ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRON DISSEMENT. MERCREDI 8 Janvier 1879. 10 centimes Ie Numéro. 14 année. Nö 1359. On s'abonne rue au Beurre, a pres, et k tous les bureaux de poste du royaume Le JOURNAL CYPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'ctranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décémbre. Les articles et communications doivent ét-re adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne.Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne.Les uuniéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces do France et de Belgique (excepté les 2 Flandrcs) s'adresser A YAgfrice Havas L"ffite, etC" Bruxelles, 80, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. LETTRE PASTORALE de S. E. i.e Cardinal-Archev-êque et de NN. SS. i.ES Evêques de Belgique, Nous avons fait connaitre sommairemcnt en notre dernier numéro la lettre si digne et si éloquente en laquelle i'Episcopat belgo signale la guerre perfide et incessante que le parti au pouvoir poursuil contre 1'Eglise, ses droits et ses liberiés. Nos vénérés Pas- teurs démontrent en la dernière partie de leur protestation que Texclusion de l'ensei- gnement religieux des écoles du gouverne ment est contraire aux droits de la religion et de la société, en même temps qui Tes- prit de la Constitution et aux intéréts du pays. I. Quant au premier point, relatif aux droits de la religion,nos Evêques démontrent par les Ecritures et par la parole de Notre- Seigneur lui-même, que la vérité et la mo rale religieuse doivent être enseignées li tons, et doivent l'être par les seuls Apötres et leurs successeurs. La mission éducatrice de l'Eglise s'é- tend done a Tenfance et la jeunesse comme aux autres ages olie s'y rattacbe méme d'une manière toute spéciale puisque les premières années de la vie sont particuliè- rement consacrées la formation et au dé- veloppement de toutes les facultés de 1'ame et out par la même une influence décisive sur le reste de l'existence. 11 s'ensuit que 1'Eglise a le droit divin d'intervenir dans l'école oü se fait Téducation de Tenfance et de la jeunesse chrétienne pour imprinter a cette education un caractère moral et reli gieux. 11 s'ensuit en outre que les parents, dont le premier devoir est d'élever chré- tiennement leurs enfants, sont rigoureuse- rnent obligés de procurer a ceux-ci une education religieuse. IR comme ils se dé- chargent partiellement de ce soin sur les écoles publiques ou privées, ils ont le devoir et le droit d'exiger non-seulemerit qu'on y apprenne la religion, sous la direc tion de Tautorilé legitime, mais encore que tout Tenseignement et que toutes les in fluences scolaires concourent a faire de leurs enfants des ills vertueux, dociles craignant üieu, aimant le prochain, soumis it Tautorité de l'Eglise el de l'Etat. II. Nos Evêques réclament aussi l'inter- ventiou du prêtre et Tenseignement reli gieux au nom do la conservation sociale. Le bonheur de la familie et de la société repose essentiellement sur Tobservation ré- ciproque des devoirs qui obligent ses mem bres. De l'aveu de tous, Téducation publique doit done avoir pour résultat de donner ii la société non seulemeiit des hommes in- struits, mais des hommes de bien, qui par Taccomplissement fidéle de leurs devoirs envers leurs semblables, envers la familie et envers l'Etat concourent ii assurer la félicité générale. La lettre pastorale développc cette these en détail. Elle poursuit: Or oü puisera-t-on ces vertus quelle puissance est capable de dompter les pas sions, den comprimer les murmures, et de détermiuer la iiberté de Thomme a suivre toujours, maigré tous les obstacles, la voix austère du devoir, si ce ifest la Religion la Religion qui place Dieu au-dessus de Thumanité, comme souverain rémunérateur du bien et vengeur incorruptible du mal la Religion qui lui montre ce Dieu présent partout, scrutant et jugeant tous ses actes, même les plus secrètes pensées et les aspi rations les plus silencieuses de son être; la Religion qui éveiiie et développe en lui la conscience cette puissance merveilleuse qui tröne au plus intnue de l'ame, préside a tous ses mouvements, les approuve ou les condamne suivant les régies de Téternelle justice,- réprime la fougue des passions, donne la volonté la force et Ténergie du bien la Religion qui enseigne it Thomme son origine, sa fin dernière, et les devoirs qu'il doit remplir pour atteindre cette fin la Religion qui apprend au pauvre ii res pecter l'ordre providentiel de Tinégalité des conditions et soutient sou courage, au milieu des privations et des éprcuves de la vie, par les espérances de Téternité »Si vousötez Dieu et la conscience,quelle sanction reste-t-il ii Tautorité paternelle, li la iidélité conjugale, ii la moralité publique, au respect de la propriété, Tobservation des lois elles-inêmes, toutes ces grandes choses enfin qui forment les assises de Tédilice sociale Aussi M. Guizot, un protestant, procla- mait-il avec tous les hommes soucieux des intéréts de la société que la religion doit être le principe f'ondamental de Téducation populaire; que Tinstruction morale et religieuse n'estpas comme le calcul, la géométrie, Torthographe, une lepon qui se donne en passant une heure détermi- née, après laquelle il n'en est plus ques- tion; que la partie scientifique est la moindre de toutes dans Tinstruction mo- rale et religieuse; que la partie scien- tifique est ia moindre de toutes dans l'in- struction morale et religieuse; que ce qu'il faut, c'estque Tatmosphère de l'école soit morale et religieuse, que la reli- gion doit planer sur Tenseignement tont entier, et s'associer k tous les actes du maitre et des élèves. JE Cousin parlait comme M. Guizot: L'autorité religieuse,» disait-ilü la Gliam- bre des Pairs, Tautorité religieuse doit être représentée d'ollice dans'l'éducation de la jeunesse, tout comme Tautorité ci- vile.... Nous ne vouloas pas inêler le moins du monde la religion aux choses de la terre; mais il est question iei de la chose religieuse elle-méme. Nous sommes les premiers il vouloir que la religion reste dans le sanctuaire: mais l'école publique est un sanctuaire aussi, et la religion y est au même titre que dans l'église ou dans le temple. La première République fiancaise avail voulu chasser le prêtre et le crucifix de TEcole, et dix ans après le ministre Portalis disait :i la tribune: 11 est temps que les theories se taisent devant les faits. Point d'instruction sans éducation et point d'education sans mora- le et sans religion. Les professeurs ont enseigné dans le désert, paree qu'on a proclamé impru- demment qu'il ne fallait pas parler de re- ligion dans les écoles. L'instruction est nulle depuis dix ans... Les enfants sont livrés k l'oisiveté la plus dangereuse, au vagabondage le plus alarmant. lis sont sans idéé de la divinité, sans notion du juste et de Tinjusle. De lü des moeurs farouches el barbai es. dc ia un peuple féroce. Si Ton compare ce quest Tinstruction, avec ce quelle devrait être, on ne peut s'empêcher de gémir sur le sort qui me- nace les générations présentes et futures. »Ainsi. concluait le Ministre, toute la France appelle la religion au secours de la morale et de la société. Nos premiers pasteurs citent encore les paroles de Pie IX d'illustre et sainte mé- moire. III. Contraire au droit divin, contraire au droit social, le projet d'exclure la Reli gion d(^ écoles primaires est encore mani- testement opposé a Tesprit et a Ia lettre de la Constitution. La lettre pastorale invoque ici le témoi- gnage et les paroles des anciens membres du Congrès dont un si grand nombre sié- geaient encore la Chambre en 18-42. D'ailleurs la Constitution, en garantissant Texercice public et Ie budget des Cultes, recommit 1 utilité et la nécessilé sociale de la Religion. La neutralité imposée k l'Etat vis-h-vis des différents cultes, dérive uniquement de legale liberté que la Constitition assure et garantit k toutes les communions reli- gieuses; et des lors il est manifeste que loin d obliger 1 Etat ii entraver ou ii paralyser cette liberté, ia neutralité lui impose la mis sion de la protéger, et d'en rend re a chaque culte Texercice possible et facile. Or que fera Ia secularisation des écoles, sinon pa ralyser et même supprimer, a légard de 1 entance et de la jeunesse, le principal ex- ercice de tout culle, ;j savoir Tenseignement dogmatique et moral de ses adherents, sans lequel il n'y a ni convictions, ni pratiques, ni culte religieux possible? Garantir au culte catholique la liberie de sou exercice et fermer ses minislres les portes de l'école oü doit se faire Téducation morale el reli gieuse de a jeunesse, n'est-ce pas aussi in conséquent pour éclairer notre pensée par une comparaison que de décréter la liberté de l'industrie et du commerce, et de fermer ensuite tous les industriels et k tous les commerpants les ports de mer et les entrepots publics sous le prétexte de garder vis-ïi-vis de tous une parfaite neu tralité? »La seule conclusion que Ton puisse tirer de cette neutralité constitutionnelle, c'est que le Gouvernement doit accorder tous les cultes la même protection et la jouissan- ce des mèmes droits. ....La proscription de l'instruction reli gieuse dans les écoles primaires est encore inconstitutionnelle en ce quelle méconnait le droit sacré des pères de familie sur Tédu cation de leurs enfants et viole la liberté de conscience. »La voix de la religion s'accorde avec ceile de la nature pour proclamer que Téducation des enfants appartient, non a l'Etat, mais il leurs parents, et quelle constitue pour ceux- ci un droit eu même temps qu'un devoir. Le maitre it l'école n'est que le représentant du père; il est le mandataire chargé par lui de perfectionner et d'achever la noble têclie de Téducation de ses enfants; et pour rem plir son mandat, il doit les instruire et les élever de telle sorte qu'ils trouvent k l'école la continuation de l'éducation de la familie. En ouvrant, aux frais de la nation, des écoles publiques pour faciliter Téducation de Tenfance et de la jeunesse, l'Etat est done oblige de respecter ce droit inhérent ii la paternité, et (i'organiser ces écoles de manière it permettre ii Tinstituteur de rem plir son honorable mission conlormémcnt aux exigences de son mandat. Or, peut on nier de bonne foi que Tédu cation de la familie repose sur la religion, et que le premier vceu du père qui confie son enfant a l'école est de lui voir donner non-seulement une instruction solide, mais encore une éducation qui rende son fils vertueux, docile, respeclueux, craignant Dieu, en un mot une éducation religieuse?» Nos Evêques ajoutent les considérations suivantes auxquelles personne ne saurait contredire: L'école neutre ou sécularisée est né«- cessairement irréligieuse et hostile l'E glise. Car supposé méme qu'il soit possible de donner aux enfants une instruction sufli- sante sans toucher aux questions religieu- ses. que doit produire dans ces jeunes intel ligences et dans ces jeunes coeurs l'absten- tion systémalique de toute affirmation se rapporlant ;j Dieu. a leurs ames, J.-C., a l'Eglise, leurs immortelles destinées, si- non l'indifférence et le mépris pour la reli gion? Quelle estime pourraient-ils avoir pour une science, dont leurs maitres fout si peu de cas qu'ils la relèguent au rang des choses qui n'ont aucune utilité pour leur instruction et leur éducation Si Notre Seigneur a dit des hommes qui ne veulent pas le suivre et marcher sous sa bannière; tt*\^\g3E3a>B3PW«HI. ,1111— ■IIUgBHBWB——B—B—fc «s Journal d'~Ypres,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1