elles-mèmes sur un bouleversement aussi radical de la législation scolaire que celui qui implique la révision de la loi de 1872. Pourquoi done le gouvernement n'a-t-il pas ouvert d'enquête? Pourquoi n'a-t-il pas cousulté les inslitu- teurs ct les inspecteurs attachés au service de l'instruction primaire? Pourquoi n'a-t-il pas pris l'avis des admi nistrations conununales qui ont vu de prés fonctionner la loi et qui participent elles- mêmes a son exécution? Rien n'est plus pitoyable que les prétextes alléguës par M. Olin pour échapper a cette grave objection. On 11e s'est pas adressé aux membres du clergé, dit-il, paree que leur témoignage eüt été favorable au maintien de la loi. Ou n'a pas eu recours aux inspecteurs ei aux instituteurs a cause de leur position dé- pendante qui eut rendu leur témoignage suspect. Ceci est de la pure hypocrisie. 11 est de notoriété publique que l'immense ma- jorité du corps enseignant est contraire a la révision de la loi de 1842. Malgré sa dépen dance, consulté ofticiellement il eüt émis eet avis et voilé pourquoi on a jugé prudent et habile d'écarter ce préeieux élément d'infor- mation. Quant aux administrations communales, aux pères de familie, aux autorités sodales, comme dirait M. Leplay, ni l'exposé des mo tifs, ni le rapport de la section centrale ne daignent s'en occuper. Cello prétérition est significative et le pétitionnemeut qui se développe de toutes parts achève d'eu préci- ser la portée. Mais on eut du ajouter et c'est ce qu'on se garde bien de faireLe libéralisme peut dire en Belgique, 1'enseignement officiel, c'est moi Les universités officielles sont libérales. Les athénées sont libéraux. Les écoles primaires, même sous la loi de 1842, étaient devenues, dans beaucoup de localités, des pépinières de libéraux tt le projet de loi n'a d'autre but que d'éten dre et de légaliser cette propagande. Le libéralisme n'a pas ces convictions qui s'affirment, ces dévouements qui se donnent, ce prosélytisme généreux qui distinguent l'E glise catholique. II ne sait pas au moyen de deniers libéraux créer un enseignement libé ral. C'est un parti essentiellemeut parasiste qui s'attache au budget, qui s'y installe, qui ie ronge et qui en vit. Or et c'est lé précisément son cóté ini- que, anti-constitutionnel et anti-religieux que fait le projet Van Ilumbeeck 11 favorise ces aspirations et ces appétits, il érige le libéralisme en irréligion d'Etat, en secte privilégiée et il le comble de toutes les faveurs budgétaires, il le couvre de toute la protection du pouvoir, il rétablit même sournoisement en sa faveur le régime du mo- nopole. Et M. Olin s'étonnc, que les catholiques protestent et se récrient II s'étonne qu'ils s'élèvent, de toute l'énergie de leur ame, contre la suprematie d'une secte si bien hostile au catholicisme quelle en est l'antithèse doctrinale et prati que et que, partout oü elle rencontre l'Eglise, elle l'attaque, la baillonne, la blesse dans ses droits les plus essentiels et chercbe l'ex- tirper même par la force! Trêve done la comédie de neutralité reli- gieuse et d'impartialité constitutionnelle que le libéralisme n'a déjé que trop longtemps jouéel... La vérité, c'est que nos advei;saires, reve- nus, de l'aveu de M. Laurent, aux idéés et aux passions de la minorité du Congres de 1830, cherchenté chasserles catholiques de toutes les positions que leur avait values la conquête de l'indépendance nationale. On traine la Constitution l'abattoir législatif, tout en la couvrant de fleurs et en lui prodi- guant l'eiicens comme ces victimes que les pontiles païens conduisaient toutes purees a l'autel du sacrifice. La carte a payer Préoecupé avant tout de fintérêt du libé ralisme, M. Olin, dans son rapport, a oublié d'exmniner le projet de loi de M. Van Ilum beeck un point de vue moins important il est vrai que celui qui concerne la religion, mais qui u'eii a pas moins son intérêt parti culier; nous voulons parler du point de vue financier. II est évident, au premier coup- d'oeil, que le projet aura pour conséquence de ruiner littéralement uu grand nombre de communes. Un examen plus attentif ne peut que fortifier cette conviction dans l'esprit de tout liomme non prévenu. Nous avons entre pris cette étude, eu nous basant sur les données officielles que contient le dernier rapport triennal sur finstruction primaire publié par le gouvernement. Le chiffre au- quel nous sommes parvenus est effrayant. Au 31 décembre '1873, date laquelle s'arrète le rapport triennal, il existait en i Belgique 457 écoles adoptées, 15 écoles privées soumises l'inspection et 1196 écoles i libres remplagant des écoles communales. Dans l'idée du ministre-fossoyeur ces 1668 écoles sont condamnées, et les communes auront a 'batir des locaux qui puissent les remplacer un jour. La dépense de construc tion et d'ameublement d'une école communa le est en moyenne de 40,000 fr., et cette évaluation, en tenant compte du renchérisse- inent constant des matériaux et de la main d oeuvre, est plutót en dessous qu'au-dessus de la réalité. Ouoi qu'il en soit, nous l'aecep- tons: elle a son fondement dans les faits accomplis durant le cours de ces dernières années. De ce chef il y aura dépenser pour premier établissement une somme de Ir. 66,720,000. 1439 écoles avaient un rnatériel insuffi- sant; celui de 290 était entièrement mauvais. Eu portant 1,000 fr. les frais nécessaires pour compléter 1'installatioii des premières et 3,000 fr. ceux nécessaires pour les se condes estimation, sans nul doute, trop inodérée on arrive une nouvelle dépen se de 2,377,000 fr. La collection des poids et des mesures était incomplete dans 664 écoles, elle faisait défautdans 560 an tres. En admettant pour celles-ci de ce chef une dépense de 150 fr. et de 50 fr. pour les autres, on trouve une nou velle somme de 116,200 fr. Le rapport signale la nécessité de construi- re 730 écoles nouvelles. A raison de 40,000 fr., la dépense atteint 29,200,000 fr. La carte ii payer atteint ainsi le total res pectable de 98,423,200 fr. Ce n'est pas tout. Nous demeurons en-degk de la vérité en portant a 3,000 fr. les frais annuels d'une école pour traitement d'instituteurs, entretien du local, fournitures, etc. Les 2,398 écoles a construirè exigeront, a 3,000 fr. chacune, une dépense annuelle de 7,194,000 fr. Le projet fixe a 1,000 fr. le minimum du traitement des instituteurs. C est encore une somme de 154,341 fr. qui viendra grever annuellement le budget des communes. 303 instituteurs exereent camulativement les fonctions de sacristains. S'ils sont obliges de les abandonuer, il faudra que les commu nes, sous peine de perdre leurs services, remplacent ce revenu supplémentaire par une augmentation de traitement s'élevant it fr. 151,500. Le budget annuel de i instruction publique grossira done au total de 7,509,841 fr. 11 n'est que juste d'ajouter a ce chiffre i'in. térèt et famortissement progressif des frais de premier établissement, qui, au taux de 5 p. c., atteint 4,921,160 fr. Le supplément de dépense annuel sera done de 12,431,001 fr., prés de DOL'ZE MILLIONS ET DEMI Remarquons en terminant que dans ce simple calcul ne sont comprises ni les écoles officielles a construire pour lutter avec plus d'acharnement contre les nombreuses écoles libres qui, déjii combat- lues ii outrance par le budget officiel, ne figurent pas dans le chiffre de 1,196 cité plus haul ni les écoles gardiennes ni les écoles d'adultes ni les écoles de demoiselles, tous établis- sements auxquels le ministre - fossoyew compte, de sou propreaveu, donner un grand développement ni les nombreuses écoles normales qu'on se propose de créer ni les 50 nouvelles écoles movennes qu'on projelte ni les frais généraux résultant de l'établis- sement du nouveau ministère ni le supplément des dépenses d'inspection; ni les frais des comités scolaires; ni les nouvelles charges imposées ou kl imposer en faveur de 1'enseignement secon daire et supérieur. En dépit de ces omissions, le chiffre de 12 millions et demi est déjli fort considéra- ble. II fera réfléchir lout administrateur sé- rieux et lout contribuable doué d'un peu de bon sens. Le petitionnement catholique. Certains chiffres relatifs au nombre des petitions arrivées a la Chambre, contfeoil pour le projet de loi du fossoyeur, n'étaiem pas exactsppour pouvoir en dresser une sta- tistique compléte, nous avons soigneusenient compulsé les Annates parlementaires, et voi- ci le résultat auquel nous sommes arrivés. .Notre calcul s'étend jusqu'a la date du 4 anil courant: Contre le projet. fusil des révoltés c'était de la féroeité ;.on re connait dans ce raisonuement la logique ordi naire de la Révolution mais, suivant la ré. flexion trés juste de M. Maxime Du Camp. la po pulation se lïit montróe dix f'ois plus impitoya ble que les soldats et les cours martiales. Elle était dans un tel état de surexcitation furieuse cette population, celle-la même qu; crie main tenant Vive i.'amnistie 1 que, si on lui eüt livré les insurgés, elle les eüt mis en pièces saus en épargner un seül. Elle n'a pas trouvé qu'on en fusillat trop elle a trouvé qu'on n'en t'usil lait pas assez, qu'on était faible elle eüt voulu les fusilier tous en bloc, sur l'heure, sans aucune f'ormalité. La foule est toujours la même clans ses entrainements contradictoires, aussi incapa ble de les raisonner que de les maitriser. Quel fut le nombre des victimes I.issagaray, le moins inexact des historiens de la Commune, prétend que les soldats fusillèrent 20,000 per- sonnes Malon parle de 37,000 morts Vósinier de 40,000 hommes et de 10,000 femmes et enfants, sans que l'on comprenne bien si ce dernier chiffre doit se confondre dans le précédent ou s'y ajou ter. Jeanneret ne s'arrète pas en si beau chemin il compte 25,000 tués pendant la lutte et 30,000 fusillés après. Ilenlaut énormément rabattre. Ou a pu établir avec une exactitude rigoureuse le nombre des fédórés directement envoyós aux ci- metières de Paris ou inhumés sur divers points de la viileet exhumés msuite, après enquête des quatre-vingts coinruissaires de police etsurdé- nonciation des [iropriótaires et locataires voisins. M. Du Camp eu donnè le compte détailléen tout tj,6ö7, qui se trouvent même réduits a 6,500, par la deduction des soldats, des otages et de huit enfants morts de maladie qu'on a englobés dans ce total funóbre. La légende va vite, et l'imaginatiou populaire grossit les objets outre mesure. Dans tel square oü l'on prétendait que les morts avaient été enterrés par miliiers et ontassés en plusieurs couches les uns sur les autres, ona trouvé, eu remuant la terre jusqu'en ses profondeurs, vingt-cinq ou treute cadavres. Si douloureux qu'il soit, un pareil chiffre est loin de justiher les monstrueuses hyperboles qu'on peut lire encore tous les jours dans quelque feuille radicale, et il paraitra même ininime, si l'on songe qu'il comprend ceux qui sont tombés dans cette terrible bataille des sept jours, qui tua ou j blessa 7,331 soldats et oificiers, ce qu'il serait I bon de ne pas oublier. Les mêmes exagérations et les mèmes menson- ges se sont étendus a l'oenvre de la justice. On a parlé de 100,000 individus incarcérés ct transpor- tés, et même da plus. Sur les 130,000 hommes qui composaient l'atmée de l'iusurrection, 38,578 ont été arrètés jusqu'au ler Janvier 1872 i; 090 ont été renvoyés après un simple interrogatoire; 23,727 rendus a la liberté par ordonnance de non lieu; 2,445 acquittés, quoiqu'on prétende qu il n'y ait pas eu d'aequittements, et 10,131 con- damnés. Joignez-y le chiffre des morts: ce n'est pas même la neuviöme partiedu totai. M. Maxi me Du Camp expose tous ces faits avec uue pré cision, et aussi avec une modération foncière sur laquelle la vivacitéde son style ne doit pasjeter le doute. Certes, il ne garde pas son sang-froid en presence des crimes abomiuables de la Com mune et des apologies qui ont osé se produire il dit rudement leur fait aux imbeciles gredins qui les ont commis. J'admets qu'on se plaigne des qualiücatifs dont il n'est pas avare non que ces qua'iöcatifs soient immérités, mais paree qu'ils peuvent tromper les lecteurs superliciels sur son impartialité, fournir un prótexte a ceux j qui l'accusent de parti pris et aussi paree que le simple récit est assez concluant, assez atroce Pétitions signées par des habitants de diverse communes1195 Pétitions émanées de conseillers com- munaux Pétitions émanées de conseils comm. Pétition signée par la majorité detrois conseils provinciaux 162 Total. 14Cll par lui-même pour dispenser de ces épithètes, qui viennent toutefois sous la plume avec un entrainement presque invincible. 11 rejette le-* hyperboles et les hypotheses gratuites, de quel que cóté qu'elles se présentent; par exemple,". discute et repousse quelques-unes des accusa tions les plus répandues contre la Commune, coB\ me'celle d'avoir disposé des fils électriques aus Tuileries et dans les égoüts pour produire de» explosions a distance. S'il y a doute, it n'hésM pas a Ten taire bénéficier. Cette équité, qui meure généralement visible a tout esprit attentu, même sous les rudes boutades oü il décharge son indignation et son mépris, ne donne que pk' de poids a ses accusations, et il faut le remercie» de son livre a la fois comme d'une oeuvre biste- rique considerable, a laquelle la süreté et l'éten* due des informations donnent une haute valeur, et comme d'un acte de courage, puisque nous et sommes venus a ce point que c'est un acte de courage de dire liaut et ferme ia vérité sur 1' Commune. VICTOR FQURNEI"

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2