Sa voix était claire et forte, mais le doute
n'était plus possible: le vénéré pontile se
croyait au seuil de l'éternité, il envisageait la
mort avec la sérénité que la foi seule peut
donner, et c'étaient des paroles d'adieu, des
remerciements suprêmes, un dernier conseil
qu'il voulait adresser k cette élite de son cler-
gé et par elle au diocèse entier.
L'Evêque recommanda son ame a ses amis.
Au moment de quitter ce monde, je n'ai
plus qu'une inquiétude et vous la compren-
drez, dit-il, c'est ma pauvre ame.... Ah!
mes chers coopérateursmes frères,
n'oubliez pas ma pauvre ame! Je vous la
laisse.
Entendez-la quelquefois venir vous
dire: Ayez pitié de moi, vous du moins,
mes amis. Souvenez-vous de moi dans vos
prières, au St Sacrifice. Priez pour moi!
Adieu encore! et merci.
Aucune amélioration ne se produit dans
l'état de Mgr. La situation est incertaine.
Poperinghe, 48 Aoüt 1879.
La distribution des prix qui a eu lieu, Sa-
medi matin, au collége de notre ville, a été
une fête bien touchante dont notre population
gardera longtemps le souvenir.
Le drame, Louis XVII, préparé et exécu-
té par les élèves de l'établissement, leur a
valu plus d'une fois de la part du nombreux
auditoire les applaudissements les plus sym-
patliiques. Les jeunes acteursdans une
diction élégante et une action naturelle
savaient communiquer a un haut degré les
sentiments dont ils étaient animés, et tenaient
littéralement l'assistance sous le charme des
émotions les plus douces que ce drame ex
cite. Ajoutons que les chants, qui émail-
lent si heureusement le dialogue, furent en-
levés avec un aplomb remarquable.
On peut le dire, une exécution, telle que
nous avons eu le plaisir de l'entendre, prouve
la solidité de l'enseignement de nos colléges
et suffirait a elle seule pour gagner nos plus
vives sympathies.
Mais un plaisir bien autrement grand nous
était réservé: Après que M. le Représentant
Berten, notre honorable Bourgmestre, eut
remis au Lauréat de Rhétorique la médaille
d'honneur accordée par la Ville, Monsieur le
Ghanoine Stroom, qui présidait la fête, monta
au théatre et annonga k l'assistance qu'il était
chargé de la part de Mgr l'Evêque d'adrésser
au collége et k la ville de Poperinghe ses plus
cordiales félicitations pour le brillant succès
que les élèves ont remporté au concours insti-
tué entre les divers colléges du diocèse.
G'est le bouquet de la fête, dit Monsieur
le Chanoine, et un bouquet des plus superbes,
comme vous jugerez par l'analyse de ses
fleurs.
Voici eneffet le résultat du concours:
Pour la classe de sixième il y avait 18G
concurrents.
En thème latin, ont obtenu
M. Alphonse Dehaene, de Haringhe, le 3e
accessit;
M. Remi Camerlynck, de Reninghelst, le
5" accessit;
M. Maurice Dewulf, de Poperinghe, le 8e
accessit.
Dans le concours pour les élèves de Rhé
torique, les concurrents étaient au nombre
de 86.
Discours latin: 6C accessit k M. René Ru-
taye, de Stavele.
Discours franpais: Prix k M. René Butaye,
de Stavele;
3° accessit k M. Silvin Lebbe, de Poperin
ghe;
5° accessit k M. Théophile Delanote, de
Haringhe.
Version grecque: Prix k M. Théophile De
lanote, de Haringhe.
Rien d'étonnant que M. le Délégué appelat
un succès aussi brillant le Bouquet de la
fête. La joie était universelle, bien légitime
et peinte sur tous les visages. Les parents et
amis se rappelaient avec bonheur les succès
que les élèves de notre collége remportent
tous les ans aux examens de l'Université et
semblaient se dire: Quand les élèves se pré-
parent de telle manière aux hautes études,
nous pouvons avoir toute confiance en leurs
succès futurs et nous assurer qu'un jour ils
rempliront dignement une honorable carrière
dans la société.
Voici les réllexions qu'inspire k l'Unvvers
l'odieux attentat commis contre les sémina-
ristes des Missions étrangères
Les faits et gestes de Garibaldi.
Nous empruntons au Cittadino de Gênes
de trés curieuses confidences sur la situa
tion des affaires du général Garibaldi, confi
dences qui donnent la clef des récentes péré-
grinations du général
Poussé par les exigences de cette situa
tion, Garibaldi se rendit k Rome pour chcr-
cher de Targent, et voici, d'après la feuille
génoise, quel fut le résultat de ses démar
ches
Un autre journal, 1'Italienisch-Courierqui
se public a Rome, en langue allemande, nous
fournit le détail complémentaire suivant
De ces révélations il faut conclure que,
bien que vivant dans une lie, comme Robin
son Crusoé, Garibaldi n'y mène pas la vie
économique et frugale du compagnon de Vcn-
dredi.
Garibaldi n'est pas seulement l'héroïque
ganache dont parlait Mazzini, c'est aussi un
agréable farceur. Garibaldi tient beaucoup k
la royauté qui lui garantit ses appointements;
mais il aime la popularité qui lui fait la dé
magogie.-Or, en ce moment pour qu'on laisse
tranquille l'ami Cairoli au pouvoir, il ima
gine de publier le manifeste suivant
G'est lk, dit la Gazette de France, toute la
politique italienne.
Garibaldi le Nicard est de la force de M.
Gambetta le Génois.
Quant ces deux hommes d'Etat veulent
qu'on laisse tranquille leurs ministres, ils
font attaquer les prêtres de front.
On laisse tranquille Cairoli, comme on
doit laisser tranquille Ferry et Freycinet. Ce
sont les prêtres qu'on attaque.
C'est le coup italien. 11 n'est pas autrement
ingénieux, mais il réussit.
On écrit de St-Pétersbourg, au XIXc Siècle:
On s'est étonné en Europe, et les commen-
taires n'en ont pas manqué, que le Czar nè
soit pas allé k Berlin pour les noces d'or de
son oncle l'Empereur Guillaume, on était
surpris d'apprendre que, pour la première
fois depuis de longues années, il a renoncé k
son voyage et k son séjour k Ems. Plus mê
me. La cour qui passait invariablement la fin
de l'été et l'automne en Crimée, dans l'incom-
parable résidence de Livadia, n'y va pas cette
année et ne reste pas même k Peterhof, d'un
abord trop facile par mer et par terre ,mais
dans le chateau de Czarkoë-Selo.
Ce fait en dit plus long qu'il n'en a l'air. II
est de notoriété publique quedepuis l'atten-
tat de Solowieff, l'empereur soupeonne par-
tout guets-apens et assassinats. II n'y a pas
de precautions ni des mesures de prudence
suffisantes. 11 faut les avoir vues pour s'en
faire une idée. Le voyage imprévu de l'Empe
reur en Crimée après l'attentat a ressemblé k
une fuite. Sur toute la ligne du chemin de fer
Nicolas, le long de 600 kilomètres, on a posté
6,000 paysans, comme gardiens pendant la
durée du trajet. -
Le train impérial, tout doré, décoré, orné
de drapeaux et d'aigles, s'avanpait; les dépu-
tations officielies et militaires se présentaient
pour saluor l'Empereur, mais le train était
vide. Ce n'est qu'une heure après, dans
train composé de voitures habituelles, quV
rivait le Czar et sa familie. Sans parler I o
que ce soit, jetant autour un regard souped
neux et dur, le Czar mettait sa tête pafe
soucieuse k la fenêtre, et le train filait rani
dement. Quand, un mois après, accourant ai
lit de sa belle-fille mourante, il est rentré
Pétersbourg, le voyage s'est effectuédeh
même manière.
On concoit que voyager dans ces conditions
soit aussi désagréable qu'humiliant, et que
l'Empereur ait renoncé aux déplacements et
villégiatures. 11 s'enferme chez lui. Lecon-
seiller intime CharlamofF a organisé autour
de sa personne et de sa résidence une garde
qui suffirait k elle spule k rendre la vie af-
freuse. La seule occupation, la seule distrac
tion de l'Empereur est sou armée, et il aurait
ai mé a visiter ses régiments de garde qui se
trouvent au camp de Krasnoë-Selo. Mais com
me pour s'y rendre il faudrait parcourir une
certaine distance en chemin de fer, il n'y va
que rarement, en voiture, entouré d'une triple
escorte de Tcherkesses. Cette existence uni
forme de Czars koé, k cöté de l'Impératrice
maladive et confite dans la plus fervente et la
plus étroite des dévotions, fait penser invo-
lontairement k Philippe II achevant sa som
bre vie sous les voütes silencieuses de l'Es-
curial.
Chronique religieuse.
Chronique des Marches.
"II est une réflexion qui viendra naturelle-
ment a l'esprit de quiconque sera mis au courant
des faits rapportés par la Gazette des Tribu-
naux. D'ordinaire, quand un crime est commis,
c'est par l'excitation d'un sentiment particulier
qui pousse l'assassin a se défaire de quelqu'un
qu'il déteste personnellement. Ici, rien de pareil.
Selon une expression familiöre, mais énergique,
l'assassin qui s'est lachement embusqué pour
tirer sur des séminaristes, a tiré dans le tas,
et il n'a pas tenu a lui que la décharge ne causat
la mort de quelqu'un d'entre eux ou même de
plusieurs, les premiers touchés au hasard par
les projectiles. Qu'en conclure, sinon que ce mi-
sérable a été poussé par la haine du prêtre
Selon le récit de la Gazette des Tribünaüx,
les séminaristes, trois jours avant, avaient été
grossièrement insultés; des insultes on passe au
meurtre; l'on pourrait presque dire que c'est lo-
gique; mais en même temps il faut se demander
a qui remonte la vraia responsabilité de pareils
attentats? N'est-ce pas a ceux qui, par la polé-
mique qu'ils déchainent, et qui n'est que l'odieux
commentaire de discours non moins odieux,
ameutent contre les jésuites ét le clergé en gé-
néral l'opinion malsaine de la plèbe corrompue et
trompóe par eux? L'autre jour, nous citions de
M. Madier-Montjau une phrase oü eet atrabilaire
ennemi des prêtres se moquait de la soi-disant
persécution a laquelle Evêques et prêtres se pró-
htendaient en butte. Mais le crime do Meudon,
venant après tant d'autres symptömes, qu'est-ce
done, si ce n'est la conséquence brutale tirée par
les hommes d'action du parti des déclamations
furibondes propagées paries journalistes ou les
orateurs de la revolution
Lorsqu'on tolère, par exemple, la publication
de dessins oü l'on offre a 1'amusement du public
une potence oü dansent de compagnie les rois,
les nobles et les prêtres; lorsque, chaque se-
maine, une multitude d'autres dessins s'ingénient
a bafouer et injurier le prêtre, comment s'éton-
ner d'avoir a enregistrer des faits comme l'atten-
tatde Meudon? Que le gouvernement y prenne
garde, car par une semblable tolérance, c'est a
lui-même qu'on flnira justement par s'en pren
dre d'entreprises odieuses ou déjk l'on peut en-
trevoir sa part de responsabilité.
Garibaldi a quitté Caprera et s'est rendu sur
le continent pour mettre ordre a ses affaires. La
moitié du présent national qui lui a été réparti
par une loi, et dont il avait la libre disposition,
s'est óvanouie en fumée, et il ne lui reste que la
rente annuelle de cinquante mille francs, sa vie
durant.
Mais cette somme ne suffit pas pour les besoins
démocratiques de Garibaldi, les speculations de
son iils Menotti et la cupidité de ses camara-
des
Du cöté de la Cour, il recut, parait-il, autant
d'argent qu'il fallait pour venir a bout des difll-
cultés du moment, mais il d'ésirait en outre que
le ministère allat au-devant de ses désirs sous la
forme d'un nombre suffisant de milliers de bank
notes, Cependant, MM. Depretis et Magliaui ne
trouvèrent pas ces fonds et ne surent pas donner
satisfaction a la volonté du général, qui, fort irri-
té de cette résistauee, déclara aussitot la guerre
au dernier cabinet.
Lorsque M. Cairoli arriva au pouvoir, Garibal
di, dit-on, lui auraitdonné a entendre que, main-
tenant que ses amis avaient le gouvernement
entre les mains, ils ne l'oublieraient pas. Le pré
sident du Conseil comprit cette invitation, et
s'empressa de se rendre a Albano.
II y a peu de temps, Garibaldi avait emprunté
300,000 fr. a la Banque napolitaine, et souscrit
une lettre de change pour cette somme-, mais
comme il ne put payer a l'óchéance, la Banque
lui fit savoir qu'elle lui faisait don de cette som
me, que Garibaldi accepta sans difficultó.
Civita Vecchia, le 12 Aoüt.
Pour sortir l'Italie de tant d'apathie, il faut
substituer la vérité au mensonge. L'homme a
cróé Dieu, et ce n'est pas Dieu qui a créé l'hom-
me. Lancez en mon nom une circulaire a toutes
les Sociétés dont je suis le président honoraire.
Espérons qu'elle produira un bon effet. Lais-
sons Cairoli tranquille, mais nous devons at-
taquer les prêtres de front.
SignéGaribaldi.»
ÉGL1SE DE SAINT MARTIN.
Apostolat de la prière en l'honneur de Notre-
Dame de Lourdes, pour la conversion des Pé-
cheurs.
Lundi, 25 Aoüt, Messe solennelle k 7 heures.
A la chambre des criées du palais de justice,
grande bataille a coups de millions.
La société immobilière, qui possède entre au-
tres propriétós, le Grand-Hótel, mettait en vente,
k l'extinction des feux
1° L'immeuble qui contient le Grand-Hótel et
le café de la Paix
2° La maison située rue Scribe, n° 1, et boule
vard des Capueines
3° L'établissement connu sous le nom de Blan-
chisserie de Courcelies.
Le tout sur la mise a prix de trente-trois mil
lions.
L'affaire, qui fut chaude, s'est engagée vers une
heure de l'après-midi,- a ce moment, M. Masse,
avoué, et membre du conseil municipal de Paris,
est venu declarer qu'un groupe d'actionnaires
habitant Marseille s'opposait k la vente, et, au
cas oü il serait passé outre, faisait toutes ses
réserves au sujet des dommages intéréts qu'il
revendiquerait alors devant les tribunaux.
On a passé outre
Alors la vraie bataille a commencó. Après une
heure d'enchères, le Grand-Hótel a été adjugé
pour une somme de 21,300,000 fr.
L'hötel de la rue Scribe a atteint le prix fort
honnête de 6,320,000 fr.
Enfin, la blanchisserie de Courcelies a été ven
due 500,050 fr.
Le tout a été adjugé a Me Mauillefarine, lequel,
représentait MM. Philippart et Werbruk.
M. Philippart, qui était k l'audience, est sorti
aussitöt, entouré d'un certain nombre d'amis;
l'un d'eux criaitNous l'avons! nous l'avons! Ces
messieurs semblaient enchantés de leur acquisi
tion.
Quand j'aurai ajouté ce détail, que M. PhiliP'
part devra payer, en outre, a peu prés six mil"
lions pour le matériel du Grand-Hótel et deux
millions de droits a l'Etat, j'aura' a Peu PröS
tout dit.
Reste a attendre maintenant le procés que pro-
mettent les actionnaires marseillais do l'ancienne
société.
Le prix moyen du froment et du seigle sur
principaux marchés de la Belgique pendant M
semaine du 24 février au 2 mars a été flxé com®0
suit;