Défendons les Pauvres. leurs landlords. Plus de confiance ou de sé- curité nulle part; chacun se sent a la veille d'un lendemain redoutable. Tel est, bien en raccourci, l'ensemble d'un état de choses vraiment douloureux. Pour l'expliquer, il faudrait remonterk des causes trés diverses. 11 en est cependant une qui do- mine toutes les autres: la liaine du Celte pour le Saxon; les souvenirs d'une conquête sanglante et spoliatrice. Le peuple de Saint- Patrick ne sait pas se résigner it son röle de vaincu. Mort dans le présent comme nation distincte, il se réfugié dans le passé, d'oü il est toujours pret k s'élancer vers un avenir peut-ête impossible. 11 est permis de le blamer quelquefois, mais jamais de méconnaitre sa grandeur native, son héroïque désintéresse- ment, la puissance d'idéal qu'il a toujours apportée au service de la religion et de la patrie. Pour nous, qui aimons tendrement ce no ble peuple d'lrlande, et qui ne voudrions pour rien au monde le voir tomber dans les embüches de la Révolution, nous espérons que ses évêques, qui font jusqu'k présent préservé de l'esprit révolutionnaire, parleront bientót et l'éclaireront sur ses devoirs. Puis- se leur jugement être sa régie! C'est k eux qu'il doit de vivre, et ce n'est qu'en confor mant sa conduite k leur direction qu'il peut espérer la satisfaction de ses légitimes aspi rations. lis ont peur! La rage des feuilles gueuses ne connait plus de bornes. Depuis les grands carrés de papier, qui inondent le pays de leurs élucu- brations malsaines, jusqu'aux feuilles de trottoirs, qui répandent leur infection par toutes les classes de la société c'est le même chorus de blasphèmes, de menaces et d'im- précations. Et pourquoi Paree que la loi de malheur avorte piteusementparee que eet engin de guerre imposé k la nation, contre la volonté du peuple, par une voix arrachée a un mourant vient se briser contre la nation elle même car la Belgique est une nation fon- cièrement catholique et nous le voyons au- jourd'hui plus que jamais malgré tous les efforts des FF. mapons, jamais on ne par- viendra a remuer le cadavre du catholicisme encore beaucoup moins k le jeter dans la fosse qu'on croyait lui avoir préparée. Et cependant quelle douce et facile vic- toire ne s'était pas promis la gucuscrie. Déjk on tredonnait tout bas des chants de. triom- phe; 1880 devait voir l'Infame écrasé et le libéralisme dansant un pas triomphal sur la fosse du catholicisme. le Progrès l'avait annoncé: Hospodar Pacha était revenu de Bruxelles; il avait daigné com- muniquer la bonne nouvelle. Jugez de la joie: Le Progrès n'y tenait plus et la redaction langait les plus beaux canards de sa basse- cour. Mais hélas! tous ces beaux rêves ont vécu ce que vivent les roses: le premier Octobre a vu se rompre le charme. Le soleil libéral s'est levé bien sombre ce jour-lh et n'a brillé que d'une lueur blafarde. Le peuple catholique indigné s'est levé et, ii la suite de ses Évê ques, il marche k la lutte et k une victoire certaine. Nos adversaires le voient et ils ont peur Ils retusent la lutte k armes loyales. Ils s'af- f'ublent du masque des traitres et crient a nos catholiques populations: Rien n'est changé! mais le peuple ne se laisse plus tromper par ces sortes de mensonges. Les écoles libres s'emplissent delèves et les écoles officielies demeurent désertes. Ils crient: Vive la liberté! et ils pressurent le peuple, violentent les consciences, vont a l'encontre du voeu de la nation, ratifié par la signature de plus de 300,000 pères de fa milie. Ils ont peur! et voilk pourquoi, k Ypres comme ailleurs, partout oü la gueuserie règne et gouverne, depuis l'écharpe du bourgmes- tre jusqu'aux galons d'or du chef de gare, tout est mis en branie pour donner k la loi de malheur une apparence de victoire. Ici c'est un père de familie qui doit choisir entre le pain de chaque jour et l'ame de ses enfants. Ailleurs c'est un brave ouvrier que l'on for ce d'envoyer son enfant a l'école communale sous peine de se voir refuser, non-seulement tout secours actuel, mais pour plus tard jus qu'k l'entrée d'hospice, jusqu'au lit d'hópital, jusqu'k la visite du médecin. Et le Bureau de bienfaisance, qui a entre les mains un patrimoine proprété du pau- vre, s'en sert pour violenter les conscien ces, entruver la liberté des Pères de familie et forcer les indigents a envoyer leurs enfants dans les écoles qu'ils réprouvent et qu'ils condamnent. Ils ont peur! Aussi leur règne est prés de finir, la conscience publique les condamne. De toutes parts surgissent des plaintes et des protestations; le mécontentement est géné- ral, non-seulement parmi les opprimés, mais dans les rangs inêmes des oppresseurs. Le peuple, étonné de tant d'audace, peut courber la tête un instant sous le talon d'un fossoyeur, mais il ne cèdera pas; il patiente, mais il n'oublie pas. II aura son jour k lui. II enverra dans les administrations publiques des hommes impartiaux, qui géreront la cho se publique selon la justice et l'équité et res- pecteront équitablement les droits de chacun. En attendant, catholiques, serrons nos rangs et la victoire nous restera. On nous écrit de Zillebeke: La semaine dernière a eu lieu la bénédic- tion solennelle de la nouvelle école catholi que k Zillebeke. Après la messe célébrée pour le bonheur des enfants, de leurs parents et des bienfai teurs de l'école, on se rendit, clergé en tête, pour procéder k la cérémonie. En tête du cortége marchaient MM. de Vinck de Winnezeele. Qu'il est touchant de voir ces nobles et pieux jeunes gens, héritiers d'un beau nom, se joindre a un cortége d'en- fants, pour la plupart pauvres et délaissés, les encourageant par leurs paroles et les sou tenant par leurs bienfaits. Ces MM. compren- nent leurs devoirs et savent les remplir. Leur exemple, comme celui de tant d'autres, por tera ses fruits. Des scènes de ce genre restent profondé- ment gravées dans tous les coeurs, jamais on ne les oublie. On remarquait dans l'assistance plusieurs membres du Conseil communal, les parents des écoliers et un grand nombre de parois- siens accourus pour être témoins de la céré monie. Une petite fête avait été organisée en faveur des enfants. Les pauvres n'avaient pas été oubliés. Chacun se retira satisfait de la journée, avec le ferme espoir que la nouvelle école, sous les bénédictions de Dieu, fleurira et verra sa population s'accroitre constamment. Puissent les prières et les vceux des fidèies être exaucés par celui qui a dit: Laissez venir a mol les pet its enfantsEn micouragcautcs paroles pour ceux qui se dévouent en ces temps de persécution k l'éducation de la jeu nesse. Le Code pénal, art. 151, pré. voit et punit d'un emprisonnement de quinze jours d un an les actes attentoires aux libertés et aux droits garantis par la Constitu- tion, ordonnés ou executes par un fonctionnaire ou officier pu- blic, par un dépositaire ou agent de l'autorité ou de la force pu- blique. Les catholiques ont toujours été les défen- seurs du pauvre et ils doivent continuer cette tradition. Nous prions instamment nos amis de nous signaler tout acte tombant sous ^application de l'article précité et bien établi par témoins. Nous croyons utile de rappeler k MM. les curés et membres des comités scolaires que les constructions nouvelles doivent être décla- rées au fisc par le propriétaire de l'immeuble dans les quinze jours k partir du moment oü elles sont occupées, sous peine de 50 fr. d'amende. Cette déclaration doit se faire par écrit. On nous dematide si les instituteurs des écoles libres sont tenus de prendre patente. Nous croyons pouvoir affirmer qu'ils y sont tenus. Les instituteurs d'écoles libres tombent sous le ii° 451 de la loi des patentes, tableau n" 14, et sont cotisés au tarif B. de la 9e k la 13" classe. Les instituteurs salariés par l'Etat ou /a commune sont seuls exempts: encore sont- ils imposables pour l'indemnité ajoutée k leur traitement pour l'instruction des enfants pauvres. (Nouveau guide du patentable, p. 127.) Les sous-maitres ou sous-instituteurs sont exempts. Les projets ministériels. On écrit de Bruxelles k la Meuse: La violente opposition que soulève dans le monde catholique la loi sur l'instruction primaire n'empêchera pas le gouvernement de proposer, dès l'ouverture de la session prochaine, la revision de la loi de 1850. Cet te réforme, comme je vous l'ai annoncé, pe tera sur l'organisation interne de l'enseigne- ment. Elle comprendra la suppression difmi- tive du gree et probablement du thème latm du programme des matières obligatoires, une notable simplification des méthodes, e enfin, ainsi que vous le savez déjk, la P10' position de rétablir 1'examen de gradué en lettres. Nous lisons dans le Journal d'Anvers La Flandre libérale raille rnalicieusement l'attitude hypocrite et emmiellée du ministèie- La feuille gantoise pouvait bien excuse1' l'introduction de l'article ouvrant au clerge une trappe dans laquelle on savait très-bie'1 qu'il ne se laisserait pas attirer; mais malices du ministère doivent finir la. Voici comment s'exprime le journal de - Laurent 11 est difficile de se faire plus petit. P humble et certes jamais on n'a pousse P loin la passion des concessions. Os sem AVOIR SI PEUR I)E LAISSER CROIRE QUE LA 11K1 DE LA LOI UE 1842 A ÉTÉ UNE RÉFORME SÉRIE S Luxembourg, ces grands paladins du meilleur temps de la chevalerie de France. Les pères Jésuites remportérent en France, en Italië, en Espagne, la palme de l'éloquence de la chaire. La logique, la raison, la sagesse, la piété, résidaient dans l'ame de Bourdaloue et coulaient avec abondance de ses lèvres. Lingendes, Cherni- nais, Delarue, étaient a la tête de leur profession parmi les Francais, pendant que le pathétique Segneri n'avait point d'égal parmi les orateurs sacrés de l'Italie. En Espagne, un jésuite (Isla) itit plus pour purifier la chaire de la declamation extravagante de .l'époque que Cervantes pour purger le cerveau de ses compatriotes de la che valerie fantastique. lis brillèrent dans les arts aussi bien que dans les sciences. Le Père Gozzi fut employé dans le drainage des marais Pontins. Un autre fut chargé de tracer les plans pour soutenir le döme de St-Pierre qui menacait d'écraser ses supports massifs. Newton reconnaissait qu'il devait au jésuite Grimaldi ses idéés sur l'inflexion de la lumiére. Dans leurs missions en Grèce, en Asie mineure, aux iles de 1'Archipel, ils sedistinguèrent entre les plus sa vants comme antiquaires, botanistes et minéra- logistes. lis devinrent horlogers et mandarins en Chine; ils furent astronomes sur le plateau du Thibet; ils enseignèrent la labourage et la méca- nique au Canada en même temps que dans les plaines du Paraguay, leur conquête particulière, ils enseignaient la théorie et la pratique de l'ar- chitecture civile.de l'économie domestique.de l'a- Et la nouvelle étaitcertaine.... grieulture et de tous les mótiers de la vie eivili- sée.Afin d'attirer les timides Indiens et de les fai re sortir de leurs forêts et de leurs villages, ils jouérentde la flüte et du violon, de sorte que l'histoire deThèbes s'élevant aux accords de la lyre d'Amphyon ne fut plus dés lors uue fable. G'était une délicieuse contrée que le Paraguay, ils en firent un paradis terrestre par la vertu et l'innocence de ses habitants. La preuve la plus convaincante de leur mérite supérieur se trouve dans la docilité et la patience qu'ils montrèrent en se soumettant avec promp titude au décret du pape Ganganelli qui suppri- mait leur société. Dans le Paraguay, ils auraient pu braver les ordres de l'Escurial appuyés qu'ils étaient par une armee de 60,000 Indiens dévoués a leurs bienfaiteurs spirituels et temporels, ex- ercés a la taetique militaire de l'Europe et possé- dant, en 1750, une excellente artillerie. Gette portion de l'Amérique ne tarda pas a retomber dans la barbarie et les résultats de leur retraite ont pleinement justifié l'opiuion de Muratori. Ce fut un jour nélaste pour la littérature en Espagne, en Portugal et en Italië quand leurs colléges furent fermés. En France, ils auraient pu retenir l'avalanche de l'irréligion, car en présentant a leurs ennemis le christianisme revê- tu de l'armure de la science, ils auraient imposé lo respect au railleur et confondu le sceptique; mais le Vatican avait parlé, ils s'inclinèrent et se dispersèrent paisiblement dans quelques villes du continent, oü ils furent accueillis et admirés par tous les amis du savoir et de la piété. Le corps des Jésuites ne cessa de faire du bien même aprés sa dissolution en 1763, et comme les os du prophéte Elisée il opéra des miracles jus- que dans le tombeau. Le temps et l'espace nous manquent, dit en ter- minant le Cosmopolitanpour citer le dixième des témoignages que nous possédons concernant les bienfaisants travaux de l'illustre société ex- puisée de l'Allemagne par l'homme de sang et de fer. Ses membres peuvent se demander a bon droit, Quae regio in terris non nostri plena laboris. car ils n'ont visité aucune région qui n'ait res- senti leur bienfaisante inlluence. Le ministro do l'empereur Guillaume n'a donné aucun motil de la sentence d'exil qu'il a pronon- cée; mais quand on considère l'histoire des Jé suites et la carrière de Bismarck, le plus aveugle sceptique et le fanatique protestant le plus idiot (c'est un journaliste protestant qui parle), ne peuvent s'empêcher de voir de quel cöté se trou ve le bien ou le mal, l'équité ou ('injustice. Quels sont leurs ennemis? Les... dont l'igno- rance pleine de préjugés, aussi épaisse quele septuple bouclier d'Ajax, est impónétrable aux flèches les plus directes de la véritó. Voila les hommes qui lancent des pierres au soleil, dénon- cent un génie qu'ils ne peuvent mesurer, et ca- lomnient une philanthropie dévouée dont eux- mèmes sont si complétement incapables. Traduit de Vanglais.) L. A.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2