ORGANE CATHOLiqUE DE L'A RRONDISSEMENT.
MERCRED1 9 Avril 1879.
10 centimes Ie numéro.
14ft année. N° 1385.
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Résumé politique.
La question d'Orient menace de mettre
jes nations de nouveau aux prises. La Russie
qui a le plus grand intérêt de tenir cette ques
tion ouverte, soulève des difficultés au sujet
de la Roumélie oriëntale. 11 est question de
faire occuper cette province par des corps
d'armée de divers pays.
La Porte a accepté cette occupation mixte.
L'armee russe restera en Roumélie jusqu'a
l'arrivée des troupes des Puissances.
Le Khédive d'Egypte donne de la beso
gne aux gouvernemenls européens. II vou-
drait se débarrasser de la surveillance qu'il
est forcé de subir et conti-nuer en paix ses
folies dépensières, mais la France et l'Angle-
terre, au nom des créanciers de l'Egypte,
prennent des mesures rigoureuses pour faire
respecter les engagements financiers.
M. Windhorst, le chef des catholiques
au Reichstag alleman#, a eu uue entrevue
avec M. de Bismarck. Les commentuires
vont leur train. Quel a été le sujet.de la con
versation? Les uns disent qu'il s'agit du Kul-
turkamph, lesautresque les tarifs douaniers
ont fait le sujet de l'entretien; mais nul ne le
sait. La Germania, organe catholi'que, écrit
qu'il ne convient pas que cette conversation
soit rendue publique. Nous savons, par les
faits antérieurs, que M. de Bismarck étant
en cause, la plus grande réserve est de ri
gueur.
D'après les dernières nouvelles il s'agirait
des biens de la familie de Hanovre actuelle-
ment encore sous séquestre.
Les projets Ferry contre la liberté de
'enseignemeiit rencontrent en France uue
opposition générale. Les libéraux eux-mêmes
ne manquent pas de critiquer le ministre.
Leurs organes, et entre autres la Revue des
deux Monties, publient des articles oü les
prétentions ministérielles soul traitées com
me elles le méritent.
Les catholiques ont formé des comités, et
organise un pétitionnement general qui ren
contre partout le plus grand succes.
Le retour des Chambres a Paris ne fait
plus l'objét d'un doute. Le centre gauche cè-
té et les deux Chambres iront siéger a Paris
tvant peu. C'est se mettre dans la gueule du
°up et placer le gouvernement sous le coup
des émeutes radicales.
Les moyens de precaution et de defense
ïtixquels on songe seront bien illusoires.
L'Univers publie l'importante dépêche
lue voici:
Rome, le 6 Avril, 10 li. 45, matin.
On assure que le Rape prépare une Ency-
dique relative a la question de I'enseignemenl.
La situation financière de l'ltalie s'em-
brouille grandement. La discussion du bud
get n'a produit que les ténèbres les plus
épaisses. L'ne chose seulement est claire,
c'est que le pauvre peuple meurt de faim et
que les impöts ne produisent pas les sommes
nécessaires aux fantaisies d'une politique né-
faste.
En '1878, 7,000 paysans ont émigré. En
1876, on compte 1,024 suicides et 9,163 ho
micides. 25,000 lots de terrain ont été ex-
propriés par le tisc poui' cause de non paie-
meiit de l'impót. Enfin de 69,000 moulins
qui existaient en Italië, 29,000 sont fermés.
quels résultals produits par la belle politique
des Italianississimes! Nous iivrons cela aux
admirations imbéciles de notre Progrès. II a
souvent chanté les bientaits dout jouit l'ltalie
une et indépendante. II tient maintenant le
sujet du dernier couplet de sa chanson.
La loi Van llumbeeck.
Le Progrès se met de la partiefii juge h
propos d'entrer en scène et de défendré le
projet de loi Van llumbeeck.
Ses patrons, MM. Carton et C", avaient
beau jeter les hautscris, il y a quelques mois,
mais c'était pour la forme, ils sentaient le
besoin de conserver devant les populations
catholiques certains dehors de modération et
de respect pour ia religion catholique: un
moyen de se rendre possible en temps elec
toral.
Depuis ils se sont légèrement modifies, lis
acceptent le projet Van llumbeeck. La loi de
•1842, qu'ils n'avaient combattue que rare-
ment, ne peut plus ètre maintenue. C'est la
faute au clergé.
Le Progrès écrit cela! Ce n'est peut-être
pas sérieux. D'après lui c'est le ciergé qui a
tué sa propre oeuvre, eu iutervenant a litre
d'autorité dans l'enseignement
Mais c'est la le principe même de la ioi de
1842. L'enseignement religieux est inscrit en
tête du programme de l'enseignement pri
maire. La compétence du clergé est recoimue
et admise par la loi.
II a nommé comme inspecteurs ecclésias-
tiques les Principaux de ses colléges. Voilh le
mal et voila pourquoi le Progrès est convain-
cu qu'il taut réformer la loi de 1842. L'argu-
ment peut être probani pour les lecteurs du
Progrès, probablement très-brevetés comme
ceux de 1 'Echo du Parlement, mais pour les
gens senses c'est autre chose.
Le Progrès admet que le projet de loi va
peut-être au-dela de cette nécessité. On a eu
Au panier
les affiches ministérielles.
Voila le cliemin qu'il faut faire suivre aux
paperasses que les Ministres envoient aux
Communes sous le couvert des Gouver
neurs.
C'est la conclusion logique de la discus
sion soulevée aux Chambres par l'interpella-
tion de M. Visart.
Le ministère s'est débattu en vain. M. Ro-
lina argoté, M. Frère a injurié, M. Rara a
cliercbé a faire dévier le débat avec sa fa-
conde de triste aloi, il reste établi que ces
Messieurs n'ont pas le doit de faire afficher,
par les administrations communales, leurs
élucubrations de parti.
Ils n'ont pas ce droit ni par eux-mêmes,
ui par intermédiaire.
Les Bourgmestres peuvent renvoyer ces
paiicartes a leurs auteurs, les colier a l'en-
vérs ou les jeter au panier.
Nous nous permettons de recommander
le tort, dit-il, de ne pas inscrire dans le pro
jet de loi tout ce qu'il y a dans Fexposé des
motifs; il espère voir redresser ce tort lors
de la discussion de la loi.
Oh a eu tort a plus d'une reprise et il faut J
être naïf comme le Progrès pour avoir 1'air
de s'y laisser prendre.
On a eu tort d'abord d'exprimer dans le
discours du Tröae des principes absolument
contraires aux enseignements de l'Eglise ca
tholique. Mais il le fallait pour rallier les
avancés a la politique ministérielle.
On a eu tort de rédiger un texle de loi qui
pouvait se prêter a toute espèce d'interpréta-
tiou et satisfaire les avancés comme les doc
trinaires. Mais c'était une mesure de pruden
ce conseillée par les prétentions des avancés.
On a eu tort de produire un exposé de mo
tif's après la publication du projet de loi. Mais
c'était un moyen de rassurer les modérés
saus rien perdrc de l'opinion des radicaux.
On a eu bien plus grand tort d'agir comme
j le Progrès et d'ossayer de détournei' l'opinion
publique.
Le projet de loi est jugé. II passera ou il
ne passera pas aux Chambres; nous affirmons
qu'il ne sera pas appliqué dans la presque
totalité du pays.
M. Van Humbeeck y a mis sa marque de
fabrique. C'est un moyen de jeter le catholi-
cisme dans la fosse.
Cela, personae ne l'oubliera. La liberté
d'enseignemenl subsiste encore et les catholi
ques sauront en proliter.
l'QEuvre des Vieux Papiers. L;i du moins
elles produiront quelque bien.
MM. Woeste, Kervyn de Lettenhoye, Ja
cobs et Coruesse out démontré, la loi h la
main, que les prétentions ministérielles
étaient inadmissibles. Rien n'est resté de-
bout des misérables arguments invoqués par
les ministres.
M. Woeste a clairenient défini les obliga
tions des bourgmestres Si j'ouvrenos lois,
a-t-il dit, que M. le ministre de l'intérieur
aurait bien fait de consulter avaiit de donner
aux gouverneurs les ordres que nous criti-
quons, si je les ouvre qu'y vois-je C'est
qu'aux termes de la loi communale, le seul
devoir du bourgmestre, comme agent de
1 Etat, réside dans l'exécution des lois et des
arrêtés pi'is en vue de cette exécution.
Or, s'agit-il dans le cas actuel de l'exécu
tion d'une loi, s'agit-il d'un arrété pris en
exécution d'une loi
Mais non; la loi qui forme l'objet des cir
culaires ministérielles que nous critiquons,
n'est encore qu'un projet, et nous espérons
bien que les pouvoirs publics, cédant h la
pression de l'opinion, n'introduirÓnt pas dans
notre legislation les réformes néfastes dont
le gouvernement a pris l'initiative.
II n'y a done pas de loi; mais si même il y
avait une loi, est-ce que le gouvernement
aurait le droit qu'il s'arroge
Sans doute, encore une fois, il peut pres-
crire aux bourgmestres les mesures qui out
pour objet l'exécution des lois ou des arrêtés
pris en exécution de lois. Mais ce qu'il n'y pas
ie droit de faire, c'est de leur ordonner de
publier, de répandre des affiches, qui ne sont
que des plaidoyers en sa faveur, des oeuvres
de poléiniquece qu'il n'a pas le droit d'exi-
ger, c'est qu'ils se fassent les hérauts, les
porte voix du gouvernement, pour célébrer
les mérites de sa politique.
Aucun ministre n'a osé suivre l'honorable
depute d'Alost sur le terrain de la légalité oh
il s'est placé, et il est avéré aujourd'hui que
les bourgmestres peuvent hardiment livrer h
1'oeuvre des vieux papiers les documents que
le cabinet ou le gouverneur leur enverra dé-
sormaispour prónerje projet-Van Humbeeck.
Ce qu'il a fait jusqu'ici est un excès de pou-
voir, attentatoire a la liberté des administra
tions communales, excès qu'il faut énergique-
ment réprimer.
M. Jacobs est allé chercher M. Rara jusque
dans son dernier refuge. Exbumant une loi
de la répubique franpaise, il faut que les
libéraux aient toujours recours a ces temps
d oppression pour justifier leurs actes arbi
trages, le ministre de Injustice avait pré-
tendu que les administrations communales
étaient obligees de concourir h l'exécution
des lois, arrêtés et ordonnonces,