1 u më MONSEIGNEUR DUPANLOUP. Mercredi 23 Octobre m n 13'année.—N°l,337. M V,QcAN£ 3 n m 5? o O- C 2 co H ro rn w co —3 co n w Journal parait Ie Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite a forfait pour les insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles. Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires. C HS E M S jV N 19 12 F F K. I TOUS SOLDATS! Les journoux libéraux s'efïorcenl de faire |e silence antour des plans mililaristes dn gouvernement, plans qne nous avons briè- vement signalés, d'après I' In dependance Cetle taclique est peut - êt re habile ce qui est encore très-contestable; mais elle manque, en tous eas, absolument de dignilé. II nous parait utile de revenir sur ceten- régimentement a la prussienne dont nous sommes menacés. En principe tout le monde fait parlie de l'armée. Cetle situation et les éventualilés qu'elle doit forcément entrainer dans l'état troublé de l'Europe, doivent faire perdre tonte stabilitè a la position personnelle des ciloyens. Dans l'armée active, on introduit, il est vrai, des volontaires d'un an, sous le titre de cadets, et s'ils passent l'examen requis, ils en sortironl au bout d'un an pour entrer dans la réserve avec le litre d'ofiicier. Enseront- ils plus libres d'aborder les carrières civiles? demande YEscaui. Médecins, ils devront, cbaque année, el. pendant 45 jours, compro- meltre leur clientèle en se faisant remplacer prés de leurs maiades; négociants, agents de maisons élrangères ou mème commis impor tants dans une maisonde commerce, il leur fandra se soumeltre, pendant 45 jours, a un ctiömage impossible; avocats, ils seraient peut-étre un peu mieux traités si le rappel de la réserve avail lieu en Aoiït et en Septem- bre; en cecas, ils perdraienl settlement leurs vacances et les avantages que donne a l'hom- me de loi 1'étude des mceurs et des institu tions élrangères, car tout voyage leur serait interdit. Quant aux métiers et professions manuel- les, on ne tat derail pas a voir se produire cbez nous la désolante situation dont on se plaint en Allemagne. Les jeu nes gens de la classe ouvriére entreraient en grand nombre dans l'armée active, soit a litre de miliciens désignés par le sort, soit comme remplacanls, poor mieux dire subslituants de jennes gens de families plus aisées, lesquels désirenl en- irer de plain pied dans la réserve. Les ou- vriers sont d'ordinnire appelés au service lorsque leur apprentissage profcssionnel n'cst pas encore terminé et pendant qu'ils sont lenus sous les armes ils perdent, avec l'ha- bilelé manuelle qu'ils avaient acquise, les notions techniques et l'habitüde du travail. Si le service général force a quitter l'ale- lier, dit encore et fort justement YEscaut, il conlribue non moins fatalement a dépeupler les campagnes. En Allemagne, l'ouvrier étail jadis renommé dans l'Europe entière pour son liabileté, son aclivité et son assuidité au travail. L'industrie produisait alors a bas prix des fabricats excellents. De son eólé, l'agricultu- re n'y rrianquail pas de bras et étail relalive men t florissante. Aujourd'htii, grace au ser vice général et obligatoire, l'ouvrier alle- mand est un des moms habiles que l'on puisse trouver; il n'était pas formé lorsqu'il a été forcé de quitter l'atelier, et, a l'age de 25 ans, il lui répugne d'y rentrer a litre d'apprenti. L'agricullure allemande est dans un état de décadcnce que constatent avec tristesse ceux qui parcourerit aujourd'htii des contrées jadis si ferities. II est possible que la Prusse, en la consi- dérant au point de vue exclusif de nation conquéranle, ail dü au service général une partie de la puissance qu'elle a déployée dans ses guerres contre l'Autriche et la Fran ce, mais il est certain que cel avantage, Ie- quel est d'ailleurs hors portée a nous autres Beiges, elle l'a oblenu au prix de sa puissan- ce industrielle el agricole et en sacrifianl sa slabililé politique intérieure. II est hors de doute que l'arinée socialiste s'y recrule sur- loul parmi les déclassés qui out été obligés d'abandonner leur atelier ou leurs champs pour passer par l'armée impériale. Le gou vernement de Berlin sait aujourd'htii que lorsqu'il croyail constiluer les cadres de la coriquète, il a créé cbez lui les cadres de la Révolulion. C'est done un jeu éminemment dangereux que le gouvernement se propose de jouer. II sortge, tont en tarissant les sources de notre prospérité matérielle.a ajouter considé- rablement aux charges mililaires qui pèsent sur la nation, et a angmenter le nombre déja énorme des déclassés que conlienl notre so- ciélé moderne. Aux déclassés de l'école moyenne et de fathénée vont se joindre ceux de l'armée, et on sait avec quelle facililé effrayante les doctrines révolulionnaires s'in- fillrenl dans des milieux pa rei Is. On réussira ainsi, non a relevet le niveau moral de l'armée, mais a faire perdre aux ciloyens encore actifs et travaiileurs, enré- gitnenlés dans la réserve, les qualités qui les distinguaient et a les galer au contact peu moral des garnisons el des casernes. Et voila les magnifiques résuItats que le pays s'épuisera a obtenir. Les prévisions des électeurs naïfs étaient lout autres le 13 Juin. TOUT OU BIEN. La sécularisation de l'enseignement est peul-ètre le plus grand danger qui, depuis 1830, ait menacé, nous ne dirons pas seule ment les calholiques, mais le pays tout en tier. Les journaux libéraux le comprennenl, et ils l'avouent. La question de la révision de la loi de 1842 sur l'enseignement primaire ainsi parle YEloile domine tonte la situation publique. Tout doit céder le pas a la soluiion de celte importante queslion, et les libéraux ne per- dronl pas un moment a la régler. L'un des vceux les plus formels du parti liberal, dit encorè YEloile, c'est de voir dé- créter l'enseignement public laïqne afin qu'il soil accessible aux enfants apparlenant a n'imporle quelle confession, comme a ceux qui n'appartiennent a aucune confession. Aussi Ie ministère présenlera-t-il un projet de loi a la rentree des Chambres, e'est-a-dire dans moins d'un mois. VEioile I'assure La révision de la loi de 1842, dit cette feuille, sera certainement annoncée dans le discours du Tröne a l'ouverture trés-prochai- nede la session législutive. Le fail de la révision est certain, el les desseins bien arrètés du parti qui est actuel- lement au pouvoir sont bien connus. Ce que nos adversaires veulent, c'est que l'enseigne ment soil laïque, e'est-a-dire qu'ii soil débarrassè de loule idéé religieuse, et ce projet, ils Ie réaliseront. Us pourront peut êlre aprés cela laisser non-seulemenl le prêtre cal hol iq ue, ainsi que s'expnme YEloile, mais les desservants de tous les cultes libres comme lui de donner cel enseignemenl dans les locaux de l'école en dehors des heures de classe. L'école n'en sera pas moins ce que les libéraux venlent qu'elle soit, e'est-a dire une dépendance des Loges. VEtoile ne fait point de difficullé de l'avouer Qu'imporle aprés cela que l'enseignement religieux se donne a l'église ou a l'ecole, et quels empièlements peul-on craindre du curé plus que du pasteur ou du rabbin si la faculté qu'il s'agn de leur concéder élan nettement délimitée Une fois l'enseignement religieux exclti du programme de nos écoles, tout est perdu pour nous, et le resle n'est qu'une affaire de taclique entre les libéraux. UEloile le decla re elle mème: C'est avec la majorilé senle qu'il faut compter, et il est naturel qu'on se demande laquelle des deux solutions aurait la chance de réunir dans un scrutin préparatoire le plus grand nombre de voix pour s'imposer ensuite aux suffrages de l'unanimité de la gauche dans les deux Chambres, le jour ou elles auront a délibérer. Car alors la question de cabinet se posera nécessairemenl, et il faudra étre d'accord. Les calholiques aussi, a Ia Chambre et au Sénal, seront d'accord. La question a nne importance eapitale, el il nous faut lout, e'est-a-dire ce que nous avons mainlenant, e'est-a dire le maintien de la loi de 1842, ou rien. Nous n'acceplons point de compromis, point de transaction, point de mezzo termi necomme dit YEloile. L'INSTITUTEUB LAIQUE Parmi les maitres d'écoles, il y en a de bons c'est possible: mais ceux-la sont un miracle, car vous avez tout fait pour les ren- dre déteslables. Quand vous avez été pren dre dans un village un petit paysan, quand vous l'avez amené a quinze ou seize ans dans une grande ville, quand vous lui avez donné un habit noir, quand vous l'avez logé dans une belle école normale, et quand Ia, pen dant deux ans, vous lui avez donné plus d'esprit qu'il n'en pourra jamais porter; quand vous lui avez appris la physique, Ia géométrie, l'algébre, la trigonométrie l'his- toire el le resle; et puis, aprés cela, quand vous le reuvoyez a dix-huil ans au fond d'un village, pour y mourir d'ennui avec de gros siers petits enfants qui ne savent ni lire ni écrire, et souvent ne veulenl apprendre ni l'un ni ('autre, vous en faites nécessairemenl un méconlentun ennemi. Vous avez beau faire: pour étre maitre d'école, il faut une humilité, une abnégation dont un laïque est rarement capable. II y faut «SI Y) r~n O u c£ Y. y; o 22 7. O O co o h3 O 3 ld 12 m lüSK'A Q o»" >- m O 32 G "11 =0 52 O C* O 5? 2 P3 CO -O 03 Poperinghe- Yprcs, 5,15 7,15 9,33 11,00 11,30 2,20 5,05 5,30 9,30. Ypres-Poperinghe, 6,20 9,07 10,05 12,07 2,45 3,57 6,47 8,45 9,50 Poperingne-Hazebrouck, 6^40 12,25 7,04 Hazebrouek-Poperinghe-Ypres, 8,25 4,C ires-Ro Thourout - Courtrai, ,00 8,25. Ypres-Roulers, 7,50 12,25 6,30. Roulers-Ypres, 9,10 1,50 7,50. Roulers-Bruges, 8,45 11,34 1,15 5,16 7,20 (10,00 Thourout.) Bruges-Routers, 8,05 12,40 5,05 6,42. 5,15 mat. Ypres-Courtrai, 5,34 9,52 11,20 2,40 5,25. Courtrai-Ynres, 8,08 11,05 2,56 5,40 8,49. Ypres-Thourout, 7,20 12,06 6,07, (le Samedi a 5,50 du matin jusqu'a Lange mar ok.) Thourout-Ypres, 9,00 1,25 7,45 (le Samedi a 6,20 du matin de Langemarck a Ypres). Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-Armentières, 6,00 12,00 3,35. Armentières-Houplines-Le Touquet- Warnêton- Comines, 7,25 2,00 4,45. Comines-Warnèton, 8,15 mat. 9,30 soir, (le Lundi 6,30.) Warnèton-Gomines, 5,30 11,10 (le Lundi 6,50.) Comines-Belgique, Comines-France, Quesnoy-sur-Deüle, Wambreehies, la Madelaine, Lille, 7,20, 11,45, 6,43, 9,30. Lille, la Madelaine, Wambreehies, Quesnoy-sur-Deüle, Comines-France, Comines-Belgique, 5,55, 10,35, 4,37, 8,15. Courtrai-Bruges, 8,05 11,00 12,35 4,40 6,37 9,00 soir. (Thourout.)— Bruges-Courtrai, 8,05 12,40 5,05 6,42. Bruges-Blankenberghe-Heyst (Station) 7,22 9,50 11,27 12,40 2,27 2,50 5,35 6,40 7,35. (Bassin) 7,28 9,56 11,33 12,46 2,31 2,56 5,41 6,46 7,41 9,02. Heyst-Blankenberghe-Bruges, 5,45 8,20 10,10 11,25 1,25 2,45 4,10 5,30 7,35 8,45. Ingelmunster-Deynze-Gand, 5-00,9-41, 2-15. Ingelmunster-Devnze, 6-10,7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-5S, 11-20, 4-41. Deynze-Ingelmunster, 12,00 8,20. Ingelmunster-Anseghem, 6,05 9,40 12,35 6,13. Anseghem-Ingelmunster, 7,42 11,20 2,20 7,45. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerque, 7,10 9,08 1,35 7.50 Dunkerque-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6,15 11,05 3,40 5,00. Dixmude-Nieuport, 9,50 12,35 2,20 5,10 8,35 10,10. Nieuport-Dixmude, 7,15 11,55 4,20 5,56 6,50. Thourout-Ostende, 4,50 9,15 1,50 3,05 10,15. Ostende-Thourout, 7-35, 10,16 12,20 6-15 9,15. Selzaete-Eecloo, 9,05 1,25, 9,03. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-20, 5-05. Gand-Terneuzen (station), 8-17, 12-25, 8-05. (Porte d'Anvers) 8-30, 12-40, 8-25. Terneuzen-Ga Selzaete-Lokeren, 9-04. 1,25, 9-03 (le Mercredi, 5-10 matin). Lokeren-Selzaete, 6-00, 10-25, 5 -25. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 12,30 5,55 25 (le Mardi, 10-09). C O B. H. E COURTRAI, BRUXELLES. POWDA.NCIB8. BRUXKLI.ES, courtrai. Courtrai clép. 6,37 10,53 12,33 3,42 Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,10 6,35. 8,54. Bruxelles dép. Courtrai arr. 5,22 8,28 8,00 10,46 12,21 2,46 5,35 7,56 6,47. 8,44. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Courtrai dép. Tournai arr. Lille 6,37 7,28 7,42 9-37 10,15 10-42 10,56 11,47 12,08 2,54 3,48 4,00 5.27 6,39 6,37 10,04. 8,47. 9,41. Lille dép. 5,10 8,12 11,05 2,21 4,10 8,10 Tournai 5,42 8,56 11,32 2,40 5,21 8,50 Courtrai arr. 6,34 9,17 12,26 3,38 6,33 9,28 COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Courtrai dép. Gand arr. 6,32 8,01 6,42 7,21 9,49 11,08 12,31, 1,51, 3,44 5,04 6,40 8,00 9-32. 10,20. Gand dép. 5,15 8,45 Courtrai arr. 6,34 9,33 9.24 10,51 1,28 2,49 4,14 5,23 7,21. 8,12. BRUGES, GAND, BRUXELLES. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges d. 6,49 7,04 9,39 12,34 2,52 3,59 6,43 8,43 Bruxelles dlêpS,22 7,20 7,25 9,00 11,06 1,35 3,02 4,53 o,5o 5,01, Gaild a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4,07 4,44 7,58 9,28. Gand arr. 6,00 8,38 9,36 10,27 1,23 3,25 4,16 6,13 7.23 7,35. Bruxelles 8,50 10,35 12,39 4,00 7,15 5,58 9,31 10,42. Bruges 7,15 9,23 10,51 11,20 2,38 5,01 6,50 8,15 8,50. Félix-Antoine-Philibert Dupanloup naquit le 3 janvier 1802 a Saint-Félixen Savoie, aux environs de Chambéry. La vivacitó de son in telligence et de son caractère s'annonoa dés l'enfance avec une certaine énergie tenace et résolue. Un de ses oncles, prêtre venerable, avait com- jnencé son éducation l'enfant promettait un homme supérieur. Son oncle l'envoya a Paris. Félix Dupanloup avait buit ans a peine. L'abbé Tesseyre avait créé un pensionnat oü commen- caient a refleurir. malgré les ombrages du mo- nopole universitaire, les anciennes traditions de l'éducation classique et cbrétienne. C'est la que fut euvoyé l'enfant qui devait étre l'évêque d'Orléans. Du premier coup le jeune montagnard enleva tous les prix il en fut de mème du catécliisme de Saint-Sulpice c'était une moisson de cou- ronnes. On voulut alors transporter ce vigoureux vaitiqueur dans une atniosphère plus rude et le soumettre a une instruction plus virile. Le petit séminaire de Saint-Nicolas du Cliardonnet va s'ouvrir pour luimais un obstacle se dresse dix thèmes a faire si le lauréat de quatrième vent passer en troisiéme, dix thètnes sans une seule faute. Les tlièuies sont faitsun mot, un unique mot laisse quelque doute au sévère exa- minateur: c'était une élégance dépiacée. Le lau réat redoublera sa quatrième. 11 y avait la plus de sévérité que de justice. Le fier enfant se fut cabré volontiers; au second mouvement il préféra se vaincre et ne donner tort a ses maitres qu'en étant toujours le premier. Trois mois aprös, on l'appelait en troisiéme avec les honneurs de la guerre. Voila les traits naissants de ce caractère, que la ditticulté ne domptera ni ne découragera jamais. Bientót, a l'heure de l'adoiescence, a ce lever de lame qui s'éveille a la vie, Dieu lui parle, la voix secrete et irrésistible de la grace se fait entendre a cetle natuie tendre et impétueuse a la lois, l'assouplit et la captive. Dieu l'appelait. De Saint-Nicolas, le jeune lévite entra a Saint- Sulpice. A cette même époque, un grand seigneur, le due de Rolian, frappé soudain dans une ardente et légitime affection, venait de chercher prés des autels une consolation a sa douleur, un but nouveau a sa vie. Devenu l'abbé de Rohan, le futur cardinal- archevéque de Besangon chercha a se créer dans la milice du sanctuaire, une sorte de batail- ion sacré. Cliaque année, en son chateau histori- que de la Roche-Guyon, il rassemblait l'élite des éléves de Saint-Sulpice. Ces reunions eurent une grande influence sur le caractère et Tintelligence de l'abbé Dupanloup. Ordonné prêtre en 1825, l'abbé Dupanloup de- vint catéchiste des enfants de France et des princes de la maison d'Orléans; il fut un des aumöniers de la tille de Louis XVI, cette sainte dont 'es malheurs n'ont été dépassós que par sa chrétienne vertu et son courage les supporter. Plus tard il a enseigné l'Evangile a la fille de don Pedro, future impératrice du Brésil; il a prêché devant Marie-Améliequi venaient l'entendre cachée dans la loule. Plus tard il fut le maitre, dans la doctrine, dans la loi et dans les lettres, de ce que la jeu- nesse de France compte de plus élevé et de plus en renorri. Plus tard encore il fut le confident, le confesseur des hommes d'Etat les plus éminents. Les cardinaux, comme les princes, lui avaient vouó une tendre affection. Grégoire XVI disait de luiTa es apostolus juventutis. Sa renommée commencait déja a Paris sans qu'il parut s'en douter. II était docteur en théologieprotonotaire apostolique, prélat remain. Le zèle a été la vie de l'évêque d'Orléans. D'abord il a eu toujours le zèle de l'enfance. C'est par laqu'iladébuté, par la qu'il s'estillustré. II catéchisait dans les palais, il catéehisait dans les églises, il catéchisait cbez les pauvres. II fonda une académie de Saint-Hyacint he, oü il recueil- laitexcitait, enflammait des jeunes gens qui sont aujourd'hui des hommes. Nomrné chanoine honoraire, puis supérieur du séminaire de Saint-Nicolas, il forma de nombreux disciples dans ce séminaire et au petit séminaire de la Cbapelle, a Orleans. L'abbé Dupanloup avait fort a faire. De la pre dication, du ministère paroissial, il se trouvait jeté tout a coup dans la'carrière de l'enseigne ment, dans le gouvernement d'une maison d'édu- cation. II ne pouvait renoncer ni a la chaire, ni au eonfessionnal. II l'allait son activité, son en- train, son dévoueroent; il s'v est usé, mais il a reussi. En 1834, il ouvrit non sans éclat les conférences de Notre-Dame et fut nommó chanoine honoraire de la Métropole. En 1841, il tint quelque temps a la Sorbonne la chaire d'éloquence sacrée, mais son cours fut suspendu indéflniment a la suite de magnifiques lecons sur Voltaire qui excitè- rent des protestations bruyantes et certaines frayeurs gouvernementales. Citons un intéressant épisode de sa vie comme chef du séminaire de Saint-Nicolas. On avait osé prétendre que les études cléricales étaient affai- blies par les pratiques religieuses. II se léve et il jette ce déli: a nombre égal, concourant avec quelque collége que ce soit, les élèves du petit séminaire seront de force pareille, sinon supé rieure. L'acte paraissait hardi, mais le supérieur de Saint-Nicolas savait bien ce qu'il faisait, et il ótait parfaitement sür que ses élèves seraient les plus forts. L'Universitó recula prélude d'une plus éclatante défaite C'est au séminaire de Saint-Nicolas que le R.P. Ravignan, ce saint de génie, fit l'essai de sa première retraite prêchéeaux hommes. L'abbé Dupanloup lutta pendant quatre ans avec Lacordaire, MM. de Montalembert et de Falloux pour obtenir la liberté de l'Eglise et de l'enseignement catholique. Et ccpendant l'abbé Dupanloup trouvait le temps d'avoir encore et par-dessus tout le zèle des ames. Orateur, il a paru dans la chaire de Notre- Dame avec le R. P. Lacordaire, avec le R. P. Ravignan, avec le R. P. Félix. Panégyriste, il a exalté Jeanne d'Arc A Orleans avec une magnifi- JUGÉ PAR M. THIERS. cence qui a ému tous les coeurs, même celui de l'Angleterre. A Saint-Sulpice, il a rappeló les accents de Bossuet devant le catafalque de Condé. A l'Académie, il a tenu sous le charme tout un auditeire de sceptiques, qui retrouvait en lui le cygne de Cambrai. C'était aussi un convertisseur. Le prince de Talleyrand, l'évêque, ótait sur son lit de mort. Vainement, j usque la, des prié- res sans nombre, avaient supplió Dieu d'accorder a ce grand pécheur la grace suprème du repentir. Chaque jour Mgr de Quélen ce martyr des révolutions offrait sa vie, sa vie sainte et pure, pour le rachat de cette ame si souillée Rien encore n'avait été obtenu on avait vu seulement une vive rougeur colorer tout a coup le visage du prince mourant, quand une enfant, l'inno- cence même, était venue s'agenouiller prés de lui, vêtue de blanc, próte a marcher a la table sainte, et lui avait demandé sa bénédiction.... Pour la première fois, le remords avait fait trembler ce vieux politique, ce fameux rénégat, et quelques réflexions graves assombrissaient les rares instants de solitude de eet homme qui avait tenu en se jouant les destinées de l'Europe. Mais tout ótait encore a faire. L'abbé Dupanloup fit tout. Quelle nuit que ia dernièreLe prince s'humilia, se rétracta, s© confessa, et le lendemain matin, en annon§ant sa mort, le - convertisseur put dire, brisé a la fois d'émotion, de fatigue et de joie: Rarement j'ai vu de repentir plus complet (A continaer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1878 | | pagina 1