ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT. LA QUESTION DES JEÜX MERCREDI 5 Mars 1879. 10 centimes le Numéro. 14e année. N° 1375. On s'abonne rue au Beurre, 0(5,, a ^pres, et a tons les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les reclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, l franc la ligne. Les numSros supplé- mentaires content 10 francs les cent exernplaires. Pour les annonces de France et de Belgiqne (exeepté les 2 Flandresl s'adresser a VAgence Havas Lafftte, et C,e Bruxelles, 89, Marclié aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Résumé politique. Les événements de France dominerit la situation. Le ministère Waddington est disloqué el, de I'aveu de tous, devenu im possible. M. de Marcère, ministre de l'intérieur, a recu la juste recompense de ses palinodies. 11 est tombé sous le dédain de la Chambre et sous les attaques de la Lcinterne, qu'il n'a pas osé relever. Le ministre des finances, M. Leon Say, est rendu responsable d'une manoeuvre de bourse qui a fait perdre plusieurs millions a une foule de petits rentiers. Le coup de la conversion restera célèbre dans les tastes de la Bourse de Paris. Le ministère Waddington sera remplacé par des hommes pris dans la gauche plus avancée. 11 se trouvera devant les mêmes difticultés que celui qui fa précédé. A son tour il sera renversé et on sera entre les mains des hommes de la Commune. En tous cas le faisceau des gaudies est rompu, et les rapides progrès des radicaux tendent a refouler le centre gauche vers la droite, pour former une majorilé moins for te numériquement, mais plas unie et sur- tout plus rouge. Quelle sera l'attitude des puissances étrangères et surtout de la Prusse? Nous recevons la note suivante qui oppo se des considerations très-judicieuses et très-hien déduites a la répétilion éventuelie d'un scandale que nous avons eu déjii a dé- plorer et flétrir fan dernier: A OSTENDE. Cetto question entièrefnent nouvelle est née de la manière dontaété exploitéle nouveau Kur saal pendent la saison de 1878. Elle a pris une importance considérable tant par les controverses dont le baccarat d'Ostende a étó le sujet, que par les grosses sommes que des entrepreneurs olïrent, dit-on, a la ville pour avoir le privilege de tenir les salons dejeu du Kursaal. Les uns ont vu, dans le jeu, la fortune de la ville. D'autresn'y ont trouvéqu'un immense scaridale. Le moment est done venu d'examiner si c'est un bien ou un mal. Avant d'aborder cette question, il convient de jeter un coup d teil en arrière et de voir ce qui se passait naguère encore. Autrefois, on ne jouait pas a Ostende. II y avait bien a la Société Place d'Armes une table d'écarté, Grosse question, qui ne présage pas un avenir tranquille. On annonce la mort de Shere-Ali. Son Ills Yacouh-Khan a mis une célérité extraor dinaire ii faire parvenir cette nouvelle au gouvernement indien. Peut-être cette hate témoigne-t-elle de sentiments pacifiques. Le Parlement hulgare commence a se mêler d'embrouiller les affaires orientales. 11 a adressé un memorandum aux puissances signataires du traité de Berlin, pour ap- puyer les reclamations unitaires de la Rou- mélie. II parait qu'un entente pourrait s'éta- blir au parlement allemand entre les pro- tectionnistes et les partisans du libre échan- ge. On dégrèverait de 100 millions le bud get particulier des Etats confédérés et la majorité consentirait ii voter les droits lis- caux, sur le pétrole et le tahac pour une somme équivalente. Le ministère espagnol est démission- naire. Une agitation insurrectionnelle règne en Epire et en Thessalie. On annonce une nouvelle conférence européenne pourrégler ii nouveau la ques tion d'Orient. Ces affaires ld menacent de rester Ion?- temps a l'état de question. mais on ne pouvait y jouer qu'après avoir étó inscrit sur un registre et présenté par deux membres. L'absence des jeux a Ostende, même quand ils üorissaient a Spa, n'avait pas empéché notre vil le de prospérer, et de voir s'accroitre cliaque année le nombre de ses visiteurs. On compte plusieurs saisons oü le nombre des étrangers s'est élevé a 20,000 et au-dela. Chiffre qui n'a guère été dépassé en 1878. On pourrait même soutenir que c'est précisément a la sécurité que présentait Ostende, sous le rapport du jeu et des femmes, qu'étaitdü le patronage que des families distinguóes lui accordaient et la préférence que lui accordaient les chefs de familie, soucieux de ne pas iritroduire leurs enfants dans line atmos phere pernicieuse. Telle est la conviction d'un grand nombre d'habitants et d'hóteliers qui doi vent conuaitre le sentiment des étrangers a eet égard, puisqu'ils sont en contact journalier avec eux. En 1877, quelques personnes du meilleur monde s'étaient réunies en un petit cercle très- exclusif' pourjouer comme clles avaient l'habitu- de de le faire dans leurs clubs de Bruxelles, de Paris, etc. II ne semble pas qu'il y eüt un grand mal a cela. Nóanmoins, l'administration communale voulut interdire les jeux de liasard dans les cercles et ne les tolóra pas dans les lieux publics puisqu'el- le fit défendre en iS7ü le jtu ditCourses de Sa lon au Cercle des Bains le parquet s'en érnut et une instruction fut même commencée par la police judiciaire. Le Guré de Warnêton. Réponsc au Progrès. Le Progrès paie d'audaee. 11 a menti et il sait qu'il a menti it propos de 1'afFaire du euré de Warnêton. Pour se justifier il nous répond: Les menteurs! c'est vous. Voici son langage En réponse aux rédacteurs du Journal d'Ypres, nousannonQonsque éndredider- nier, 28 Février, au tribunal de police de Messines, 1'afFaire de Louis Mahieu, curé de Warnêton, contrevenantaux règlements sur les chemins, fut appelce. 11 résulte tant du procés-verbal que des déposi- tions des témoins que le machiniste dut renverser ses vapeurs et siffler de serrer les freins, sans quoi curé et acolyte eus- sent été écrasés. Le train n'était qu'a une quinzaine de mètreó du curé quand celui- ci quitta la voie. Après l'enquête et une plaidoire d'un avocat d'Ypres, M. le juge de paix condamné Louis Mahieu, curé a Warnêton, ii une amende de dix florins et subsidièrement ;j trois jours de prison et aux frais. Et, maintenant, nous demandons au Journal d'Ypres oil sont les menteurs Les lignes de cette feuille que nous rap- portons ci-dessus retombent sur les nez des petits vicaires rédacteurs de la devote feuille. 0 Baziles Et c'est cette même administration communale qui patronne aujourd'hui et coiivre de son égide les jeuxpublics qui se sorit instaliés au Kursaal eu 1878. Cependant dans un cercle restraint d'autant plus difficile sur les admissions, qu'il est installé dans une ville de bains oil affluent des étrangers de tous les pays et dont on ne peut par conséquent contróler l'bonorabilité le jeu ne présente pas des inconvénients a comparer a ceux des salles publiques. Les parties se font entre personnes qui se connaissent, qui savent les sommes qu'el- les peuvent respectivement exposer et cette parl'aite connaissancequ'ont lesjoueurs de leurs ressources respectives, exerce sur eux une es- péce de contrainte. D'un autre cötó, les bénéfices et les pertes sont génóralement limités. Les joueurs heureuxont appliquerons-nous ici ce mot la sagesse de s'en aller. Ceux que poursuit la déveine ne trouvent plus lloccasioo de prendre une revan cheou de perdre de nouveau. De sorte qu'au bout de deux ou trois semaiues, les reunions eessent. Les membres du cercle, appelés ailleurs, soit par leurs affaires, soit par de nouveaux plaisirs, disparaissent successive- ment, et flnalement le local se ferme, foute d'oc- cu pants. 11 en est autrement dans les endroits ou le pu blic a acces. La clientèle du tapis vert s'y renou- velle tous les jours. L'appat se présenté a tous sans restrictions; les enjeuxsont relativement petits, et le collégien peut risquer sa pièce de Oi'.nous recevons d'un liberal des environs de Messines une leltre qui fait raison des allegations mensongères du Progrès. Nous ne pouvons résister au désir que nous éprouvons de la communiquer it nos lec- teurs Monsieur le rédacteur dn Joukxal d'Ypuks. L'auteur de cette lettre est uu libéral, mais uu libéral qui place la loyauté au- dessus de sou libéralisme. Veuillez lui don- iiier, pour uue fois, l'hospitaliilé daus les colonnes de votre journal. .1 ai suivi la polémique qui a surgi entre le Progrès et le Journal d'Ypres relative ment a 1'afFaire du curé de Warnêton. Dans l'intérêt de la vérité je dois vous avouer que le Progrès se trompe. Voici toute 1'afFaire telle que je l'ai com prise ii l'audience du 28 Février, d'après les depositions des lémoins et la plaidoirie de M. I'avocat Colaert Le curé de Warnêton était prévenu: 1° d avoir circulé saus amorisaiion sur la voie t'errée, 2" d avoir arrête le train malgré les avertissements réitérés du machiniste. Sur la première prevention le cure a été condamné a 10 florins, sur la seconde il a été acquitté. II est ;i supposer que si la seconde pre vention avait été établie, le curé eüt été condamné a deux peines difFérentes. Quant la première prevention,la dëfen- se a soutenu la bonne foi du curé. Cette bonne foi pouvait être admise me semble-t- il. Car il était établi que le curé était dans 1 exercicc de soa ministère, qu'il devait ad- ministrer une typhoïde qui était l'extrémi- cinq francs. C'est le premier pas dans la passion qui privera ses nuits de sommeil et lui enlèvera ses ressources. Autour des tables dejeu, il trou vera aussi un monde interlope qui lui fera faire (l.'autres folies. Le jeu commence tard, paree qu'on nose pas s'y montrer avant que les honnêtes gens, que les parents, que les tuteurs se soient retirés, se pro- longe fort avant dans la nuit. Peut-être des hom mes adroits profitent-ils alors de la lassitude, de la somnolence de leurs adversairas? \oila le tableau des tables de jeu du Kursaal d'Ostende en 1878. Nous pouvons dire, sanscrainte d'etre démen- tis, qu'ony a vu, autour du tapis vert, des hom mes d'une reputation douteused'autres dont elle n'était que trop certaine, mêlós a des fem me» de la pire espèce. Nous pouvons ajouter que jamais de pareilles gens n'auraient dü être admis dans un établisse ment municipal, destine a être le rendez-vous de la bonne société, et que l'administration com munale, en se relaeliantde lasévéritéa eet égard, a posé un précédent laclieux, contraire a ses anciennes habitudes trcs-louables, disons-le, bien que certaines personnes aient essayé de les tourner en ridicule. Nouscroyons que si les clioses continuent sur ce pied, beaucoup de families déserteront le Kur saal et même la ville. On a déja recu des avertissements, auxquels il est bon de préter l'oreille 1 (A con tinner.) Journal d'"Ypres,

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1