ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
SAMEDI 9 Aoüt 1879. 10 centimes le numéro. 14° année. Nos 1419 <t 1420.
On sabonne rue au Beurre, 66, Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaume.
Résumé politique.
FRANCE. La politique en France
'est pas encore arrivée ii son temps d'arrêt
mnuel, qui a lieu ordinairement vers cette
pocfue. La session des conseils généraux va
jientöt s'ouvrir dans les départements, et
i'est séulement après la cloture de cette ses
sion que les vacances politiques pourront être
considérées comme commencées. Or, il pa
rait qu'on est très-préoecupé, dans les cercles
oificiels, de la pensée que les conseils géné
raux pourraient bien se prononcer de nou-
reau, et cette fois avec plus de force encore
ju'au mois d'Avril dernier, contre les projets
ieloi sur l'ensëignemènt. On voudr'ait done
rouver le moyen de les en empêcher. Le
onseil des ministres s'est réuni et a longue-
nent délibéré sur les termes d'une circulaire
|ue M. Lepere adressérait k cé sujet aux pré-
fets. La matière, on le comprend, est fort
délicate. On se demande comment le cabinet
s'ai'rangera pour respecter la liberté qu'il
pretend servir, tout en exergant une pression
sar les assemblées départementales. 11 est
vrai qu'au fond tout le problème consiste,
non k sauvö'r la liberté, mais seulement a
sauver les apparences.
On estime que, pour la fin de Décem
bre, les pétitions qui demandent au Sénat
francais le rejet des loiS-Fetry porteront plus
de deux millions de signatures.
- AÜTRICHE.La question de la repre
sentation des Tchèques au Reichsrath de l'em-
pire d'Autriche est k la veille d'être résolue.
Une proposition portant que les députés
tchèques assisteront aux séances de cette as-
semblée sera discutée prochainement dans
une réunion composée de tous les membres
tchèques du Reichsrath et du Landtag, et l'on
ue doute pas que cette proposition sera
adoptée.
-ALLEMAGNE. La Germania dit que
'e cardinal Nina a envoyé a M. de Bismarck
une nouvelle lettre contenant des bases d'ar-
''ungement entre Rome et Berlin. G'est cette
lettre, sans doüte, qui aura donné lieu k la
nouvelle publiée par une agence viennoise,
d'un arrangement conclu entre M. de Bis
marck et le Saint-Siége.
R0UMAN1E. La création d'un évê-
ohé catholique k Roustchouk, avec juridiction
upostolique dans toute la principauté, est
dócidée en principe. Le prince de Bulgarie
Ment d'en informer le Vatican; on suppose
lue d'autres diocèses seront créés ultérieu-
'emerit.
Le gouvernement bulgare se réserve de
determiner l'époque des négociations qui au-
r°ntlieu keet égard.
ÏURQUIE. II nous arrive encore de
Constantinople des nouvelles iuquiétantes.Les
troupes stationnées dans les villes de garni-
son du midi manifestent un très-vif mécon-
tentement de ce que depuis quelque temps
elies n'ont repu ni vivres ni solde. A Constan
tinople la même cause a produit les mêmes
effets et une deputation a été envoyée au
président du conseil des ministres pour ré-
clamer le paiement des arriërés. Une autre
partie de la garnison demande la destitution
du minstre de la guerre, Osman pacha, et
l'agitation a pris un caractère ouvertement
révolutionnaire. Par mesure (Je précaution,
presque toutes les troupes occupant Tchadal-
dja ont du être rappelées k Constantinople.
JAPON. Uüe mesure très-importan-
te pour le commerce vient d'être prise par le
gouvernement jkponais. II a supprimé les
droits de sortie sur les cotoris hianufheturés,
les soies manufacturées, la soie, les ti'ssus
mélangés, la pordélaine et divers autres arti
cles. Dans le cas oh il serait jugé utile de
rétablir ces droits, avis en sera donné deux
mois k l'avance.
La fète de Kruip in d'aarde.
Le Progrès n'a pas la Thulndag folatre; il
nous est arrivé Dimanche avec une mine dés
plus tristes.
Jugez done! Le Journal d'Ypres n'avait pas
donné un compte-rendu exact de la fête du
Seigneur de Kruip in d'aarde) il avait manqué
de respect k l'illustre chef de la Province,
enfin son élueubration ne méritait aucune
créance.
Quelle affaire! Bon Dieu, quelle affaire!
Le Progrès veut redresser toutes ces inex
actitudes et rétablir la vérité. C'est grave et
Sérieux comme un cortége funèbre. II lui
fallait ce soulagement pour calmer ses nerfs
surmenés par le cordial accueil fait k Mos-
sieur le Gouverneur Hévard.
Nous avions done profondément erré en
disant que la musique des Witte Klakken
avait agrémenté le diner de Kruip in d'aarde.
C'est l'excellente musique des Pompiers
qui s'y est fait entendre. La Pompe est un
instrument dont les effets sont adoucissants,
émollients, détersifs même et qui convient
mieux aux ardeurs dés uns et au tempéra
ment modéré et moëlleux des autres.
Un peu de réflexion nous eüt fait voir que
la musique des Pompiers seule était k même
d'ajouter des charmes réels k la fète.
Ce n'est pas que les Witte Klakken n'eus-
sent été lk fort k leur place d'après le
Progrès. Nous sommes entièrement du même
avis et c'est la réponse k la question que le
Progrès nous pose.
Les Witte Klakken sont animés d'un esprit
tout spécial; ils possèdent une réputation
que nous ne leur avons pas faite, mais qui
leur est propre; quelque chose de délicat, de
correct, de convenablement libéral qui mar-
quait leur place k cette fête.
En vertu du proverbe: Qui se ressemble
s'assemble, nous avions cru pouvoir les faire
figurer dans les magnifiques jardins de Kruip
in d'aarde, k cóté du maitre de céans et de
ses invités.
Le Progrès, quoi qu'il en dise, ne parait
pas de eet avis. La présence des Witte Klak
ken eüt trop accentué la manifestation. Sous
la petite fleur qu'il leur offre se cache ce sen
timent, et les questions qu'il nous adresse
prouvent que nous disons vrai.
La consigne aujourd'hui est de ronfler
pardon, d'être modéré. M. F. Merghe-
lynck, qui s'est annoncé k l'arrondissement
comme un agent libéral de haute volée, doit
s'y conformer, quoique cette modération soit
dure k digérer.
Bah! c'est son affaire.
II y avait foule, non-seulement dans le
Progrès, mais k partir de la porte de la
ville jusqu'au Chateau de M. Carton au
point que la circulation en maints endroits,
nous copious le Progrès, était très-
difficile; et dans le magnifique pare de M.
Carton (saluez, s. v. p.) il y avait en outre
plus de trois mille personnes.
Ouf! quelle besogne pour le personnel de
la police yproise! Elle y était tout entière,
sans doute? Agents, sous-agents, pompiers et
le reste. Mais aussi trois mille personnes
dans le magnifique pare de M. Carton et la
circulation interrompue en maints endroits!
Quelle affaire! Bon Dieu, quelle affaire!
L'enthousiasme était extréme. Nous l'a-
vions écrit et cette fois nous ne nous som
mes pas trompés. Le Progrès l'assure, il
fautle croire.
Aujourd'hui nous ën sommes convaincus.
Ces trois mille personnes dans le pare de
M. Carton, qui ont pu admirer le seigneur de
Kruip in d'aarde sablant une coupe de cham
pagne, ou le petit Ferdinand croquant des
dragées, quelle explosion d'enthousiasme! M.
Alphonse confiant les secrets de sa goutte
h un verre de bourgogne et M. Hévard re-
trouvant les souvenirs de son enfance dans
une bouteille de vin blanc, quelle source de
délire!
Trois mille personnes ont pu voir cela!
Lekken maar niet bijten.
Boumquelle affaire
All quel plaisirquel plaisirquel plaisir
Le reporter du Progrès seul avait réussi
k se faufiler dans un petit coin. II a fait
mieux que voir, il a savouré et en ce moment
il croit encore que c'est arrivé.
A Kruip in d'aarde la foule était ivre d'en
thousiasme. C'est entendu; n'en parions plus.
II y- eut un incident. Comme nous l'avons
dit, deux prêtres ont été hués. Le Progrès
explique la chose k sa manière et, comme
toujours, c'est le lapin qui a commence.
Un nouveau culte s'est révélé ce jour-lh.
Nous ne commissions jusqu'k présent, en
fait de civilisme, que le Bourgmestre ponti-
fiant k l'Hótel-de-Ville et une variété de pom
piers qui confond l'église avec la salie de
concert. II y avait mieux k Kruip in d'aarde.
Quand le seigneur de l'endroit y donne k
diner k un gouverneur et k M. Alphonse, le
public se découvre en passant; c'est obliga
toire.
Ces deux abbés n'ont pas fait la salutation
obligée. De lk une émotion facile k compren-
dre.
Ce culte nouveau nous parait peu sérieux.
Carton, Henri, deuxième de nom, seigneur
de Kruip in d'aarde, ou bien encore le Procu
reur Hévard transformés en divinités et rece-
vant les adorations du public! Lecteurs, figu-
rez-vous ce spectacle. Nous ne parions pas
de Ferdinand, un petit dieu de sixième ordre,
ni de M. Alphonse, puissance d'autrefois,
vieux fétiche aujourd'hui, relégué au musée
des antiques.
A la prochaine fête, nous enverrons dix
reporters pour examiner les fails k tous les
points de vue et nous en rendrons un compte
fidéle. Le civilisme prend des proportions
qu'il est bon de noter. Nous sommes assurés
du reste d'y trouver une source inépuisable
d'enthousiasme et de délire.
Les dieux et les déesses du nouveau culte
auront du succès.
En voilk beaucoup, mais ce n'est pas as-
sez. En pleine Thuyndag il taut s'amuser.
En avant deux!
Notre reporter a réparé un oubli. 11 a vu
cliez M. Carton, dans ce pare magnifique,
une cascade superbe, obtenue au moyen d'un
barrage coupant le gros ruisseau dit Belle-
waerde beek.
Ce barrage fut comme un coup de foudre
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Quand Auguste avait bu la Pologne était ivre.
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