ORGANE C AT HOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT. MERCKED1 26 Mars 1879. 10 centimes Ie Numéro. 14* année. N° 1381. On sabonne rue au Beurre, 6f>, a pres, et a tons les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipationést de 5 fx-. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adreSsés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent i5 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé- mentaires content 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Flandrés) s'adresSer a 1 'Ajj'ence Hards Laffite, et CIC Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, S, Place de la Bourse. Resumé politique. Le Gouvernement russe est parvenu a se mettre sur les traces des machinations ni- hilistes. l)es imprimeries clandestines ont été découvertes et la police a mis la main sur quantité d'écrits et de documents qui lui ont permis d'arrêter une foule d'adéptes de la secte. Les nihilistes sont partout dans la société russe. La noblesse et le peuple en sont in- festés. II y en a même dans l'entourage de l'Empereur, Le traité de Berlin soulève une nou velle difficulté d'application en ce qui con- cerne la Röuffiélië. Le Gouvernement russe a demandé aux puissances de combler les lacu nes que présentent les articles en question. La Bosnië est complètement organisée par fadministration autrichienne. - L'ne guerre vient d'éclater entre le Chili et la Bolivie. L'Italie est en proie a des agitations politique® constantes. Des désordres ont dela te en différents endroits, la troupe a dü in- tervenir et le sang a could. -- Les dernières nouvelles du Cap repré- sentent le colonel Pearson comme se trouvant dans une situation critique. L'expédition or ganisée pour lui porter secours attend les renforts venus d'Europe. Les radicaux et les Communards ga- gnent. du terrain en France. La Chambre a voté son retour li Paris. Elle se met ainsi a la merci de l'émeute, qui ne tardera pas a devenir le pouvoir préopondérant, dans le Gouvernement. La loi Ferry sur l'enseignement soulève des protestations nombreuses. Les Cavalcades. L'article suivant, que nous empruntons au Courrier de Bruxelles, peint les scènes dé- goütantes qui ont souillé les rues de Bruxel les pendant la journée de Dimanclic. La cavalcade d'Ypres est dépassée. Mais celle de nos libéraux tendait au même but que celle. de Bruxelles. C'est ce que nous avons constaté et ce qui ne peut être nié par personne. II est bon que nos populations connaissent par leurs ueuvres ceux qui prétendent être les maitres. LA CAVALCADE CUEUSE. La cavalcade ou plutót la canailcade selon le mot juste que nous avons entendu Dimanche dans les rues de Bruxelles la canailcade masquée du Denier des Ecoles sans Dieu a justifié les appréhensions de 1 'Echo du Parlement et des regions oü tröne l'hypocrisie doctrinaire. Mais le dégout public s'est accentué Dimanche d'une fa pon plus si gnificative encore que précédemment. La rue a fait au cortege ignoble un accueii aussi gla cial que le temps. Sur cent personnes il ne s'en trouvait pas cinq qui affichassent des cartes rouges ou qui jetassent leurs sous dans le tronc des gueux. La protection la plus ollicielle a été donnée a cette mascarade. Plus de 200 agents de police la précédaient, faccompagnaient, l'es- cortaient. Plüsieurs officiers de la police ont présidé il son organisation, dans l'enceinte de l'abattoir. Tout ce qui s'est montré Dimanche dans les rues de Bruxelles a done été contrölé d'avance et autorisé par le commissaire en chef dé police, le C.\ F.*. Lenaerts, membre de la Loge des Amis philanthropes chez qui les organisateurs de la mascarade avaient été appelés. Une feuille gueuse le dit: Le commissaire leur a longuement expliqué ce que l'autorité permettrait et ce qu'elle défen- drait. Or elle a permis tout ce qui constitue l'ou- trage aux choses saintes; l'outrage au clergé catholique, l'excitation formelle a la haine et au mépris contre des personnes coupables d'appartenir aux ordres religieux. L'élément religieux, comme dit 1 'Echo du Parlement, formait l'élément principal du cortege masqué. La parodie, la satire la plus éhontée avaient recu carte blanche. La Chrohique le reconnait avec un cynisme qui arrachera des lannoe ;i 1 'Echo du Parle ment Les catholiques se plaignent que Ton mette en scène leurs petits-frères, leürs jésuites, leurs nonnettes et leurs curés, en donnant ii lout ce monde-la une physionomie odieuse Dimanche, Bruxelles a vu, comme les an odes précédentes, des mascarades organisées par les différentes sections du Denier des Ecoles et oü figuraient surtoüt des personna- ges ensoutanésentricornés embéguinés la failutë du couvcnt de Berchem-Sainte- Agathe, une école de petits-Frères, l'affaire du Marché-aux-Porcs, groupe de quarante capucius, de Saint-Hubert a Londres, par Namur, moines, basiles et nonnettes conduits par des gendarmes au depót de mendicité d'Hoogstraeten, bémo- i.ition des couvexts et édijicatioii des écoles, Rome vaincue, etc. Nous remarquerons cjue YEcho du Parle ment, Ylndépendance, YEtoile, comme par un mot d'ordre, gardent le silence le plus com plet sur la canailcade. En sëraient-ils hon- teux? C'est une raison pour que nous parlions en leur lieu et place. Les groupes et chars qui contenaient les attaques les plus iguobles et les plus odieu- ses contre la religion et le clergé étaient les suivants: (Nous demandons pardon des dé tails révoltants dans lesquels nous sommes obligés d'entrer.) 1" Un char intitulé: Faillite du convent de Sainte-Agathe (On sait que eet établissement qui recueillait des centaines d'orpheldnes et qui se soutenait au moyen du travail de la bianchisserie a dü, par suite d'une circon- stance malheureuse, liquider et se fermer). Sur le char une trehtaine d'individus, por- tant au complet le costume de religieuses, et d'individus vêtus en capucins se livraient, sous prétexte de lingerie, a des ébats scan- daleux. Un d'eux (en religieuse) tenait dans ses bras un enfant au maillot pendant qu'un autre (en capucin) embrassait la religieuse et l'enfant. La religieuse, par une mimique grossière, ne laissait aucun doute sur la si gnification de cette scène. Autour du char on lisait: Au convent du bon viveur (sic). Une série d'ébauches repré- sentait i'intprieur d'une cave aux provisions, avec vins, bière, etc., etc. Trois images de sainteté étaient grossièrement imitées, l'une représentant la Saiute Vierge (d'après Notre- Dame de Hal), les autres des saints a ge- noux, surmontés de la devise: lei on vole le jiieux, et de l'avis: Vieux saints a vendre. elle-même trouve ce groupe La Gazette choquant: Le char du couvent de Berchem-Sainte- Agatlie une assex brutale satire choque un peu le public, il faut Men le dire, mais il le trouve dröle. 2° Un cliar représentant une botte du De nier des Ecoles gueuses a laquelle étaient attelés un prétre et un religieux capucin. Le prêtre était vêtu en Basile et l'on sait de quclles haines ce type de basile, qui repré- sente le clergé séculier, est l'expression hi- deuse. Naturellement le prêtre et le capucin avaient une physionomie odieuse. 3" Un char représentant l'intérieur d'une chambre de malade. Au fond, sur un lit de fer, un individu déguisé en femme. Levant lui un religieux, costumé en carme. Deux autres femmes jouant le röle de servante et de parente. En face du religieux une table surmontée d'une croix entre deux chande liers. Le religieux tenait en mains un livre de prière. 11 était censé effrayer la malade afin de lui extorquer sa fortune. Finalement le religieux la lui arrachait des mains, sous forme de coffrct. Une peinture placée au bas du char représentait uu religieux s'enfuyant avec le coffret susdit. Le lout, orné du mot Scheereiveg qui dépeint si bien les opérations fameuses de M. Emeriqué, le premier prési dent du Denier des Ecoles gueuses. 4° Un char ii banc contenant une vingtaine de religieux de basiles et de religieuses de tous les ordres, entassés les uns sur les au tres. Plusieurs d'entre eux psalmodiaient des lamentations dans des livres liturgiqués, d'autres disaieut le chapelct. Aux coins du chariot quatre gendarmes ii pied, en grand uniforme, le sabre au clair. Sur les parois du char on lisait les paroles suivantes dont l'auteur a été récemment décoré de l'órdre de Leopold Van 'I ongediert der Papen verlost ons Va derland traduites en ces termesde la ver mine noire délivrons notre sol. La voiture portait encore: train express. Pour Hoogslraelen. Demolition des Convents. 3° Un navire rempli de religieux et de Fib res de la Doctrine Chrétiemie, accompagnés d'une femme. L'un d'eux portait une plancho avec le mot dossier. Le bateau était (censé tilant pour 1'Angleterre. Une musique de mineurs exécutait autour de ces chars J(Ongediert der Papen. Un char représentant le Triomphe des gueux, avec Marnix de Sainte-Aldegonde sur un tröne. Plutót Tares que papistes. 7" Un char intitulé Rome vaincue et repré sentant le Denier des Ecoles gueuses trans- percant a coups d'épéè le Denier de Saint Pierre sous la forme d'un Basile. 8" Le char du Denier des Ecoles portant une pécore quelconque (peut-être la déesse Raison!) assise sous un portique triangulai re supporté par deux colonnes. Au pied des 2 colonnes, un macon en costume de travail, avec tablier et truelle. Sur le cliar, des en- fants tremblants de froid et prêtés peut-être par quelques-uns des instituteurs communaux qui s'étaient masqués en collecteurs. Sur le fronton: Science -A Morale. Au dos du char, sur une porte fermée, ressemblant a la porte d'une prison, cette odieuse parodie de la pa role du Christ: Inutile de dire que tout, décors, costumes, masques, était ignoble et repoussant. D'autres chars contenant des allusions pu- rement politiques ont été soigneusement re- vus et. corrigés par la police et cela sur place même, Ces remanicments ont causé uu retard d'une heure dans le départ du cor- t igc, qui a été disloqué a plusieurs reprises avant de se former. Ainsi une voiture contenait des personna- ges otliciels représentant une cour étrangè- re, selon le programme. Ces personnages faisaient periser au Roi des Beiges et ;'i la Reihe. Aussi la police y a mis bon ordre. 11 en a été de même pour une voiture re présentant M. Frère-Orban tenant la corde au cou de l'ambassadeur beige prés du Vati can M. Frère-Orban, trouvé trop ressem blant, a été prie de dissimuler ses clieveux blancs sous une perruque blonde. Le cortége contenqit aussi un char intitulé: Liberté de la presse en 1879 et qui constituait une protestation contre le procés intenté ;i une feuille de trottoir par M. Berden. Sur le char un gendarme mettait la main sur le rédacteur en chef de cette feuille pendant Journal d'Ypres, LAISSEZ VENIIt A NOUS VOS PETITS ENFANTS.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1