Quel dossier l'on pourrait faire aujour-
d'hui i M. Sainctelette
A peine était-il de quinze jours au mi
nistère que la baraque commengait a se
détraquer.
Après plusieui's années d'eftorts et d'é-
nergie, après une lutte sérieuse contre la
bureaucratie, M. Beernaert était parvenu a
inlroduire un ordre et line régularité re-
marquables dans radministralion des che-
inins de Ier. Aucune plainte ne s'élevait.
tout marcliait.
Cette énergie nécessaire manquait au
successeur de M. Beernaert.
Bientót il y eut un relachement gcnéral.
Les trains prirent l'habitude d'etre en re
tard; on manqua les correspondances. Les
accidents se suivirent et se multiplièrent
et quand vint la neige et que des convois
se trouvèrent bloqués, le désarroi fut tel
que dans les diverses gares de province on
ne rencontrait pas de materiel pour desser-
vir les lignes restées libres.
Depuis le mois de Juillet, les plaintes sont
générales. Toutes les peines que s'est don-
nées M. Beernaert sont perdues.
CHRON1QUE JUDICIAIRE.
Nous apprenons que c'est le jeudi 16 janvier
que sera appelée devant la Cour de cassation,
1® chambre (section civile) l'ali'aire de Mgr de
Montpellier, évèque de Liége, contre les héri-
tiers de feu M. Piercot, bourgmestr-e de Liége et
le commissaire de police de cette ville (interdic
tion de la sortie d'une procession).
CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE
DU JOURNAL D'YPRES.
Bruxelles 9 Janvier.
Le ministère met. ii profit les vacances
parlementaires pour poursuivre sa politique
d'écrasement contre les catholiques. Annu-
lation des décisions prises par les Députa-
tions permanentes, chaque tois quelles
sont favorables a nos amis, destitution ou
déplacement de fonctionnaires, remanie-
ment complet dans la composition des col
léges échevinaux, telles sont les principales
préoccupations de nos gouvernants. Mal-
heureusement l'on s'use vite a ce jeu, il y a
tant d'ambitions a satisfaire, tant de jalou
sies et de froissements h éviter que lout le
génie de M. Rolin ne pourra y sufïire, et
des renseignements pris a bonne source
nous permettent de croire que la mission
que s'était décernée l'ancien membre des
Conférences de St-Vincent de Paul de com-
battre les menées révolutionnaires de l'ul-
tramontauisme, toucherait ii sa fin.
Ce ministre, d'ailleurs, n'a pas l'avantage
de plaire aux siens. Chaque jour arrivent
au ministère de l'intérieur des députations
libérales pour obtenir quelque destitution
nouvelle; or, malgré tout l'empressement
qu'il semble mettre a l'accomplissement de
leurs désirs, il ne peut captiver leurs sym
pathies; on lui reproche, peut-ètre n'est-ce
pas sans raison, un ton de pédant insuppor
table et une morgue digne d un valet euri-
chi. Ses débuts ii la Chambre out été des
plus malheureux et tous sont unanimes h
constater, amis et adversaires, que sa sufii-
sance n'est égalée que par son insuffisance.
De grandes démarches sont. faites pour
que M. Delhougne, dépulé de Gand. accep-
te le portefeuille. La dignité de ministre
d'Elat n'est pas étrangère a cette combinai-
son; l'on espère vaiucre la résistance de
l'avocat gantois par l'appat des honneurs; il
s'agirait d'abord de le pousser a prendre
une part plus active aux discussions politi-
ques; engage dans la mêlee, U cèderait as-
sez facilement aux exigences du parti et
accepterait volontiers la charge qui pèse
trop lourdement sur les faibles épaulesde
M. Rolin.
L'on avait songé un instant ;i M. Goblet,
mais c'eüt été donncr ?i la députation bru-
xelloise une part trop prépondérante dans
le cabinet; de Ih est venue l'idée d'offrir le
portefeuille soit M. Dewael, soit h M.
Pecher. Ce dernier accepterait des deux
mains, car il se sent appelé ii des destinées
plus hautes que celles de président de la
fédération libérale.
11 se prépare un remaniement complet
des gouverneurs de province. M. Yandam-
me et le Baron de '1' Serclaes seraient ad-
mis ii faire valoir leurs droits ;i la pension
et M. Bovy aurait l'insigne honneur d'etre
relevé de ses fonctions. M. Dubois-ïhorn
lui-même serait sacrifié; son crime c'est
d'etre porté pour les traditions unionistes
de 1830 et de ne pas adorer les astres du
jour, Bergé, Jottrand, Goblet, Janson. Cela
procurera ii M. Hevard et Oswald de Kerc-
hove l'occasion de se soustraire ii l'excês
de popularité dont ils jouissent, l'un ii Bru
ges, l'autre ii Mons.
M. Bovy aurait pour successeur, prétend-
t-on,M. Goupy de Beauvolers, commissaire
d'arrondissement ii Bruges; cette nomina
tion aurait l'avantage de frayer le chemin a
M. Arthur Pecsteen pour la place de gou
verneur, et de calmer certaines susceptibi-
lités libérales qui ont surgi lors de la nomi
nation de M. Hevard.
Le système destitutionnel s'étendra éga-
lement aux commissaires d'arrondissement.
Les commissaires d'arrondissement de Ter-
monde et d'Audenarde ont déjh été mandés
chez le ministre; il ne s'agit plus que de
trouver la formule de destitution la plus
polie et la plus neuve.
M. Van Humbeeck, de son eöté, s'occupe
activement ii épurer le personnel ensei-
gnant; la destitution des trois directeurs
d'écoles normales sera le prélude d'une
foule d'autres destitutions. Pour être un
maitre modèle et digne d'inspirer aux en-
fants l'amour de nos institutions nationales,
il faut être animé de la haine du prêtre, et,
pour employer le langage choisi de M. Ber
gé, être capable (l'écraser la vermine noire.
Cela donne la juste mesure du respect que
porie le libéralisme it la religion de nos
pèresK.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
En France l'ère des difflcultés commence.
Les suites de Ia victoire des républicains
s'annoncent etn'amèneront pas latranquilité.
Amnistie, c'est-;\-dire rentrée de tous les
assassins ou fauteurs de Ia commune de 1871;
Mise en accusation des ministres du 10
Mai;
Sécularisation comiilöte de l'enseignement;
Expulsion des (ordres religieux, surtout
des Jésuites;
Suppression du Sénat et de la Présidence
de la République;
Retour des Chambres a Paris
Voila quelques unes des propositions déja
énoncées. Et co n'est pas tout.
La République ira bien.
A Berlin les projets financiers et économi-
ques du prince de Bismarlt rencontrent une
vive opposition.
Le ministère Autrichien est toujours démis-
sionnaire.
La guerre continue dans l'Afghanistan. Les
Anglais seir.blent faire de grands progrès;
mais la mission Russe se trouve encore a
Kaboul et l'Emir est en route pour St-Péters-
bourg.
Tout danger de complications entre l'An-
gleterre et la Russie n'est pas écarté.
i'Siniuiquc ëireale.
LA LOI DU CONTINGENT I)E M1LICE
POUR 1879.
Nous avons achevé dans notre dernier
numéro la publication de l'excellent dis
cours prononcé par notre honorable Séna-
teur, lors de la discussion du projet de loi
ii la Chambre haute.
11 démontre d'une manière péremptoire
que cette loi entraine une augmentation
notable des charges militaires.
Ces charges déjèt si lourdes vont retom-
bcr de tout leur poids sur les campagnes et
l'agriculture. Et cependant Tindustrie agri-
cole est sérieusement atteinte, elle vient de
traverser trois années de crise. Les fer-
miers n'ont pas trouvé dans les récoltes
I'intérêt de leur capital. Les terres baissent
de valeur.
Partout les bras manquent et les plaintes
sont générales. C'est a ce moment que le
parti libéral, aujourd'hui au pouvoir, vient
décréter une augmentation indélinie du
contingent.
La classe de 1881 supportera la premiè
re les effcts sérieux de la loi qui vient d'étre
votée. Jusques-Btl'augmentation ne sera pas
très-sensible. Les classes de 1879 et 1880
n'auront a fournir chacune que 180 a 200
hommes en plus du contingent ordinaire
pour suppléer les hommes dispensés du
service.
L'année 1881 etsuivantes fourniront des
contingents beaucoup plus considerables
parcequ'elles auront h combler les déchets
constatés sur les années antérieures h par-
tir de 1879.
On ne peut fixer le chiffre de cette aug
mentation, rien ne perrnettant de calculer
le déchet annuel de chaque classe. 11 est
permis cependant de dire qu'après applica
tion compléte du système des contingents
effectifs, l'augmentation sera de 3,000
hommes au moins. Au lieu de 12,000, le
Gouvernement réclamera au minimum
'13.000 hommes. Quelques-uns même por
tent le chiffre ii 16,000 hommes.
En 1868, le gouvernement libéral. MM.
Frère, Bara et Renard ont élevé le contin
gent annuel a 12,000 hommes.
En 1878 ces mêmes hommes font voter
par leur mujorité line loi qui amènera une
augmentation nouvelle de 3,000 hommes.
C'est bien le parti libéral a qui le pays
doit cette aggravation. Ce sont les députés
libéraux qui l'ont votée. Ce sont ces repré-
sentants libéraux surtout qui refusaient au
trefois toute aggravation des charges mili
taires, qui se proclamaient ii l'envi antimi-
litaristes et se ré'pandaient en promesses
devant leurs électeurs.
Les promesses, ils les ont oubliées; les
convictions, ils les ont reniées; leur dra-
'peau antimilitariste qui llotlait si fièrement,
ils l'ont plié soigneusement et mis en
poche. II fallait sauver le ministère.
Mais du Pays, pour qui cette loi est une
aggravation d'impóts et une source de
ruines, ils n'en ont nul souci.
Les intéréts de la Patrie viennent en se
conde ligne. Ceux du parti priment tous les
autres.
Peu importe que la loi soit injuste
quelle froisse les intéréts, qu'elle ren
de odieux toute une categorie de ci-
toyens, qu'elle donne pleine carrière ii
l'arbitraire et a tous lesabus; ce qu'il faut,
c'est leraaintiendu ministère libéral. Ainsi
le libéralisme peut exercer sa rage contre
la religion; le cléricalismevoila l'ennemi-, e
il s'est donné pour mission la défense na
tionale k l'intérieur!
Deux grands mots, dont l'un est un men-
songe et l'autre couvre une série de mesu-
res iniques et violentes.
LE COMBLE DE LTIYPOCRISIE.
Les journaux nous apportent une pièce
réellement étonnante que nous nous em-
pressons de publier dès aujourd'hui, quoi-
que nous ne puissions donner libre cours
aux réfiexions nombreuses qui nous vien
nent ii l'esprit.
C'est une lettre de Association libérale
d'Ypres, ou plutót de son comité
adressée ii l'Association de Bruxelles. Celle-
ci, on le sait, a demandé ces derniers jours,
aux autres associations gucuses du pays de
réclamer avec elle l'exclusion de tout ensei-
seignement religieux.
Ypres a répondu et voici sa réponse
Messieurs,
Nous avons 1'lionneur de vous informer que
cette proposition n'a aucune chance d'être ae-
cueillie par notre Association.
Sans doute, Messieurs, rious désirons commi
vous la réforme de la loi de 1842, et - nous vov-
lons no'amrnent voir abolir Vintervention eh
clergé a litre d'autqfitd; mais une pareille ré
forme n'implique nullement la suppression de
tout enseignement religieux a l'école. Cette ex
clusion serait contraire aux intéréts de la jeu-
nesse pauvre, qui serait exposée en majeure
partie k être privée de l'infiuenoe salutaire
qu'exercent incontestablement sur l'esprit et le
cosur, l'influence et le sage développement des
principes religieux; elle est en oppositios
manifeste avec le voeu de nos populations, et elle
aurait pour conséquence inévitable de faire dé-
serter ia plupart de nos écoles oflicielles, créées
avec tant d'efforts et de sacrifices. La réforme
de la loi de 1842 entendue dans ce sens, irait
l'encontre du but qu'on a voulu atteindre; elle
fixerait en quelque sorte la suprematie de l'en
seignement congréganiste et constituerait pou:
la majorité des électeurs libéraux une véritablt
duperie.
Nos espérons, Messieurs, que le gouverne
ment, mieux avisé, proposera au contraire une
réforme qui, tout en garantissant l'indépendance
compléte de l'enseignement laique, permettra a
tous les pères de familie de continuer a envoye:
leurs enfants aux écoles oflicielles.
Si nous vous adressons ces quelques ligncs,
c'est pour que vous ne déduisiez pas de notre si.
lence que nousadhéronsa vos idéés, qui ne ren
coatrent aucun écho parmi nos populations fia-
mandes.
Nous ignorons si les auteurs de cetti
lettre s'attendaient ;i la voir tomber dans li
publicité; ma!s ce dont nous sommes assu-
rés c'est qu'ils regrettent de l'avoir écrite.
Cette lettre n'est qu'un tissu de contra
diction et d'hypocrisie; les intéréts de l'en
seignement public n'ont pas été le mobile
qui l'a dictée; ils ne viennent qu'en seconds
ligne et sont primées par un intérêt tout po
litique et électoral.
L'aveu en est fait un peu na'ivementlij
majorité des électeurs libéraux victim®
d'une réforme radicale de la loi de 1842,
ne voteront plus pour les meneurs di
parti gueux, et ceux-ci scront dupes d'unt
mesure qui ne rencontre aucun écho parmi
nos populations flamandes.
En conséquence il s'agit avant tout de
conserver ii l'enseignement ofiiciel, ;i celui
qui est établi pour faire concurrence ïi l'en
seignement catholique et le renverser si
possible, cette etiseigne religieuse que la loi
de 1842 permettait de lui donner.
Le vceu de nos populations réclame ut
enseignement religieux. II faut done e»
maintenir l'apparence aux écoles oflicielles