respect pour la Religion de vos pères!
II parait que la décision du Conseil n'est
pas motivée. Eh ma foil comment pourrait-
on la motiver, si ce n'est en faisant valoir les
grands arguments de la séparation de l'Egli-
se et de l'Etat, de la liberté des cultes, de la
nécessité de la défense nationale contre les
menées de rultramontanisme?
La décision a été prise nous dit-on
par neuf voix contre deux et une abstention.
Est-ce conscience de la part de ces derniers,
ou bien calcul et hypocrisie? Nous préférons
croire, pour l'honneur de la ville, qu'il existe
dans le Conseil communal deux hommes qui
estiment qu'on peut maintenir un usage anti
que et solennel, sans blesser la conscience
de qui que ce soit, sauf peut-être la con
science de ceux qui n'en ont pas. Quant au
membre qui s'est abstenu, nous serions peu
étonnés d'apprendre que ce fut notre franc et
courtois Bourgmestre. II y a des susceptibi-
bilités ménager, des positions garder,
des apparences a sauver, des sentiments
étaler et d'autres laisser deviner. Dissimu-
ler n'est pas une vertu; mais c'est quelque-
fois une nécessité, n'est-ce pas, 31. Vanheule?
Or 1'abstention dit tout et ne dit rien.
Mais laissons nos Sapeurs a leurs pompes
et nos Conseillers h leurs décisions. La pro
cession est sortie, malgré eux, accompagnée
d'une foule nombreuse et recueillie. Partout
du respect; de l'hostilité nulle part, si ce
ce n'est peut-être l'ombre, de la part de
ceux qui ne croient pas et veulent imposer
la loi a la majorité qui croit.
A défaut de la musiquc des Pompiers, nous
avons eu le plaisir d'entendre la Fanfare
du Cercle catholique. Elle s'est exécutée a
l'entière satisfaction du public. Ses membres
étaient heureux et fiers d'accompagner le
St-Sacrement.
C'est bien lil ce qu'il fallait, une position
nette et franche; plus de grimaces officielles,
plus de respect oflicieux; de la foi, de la dé-
votion, desprières.
Denier des écoles catholiques.
Une mère de familie de Bruges suggère au
Bien public un excellent moyen de recueillir
des fonds pour les écoles catholiques:
Je propose, écrit-elle ce journal, de
placer dans toutes les families bourgeoises
et autres un tronc du Schoolpenningoü cha-
que membre de la familie versera le produit
d'une petite économie, d'une petite privation.
On se passera d'un cigare, on versera 10 c.
dans la boite. Une patisserie de moins a ta
ble, un petit noeud de moins dans les clie-
veux, l'achat d'un porte-cigare, d'une pipe
de luxe remis des temps meilleurs, voilü
de Lamaze, a fourni lo capital nécessaire. C'est
un assez vaste batiment, très-modeste et très-nu,
mais très-aéré et très-sain. Les murs sont blan-
chis a la chaux. Deux dortoirs, contenant une
double rangée de lits de camp, sont séparós par
une salie garnie de bancs et de tables en bois
blanc, pour la conversation ou la lecture. Cha-
que lit est pourvu d'une chaude converture. On
change les draps toutes lessemaines en été; mais,
si, i la visite quotidienne, il est constaté qu'ils
sont malpropres ou... habités, on les renouvelle.
II y a, a droite, dans la cour d'entrée, une cham-
breen soussol, oü l'on soumet la literie et le ves
tiaire a des fumigations sulfureuses.
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire la
chrétienne et touchante allocution de M. le curé
de Notre-Dame-des-Champs et le spirituel et dé-
licat exposé de M. le baron de Livois, président
de VCEuvre de VHospitalité de Nuita Inaugu
ration de ce nouveau refuge.
Une estrade avait été dressée dans la salie
d'entrée, sur laquelle avaient pris place MM. le
baron de Livois, président de l'oeiivre; le comte
autant de ressources pour nos écoles catholi
ques et libres!
De temps en temps on se passera d'une
bouteille de vin, le Dimanche on fera une ex
cursion de moins. Les enfants seront de la
partie et, au lieu de dépenser en futilités leurs
petites Economies, songeront a leurs petits
camarades pauvres, guettés par les racoleurs
de l'école libérale.
On sera stupéfait de la somme énorme
qu'on trouvera au bout de l'an dans la boite.
Une feuille de la Loge annonce que tous
les sénateurs libéraux seront a leur poste
pour voter le projet de loi sur l'enseignement
primaire.
Le V.-. F.'. Van Schoor qui avait été
assez gravement atteint d'un point pleuréti-
que est aujourd'hui complétement remis.
C'est lui qui remplira pour la gauche sénato-
riale les fonctions de whipper in. 11 compte
absolument sur tout son monde.
31. Boyaval fera sa rentrée; M. Laoureux
qui souffre d'une affection des yeux ne
manquera pas.
Quant ;i 31. de ïornaco que les journaux
cléricaux disent malade,il sera a son poste
comme tous ses amis et il votera la lui.
Sénat.
'Le Sénat a commencé Lundi la discussion
de la loi de malheur qui biffe la religion
du programme des écoles communales.
31. le baron d'Anetlian a, dans une décla-
ration substantielle et énergique, résumé les
motifs qui détennineront la droite repous-
ser le projet de loi.
L'ceuvre maeounique a été ensuite préco-
nisée par 31. Grocq et défendue par 31. le
ministre de l'instruction publique. Le pre
mier, se plapant au point de vue rationaliste,
a fait valoir en faveur du projet la prétendue
supériorité de la morale indépendante sur la
morale chrétienne; il est d'avis qu'on peut so
passer de la religion et la remplacer avanta-
geusement par la gymnastique.
31. Van Humbeeck a présenté sa réforme
comme la mise en pratique des vraies doctri
nes constitutionnelles, méconnues selon lui
par le législateur de 1842.
Nous analysons sans discuter: il est trop
évident pour le lecteur de bon sens et de
bonne foi que la casuistique constitutionnelle
du ministre-fossoyeur vaut tout juste la phi-
losophie de 31. le docteur Grocq.
Le seul point, et il est important, qui dif-
férencie les deux discours, c'est que le mi
nistre franc-mapon est beaucoup moins franc
sinon moins mapon que le sénateur de Bru-
xelles. Fidéle la tactique d'hypocrisie qui a
des Cars, vice-président; l'abbé Ilardouin, curé
de Notre-Dams-des-Champs.
Parmi l'assistance, on remarquait MM. le com
te de Mortemart, le baron de Vaufrelard, le mar
quis de Saint-Geniós, le comte de Lambertye, le
marquis de Ferriéres, la comtesse Léotand, la
comtesse de Biron, la comtesse des Cars, etc.,
etc.
Si nous parions de cette- (Euvre de VHospita
lité de Nuit, c'est surtout pour la recommander
a ceux de nos lecteurs qui auraient besoin d'ou-
vriers et d'employés.
Mais c'est, aussi, pour faire remarquer que ce
sont des prêtres, des religieux, de nobles per-
sonnages, de grandes dames, qui se trouvent a
sa tête. Oü sont done les institutions charitables
de nos maitres, ces fameux démocrates en paro
les lis ont acheté des palais et des carrosses,
Pans n'apas d'assez savants cuisiniers pour leur
table... fraicheraent dressée, mais enquois'oc-
cupent-ils du peuple, qui a cru a leurs promes
ses, qui souffre peut-être par leur faute
dicté l'art. 4 du projet, 31. Van Humbeeck
affecte de s'étonner encore que la nouvelle
école puisse alarmer la conscience de nos po
pulations chrétiennes.
31. Grocq, au contraire, se charge et
c'est un service qu'il nous rend de justi-
fier les appréhensions des pères de familie
en caractérisant par un nom, mais un nom
fort significatif, la morale qui sera ensei-
gnée dans la nouvelle école primaire. Ge sera
la morale de 31. Tiberghien, la morale du
plus libre-penseur des libres-penseurs de
l'Université de Bruxelles
Après ce trait de lumière, on peut aller
aux voix les convictions sont faites, il faut
choisir entre le cliristianisme dans l'école et
sa négation radicale.
La séance d'hier a été féconde en décon-
venues pour le ministère.
Le premier, le plus grave désagrément
qu'il a eu subir a été une déclaration très-
ferme et fortement motivée du président de
la haute assemblée contre le projet de loi
Van Humbeeck. 31. le prince de Ligne re
pousse cette loi de guerre comme inop
portune et dangereuse au premier chef; il la
regarde comme un acte de lése religion et de
lèse patriotisme.
3131. Frère et Van Humbeeck, assis au
banc des ministres, étaient visiblement atté-
rés sous le coup de ce noble langage, digne
d'un patriote et d'un homme d'Etat. Ces pa
roles ont fait sensation au Sénat et elles
auront dans le pays un profond retentissc-
ment.
Un des plus jeunes membres de la gauche,
M. Delecourt, a parlé ensuite, et son discours
péniblement débité est encore une malchance
porter au passif des partisans de l'école
sans Dieu. Tout en s'évertuant ;i défendre le
projet du gouvernementce sénateur-étour-
neau s'est mis démontrer que la loi de
1842 était de tout point constitutionnelle.
Dès lors pourquoi la mettre a la réforme?
Après quelques paroles de 31. Solvyns a
l'appui de la note dè la minorité, la cloture
de la discussion générale a été prononcée.
La gauche, qui avait tous ses membres pré
sents, y compris les moins valides, voulait
passer immédiatement au vote des articles.
3Iais cette tactique a été déjouée par la vigi
lance d'une partie de la droite qui, aux ter
mes du règlement a exigé que le vote fut ren-
voyé a ce jour.
G'est done aujourd'hui que le sort du pro
jet sera fixé.
Le Monde public la note suivante, qui vise
directement une allegation produite par 31.
Frère-Orban dans le débat qui a eu lieu la
Chambre sur le projet Van Humbeeck:
Dans la récente discussion sur la liberté
de fenseignement au Parlement beige, 31.
Frère-Orban, avec eet audacieux sans fapon
vis-a-vis des faits qui est propre aux libéraux,
a osé dire que les catholiques de Belgique
étaient moins tolérants a l'égard des écoles
de l'Etat que ne l'est l'autorité ecclésiastique
a Rome, attendu que celle-ci entretient des
relations avec les autorités scolaires.
Nous croyons pouvoir assurer que 31. Frè
re-Orban, en cette occasion comme en bien
d'autres, ne s'est que médiocrement inquiété
de l'exactitude du fait qu'il a avancé; .nous
savons, en effet, de bonne source que son
affirmation est absolument controuvée et n'a
aucun fondement.
On écrit de Malines:
Je crois devoir vous signaler un nouveau
système de propagande maconnique dans nos
campagnes; je vous le signale afin que les
catholiques soient avertis.
Depuis environ deux mois les Loges ont
fondé a Gand un journal portant pour titre:
De Goudmijn des Vaderlands, et ayant pom-
entête une vache (ceci est tout fait de sai-
son, c'est le signe de la Béte. Ce carré
de papier maponnique est envoyé gratis deux
fois par mois d tous les électeurs ruraux des
trois catégories. II est inutile de dire que les
articles de ce chiffon gueux sont dignes du
Père Duchêne, de sinistre mémoire.
P. S. Voici les provinces oü l'on expó-
die cette mine d'or nationale maponnique: les
deux Flandres, ie Limbourg et la province
d'Anvers, plus le nord du Brabant.
On vient de m'afflrmer qu'une édition wal-
lonne de ce pamphlet selon le coeur du V.\
F.*. Laurent est envoyée, également gratis,
tous les électeurs ruraux des provinces
méridionales
Bibliographic.
Nous attirons tout spécialemeut l'attention de
nos lecteurs sur le Geïllustreerd Familieblad
(Journal illustré des families), paraissant a l'Im-
primerie Hubert VOS, S'-Gilles-Bruxelles.
Un roman trés intéressant, intituléMisdaad
en Bedrog (Grime et Escroquerie) sera com
mencé dans le numéro du Samedi 14 Juin, de mê-
me qu'une aventure bruxelloise tout a fait plai-
sante Geert Janssens, ongetrouwd .en ge
trouwd (Gérard Janssens, célibataire et mari).
Ges deux récits, l'un sérieux, l'autre divertis-
sant, dépeignent complétement les différents
caractères beiges.
Comme le Geïllustreerd Familieblad ne s'oc-
cupe aucunement de politique et qu'il n'a d'autre
vue que celle de procurer a la sociétó une lectu
re a la fois utile et agréablo, nous croyons pou
voir le recommander a tout le monde.
Faits divers.
Voici une nouvelle bien inattendue
M. le lieutenant-général Berten est rentréa
Bruxelles, Vendredi soir, après une absence de
huit mois. II a passé la nuit de Vendredi a Same
di a l'hötel de la Gare du Midi et, le lenderaain,
il s'est fait conduire chez sa belle-lille.
D'oü vient-il et oü a-t-il passé tout ce temps 1
Impossible de le savoir encore, attendu que le
général est rentré très-fatigué, indisposé mème.
Son entourage attend des explications sans oser
les provoquer.
Déja unjugement avait déclaré l'absence de eet
honorable officier général et désigné un membre
dé sa familie pour administrer ses biens. Natu-
rellement celui-ci avait renoncé l'appartement
non garni qu'occupait M. Berten, chaussée de
Charleroi, et fait veudre les meubles et effets qui
s'y trouvaient.
Une instance en référé est déja introduite pour
obtenir la revision de ce jugement etrendrea
M. Berten son existence civile.
Lesjournaux de Paris publient des détails
assez intéressants sur la mise en liberté de Blan-
qui.
Mardi soir, assez tard même, une des soeurs
de Blanqui, qui était aClairvaux depuis plu-
sieurs jours, apprit par un des gardiens de la pri
son que son frère allait être libre.
Le gardien ajouta que le directeur de la prison
la priait de venir elle-même annoncer la nou
velle a son frère.
II était alors plus de dix heures, le-prisonnier
dormait dans sa celluie. Onleréveilla pour lui
apprendre la bonne nouvelle. Le directeur ac-
compagnait a ce moment la soeur de Blanqui.
Le directeur de la prison ajouta qu'il fallait
partir le plus tót possible. L'ordrede mise enk
berté voulait aussi que le depart fut immédiat.
Voila done Blanqui qui se léve et s'habille. O"
fait les malles, on se dépêche: le train partait
dans quelques heures, et il importait de ne le
point manquer.
Les préparatifs sont bientót achevés; on monk
en voiture pour se rendre a la gare.
Les voitures partent, et peu d'instants aprfö
on arrive sur le quai de la gare.
Blanqui, silencieux jusque-la, remercie le <k
recteurde l'avoir accompagné; puis, escorte tou-
jours de sa soeur, Mm« Rouyer, il choisit un Va'
gon et le train se met en marche.
Mercredi matin, a dix heures, le frère etla
soeur sont arrivés a Paris par le train de Mul
house.
c;