ORGANE CATHOLIOUE DE L' A RR ON DTSSEMENT.
MERCREDI 4 Juin 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1401.
On s'abonne rue au Beurre, OH, k Ypres, et a tons les bureaux de poste du royaume.
Résumé politique
- ALLEMAGNE. La Germania annon
ce que M. Guillaume de Bismarck, lils cadet
da cliancelier, dépulé au Reichstag, présen
tera, immédiatement après les vacances de
la Pentecóte, une motion demandant l'aboli-
tion de la loi sur le mariage civil'.
La Gazette de Cologne dit de son cöté que
eet événement constitue la première étape sur
la route d'une reaction tranche et ouverte.
RUSSIE. Les nouvelles des nihi-
listes nous montrent toujours ces audacieux
révolutionnaires en ligne, l'autorité forcée de
prendre les mesures les plus rigoureuses
pour les réduire.
On signale, dans ce moment, dans les vil
les de province, de nombreux symptömes
d'agitation. De fréquentes agressions sont di-
rigées contre les agents du gouvernement
des manifestos révolutionnaires sont publiés.
A Saint-Pétersbourg, le gouverneur géné-
ral vient d'édicter de nouvelles dispositions
eontrc le commerce, dés armes et des muni
tions.
Le conseil de guerre de KietF vient de ju-
ger le proces intéhté au gentilhomme Valé-
rien Ossinsky, a M,le Sophie Herzfeld et ii
fancien étudiant Wolochinko, prévenus no-
tamment d'avoir pris part ii une tentative
d'assassinat dirigée contre des fonctionnaircs
de la police.
Ossinsky et M"c Sophie Herzfeld ont été
condamnés a dix ans de travaux forcés.
ROUMËLIE. Maitre Jacques ötait
sa casaque ou la remettait selon qu'Harpa-
g'on s'adressait a son cuisinier ou ;i son co-
cher, et le gouverneur de la Roumélie orien
tate s'appellc Aleko Pacha ou prince Yogo-
ridès, selon qu'il se trouve a Constantinople
ou ii Philippopoli.
II représente it la fois f Orient et l'Occident,
la vieille barbarie et la jeune civilisation, le
Turc qui ne veut a aucun prix repasser le
Bosphore, et le Buigare qui veut a n'impor-
tcquel prix chasser le Turc de la péninsule
de Thrace. De fait, en vertu de certaincs cir-
constances concomitantes, grace aux fortes
têtes de I'Europe réunies naguère a Berlin,
sous la présidence du sage prince de Bis
marck, ii y a deux personnages distincts
dans sa personne. Du dualisme philosophi-
que, nous voilii passés au dualisme politique.
Ge dix-neuvième siècle est en tout le siècle du
Pi'ogrès. On linira par inventer une nouvelle
table de multiplication et par apprendre aux
gens l'art de marclier les pieds en Fair.
La n'est cependant point tout le beau de
1 affaire. L'histoire du nom se complique de
1 iiistoire dc la coiffure, et cettc dernière a
pris soudain les proportions d'un problème
embarrassant.
Vous porterez le fez, a dit le Sultan au
pacha-gouverneur, car il est l'emblème de
mon autorité; sans le fez, je ne suis plus rien.
Vous porterez le chapeau, ont dit les Bul-
gares au prince-gouverneur, car il est le si-
gne de notre indépendance; sans le chapeau,
nous ne eesserions pas d'etre de misérables
ra'ias.
Alternatives facheuses! dilemme péuiblc,
s il en fut jamais! Par quel biais sortir de ce
labyrinthe
L'Aleko des uns et le Vogoridès des autres
s'enest d'abord tiré en habile diplomate. Re-
cevant les notables bulgares chargés de le
complimentei' a son entree dans la province,
ii n'a paru devant eux que toto nue.
Mais tourner une difficulté, ce n'est pas la
vaincre! La redoutable question du couvrc-
chef reste, entière. Outre que les hommes de
notre génération, voir méme les potentats
les plus illnstres, ne sauraient exposer leur
cuir cbevelu aux rigueurs de l'atmosphère
sans courir le risque désagréable des coryzas
et des bronchites, il est certain que les Rou-
méliotes ne démordront pas de leur chapeau!
Cette soumission grande d'Aleko ne sulfit
pas aux Rouméliotes, et des télégrammes
nous assurent gravement que, nonobstant,
la nouvelle qu'Aleko avait porté, s'élait per
mis de porter le fez, avait répandu instanta-
nément dans le pays une agitation profonde.
Et le Nord nous dit que la seule vue de
cette coiffure considérée par les Bulgares
comme le symbole du régime des pachas, a
failli faire disparaitre en un instant tous les
beureux résultats des efforts d'apaisement
f ai ts depuis plusieurs semaines.
Aleko, qui nous parait un homme de con
cessions, estima qu'il convenait d'aller jus-
(ju'au bout. il arbora la kalpaka buigare.
Aussitöt, changement a vue. Grande allé-
gresse. Les' dépêches nous racontent qu'Ale
ko est acclamé sur tout le parcours de sou
voyage; ii Philippopoli, il est accueili par une
foule immense et enthousiaste; la population
se montre ravie.
Maintenant, suivant d'autres télégrammes,
il y a une ombre au tableau.
Si les Piouméliotes qui aspirent k se dé-
tacher complétement de fEmpire ottoman
sont charmés, les musulmans de la provin
ce sont mécontents.
Si l'on est joyeux a Saint-Pétersbourgde ce
changement de chapeau, il a causé une émo-
tion pénible ;i Constantinople. On dit, la vé-
rité, qu'Aleko aurait mandé qu'il porterait le
fez datis ces circonstances olliciclles, mais
cette assurance ne satisfait que médiocre-
ment après le précédent que l'on sait.
D'autant que, d'après. une information de
Constantinople, Aleko s'était déja engagé ;j
porter le fez turc. Aussi se demande-t-on,
dans le Divan, si la nouvelle promesse sera
mieux tenue que ne l'a été la précédente.
L'ambassadeur d'Angleterre serait aussi,
dé son cóté, fort mécontent. 11 avait vive-
ment insisté, parait-il, pour qu'Aleko portat
le fez, et, semhle par suite très-irrité de la
substitution. Dépit qui sera ceiTaincment par-
tagé par la Grande-Brelagne.
Mais, quelque puissent être ces colères
retrospectives, le changement dont les uns
se réjouissenl si haut et dont les autres se
plaignent si fort n'en est pas moins un fait
accompli, dont toute la signification suhsiste,
qui.entrainera toutes ses consequences natu
relles.
N'est-ce. pas une nouvelle occasion d'ad-
mirer la manière dont toutes les stipulations
du traité de Delia sont interprétées et appli-
quées
Elections.
Le l'rogrès pille dans un journal bruxellois
l'entrefrlet suivant: v
Les membres des bureaux électoraux ont
gagné facilement leurs 20 francs, Lundi
matin.
Les électeurs ont été rarissimes. 11 y a
certains bureaux oii il n'est. venu presque
personne.
!l donne a cette bourde le litre de Nouvelles
locales. Question do faire une nouvelle appli
cation du pavé de Fours.
Les libéraux n'ayant pas osé entrer en
lutte, on peut croire que les scrutateurs
étaient généralement des cath'óliques et ainsi
leur lancer un petit trait.
Or il se fait que le porti libéral était très-
largement représenté parmi les scrutateurs.
Mais ceux-ci n'ont touché que 5 francs et non
20, comme le dit le l'rogrès.
Lc bureau principal, était compose de MM.
de Codt, Beaucourt, Brunfaut ct Beliarelle,
qui ont touché 15 francs.
15 francs facilement gagnés, n'est-ce pas,
l'rogrès?
Le porti libéral n'a pas de frais d'élection.
On met a la porie, c'cst l'expression
vraie, MM. Alphqnsc Vandenpeereboom
et Diegf'i'ick, de la Commission du Musée,
sansmême les prévenir de cette decision.
Cel a s'appelle une prétendue éliminalion,
d'après le l'rogrès.
Car un jour le buste de M. Alphonse fi-
gurera au Musée a cMó de celui de sou
défunt. parent.
Au Muséo.
En nouvel article du l'rogrès k mettre au
Musée. On ne devinerait jamais comment ce
journal compreml les eliminations.
Lu loi Yan ïlumboeck.
La loi de 1842 aura hientöt vécu. Eile se
ra remplacée par une loi, sortie du fond des
Loges et destinée a extirper le sentiment
religieux du.cceur del'enfance.
Lo. libéralisme va done atteindre son bul:
arracher les ümes a f Eglise. Mais qu'il le
saclie, on ne déf'ait pas impunément ce que
l'Eglise a édifié. G'esl porter une sccoussc
violente ii l'édillce social que de porter a!-
teiiite ii l'édificereligiéux.
L'Earope fait en ce moment la triste expe
rience de cette grande vérité. L'Allemagtie,
la Buss'e, la Franco, l'Ilalie ot. l'Espagne
voient cbez eux se développer le socialisme li
mesure que lc sentiment religieux s'alfaiblit.
Le vicil Empereur Guillaume et son rusé
cliancelier font compris, et sans osei' en une
fois s'adresser ii l'Eglise, qui seule peut re-
médier au mal, ils se rapprochent de Rome
dans l'espoir (juc Rome. se rapprochera d'eux
et sauvera la société.
Naguère encore, le Czar de Russie erut
pouvoir se passer de l'Eglise; il envoya mê-
mc en Sibérie les Evêques et les prêtres
catboliques. Aujourd'hui, pressé par le dan
ger qui menace son trönc et son empire, il en
appelle ii Rome et fait proclamer dans toutes
les églises de ses vastes Etats la récente Et -
cyclique de Léon XIII sur le socialisme.
Les esprits bien peasants que leur libéra
lisme n'a pu ébloqir au point, de les rend re
ayeugles, recónnaissent. les bienfaits opérés
par finfetruction rejigieuse. Au lieu de cri-
tiquer le clergé, a dit M. Jules Simon, il
taudrait imiter sou exemple et se réunir sur
le terrain de la nécessité de Tinstructión,
oü i! ne devrait pas y avoir de divergences
et surtout faire connne ceux qui prodiguent
leur argent et leurs peines pour propagér
finstrucfon.
Nos libéraux trouveront sans doute que M.
Jules Simon, qui ose prononcer des paroles
semblables h une distribution de prix, est
devenu un affreux calotin. Mais l'ancien mi-
nistre de la République n'est pas seul de eet
avis. Tous les hommes qui n'ont pas p'oussé
jusqu'a la rage leur liaine pour le catholicis-
rne, ont proclamé la nécessité dc fenseigue-
Journal d'Ypres,
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