On a reproché a la Revolution de cveuser un gouffre. Ce nest pas vrai: la Revolution na pas creusé de gouffre; die a crease une fosse, elle fa creusée pour y descendre le ca davre du passé Ce cadavre du passé, pour ïappeler par son nom carrêment, sans periphrases, c'est i.e. Voltaire eiil parlé plus correctement que son disciple, nous n'en doulons pas. Mais nous devons rendre celte justice a M. Van Humbeeck que le disciple a surpassé son mallre en impiété. Car Voltaire, en voyant son ceuvre, ne l'eüt pas trouvé bonne peut- être; tandis que M. Van Humbeeck semble épuiser toutes les formules de la louange pour en rendre un juste tribut a la Revolu tion. Ce sont ces paroles du ministre fossoyeur qui out servi .d'a van t-propos ou d'exposo des motifs au projet du gouvernement, éla- boré au sein des Loges en 1864. Les Frères savaient que le cadavre du catholieisme se- rait lourd a soulever. 11 fallait un engin for midable: la suppression de la loi de 1842, c'est-ii-dire la déchristianisation de la jeu- nesse, leur servira de levier! II faudrait afficher dans toutes les com munes, villes ou villages du pays la decla ration de M. Van Humbeeck. Nous pren- drions volontiers l'initiative d'une pareille inesure, si les paroles du ministre comme celle de Voltaire ne contenaient un horrible blasphème it l'adresse de Jésus-Christ et de l'Eglise catholique. Nous demandons même pardon a nos lecteurs de les avoir repro- duites. Mais il est de notre devoir d eclairer les pères de familie sur les dangers qui me- nacent leurs enfants; il est aussi de notre devoir d'éclairer les électeurs qui croient pouvoir, sans peril pour la Foi, onvoyer des députés libéraux ii nos Chambres legislati ves. Nous nvorts l'espoir que ces blasphe mes produiront leur efifet, qu'ils ouvriront les yeux au pays et qu'ils montrerout le cas qu'il taut faire du respect des libéraux pour la Religion de nos pères! La Religion de nos pères! Entendez le ministre de l'lnstruction publique: il fuut soulever le cadavre du catholieisme, et le faire descendre dans la fosse creusée! La Religion de nos pères! C'est-it dire le prêtre et Dieu hors de l'école pour les rem- placei' par la soi-disant morale indépendante universe lie de M. Van Humbeeck! La Religion de nos pères! que dans son dernier numéro le Progrès d'Ypres bat'ouait encore, en parlant de la Sainte Eucharistie avec des sourires dignes de Ia bouche de Voltaire! Le moment suprème est venu. Bientöt le projet du gouvernement sera discuté a la Chambre. Nous joindrons nos protestions indignées it celles des autres villes du pays. Si la loi passe, nous agirons. La résistan- ce passive sera orgauisée en système. Au besoin nous établirons une école catholi que dans chaque ville et village a cöté de l'école sans Dieu. Si le libéralisme veut ar- raeher des antes it l'Eglise, nous devous arracher les itmes au libéralisme. Les eaiho- liques devront faire des sacrifices énormes; n'importe, il s'agit de l'avenir de la Religion et du Pays; il s'agit de l'existence de la société. Nos Evêques viennentde faire un nouvel appel aux pères du familie et aux lidèles contiés ii leurs soius. A leurs avertisse- ments, ils joignent cette fois la prière. Nous publierons cette prière que tout catholique se fera un devoir de réciter tous les jours. Ainsi qu'aux temps des plus grandes calami- tés, comme nos pères qui s'écriaient: de la peste, de la famine et dj la guerre, déli- vrez-nous, Seigneur, nous élèverons nos prières au Ciel et nous dirons avec le prê tre: Des écoles sans Dieu ut des maitres sans foi, préservez-nous, Seigneur! LE BANQUET OE FURIES. L'émotioL produite dans le pays par la violence arbitraire du gouvernement n est pas prés de linir. Les victimes des destitu tions brutales du libéralisme sont partout l'objet des ovations les plus sympathiques. D'un bout de la Belgique a l'autre se léve un cri de réprobation contre un parti qui mé- prise le souvenir des plus loyaux services, qui foule aux pieds les notions les plus élé- mentaires des convenances et qui, pour assouvir les appétits despotiques de ses adeptes, ne craint pas de compromettre l'avenir de notre patrie. Dimanche dernier, c'était !i Furnes que les catholiques de l'arrondissement et les dé- légués de toutes les parties de la Flandre s'étaient donné rendez vous pour acclamer le commissaire d'arrondissement destitué par un ukase récent de M. Rolin. Eli bien, nousle dirons hautement, ce que nous avons vu dans cette petite ville de 3000 antes, ce que nous avons entendu au milieu de cette population vaillante et énergique du Furnes Ambacht, nous donne la certitu de que la non plus la tyrannie ne poussera de fortös racines. Oui, fhonorable M. Dies- wal a été destitué par un ministère violent et réactionnaire oui, il a été remplacé par un personnage donl tout le monde il Furnes connait les titres a la confiance du ministè re. Mais ni cette destitution ni la nomina tion qui fa suivie ne sont ratifiées pat' les honnêtes gens; et a Furnes comme it Bruges, en 1879 comme en 1829, nous pouvonsen toute vérité répéter la grande parole qui sera l'éternel opprobre de toute violence Le pouvoir les proscritle peuple les cou- ronne. A uneheure, le héros de la manifestation, conduit par une deputation, lit son entrée dans la salle du banquet el fut salué par les applaudissements et les acclamations des cent et vingt convives. Un joli bouquet d'immortelles, souvenir de lajournée, lui fut remis par M. Despot. M. le chevalier Ruzette, eiitré dans la salle du banquet a la suite de M. Bieswal, fut également l'objet d'une de ces ovations cordiales qui le poursuivent, deputs que le destituteur de 1 intérieur l'a honoré de sa méfiance. Les convives prirent place. La table d'honneur fut présidée par M. l'avocat De Haene, ayant a sa droite la vic- time du despotisme rolinien, M. Léopold Bieswal, M. le comte de Limburg-Stirum, sénateur de Furnes-Ostende, M. Van Ou- tryve-d'Ydewalle, représentant de Bruges, M. le vicomte de Jonglie d'Ardoye, repré sentant de Roulers, M. Alfred de Man. A la gauche de M. le président se trouvè- rent M. le chevalier Ruzette, gouverneur relevé de la Flandre occidentale, M. Léon Visart, représentant de Furnes, baron Sur- mont de Volsberghe, sénateur d 7 pres, M. Mulle de Terschueren, représentant de Thielt, M. Jules DeSmedt, ancien représen tant de Furnes. M. De Haene, président du banquet, por ta le toast au Roi Messieurs, 11 est une tradition constante dans nos fêtes catholiques c'est de nous souvenir toujours des sentiments d'attachement et de fidélité qui unissent tous les catholiques beiges au Roi et it la familie royale. Nous traversons des temps dïfficiles dans lesquels les rapports entre les gouvernants et la grande moitié des gouvernés subis- sent une tension dangereuse et alarrnante, dont les vibrations s'étendent ii toutes les couches de la nation. Le principe constitu- tionnel de l'égalité de tous les Beiges n'est plusqu'une lettre morte; les enfants dune même patrie que notre Charte proclame également admissibles aux emplois publics, sont classés en vainqueurs et en vaincus. Jadis les libéraux nous appelaient des ad- versaires, aujourd'hui nous sommes l'enne- mi. Dans cette situation périlleuse, oil la de vise nationale est soumise it une aussi rude épreuve, nous n'oublierons pas que l'opi- nion catholique est investie, plus que ja mais, d'une mission de defense, ii la fois re- ligieuse et sociale, Bravoset nous montre- rons que nous ne sommes pas au-dessous de cette mission. (Ënergiques applaudisse ments.) Serrons done nos rangs, MM., autour du tróne de notre souverain, et pénétrons- nous bien de cette pensée que S. M. sait, comme nous, que la meilleure garantie de la lidélité au Roi, c'est la lidéiité il Dieu; Bravosque les défenseurs de l'autel sont en même temps les meilleurs appuis et les meilleurs défenseurs du tröne. Ce n'est pas sous nos coups que roulerontjamaisdansla poussière le sceptre, pas plus que la tiare. Non, notre opinion n'est pas et ne sera pas le banc de sable, sur lequel s'échouera ja mais la royauté. (Applaudissements.) Nous sommes et nous resterons toujours catholi ques, Beiges et royalistes. (Bravos.) J'ai done l'honneur de vous proposer le toast cher a tous les catholiques Beiges: au Roi et la familie royale. On comprend l'enthousiasme que ce taost souleva dans toute l'assemblée. Tous les convives louèrent M. l'avocat De Haene des sentiments patriotiques que son discours contenait et tous burent avec empressement la santé proposée. Le deuxième toast fut porlé par le sym- patbique M. Léon Visart, député de Furnes, a l'ancien commissaire d'arrondissement de Furnes-Dixmude. Nous reproduisons les passages suivants de son discours. Après avoir rappelé la magnifique mani festation de Bruges, et les sympathies qui ont accueilli M. Ruzette a ce' moment, l'ora- teur parle de M. Bieswal-Bril. Dans toute cette province d'ailleurs, gra ce au patriotisme el ;'t la tolérance du minis tère catholique pendant buit années, un seul commissaire d'arrondissement repré- sentail l'opiniou conservatrice. Cefonctionnaire, MM., je n'ai pasbesoiu de vous faire sou éloge: nous le conuaissons tous, nous savons qu'il ne compte que des amis parmi ses coreligiönnaires politiques et même parmi ceux qui ne pensent pas comme lui. Applaudissements Ancien conseiller provincial, ancien éche- vin, ancien président du conseil de milice, instruit pat' l'expérience acquise dans ces difFérentes fonctions, il fut, dès le premier jour de sa promotion comme commissaire d'arrondissement, a la hauteur de sa nou- veile position. (Très-hien! Très-bien!) Sous un cabinet catholique, présidé pav M. Malou, comme sous un cabinet liberal conduit par >1. Frère, il fut impartial pour cha'cun et ne connut administralivement ni amis ni adversaires. (Bravos.) Dersonne ne le contestera, car le gouver neur de la Flandre Occidentale lui-mème, peu suspect d'être favorable it son subor- donné, en cette affaire lui a temoigné qu'il n'avait rien, absolument rien a lui repro- cher. (Bravos.) Le gouvernement a-t-il espéré que la no mi nation d'un fonctionnaire inféodé au libé ralisme aurait une influence decisive sur les verdiets du corps électoral dans ce catholi que arrondissement? Je ne le crois pas, messieurs. (Non! non! au contraire.) Mais ce que je sais, c'est qu'il s'est bercél de cette illusion, l'avenir lui démontrerak qu'il s'est grossièrement trompé. (Ezplol sion de bravos et applaudissements répétésM Mais le despotisme du gouvernement et la rage des places ont prévalu. Le commis saire d'arrondissement de Furnes a été des titué. Nous savons tous, MM. que telles ont été les causes du relèvemeut de M. Bieswal. Gelui qui convoitait sa place, qui a réussiaj l'oblenir, était si impatient de s'y installer qu'il n'a pu attendre que son prédécesseur ait repu la nouvelle oliicielle de sa destitu tion pour s'en emparer. (Violentes marques de désapprobation.) II a suivi l'exemple, de celui qui l'a nom- mé et n'a même pas su être convenable pour celui qu'il a renversé. (Nouvelles marques de désapprobation.) Cette destitution a été accueillie comme les autres par un cri d'indignation. Je crois être l'interprête de tous les ha bitants de 1'arrondissement de Furnes enl remerciant chaleureusement les membres du Sénat. mes collègues de la Chambre et les nombreux étrangers que je vois ici de s'èlre joints a nous pour condamner éner- giquement la politique violente et anti-bei ge du ministère et donnet' une preuve écla tante de sympathie notre ami M. L. Bies-' wal. (Explosion d'applaudissements). Le règne de la violence ne saurait êtrel long. Le jour de la justice luiru bientöt. Vidons notre verre en son honnenr, MM., et prions le Ciel que ce jour désiré se léve! bientöt. Ce fut une manifestation vraiment impo sante que celle qui suivit ce chaleureus toast: tous les convives étaient levés, acclamant M. Bieswal et applaudissant h la resolution prise de réclamer, Ie jour du triomphe, sa réinstal lation au poste d'oii l'insatiable appétit gueux l'avait renversé. j On écrit de Warnêton: Parmi les arrêtés-Rolin, Ie dernier para n'est pas Ie moins curieux. II s'agit de l'ar- rêlé royal annulant en partie le résultat du i balloltage de Warnêton et faisant rentrer au Conseil communal un candidal gueux, i deux fois rejeté par le corps électoral. Pour arriver it ce but, M. Rolin a annul® 20 bulletins, soit le huitième de tous les! bulletins. 11 en a annulé 13 paree qu'ils portaient une croix dans la case supérieure, et une autre it cöté des deux noms catholi*1 ques. Le ministre reconnait que ces bulle- CATHOLICISME.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2