MERCREDI 27 Aoüt 1879. 10 centimes le numéro. année. N° 1425. On s'abonne rue au Beurre, 60, a Yprés, et a tous les bureaux de postc du rovaunie. Résumé politique. ESPAGNE. Le roi Alphonse s'est rendu ces jours derniers h Arcachon, oïi il s'est rencontré avec l'archiduchesse Marie- Christine d'Autriche. Le mari'age du roi d'Espagne aura licu vers la fin de l'année, disent les nouvellistes. FRANCE. Le Gouverneur général de l'Algérie, le républicain Albert Grévy, veut appliquer ses purs principes a la colonie. Partout l'élément civil doit remplacer Mé- ment militaire. C'est alors que les Arabes auront beau jeu. Les régimes précédents n'ont jamais encouragé la conversion des Arabes. Ils les ont gouvernés k coups de sa bre, seul rnoyen de gouvernement qui soit respecté par eux. Gomme la cravatte blanche et la queue de morue de M. Grévy les maintiendra dans l'obéissance! La loi-Ferry ne fait pas bonne conte- nance devant les conseils généraux. Jusqu'ici '14 de ces assemblées se sont prononcées centre et 9 pour. Les voix se répartissent ainsi: 293 conseillers ont voté pour la loi, 390 contre. Parmi les 14 conseils qui ont émis un vteu hostile a l'art. 7, nous remarquons ceux du Lot, de la Mayenne et de la Somme dont la majorilé est républicaine. Un fait d'ailleurs remarquable, c'est que dans tous les conseils qui ont voté en faveur des lois Ferry, la ma jorilé républicaine a été loin de réunir l'ilna- nimité des voix républicaines. On signale beaucoup d'abstentions et un certain nombre de conseillers républicains de la nuance de MM. Jules Simon et Bardoux ont mème voté avec la minorité contre les lois d'arbitraire et de proscription du ministro de l'instruction publique. Le conseil général de l'Aveyron s'est con tenté de rappeler le vceu qu'il avait émis dans la session d'Avril. L'Union démcut dune manière formcllc les bruits qui avaient couru 'relativément h un voyage du comte de Ghamborden Angleterrc. Certains personnages avaient même prétendu que le prince se troüvait en France. Or, a ce même moment le comte de Cham- bord était recu par Sa Majesté l'Fmpereur d'Autriche, a Vienne. ALLEMAGNE. II y a, parait-il, un temps d'arrêt dans les négociations entre le Vatican et M.de Bismarck.On prétend que les instructions de Mgr Roucetti,le nouveau non ce a Munich, sont moins conciliantes; d'au- tre part les prétentions de M. de Bismarck portent sur certains points que le St-Siége lie pourrait pas accorder. Nous croyonsque les gazettes sont peu renseignées sur les phases de ces négocia tions délicates. AUTRICHE. M. Andrassy u'cst pas encore remplacé. Ce ministre vient d'avoir une conférence avec le chancelier prussien ;i Gastein. Qué s'est-il dit entre ces deux per sonnages, en ce moment les arbitres des des- tinées de l'Europe? Voici une indication politique assuré- ment bien inattendue, et dont le Pester Jour nal se porte garant. 11 annonce qu'uiie nou velle triple alliance se serait formée entre 1'Allemagne, L'Autficlie et Ntalie, pour une guerre éventuelle contre la Bussie et la Fran ce. Voici en quels termes le journal hongrois' donne cette curieuse nouvelle: Personné ne doute maintenant que l'al- liance des trois Empereurs n'existe plus, et qu'un nouveau groupement des Etats se pré pare. Le centre de gravité de la nouvelle poli tique se trouve dans l'Europe centrale. Le prince de Bismarck a réussi a unir l'Autriche a rAllemagne par les lions les plus forts, et le comte Andrassy', ou son successeur, ne sera guère en état de s'affranchir dc cette alliance. De même aussi, l'alliance entre l'Al- lemagne et Fltalie se fortifie toujours de plus en plus. Tout cela prouve que le prince de Bismarck organise une nouvelle triple allian ce entre 1'Allemagne, l'Autriche et I'Italië, pour une guerre éventuelle contre la Bussie et la France. AFR1QUE. Le roi Jean d'Abyssinie vient d'envahir la haute Egypte. Le Khédive a demandé des secours en Europe. Les dernières nouvelles parvenues h Londres de l'Afrique australe sont de beau coup moins satisfaisantesque les préeédentes. Ainsi un télégramme daté de Grey-Town, Natal, annonce, d'après des rapports dignes de foi, que les Zoulous n'ont nullement l'in- tention de se soumettre. Cettiwayo, qu'on nous a représenté, aprè.s la bataille d'Ulundi, comme en fuite et obligé de se cacher dans le fond des forêts, aurait déja rallié des forces considérables autour dc lui, ct il pourrait compter, autant que par le passé, sur le dé- vouement absolu de ses sujels. A l'IIotcl-de-Viï Le Progrès daigiie renseigncr lé public sur ce qui s'est passé a l'Hötel-de-Ville lors de la dernière séance du conseil communal. C'est une exception. D'ordinaire le moniteur de nos seigneurs et maltres se home a insérer dans ses colonnes l'ordre du jour des séances. Mais ses lecteurs ne savent jamais ni ce qui i s'est dit dans les réunions ni ce qui se décide en conseil. 11 est vrai, et nous l'ajoutons immédia- tement décharge de notre confrère, le Progrès a si peu de lecteurs que Mais le '16 de ce mois, le conseil commu nal s'est oCcupé du clergé. On a mangé du prêtre et le Progrès a tenu de participer it la fête; en bon libéral il se devait cela. La séance de ce jour a done été signalée par deux interpellations. La première a pris M. le bourgmestre au dépourvu. Un conseiller s'est permis de demander au collége échevinal s'il entrait dans ses inten- tions dc préter encore (sic) la salie des hal- les au Collége Episcopal pour y faire la distribution des prix. C'est une fois une grosse affaire, savez-voas! Le langage de l'honorable conseiller était sévère. 11 parlait de l'autorité civile qui subit le joug du clergé et qui plie 1'echine sous la crosse. M. le Bourgmestre a plié l'échine sous l'in- terpellation. 11 n'a fait que suivre un usage existant depuis nombre d'années. N'ayant pas été prévenu de Finterpellation, le col- lége n'a pas pu en délibérer, mais it la pro- chaine séance il fera connaitre au conseil le résultat de cette déübération. Grosse affaire Le Bourgmestre n'a qu'ii bien s'assöuplir sinon Pauvre homineAprés avoir accueilli avec une grace charmante la demande de la Direc tion du coliége episcopal, le voila obligé do- rénavant d'exprimer un refus! Pourvu qu'on ne 1 oblige pas a employer le style de finter pellation! Seconde interpellation. Elle concerne l'ap- plication de la nouvelle loi sur l'instruction primaire. Cette fois on était sans doute prévenu, car le Bourgmestre a répondu immédiatement et longdement; si loyguement même que d'au- cuns disent qu'il y a la une petite coméd'ie arrangëe d'avance. Quand Alcibiade voulait détourner l'atten- tion publique de ses faits el gestes, il coupait la queue a son chien. La loi Van llumbeeck sert de queue de cbien au conseil communal d'Ypres. Quand lesjournaux et le public s'occupent de Van Humbceck et de sa loi, ils ne parient pas de l'administration, des hospices, des finan ces, de l'eau potable et d'une foiffe d'autres cboses sur lesqueiles nos faiseurs jettent des voiles épais et Ie Progrès garde le silence. La ficelle est trop visible pour tromper qui que ce soit. On pariera longtemps de toutes ces questions, jusqu'a, ce qu'eufin l'adminis tration songc ii prendre des mesures sérieuses et utiles. La réponse faite par M. le Bourgmestre fait naitre bien des reflexions. Nous ne dirons pas tout aujourd'hui. Gonstalons d'abord que notre premier ma gistral prétend que l'enseignemenf officiel est calomnié et persécuté. Le clergé voila l'op- presseur. Au temps de Néron, l'empereur qui avait mis le feu aux quatre coins de Rome ne trouva rien de mieux que d'en accuser les cbrétiens et de commencer la première grande persécution. Dans des temps plus rapprocbés de nous, en 93,alors que les pri sons regorgeaient de prêtres, d'évêques et de nobles, les révolutionnaires aecusaient la noblesse et le clergé d'ourdir des complots contre la République ct envoyaient les vieti- mes par oentaines ii la guillotine. M. le Bourgmestre a terminé en disant Si nous sommes d'avis que l'éducation de la jeunesse exige un enseignemént religieux, que eet enseignement se donne très-utile- ment ;i l'école, surtout dans les écolcs pri- maires fréquentées par les enfanls de la classe ouvrière, nous avons appris par l'ex- périence que les écoles sans prêtres ne sont pas des écoles sans Dieu. L'expériencè de M. le bourgmestre doit être bien grande. II a done trouvé des mal tres, autorisés, capables de donner l'ensei- gnement religieux. Mais quels sont-ils et de quel Dieu partent-ils II y a bien Plèinventre qui cultive ses ap- pareils digestifs. II pourra enseigner le jeune aux enfants de la classe ouvrière et leur prê- cher les rigueurs du carème. Pour lui il fera gras les jours maigres et mangera du saucis- son le Vendredi Saint. 11 y a encore Accrochecoeur, l'ceii en- flammé qui enseignera la morale et Sutor- gueil qui prêchera fhumilitë et I'abnégation; ou bien Folie vanité, en chignon et robe col- lante, qui tonnera contre le luxe de la toilette etglorifiera la simplicité. Mais tout cela ne sutïlra pas, memc pour les eufants de la classe ouvrière. L'expérience de M. le Bourgmestre sera vite en défaut. A cóté de cette experience, très-grande sans doute, il y a celle des siècles qui ïi'est pas a dédaigner, et celle-la nous le dit: les écoles sans prêtres sont des écoles sans foi et ne tardent pas a être des écoles sans Dieu. Tout se tient en cette matière. Le monde l'oublie trop souvent. II faut alors qu'une secousse terrible vienne lui ou- vrir les yeux. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mércredi et le Samedi. Le prix de l'abónnemeat, payable par anticipation, est de 5 fi le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent flu Décembre. Les articles et communications doivent être actresses franc de port a l'adresse ci-dessus, 50 c. par an pour tout Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps da journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judieiaires, l franc ia ligne. Les numéros supplé- mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les.2 Flandres) s'adresser a VAgence Havas Laljite, etC10 Bruxelles; 89, Marcbé aux Merbes, et a Paris, 8, Place de la Bourse. ÏC. ■k

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1