Loi de Malheur.
Le comité diocésain des Ecoles catholiques
des provinces de Namur et Luxembourg vicnt
d'adresser aux catholiques l'excellente circu
laire que voici
Les 5 millions pour 1880.
Les journaux catholiques ont signalé la
course effrénée a laquelle se livre la gente
gueuse et maqonnique pour disséquer ce beau
gateau. Ces renseignements, la Gazette gueu
se les confirme dans les term'es suivants
On lit dans ÏEtudiant Catholique
Nous apprenons qua l'occasion des fêtes
de 1880, une grande promotion aura lieu
dans l'ordre de Léopold. M. de Haulleville,
rédacteur en clief du Journal de Bruxelles,
obtiendra la croix de commandeur.
Nous lisons dans la Civilisation:
Une consultation de mëdecins, appelée ii
se prononcer sur l'état de santé du Saint-Père,
vient de lui conseiller de changer d'air, en se
transportant pour quelques mois ;i Pérouse,
qu'il habitait étant archevêque. Mais Léon
XIII ne peut se décider encore it se souniettre
aux instances des médecins et it quitter le
Vatican.
On télégraphie de Rome au même journal:
Tenez-vous en garde contre les nouvelles
qui circulent sur la santé de Léon XHh
Le Saint-Père souffre beaucoup des cba-
leurs qui sont excessives, mais son état
n'inspire aucune inquiétude sérieuse.
Necrologie.
CATHOLIQUES,
On cherche, au moyen de circulaires, trou-
bler vos esprits et a surprendre votre bonne
foi.
I. On vient vous dire que le nouveau régime
des écoles n'a rien qui soit opposé a la religion.
Mais, les Evêques, qui sont établis pour din
ger l'Eglise de Dieu, nous déclarent, au contraire,
que le nouveau système scolaire est mauvais,
qu'il est attentatoire a la Foi, qu'il est réprouvó
et condamnó par l'Eglise.
En une matière si essentiellement religieuse,
que faut-il écouter, Catholiques! les franc-ma-
cons, ennemis de Notre-Seigneur-Jésus-Christ,
ou nos vénérables Evêques, successeurs des
apötres
II. Le ministère vient vous dire que rien ne
sera changé dans la situation actuelle, sous le
rapport religieux Quel homme de bon sens
pourrait accueillir une telle déclaration? S'il était
vrai qu'on voulüt s'en tenir a la loi de 1842, on
ne l'aurait pas détruite en faisant voter la funeste
loi de 1879. Non, non; le régime de 1842 a disparu
pour être r'emplacé par le régime franc-macon
de 1879. S'il devait en être autrement, a quoi bon
une loi nouvelle D'ailleurs, vous savez que
celle-ci a étó ólaborée par les franes-macons,
qu'elle a été présentée par eux, qu'elle a été dé-
fendue par eux dans lesjournaux et a la Cham-
bre, qu'elle a été votée par eux, qu'elle est exó-
cutée par eux. Rappelez-vous les applaudisse-
sements unanimes avec lesquels les libéraux de
la Chambre accueillirent leurs orateurs, vomis-
sant le sarcasme et l'injure contre l'Eglise et ses
doctrines, dans le but de détruire la loi de 1842 1
III. L'article 5 de la loi de 1879 supprime Ia
religion du programme de l'enseignement pri
maire. Tout est la, catholiques, pensez-y bien:
l'école primaire est rendue neutre, c'est-a-diro
sans religion; c'est vraiment l'école sans Dieu,
et c'est avec inflniment de raison que les Evêques
ont condamné eet affreux système. Toutes les
explications tortueuses du ministre ne feront pas
qu'une école sans religion soit une bonne école.
IV. Vainement le ministère vient vous dire que
le Christ restera dans l'école, qu'on continuera a
y reciter les prières et a y apprendre le caté-
chisme.
Rien de tout eela n'est écrit dans la loi; au
contraire, tout est en opposition avec la loi elle-
même. Lisez le texte de celle-ci et vous serez
convaincu que nos affirmations sont absolument
vraies. Les circulaires ministérielles ne peu-
vent rien changor a la loi; elles n'olïrent aucune
garantie de durée; elles tombent en désuétude et
peuvent être rapportées par d'autres circulaires;
la loi seule est destinée a durer. D'ailleurs,
quand on lit attentivement la circulaire de M.
Van Humbeeck, on découvre qu'elle contient
elle-même des restrictions suffisantes pour faire
disparaitro aussitöt qu'on le voudra, les appa-
rentes concessions qu'elle renferme. Les hom
mes du gouvernement ont indiqué a la Chambre
des représentants les cas toujours faciles a sus-
citer, oü les pratiques et les emblèmes religieux
devront être bannis des écoles. (Ann. pari., p.
1,150, etc.) Enfin, tout ce simulacre religieux,
qu'on voudrait maintenir avant ou après les
classes, n'empêchera pas celles-ci d'etre neutres
ou sans religion (art. 5). On s'efïorcera de sóduire
le peuple, en chercliant a donner une appaimnce
religieuse h une école qui ne l'est pas en réalité.
Vainement encore on vient vous dire qu'un
local est offert au clergé dans l'école, pour y
enseigner la religion comme cours simplement
facultatif. II a été cent fois démontré que eet
arrangement est matériellement impraticable,
funeste a l'enseignement religieux, souveraine-
ment odieux pour le clergé et absolument inac-
ceptable en conscience. Les libéraux, en invi-
tant le clergé, ont dóclaré d'avance que cette
invitation ne pourrait être acceptée par le prê-
tre; les .journaux les plus dévoués au ministère
ont eux-mémes flétri cette combinaison, en affir
mant que ce n'est la qu'une duperie, un truc
indigne dun gouvernement fort et respecté
(Chronique). La présence du prêtre dans les
écoles n'aurait d'autre résultat que de tromper
les catholiques, en donnant un aspect plus ou
moins supportable a un enseignement formelle-
ment condamné par l'Eglise.
Vainement, enfin, M. le ministre rappelle que
la loi ordonne a l'instituteur de s'abstenir de tou-
te attaque contre les croyances religieuses des
families dont les enfants lui sont conflós. Mais,
si l'instituteur se livre a ces attaques, comment
le saura-t-on qui le constatera qui les répri-
mera? Les autorités scolaires, vouées toutes aux
francs-maconssont incompétentes pour eet
objet et très-certainement feront la sourde oreil-
le. D'ailleurs, on a déclaré, en pleine Chambre
qu'il ne s'agissait pas de défendre a l'instituteur
les offenses indirectes la religion, ni de le gêner
dans sa liberté scientifique. On a dit: que l'in-
stituteur pourrait, en restant sur le terrain
scientifique, exposer des doctrines qui seraient
en contradiction avec les dogmes et les doctri-
nes religieuses. Et le Rapporteur de la sec
tion centrale lui-même a déclaré- Assurément,
- il arrivera peut-être a l'instituteur de se trou-
ver en désaccord avec les enseignements d'une
communion. (Ann. pari., p. 1237) Ainsi, les
offenses indirectes a la religion, les plus perfides
de toutes, seront tolérées sous prétexte de liberté
scientifique. Catholiques, réfléchissez bien a cet
te prétendue liberté qu'on allègue si faeilement
pour autoriser tous les dérèglements de la pen-
sée, et dites-nous si un tel régime scolaire peut
mériter votre confiance.
Enfin, voici ce qu'on lit dans le programme de
l'Ecole modèle de Bruxellos, école considérée
par les libéraux comme le vrai type des écoles
officielles: L'enseignement primaire exige une
répudiation ouverte des erreurs et des super-
stitions basées sur la foi aveugle et que la
i science a définitivement condamnées. En
conséquence, les données scientifiques se-
ront exposées librement et abstraction faite des
miracles et des dogmes religieux. Peut-on
décrire plus clairement la malignité du nouveau
système scolaire
V. Le but des circulaires ministérielles est
1° De sauver a tout prix les écoles officielies qui
sont justement menacées d'une ruine compléte.
Visiblement, le gouvernement est aux abois; il
comprend, mais trop tard, la faute énorme qu'il
a commise.
2° Par ses circulaires, le gouvernement espère
entraver la création des écoles catholiques qui
commencent a s'élever sur tous les points du
pays. Dans ce hut, il cherche a donner, contrai-
rement a la loi, un aspect plus ou moins religieux
a ses écoles. II se trompe grossièrement s'il espè
re nous séduire par ses doucereuses déclara-
tions.
3° Par ses circulaires le ministrère voudrait
endormir les catholiques, en couvrant d'un voile
la laideur de sa loi. II affectera la moderation
jusqu'en 1880. Si, a cette époque, l'ólection legis
lative lui est favorable, il jettera résolument le
masque, et la loi de malheur sera appliquée dans
toute sa rigueur. Le gouvernement sait que
s'il parvient, par sa tactique, a ralentir l'élan
catholique actuel, a donner le change au pays
sur le vrai caractère de la loi, a faire entrer
eólle-ci surnoisement dans les moeurs; il sait,
disons-nous, que le calme étant un peu rétabli,
les declarations ministérielles pourront dispa-
raïtre une a une, et que les catholiques, séduits
dansles premiers temps, éprouverontdansl'a-
venir des difficultés bien plus grandes qu'aujour-
d'hui pour accomplir le devoir qui s'impose a
leur conscience.
4° Par ses circulaires, le gouvernement cherche
a calmer les instituteurs communaux catholi
ques. II leur conseille de continuer a enseigner
la Religion comme s'il avait l'autorité suffisante
pour accorder une telle mission. Mais les insti
tuteurs catholiques savent qu'ils ne peuvent, en
conscience, donner l'enseignement religieux dans
une école publique, sans avoir recu la mission
ecclésiastique nécessaire a cette fin. Si sous l'em-
pire de la loi de 1842, les instituteurs ensei-
gnaient la religion, c'est qu'ils y ótaient autorisés
par les Evêques et que la loi réconnaissait au
clergé le droit de diriger l'enseignement reli
gieux dans l'école et d'inspecter celle-ci en tout
temps. Le rapporteur de la section centrale a,
lui-même, compris la valeur de eet argument et
l'a reproduit a la Chambre (Documents pari., 115).
Les instituteurs savent aussi (Lett Past.) qu'ils
ne peuvent, en conscience, eoncourir au maintien
des écoles officielies par des actes spontanés; or,
on ne leur conseille d'enseigner la religion dans
leurs écoles que pour assurer le maintien de
celles-ci par un acte vraiment spontane-, acte
spontané, disons-nous, puisque le gouvernement
a déclaré, a diverses reprises, que l'instituteur
ne saurait être contraint a accepter la fonction
de catéchiste qu'on lui propose aujourd'hui de
remplir provisoirement.
Et, dans ces conditions, le gouvernement ose
offrir une indemnitó aux instituteurs pour les
déterminer a enseigner la religion dans les éco
les officielles? II ignore done qu'un peu d'argent
ne suffit point pour dissiper les inquietudes lé-
gitimes des consciences catholiques
Nous déplorons sincèrement la situation pé-
nible oü se trouvent les instituteurs catholiques.
Ils savent que nous n'avons d'autre but que de
combattre le régime scolaire résultant de la nou
velle loi, régime qui, bientöt, produira partout
et malgré eux, les funestes fruits qu'il est destine
a produire.
Catholiques, la fermeté de notre conduite a
mis le gouvernement on désarroi; ses circulai
res le prouvent. Nos ennemis replient déja lion-
teusement leur drapeau et feignent de battre en
retraite. Nous complóterons notre victoire. Ce
n'est pas nous qui avons déclaré la guerre; nous
avons été obligés de nous défendre; nous con-
tinuerons a le faire avec une indomptable éner
gie Dieu le veut
Namur, le 3 Aoftt 1879.
Le comité diocésain.
AU VOLEUR!
Le gouvernement a les cinq millions qu'il
avait demandes aux Chambres pour les fêtes du
Jubilé.
Les Chambres les lui ont donnés sans marchan-
der, ne voulant pas sans doute étre accusées
de faire de la parcimonie en pareille circonstan-
ce, et acceptant, les yeux fermés, un devis sa-
vammant préparé. Elles ont bien fait: si durs que
soient les temps, si pressants que soient pour ce
moment de crise générale les besoins d'utilité
publique, le pays est décidé a fêter largement,
luxueusement, sans regarder a la dépense, le
glorieux anniversaire qui se prérare.
Seulement, il n'aimerait pas qu'on en profitat
pour le voler.
Or, le budget du Jubilé est dés maintenant
assiógó par une bande avide qui, depuis plu-
sieurs années déja, compte sur l'aubaine que
doit procurer aux mangeurs de subsides l'année
1880. De toutes parts, des doigts crochus mena-
cent le gateau; et on entend a la cantonnade un
formidable bruit de machoires qui s'aiguisent.
Pendant que les entrepreneurs de fêtes se
creusent la cervelle pour trouver le moyen de
'faire payer vingt sous des lampions de cinq
sous, et de gagner une fortune sur l'enthousiasine
patriotique, les faiseurs de cantates alignent
leurs rimes, les musiciens mettent leurs notes en
batterie, les barbouilleurs d'images taillent leurs
crayons et broient leurs couleurs.
Ah! mais non! Cela ne va pas encore une fois se
passer ainsi, n'est-ce pas? Le gouvernement ne
va pas laisser dévorer par tous ces rongeurs les
millions qu'on lui a donnés? II va se défendre,
n'est-il pas vrai
Une cantate, deux cantates, trois cantates,
passé. Mais savez-vous que tout ce qui tientune
plume fait des vers en vue du Jubilé; qu'il n'y a
pas un chef d'orchestre qui ne travaille a une
marche jubilaire ou a des variations sur la Bra-
bangonne-, que les industriels en chronogram
mes repassent leur latin, leur francais et leur
arithmétique; et que tout ce monde-la espère
toucher aux cinq millions?
Au fait, le gouvernement se propose bien de
payer un poème didactique! C'est tout au long
sur la note préventive présentée aux Chambres.
Et aucun membre ne s'est levé pour demander si
cetait une plaisanterie! Un poème didactique,
juste cielPasse encore qu'on eüt fait faire par
un des nombreux littérateurs qu'entretient le
budget, une courte histoire de notre premier
demi-siècle d'indépendance et qu'on eüt distribuó
le volume a tous les élèves des écoles, pour leur
apprendre aimer la Belgique, ses institutions,
a comprendre son histoire.... Mais un poème
didactique! A quoi cela peut-il bien servir un
poème didactique?
Ab uno disce omnes. On saigne le budget du
Jubilé pour payer grassement un poème didac
tique a un monsieur bien sage qui s'y sera appli
que; on ne pourra pas refuser de petits pourboi-
res aux poètes de moindre embouchure qui chan-
teront le glorieux anniversaire sur des modes
moins graves. Etde subside en subside, je vois^
d'ici le ministre de l'inténeur venant, en 1881,
déclarer piteusement aux Chambres qu'il lui faut
un supplément de cinq a six millions. Elles crie-
ront, mais elles finiront bien par s'exécuter,
sans compter qu'il faudra louer très-cher des
greniers spéciaux pour conserver, a la disposi
tion dos arts, la collection des poèmes plus ou
moins didactiques, des cantates, des odes i
hymnes patriotiques. Ues
En 1856, - quand on fit le Jubilé de Léonold
- le gouvernement commit l'imprudence h
vouloir mettre aussi la poósie de la fête- il Y
un débordement de platitudes rimées dontr"'
ne peut donner une idéé; la note de grands v?"
et de petits vers qu'il fallut payer, fut colossal?
et de tout ce grand effort littéraire, il ne resta-!
en dehors du bénéfice honnête fait par quelqt?
industriels du lyrisme officiel, qu'une prov'8
sion do papier imprimé, que les épiciers et 1«
cabinets des ministères ne sont pas encore par
venus a épuiser. Peut-on espérer que la lec0na
porté ses fruits et qu'on ne recommencera plusi
il faut bien le croire; et pourtant le poème didac
tique, mon Dieu un poème didactique - n'est
pas trop rassurant.
Vous me direz comme l'Henri IV de la gravure
classique, passant un poulet Bellegarde, sou
rival, caché sous la table de la belle Gabrielle -
qu'il faut bien que tout le monde vive et què ie
gouvernement montre son coeur en faisant ga
gner quelque argent, lors des grandes fétes
nationales, a des auteurs parfaitement incapables
d'en faire produire a leurs oeuvres sans son
secours.
Qu'on soulage les infirmes de lettres, c'est par
fait: cela rentre tout a fait dans l'ordre d'idées
que la Gazette présentait l'autre jour et dans
l'espoir que nous formulions de voir le Jubilé
national, sanctifié par de grands actes de charité
ou par quelques fondations philanthropiques.
Mais cela est une affaire a part. Les cinq millions
accordés aujourd'hui sont destinés a payer des
fêtes, et il faut qu'ils soient défendus vigoureu-
sement contre les convoitises qui les regardent
comme une proie promise a tous les intrigants
et a tous les docteurs en comptes d'apothicaires.
On ne s'imagine pas combien la plupart des
gens ont la conscience complaisante, quand il
s'agit de l'argent de l'Etat; et il semble, aenju-
ger par le sans-gêne avec lequel on s'exprime
dès maintenant dans certains coins, que le Jubi
lé national ne doive être cólébró que pour four-
nir aux Beiges qui sont parents ou amis d'un
chef de bureau, l'occauion de mettre en poche
une partie des cinq millions.
Mon Dieu, ce ne serait peut-être pas la facon
de célóbrer la fête qui trouverait le moins d'ap-
probation dans le public. Mais nous sommes cinq
millions de Beiges, ce qui fait mathématique-
ment vingt sous par tête. Et il est profondément
injuste, cette idóe de partage étant admise,-
qu'on dépouille des Beiges qui n'ont rien fait,
pour donner une somme supérieure a un francd
des auteurs de cantates, dont la meilleure ne
vaut généralement pas un sou.
La rage avec laquelle on se jette de tous cötés
sur le budget du Jubilé est bien imprudente. Le
coup n'est pas encore fait; et tout le monde crie
déjd Au voieur
S
La ville et le diocèse de Bruges viennent de
faire une perte immense par la mort prématur 0
de Monsieur le Chanoine Emile Minne, ancien
Principal du collége St-Louis, a Bruges, dêceaa