Le prince de Ligne. marclie flatteuse est évidemment destinée ;i rester sans efFet. A prés s'être séparé du parti libéral sur la question de renseignement primaire, M. Ie prince de Ligne était deveriu suspect aux chefs de ce parti dont les tendances brutale- ment irréligieuses s'accentuent tous les jours. Voici la lettre que le prince de Ligne a adressée ii M. le ministre de l'intérieur Monsieur le ministre, Voici celle que M. le prince de Ligne a envoyée au Sénat: D'après ce que rapporte 1' Indé petulance, c'est M. le général Mockel qui serait définiti- vemeot appelé ii prendre la succession de feu le général Renard au ministère de la guerre. Des offres aui'aient été faites h MM. les gé- néraux Brialmont et Baudoux, ainsi qu'au co lonel Nicaise, et ces messieurs auraient mê- me été, ii différentes reprises, appclés de Sa Majesté; mais ces offres, pour des raisons diverses, auraient été déclinées. On dit aussi que c'est M. le lieutenant gé néral pensionné De Jaegher qui serait nommé inspecteur général de la garde civique. Les nominations ne paraitraient toutefois que dans quelque temps au Moniteur. Les placards de Bruxelles. Roueries Gucuses. Une curiosité politique assez rare nous est offerte en ce moment par notre presse libé rale vouée avec acharnement, tout entière, a la defense des nouveaux impóts réclamés des Chambres. L'argumentation de tous ses or- ganes est si uniforme qu'elle est évidemment dictée de haut comme un mot d'ordre. Le pu blic en a déjh les oreilles rebattues le dé ficit du trésor est l'ceuvre du cabinet-Malou Force est au cabinet-Frère de le combler pour éviter la banqueroute! Done les ressour ces sollicitées sont aussi légilimes que néces saires, et l'opposition doit les voter. La conclusion et les prémisses sont fau's- ses. Le suffrage de nos amis est libre paree que le déficit ne provient pas des dépenses de l'ancienne majorité, paree que la majorité actuelle les a approuvées, paree que le reve nu de trois millions qui manque au trésor a été causé par une diminution imprévue de ses recettes, enfin paree qu'il serait aisé de rétablir l'équilibre moyennant quelques éco- nomies it réaliser dans les sept départements. Ceux qui reprochent a M. Malou de ne les avoir pas opérées se reconnaissent obligés ii y recourir. Ne le faisant pas ils ont la bou- che close sur ce point. Les diverses assertions sommaires que nous venons de formuler, seront parfaite- ment justiliées dans le prochain débat par lementaire, et nous n'hésitons pas it prédire que le jugement du public impartial sera sé- vère pour les auteurs des fmasseries finan- cières dont on rend victimes les coutribua- bles déjii surtaxes. Notons itérativement, cette anomalie crian te le nombre des électeurs décroit ii mesure que s'accroit l'impöt, base du droit civique. N'est-ce pas l'idéal de la fourberie doctri naire (La Paix.) Nous lisons dans le Nouvelliste de Verviers: Nous apprenons que le Ministère, en pré sence du mécontentement général de notre ville et peut-être aussi sur les instances du gouvernement allemand, retire son arrêté d'expulsion contre les Frères de Coblence. Seulement, pour donner une liche de con solation aux amateurs de persécution reli- gieuse, M. Bara enjoint aux frères de se dis perser dans les différentes écoles beiges ap- partenant ii leur congrégation, et il demande que l'institut St-Josephde Verviers perdeson caractère exclusivement germanique. Nóanmoins eet établissement, espérons- nous, continuera d'exister au grand mécon tentement de la coterie, qui eüt voulu priver notre commerce local de eet important bien- fait. Lc mécontentement contre le projet d'ex- pulser les Frères de Coblence, était si grand en notre ville, qu'après le rejet de la petition des commergants, une requête aux Chambres législatives a été rédigée et soumise exclusi vement a la signature des électeurs généraux propriétaires. Cette pièce, qui devient aujour d'hui inutile, portait déjh plus de cent sous- criptions, dont un certain nombre appartien- nent a des libéraux notoires. Avant la fin de la semaine prochaine elle aurait été revêtue de trois ou quatre fois autant de noms. La propagande républicaine s'exerce, en ce moment, dans le llainaut, avec une activité surprenante. Ce que l'on y vend de feuilies républicaines frangaises est prodigieux, ef- frayant. Cette province paraitrait k un étran- ger un département frangais, s'il entrait dans un estaminet, même de village, et regardait sur les tables les journaux qui y trainent. Ainsi dans la seule ville de Tournai la feuille républicaine se distribue quotidiennement j sept cents abonnés. Et Tournai n'est pas la localité la plus infectée. Que doit-ce être des autres? Voici comment cette propagande s'exerce et comment la clientèle se fait. L'administra- tion du journal en apparence, la franc-ma- ponnerie en réalité, envoie dans une localité deux crieurs de clioix, gens liabiles, h bonne mine, ii voix bien timbrée, actifs, remuants, audacieux. A eux de crier, de recommander, de placer la publication républicaine et trop souvent ils réussissent. lis passent quinze jours, un mois, suivant l'importance de l'en- droit. La place faite, comme on dit, c'est-h- dire la clientèle formée, ils sont remplacés par des crieurs de second ordre qui n'ont qu'ii continuer l'exploitation. Les premiers sont allés ailleurs recommencer la besogne, lis regoivent pour cette besogne parfois tren te francs par jour, mais ils en rapportent davantage encore, parait-il, ii ceux qui les emploient. Toutes les localités importantes seront ain si exploitées. Notez que M. Bara, qui traque tous les prêtres étrangèrs, et les fait recon- duire ii la frontière, ne trouve rien ii repren- dre ii cette propagande destinée ii remplacer, dans l'édilice un peu vieux de la Constitution, la pierre vermoulue de la royauté, par le roe inébranlable de la république une et indivisi ble. Ces colporteurs frangais vont et circu- lent librement dans tout le llainaut. La franc- in agonnerie les emploie. M. Bara les protégé. (Gazette de Liége.) Le prince de Bismark et ie Kulturkampf. Un passage du discours de M. de Bismark relatif au Kulturkampf s'étant trouvé beau- coup trop résumé par 1'Agence Havas, nous en reproduisons la traduction littérale Voici maintenant les remarques de la Ger- mania J'ai l'honneur de vous envoyer ma démissioo de sénateur de l'arrondissement d'Ath. Mon grand age et les inflrmités dont je suis atteint me font sentir la nécessité de rentrer dans la vie privée, aprés 41 ans de services diploma- tiques et législatifs. Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'assu- rance de ma consideration la plus haute. Le prince de Ligne. Beloeil, le 18 Juillet 1879. A Monsieur le ministre de l'intérieur Messieurs et honorés collègues, J'ai l'honneur de vous informer que j'enver- rai aujourd'hui ma démission de sénateur a M. le ministre de l'intérieur. Arrivé a l'age de 76 ans et atteint d'inflrmités qui me mettront bientót dans l'impossibilité de remplir mon mandat, je sens que l'heure de la retraite a sonné pour moi. C'est avec une émotion profonde que je vous adresse mes adieux. La reconnaissance est la mémoire du coeur; qu'il me soit permis de vous en faire entendre les derniers accents. Vous qui avez fait de moi l'exception la plus flatteuse dans les annales parlementaires du monde, en m'ap- pelant a l'honneur de présider votre assemblée modèle entre toutes, pendant trente sessions lé- gislatives, conservez quelque souvenir d'un an cien collègue qui gardera les noms de cliacun de vous dans sa pensee, jusqu'aux derniers jours de sa vie. Beloeil, le 18 Juillet 1879. Nous recevons de Bruxelles quelques détails précis sur la fameuse conspiration des pla cards a laquelle la presse libérale, depuis que les jésuites sont mêlés a l'incident, cherche a donner les proportions d'un drame judiciaire. L'individu prévenu d'avoir apposé les placards sóditieux est un ex-tapissier, failli, d'après Vin dépendance, et sujet, d'après l'offlcieuse Etoile a des accès fréquents de délire alcoolique, deli rium tremens. C'est ce personnage plus que suspect qui seul accuse, non pas un Père Jésuite du Collége Saint- Michel, mais un simple Frère-coadjuteur, le Frère Nicolaï. de lui avoir remis de l'argent, en vue de l'apposition des placards incriminós. La presse libérale, pour les besoins de la mise en scène, transformait le PèreX...en biblio- thécaire du collége St-Michelelle ajoutait qu'il occupait un poste de coniiance dans la maison. Or, le frère N'-colaï est un simple et bon vieil- lard, presque octogénaire et dont les fonctions véritable sinecure consistent a faire les commissions des RR. PP. Bollandistes et a estampiller les livres de leur bibliothèque. Les habitués de la bibliothèque de Bourgogne, entre autres, doivent connaïtre ce vénérable invalide, a l'humeur joyeuse, et qui aimait a oifrir une prise de tabac aux geus qu'il pencontrait. II res- semble a un conspirateur cornrne M. Bara a un óvóque. Nöus le répétonsc'est le sieur Van Hamme seul qui accuse le Frère Nicolaï et c'est sur cette accusation plus que suspecte que la justice a dóployé un appareil solennel et inusitó qui tó- moigne de plus de zèle officieux que de bon sens et d'impartiale modération. L'Etoile, dont l'attitude dans toute cette affaire a paru très-étrange, annonce que le Frère Nicolaï a été mis en étatd'arrestation. Nous apprenons de notre cóté qu'il a été impos sible de découvrir la moindre charge soit contre l'accusé, soit contre les dignes religieux de la Compagnie de Jósus. Les journaux libéraux annoncent que la des- cente judiciaire opérée au Collége St-Michel a produit une vive émotion dans la population bruxelloise. Vendredi soir, dans les estaminets, on ne cau- sait que do eet incident. Ce sera, selon toufe apparence, le principal résultat de la conspira tion des placards, et, dans tous les cas, le seul dont les Gueux aient a se réjouir. Quant aux catholiques, ils entoureront la Com pagnie de Jésus de sympathie d'autant plus vives qu'il est évident qu'elle est, en Belgique comme en France, plus spéciaiement en butte aux atta ques du libéralisme. [Bien public). On lit dans le Journal de Bruxelles Cette après-midi, vers 4 heures, le It. P. direc teur du collége Saint-Michel s'est rendu a la prison des Petits-Carmes, aecompagné d'un em- ployé du parquet muni d'un ordre de mise en liberté du frère Nicolaï. Quelques instants après le frère Nicolaï rentrait au collége Saint-Michel, aecompagné du directeur de l'établissement. La communauté était réunie pour attendre et téliciter ce digne vieillard, mais le Frère Nicolaï, en proie a une émotion facile a comprendre, s'est empressé de se dérober aux marques de sympa thies pour aller prier dans la chapelle du collége. Hier matin, ce redoutable criminel avait commu- nié dans la chapelle de la prison, Le Frère Nicolaï qui est le cousin de M. l'avocat Croo- nenberghs, conseiller provincial dont le nom fut mis en avant a Maeseyck lorsqu'il fut question de remplacer a la Chambre M. Vilain XI11I s'est mis au lit quelques instants après sa rentrée a l'établissement. Espérons que cette terrible épreuve infligée a un vieiliard de 77 ans n'aura pas de suites funestes. D'autre part, voici ce qu'écrit le correspondant de Paris-Journal - Le frère Nicolaï n'a pas un seul instant perdu sa sórénité et sa coniiance. Dans sa confrontation avec Van Hamme, qui persistait a l'accuser de lui avoir fourni le texte flamand et francais d'un placard et de lui avoir donné 50 fr. pour l'affl- cher, le frère Nicolaï a prouvó qu'il ne lui avait pas parlé depuis plus de deux ans. En présence des déclarations catógoriques du frère Nicolaï, et de la facilité avec laquelle on a pu en vériiier l'exactitude, l'instruction judi ciaire devait être rapide. Elle l'a été en effet. Le soir même, le parquet se transporta de nou veau au collége Saint-Michel. II rendit aux pères jésuites les clefs de leurs chambres, et leur annonca que le sécret avait éte levé pour le frère Nicolaï; tandis que son accusateur y serait plus que jamais tenu sous le coup de diverses preven tions, notamment sous la próvention de dónon- ciation calomnieuse. Tout cela est tres-bien et je ne mets pas en doute le sentiment des magistrats fourvoyes a leur corps défendant, dans cette móehante his- toire, ceuvre d'uii fou ou d'un gredinmais, je le répète, avec tous les bons citoyens de Bruxelles le parquet n'aurait-il pas pu agir avec plus de circonspection Supposez des visites domiciliaires de ce genre conduites avec ce sans-gêne, dans une loge dé francs-macons. En ferait-on du tapage dans la presse libérale Ai-je besoin d'ajouter que l'opinion générale est, ici, que les affiches dont il s'agit sont l'ceuvre de quelque farceur libéral? Faut-il rappeler au parquet ce précepte do droit11 fecit qui pro- dest A quoi servirait la mort du roi A qui sert le bruit qui se fait autour des affi ches portant menaces de mort t Ges questions résolues, lo coupable serait vite qécouvert. La luttecivillsatrice Dieser hampf) nfa pri vé du soutien naturel du parti conservateur, sur lequel j'aurais dü compter. J'aurais suivi une au tre voie pous arriver a achever l'édilice del'em- pire allemand si le parti conservateur ne m'»vait pas abandonné. Oui, messieurs, le Kulturkampf a donné lieu a un accès violent et momentané (augenblihliches Uochbluhen) de la vieille que- relle millénaire entre l'Etat et l'Eglise, entre le Pape et Gesar. J'ai combattu dws cette querelle avec cette vivacité qui m'est propre quand je crois combattre pour le bien do mon pays, pour les droits de mon Roimais je dois aussi vous declarer que je ne tiens pas des conflits pour des institutions durables. Les conflits cessent dés qu'on commence a se connaitre dans des travaux communs. (Jeli halte Confliete fur heine auf die Bauer zu erstrebende Institution, dieseiben hcennen nicht fortgesetzt werden, icenn man in gegenseitiger Arbeit sich kenner lernt.) II est de mon devoir de suivre cette voie et de ne pas retirer ma main. Le parti libéral et ses journaux me donnent, pour me servir de leur propre expression, froid au cosur. Que les libé raux suiv.ent tels chemins que bon leur serable- La haute politique que fait en ce moment le parti libéral et les arrière pensóes qu'il a, vont par trop loin. Mais ne vous laissez pas troubler, messieurs. Je poursuivrai mon but. Que j? récoite de la haiue ou de l'amour je ne men soucie guère. La déclaration de M. de Bismark est le congé en bonne et due forme donné aux libéraux et a la politique libérale. Du reste, la presse libérale l'a ainsi compris. Elle se livre a des commentai- res, remplis de doulour et d'amertume.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2