ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT, SAMEDI 20 Septembre 1879. 10 centimes le numéro. 14e année. N" 1432. On sabonnc rue au Beurre, 66-, a Ypres, et h tous les bureaux de poste du royaume. Résumé politique. ALLEMAGNE. La Chambre des De putes est dissoute. Les-elections du premier degré sont fixées au 30 Septembre, celles des députés au 7 Octobre. L'entrevue du Prince de Bismarck ct de M. Andrassy, qui aura lieu a Vienne dans quelques jours, occupe tous les esprits, [/am bassadeur prussien k Paris a été appelé par M. de Bismarck. Ou prétend qu'il s'agirait d'un traité entre la Prusse et 1'Autricbe, qui se garantiraient mutuellement la possession de leurs Etats. Qui vivra verra. Le Kulturkampft n'en est pas lk de flnir. Le nouveau ministre des cultes, M. de Puttkamer, ne juge pas k propos de demander la modification des lois de Mai, et d'autre part les négociations avec Rome semblent subir un temps d'arrêt. RUSSIE. On annonce la conclusion d'un traité avec la Chine, Ce pays rentre en possession de la province de Kouldja, moyen- nant le paiement d'une somme de cinq mil lions de roubles. L'évacuation par les Russes doit être effec- tuée endéans les trois ans. On a fait courir le bruit de la mort de l'Empereur. Aft'aire de bourse. La nouvelle est fausse. AFRIQUE. Les troupes anglaises orit réussi k capturer Cetywayo. La nouvelle officielle en est parvenue bier k Londres. Le prince Zoulou, activement poursuivi depuis la bataille d'Ulundi, a été fait prison- nier le 28 Aoüt k l'extrémité nord-est du Zululand. C'est une heureuse nouvelle pour les An glais. ASIE. Les événements en Afghanis tan s'aggravent encore. Tous les fruits de la guerre sont perdus. La campagne doit être recommencée; elle présentera cette fois, sem- ble-t-il, plus de difflcultés. FRANCE. Les communards débar- quent fièrement, la tête haute comme disait naguère la République f,ranpaiseet ce serait une erreur de croire qu'arrivés k Paris sur le théatre de leurs anciens exploits et devant les ruines encore nombreuses de leur rage incendiaire, ils éprouvent le moindre sentiment de confusion ou de repentir. 1 out au contraire, ils se gloriflent de leurs hauts laits, ils en annoncent de nouveaux et c'est aux lionnêtes gens de baisser la tête. Eb bien, voilk le trait de la situation. II est non-seulement très-vrai que les amnistiés se prennent au sérieux et se pavanent en hommes k qui doivent échoir dans un très-prochain avenir la fortune, les honneurs, toutes les ressources et tous les avantages de la puis sance publique mais il l'est aussi qu'ils sont choyés, fètés, révérés par les uns et redoutés par les autres il est très-vrai que leurs états de service sont prisés k l'égal des fastes mili- taires de la France il est très-vrai, en un mot, qu'ils sont devenus la fleur des pois de la république, de la république pariante et agissante s'entend, l'autre, celle qui s'abstient k Bordeaux, ne compte plus. N'est-il pas vrai qu'en un tel état de choses on comprendra l'importance de certain détail que nous mande aujourd'hui même notre cor- respondant parisien Le conseil municipal de Paris, écrit notre confrère, en faisant clioix des batiments restés deboutdes Tuileries pour local de ses assemblees, vient de décréter qu'il aurait désormais une tribune aux haran gues et que ses séances seraient pübliques. C'est la nouvelle Convention qui s'installe, la chose est évidente. Désormais la tribune des Tuileries réagira sur celle du Parlement légal et la première sera toute prête k remplacer la seconde lorsque les héros de Nouméa auront jeté par les fenêtres du Palais législatif les députés tièdes, indifférents ou réactionnaires. Tel est l'avenir. C'est au mois de novembre que commencera ce dernier acte de la tragi- comédie k laquelle nous assistons depuis trop longtemps. Une question palpitante d'intérêt et d'ac- tualité est celle de savoir oii se trouve pré- sentement M. Gambetta. On avait signalé sa présence en Angleterre, mais c'était fausse- ment, paratt-il Pourquoi l'on s'était ému de la présence de M. Gambetta en Angleterre, le voici. On con- nait son goüt pour les déjeuners du prince de Galles et comme l'heure actuelle est aux ma_ nigances politiques, on soupqonnait fhéfitier de la couronne d'Angleterre d'avoir attiré son ancien commensal en vue de prévenir Dal liance gallo-russe dont il est si fort question depuis quelques jours. Or, nous devons noter k ce propos que la presse francaise se pro- nonce avec ensemble pour la dite alliance gallo-russe. Cette attitude est, du reste, naturelle k tous égards. Le secret des entrevues de Gastein est décidément pcrcc k jour et l'on connait maintenant d'une manière a peu prés certaine le but que M. de Bismarck a poursuivi au congrès de Berlin. Comme nous l'avons dit alors, le chancelier allemand a poussé l'Au- triche en Orient pour la detacher de ['Occi dent et l'occupation de la Bosnië, de l'IIerzé- govine et du sandjak de N'ovi-Bazar constitue la première étape dans la réalisation de ce plan, lequcl ne peut s'exécuter qu'au grand dam de la Bussie. De la fopposition du prin ce Gortschakoft' ct les animosités do la presse russo-allemande; de la aussi les sympathies russes de la presse franf aise, qui ne saurait voir avec indifference la main-mise de l'Alle- magne sur les provinces allemandes de l'Au- triche. Tout cela s'enchaine et agrandit sin- gulièrement les horizons de la politique. La gloire de Messines et autre chose. Si quelqu'un de nos arrière-neveux trouve un jour dans les vieux papiers, Habent sua fata!les derniers numéros du Progrès, il se demandera ce qu'était Messines en l'an de grace -1879. Le l'rogrès, (quand il n'est pas en arret devant une carotte,) ne voit plus que Messi nes, n'a d'oreilles que pour ses bruits de louanges, que pour les faits et gestes des Messinois. Ne lui parlez pas d'une autre commune de l'arrondissement, Messines l'absorbe tout en tier. Becelaere et le chevalier aussi, Zonnebeke et chérubin, Gheluvelt et la casquette, tout cela s'est évanoui. Ypres même est oublié. Messines for ever. Le Gouverneur de la Province se rend en cette ville, visite l'élablissement. Le seigneur de Kruip in tl'aarde sort de chez lui et daigne accompagner le Procureur de la Province. Ou visite, on banquette, on toasle, on re- vient, on souffle. Quelle gloire pour Messines M. Alplionse Vandenpeereboom, ministre d'Etat, y fonde un hospice de vieillards. On revisite, on refête, rebanquette, retoaste, on resoullle. Le Progrès s'empresse de raconter k la main gauche deM. Alphonse la bonne oeuvre de sa main droite. Quelle gloire pour Messines! Messines est gouverné par un bourgmestre illustre, illustre entre tous. II est entré au Conseil communal en 185-3, a été nommé échevin en 1844, bourgmestre en 1846. A ces titres il ajoute celui d'avoir été créé che valier de l'ordre de Léopold en 1868. Felix qui potuit rerum cognoscere causas, a dit le poète. II rcqoit aujourd'liui la croix civique de lre classe. Nouvelles fêtes, enthousiasme, ovations, excellente musique des fanfares, cortége! Bourn! Gloire, honneur k Messines! Des esprits chagrins trouvent assez étran- ge de donner au même personnage une dé- coration d'un ordre inférieur lorsqu'il porte déjk les insignes du premier ordre du pays. C'est comme si on nommait un colonel au grade de sous-lieutenant. Qu'importe! cela fait de l'effet, et le minis tère libéral doit faire de l'effet s'il veut se sauver. Messines aura son école officielle de filles; elle sera laïque et très-libérale, car le fond de tout ce brouhaha ce sont les choses libé- rales. Le Conseil communal ne demandait pas mieux. On mettra les nonnettes a la porte. C'est k vous d'en sortir. Quelle gloire pour Messines L'exaltation va si loin que d'un numéro k l'autre le Progrès désavoue ses propres arti cles. Oü cela s'ariiêtera-t-il La chose de M. Carton s'est faite Dimanche dernier; ce compliment, cette chose qui ne se trompe jamais, qui doit être crue sur pa role, qui ne permet pas qu'on mette ses asser tions en douteelle est venu piteusement déclarer erravi, j'ai erré, je confesse ma faute, pardon II parait que la paire de ciseaux qui est chargée des coupures, avait pris sa canne pour ses lunettes et inséré dans le numéro un article qui critiquait quelque chose k Mes sines. La critique tombait en plein sur autre gros dos. Lequcl dos s'était ému. La rédaction du Progrès s'est réunie et a décidé de déclarer au public que le méchant articulet s'était glissé dans le journal, malgré ses lunettes. Heureusement le baton était la pour le mettre dehors. Ce qui est fait. On peut constater que l'ha- bit que revêt la paire de ciseaux est propre- ment épousseté. Et ainsi en ne s'occupant que de Messines le Progrès oublie d'instruire des concitoyens des faits et gestes de nos Seigneurs et maitres yprois. Les affaires de la ville, sa population dé- croissante, sou industrie qui languit son commerce qui tombe, de minimis non curat pretor. Ombre et my stère. Nous ne saurons même pas si l'herbe qui croit si aboudamment dans les rues de notre Journal Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays: pour l'étranger, le port en sus. Les abennements sopt d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent être adressés franc de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal paient 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. 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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1