ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
SAMEDI 23 Aoüt 1879.
10 centimes le numéro.
14" année. N* 1424.
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Résumé politique.
ANGLETERRE. Bien qu'il ne soit
nullement question d'une dissolution du Par
lement britannique pour l'année courante,
l'opposition anglaise engage dès maintenant
toutes ses forces sur la question électorale.
Partout ou a peu prés éfre désigne des can-
didats et c'est un feu roulant de discours ad
hoc. Pour le quart d'heure, nous avons ii
signaler deux speech de ce genre, l'un pro-
noncé par M. Charles Dilke, l'autre par M.
Gladstone. C'est a Chester que, mardi der
nier, 1'ancien leader libéral a pris la parole
pour reeommander M. Reilby Lawley comme
candidat libéral devant un nombreux mee
ting. Inutile de dire que M. Gladstone a tout
blamé, tout décrié, tout vilipendé dans la
politique du gouvernement actuel. Le traité
de Berlin qui, a-t-il dit, laisse la Russie plus
puissante que jamais; la guerre contre les
Zulus et en général tous les actes du cabinet
Beaconsfield ont été passés au crible de cette
critique mordante et passionnée qui caracté-
rise l'éloquence du fougueux orateur libéral.
Pour conclusion, M. Gladstone a exprimé
l'avis que les libéraux pouvaient forcer la
main au gouvernement sur la question de
dissolution en poussant leurs candidats en
avant. Or, nous venons de le dire, c'est ce
que font les libéraux un peu partout, de sorte
que Ton peut considérerle discours de Chester
comme la proclamation publique d'un mót
d'ordre donné depuis longtemps et déjii tra
duit dans la pratique.
AUTR1CHE. Tous les organes de la
presse parient de la retraite prochaine du
comte Andrassy avec une telle unanimité,
avec un tel accent de conviction, qu'on sem-
blerait venir d'un autre monde, si l'on osait
encore émettre des doutes k eet égard. Tout
ce que l'on sait, du reste, c'est que l'Empe-
reur, au dire d'une dépêche de Vienne, n'a
pas encore donné de successeur k son chan-
celier.
D'après les dernières nouvelles cependant,
l'Empereur aurait désigné le comte Karoly,
ambassadeur autrichien k Londres, pour rem-
plir les fonctions de chancelier de l'Empire.
FRANCE. L'Union dément en termes
formels la nouvelle relative k un voyage du
comte de Chambord en Angleterre ou en
Suisse. Nous sommes autorisés, dit notre
confrère parisien, k démentir ces bruits qui
■font aucun fondement.
Les conseils généraux sont réunis.
Beaucoup de discours ont été prononcés cn
I honneur de la République et de la loi-Ferry,
Tu l'une et l'autre ne s'en portent guère
mieux.
II semble même que l'agitation organisée
dans ces assemblées naura pas le résultat
que se promettent les meneurs.
Dans un diner k Laon, M. Waddington,
ministre des affaires étrangères, a chanté un
air semblable.
Des troubles ont eu lieu dernièrement k
Lyon, k l'occasion d'un eoncert oü la Mar
seillaise avait été mal accueillie.
On signale un tumults au jardin du Palais
Royal k Paris, oü le même air a été refusé k
plusieurs individus qui en réclamaient l'exé-
cution.
Un terrible incendie a éclaté k Bor
deaux. II gagne toujours. Déjk 15 batiments
sont incendiés.
Le parti bonapartiste est toujours divisé.
Le Prince Jéröme Napoléon vient, dans une
occasion récente, d'aceentuer la position ra
dicale qu'il a prise.
ALLEMAGNE. Le gouvernement
aurait fait des démarches auprès de la Porte
pour la cession de File de Rhodes moyennant
une forte indemnité.
On s'occupe beaucoup des élections. La
presse ofïicieuse traite de révolutionnaires les
progressistes et les nationaux-libéraux avan
cés. Elle dit que renverser M. de Bismarck
c'est vouloir provoquer une révolution en
Allemagne.
AFRIQUE. La tournure des affaires
au Zoulouland reste bonne pour les Anglais.
Le lieutenant Carey est arrivé en Angle
terre. Le Times dit que le jugement de la
cour martiale sera cassé.
ITALIË. - M. Gairoli est sur le point
de partir pour 1'Allemagne. M. de Bismarck
désire levoir.
Que sortira-t-il de cette conversation?
La Ckronique k Messines.
La Ckronique, qui se dit personne fort
indiscrèt'c, pousse depuis quelque temps l'in-
discrétion de parcourir l'arrondissement d'Y-
pres et d'étudier les hommes qui y règnent
ou les établissements qui y brillent.
II y a quelques möis, elle étudiait la Cötö-
rie Carton ét compagnie, et la dépèignait de
ce style qui lui appartient; c'était vivant. La
coterie apparaissait avec son caractère, ses
us et ooutumes et les résultats de ses trente
ou quarante ans de règne.
Une ville sans commerce et sans industrie;
une population stationnaire, obligée d'émi-
grer pour trouver l'ouvrage et le pain quoti-
dién; des monuments splendidestémoins
'eloquents d'un passé glorieux, accusant au-
jourd'hui les administrateurs qui osent se
donner comme des hommes de progrès;
l'herbe croissant dans les rues; les sociétés
privées elles-mêmes subissant les effets d'une
influence énervante; voilk ee que décrivait le
journal bruxöHois avec une vérité écrasante.
C'est bien lk l'état actuel de notre bonne
ville d'Ypres: encroütée pour longtemps et
pas même d'eau potable k boire.
La Ckronique s'est rendue k Messines; elle
y a vu bien des choses, pas toutes vraies
par exemple,mais quelques considérations ne
manquent pas de justesse.
Nous ne pouvons approuver tout ce qu'elle
dit. Certaines idéés même sönt absolumênt
inacceptables.
Que la Commission administrative se com
pose de personnages orthodoxesc'est-k-dire
cléricaux, et qu'un seul libéral y siége, cela
n'est pas exact.
M. le Chevalier Ruzette n'en fait plus par-
tie depuis longtemps et M. Vandenpeereboom
n'est pas le seul libéral. Sons ce rapport
MM. Durutte et Carpentier se plaindront cer-
tainement du correspondant de la Ckronique.
Quoi qu'il en soit, le passant qui écrit au
ministre de la justice se place au point de vue
gouvernemental. Pour lui un établissement
de l'Etat ne peut, dans la situation politique
actuelle, rien avoir de religieux. A l'Etat
libéral et franc-maron il faut des établisse
ments ayant le même caractère.
C'est logique, trop logique même pour no
tre ministère cherchant en ce moment, k
force d'liypocrisie,k donner le change k l'opi-
nion publique sur ses projets néfastes.
L'hospice de Messines est mal administré;
les orphelines n'y reqoivent qu'une éducation
toute d'insouciance et d'indolence, qui les
rend parfaitement aptes k ne rien faire. Les
mattresses, plus bigottes que de véritables
religieuses, ne savent rien de rien; leur es
prit, d'une étroitesse de vues extraordinaire,
pèse sur Fintelligence de leurs élèves. Quand
les orphelines sortent de l'établissement, k
l'age de 18 ans, elles ne peuvent devenir que
de médiocres femmes de chambre. Bon nom-
bre d'entre elles c'est le passant qui l'af-
firme, tombent au rang de trainees de
1'ég out.
Et cependant l'Institut de Messines a la
réputation d'etre laïque.
Jusqu'au costume tout y est religieux; les
institutrices qui n'ont pas fait de voeux sont
affublées de l'uniforme.
Comme le passant nous trouvons ce dé-
guisément plus qu'étrange dans un établisse
ment laïque de l'Etat. On dit que la commis
sion y tient; M. Alphonse Vandenpeereboom
plus que les autres.
II n'a pas le caractère assez carré assure le
passant.
Voilk une bonne photographie.
M. Alphonse n'est pas assez carré. L'arron
dissement d'Ypres qui le connait ratifiera cet
te appreciation. M. Alphonse est dans toute
la force du terme un doctrinaire, n'ayant de
doctrine qu'autant qu'un poitrinaire de poi-
trine, un esprit ondoyant et divers, cher
chant toujours k roster possible.
Je suis oi'seau voyez mes aites,
Je suis souris viveüt les rats.
II finira par s'asseoir éiltre les -deöx chai
ses traditionnelles.
L'idée de mainteuir k Ia direction de Mes
sines des laïques, car les institutrices ne
sont que cela, etffe les revêtir d'un costu
me de eeUgiejises, cette idéo n'émane pas
de lui, maïs il y tiónt.
On raconte même que toutes les prières
de M. Rara l'oat laissé insensible et qu'il a
menacé de donner sa démission plutót qué de
consentir k supprimer c <tte anomalie.
Le remëde indiqué par le passant nous
parait pitoyable.
Pour ceax qui connaissent l'établissement,
les conséquences d'une organisation exclusi-
vement laïque sont éviderites. Qu'on suppri-
me l'énseignemerit religieux et l'étude du ca-
téchisme, et l'on verra.
Bien au contraire, selon nous il est indis
pensable de fortifier l'enseignement chrétien.
Messines est un établissement qui peut pro-
duire une somme de bien immense et rendre
des services incalculables, mais k la condi
tion de laisser k l'éducation et k l'instruetion
cette base sans laquelle nï l'une ivi l'autre fte
peuvent donner de bons fruits, c'est-k-dire la
religion catholique.
Lk est la source de toute cónnaissance et
de tout progrès.
Lk se trouve l'exposé des devoirs envérs
les créatures, et ces devoirs, ceux qui ne les
savent pas et ne les remplissent pas sont une
cause de désordre dans la sooiété.
Sa Grandeur Mgr de Montpellier, Evêque
de Liëgè, est gravément malade dëpüis quel
ques jours. Son état inspire les plus vives
inquietudes. Mercredi, Mgr a voulu recevoir
la Ste Communion. Ce fut une scène émou-
vante.
L'Evêque s'était fait transporter darts sa
chapelle et lk Mgr Doutreloux, aceompagné
des membres du chapitre et d'un grand nom-
bre de prêtres, lui apporta le St Viatique.
Après avoir repu les saintes espèces, l'évê-
que adressa aux personnes agenouillées au-
tour de lui ses remerciements et ses adieux.
Journal