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PIERRE 0 LIV AIN T
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Mercredi 19 Juin 18
13".annee. N° 1,301.
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I i rait Ic Mercredi et le Samedi. Let? insertions content 15 centimes la ligne. Les réclames et. annoncesjndiciaires se paienl '50 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
I.e Journa parai nnméro dn journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires co mm ad dés pour articles. Réclames on Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
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Tliourout-Ypres, i-05,(le
S^-m®^1^ar^j^n™etTouqu^t^oup1ines-AriiÊitïèreSj 6-00, 12-00, 3-35. Armentièrés-Houplines-Le Touquet- Warnêton-
™S?|,S4^f- CorS Warnèton, 8-45'mat. 9-30 sóir, (le Lundi 0-30.) - Warnèton-Comines, 5 30, 11-10 (le
rprninps^etffiaue Gomines-France, Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7,27, 8,59,11,45, 6,43, 9,41.
fellela Madelaine Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle, Gomines-France, Cqmmes-Belgique, 6,13, 7,13, 10,3o, 4,37,8,lo.
CourtralB?Se«5' 11-00 12-35, 4-40 6-37, 9-00 soir. (Thourout.)- Bruges-Courtrai, 8-05, 12-45, 5-05,' 6-42
Bru^s-Blai^eniiergiie-Heyst (Station) 7-22, 11-27, 2-50, 7-35. - (Bassin) 7-28, U-33, 2-56, 7-41. - Heyst-Blankenberghe-Bru-
In»efmu"Mie^PeynM-Gand5-00,9-41,2-15. - Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. - Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-41.
7-21 Deynzè-Ingelmunster, 12-00.
Tno-Plmunster-Anseghem, 6-05, 12-55,6-13. Anseghem-Ingelmunster, /-42,2-20,/-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7-10, 9-08, 1-35, 7-50. Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-lo,
nixmude-Nieuport, 9-50, 2-20, 8-35. Nieunort-Dixmude, 7-15, 11-55, 4-20.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-35, 10-10, 12-20,6-lo.
Selzaete-Eecloo, 9-05, 1,25, 9-03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-0,0, 10-30, 5-30..
Selzaete-Lokeren, 9-Ó4. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (le Mai'di, 10-00).
O O R. 1-i. ESPOrffDANCMS.
COURTRAI, BRUXELLES.
Gourtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
8,50
10,53
1,35
12,33 3,42 6,35.
2,25 6,10 8,54.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
Gourtrai dép. 0,37 9-37 10,50 2,54 5.34 8,47.
Tournai arr. 7,28 10,15 11,47 3,48 0,39 9,41.
Lille 7,42 10-42 12,08 4,00 6,37 10,04.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,46 2,44 7,56 8,44.
LILLE, TÜURNAT, COURTRAI.
Lille dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10
Tournai 5,42 8,56 11,32 2,40 5,26 8,50
Gourtrai arr. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40 9,32
COURTRAT, GAND.
GA NL), COURTRAT.
Gourtrai dép. 6-42 9,49
Gand arr. 8,01 11,08
12,31, 3,44 6,40
1,51, 5,04 8,00
9-32.
10,20.
Gand dép.
Gourtrai arr.
5,15
6,37
8,45
9,37
9.34 1,28 4,20 7,21.
10,50 2,54 5,34 8,47.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 6,43 Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 5,55 5,01 8,10 8,20.
Gand o. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 7,58 9,33. Gand arr. 5,55 8,29 9,31 10,22 1,17 3,59 4,11 7.17 7,02 9,19 10,26.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 9,31 10,42. Bruges 7,15*9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 8,38
LES ELECTIONS DU 11 JUIN.
L'imprévu joue un grand röle clans tonics
les choses de ce monde. La journce du 11
nous en a donné une nouvelle preuve.
Le pays paraissait d'un calme complet. Les
esprits n'étaienl agilés par aucune discussion
irritante provoquée par le gouvernement.
Celui-ci, au contraire, d'une moderation pres-
qu'excessive, n'avail pas foumi a ses ad ver
saires un seul grief.
La lulte présentait ce caraclére e.xceplion-
nel qu'elle n'avait pour objeclif de la part
des libéraux qu'un bul puremenl négalif, le
renversemenl pur et simple du cabine! catho-
lique.
lis avaient élé sommés de produire leur
programme. M. Maloudans la derniëre dis
cussion leur avail démandé nettement
Vainqueurs, que ferez-vous?
Un silence aussi prudent qu'hypocrite lui
avail seul répondu.
El landis que les calholiques déclaraienl
lutter pour conserver la liberté, la religion,
la monarchie, l'ordre el la société; tandis
qu'ils rpettaient leurs ad verso ires au défi de
citer une seule infraction qu'ils auraient
commise au parit trausaclionnel accepté en
1830 et loyalemi nt pratique depuis, d'aulre
part la presse libérale, les meetings gueux,
les clubs socialisies les pamphlets et les
ibelles inondaienl le pays des appels les plus
violents aux passions les plus ardenles. Un
nième mot d'ordre élait suivi avec un en
semble remarquable. A part les nuances de
langage, le cri unanime élaitEcrasons l'in-
FAMF,! It. FAUT DÉTRUlRE I.E CATHOLICISMSSi
nous voulions reproduire ici le< extraits de ce
que la presse gueuse a imprimé et de ce que
les candidaIs el les énetgumènes des mee-
l«A VIE
tings out burlé a cetle occasion, I'on avirait
un tel ensemble d'impiélés, d'insanités et de
blaspltèmes que la Communie de Paris el.le-
roème ne les a pas dépassés.
Grave signe du temps
Le nouveau gouvernement, quels que
soient ceux qui le composeront, descendra
nécessai reine ril la penie révolutionnaire et
an li-consti tutionnelle.
Si mème les lênes du pouvoir sont con-
fiées aux anciens chefs de la doctrine libé
rale, il ne faut pas se faire d'illusion; la jeune
gauche, républicaine et socialiste, réclamera
sa part du gateau en exigeant le prix de ses
camaraderies révolutionnaires, et Ion ne
pourra pas longtemps la lui refuser. Le pre
mier pas fait, la descenle s'accélèrera, el Ion
sera lancé dans la voie de perdition avec une
irrésislible violence
Devant un avenir aussi sombre, quel est
le devoir des catholiques?
Loin d'eux loule idéé de découragernenl
au contraire, ils doivent redoubler d'ardeur
et d'activité. lis possédent encore une impo
sante minorité a la Chambre et au Sénat. lis
ne subirorit point l'écrasement dont on les a
menaces.
Serrés autour du tröue, forts de leur con
science de catholiques et de leur fidélité de
citoyens, ils continueroni a dèfendre plus
ériergiquement que jamais la cause de Dieu,
du Boi et de la Paine.
LA SITUATION.
Ni le Bien public, in le Journal d'Anvers,
DE
La librairie Palmé met en vente la vie de
Pierre Olivaint, de la Compagnie de Jésus,
par le R. P. Charles Clair, de la mème Compa
gnie. Cet ouvrage est appelé an plus légitime
succès, ear il retrace d'une manière remarquable
la vie si sainte et si bien remplie du Père Olivaint
dont tous les élèves ont gardé un impérissable
souvenir.
Pour donner a nos abonnés le désir de lire ce
livre, nous en détachons les pages suivantes qui
contiennent le récit de la mort du Reverend Père,
iusillé le 26 mai 1871 par les misérables de la
Commune, avec cinquante autres victimes
Le moment était solennel. Le pouvoir insur-
rectionnel, refoulé de toutes parts, était venu
s'installer dans la mairie du onzième arrondisse
ment, a deux cents metres de la Roquette. Les
bourreaux étaient a portee des victimes. Le jour
s'achevait quand les pas cadencés d'une troupe
d'hommes en armes retentit dans l'escalier et les
corridors. Qui allait mourir? Les otages, l'oeil au
petit judas de leur porte, regardaient et atten-
daient. Une voix forte retentit- Darboy A
l'extrémité du couloir, l'archevêque, d'une voix
très-calmeréponditPrésentOn appela
sucoessivement ainsi M. Bonjean, M. Deguerry,
les PP. Clerc et Decoudry, l'abbé Allard. Pour
cette fois, ce fut tout; le lugubre cortege s'éloi-
gna, et le silence se tit dans la quatrième section.
Quelque temps aprés, on enteudit deux feux de
peloton successifs et quelques coups de fusil
isolós. II était alors liuit heures moins un quart.
Les survivants, a genoux dans leurs cellules,
prièrent pour les genóreuses victimes dont ils
s'attendaient a partager le sort. Au milieu de la
nuit, ils eurent une alerte et pensèreut que leur
tour était venu. Le silence profond avait étó
troubló tout a coup par le pas lourd de plusieurs.
hommes qui marcliaient dans le corridor. On
ouvrait des cellules; on parlait a voix basse...
Cetaierit les dépouilles des morts que les assas
sins se paitageaient. Un geölier, ayant trouvé,
au n° 7, occupó par le P. Ducoudray, avec des
soutanes de jésuites des papiers qui lui pa-
raissaient sans valeur, vint a l'heure mème les
remettre au P. Olivaint. Celui-ei, a cette vue, ne
pouvait plus avoir aucun doute il s'écria vive-
rnent- Un crime On lui répondit - Prenez
garde et taisez-vous.
Jusqu'au matin, les otages restèrent sous le
coup d'une érnotion poignante, tandis que d'ef-
froyables détonations déchiraient fair et que la
flamme des incendies rougissait au loin le ciel.
Quand le jour parut enrin, le P. Olivaint dit a
M. Bayle Cette nuit, j'ai beaucoup prié pour
vous; j'ai entendu faire du bruit a votre porte, et
j'ai cru qu'ou était venu vous chercher, Puis il
ajouta qu'il serappelait constammént un passage
de la vie de St-Francois de Sales, oü il est dit que
ce saint évêque, se trouvant un jour sur le lac
de Geneve dans une toute petite barquefut
assailli par une affreuse tempëte; il était porté a
la cime des flots et retombait aussitót com me
dans un gouffre. II était calme et heureux, disait-
il, paree que jamais il ne s'était mieux senti porté
par la mam de Dieu.
De sou cóté, le P. Caubert pencbé a sa fenètre
et conversant avec son voisin, M. Petit, secré
taire de l'archevêché de Paris, lui disaitSi
vous voulez, nous allons chanter; la musique
ni la Palrie de Bruges, ne nous font con-
nailre en détail les causes de Tinsuecès qui a
frappè nos amis dans ces villes: la surprise a
élé grande partout el cliacun se recueille
pour se 1'expliquer.
II est évident, par exeinple, qu'a Bruges
l'exeès de confiance est la cause principale
de l'ócliec essuyé par M. Van Ockerhout et
que si les éiecieurs catholiques avaient ap
porté a voter pour lui aulani de dévouemenl
qu'il en a montré a quitter, afin de se mettre
a leur disposition, le siége iiiconlesté de
Dixmude, il serait rentré aujourd'hui dans
le Sénat beige.
II est égajenient certain qu'a Anvers les
libéraux, en annulanl dans deux bureaux
plus de cinq cents bureaux pai fakement
valables onl prouvé qu'ils étaient résolusa
ne rcculer devant aucune violence el qu'un
peul les soupconner de toulos les triclieries.
On sail qu'a Charleroi le premier candidal
des catholiques, M. Drion, quoique non élu,
a recueilli la majorile des suffrages. A Ver-
viers, les libéraux eux-memes s'attendaient
a la reelection de M. Simonis; son tiorn n'a
manqué sur plus d'un bulietin mixte que
paree qu'on croyait sa rèéleclion cerlaine.
A Warei-nme enfin, le balloltage ne devraii
légalemenl avoir lieu qu'eutre MM. Ancion
et de Looz: avant mème que la Chambre ne
soit saisie, M. Ujeune, que sa profession
ast rein l plus que tout autre a repousser ee
qui ressemble a un faux, devrait éire le pre
mier a refuser de profiler d'annulalions aussi
irrégulières, aussi contrair.es aux arrange
ments convenus que celles iniaginées par M.
Oscar Massart pour fa ire arriver a ce ballol
tage le candidal liberal.
Tous ces incidents, la faiblesse de toules
ces majorilés, atteslenl bien que nous ne
dissipe la tristesse et fait du bien. Et il entou-
nait un pieux cantique sue le Sacre-Cosur.
Le P. de Bengy trouva dans la cellule du P.
Clerc un billet écrit de sa mam et daté du jour
même de sa mort, dans lequel il tómoignait de sa
parfaite assurance et de sa joyeuse resignation.
Le jeudi midi, écrit M, l'abbé Lamazou, on
nous permet une rócréation commune dans la
même cour que 'ia veille. Les visages sont plus
tristes,- rnais les cceurs sont aussi fermes.... Je
m'entretieus vingt minutes avec le P. Olivaint;
frappé dans ses plus chores affections, il con
serve encore sur ses lèvres un gracieux sourire;
je renonce a depeindre sa figure et a reproduire
sa conversation. Sou visage avait quelque chose
de vraiment idéal, et sa parole était celle d'un
ange. Sur la proposition de Mgr Surat, de M.
.Bayle et du P. Olivaint, les prétres font voeu,
si Dieu daigne les arracher a la mort, de cólóbrer
pendant trois ans le premier samedi de cbaque
mois, une messe d'action de graces en l'bonneur
de Marie.
Le P. Olivaint comptait sur une autre déli-
vrance; il l'aisait ses adieux, comme un voyageur
a l'beure du depart. Mon père, disait il avec
transport au P. Bazin en lui prenant la main,
bier soir deux de nos Pères sont partis pour le
ciel, et cela doit rècommencer aujourd'hui pour
vous et pour inoi; lie nous séparons pas sans
nous embrasser. II causa ensuite avec Mgr
Surat et, revenant encore au P. Bazin, il le pressa
lortement sur sa poitrine en disant- Mon Père,
adieu; nous ne nous reverrons plus probablement
sur la terre, mais au ciel.
Le 26 mai tombait juste un vendredile jour
était bien choisi pour gravir un calvaire et subir
une passion. Le temps était a la pluie; les prison-
niers se promenaient dans le triste corridor sur
lequel s'ouvraient leurs cellulesquand, vers
sommes nullement écrasés ni on Hcsbayo,
ni an pays de Verviers, ni au pays de Char
leroi, ni dans la province d'Anvers, ni dans
la Flandre occidentale. II n'y a dans ces ar
rondissement (pie pen de voix a déplacer,
que quelques efforts nouveaux a tenter pour
reconquérir le terrain perdu.
A Gand mème. on notre deception a été la
plus grande, nos amis, mainlenant éclairés,
répreodraient dcinain la lutte sans fatblesse
et remplis d'espoir,
C'esl dire que nous ne croyons point que
Ie libéralisme affronte les perils d une disso
lution des Chambres.
Le Journal de Liéye seul reclame ce riou-
vel appel aux éiecieurs, el calcule qu'en rem-
placanl par des libéraux ce qui rcste del us
catholiques a Bruges el a Anvers, son parti
s'assurerait line majdrité de 30 voix au Par
lement soit 81 voix coiilre SI.
Qu'il I'essaie: il trouvera devant lut la
Belgtque catliolique, d'auianl plus résolü-
menl délerminéea le repousser que l'épreu-
ve du 11 lui a inoutr.é les dangers d'un exces
de conliancc, lui a fait distmguer les amis
vrais des aides trompeurs, el l'aplacéeau
pfein de ce danger national et social que tous
croyaienisi éloigué il y a deux jours: le reia-
bliss'ement de la domination libérale.
Nous ne croyons done pas que Ie nouveau
cabinet liberal affronte l'épreuve nouvelle
que le Journal de Liéye appel!.: de ses vceux.
L'organe du libéralisme liegeois juge les
choses en liomme qui n'a malbeureuse-
ment pas rencontre d'adversaires dans
son arroudissemeni; lesleuilles liberales des
villes uii la lutte s'est cngagëe, ne disent
mot d'une dissolution: el lea suvent trop bien
a quel prix s'est achelè Ie succés d'liier pour
quatre heures du soir, le brigadier Ramain parut.
Son premier mot, prononce d'une voix rude, ne
laissa aucun doute aux otageson venait cher
cher une fournée. Attention Répoudez a l'ap-
pel de vos noms il m'e;: faut quiuze
Le P. Olivaint, appelé le premier, répond
aussitótPresent, et traversant le corridor,
il va se placer vis-a-vis des prisonniers pour
commencer la rangée des victimes. Aprés lui,
vient le tour du P. Caubert. Ramain a peine a
déchiffrer le nom du P. de Bengy. Celui-ci s'ap-
proche et dit simplement: C'est inoi. Parmi
les élus se trouva le vieil ami du P. Olivaint,
l'apötre des jeunes ouvriers de Paris, le saint
abbé Planchat.
Au moment de franchir le seuil de la prison,
le P. Olivaint s'apercoii qu'il tient encore, a la
main son bréviaire, livre clier et sacré, désor-
mais superflu, Moins pour se défaire de ce vade
mecum du prêtre que pour le sauver de sacrile
ges souillures, il le remet au concierge en disant:
'JTenez, mon ami, voici mon livre.
Mais a peine celui-ci a-t-il recu ce legs pré-
cieux, qu'un officier fédéré s'élance comme un
forcené, le lui arrache des mains et le jette au
feu. Lo concierge se hata de le retirer des flain-
mes, dés que cet énergumène se fut éloigné. il
se proposait de le conserver comme unerelique,
et résista mème aux instances d'un liaut person-
nage qui vint lui en off'rir un grand prix. Plus
tard cet liomme probe et délicat s'eu est dessaisi
en notre faveur, dit le P. de Ponlevoy, sans vou-
loir en retour accepter aucune gratification. C'est
bien, en eifet, ce grand bréviaire in 4" qui nous
était connu lioirci par la fumée, a demi-rongé
par les flammes, il est encore marqué par un
signe a la date du 26 mai.
Cependant les gendarmes enfermés dans la
première section étaient descendus deux A deux
le 11veaux busards d'une nouvelle enchère.
M. Frère, a tout prendre, finira par pré-
férer une majonté modesle, mais sure, aux
embarras que lui pause.raii une plus conside
rable. II a reconquis la direction du parti,
mais les siens subisseut le grand liomme,
bien plus qu'ils ne Ie désirent et I'acclament:
il est a la fois pour eux irop personnel et
trop gouverneiriental; une majorité de dix
voix se luisserait condiiire, erainte que 1'en-
nemi ne profile du premier désaccord pour
regagner la forleresse perdue; une majorité
de irenle sentirait moins la nécessité de celle
éiroite union el des concessions aux prudents
du parti: el le se inontrerait plus impatienle
du joug, beaucoup plus exigeante, et comme
a present c'esl du radicalisme surlout que
sortenl lesnouvelles recrues du libéralisme,
Ie général doctrinaire se verrait bien plus
e.\[)ose a ètre debordë, du jour au lende-
main, par ses bacln-bouzouks.
M. Fréresera d'auiant moins tentédes'ex-
poser a ce peril qu'en ce moment les circon-
siances exierieures lui imposeronl, quoi qu'il
pense ou quoi qu'il desire, une réserve (dus
grande.
Et voila qui fail voir combieu la Provi
dence, inéine en uous frappant, s'est montrée
clemente pour nous! la situation de la Belgt
que n'em-elle pas éte bleu plus grave si Ie
liberalisme avait reconquis ia majorité au
moment oü la fratice subissail a la fois l'in-
vasion, la republique cl la Communeou
plus teeemmenl au plus flagrant des persecu
tions allemandes: en ces temps la, nul doute
que les violences auxquelles nos voisins se
portaienl conire l'Eglise n'eusseul trouvé
ehez nos libéraux des imitatours empresses.
et marquant le pas. Le peloton cl'escorte ouvrit
les rangs pour les recevoiraprés eux vinrent
les laïques, puis les prêtres.
Un sigual lut donné, et le cortege des cin-
quante-deux victimes se mit en marche. Les
gens du quartier, ómus de compassion, le regar
daient passer. Dans le haut de la rue de la
Roquette, une femme cria Mais sauvez-vous
done II est certain que toute maison se serait
ouverte pour les recevoir.
On tourna a gauche et on s'engagea sur le bou
levard Ménilmon'tant dont on suivit la droite, le
long du mur qui bordo le cimetière du Père
Laciiaise. A la barricade qui se dressait sur le
boulevard, devant la rue Oberkampf, uue com
pagnie du 74° bataillon renforca l'escorte; puis,
on gravit la longue chaussée de Ménilmontant.
Jusque-la, seul un vieux prêtre, le P. Tuffier
sans doute, avait été insulté par quelques fédérós;
la foüle continuait a se öioutrér sympathique.
Mais dès qu'on eut péuétré dans la ruo de Puebla,
une masse énorme de vagabonds en armes, de
g^Iériens, de déserteurs, de l'emmes ivres ou
f'urieuses, enveloppa de tous cótés les otages,
criantLivrez-nous les prisonniers... a mort
les calotins La marche devenait plus lente et
plus difficile, a mesure qu'on s'engageait dans
l'étroite rue des Rigoles qui fait suite a la rue
de Puebla. On lit halte, pendant vingt minutes,
a la mairie, aujourd'hui détruite, du XXe arron
dissement la, un homilie fóroce, Gabriel Ran-
vier, cria aux otages qui passaient devant lui
Vous avez un quart d'heure ponr faire votre
testament, si eela vous amuse Cette cruelle
sentence fut accueillie par des trépignements de
joie. Va me fusilier tout cela aux remparts,
poursuivit Ranvier en s'adressant a un ignoble
personnage, Emile Gois, qui jusqu'a ce moment
commandait l'escorte. La ióule organisa une