M
^SEMf/y j.
LES VAGABONDS
^.aAN£-
13eannée. N° 1,325.
Mercredi 11 Sëplembre 1878
-r-
n
>-
h:
zl
>-
I p Journal parait le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions coütenl 13 centimes la ligne. Les réclames et annonces judicidires se paient 30 centimes la ligne. Ou traite a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros snpplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C BB E 1VI I Hf N I» K F E K.
I
LE LIBÉRALISME SOURD ET AVEUGLE.
II est évident que le libéralisme modér
n'exisle plus a l'éiat de parti: on a vu a
la Chambre les Dolez, on y voit encore
les Pirmez, les Oris, les Rogier, et de faux
bons hommes, ils sont devenus les porie
queue du radicalisme socialisle.
MM. Pirmez et Rogier font aujourd'hui
cause commune avec les radicaux de la
Chambre.
M. Dolez vole au Sénat avec les chefs de la
franc-maconnerie.
Ce sont la des fails incontestables et incon-
testés.
II n'y a done plus de parti libéral modéré
il n'y a plus qu'un amalgame de libéraux,
de radicaux, dedémagogues et de socialisles,
uuis par un lien commun, la hainedu calho-
licisme, la haine de loute influence reli-
gieuse.
Ce qui cependant doit frapper lons les
hommes raisonnables, c'esl que rien ne peul
éclairer ce parii extravagant qui reve la plus
affreuse et la plus horrible des folies, un peu-
ple sans religion. La parole des plus grands
hommes de nolre siècle, les événemenls les
plus significatifs ne le touchent pas; Leopold
ler, avec sa grande aulorilé, lui a ditvous
voulez ramener la société moderne a la bar-
larie, vous qui n'ètes qu'ww banc de suite,
et le libéralisme radical n'a pas écouté nolre
premier Roi.
En Septembre dernier, le chef des socia
lisles allemands. Liebknecht, membre du
Parlement, disail au Congrès de Gand
Heureusemenlen méme temps que
Bismarck nous poursuit, il poursuit xussi
LES ULTRAMONTAINS, ET AINSI IL TRAVAILLE
POUR NOUS.
DE LONDRES.
Les ullramontainsnous dispulaieht aiiec
uoürilagé esprit des peoplesle chance-
Airisi on voit le rêsultaten 1871, nons
obtenons 140,000 voix en 1877 après
l'ultramontanisme nous en recueillons
600,000. En 1878, 800,000!
C'est clair, n'est-ee pas?... Eh bien, le
parti au pouvoirn'a rien vu
A qtialre semaines d'intervalle, Ic vénéra-
ble Empereur d'Allemagne est deux fois en
butte aux coups homicides des socialistes; il
proclame la nécessité, l'urgence de répandre,
de développer l'influencè religieuse, et
nos adversaires méprisent l'avis parti de
haul dans un inomenl grave et solennel
Une feuille protestante de Berlin, la
Krcuz Zeiltuig, se demande: «A qui in-
combe la faule de la profonde désorganisa-
lion dont le double attentat coinmis sur
l'empereur est le symp'öme? Et elle
répond: C'EST LE LIBÉRALISME ET SES
OEUVRES QU'IL FAUT ACCUSER.
Et nos prétendus hommes d'Etal restent
sóurds et aveugles
PERVERSION OBLIGATOIRE.
La Ligue de Enseignemenl, a son gré
trop longlemps relégnée dans la sphére de
('initiative privée, aspire a conqnérir une
position offieielle et a devenir une sorle
d'annexe du ministère de l'inslruclion pu-
blique.
C'est du moins la pensee qui se dégage
d'une circulaire publiée par la susdile Ligue.
Les membres de ('Association y Iraitent
avecle V.-. F.-. Van Humbeeck de puissan
ce a puissance el réclament énergique-
ment les mesores décisioes qui doivent
émanciper a jamais nos écoles et dos insli-
luleurs du jolig de l'Eglise.
On sait queliessont cesmesures:
Abrogation de la loi de 1842;
Suppression de toute inspection ecclé-
siaslique;
Suppression de lout controle sur les
livres de la part de l'aulorité religieuse;
Suppression des cours de religion du pro
gramme des écoles publiques;
Defense d'adopter des écoles qui ne sont
pas soumises au régime légal des écoles
publiques.
Rien qu'en lisant celle énuméralion, les
gueux de la Chronique se sont fait une
pinlede bon sang.
La Ligue de l'Enseignemenl ajoute qu'il
ne s'agit pas d'atlénuer par une tolerance
quelconque a l'égard du clergé, la portée
de ces réformes. II importe, dit-elle, qn'au-
cune con descend a nee vis a vis d'un ennemi
declare ne vienne annihiler la proclama-
b (ion du principe et que le clergé ne retrou-
b ve pas en fait, par la tolerance de la loi,
b une situation el une influence égales a
celles qui lui auraient élé nominalement
enlcvées.... 11 fuut que toute intervention
b dans l'école lui soit absolumenl interdite,
b car, si réduile qu'on la suppose, cette in-
b lervenlion n'aura jamais d'autre hut que
b la ruine de renseignemenl public au profit
b de reiiseignemenl congréganiste. b
Ceci répond aux suggestions de quelques
tacliciens libéraux qui, pour ménager la
transition de la loi de 1842 au régime sco-
laire liberal, avaient proposé d'accorder
T'entrée de l'école, a certaines heures déler-
minécs, aux ecclésiasliqües chargés de don-
ner un cours facultalif de religion.
La Ligue répudie ce tempérament el de-
mande qu'on écrive sur la porie des écoles:
Enirée interdite aux curés... probablemenl
sous peine d'amende.
Les écoles norinales devronl nalurelietneiil
subir une réforine analogue a celle des éco
les primaires. Voici comment la Ligue
s'exprime a ce sujet:
II faut tout d'abord enlever aux écoles
b normales leurs directeurs ecclésiastiques;
b il faut eiïacer de leur programme les cours
de religion qui n'onl plus de raison d'ètre
du moment oü l'instituleur n'esl plus
b appelé a enseigner les doctrines religieuses.
b L'esprit public est préparé a ces réfor-
b mes, il en comprend l'urgence, il les eon-
b sidère comme la consequence logique de
b nolre victoire; les libéraux de province
b atlendent avec anxiélé l'avénement d'une
politique résolue qui doit rassurer les timi-
b des et ruiner le prestige que la protection
b de l'Elat a donné jusqu'a présent a ses plus
b ardenls adversaires. b
Mais les membres de la Ligue de CEnsei
gnemenl sa vent fort bien eux-mêmes que
l'esprit public, loin detre préparé a ces
réformes. y opposera au contraire, en beau
coup d'endroils, une énergique résislance.
II y a encore en Belgique, el nos gueux
ne l'jgnorenl pas, des families chrétiennes
assez soucieuses de leur foi pour appliquer
celle parole de Jules Simon: II vaut mieux
b condamner son enfani a l'ignorance que
b de livrei' son ame. b
Les ligueurs de la Franc Maconnerie out
prévu eet obstacle et ils indiquenl au minis
Ire de I'insiruclion pnblique le moyen (Ten
avoir raisonl.a Revue dé Belgique disalt
iiagtiëre: L'amemle el la prison sont des
moyens légaox, pourquoi ne pas les em-
ployer conlre les calholiqnes? La Ligue
de fEnseignemenl s'uispire de ceiie pensee
émincmmenl libérale el propose de complé
ter la révision de la loi de 1842 par l'orga-
nisation de la conlrainle scolaire. Voici
l'exposé des molifs de cette nouvelle ré-
forme:
L'ins'.rticlion obligatoire sera le corol-
b laire indispensable de la secularisation de
b l'enseignement.
L'Elat n'a pas seulement le droit d'itn-
b poser au père de familie le devoir d'inslrui-
ses enfanls, il doit encore èlre armé contre
ceux qui seruient tentés d'organiser la gré-
b ve des écoliers, en haine des écoles publi-
b ques. b
On ne saurail avouer plus clairemenl que
l'école saus Dieu est loin d'èire aussi popu
laire dans noire pays que les meueurs de la
gueuserie veulen I bien le dire. Avant
méme que la loi de 1842 soit abrogée, on
parle di'ja d'organiser une sorte de conscrip
tion de fenfance au profit des écoles ofli-
cielles!
Ce régime draconien aura peul èlre raison
des resistances de quelques families mdi-
genles. On sail comment certains bureaux
de bienfaisancc s'enlendenl déja a exploiter
la misère dans l'intéiêt de la propagande
scolaire du libéralismè. Mais, eu fin de coinp-
te, il y aura loujours un grand nonibre de
families indépendantes qui prelèreronl pour
leurs enfanls l'école religieuse el fibre a
l'école irréligieuse el offieielle. Celles-la,
comment les rèduira-t-on
li n'y a qu'un seul moyen pratique d'y
-TJ
CD
rs
53
CK
O
H
rn
O
2
O
H
rr
r-
V.
H
CD
£2
•H
b
cn
O
G
-v
rr;
cn
•H
y
Poperinghe- Ypres, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30. Ypres-Poperinghe, 6.20 9,07 10,05 12,07 2,45 3,57 6,47 3,45 9,50
Poperinghe-Hazebrouck, 6,40 12,25 7,04 Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8,25 4,00 8,25.
Ypres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roulers-Ypres, 9,10 1,50 7,50.
Roulers-Bruges, 8,45 11,34 1,15 5,16 7,20 (10,00 Thourout.) Bruges-Routers, 8,05 12,40 5,05 6,42. Thourout - Courtrai,
5,15 mat.
Ypres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ynres, 8,08 11,05 2,56 5,40 8,49.
6,07, (le Samedi a 5,50 du matin
Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05.
Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi
(Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30 12,30 5,55.
edi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, o-2o (le Mardi, 10-09).
COR-B-BSPONDAIVCES.
Ypres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 du matin jusqu'a Langemarek.) Thourout-Ypres, 9,00 1,25 7,45 (le
Samedi a 6,20 du matin de Langemarck a Ypres).
Comines-Warnèton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warneton-
Gomines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,45 mat. 9,30 soir, (le Lumli 6,30.) Warnèton-Gomines, 5,30 11,10 (le
Comines-Belgiqüe, Comines-France, Quesnoy-sur-Deüle, Wambreehiesp la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43, 9,30. Lille,
la Madelaine, Wambrechies, Quesnoy-sur-Deüle, Comines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35,4,37,8,15.
Gourtrai-Bruges, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Gb.urtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42.
Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,31 2,56 5,41
6 40 7 41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10 5,30 7,35 8,45.
Ing'elmunster-Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. tngelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 0-58, 11-20, 4-41.
Deynze-Ingelmunster, 12,00 8,20.
In^elmunster-Anseghem, 6,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15
11,05 3,40 5,00.
Dixmude-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 8,35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4,20 5,56 6,50.
Tliourout-Ostende, 4,50 9,15 1,50 8,05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10,16 12,20 6-15 9,15.
Selzaete-Eecloo, 9,05 1,25, 9,03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,10
BRUXELLES, COURTRAI.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6,37
7,28
7,42
9-37
10,15
10-42
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
5,27
6,39
6,35.
8,54.
8,47.
9,41.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22 8,28
8,00 10,46
12,21
2,4,6
5,35
7,56
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAT, COURTRAI.
6,37 10,04.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
5,10
5,42
6,34
8,12.
8,56
9,17
11,05 2,21
11,32 2,40
12,26 3,38
4,10 8,10
5,21 8,50
0,33 9,28
COURTRAI, GAND.
GA-ND, COURTRAI.
Courtrai dép. 6,32 6,42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32.
Gand arr. 8,01 7,21 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20.
Gand dép. 5,15 8,45 9.24 1,28 4,14 7,21.
Courtrai arr. 0,34 9,3.3 10,51 2,49 5,23 8,12.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 8,43
Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,28.
Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01,
10,27 1,23 3,25 4,10 6,13 7.23 7,35.
Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25
Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,1 Q Q ,A
Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 <>,01 6,o0 8,lo 8,o0.
Suite. Voir le numéro précédent.
Le coucher du pauvre.
Ils étaient la cinquante environ, agés tie dix-
neuf soixante ans, et j'ose afflrmer que pas un
d'eux n'avait de sa vie fait une journée de travail
lionnête, ni ne la ferait maintenant, le travail se
trouvat-il a foison. Peu après que notre frugal
souper fut terminé, l'opération du coucher com-
menga. On nous appela dehors deux par deux,
nous ordonnant de nous déshabiller compléte-
ment. On nous prit nos vêtements et on nous
donna une longue chemise de nuit en flanelle
après un bain rapide dans une salie très-froide,
il fall ut l'endosser et se mettre au lit. Cornme le
parquet du sol et de la salie de bain est en pierre,
c'est peut-être une des opérations les plus gla-
ciales que j'ai subies de ma vie. Les lits ou plutót
les couchettes étaient placées les'unes a cóté des
autres sur deux files séparées par une mince
cloison a liauteur d'appui. Voici en quoi consis-
tait la literie: un mince matelas de padie, avec
une simple couverture dessus, et sur le tout une
espéce d'oripeau ayant l'apparence d'un vieux
tapis C'était sufflsant pour couvrir, maïs son
utilité s'arrêtait la. On n'en pouvait obtemr
aucune clialeur. Je soufïris toute la nuit; quant
aux autres ils dormirent comme s'ils avaient eté
couchés sur de l'édredon. Une fois de plus, je
remarquai le penchant de ces gaillards-la a
dormir tout nus.
On nous nut A la porte avant Je jour; nos
LIER LUI 1IÊ5IE NOUS DÉLIVRE DE CET ENNEM1
QUATRE ANS DE I.UTTE CIV1LISATRICE CONTRE
vêtements nous furent rendus et on servit du
pain et de la bouillie au gruati. Alors apparut
une partie du programme qui me souriait le
moins il fallait faire ure livre d'é'.oupe avec
de la vieille corde une livre de n'importe quoi
c'est peu de chose, mais quelqu'n qui ne sait pas
ce que c'est que l'étoupe et qui ignore l'art de
déchiqueter une corde s'aperccvra vite que
mèrne pour une seule livre, cela vous mène
joliment loin Mes compagnons eurent vite
terminésmais quand l'heure du pesage fut
arrivée je n'en avais fait que ffuatre onces
l'autorité supérieure me garda avec un suprème
dégout et me meiiaca de m'envoyer devant le
inagistrat pour insubordination; cependant com
me je ne montrais aueun déplaisir a avoir une
.entrevue avec ce fouctionnaire et que, du reste
il faisait froid dehors etqu'il pleuvait, on memit
a la porte avec les autres.
La
rue, la rue, la grande rue!
Me voici une fois de plus, saus abri, dans les
rues. La cité de Londres est une mauvaise ville
pour celui qui est pauvre fpas d'abri a trouver,
les stations de chemins de fer, les bibliothèqu is,
les musées et les salons sont fermés a un homme
qui a des bottes trouóes et qui porte des haillons;
il n'a qu'un endroit oü percher: la rue; et encore
il n'y a aucun droit de cité: il y est toléré, voila
tout!
Un mot pour les opprimés.
L'Anglais aisé regardede pauvre homme comme
quelque chose de moins qu'une brute, comme
quelque chose qui n'a pas la moindre importance.
Les vrais malheureux sont une race qui n'inspire
aucune sympathiec'est a cette lèpre qu'ils ont
au ccBur, qu'on doit attribuer la haine éterneile
des Irlandais. L'Angleterre pourra garder l'Ir-
lande de force, mais taut que l'ile sera habitée
par des Irlandais, eet antagonisme existera.
Je lus pris a la remorque par un jeune polisson
qui me dit qu'il connaissait un endroit oü on nous
donnorait des billets pour unesoupe gratuite. Je
le suivis, car je désirais tout voir, et ces mots
soupe chaude avaient un sou très-alléchant
J'ai passé la nuit suivante sous un autre work
house, qui ressemblait heaucoup au premier,
exceptê que le traitement y était meilleur, et que
nous y avons dormi plus chaudernent, mais nous
n'avons rien eu a manger que du pain. Beaucoup
de ceux qui avaient passé la nuit a l'autre work
house, étaient présents, et l'apparence générale
était la móme. La description d'une l'ournée
d'habituós de workhouse suffit.
Les vêtements de Vpuvrier.
Le lendemain, il pleuvait, il faisait froid et
humide. J'ótais dégoüté des vagabonds, et je me
dirigeai vers Saint Paul, le seul endroit, a ma
eonnaissance, dans toute la ville de Londres, oü
je pouvais me chauffer et m'ahriter cependant
a mon entrée, un homme f'ronca le sourcil et alia
me désigner a un bedeau, mais celui-ci lit un
signe de tèto négatif.
La nuit venue je cherchai un autre workhouse
et j'y trouvai quelques-uns de mes précédents
compagnons en bavardant avec l'un d'eux, un
vétcran, j'appris comment on s'y prend pour
vivre a Londres saus argent et sans travailler.
11 est permis d'aller a chaque workhouse trois
fois par mois, mais non pas trois jours de suite;
de plus, il y a certaines maisons de refuge oü les
vagabonds peuvent, une fois par an, passer de
cinq vingt nuits; de cette faqon en allant d'en-
droit en endroit ils arrivent a trouver le gite, le
déjeuner et le souper; its s'arrangent pour men-
dier ou voler le diner.
Dans les maisons de refuge on trouve des gens
plus eonvenabies, mais méme la les vagabonds
sont presque en majorité.
La charité réglée par le calendrier.
Le premier refuge oü j'allai était un établisse
ment fondé par testament d'une vieille dame
excentrique. Elle a malheureusement stipulé
qu'on ouvriraiten hiver a la cluite des premiers
llocons de neige, et qu'on l'ermerait en aoüt.
Comme certains liivers la neige ne tombe qu'en
février ou méme en avril, l'institution est deve-
nue riche. On peut y recevoir environ cinq cents
personnes. L'ouverture des portes a lieu a six
lieures du soir. Vous entrez; vos nom, profession
et domicile, etc. sont inscrits, et on vousremet
un billet pour sept jourson vous dirige alors
vers la salie de bains sur la presentation de
votre billet, un surveillant vous remet une demi-
livre de pain, qui coustitue le souper. On se
couche a liuit heures, dans une chambre qui
contient environ trois cent cinquante lits Les
couchettes sont diSposées a peu prés coniine au
workhouse. La literie composée d'un matelas,
d'un oreiller et d'une couverture, le tout en cuir!
On nous mit a la porte a six heures du matin, a
peu prés une lieure avant le jour, avec une demi-
livre de pain-pour déjeuner. Comme avant, nous
avions les rues pour domicile jusqu'a six heures
du soir: qu'il plüt, qu'il tombat de la gréle ou de
la neige, ii n'y avait pas d'autre asile.
Un vrai refuge.
J'ai visité deux autres institutions, Tune, sous
ie patronage des Ritualisteset l'autreune
CEuvre Catholique. Cette dernière était bien
iustallée et remplissait le but annoncé; c'était
un refuge et un abri Les hommes étaient
humainement traités, la nourriture était bonue
et convenablement servie dans des assietles, a
des tables; quant aux chambres, elles étaient
raisonnahlement cliauffées. On y trouvait des
journaux et des livres, et on n'avait rien ménagé
pour rendre les habitants heureux et confor-
tables.
Le pauvre a Londres.
En quelques mots, c'est une esquisse des habi
tudes d'une categorie des pauvres de Londres et
de leur vie en hiver. En été, ils quittent la ville
on grand nonibre et errent dans les campagnes
en volant, mendiant et maraudant. Je mets en
fait que, de décembre avril, il y a dans la cité
environ quinze mille individus qui sont d'absolus
fainéants et no veulent pas travailler. Le nombre
de ceux qui voudraient travailler et ne peuvent
trouver une occupation suivie est encore plus
grand.
J'ai été dans les nombreux entrepots sur les
bords de la Tamise, aux docks, aux grarides
maisons d'expódition et dans les endroitsoü il y
avait des batisses, partout j'ai trouvé des gens
sollicitant en vain du travail. A certains entre
pots oü on emploie de grandes équipes, j'ai vu
de cinquante a cent individus rester en dehors,
après que ceux qui avaient été acceptés étaient
eutrés.
Les aspirations du vagabond dans la vie.
Avant que je ne finisse, vous vous demanderez
peut-être: Quel est le but du vagabond dans la
vie 1 - Je répondrai qu'il n'a pas d'autre but que
celui d'arriver a vivre. Son bonheur consists a