ORGANE CATHOLIQUE DE L' A RRONDISSEMENT. LA QUESTION DES JEliX MERCREDI 19 Mars 1879. 10 centimes le Numero. 14e année. N° 1379. On sabonne rue an Beurre, 6(>, a "Ypres, et a tous les bureaux de poste du rovaume Résümé politique. Les événements de France sont trop graves pour n'en pas donner un ape reu complet. La séance du '13 Mars aura élé fatale h la République. L'incohérence, la division, le désarroi des amis du ministère, la prodigieuse in- suffisance M. le président du conseil, sou insuccès notoire, comme orateur, devant une Chambre qui lui a refuse le moindre si- gne de complaisaute sympathie, et comme chef du cabinet, devant une majorité répu- blicaine qui n'a point voulu entendre l'appel désespérédu ministre h l'union du porti républicain, tous les incidents de la dis- russion, tous les scrutins qui ont terminé le débat témoignent contre le cabinet, contre scs fidèles du centre et de la gauche répu- blicaine, contre leurs efforts pour découvrir une majorité de gouvernement et détour- ner de leurs Lotos les arrets de la logique révolutionnaire. La gauche radicale n'a point obtenu la mi se en accusation des ministers du 10 Mai et du 23 Novembre, mais elle ne s'est pas écartée un seul instant de la voie quelle s'était tracée: elle s'v est avancée d'un pas ferme et assure, elle triompbait de ses con- tradicteurs par la netteté du langage, par la franchise de l'argumentation, par la ferme- lé de l'attitude. Elle a triomphé aussi dans les scrutins qui ont démontré l'impuissance des gauches ministérielles it préserver le cabinet de la menace d'une coalition. A OSÏEaOE. 11 importe de remarquer avec quelle pré cision M. Clémenceau a dit'Ré Faction de l'extrême gauche, lorsqu'il est intervenu pour opposer l'ordre du jour pur et simple a l'ordre du jour de flétrissure proposé par M. Rameau. Flétrir des hommes que l'on n'ose pas poursuivre, que l'on accuse d'a- voir préparé contre la République une en- treprise coupable et criminelle et que l'on refuse de faiiejuger, en invoquant l'in- térêt de la République, n'est-ce pas outra- ger la justice, défier le sens commun et cou- ronner par le ridicule la plus odieuse vio lence M. Clémenceau i'a compris, et en deman dant a la Chambre l'ordre du jour pur et simple, il a fait acte de politique froidement calculée; il a moutré que le ministère ne de- vait pas compter sur les entrainements de la passion, sur la vivacité des rancunes et des ltaines pour I'amener a perdre de vue les régies de sa tactique ou surprendre ses décisions. Nous insistous surce point, par ee que Faction parlementaire de M. Clémen ceau prend de jour en jout- une importance plus grande, et qu'un tacticien aussi rnaitre de ses résolutions doit néeessairement l'em- porter dans un bref délai sur les résistan- ces de ses groupes républicains qui mar- chent it l'aventure sous la direction d'un ministère, sans chef et sans programme, répétant qu'il est fort dans la mesure même ou sa faiblesse apparait plus complé te, et ne sacbant que proclamer avec une solennité burlesque son admiration pour les grandes cooquètes de l'esprit moderne» La crise, de quelque nom qu'on veiulle l'appeler, miuistérieïleou gouvernemëïïtale, qu'elle alteigne d'abord le ministère seul, ou qu'elle entraine tout de suite, du mètne coup, mrnistres et chef du pouvoir exéculif, cette crise est fatale, paree que le gouver nement républicain est impossible. Le vole a mis aux prises les deux républiques riva les: la république oKicielle et la république populaire, la modérée et la violente, et c'est celle-ci qui tuera celle-la. Inévitable- ment on aura les répétitions de 92 et de 48. Après cela, il faut l'oplimisme impertur bable du Journal des Débats pour dire en forme de conclusion du débat de la vei He: Le pays, rassuré sur le maintten de sa tranquillité, peut espérer enfta des jours de travail sérieux et fécond. Les minisires du 16 mai ont répondu par une protestrtion contre le vote de flétrissu re que la Chambre a eu la pretention de leur intliger. Les assassinats politiques continuent en Russie avec une audace extraordinaire. Le gouvernement a pris, dit-on, des mesu res d'une rigueur extréme. Dissolution des Cortès espagnoles, et nouvelles elections. On dit que le nouveau ministère peut vivre jusqu'au 1 Juin, jour de la réunion des nouvelles Chambres. Ré gime parlementaire, régime de stabilitéü Le mouvement catholique. L'émotion que le projet néfaste du minis tère des sept francs-maporis a fait naitre, devient de jour en jour plus profonde. Les protestations s'accèntuent et s'élèvent de tomes parts. Non, la foi catholique n'est pas morte datis le pays. Les populations de la Belgi que entière sont attachées a cette foi que l ieu ne pourra leur enlever. Les libéraux ont cru pouvoir jeter le masque, lis ont pensé que le moment était arrivé de réaliser leurs sinistres desseins. Mais la foi est vivace; elle est rivée dans le cteur des Beiges, et tous les efforts des fossoyeurs du catholicisme ne parviendront pas l'arracher de ce sanctuaire. Oü qu'on aille, on se heurte au projet Van Ilumbeeck. Les pétitions adressées aux Chambres ne se comptent plus, les meetings deviennent de plus en plus nom- breux; les oratcurs les plus distingués de la droite catholique trouvent partout l'accueil le plus chaleureux; leur parole est recue avec reconnaissance et acclamée avec en thousiasme. Ah! c'est qu'elle répond aux sentiments du peuple, c'est que le peuple ouvre enlin les yeux et peut lire jusqu'au fond la perver- sité du libéralisme. 11 est couvaincu que les promesses trompeuses de la secte condtti- rait lepays aux abtmes, et que sous le no ble mot de liberté, elle n'apporte que la plus odieuse tyrannie. Les inventeurs de la morale moyenne," les proneurs de l'éeole sans Dieu sont appréciés leur juste valeur. On se détourne d'eux. Notre petit Progrès n'a plus osé entamer de polémique k ce sujet depuis que la lettre Journal d'Ypres, Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de le pays; pour l'étranger, le port en sus. 5 fr. 50 c. par an pour tout I es abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décenibi e. Les articles et communications doivent être adresséa franc de port a l'adresse ci-dessus. 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S'il est admis que les jeux sont permis au Kur saal, il faut bien admettre qu'iis sont permis partout ailleurs, et l'on verra s'établir d'autres maisons de jeux, ouvertes a tout venant et oü manquera néeessairement le controle imparfait d'un entrepreneur des jeux. Nos domestiques eux-mêmes auront leurs sa lons de baccaratOn nous aaffirmé qu'il y avait, pendent la saison dernière, un estaminet oü ils se rêunissaient la nuit pour jouer Nous aimons a croiro que tel n'est pas le cas mais eniin cela est possible, et la seule possibi- lité de pareils abus doit amener des mesures pour les prévenir. Le mauvais exemple est contagieux. N'ous ne devons pas le donner. La ville se doit aelle-mê- me, a son lionneur et a sa bonne réputation, de mettre un terme au scandale qui a été signalé en termes très-vifs par des organes sérieux de l'o- pinion publique, taut en Belgique qu'a l'Ktran- ger. La ville n'aurait d'autre raison it alléguor pour maintenir les jeux que celle du revenu qu'elle espère en tirer. Ou parle de einquante a soixante mille francs par an on peut jtiger par ce cliiffre énorme de l'intensité du mal contre lequel nous nous élevons. Mais on pourrait répottdre ala ville qu'il ne lui est pas permis de puiser ses revenus a touts es- pèce de sources; et qu'elle doit rejeter ceux qui proviendraient d'une source impure. D'un autre cóté, quand elle a supputé les re venus que lui rapporterait le Kursaal, elle n'a jamais fait entrer en ligne de compte le produit des jeux. Si done elle s'en privé, elle ne perdra rien, et ne devra pas remplacer par de nouvelles contri butions l'absence de cette recette qui étaitinat- tendue. II se peut que l'administration actuelle aituu intérêt particulier, personnel même, a augmen- ter le chitfre des revenus de la ville, en présen- ce d'une opposition qui lui impute a crime d'avoir construit le Kursaal. Nous croyons que c'est a tort que l'on s'en préoccupe en présence du suceès éclatant de la dernière saison. Mais en admettant même que nos édiles soient mus par des considérations de cette espèce, ellesne peuvent prévaloir contre un intérêt su périeur celui de la morale publique. Personne ne soutien dra it l'administration si elle s'engageait dans la voie oü elle semble sol- licitóe d'eutrer. Personne ne crcit a Ostende qu'il y ait un avan- tage quelconque a y attirer les joueurs et la suite qui les accornpagne ordinairement. Les joueurs ne font pas de dépenses. Tout a leur passion, on ne les voit ni aux bains, ni dans les magasins, ni dans les restaurants a la mode. Les joueurs ne louent pas d'appartements pour une certaine durée. lis vivent a l'hótel, au jour le jour, dorment une grande partie de la journéeet si dans un moment de générosité causé par leurs gains de la veille, ils ouvrent leur porte-monnaie aux créatures qui les accom- pagnentcelles-ci ne vont pas dépenser leur part du butin aux comptoirs des grandes mo- distes ou des marcltands d'objets d'art. Le principal argument de ceux qui dófendent les jeux, consiste a dire que c'est un mal nóces- saire, et qu'il vaut mieux le tolérer, en le sou- mettant a la surveillance de la police, que de l'empêcher ce qui favorise les tripots clan- destins. Nous avouons ne rien comprendre a cette opinion. Est-ce que la police d'Ostende serait impuissante a empèclter les tri pots Asupposer mênte qu'il en fut ainsi, est-ce quo ces lieux inlaines auraient sur le monde hon- nête, seulement une faible partie de l'attraction des salons de jeux du Kursaal Est-ce que les fils de familie, les honnêtes nó- gociants de la ville y entreraient aussi facilement, aussi librement que dans les salons du Casino Est-ce que, si par hasard, un imprudent y est victimede la passion du jeu, il ne devient jias le dénonciatuur de ceux qui l'ont entrainé et proba- bleinent exploité L'argument que nous combattons consiste a dire que la passion du jeu ótant un vice que l'on ne peut déraciner, il faut la róglementer, la con- tenir dans certaines bornes sous la surveillance de la police. Eh bien, soit! 11 y a aussi, de par le monde, d'autres passions qu'il faut conteniret, pour dire les choses crüment, l'autorité estobli- gée de tolérer certains établissementsquitirent

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1