ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
SAMEDI 4 Octobre 1879.
10 centimes le numéro.
14- année. N° 1436.
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Résumé politique.
FRANCE. Pour faire une revolu
tion en France, il suffit le plus souvent de
trouver une formule ou un cri jeter a la
foule. 1830 et 1848 se sont faits en criant
Vive la charte! et Vive la réforme! le 18
Mars en hurlantVive la CommuneAujour-
d'liui les radicaux ameutent les foules en
criant Vive l'amnistie plénière
Ce cri retentit partout avec un accent de
provocation et une audace incroyables; on
cherche les occasions de le produire avec une
mise en scène appropriée et on ,1e vocifère
j usque dans les enterrements de commu
nards. Rappelons, dit ce propos le Con-
stitutionnel, qu'il y a trois ou quatre ans, un
journal radical, les Droits de ïhomme, était
condamné it une répression sévère pour avoir
risqué une apologie de la Commune infini-
ment moins nette et moins chaude que les
apologies de même sorte qui se sont donné
libre carrière dans les discours funèbres de
Dimanche dernier. Nous marchons et ga ira.
Oui, ea ira. Les journaux ministériels ont
beau se fermer les oreilles pour ne pas en
tendre les orateurs de la Commune glorifiant
les victimes des conseils de guerre; les
républicains ont beau organiser des ovations
it M. Jules Ferry et it Particle 7; M. Jules Fer
ry lui-même a beau s'égosiller it tous les bal-
cons pour détourner les menées radicales et
influencer l'opinion publique en faveur de
l'opportunisme; rien n'y fait. M. Gambetta,
qui s'était flatté de rester it l'avant-garde au
moyen de la campagne organisée contre les
cléricaux est distancé de plusieurs lon
gueurs par les chefs du radicalisme; Blanqui
avec les traditions remises it neuf du comité
du salut public, Louis Blanc avec ses theo
ries communistes le laissent bien loin der
rière eux
Blanqui, Louis Blanc, Henry Maret et d'au-
tres encore de même acabit sont les rois de
toutes les fêtes révolutionnaires, ils prépa-
rent ouvertemenl la revanche de la Com
mune, dont ils identifient la cause avec celle
du suffrage universel.
ALLEMAGNE. Nous ne possédons
encore que des données fort incomplètes sur
lesélections allemandes. Toutefois, il semble
résulter d'informations diverses que les radi
eaux et les progressistes auraient fait cause
commune, alliance de laquelle on croirait
pouvoir préjuger un échec pour la politique
de M. Bismark. Quoi qu'il en soit, il est un
fait dès maintenant constaté et dont le chan-
celier n'aura certes pas it se féliciter, c'est
l'absentéisme électoral. 11 est certain que
findifférence en matière d'élections n'a ja
mais été aussi grande en Prusse. Or, dans
un moment aussi décisif pour la politique du
gouvernement, ce fait a son éloquence.
11 parait que la gauche aura perdu quel-
ques siéges, mais on ne croit pas que cette
perte sufFise pour déplacer la majorité.
Le centre sortira renforcé des élections.
La province rhénane, sa principale forte-
resse, a bien donné. Le résultat a été une
victoirepour lescatholiques, quoique lesélec
tions indirectes a trois degrés leur soient dé-
favorables. Malgré tout, les catholiques ont
triomphé peu prés sur toute la ligne. Ce
qui augmente l'importance de cette victoire,
c'est que Cologne la métropole du pays rhé-
nan et la plus grande ville catholique de la
monarchie, vient, après de longues années
de lutte, d'élire une majorité inattendue d'é-
lecteurs secondaires qui, a leur tour, éliront
deux députés catholiques en remplacement
de deux libéraux, dont l'un, M. Jung, était un
ennemi fanatique de l'Eglise.
La Gazette de Cologne avait dit que le
résultat des élections présentes indiquerait le
jugement porté par la population de Cologne
sur le système Falk ce jugement est
rendu contre le régime libéral, contre le
Kulturkampf et les lois de mai, malgré l'in-
fluence des capitalistes juifs et protestants et
malgré les artifices mis en oeuvre pour trom-
per les électeurs. Alaaf Cceln
Les élections ont été presque partout favo-
rables aux catholiques. SaufTrêves etCrefeld,
oü les libéraux font emporté une faible
majorité, toutes les villes catholiques ont
condamné le système Falk comme les élec
teurs de Cologne. Si a Cologne on a obtenu
une majorité dune centaine d'électeurs sur
496, les succès obtenus sont bien plus conso-
lants ii Bonn, Dusseldorf, Aix-la-Chapelle,
Coblentz, et dans presque toutes les villes de
moindrc importance. Les campagnes ont voté
partout comme un seul homme en faveur du
centre.
Le bruit court, dans les hautes splières
de la capitale autrichienne, que M. de Bis
marck et le comte Andrassy ont signé une
convention formelle surl'autorisation de leurs
souverains. Le fait n'est cependant pas avoué
officiellementmais il est certain qu'une
entente s'est établie entre les deux empires
pour agir de concert lorsque la catastrophe,
qui parait imminente, aura lieu a Constan
tinople.
ESPAG.NE. La réouverture des
Cortès est lixée aux premiers jours de 110-
vembre.
Le mariage du roi est iixé aux premiers
jours de décembre.
Les Cortès discuteront en janvier les réfor-
mes conccrnant Cuba et le budget de la
Péninsule.
Les planches de salut des écoles
communales d'Ypres.
En adressant ses chaleureuses félicita-
tions au nouvel inspecteur du canton sco-
laire d'Ypres, le Progrès avoue naïvement
qu'il espère trouver en M. De Deyne un
ardent défenseur de la nouvelle loi sur fen-
seignement primaire.
Cet aveu est naïf, mais fondé La loi
gueuseaven ses^signes d'hypocrisie, semble
toute faite pour le nouvel inspecteur cantonal.
Ancien élève de l'école normale épiscopale
de Thourout, il a su se dépouiller de l'éduca-
tion et des principes excellents qu'il y a recus
du dévouement des prétres, et il doit avoir
aujourd'hui, aux yeux du Progrès, qui
n'exclut le prètre de l'école qu'ü titre d'auto-
rité, toutes les qualilés requises pour
servir le Gouvernement de l'bypocrisie
Du reste, le Progrès a bien moins souci du
développement de l'enseignement primaire
que de la déchristianisation de la jeunesse et
de la gueusification de la société. 11 lui suffit
d'avoir trouvé l'homme cher son cceur et
esclave de ses idéés un ancien nourrisson
des abbés qui est devenu une grande colonne
de la libéralerie Le Progrès jubile de cette
trouvaille, et félicite le nouvel élu comme
pour se féliciter soi-mème
Ce n'était cependant pas assez de ce pilier
de la Loye pour servir de colonne tout
l'édifice scolaire de la ville d'Ypres, le Pro
grès jubile d'une nouvelle joie il a trouvé
une autre planche de salut encore pour les
écoles ou la gueusification de la ville.
Dans son numéro de Dimanche dernier, il
annonce joyeusement que M. Brouwers le
nouvel inspecteur principal s'est décidé h
fixer sa résidence Ypres. Ainsi le ressort
scolaire de Courtrai devient le ressort sco
laire d'Ypresest-ce un eff'et du souffle qui
règne et gouverne au Progrès. Ce souffle a
bien encore quelque force surtout lorsqu'il
veut se prêter aux plans de la ligue et du
denier; ou bien, est-ce par suite de certaine
aversion de M. Brouwers pour le beau séjour
de Courtrai, oü il pourrait rencontrer des
figures et des souvenirs amis, par trop catho
liques
Mais le Progrès ne se sent pas de joie; il
n'a pas de felicitations cette fois; il a atteint
un but. 11 voit dans M. Brouwers, de résiden
ce a Ypres, un défenseur de plus des éco-
les.de la ville.
C'est que le premier n'était pas suffisant;
il en fallait un second! Cependant, le Progrès
oublie-t-il que l'inspecteur principal a autre
chose a faire que de protéger les écoles de
I la ville Pense-t-il que l'inspecteur se fera
membre des Witte Klakken ou de da commis-
sion du Denier des écoles laïquesOu bien
I s'imagine-t-il que les eóoles d'Ypres c'est tout
le ressort scolaire? Ceci serait assez naturel
pour quelqu'un qui a l'habitude de dire:
l'arrondissement, c'est moi!
Une chose nous étonne cependant! C'est
que le fin renard le Progrès fonde si légère-
ment ses espérances sur ce clérical Jan Brou
wers, arrivé tout droit du fond du catholique
Limbourg! Au prix de quels sacrifices cet
ancien secrétaire du Davidsfonds de Louvain
a-t-il pu se faire recevoir par le sévère Pro
grès comme zélé protecteur des écoles
gueuses N'aurait-il pas du apparaitre
plutót comme un. nouveau traitre et rap
porteur Ces épithètes, lancées l'autrejour
indirectement par le Progrès l'adresse de
M. Grillaert, seraient ici mieux leur place,
car nous ne sachions pas que ce dernier se
soit jamais afiilié une association aussi net-
tement cléricale que celle du Davidsfonds!
Pauvre Progrès, vous n'avez pas de chan
ce: a peine trouvée ou saisie, la planche de
salut vous échappe des mains ou vous glisse
sous le pied
Mais peut-être, par le temps venteux qui
traverse l'école primaire officielle, les girouet-
tes sont-elles non moins races qu'utiles: tel a
pu indiquer le vent catholique Louvain et
Hasselt, qui marquera peut-être le vent gueux
a Ypres.
Débordé par les jeunes, déclassé par d'au-
tres, le Progrès fera bon accueil a ce vent
mixte et en doublera son souffle.
Quelle confiance ce chef-girouette va in-
spirer aux instituteurs libéraux de la ville!
Et de quelle estime il jouira auprès des insti
tuteurs des communes rurale®, oü la sincérité
et la franchise sont encore de bon ton!
Mais c'est dans l'ordre: hypocrisie en haut
et hypocrisie en bas, et l'harmonie règne dans
la désorganisation de l'enseignement primaire!
Meeting de Zonnebeke.
On nous écrit:
Zonnebeke a donné un bel exemple. Di
manche, 14 Septembre, il y a eu dans cette
commune un grand Meeting présidé par M.
Spillebout, dont le dévouement si connu a
rendu et rend encore tout les jours de si émi
nents services it la cause catholique dans no-
tre arrondissement. 11 a ouvert la séance par
quelques paroles énergiques qui ont produit
un grand efl'et sur l'immense auditoire accou-
ru de tous les points de la commune et des
communes environnantes.
M. l'avocat Yerriest, de Courtrai, et M.
Beyaert, de Bruges, ont, comme de coutume,
parlaitement réussi faire comprendre, dans
un langage élevé et populaire la fois, Ie
Journal d'Ypres,
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