litaire.