d'Audenarde, vint nous cxposer tout l'odieux du projet-Van Humbeeckl'enthousiasme et l'entrain qui accueillirent cette belle confé rence semblaient dispenser de tout nouveau meeting toutefois nos vaillants deputes au Parlement, voulant témoigner de la profonde horreur que leur inspire le projet du minis tère des sept macons, ontvoulu rSunir lours eommettahts dans les principales localités de notre arrondissement pour montrer ies suites funestes de la loi proposée; ils tiennent d'au- tant plus a donner ces conférences que la tactique des partisans du libre-examen a la Chambre tendra a étoufier la discussion et a faire voter la loi sans phrases. Une foulc immense avait répondu ;i l'ap- pel dc la Commission directrice du Cercle catholiqueii tel point qu'un grand nombre n'a pu trouver place dans la grande salie de notre magnillque Cercle-, on évalue ii plus de 100 électeurs et pères de familie le nombre des personnes présentes au meeting. La séance fut ouvcrte par le représen tant M. Berten, bourgmestre de Poperinghe, qui exposa succinctement la sagesse de la loi de 1842 et les heureux fruits qu'elle avait produits pendant 36 ans et déclara énergique- ment qu'il s'opposerait, de toutes ses forces, de concert avec ses collègues, au vote d'un projet de loi liberticide et attentatoire ;i nos droits religieux. A >1. Herten succéda notre nouveau sé- nateur, M. le baron Surmont de Volsberghe. Vous devinez sans peine qu'il ne s'est pas fait faute de flageller le ministère et sou malen- contreux projet de loi. Après avoir revencli- qué pour l'Eglise et pour le père de familie le droit d'élever les enfants et de leur donner un enseignement confessionnel, il a faitressortir les consequences désastreuses qu'entrainera pour les finances de l'Etatla nouvelle loi; nos finances, que l'on prétend si compromises par le ministère-Malou, on les gaspillera a construire desbatiments decole quine seront jamais peuplés, comme si les aggravations militaires et les nouveaux impóts que l'on projette ne pesaient assez lourdement sur nos populations si éprouvées par la crisecom- merciale et agricole. Aussi l'auditoire a-t-il manifesté chaudement qu'il partageaitentière- ment les sentiments de l'orateur, quand il faisait voir combien le ministère libéral avait abusé de cette expression si connue et mal- heureusement trop vraie De boer zall al betalen. Après M. le baron Surmont, ce fut le tour de M. lweins d'Eeckhoutte. Dans un langage aisé, image et vil', il démontra clai- remept comment la nouvelle loi eniève it l'au- torité communale toute action et toute in fluence sur les écoles et sur les instituteurs pour donner toute autorité au ministre et aux comités scolaires qui seront les espions mi- nistériels; il ne restera aux communes d'au- tre privilége que celui assez peu enviable de payer la carte des sottes et inutiles dépenses décrétées par le ministère de finstruction publique, mieux dit de l'empoisonnement public. Quand les applaudissements eurent ces- sé, M. Eugène Struye se leva pour prononcer un de ces discours pleins de foi et d'énergie, comme il en a fait entendre ii la Chambre lo'rs de la discussion du budget de la perver sion publique. II a dépeint avec les couleurs les plus sombres muis les plus vraies l'ave- nir que prépare au pays cette machine de guerre que l'on nomme fenseignement soi- disant neut re de l'Etat; il a montré la tyrannic insupportable que subira fame de l'enfant, jeté dans le moule de fenseignement néces- sairement athée d'une école dite neutre; de gré ou de force eet enfant, élevé dans une atmosphère religieuse au foyer domestique, subira finfluence délétère d'un instituteur que la loi oblige d'ignorer Ie vrai et unique Dieu. M. Rolin a beau protester dans ses fa- ïneuses circulaires contre l'interprétation que l'on fait du projet de loi: les déclarations si compromettantes du mapon Van Humbeeck montrent au moins clairvoyant les tendances impies de la nouvelle loi; la religion avec le prêtre est dument bannie de l'école par le projet de loi et il fait nécessairement de l'in- stituteur un anti-curé, scion le mot de M. Thiers. Aussi l'assemblée suspendue aux lè- vres de l'orateur a-t elle ratifié pleinement la thèse soutenue par M. Struye quand il a mon tré, l'histoire a Ia main, comment la religion élève les nations et l'irréligion les abaisse. Les bravos enthousiastes et les applau dissements chaleureux qui éclataient de tou tes parts dans la salie ont prouvé au sympa- thique député d'Ypres, combien il a ému les coeurs etconvaincu les esprits. Les ministres doivent done s y résigner, si leurs idéés malsaines peuvent passer dans nos lois, grace ;i la sérvilité des députés gueux, ils doivent se convaincre tous les jours davautage qu'elles ne passeront pas dans nos mceurs: la manifestation d'aujourd hui en est une preuve éclatante! Le Meeting qui a eu lieu Dimanche dernier a Warneton, n'était pas moins nombreux que celui de Poperinghe. Plus de quinze cents personnes se pressaient dans fimmense salie du patronage St-Joseph. Toutes les commu nes environnantes étaient représentées a cette róunion. Les orateurs qui ont pris la parole ont été accueillis avec enthousiame. L'audi toire, compose d'électeurs et de pères de familie, montrait par ses applaudissements qu'il ratifiait les protestations émises par eux. M. l'avocat Verriest, avec le talent qu'on lui connait, a dépeint sur le vif toutes les conséquences qu'entrainera forcément la loi Van Humbeeck. 11 a montré tous les dangers de cette loi et la nécessité de la combattre par tous les moyens légaux. MM. Biebuyck, Struye et Surmont ont ex posé d'autres cótés de la question et parlé de la politique miiristérielle, si néfaste pour le pays. Ces Meetings, suivis avec tant d'empres- sement, montrent combien la religion est vivace dans le coéur de nos populations. Jus- qu'ici le libéralisme avait pu entrainer quel- ques personnes. Mais aujourd'hui la lumière se fait. i! est prouvé ii tous les yeux que les projets du Libéralisme ne sont que ceux de la Franc-Mac-onnei'ie. Voltaire le disait en d'au tres termes: II faul écraser l'infame. Aujour d'hui c'est au cri de: le cléricalisme, voila Tennemique les sociétés secretes ont décla- ré la guerre a la Religion chrétienne. Elles ont compté saus les vrais sentiments du peuple. Mais ceux-ci se font jour et, avec l'aide de Dieu, ils vaincront les ennemis de Dieu et de l'Eglise. Le mouvement continue dans notre arron dissement. Des Meetings sont annoncés a Dickebusch, Elverdinghe, Westvlèteren et Langliemarck. Abstention et dcuil. L'Union public une analyse assez longue du magniflque et vigoureux discours que M. Malou a prononcé la semaiuc dernière a Di- nant. En voici la péroraison; certaines décla rations très-importantes ont d'autant plus de valeur qu'elles viennent d'un homme d'Etat auquel on ne peut reprocher ni emportement, ni irréflexion, ni imprudence, ni manque d'habileté politique, de moderation, de pa tience, de longanimité et d'abnégation. «Messieurs, s'écriait M. Malou en termi- nant, jamais conjoncture plus grave ne s est próseiitée. La Relgique est violemment rejetée au-dela de 1830 en ce qui regarde sou régi me scolairc. Et nous ne sommes qu'au début: on nous menace d'aller plus loin. En présencè de cela, le devoir est tout tracé: il taut résister légalement, chrétienne- inent, mais avec une suprème énergie, avec persistance et opiniatreté. 11 fautépuiser tous les moyens légaux, mais aussi il taut nous préparer dès a présent a de grands sacrifices afin de sauver l'avenir moral et religieux de nos enfants et de préserver notre patrie au- taut que nous le pouvons dune catastrophe. Pour moi, en face de ce que je vois, de ce que j'entends, lorsque je me repoi te pai la pensée au temps de ma jeunesse, au berceau de notre nationalité, lorsque je me rappelle l'enthousiasme avec lequel, proscrit avant d'etre majeur, je saluais la insurrection de la patrie, faut-il le dire, messieurs, un sentiment de doulcur remplit mon ame. Eh quoi! après un demi siècle nous en sommes la! Ensemble, nous nous sommes arrachés au despotisme hollandais, nous avons conquis nos libertés, et ces libertés, ce sont ceux qui. combattaient alors ;i nos cötés qui tentent de nous les ra- vir! Et ils osent nous appeler, nous convier a fêter avec eux en 1880 le cinquantième anni- versaire de notre indépendance nationale! Non, messieurs, non, cela n'est pas pos sible, c'est trop d'ironie. Lc projet de loi du ministère est le der nier coup porté 111'union de 1830: si cette loi passe, si elle est votée, si on nois fin pose, que ceux qui en sont les auteurs, que ceux qui triomphent se couvrent de fleurs, et quils se réjouissent. Quant a nous, atteints dans notre foi, dans nos droits, dans nos plus chères li beries. dans nos dines, nous naurons qua pleurer sur les ruines de la Belgique de 1830, et a porter douloureusement le deuil! (Ap plaudissements enthousiastes et. prolongés.) Cette dernière déclaration de M. Malou ob- tiendra un immense retentissement dans le pays, car elle répond au sentiment de tous les catholiques. Voici, également d'après YUnion, la fin du discours dc l'honorable représentant M. Was- seigc: Si la loi, si cette loi païennc est votée et promulguée, nous la subirons, mais sans l'ac- cepter jamais comme definitive. Dès le len- demain nous commencerons la vraie lutte, en disant: plus de transaction avec des adversai- res sans bonne foi, plus de duperie. Chacun chez soi et la liberté pour tous! C'ést ainsi que nous répondrons aux pa roles insolentes du porte-voix ministériel lorsqu'il écrit dans sou rapport que devant la loi il n'y a pas dc résistance légale ou non; il n'y a que la soumission. Qu'il sacbe done que ce langage n'est pas beige, et que nous ne sommes pas des valets, que l'on cliasse et que l'on baiilonne. Si une majorité de liasard parvient ii nous imposer une loi qui froisse notre liberté et notre conscience, qui niulile la Constitution nationale, qu'il se rappelle que jamais les Beiges n'ont supporté longtemps le despotis me soit legal, soit extra legal, et que si l'on peut espérer parfo s de nous avoir vaincus, il y a des lendemains qui prouvent toujours i que l'on s'est trompé, Des applaudissements frénéliques accueil- laiont ces lières déclarations. Voici en quels tormes irréfutables M. Ker- vyn de Lettenhove a prouvé que la Con stitution ne met pas l'Etat obligatoirement dans 1 école et que dès lors la formule l'Etat hors de l'école» ne viole pas la Constitution En 1834, M. Rogier présenta un projet dc f loi sur finstruction publique concernant le; trois branches d'enseignement. l.a section centrale commenfa par bomer le projet de j loi a fenseignement supérieur, les législa- teurs constatant que la liberté sulfisait am- j plement ii finstruction primaire ct moyenne. Voici comment, dit M. Kervyn, on traita 'a F cette époque la question constitutionnelle La question relative a l'article 17 de la Consti- - tution se présenta. II s'agissait de savoir s'il 1 avait un droit pour l'Etat. s'il y avait une obliga tion pour l'Etat, en d'autres termos, comment il fallait entendre l'article 17 de la Constitution. All-Pi l'on voulait comparer le veritable #-a- ractèro. avant 1830. des sentiments de nos popu lations avec ce qui se passé aujourd'iim.on y re- trouverait bien plas tót dans les nonibr uses réunions populairés oü retentit le cril'Etat liors de l'école Toute la liberté Rien que la liberté - Rien n'explique mieux l'accueil qui fut fait en 1829 a un message joint a un nouveau .projet de j loi sur l'instruction publique. Ce message renfer- mait fimportante déclaration suivanteNöus subordonnons toutes les parties de co projet k une pensée principale, en lui donnant pour base le principe de la liberté dans l'exerciee de l'eri- r seignement. Ce principe a nóanmoins dü être H- mité, autant que l'exigent le bien-être et la sure- jj té de l'Etat, et les moyens nous sont réservés, d'après fobligation qui r.oi'.s iucombe, de conser- ver dans tout le royaume une instruction pu blique en harmonie avec les besoins intellectuele et moraux de la nation. Ce langage n'est-il point encore celui du cabi net actuel Et comment le Congrès national statua-t-il sur cette matiére Par farticle 17 de la Constitu tion, qui proelame la liberté de l'enseignonrcnt et qui, en ileliors de cette grande liberté consti- tutionnelie existant par elle-mèrne et ne relevant que d'elle-même, soumet a toutes les formalités legislatives tout ce qui se rapporterait a un en seignement organisé par l'Etat. Le vote de Farticle 17 avait été précédé d'un rapport de M. Charles de Ilrouckere, oü on li- sait L'article relatif ii l'enseignement. n'a pour ainsi dire rencontré aucune objection dans les sec tions une seule avait désiré une redaction plus large du second paragraphe, craignant qu'on ne tirat de la redaction primitive la conséquence obligt'e d'un enseignement aux frais de l'Etat. - Le vote de farticle 17 avait été précédé d'une y discussion oü le premier orateur s'est exprim'ê li en ces termes On sait trop ce que nous a coüté l'odieux j monopole de fenseignement pour ne pas tont sacrilier plutót que de hasarder le retour de eet- te indigne oppression morale et intellectuelle.1 Le vote de l'art. 17 avait été précédé d'un autre vote oil on avait même refuse a l'Etat le droit de 1 surveillance sur fenseignement libre, de peur que cela ne contribuat a donner a l'Etat, eu ma tiére d'éducation, une action et une influence dont on ne voulait plus. Ce qui n'empêche point l'honorable M. Olin de dire dans son rapport- Les auteurs de la Con stitution ont proclamé le devoir pour l'Etat de donner lui-mème fenseignement. - C'est une affirmation que rien ne justifie. Et cette question discutée quatre ans après I l'oeuvre du Congrès dans une section centrale dont 5 membres sur 7 avaient appartenu au Con-1 grès, offrait dans sa solution une importance I considérable sur laqüellejecrois devoir insister. Evidemment cette section 'centrale était péné- j| trée de 1 esprit du Congrès, et rien n'est plus iij' I téressant que de voir comment elle interprétai! l'article 17 de la Constitution. Dès les premières lignes, fe point a résoudfl était nettement indiqué par le rapport: - La question de la liberté des croyaaces, de 1» presse, de fenseignement, est précisément ren-1 fermée dans la question de savoir ce qui d°'' t être réglé par la loi, en d'autres termes, de l'"1' f tervention de l'Etat dans cliacune de ces spheres i d'activité de l'intelligeneo liumaine. Plu® cc"e E intervention empiète sur le domaine de l'intell'; gence, moins il y a de liberté, et comme c'est F

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2