ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
MERCREDI 30 Juillet 1879.
10 centimes le numéro.
14* année. N° 1417.
On s'abonne rue au Beurre, 6B, k Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume.
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour l'étranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre.
Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus.
Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient
30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires1 franc la ligne. Les numéros supplé-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgique (exceptó les 2 Flandres) s'adresser a 1 'Agence Huvas
Laffite, etC10 Brifxelles, 89, Marché aux Herbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse.
Résumé politique.
FRANCE. La querelle entre bona-
partistes tend a s'éterniser. Certes elle com
mence ii tie présenter plus qu'un très-mé-
diocre intérêt. Pour le plus grand nombre,
le césar déclassé est jugé. Les conserva-
teurs qui, k l'exemple de MM. de Mackau et
Cazeaux, tiennent compte des idéés d'auto-
rité, d'ordre, de liberté, de respect des cons
ciences, et qui connaissent la conduite dia-
métralement opposée du prince qui, selon la
irès-juste expression de M. Paul de Cassag-
nac, devient l'héritier de tout ce qu'il a com-
battu, les conservateurs, monarchistes par
opinion et catholiques par croyance, ne se
résoudront pas k faire un saut si brusque et a
promettre un concours sans condition; ils
demandent des garanties ils les atten-
dent, mais sont condamnés a les attendre
toujours.
Que pourrait leur dire le nouveau préten-
dant qu'il n'ait déjk dit? Un manifesteest
done inutile, et le mieux est, pour en linir,
de se reporter aux manifestes que le Prince
Jerome a déja faits k différentes époques et
qui nous le montrent tel qu'il est et tel qu'il
sera quoi qu'il arrive et quoi qu'il écrive. Son
programme, nous le retrouvons tout entier
dans le discours qu'il prononga en 4865 a
Ajaccio, discours qui eut un trop grand reten-
tissemènt pour qu'on ait pu l'oublier.
11 l'a renouvelé depuis au moins deux fois:
une première fois en Septembre 4873 en ré-
pondant a une lettre de M. Peyrat, réponse
que nous retrouvons aujourd'hui dans les
journaux de Paris; une deuxième fois, il y a
deux ans, k l'occasion de sa candidature k
la députation. La confirmation qu'il en fit alors
lui valut, d'abord, d'être chassé honteuse-
ment de la familie impériale et, en dernier
üeu, d'être exclu de la succession au tröne
par le prince impérial. Voici les articles de
ce programme qui emprunte aux circonstan-
ces présentes une incontestable actualité
L'empire, a dit le prince Napoléon, dans
8son discourstrois fois réédité (nous prenons
8 le premier texte) l'empire c'est le triomphe
8 de la démocratie moderne, de la Révolu-
8 lion, qui a été enrayée par quinze ans de
8 restauration, et par dix-huit ans de libéra-
8 lismc parlementaire mais qui déborde au-
"jourd'hui de toutesces digues impuissantes.
8 On a fait trop d'hésitations et de prudence
8 jusqu'ici; on aurait dii franchement s'allier
8 la Prusse et k l'Italie depuis un an. L'heu-
8 re est venue oil le drapeau de la Révolu-
8 lion, celui de l'Empire, doit être largement
8 déployé.
8 Quel est le programme de cette révolu-
8 tion
8 C'est d'abord la lutte engagée contre le
8 catholicisme, lutte qu'il faut poursuivre
8el clorec'est la constitution des grandes
8 u'iités nationales, sur les débris des Etats
8 jketices et des traités qui ont fondé ces
8 Ctats; c'est la démocratie triomphante ayant
8 pour fondement le suffrage universel, mais
Th a besoin pendant un siècle, d'être diri-
8 par la forte main des Césars; c'est la
rrance impériale au sommet de cette situa-
tion européenne; c'est la guerre, une lon-
gue guerre, coinme condition et instrument
de cette politique.
Voila le drapeau et le programme.
Or, le premier obstacle a vaincre, c'est
l'Autriche. L'Autriche est le plus puissant
appui de l'influence catholique dans le mon-
de; elle représente la forme relative oppo-
sée au principe des nationalités unitaires.
Elle veut faire triompher k Vienne, k
Pestli, k Francfort, les institutions libéra-
les et parlementaires opposées it la démo-
era tie.
C'est le repaire du catholicisme et de la
féodalité; il faut done l'abattre et l'écraser.
L'ceuvre a été commencée en 4859; elle
doit être achevée aujourd'hui.
La France impériale doit done rester
l'ennemie de l'Autriche elle doit être l'a-
mie et le soutien de la.... Prusse, la patrio
du grand Luther, et qui attaque l'Autriche
par ses idéés et par ses armes; elle doit
soutenir l'Italie, qui est le centre de la Ré-
volution dans le monde, en attendant que
la France le devienne, et qui a la mission
de renverser le catholicisme a Rome, com-
me la Prusse a pour mission de le détruire
ii Vienne. Nous devons être les alliés de la
Prusse et de l'Italie.
Les bonapartistes-conservateurs, qu'il faut
bien distinguer de la fraction qui se glorifie
de l'origine révolutionnaire de l'empire et
n'a aucune répugnance ii rentrer dans la in
volution, les impérialistes qui attendaient du
système impérial avec le respect de la reli
gion la sécurité des intéréts moraux et maté-
riels du pays, savent maintenant ce que
leur promet le nouveau prétendant ii l'empire:
L'écrasementdéfinitifdu catholicisme
L'alliance avec la Prusse.
Une longue guerre avec l'Autriche.
C'est le programme de l'apostasie reli-
gieuse et politique, c'est le programme de
1'antipatriotisme et de la lacheté. Pourquoi
en réclamer un nouveau et l'homme qui a
écrit, qui a prononcé de telles paroles, n'est-
il pas comme nous le disions au début de ces
lignes définitivement jugé
Le Progrès nous apprend que M. Carton
a regu Dimanche dernier, ii son chateau de
Kruipt in d'aarde, M. Hévard, gouverneur
de la Province.
On a fait un bon diner, bien arrosé de bons
vins et agrémenté de la musique des Witte
Klakken.
11 y avait foule (dans le Progrès).
L'enthousiasme était extréme; quelques-uns
même, nous rapporte-t-on, ont poussé le dé-
lire jusqu'k huer deux prêtres qui passaient
le long de la route.
Quand le seigneur de Kruipt in d'aarde
tröne chez lui, il fait bien les choses.
Le lendemain, visite ii Messines. Entrée
triomphale, musique.
M. le gouverneur aurait regu, en guise de
bouquet, un paquet de, pétitions contre l'im-
pöt sur le tabac.
On est parti en trois voitures. Le seigneur
de Kruipt in d'aarde n'a daigné accepter per-
sonne dans la sienne. 11 était seul.
Au retour l'équipage soufflait.
M. Hévard est retourné k Bruges, le soir k
6 lieures, enchanté comme il en a pris l'habi-
tude.
L'einprunt de la ville.
Nous lisons dans le Progrès, dernier
numéro:
Un emprunt de SttO.OOO francs
vient d'être contracté par la ville
k la Banque de Bruxelles.
11 estdestiné a la création d'égoüts, d'un
casino, d'une minque et d'un marché pu-
blic. Voila qui est bien. 11 y a longtemps
que la colonic étrangère de Blankenberghe
»-attendait ces travaux dont l'exécution est
aujourd'hui assurée.
Voilk Blankenberghe, une petite commune
dont les charges sont énonnes, elles mon-
tent k plus de 31 francs par habitant, qui
emprunte 800,000 fr.! 11 s'agit d'exécuter
des travaux indispensables: égoiits, minque,
marché public.
Et Ypres? Ypres oil l'eau potable fait dé-
faut, oil la population est condamnée a user
d'une eau malsaine, chargée de détritus de
toutes sortes; oü le système de distribution
date d'il y a des siècles et ne présente plus
que des conduites pourries qu'on est obligé
de renouveier k grands frais k chaque instant!
Ypres, administrée comme on sait, ne fait
rien!
Voilk qui n'est pas bien.
L'Administration étudie, planifie, calcule,
mesure et promet beaucoup. On fait de beaux
rapports publiés avec luxe. Mais pas d'eau.
11 faudrait 400,000 fr:, peut-être 500
mille, la moitié de l'emprunt de Blankenber
ghe, approuvé par le Progrès!
Mais rien!
L'Administration communale n'aurait pas
a recourir k une banque ce qui est trop
onéreux. Les hospices civils pourraient se
charger de la presque totalité de l'emprunt u
des conditions très-favorables pour le prêteur
et l'empruntefer. Seulement il faudrait mettre
un terme aux placements hypothécaires.
Les cluu'ges k créer seraient-elles si lour-
des, eu égard aux résultats a obtenir
D'après les dernières statistiques publiées,
on paie k Ypres fr. 12,97 par habitant, moins
de la moitié de ce qu'on paie k Blankenberghe.
Supposons un empruntde 500,millefrancs,
doté d'un service d'intérêts et d'amortisse-
ment de 5 °/u; ce serait 25,000 fr. de char
ges annuelles en plus, fr. 4,60 par habi
tant.
Total fr. 44,57.
Blankenberghe, oü tout est bien, paie 31
francs.
Quand done entrerons-nous dans la pério
de d'exécution? Assez de promesses, de dis
cours, de plans et d'études. A l'ceuvre, il est
temps.
Nous reviendrons sur cette question.
Les Placards.
Le Progrès pourrait utilement reproduire
les lignes suivantes que nous extrayons de la
Chronique.
Cela calmerait son zèle un peu trop vif
dans cette affaire. II se délecte dans la repro
duction de toutes les insinuations produites
par les feuilles libérales de Bruxelles et du
pays.
L'affaire des placards n'est plus, k nos
yeux, que la ridicule équipée d'un voyou
en goguette.
Elle semble s'en aller en eau de boudin et
ramenée k ses proportions réelles, elle
n'est plus que le fait d'un pochard, qui,
dans un excès de fièvre alcoolique imagine
d'adresser des menaces au Roi.
Découvert et arrêté, le pochard halluciné
essaie de se poser en personnage, de se don-
ner une sorte de prestige ou mieux une sorte
d'importance en déuongant les jésuites com
me ses complices. Et il leur prête des traits
d'imbécilité niaise. Or, si les jésuites sont
capables de tout, ils ne sont du moins pas
capables de niaiseries. C'est une justice a
leur rendre.
Cette fois, la Chronique est si convaincu
de ce qu'elle avance, qu'elle se livre k un ra
re trait d'impudence
C'est ainsi, dit-elle, que j'ai envisagé l'af
faire dès le premier instant; et je persiste
k croire que je suis dans le vrai.
On ne se bafoue pas soi-même avec plus
de désin volture. Mais la Chronique ne s'ar-
rête pas k si peu de chose. Elle continue done
k se soufïleter elle-même d'une main exercée.
Les premiers placards déeouverts par la
police lie pouvaient être l'ceuvre que de mau-
vais farceurs (libéraux). Je n'ai pas pris un
instant au sérieux des proclamationssignées:
Des cléricaux et je m'étonne vraiment que
des gens raisonnables se soient émus de cette
plaisanterie d'ailleurs fort sotte et du goüt le
plus détestable.
En admettant même que ces premiers pla
cards fussent l'oeuvre d'imbéciles réellement
convaincus, de sinistres fanatiques il saute
aux yeux qu'ils n'auraient pas signé leur fao
turn, ou que, le signant, ils 'auraient si
gné Des catholiques, et non point Des cléri
caux. Pourquoi pas tout d'un coup Des
calotins Les gens du Syllabus ne se don-
nent pas plus k eux-mêmes le nom de cléri
caux qu'ils ne se donnent lenom de calotins...
Mensongcs, Falsifications,
Calomnies, Diflamations, etc.
Sous ce titre, l'Estafette journal t'ran-
gais qui n'est pas suspect de cléricalisme
public un article dont le Progrès pourra tirer
profit.
On sait que le journal libéral de notre vil-
Journal d'Ypres,
de Blankenberg he