ORGANE CATHOLIQUE DE L'A RRONDISSEMENT. SAMEDI 14 Juin 1879. 10 centimes le numéro. 14e année. N° 1404. On s'abonne rue au Beur re, 66, a Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume Résumé politique ALLEMAGNE. L'Empereur Guillaume el rimpératrice Augusta ont célébré Mercre di le cinquantième auniversaire de leur mariage. Les populations de toutes les parties de l'empire ont saisi cette occasion pour mani- fester de nouveau leur sympathique et cor- dial attachement a leurs souverains. Les journaux de Berlin nous apportent l'ex- pression des sentiments de loyalisme de la nation pour la familie royale, laquelle ellc reste sincèrement dévouée. C'est par mil- liers que l'ön compte les adresses de félici- tations qui ont été rerues au palais imperial des villes et des villages les plus reculés de l'empire et même des colonies allemandes de I'étranger. La ville de Berlin est richement pavoisée el de nombreuses députations des provinces parcourent ses rues. L'affluence des étran- gcrs est énorme. L'éclat des fètes, destinées li célébrer les noees d'oc du couple impérial, va se trou- ver malheureusement diminuée par l'état de santé de l'Empereur, qui n'est pas enco re complètement guéri du regrettable acci dent qui lui est arrivé dernièrement au chateau de Babelsberg. Ces fêtes ont cepen- dant commence Mercredi a midi par la reception des princes allies a la familie im périale, ainsi que des princes et ambassa deurs étrangers chargés de porter aux au- gustes jubilaires les felicitations de tous les souverains et gouvernements d'Europe. II est regrettable que l'amnistie qui sera concédée a l'occasion de cette fète patrioti- que ne s'applique pas aux prêtres qui sont en prison ou en exil pour des questions de conscience. Ce fait dit la Germania, prouvera une fois de plus que nous som- mes encore bien éloignés de la paix et toujours en plein dans Ia lutte. Sqns dou- te le peuple catholique désirc que cetle lutte prenne fin, mais non pas aux dépens des droits et des libertés de l'Eglise. HOLLANDE. Le prince Guillaume d'Orange, premier fils du roi Guillaume des Pays-Bas, héritier présomplif du tröne, a suceombé, cette semaine, a Paris, au mal dont il avait été attaint il y a quiuze jours a peine. Le prince Guillaume était né le 4 Septem- bre 1840. 11 allait done atteindre prochai- nement sa 39c année. Ses droits au tröne des Pays-Bas passent h son frère cadet, le prince Alexandre, né le 25 Aoül 4851. Le prince d'Orange occupait dans l'armée néer- landaise le grade de lieutenant amiral de la marine et de lieutenant-général d'infanterie. Le prince Alexandre est malade et cbétif. la question de la succession du tröne préoc- cupe très-sérieusement, et h bon droit, nos voisins du Nord. RUSS1E. A Livadia comme a St- Pétersbóurg, le Czar Alexandre est le point de mire des conspirateurs uihilistes. Leurs proclamations et leurs menaces pénètrent jusque dans le palais impérial. C'est ce que constate en ces termes Ie Whitehall Review: A la demande spéciale du czar, deux detectives, les olus habiles de la chancelle- rie du général Urentelu, oilt été envoyés ii Jaltapour découvrir la piste des uihilistes qui se caciient au palais impérial. Dans la crainte d'être empöisonné, Ie czar a dü soumettre h des restrictions la vente du poison A Jalta, et un officier de gendarmes a été chargé de surveilier Ia préparation des mets dans la cuisine de Livadia. L'audace des nihilistes dépasse toute croyance. Ces jours dérniers, en se reti- rant pour se mettre au lit, le czar a trouvé sous ses vêtements de nüit un paquet d'ex- emplaires de ce tendre journal révolution- naire: Terre et Liberie, el h la suite des recherches qui eurent lieu alors, on déeou- vrit une proclamation révolutionnaire dans le cabinet de l'empereur. Ces actes semble- raient indiquer que les nihilistes ont un agent dans le palais, d'autant plus que les membres de la familie impériale repoivent avec une touchante régularité les produc tions de la presse révolutionnaire, et le czar doit employer une assez grande partie de son temps a arracher des mains de ses jeunes fils, Paul et Sergius, ces feuilles daugereuses. Le Golos, de Saint-Pétersbourg, annonce qu'a Tornié, en Sibérie, on a découvert p'iusieurs fabriques clandestines de poudre, cbez des paysans déportés. L'enquête a prouvé que les autorités locales étaient au courant de la chose, mais qu'elles avaient été gagnées ;i prix d'or pour garder le si lence. Quant aux incendies, on ne les compte plus en Bussie; ;i tout moment, des villages entiers sont la proie des Hammes. Une fabrique de cuirs, dans les environs de Saint-Pétersbourg, a encore été ineendiée ces jours-ci par une main criminelle. Le général Drènteln, chef de la police secrète de Saint-Pétersbourg,a déclaré, ces jours derniers, qu'il ne pourra rien faire ui rien découvrir de sérieux jusqu'A ce que l'accès de certain cabinet du palais de Marbre lui soit ouvert. Or, c'est le grand-duc Constantin, frère de l'empereur, qui habite le palais en question. Le Golos signale comme un fait de la plus haute importance, et qui marque le triom- phe de ia tolerance religieuse en Russie, la publication de la lettre pastorale du cha- noine Solkevitsch, administrateur de l'ar- chidiocèse dc Varsovie, lettre publiée par la Gazeta Polska, et reproduite par le Golos. Dans cette lettre, le chanoine Sotkevitsch a pu remettre ti tous les vicaires de son diocèse un exemplaire de la dernière Ency- clique de N. T. S. 1'. le Pape. La publication de cette Encyclique est, d'après le Golos, une preuve irrefutable que l'accord entre le gouvernement russe et le Saint-Siége est rétabli. LONDRES. La Pall Mall Gazette annonce la faillite de MM. Samuel Johnston et C", marebands au Brésil et ayant des maisons ii New-York, Londres et Liverpool. On évalue le passifè 160,000 livres ster- ling. Un de nos lecteurs, dit le Bien public nous adresse la lettre suivante, empreinte d'une rude franchise, rnai^ qui contient néanmoins des conseils si opportuns et si justes, que nous n'hésitons pas a l'accueil- lir dans nos colonnes Aux Catholiques. Monsieur le Rédacteur, II y a quelques jours, vous exhortiez les catholiques qui lisent votre excellent jour nal a scruter leur conscience, et ii se de- mander, dans le silence du cceur, s'ils sont prêls, chacun suivant ses moyens, h faire boDne guerre aux écoles sans Dieu. J'ai suivi voire conseil, et l'examen que j'ai fait m'ayant conduit ii quelques remar- ques générales, je vous les communique, sans la moindre pretention de servir de modèle it personne, mais convaincu que les bonnes pensées, semblables au grain de sénevé, peuvent germer et se développer, sous le soleil bienfaisant de laFoi, quelque bumble que soit la main qui les sème et les confie au champ de la publicité. Voilii plusieurs mois que le Bien public nous fait assister au Mouvement contre le pro jet Van Humbeeck. Toutefois ce ne doit être lii qu'un prélude. Semblables ii une armée en campagne, les troupes de la défense catholique ont parcouru le pays menacé; tous les hommes valides ont été recrutés: nos orateurs, com me les hulans qu'il immortalisés la guerre de 4870, ont poussé des reconnaissances partout et disposé il la résistance un peuple entier, blessé dans sa Foi. L'lieure solennelle approche; encore quelques jours, et la loi Van Humbeeck, la plus funeste qui ait été portee depuis 4830, sera votée. Alors ce ne seront plus de sim ples mouvements stratégiques, ce seront des actes, et des actes énergiques qu'il fau- dra journellement enregistrer. La bataille sera cliaude, ne nous Ie dissi- mulons pas. A qui sera la victoire? Je ré- ponds résolument: a nous, si nous yoülons l'avoik. Un fait incontestable, c'est que, malgré de douloureuses et trop nombreuses defec tions, la Belgique compte encore une énor me majorité de catholiques: la noblesse, qui possède il elle seule une grande partie du sol, est généralement catholique; la bourgeoisie, dont les éléments disparates out subi davantage les effets de la Involu tion, rious appartient néanmoins en grande partie, témoin le succès toujours croissant des établissements catholiques destruc tion, destinés ii ses enfants; le peuple enfin, principalement le peuple des Campagnes, est resté très-attaché ii la religion de ses pères. Nous sommes dix contre un. Si nous nous laissions battre, si nous laissions les éco les neutres faire leur oeuvre, c'est-A-dire neutraliser l'ame de nos enfants, et arra cher la Foi du coeur du peuple, ce serait le fait le plus insigne et le plus navrant de lacheté que l'liistoire de Belgique aurait jamais enregistré. Notre patrie a su conser- ver et défendre sa Foi malgré les persécu- tions sanglantes des gueux du XVI' sièole. Elle peut jusqu'ici, comme l'Irlande, reven- diquer fièrement le titre glorieux de nation toujours fidéle a l'Eglise. Abandonnera-t-elle aujourd'hui, sous la persecution-bureaucra- tique et législative des gueux du XIX' siè cle, ce caractère distinctif qui a fait sa force et son bonheur pendant douze siè- cles?... I. Si tous les catholiques riches étaient bien pénétrés des devoirs qu'entralne une posi tion sociale élevée, s'ils voulaient compren- dre qu cette position correspond devant Dieu une responsabilité équivalente, quels efforts ne feraient-ils pas pour remplir les devoirs qui leur incombent? Nous le disons sans détour: bon nombre de catholiques, croyants etpratiquantsdu reste,nous parais- sent être ii eet égard dans d'étranges illu sions. Cela est particulièrement vrai, mal gré d'éclatantes exceptions, pour la nobles se de certaines villes et pour ces families opulentes oii l'on vit noblement.» De ce qu'il n'est pas illicit© en soi de mener un grand train de vie, d'avoir de nombreux serviteurs, des hotels et des meubles ma- gnifiques, des écuries remplies de chevaux de race, de donner des fêtes splendides, Journal d'Ypres, Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable, par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour I'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Dócembre. Les articles et communications doivent être adrèssés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplé mentair,és coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les 2 Fiandres) s'adresser YAgence Havas Laffiteet C" Bruxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. 1 j.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1