Elections d'anvers.
M. Dubois-Thorn et en prenant ici sa defense,
nous ne pouvons ètre soupconné de remplir
un röle officieux, mais la manvaise foi libé
rale nous révolte et i! nous plait de rappeler
quelques nominations libera los en regard
desquelles celle que le libéralisme reproche
a M. Dubois n'est que de la Saint-Jean. Nous
dironsdonc a nos adversaires:
Lorsque, peu de mois avanl la chute du
ministère Frère, on nomma a Verviers, M.
Walthère Frére-Sauvage, bourginestre d'En-
sival, meinbrc du comptoir d'escompte,
e'est-a-dire qu'on Ie pourvut d'une sinécure
rapportant au moins annuellemenl 15 ou
20,000 francs, M. Frère-Orban n'élail-il pas
ministre des finances? Est-ce qu'il s'opposa
a la nomination <ie son fils el trouva-t-on
dans les rangs libéraux que celte nomination
devait ètre imputée a grief au chef de la doc
trine? Fas le moins du monde el les felicita
tions arrivérenl de loutes parts au financier
improvisé d'Ensival et a son puissant auteur.
Un peu plus lard,tout au débul du
ministère d'Anethan-Jacobs qui vit-on un
beau matin demander respeclueusement aux
miuislres catholiques la place de consul de
Belgique, a Luxembourg an traitement de...
8000 francs pour un sien fils? N'est-ce pas le
trés-doctrinaire gouverneur de la province
de Luxembourg, M. Van Damme qui oblint,
en effel, pour ce fils, un grand dadais in-
signifianl la susdite place? M. Van Damme
père la désirait pour la mcltre dans la cor-
beille de mariage de la fiancee d'icelni fils et
elle lui fut gracieusement donnée. Avons-
nous entendu depuis lorsles journanx accuser
M. Ie gouverneur Van Damme de favoritis-
me? Au contraire, tons voienl dans ce fonc-
lionnaire un père possédant au plus haul
degré la bosse de la philogéniture e.t ayant
surtoul Part de procurer a ses brus de jolies
dots aux frais de I'Etat.
M. Rogier, dit le venerable,a-t-il été
de fer el sans entrailles pour ses neveux?
Les libéraux ont-ils jamais songé a lui repro-
cher de s'èlre souvenu qu'il étail oncle?
M. Renard, le nouveau ministre de la
guerre, va-t-il ètre accusé de népotisme
paree qu'il a choisi comme chef de cabinet
son fils?
Derniéremenl, un recteur d'universté libé
rale que nous pourrions nommer ob-
tenait de M. De Lantshecre une place de
juge de paix pour un avocat archi-libéral,
fiancé a sa fille. Les libéraux ont-ils jeté Ia
pierre a ce recteur el réclament-ils sa demis
sion? Loin de la; plusieurs d'entre eux furent
de la noce et ils y firent large honneur au
Clicquot et au Chambertin.
Nous pourrions multiplier les exemples
et monlrer qu'en fait de favoritisme les chefs
de file des journaux qui jeltent la pierre a
M. Dubois-Thorn, n'ont rien a reprocher a ce
dernier. En agissanl comme ils le font, ils
ressemblenl a ce précurseur deTurule dont
parle l'Ecriture qui voyail une paille dans
PceiI de son voisin tandis que lui-même étail
atlligé d'une poutre.
N.B. Ne pas oublier que M. Dubois-Thorn,
qui pourtant n'est pas un clérical, n'est guè-
re favorable a la révision de la loi de 1842,
que de plus il ne croit pas que le cabaret oil
l'oo braille et le genièvre qui s'y boit soienl
Plus de prèlres! C'est le cri de rallie
menl des libéraux radicaux, des libéraux
révolutionnaires qui ont juré la mort de la
religion: c'est le cri des imbéciles qui pen
sent... d'aprés la Chronique... que l'homme
est un pur animal possédant un peu plus de
maliére célébrale que les aulres animaux,
ses fréres!
Seconde parliede la démonsiralion:
Rome lutlera jusqu'au bout, lant qu'elle
pourra Inter, et te combat enlre C Eglise e.t
CE tal cessera settlement lorsque l'Eglise
aura succombé. Tous les compromis n'y
feront rien.
Nous avons le lort de croire aux compro
mis, de ne pas prendre le taureau par les
cornes; ce qu'il fuut combatlre, eest le sen
timent religieux lui-même cternellement
exploité au profit de loules les réaclions.
Guerre d outrance d CEglise! 11 fan
quelle meur el Ecrasons Clnjame'.... Tels
sont les hurlements de la meute libérale!
Vous connaissez mes principes vous
savez qui je suis. sans ces principes je ne
suis rien c'est avec eux que je yeijx réus-
sir ou succo.mber. Jan son 18G0).
ELECTION DE ROULERS.
Nous 3pprenons que le Comité Central de
Association conservatrice de hou Iers a
voulu éviter un nouveau poll entre les deux
candidats catholiques présentés pour l'élec-
lion législalive du 6 Aoüt prochain. Sur la
proposition de M. le vicomte de Joughe
d'Ardoye, le Comité s'est arrèlé a un tirage
au sort enlre les deux noms. Celui de M. Ie
vicomte de Jonghe est sorti de l'urne, el
c'est done sur ce dernier candidal que vont
se reporter désormais tous les efforts et les
suffrages de nos amis. Leur triomphe sera
éclatant.
Nous avons sous les yeux le rapport pré
senté par M. Anspach au nom de ia commis
sion chargée d'examiner le dossier relatif a
l'élection anversoise. On se rappelle que cel-
te commission était composée de qualre
libéraux el de trois catholiques, MM. Crom-
bez, président, Van Dam, Pety de Thozée,
deZérézo de Tejada, Anspach, Lefebvre et
Bockstael, membres.
C'est par qualre voix contre trois qu'elle
conclul a fadmission de M. De Wael comme
réprésentant. Au Sénat apparlienl le droit de
décider du sort des candidats anversois au
fauteuil de notre haute assembléc.
GASPILLAGES.
L'une des manies libérales est de faire in-
tervenir l'Etat jusque dans les détails les plus
infimes do la vie des citoyens, d'en faire le
distributeur de pures largesses et de gaspil-
Icr l'argcnl des conlribuables en toute espéce
de dépenses uniquernent destinées a flatter
la gloriole libérale et faire sonner les trom-
pettes de la renommee au profit du libéra
lisme.
Nous ne pouvons considérer sous un antre
point de vue le crédit de 40,000 fr. que,
d'aprés certaines feuiIles officieuses le
gouvernement nouveau a, comme M. de
Bismark, ses reptiles de nuances diverses,
M. Frére compte demander aux Chambres,
afin de payer des voyages onvriers a Paris.
Primilivemenl, dit la feuille oflïeieuse,
une somirie de trente mille francs avail été
inscrite dans le budget de la commission de
I Exposition, sous la rubrique: bourses de
voyages. M. Malou la fit biffer, sous le pré-
texte que, aux précèdentes Expositions uni-
verselles, les bourses de voyage avaient
presque uniquernent servi a payer des par
lies de plaisir aux employés des ministères.
Le nouveau ministre des finances estévi-
demment moins accessible aux idéés d eco
nomie que M. Malou. II rélablit le crédit;
seulemenl il remplaee ïés employés du mi
nistère par des onvriers. Le cadeau est le
mêmc, mais au fond il apparlienl a la familie
antique du panem et circenses.
(.1/. Janson28 janvier 1871).
LE SYLLABUS ET LA CONSTITUTION.
esprits. Dans sa retraite il était soutenu par sa
pieuse femme, mais un jour, après trente-quatre
ans (l'union, eet appui lui fut eulevé. Consignant
cette perte a la dernière page de son livre
d'Heures il éerivaitMon Dieuvous voyez
mes clieveux blancs et mon coeur brisé. Rien
ne le retenait plus sur cette terre, il fut exaucé.
Nous aussi, nous devrions clore ici nos re
flexions, car ce qui precede suffit, ce nous setable,
a montrer tout l'intérét d'tin livre dont nous
n'aVons plus a faire la critique. Cependant, M le
marquis Costa nous permettra d'ajouter quelques
mots, car il nous a donné le droit d'etre difiiciles,
son livre ayant été mené par lui si prés de la
perfection. 11 hésitait a publier ces mémoires de
familie qu'il se rassure par le bien que tout
lecteur en retirera et par le témoignage de
l'intérét littéraire qu'il a su joindre a une histoire
par elle-même si attacliante. En vue de la seconde
edition nous lui indiquerons séulement deux
correctionsla prémière relative a M. de Maistre
qu il admire trés sincèrementmais auquel il
prcte parloissails d'ailleitrs y insister, des
sentiments aniens que ne oonnut pas ce grand
coeur; la seconde est relative a M»'° de Maintenon.
Parlant de M"'e Chatelet, bèlle-mère de M. de
Clioiseul, voici ce que dit l'auteur
- C'était une vieille personne, vivant fort en
dehors de Versailles et affectant de n'y avoir
nul crédit; mais on connaissait ces détachements,
mis a la mode par Mme de Maintenon, et l'on se
confondait autour de ces vieilles femmes.
Nous nous garderons de réclamer pour Mrac du
Chateletmais les historiens compétents et sin-
cères doivent porter un autre jugement de Mmc
de Maintenon. M. le marquis de Costa nous a
donné lui-même de son aieule un portrait qui
nous montre la vraie grande dame. II doit s'as-
surer que telle était au moins la spirituelle,
grave, pieuse et imposante Muie de Mainteuon.
AUet'STE ROCSSEL.
desagents de civilisation. Ne pas hurler: le
prêlre hors de Cécole el oser crier racen aux
cabarets guenx, n'est-ce pas plus qu'il n'en
fuut pour mériler les colères libérales el
gueuses? II y a longtemps que l'on a dit que
le libéralisme s'appuyait sur l'irréligion el la
canaille. On le voit plus clairement chaque
jour. (Palrie.)
EN AVEU.
Comme quoi le libéralisme n'en veul pas
a la Religion. Démonsiralion donnée par la
Chronique
L'ouvricr pense, discute, échange des
idéés; l'ouvriera fait ia revolution sauscom-
prendre encore, avec la bourgeoisie qui com-
prenait déja, el le cri de ralliemenl de ces
énergiques travailleurs estFlus de prê-
tres!
Au conseil provincial deNamur, la mino-
rite libérale avail proposé avec fracas de
légaler une Irenlame d'insliluleurs d'une
agréable excursion a Paris. Mais le conseil
jugea plus convenable d'envoyer a Paris les
inspecteurs, et il eut raison.
Lechiffre global peul effeclivement impo-
ser aux badauds; c'est*te service principal
que le cabinet en altend. Chaque candidal
ne dispose en réalilé que d'une sommeabso-
lument insuflisante pour lui permeilre de
restera Paris Ie temps nécessaire afin d'élu-
dier l'Expositiori. Le cabinet veul se rendre
populaire et fait de la fantasmagorie pour
éblouir le public. Ce procédé, dont le résul-
lat le plus clair ne sera pas celui que l'on s'en
promellail, est pen digne; il est renouvelé de
l'empire païen. On ne peul plus malbeureu-
sement débutcr. (Court ier de Bruxelles.)
LES ALLIES DU MINISTÈRE DU ROI.
Je suis républicaiii socialiste.
(M. Janson).
La peur rend lache el le gouvernement
lielge a peur it a peur de la Bépublique
qui te situeer uil, nous n'avons nul besoin
pour reconnaitre la République, du Gou-
vernemenl beige que nous ne reconnuis-
a ons pas.
M. de Ryckman, conseiller provincial du
Brabant pour l'arroiidissement deLouvain,
a prononcé derniéremenl au Conseil provin
cial, un excellent discours, dont notis som
mes heuroux de communiquer (juelques
passages a nos lectenrs.
Dans différents discours et surtout dans celui
que vous venez d'entendre, d'une manière plus
ou moins directe on cherche a nous représenter
comme des ennemis des institutions de notre
pays. II faut quo nous répondions une fois pour
toutes a cette accusation, qui s'est déja reprodui-
te hien souvent, tantöt d'une manière, tantót
d'une autre, dans cette enceinte et ailleurs, et
qui vient encore de se faire jour sous une forme
un peu différente. Au fond, c'est toujours la mé-
me objection, en quelque sorte stéréotypée, et
que voicil'Eglise cóndamne les libertés moder-
nes; la Constitution les proclame; on ne peut done
ètre a la-fois un bon catholique et un bon citoyen.
Les catholiques beiges sont.catholiques tout
court avec les encycliques, le Syllabus, l'infail-
libilité pontificale. Vous les appelez ultramon-
tains, cela leur importe peu. Ils appartiennent de
corps et dame a cette Eglise catholique qui a
bercé le monde nouveau, qui est la mère et la
gardienne de toute civilisation véritable, qui ne
connait ni distinctions de classes ni distinctions
de races, Eglise que la Constitution beige a re-
connue dans sa pleine indépendance de droit na
turel, a laquelle on ne peut porter de coups sans
ouvrir une brèche par laquelle risque do passer
le Hot montant de la barbarie intellectuelle, mo
rale et socialiste. (Bruits a gauche).
Mais les catholiques beiges sont catholiques
comme l'Eglise l'entend et non comme il plait au
libéralisme. Ils n'admettent pas la caricature de
leur attitude et de le.urs croyances.
Ils sont sounds a l'autorité doctrinale du Saint-
Siége et des évöques en communion avec le Saint-
Siége et a cette autorité doctrinale unique. Ils
s'insurgent de toute la force de leur ame et de
leur raison contre les eonséquences qu'il plait
aux reverends pères in partibus infidelium et
gueusorum de la gauche (bruit), soit dans la po
litique, de tirer de leur soumission a des ensei-
gnemenls de l'Eglise que le libéralisme est incom
pétent pour interpreter.
L'Eglise enseigne au fond: que les libertés
dites modernes ne sont pas des droits naturels
et impreseriptibles
Que c'est une erreur de principe de conclure
que leur introduction dans un état social soit un
progrès
Que leur pratique est entourée d'énormes dan
gers matériels, intellectuels et moraux
Que la liberté individuelle n'a pas de droit
contre le bien connu et la vérité manifestée
Que l'ordre social régulier en principe est une
société chrétienne chrétienne dans les ames,
chrétienne dans les lois.
Jamais et nulle part l'Eglise n'a enseigné que
ces principes fondamentaux doivent étre appli-
qués pratiquement a des sociétés divisées sur
les croyances.
Jamais elle n'a interdit a ses membres de se
montrer fldèles aux institutions qui, pour des
causes diverses, avaient admis les libertés mo
dernes comme base de leur état social.
Le Syllabus, dirai-je encore avec les plus vail-
lants lutteurs de la presse catholique, le Sylla
bus! ce n'est pas la condamnation de la liberté,
c'est la proclamation de la liberté vraie.
Ge n'est pas l'exaltation du despotisme; c'est
la flétrissure imprimée au front de tous les des-
potes passés, présents et futurs.
Ce n'est pas l'anathème lancé a la civilisation,
c'est une digue opposée a la barbarie.
Ce n'est pas le code du passé, c'est le code
de l'avenir.
La Papauté s'est placée en face des erreurs
modernes, comme autrefois, aux portes de Rome,
saint Léon s'est dressé en face d'Attila,
Elle dit aux hommes Vous êtes libres, mais
vous répondez de votre liberté
Elle dit aux nations La liberté de tont pou-
voir ne donne pas droit de tont faire
Elle dit aux hommes et anx nationsVous
êtes les sujetsde Jésus-Christ
Et ainsi elle combat la libre pensée, lo libé
ralisme, le césarisme ressuscite, la démagogie
socialiste qui s'avanee.
Faut-il ajouter que ces enseigneraents de l'E
glise sont absolument d'aecord aver, les principes
rationnels les plus élénientaires et avec l'expé-
rience des peuples
Dire que les libertés modernes sont des droits
absolus, c'est nier la distinction du bien et du
mal.
Le hien et le mal sont distincts. Én principe,
devant Dieu et la conscience, l'homme n'a jamais
le droit de méconnaitre la vérité ni de faire le
mal. C'est ce que M. Erère a reconnu en pleine
Chambre des représentants.
Nulle part, dans aucune société, le bon sens
public n'a admis a titre de doctrine absolue et
sans limites les doctrines de laisser faire et
laisser passer des libertés individuelles.
Elle aurait péri dans l'anarchie
La manifestation de' cette action sociale, c'est
tout simplement le Code pénal.
Pourquoi la société européenne punit-elle le
meurtre, l'adultère et le vol?
Paree qu'elle admet tout entière l'inviolabilité
de la vie humaine, vis-a-vis de l'individu le
principe de la monogamie et de la fldélité conju
gale le principe de la propriété.
Tout code pénal quelconque, dans une société
quelconque, est ainsi déja un exemple public
éclatant justiflant la doctrine générale de l'Eglise
et la mettant en pratique.
Tout notre ordre social est basé sur des vérités
chrétiennes et il saute aux yeux que si les
sociétés embrassaient la vérité d'une facon plus
compléte, elles inarchera'ient vers le progrès et
non vers le recul. Si tout le monde pensait de
même sur les questions qui nous séparent et nous
divisent, notre l'orce sociale serait centupléë.
L'ancien régime avait un axiome, une foi, une
loi, un roi, qui n'était que l'expression de la
sagesse populaire.
Et un des vötres, que vous venez encore ré-
cemment d'élever au pavois tenait presque
identiquement le langage de l'Eglise.
M. Bara éerivaitque l'idéal serait une société
oü rögnerait l'unité religieuse.
II ajoutaitque cette unité était impossible.
Impossible, oui, maintenant peut-ètre. Mais
personne ne peut répoudre de l'avenir.
Qui sait, si un jour l'Europe, l'atiguée de luttes
et de misères, aux prises avec les doctrines
délétères qui la rongent ne reviendra pas a
l'Eglise qui l'a bercée dans son giron et ne lui
demandra pas la paix sociale et le salut?
Nous restons citoyens fldèles en ne sortant pas
de notre droit constitutionnel le plus rigour eux.
Je dis, Messieurs, que nous restons dans notre
droit constitutionnel le plus rigoureux.
En effet, Ia Constitution est l'ceuvre d'hommes
politiques raisonnables, non de rhéteurs. Ils n'ont
pas entendu imposer aux sujets une adhésion
doctrinale aux régies politiques qu'ils prescri-
vaient.
Cela est si vrai que la Constitution nous garan-
tit la liberté des opinions et la liberté d'expri-
mer ses opinions en toute rnatière.
Je peux done apprécier et discuter la valeur
morale et philosophique des divers arlicles de
la loi fondamentale, sans porter atteinte au res
pect quo je lui dois.
Si je n'avais pas ce droit, le texte constitution
nel serait un mensonge. Je serais atteint dans
ma liberté religieuse, puisqu'on m'imposeiait a
croire des dogmes laïques.
Je serais atteint dans ma liberté philosophique
et scientilique, paree que mon esprit a ie droit
de scruter, en se conformant a des régies sur
lesqueiles aucun pouvoir humain n'a prise
quelles sont les meilleures lois sodales et poli
tiques d'un peuple aussi bien que ses meilleures
lois administratives et économiques.
II faüdrait un tyran qui pervertit jusqu'a la
lettre de notre paete constitutionnel pour imagi-
ner de m'imposer l'obligation de considérer ces
textes comme des oracles doetrinaux. Ce serait
renouveler l'adoration de Jupiter.
Maintenant, quelle est notre attitude a tous
vis-a-vis de eet acte de droit positif qui domine
notre état social
Elle est simple et je vais vous la dire en quel
ques mots
1° Nous y sommes et y avons toujours été
fldèles. On ne pourrait pas citer un seul acte
d un seul ministre catholique, a aucune époque,
ajant porté la moindre atteinte a une liberté
constitutionnelle et même laissé porter atteinte
a une liberté libérale.
On ne saurait citer aucun acte d'une autorité
catholique quelconque qui nous oblige ou même
nous engage a la méconnaitre. Des voix écla-
tantes se sont lait même entendre a diverses
reprises dans, l'épiscopat pour calmer les scru
pules que des esprits isolés pouvaient avoir
concus.
2° iTous serons fldèles au pacte de 1830 et ce
n'est pas nous qui y porterons des atteintes
révolutionnaires, on qui chercherons des ergo-
tagts de rhéteurs pour la violer sous-main ou
lui faire dire le contraire de ce qu'elle dit.
3° Nous la maintiendrons, paree que dans un
état divisé d'opinion, elle est une garantie de
paix sociale.
4° J ajouterai que nous ne pouvons pas ètre
sérieusement accusés d'en vouloir la destruction:
Paree que, dans la situation actuelle de l'Eu
rope et des partis, si la Constitution était ren-
versée, c'est sur nous et contre nous qu'elle
tomberait, ce sont nos libertés et non les vötres
qui périraient dans l'écroulement, c'est nous et
non pas vous qui serions écrasés sous ses ruines.
Et maintenant, messieurs, a notre tour.
J'ai déflni quelle est l'attitude des catholiques
us-a-\is tie la Constitution ypyons qu'elle es^
la votre. Je vous interrogerai, vons libéralisme
beige, je passerai en revue vos actes dans ces
derniers teinps, vos tendances et les paroles de
vos maitres, et nous verrons qui de vous ou de
nous menace le plus ce pacto fondarnental, dont
vous prétendez ètre les uniques gardiens.
Qui done a Liége et a Bruxelles dispersait par
la violence les catholiques róunis en procession
et usant paisiblement de la liberté des cultes et
du droit de s'asseniblcr que la Constitution leur
garantit
Et ceux qui a Oostacker assomrnaient les pè]e
rins, étaient-ce des catholiques
Quand nos amis se réunissent a Malines poUr
s'entretenir ensemble d'intórèts communs, 0I)
s'empresse de déclarer que eet exercice (ju
droit de reunion est une provocation a l'égajq
des libéraux de l'endroit, ot plusieurs des notre -
tombeiu victimes d'un odieux guet-apens.
Mais quand 5000 libéraux se réunissent a Gand
a Anvers ou a Bruxelles pour feter bruyamment
une victoire électorale, la question change, ce
n'est pas une provocation a l'égard des électeurs
qui ail nombre de 4,500 a Bruxelles, de 5,800 4
Gand et de 5,600 a Anvers ont donné leurs suf
frages a nos amis c'est l'exercice régulier d'un
droit constitutionnel. Et les catholiques, p|us
respectueux que vous ne l'ótes de la liberté de
leurs adversaires, n'y portent aucune atteinte.
Mais, direz-vous, ces actes sont l'ceuvre d'in-
dividus isolés, nous les désapprouvons comme
vous, et nous ne pouvons en étre rendus respoti-
sablés.'
Non, vous ne les avez pas désapprouvés car
vos journaux plaidaient les circonstances atté-
nuantes. Non, vous ne pouvez pas en répudier
la solidarité, car ce sont ces journaux qui par
leurs attaques contre l'Eglise, ses dognies et ses
ministres, contre les droits des catholiques out
excité, grisé, égaré ceux qui les ont commis.
L'uu d'eux n'écrivait-il pas Ceux qui croient
aux miracles et qui vont en pèlerinage ne sont
bons qu'a ètre rossés
II y a dn reste d'autres atteintes a nos libertés
et celles la sont faites non par des individus
obscurs, mais par des autorités que vous ne
désavouerez pas.
La Constitution proclame la liberté d'enseigne-
ment. Vous la supprimez pour l?s pauvres, et
des bureaux de bienfaisance que vous avez ap-
prouvés, forcent sous peine de refus de se-
cours et même de sccours médicaux les
parents a envoyer leurs enfants dans les ócoles
oflicielles.
Mais c'est surtout la liberté des cultes qui est
l'objet de vos attaques.
La liberté de la chaire est entravée depuis
longtemps par des dispositions de la ioi pénale.
Le libre recrutement du sacerdoce est enrayé
autant qu'il est en vous, par la restriction des
exemptions de milice, exemptions qui n'entrai-
naient aucun inconvenient sérieux au point de
vue pratique.
La loi sur les cimetières est systématiquement
méconnue et 1'accomplissement des iireserip-
tions religieuses y est soumis au bon plaisir et
a l'arbitraire des autorités locales.
Ici on porte un reglement tracassier sur la
sonnene des cloches dans le but unique et évi
dent de vexer les catholiques.
La nous voyons un bourgmestre suspendre a
deux reprises l'exercice extérieur du eulte et
porter la main sur un évêque, coupablo d'avoir
revendiqué les droits reconnus a l'Eglise.
Mais ces arrètés, le gouvernement pouvait les
easser et il ne Ta pas fait.
C est vrai, mais c'est une charge nouvelle et
plus écrasante encore contre vous.
Pourquoi ne l'a-t-il pas fait
Paree que, comme il Ta dit lui-même, il n'a
pas toujours pu réaliser fout le bien qu'il vou-
lait, qu'il a dü bien souvent se borner a empêcher
le mal que d au tres voulaicnt faire; paree que
pendant 8 ans vous avez lait peser sur sa toto
Xépée de Damoclös de l'émeüte et fait intervener
dans le jeu de nos institutions un quatrième
pouvoir, le pouvoir de la rue.. Des agitations
lactieuses accueillaient les verdiets solenneU
et répétés du corps électoral, on cherchaient a
peser sur les decisions des représentants légaux
du pays. Et encore une fois vos journaux, au
-lieu tie reconnaitre la loi des majorités que vous
invoquez lorsqu'elle vous est favorable, au lieu
de flétrir ces excès, vos journaux les représen-
taient comme des manifestations légales de l'opi-
nion publique et l'un d'eux avait l'impudeur
d'écrire que cela recommencerait dans toutes
les grandes occasions
Si des actes nous passons aux doctrines et aux
tendances, que voyons-nous? Vos doctenrs, vos
maitres, ceux qui vous conduisent et vous entrai-
nent doctrinalement, proclament que la Consti
tution de 1830 est une grande Auperis et qu'il
taut la changer et la réformer si on ne peut
législativement administrativement et d'une
faron indirecte.
\ous proclaraez théoriquement toutes les li
bertés comme droits naturels et vous les niez
pratiquement dès qu'elles sont usés pas vos ad
versaires se tenant paisiblement sur le terrain
du droit commun.
Quant a la liberté d association, vous exnriniez
hautement i'idóe et la pensée de priver de ses
benefices toute une catégorie de citoyens beiges
qui portent la robe noire, blanche ou brune -
librement, qui ont renonce a un état brillant
dans le monde pour se dévouer a la conquète
des ames. 1
ous voulez les priver de posséder et de trans-
mettre leurs Men's a eux, au même titre et avec
les memes charges que les aulres citoyens.
Lihti té individuelle. Vous préconisez Tinspec-
tion des convents, e'est-a-dire la violation de
c omKiii de citoyens paisibles que vous placez
ainsi sous la surveillance de la police. Ils n'au-
raient plus de liberté que celle qui plairait a
une police tracassière de leur reconnaitre.
Liberté des cultes. Vous préconisez touto uno
serie de niesures, jusque la suppression des fa-
briqucs d'églises, qui reiidraicnt le culte catho
lique matériellement impossible.
Liberté d'enseignement. Vous considérez Ten-
seignement de l'Etat comme votre chose; vous
poussez a constituer pr des subsides, pat' 1"