m i m LES ARCHIVES DU FAUX. Mercredi 2 Octobre 1878. 13e année. N° 1,331. 2 e 5 - ^.QtANf as -5 I e Journal parait Ie Mercredi et Ie Samedi. Les insertions content 1b centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se puient 30 centimes la ligne. On traite a forfait poer les insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires. C II M I i\ K E F K K. I LES MENAGES DE GUERRE CIVILE. Le libéralisme aura-t-il la sagesse de nous épargner cette catastrophe dont il porteen soi le germe, qui chaque jour va se deve- loppant de plus en plus? Nous n'osons l'espé- rer. En lout cas, nous ne monterons pas a Fassaul; mais, s'il arrivait, pour le malheur du pays et pour celui de la dynastie qui nous gouverne, que les aspirlions et les idéés de la presse libérale s'accomplissent, la révolution éclalerait nécessairement un jour. Quelles sont, en effet, les idéés et les aspirations» de la presse libérale? Exami- nons si, appliquées a noire pays, elles sont de nature a susciler la discorde. D'abord que désire la presse libérale? La suppression compléte des ordres reli- gieux et la confiscation de leurs biens au profit du dieu Etat. La suppression du bud get des culles, l'asservissemenl du clergé, et, dans Ie lointain, l'anéantissement du catho- licisme. Elle rêve aussi de mellre la main §ur nos églises paroissiales, pour les louer ensuile aux catholiques; de méme pour les presby- tères. Elle voudrait, non-seulement suppri- mer la loi qui exempte nos prêtres du servi ce militaire, mais encore leur retirer leurs droits de citoyens, sous prétexte qu'ils ne sont plus beiges mais romains. Tous les livres récents qui traitent du libé ralisme sont catégoriques surce point, et en particulier l'ouvragede M. Voituron. La presse libérale voudrait encore que le citoyen beige ne put plus tester en faveur d'un prêtre ou d'un religieux, alors méme que des liens de parenté lui donneraient ce droit. Plus de legs, plus de dons non plus, pour quelque motif que ce soit, dés l'instant ou il se rapporte aux choses de la religion. Elle demande également la suppression des pèlerinages, des processions el des cérémo nies extérieures du culte catholique, l'expul- sion du prèlre de l'école, etc., etc... Enfin il n'est pas une iufamie, pas une avanie com- mise a l'étranger contre les prêtres, les reli gieux, les religieuses, qui ne soit applaudie par la presse libérale tout entiére, qui pro- clame ces examples bons d imiler. Voila les idéés et les aspirations de la presse libérale a l'égard de l'Eglise et de ses serviteurs. Le Czar en Pologne, Carteret en Suisse, Bismark a Berlin, Gambetta en France, sont ses modéles et ses maitres. Passons maintenant au républicanisme, voilé ou non, de cette méme presse. A ses yeux, un roi constitutionnel doit étre un soliveau, une machine a signer, a l'usage exolusif de ses maires du palais; bien entendu, si ceux ci obéissenl a la loge ma- connique, sinon elle applaudit a cel ignoble refrain: Si, de la royauté nous examinons les prin cipes poliliques qui ont les sympathies de la presse libérale, nous constatons qu'ils sont contradicloires el en opposition directe avec nos mceurs, nos usages et nos principes con- stitutionnels. Tout le monde peut remarquer que la pres se libérale n'a pas un mot de blame pour des misérables leis que Rochefort, Jourdes, Wemerch et aulres communards de tous pays. Pourquoi ne désapprouve-t-elle pas les bacchanales francaises de ces jours derniers, oü la fine fleur des républicains francais a bu a Robespierre, a Daulon, a Marat et autres monstres de 89 el de 93! C'est que la presse libérale est en commu- naulé d'idéés et d'aspirations avec ces péres, ces frères et amis, et que l'unplicable logi- que veul que ceux qui s'altaquenl a Pantel ne ménagent point le tróne, ni les institu tions basées sur ces deux grands principes qui sont la force et l'honneur de la sociélé. Eh bien, nous le répétons, le jour oü l'ap- plication de ces tdées et de ces aspirations sera un fait accompli en Belgique, nous se- rons a la veille d'un cataclysme épouvanla- ble. Le catholicisme a subi dans notre histoire nationale de plus fortes épreuves, et tou- jours, oui toujours, il est demeurè viclorieux de la haine, de la persécution ou de la ven geance. C'est done au libéralisme d'étre assez sage, assez prudent pour ne pas soulever des tem- pètes, qui, nous le répétons, ne tourneraient qu'a sou déshonneur et a sa ruiue, [Beige.) LA DISSOLUTION. Les libéraux qui se prétendent bien infor- més assurent que c'est au mois de Décembre prochain qu'aura lieu la dissolution des Chambres résolue par les chefs du libéralis me doctrinaire. Ge qui se passé dans les rangs de nos adversaires rend presqu'inévita- ble au point de vue libéral cette grave reso lution. Comme on l'a dit souvent déja, M. Frére n'a pas, a propreinent parler, de ma- jorité. II est a la merci des avancés sous les fourches caudines desquels il devra passer. Ceux-ci ont, malgré leurs antécédants exten- sionisles, voté la restriction apportée au corps èlectoral, mais ce vote est un pois donné dans l'espoir d'obtenir une fève. Do ut des. Or, c'est cette féve que M. Frére vou drait se dispenser de donner. II veul bien manger les marrons mais a condition que Raton les tirera du feu. Pour le moment le Bertrand doctrinaire et le Raton radical font encore bon ménage, mais la brouille est a l'horizon. II n'y a qu'une dissolution ame- nant un renforl doctrinaire dans les rangs de la inajorité qui puisse sauver la situation de M. Frére. Ce renforl est-il assuré? Voila la question. Entretemps nos amis agiront pru- demmenl en organisant eten renforcant les moyens de defense el surlout d'atlaque. Nous devons nous tenir prèts comme si l'heu- re du combat devait sonner demain el ne pas atlendre les bruines de Novembre et les fri- mas de la Sainl-Eloi pour étre tous debout et en armes. CA ET LA. Prenez garde. Un éludiant maconnique de Gand est mort, lom de sa patrie, loin de sa familie. II elail du Brésil. Ses parents étaient de pieux catholiques. A l'heure de l'agonie, deux condisciples se tenaient a son chevel: le prêtre n'a pu approcher. Voila done un jeune homme arrivé a Gand chrétien et croyant. Le milieu dans lequel il a vécu lui a pris sa foi; le malheureux est tombé el il est mort dans l'abime de l'irréli- gion. Quelle douleur pour un pére, pour une mére Responsabililé terrible pour les parents qui exposenl leurs fils a de pareils désastres! Definitions lirérales. Qu'est-ce que l'indépendance du pouvoir civil? La dépen dance du pouvoir reltgieux. Qu'est-ce que la séparation de l'Eglise et de l'Eial? C'est I'Etat, mellanl la main sur le collet de l'Eglise. Ceci est tirédes discours d'un gueux célé- bre, le citoyen Habeneck, ex-sous préfet ré- voqué de Carpentras. La libre-pensée abrutit. Abrutirreml re brute, rend re béte. Le libre-penseur dit a l'homme: vous n'a- vez pas d'ame a sauver; dans cette vie, il faut jouir, car, après, il n'y a plus rien. II n'y a pas de Dieu, pas de religion. La libre-pensée ne connait et n'enseigne que la maliére, le ventre. En prèchant le culte de la matière, la libre- pensée prèche le règne des passions. Voila un pauvre. II n'a aucune jouissance; il ne connait que les pri vations. S'il entend la libre-pensée, il se dira: quoiaprés cette vie, il n'y a plus rien; je vois des riches, puis a cóté d'eux des oisifs, des faineants qui par l'or satisfont tous leurs désirs. Pourquoi dois- je souffrir pendant qu'ils sont heureux? Oü est l'égalilé qui doit, dit-on, régner entre les hommes? Et le misérable égaré par la doctrine libre-penseuse voudra jouir aussi en ce seul monde qui exisie. Et comme il ne croira plus en Dieu, il ne reculera pas devant un crime pour s'assurer le bonheur. Voila oü mène la libre-pensée La libre pensee n'airne pas l'ouvrier, puis- qu'elle l'abrutit el le jette dans les convoili- ses, les haines, le désespoir. Le calholicisme, lui, traite l'ouvrier en homme, en frére. II lui dit sa haute deslinée; il lui montre qu'il y a deux vies el que s'il souffre ici bas avec resignation, lesjoies pu- res de l'èternité seront son partage. La religion adoucit les malheurs du pau vre, reléve son regard en haul, l'arracbe a la corruption de la ma'iére el domple les pas sions. La religion done sou tien t-, anoblit l'ou vrier; et, ce faisant, ellesauve la sociélé. f.4 continuer), «3 CO SO O 2 O 32 73 7: O co o «O u c*a M ua t>» c* K 2. -o 50 H C ^3 33 >- 2 n CA c* O r, 2 Pu CA •H 53 pi n CA 53 _a 53 rr 5? Poperinghe- Ypres, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30. Ypres-Poperinghe, 6,20 9,07 10,05 12,07 2,45 3,57 6,47 8,45 9,50 Poperinghe-Hazebrouck, 6,40 12,25 7,04 Haiebrouck-Poperinghe-Ypres, 8,25 4,00 8,25. Ypres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roulers-Ypres, 9,10.1,50 7,50. Roulers-Bruges, 8,45 11,34 1,15 5,16 7,20 (10,00 Thourout.). Bruges-Roulers, 8,03 12,40 5,05 6,42. Thourout - Gourtrai, 5,15 mat. Ypres-Gourtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ypres, 8,08 11,05 2,53 5,40 8,49. Ypres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 du matin jusqu'a Langemarek.) Thourout-Ypres, 9,00 1,25 7,45 (ie Samedi a 6,20 du matin de Langemarek a Ypres). Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentiéres, 6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnèton- Comines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,45 mat. 9,30 soir, (le Lundi 6,30.) Warnèton-Comines, 5,30 11,10 (le Comlnes-^Belgique, Comines-France, Quesnoy-sur-Deüle, Wambrechies, la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43, 9,30.— Lille, la Madelaine, Wambrechies, Quesnov-sur-Deüle, Comines-France, Gomines-Belgique, 5,55, 10,35,4,37,8,15. Courtrai-Bruges, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Gourtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42. Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,31 2,56 5,41 6,46 7,41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10 5,30 7,35 8,45. Ingelmunstdr-Deynze-Gand5-00,9-41,2-15. Ingelmunster-Deynze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingetmunster, 6-58, 11-20, 4-41. Deynze-Ingelmunster, 12,00 8,20. Ingelmunster-Anseghem, 6,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45, Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15 11,05 3,40 5,00. Bixmüde-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 8,35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4,20 5,56 6,50. Thourout-Ostende, 4,50 9,15 1,50 8,05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10,16 12,20 6-15 9,15. Selzaete-Eecloo, 9,05 1,25, 9,03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05. Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 12,30 5,5ü Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5-25 (leMardi, 10-09). COnR-BaPOHTDAIWCBS. COURTRAI, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. Gourtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,42 6,35. Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,10 8,54. Bruxelles dép. Gourtrai arr. 5,22 8,28 8,00 10,46 12,21 2,46 5,35 7,56 6,47. 8,44. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. Gourtrai dép. Tournai arr. Lille 6,37 7,28 7,42 9-37 10,15 10-42 10,56 2,54 11,47 3,48 12,08 4,00 5;27 8,47. 6,39 9,41. 6,37 10,04. Lille Tournai Gourtrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. dép. 5,10 5,42 6,34 8,12 8,56 9,17 11,05 11,32 12,26 2,21 2,40 3,38 4,10 8,10 5,21 8,50 6,33 9,28 COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Gourtrai dép. 6,32 6,42 9,49 12,31, 3,44 6,40 9-32. Gand arr. 8,01 7,21 11,08 1,51, 5,04 8,00 10,20. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Gand dép. 5,15 8.45 9.24 1,28 4,14 7,21. Cöurtrai arr. 6,34 9,33 10,51 2,49 5,23 8,12. BRUXELLES, GAND, BRUGES. 8,43 Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,2 Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42. Bruxelles dép.5,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 5,55 5,01, Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,25 4,16 6,13 7.23 7,35. Bruges - 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,50 8,15 8,50. Nous venons de voir un bien curieux musée, une collection unique au monde, composée d'ob- jets dont la valeur intrinsèque est absolument nulle, mais dpnt l'ensemble a un prix inestimable, car il serait, non seulement impossible, mais en core interdit par les lois, de reconstituer une réunion semblable. C'est la collection de tous les billets faux qui ont été émis depuis la création de la Banque de France, et qui forment un album que par autori- sation spéciale nous avons pu feuilleter. La première page de eet album nous montre que la-fraude n'a pas attendu longtemps. G'est le 21 germinal an XI (14 avril 1803) que parait la loi autorisant la Banque et dès le mois de juillet de la même année apparaissent des imitations frau- duleuses des cédules au porteur émises par le nouvel établissement de crédit. Calculez le délai nécessaire a la Banque pour faire graver et im- primer ses billets et celui qui durent employer les copistes pour fabriquer leurs faux et vous verrez qu'il n'y eut pas de temps de perdu. Mais la justice fut aussi prompte dans la re pression que les faussaires l'avaient été dans leur audacieuse entreprise, et au mois d'octobre 1803 six mois après la création de la Banque le tribunal criminel spécial du département de la Seine condanmait a six années de fers et a la flétrissure par le fer rouge, douze individus associés pour une entreprise de contrefacon des billets de 1,000 et 500 francs. Le méme tribunal infiigeait le mois suivant la Roi de carton, Grand crends tes millions. même peine a quatre contrefacteurs de billets de 500 francs. Ce prompt exemple de justice donna A rófléchir et, pendant neuf anson n'eut aucune alerte, mais, au commencement de 1812, de nouveaux billets de 1,000 fr. et de 500 fr., assez bien imités, l'urent signalés par les croupiers des maisons de jeu, auxquels on les avait passés très-facilement. Pendant l'année 1812, le nombre de ces billets augmenta en une notable proportion, si bien qu'une surveillance spéciale fut établie au Palais Royal. Cette surveillance amena l'arrestation d'un nommé Alais, qui, pris en flagrant délit, le 24 avril 1813, fut condamné a la détention perpétuelle. Nouveau délai. Entre le feuillet qui contient les spécimens des billets Alais et le suivant, un laps de dix ans s'écoule. II est vrai que ce nouveau feuillet est consacré aux faux billets de 1,000 fr. fabriqués par Colard, le marchand de tableauxcontrefacon admira- blement faite et qui, en raison de sa perfection, fut considérée comme beaucoup plus coupable. Les premiers faussaires avaient eu des condam- nations a temps; Alais avait eu la détention per pétuelle; le tribunal appliqua a Colard la loi dans toute sa rigueur. Le 20 décembre 1823, la peine de mort fut prononcéecontre lui. Somme toute, quatre tentatives en vingt ans, ce n'était pas énorme. II est vrai que la contre facon n'était pas a la portée de tout le monde. La Banque n'émettait alors que des billets de 1,000 et de 500 fr. Avec la meil'eure volonté du monde, un pauvre diable ne pouvait les contrefaire: le modèle lui eüt manqué. Et ils étaient rares, ceux qui ayant en main le précieux papier Garat, ne songeaient pas a le faire fructifier plutót qu'a limiterau risque de la guillotine. En outre, eüt- on pu faeilement faire un billet faux, le difficile était de le passer. II y en avait peu, on les exami- nait de prés et, a part certain cas d'exception, comme ceux des maisons de jeu, on était presque certain de se jeter, comme on dit, dans la gueule du loup. La condamnation de Colard épouvanta les faussaires. Jusqu'a 1848, la Banque futtranquille. La création du billet de 100 fr. qui familiarisa le public avec l'usage de la monnaie fiduciaire amena une fraude qui restera légendaire. Geile du fameux Giraud dit de Gatebourse. Graveur hors ligne, chimiste expérimentó, mécanicien habile, Giraud réussit a faire pen dant huit années, d'octobre 1853 a aoüt 1861 des billets dont l'exécution presque irréprochable trompait tout le monde. Aussi malin dans l'émis- sion que fidéle dans son imitation, Giraud avait pris toutes ses mesures pour éloigner de lui les soupgons. A Gatebourse, en Saintonge, son pays natal, il recevait a sa table, le maire, le curé, le percepteur, le brigadier de gendarmerie; a Paris oü il demeuraitrue de Flandre, ses commensaux étaient le maire de la Villette, le curé, le prési dent du bureau de bienfaisance, MM. Vassal et Leclerc, commissaires de police, Tenail, chef de la süreté. Instruit par cos messieurs de toutes les démarches que faisait la police pour décou- vrir l'habile faussaire dont les exploits stupé- fiaient le monde financier, il était au courant de que la barre du T, défectueuse dans le mot cent francs, avait été rectitiée, et que la signature du graveur, omise sur les premiers billets, existait sur les nouveaux. Giraud poussa plus loin l'au- dace, il vint offrir a la Banque de France ses services pour rechercher l'auteur des faux bil lets qu'il fabriquait. Condamné aux travaux forcés a perpétuité le 15 avril 1862, il fut expédié a la Guyane. ün n'a pas oublié quelle horrible mort il trouva en essayant de s'évader de Cayenne en compagnie de l'assassin Poncet. Los billets faux de Giraud de Gatebourse furent la cause du changement complet des billets de la Banque de France qui étaient alors noirs, entou- rés d'un cadre carré, avec deux cartouches por- tant l'un en lettres noires sur fond blanc, l'autre en lettres blanches sur fond noir le texto de la loi qui condamné les faussaires. Grace aux per- fectionnements successifs qu'y avait apportés l'habile contrefacteur, les billets faux ne se dis- tinguaient que très-diffieiiement des vrais. Aussi la Banque, agissant grandement, les remboursa- t-elle tous, en supprimant le modèle qui fut rem- placé par le type bleu qui circule actuellement. Après Giraud, etjusqu'en 1371, nous ne trou- vons qu'un faussaire, Dupont, condamné par la Cour d'assises du Rhone a la réclusion perpé tuelle pour contrefacon assez mal réussie du billet de 500 francs. C'est surtout a partir de la guerre de 1870-1871 et de l'émission des petites coupures de 25 fr., 20 fr. et 5 fr. que les imitations du papier de la toutes les recherches, constatait avec les experts i Banque se multiplient avec une désolante activité, n It faut avoir sous les yeux l'album que nous venons de consulter pour imaginer la dlversité des procédés de fabrication des faussaires. Les uns sont tellement élémentaires qu'on se de- mande s'il faut s'étonner da vantage de l'auda- cieuse naïveté du contrefacteur ou de l'iudilïó- rence du public qui accepte, les yeux fermés, les óbauches les plus intormes. Li'autres re véle nt une habiletó relative, mais dénotent leur fausseté par des irrégularités typiques, des fautes gros- sières sur lesquelles il est facile d'appeler l'at- tention des personnes les plus inexpérimentées. Quelques-uns seulement sont assez perfectionnés pour rendre une erreur excusable. Mais, grossiers, passables ou parfaits, tous ont valu a leurs auteurs une condamnation plus ou moins forte. Sur les cent einquanto a deux cents spécimens qu'on nous a montrés, il eu est a peine cinq ou six qui soient dépourvus de la légende explicative, mentionnant le nom du faussaire et la peine qu'il a subie. Encore ces cinq ou six sont-ils des billets uniques de leur espèce, acte isolé d'un malfaiteurqui n'a pasosérecommencer ou premier essai d'un faussaire qui a attendu pour se lancer un nouveau travail pour lequel on le retrouvera plus loin. Grace aux efforts de la Banque, secondée par la justice et la police francaise, il n'y a pas une seule tentative sérieuse qui n'ait été découverte et punie. C'est ainsi que, du 29février 1872 au 7 février 1878, nous relevons sur l'album cent dix condem nations diverses prononcées par cinquante-six cours d'assises contre les contrefacteurs de notre monnaie tlduciaire.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1878 | | pagina 1