ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
MERCREDI 7 Mai 1879.
10 centimes le numéro.
14' année. N° 1393.
On s'abonne rue au Beur re, 66, a Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume.
Résumé politique.
FRANCE. On annonce comme chose
faite une importante modification ministériel-
le. Tous les elements modérés disparaitraient
pour faire place h des ministres aux reins
plus solides, suivant le mot prêté ;i M.
Gambetta.
La guerre contre les congregations reli-
gieuses continue, mais d'autre part les pro
testations catlioliques deviennent de plus en
plus nombreuses. Les pétitions se couvretit
de nombreuses signatures qui se chiffrent
par millions. Les demières élections partiel-
les ont amené le triomphe de candidats con-
servateurs mêmè a Paris. Ce résultat donnc
a réfléchir.
PRUSSE. -On discute au Reichstag
les plans financiers et économiques de M. de
Bismarck. M. Bamberger, tout en combattant
vivement les idéés économiques du chance-
lier, a réconnu le röle important dévolu au-
jouvd'hui au centre catholique. La vérité
m'oblige a dire ce sont ses propres
paroles que ce n'est pas le centre qui
est allé vers le prince de Bismarck, c'est
lui qui est allé au centre.
Nous sommes déjk arrivés au Canóssa éco-
nomique, avait écrit le National Zei lung, la
veille en constatant le même fait. Et dire
qu'il y a sept ans a peine que le prince de
Bismarck s'écriait en pleine Chambre: Nous
n'irons pas a Canossa!
LUXEMBOURG. Dans la discussion
du projet de loi électorale,le principe du vote
obligatoire a été rejeté par 17 voix contre 11
11 ne faut pas rendre tout obligatoire.
ANGLETERBE. La conclusion d'un
traité de paix entre Yacoub Khan émir de
1'Afghanistan et la Grande Bretagne est assu-
rée.
Au Cap, la guerre subit un temps d'arrêt.
Une discussion importante a eu lieu ii
la Chambre des Lords. 11 résulte de la déela-
ration faite par le Marquis de Salisbury, que
les ditficultés de la question Oriëntale sont
en bonne voie de solution.
M.Butt, chef du parti des Home-Rulers
irlandais vient de mourir ;i Dublin.
- Tl RQUTE.Une lettre du Czar au
Sultan propose un traité d'amitié pour com
battre le danger ii fintérieur.
L'assemblée Bulgare a élu comme chef de
lElat le prince Alexandre de Battemberg,
(de la maison de Hesse.)
1TALIE. La ligue démocratique,
inventée par Garibaldi pour entretenir ritalie
êans un état d'agitation continuelle gagne du
terrain. Pour le moment, elle demande le
suffrage universel. L'objectif vrai est leren-
versement de la monarchie.
Elections provinciates.
Le 26 de ce mois, une élection aura lieu
dans les cantons d Ypres pour pourvoir au
remplacement de M. le Baron Surmont, élu
séitateur, et de M. Merghelynck, commissaire
d arrondissement.
Les cireonstances que traverse le pays
indiquent clairement sur quel terrain portera
la lutte electorale. Eu présence des agisse-
ments du parti liberal, de ses projets néfastes
en fait d'enseignement, de son intention d'en-
lever aux catlioliques le moyen d'être élee-
teurs, il n'y a pas a hésiter. G'cst pour les
catlioliques un devoir de conscience de sui-
vre leurs adversaires sur le terrain qu'ils ont
clioisi et de les combattre a outrance. Nous
avons ;i défendre nos droits les plus sacrés et
nous ne pouvons faillir ii ce devoir.
Les projets du ministère des sept frères
mapons sont évidents. 11 s'agit pour eux d'exé-
cuter les plans de la Loge: c'est-a-dire de
déchristianiser la Belgique en sécularisant
l'enseignement, d'arracher les amès ii l'Egli-
se en supprimant Tiilstruction religieuse,
eu chassaut le prètre de l'école.
Cette oeuvre, que les Francs-Mapons pour-
suivent depuis longtemps, est entamée aujour-
d'bui d'une manière sérieuse. S'ils réussissent
de faire voter la loi Van Humbeebk par les
Chambres, ce qui est plus que probable,-
ce premier pas sera suivi de bien d'autres.
Après fenseignement laïque viendra l'en-
seignement obligatoire. La suppression de
l'enseignement catholique et libre ne tardera
pas ii suivre.
M. Frère-Örban a dëclaré ii la face du
pays que si le libéralisme revenait au pou-
voir, il aurait pour mission d'exclure de
l'école l'enseignement de la religion.
Cetle mission, il l'exécute aujourd'hui.
La presse libérale est unanime sur ce
point. L'Opinion, organe de la gueuserie an-
versoise, écrivait en 1876: Un jour viendra
et bientót, nous l'espérons, oii notre légis-
lation ne toléréra plus en Belgique les cor-
porations religieuses et. enseignantes.
Qu'on se rappelle' ces paroles d'un liberal
prussien, M. d Altenstein, et on comprendra
toute l'astuce du système suivi par nos mi
nistres:
Laissez nous seulcment les écoles
dit-il, nous vous laisserons la pompe
de vos cérémonies, votre hiérarchie, vos
évêques, et vos chapltres. Lorsque nous
aurons extirpé de tous les coeurs la racine
du catholicisme, lorsque nous aurons ren-
versé les anciennes traditions la hiérarchie
tömbera d'ellc même.
C'est en d'autres termes, cetle parole que le
l'royrès affeetiönne tant. Le curé a l'Egli-
se et cette autre. Nous respectons la re
ligion de nos pères.
Les représentants libéraux ne sont pas
moins unanimesque la presse libérale. yuel-
ques-uns par tactique voudraient marcher
prudemment et se eouvrir d un masque hypo-
crite, mais au fond ils sont d accord et les
projets de la franc-magonnerie trouvent en
eux des auxiliaires incontestables.
M. Van Humbeeck qui se defend aujour-
d bui d'avoir prononcer ces atroces paroles
Le catliolicisme est un cadavre qu'il faut
jeter la fosse déolaraït avant les élec
tions de 1876, a 1 association libérale de
Bruxelles qu'il 'voulait l'exclusion compléte
du prêtre de l'école. La separation doit
être absolue. Ce que nous voulons, disait-
il, c'est qu'il n'y aitplus même de contact
indirect avec le clergé.
Devant une situation pareillc la ligne de
conduite des catlioliques est évidente. 11 faut
combattre les projets du libéralisme dans
toutes les occasions.
Tous les pouvoirs sont intéressés dans la
question et les conseiis provinciaux auront
une influence considerable sous ce rapport
II résulte done ii toute evidence que l'é-
lection du 26 Mai acquiert une importance
considérable. II faut envoyer au Conseil pro
vincial des hommes qui défendront nos droits
de catlioliques, nos droits de citoyens beiges
et qui réclameront sans cesse la liberté que
nous garantit notre pacte fondamental.
Loi electorale.
Le bruit avait couru que le supplément de
réforme électorale, réclamé par la Federation
gaeuse et préparé par le ministère, avait ren
contré en haut lieu d'augustes resistances.
Si ces résistances se sont réellement pro-
duites, elles n'ont été ni bien tongues, ui
bien effieacés, car la presse libérale annonce
que le projet de loi, destiné ;i cönsolidèr la
suprématic des Loges, sera incessamment
déposé sur le bureau de la Chambre. II parait
même que cette réforme tient plus ;t
coeur a nos adversaires que le projet Van
Humbeeck lui-même: ils parient de suspendre
la discussion actuellement engagée au Parle
ment pour tripoter au plus tót la tarte
électorale.
II s'agit, nos lecteurs le saven!, de suppri-
mer 1 impèt sur les foyers et d'arriver ainsi ;i
de nouvelles éliminations d'électeurs, no-
tamment dans les campagnes.
Le prétexte de la mesure, ce sont les nou-
veaux foyers déclarés depuis la dernière ré
forme électorale!
Prétexte hypocrite et vain s'il en fut jamais!
Car enfin si les foyers existent, soit c'est
le cas pour la plupart qu'ils n'aient pas été
déclarés antérieurement, soit qu'ils aient été
construits depuis 1878, la base de l'impöt
est la, sérieuse, tangible et légale.
Au contraire, il y a des milliers de paten-
tes, dépourvues de toute base, qui servent, k
Anvers notamment, a grossir fraudulcuse-
ment Ie contingent électoral du libéralisme.
11 y a la un abus flagrant, énorme, assez
étendu et assez persistant pour vicier complé-
tement ia sincérité du régime représentatif.
Pourquoi l'épargne-t-on?
Pourquoi, lorsqu'on supprime Timpót sur
les foyers, ne supprime-t-on pas l'impöt u<
la patente?
Ab! le fait n'est que trop évident, c'est que
le gouvernement, en remaniant une fois de
plus notre législation électorale, n'est mu
par aucun motif de justice, mais qu'il obéit
exclusivement k des calculs politiques!
Sous prétexte de réprimer la fraude, il l i
perpétue, il en augmente Telficacité, il la
pratique lui-même et, pour tout dire en u
mot, il fait de la loi un out il a crocbeter le
scrutin
Le premier résultat de ces tripotages légis-
latifs sera de décrier complétement le régime
parlementaire dont les rouages auront été
faussés par un gouvernement sans justice ei
par une majorité sans scrupules.
Une seconde consequence de cette poli
tique partiale et arbitraire ne tardera pas a
se faire jour ce sera l'avéuement de la dé
mocratie pure et de sou instrument néces
saire, le suffrage universel. Déja Ylndépen-
dance prédit cette evolution. Les ébranclic-
ments calculés du corps électoral actuel 11-
niront par Ie rëduire a des proportions tel
les qu'il ne sera plus possible de le considc-
rer, même fictiveiüent, comme l'arbitre com
pétent des destinées de la nation.
II est superfiu d'indiquer ici les graves
conséquences de cette réforme inconstilu-
tionnelle et qui embarquerait la Belgique dë-
semparée sur l'océan des agitations popu-
laires.
A ceux qui ont dit un jour Gouverner
c'est prévoir, ;i ceux-lii de considérer l'a-
venir qu'ils nous prépareut et de peser müre-
ment la responsabilité qu'ils assument
Su(Trage universel.
Dimanche a eu lieu k Herzcle Ia réunion
annuelle de 1 'Association conservatrice et con-
stitutionnelle de 1'arrondissement d'Alost.
Journal d'"Ypres,
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