ORGANE CATHOLiqUE DE L'ARRONDISSEMENT,
SAMEDI 8 Novembre 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N° 1446.
On s'abonne rue au Beurre, 66, k Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume
Résumé politique.
FRANCE. De ce que le ministère
francais a révoqué quelques maires, pour-
suivi M. Humbert et la Marseillaise et qu'il
a poussé la vigueur jusqu'ü annuler le voeu
en faveur de l'amnistie plénière émis par le
'Conseil général de la Seine, les modérés
de la république reprennent confiance.C'est
a peine s'ils paraissent it l'heure actuelle se
soucier des clameurs de la démagogie.
Revenus de leurs premières frayeurs, ils
cherchent a se persuader que l'agitation de
cés derniers temps était plus factice que
réelle, que le gouvernement, après avoir
fourni un si bel échantillon de sa force et
des extrémités oü le peuvent entrainer ses
viriles résolutions, n'a plus redouter dé-
sormais les menaces et les entreprises des
hommes de désordre. Ne voila-t-il pas, en
effet, de bonnes raisons de croire que tout
est sauvé, et ne sommes-nous pas bien in-
justes de ne point partager eet optimisme?
Mais, n'en déplaise aux modérés, nous
ne voyons pas de même ceil la situation.
Nous n'avons pas eu le temps encore d'ou-
blier les élections de Javel et de Lyon, les
apologies de la Commune qui se sont pro
duces it la fois sur tous les points de la
France, les insolentes et impérieuses somma-
tions du congrès de Marseille. Nous ne
voyons rien de change dans letat du pays,
et il nous ne parait pas que les meneurs du
radicalisme aient perdu de leur audace et
soient disposés reculer. La tardive har-
diesse du ministère n'aboutira quit rendre
sa chute plus certaine. C'est ceque les feuil-
les rouges lui prédisent tous les jours etce
que l'événement se chargera de vérifier.
En dehors du petit groupe d'officieux at
tachés h sa fortune, le cabinet Waddington
a-t-il des amis sur lesquels il puisse comp
ter Né, dans un moment de crise, d'une
coalition de groupes parlementaires dont
les programmes different, a la merci de
toutes les influences locales et électorales,
il n'a ni homogénéité ni ligne de conduite
neltement tracée. De la le trouble qui règne
dans les hautes regions de la politique eta
tous les degrés de 1'échelle hiérarchique, et
qui porte, dans un département, les agents
du pouvoir a faire de la candidature offi-
cielle au profit des protégés de l'opportu-
nisme, tandis qu'ailleurs maires, adjoints,
sous-préfetset commissaires de police pren-
nent part aux manifestations organisées en
l'honneur de Blanqui et de l'amnistie plé
nière.
M. Leven a été élu Dimanche, conseil-
ler municipal de Paris par 826 suffrages,
sur 1,862 votants. 826 voix, c'est maigre.
Comme les listes électorales du quartier
Montmartre portent 4,949 inscrits, on voit
que M. Leven ne représente que le sixième
des électeurs de son quartier. Ce scrutin
de ballottage montre une fois de plus l'in-
différenee croissante du public en fait d'é-
lections et de république.
HOLLANDE. Les jours du cabinet
néerlandais seraient-ils déjü comptés On
le dirait en parcourant le rapport sur le
budget de 1880. L'arrivée aux affaires du
cabinet van Lynden y estcaractérisée comme
un acte d'immoralité politique. Ce rapport
fait observer que la plupart des ministres
actuels ont toujours figure parmi les adver-
saires du parti libéral, ce qui ne les a pas
empêchés, en se présentanl aux Chambres,
d'assurer dans leur programme qu'ils con-
tinueraient la politique libérale du cabinet
Kappeyne. Du reste, le cabinet van Lynden
se trouve placé, par le rapport de la sec
tion centrale, au pied du mur. 11 sera done
forcé de se declarer oüvertement et tout
fait prévoir qu'il provoquera lui-mème un
vote de la seconde Chambre, afin de savoir
s'il trouvera pour sa politiquesi toutefois
il en a une un appui dans la majorité du
Parlement. Le sort du cabinet sera proba-
blement décidé avant la fin du mois, lors
de la discussion du budget de l'Etat.
PRUSSE. Être une grande puis
sance militaire est, certes, une belle chose,
mais l'éclat des uniformes brillants et la
longue portée des pièces d'artillerie mon-
strueuses ne seront pas toujours, aux yeux
des sujets, une compensation suffisante
pour la misère et la pénurie financière dont
ils sont les premières victimes. Nous vou-
lons parler de l'Allemagné, oü la situation
financière est loin de répondre l'idéal
qu'on se fait d'un pays prospèrc. C'est de
Berlin même qu'on écrit au journal Alsace
ce qui suit
cc La question financière domine pour
l'instant les préoccupations politiques
comme les budgets particuliere de pfesque
tous les Etats secondaires, de la Bavière,
de Wurtemberg, de la Hesse et de Bade,
le budget prussien se solde par un gros
déficit. Les nouveaux impóts d'Empire n'ont
pas jusqu'ü présent donné ce qu'on en
aftendait. et il faudra bientót faire face aux
dépenses nécessitées par l'acquisition des
chemins de fer appartenant a des Compa
gnies particulières. La plupart des journaux
ne peuvent s'empêcher de constater avec
une nuance de mélancolie que l'ère des
excédants procurés par les milliards fran
cais est close sans retour. Les exercices se
suivent, mais ne se ressemblent pas.
AUTR1CHE. Le Montagsblatt, orga-
ne diplomatique de Berlin, prétend que le
prince impérial d'Autriche, archiduc Rodol-
phe, en apprenant la victoire des fractions
fédéralistes et conservatrices la Chambre
haute du Reichsrath autrichien, se serait
écrié II me parait que nous marchons de
nouveau vers l'abime.
II est impossible que ce très-jeune prince
ait critiqué de la sorte la conduite de ses
deux oncles et de l'archiduc Albert, qui
tous trois ont assisté cette mémorable
séance et voté avec la fraction conservatrice.
Ce propos est done une pure invention
du Montagsblattle jeune prince impérial
est connu, d'ailleurs, cornme s'occupant
fort peu de politique.
PORTUGAL. A la suite des élec
tions faites dernièrement en Portugal, le
ministère que préside M. Bramcamp peut
compter sur une majorité de 104 députés
en face d'une minorité de 25 représentants
de l'opposition.
Les plaintes sont générales contre la pres-
sion ollicielle et les violences dont se sont
rendus coupables les amis du gouvernement,
llyaeu, outre des morts el des blessés,
des urnes enlevées avec les bulletins par
la foule.
On annonce dès présent des séances
orageusesau Parlement. L'écueildu gouver
nement, qui a la majorité dans la Chambre,
sera le Sénat, ii moins qu'il ne fasse de nou
veaux sénateurs, ainsi qu'on lui en attribue
le projet. D'autres difficultés lui viendront
du cöté de la majorité partagée en deux
grands groupes, les historiques et les ré-
formistes. Ces derniers sont les plus nom-
breux ce sont des monarchistes tièdes,
partisans des réformes, ainsi que leur nom
l'indique. Quelques-uns se sont fait remar-
quer par leurs attaques violentes contre le
Roi dom Luiz.
TURQU1E. Les rapports entre M.
Henri Layard, l'ambassadeur britannique,
et la Porte sont moins tendus. II appert
des informations du Times que les bruits
alarmistes de ces jours derniers avaient
leur source dans le palais même du Sultan.
On fait dire que sir Henri Layard a récla
mé sur un ton comminatoire le commande-
ment des troupes dans le Kourdistan pour
un Anglais. Ce qui est vrai, c'est que le
Sultan se montra fort embarrassé lorsqu'il
rê<?ut, après le changement de son minis
tère, sir Layard, de retour de son excursion
en Syrie, et qu'il mit une certaine violence
nerveuse repousser les réformes dont le
ministre britannique réclamait la prompte
introduction en Asie-Mineure. Le lende-
main il persévéra dans ces mêmes disposi
tions. Mais bientót il eut peur. Le Sultan
manda Savfet pacha prés de lui et le char-
gea d'entretenir les ambassadeurs d'Angle-
terre et de France de ses intentions. Le
brusque départ ducomte Zichy pour Vienne
mit le comble l'émoi de la Porte, qui de-
manda alors 1'intervention de Musurus pa
cha prés du marquis Salisbury. Ce dernier
ne manqua pas de soutenir les demandes
présentées par M. Layard au Sultan, et ce.
lui-ci en sera encore une fois quitte pour
des promesses.
Ua quasi-relèvement de gueux.
Dans notre numéro du 5 courant, nous
avons reproduit un avis important con-
cernant la pression exercée contre la liberté
des pères de familie, ouvriers employés
par la compagnie des chemins de fer de la
Flandre occidentale et annonfant qu'une
assemblée générale des actionnaires de
cette Société aura lieu le 10 courant. Dans
eet avis, nous engagions instamment les
personnes qui pourraient nous renseigner
sur des tentatives d'intimidation, dont elles
auraient élé l'objet ou qui seraient a leur
connaissance it adi'esser ces renseigne-
ments, avec pièces l'appui, s'il y a lieu,
au bureau du journal, la Patrie de Bruges.
Nous croyons devoir insister de nouveau
sur la nécessité de fournir ces renseigne-
ments, car, malgré toute la bonne volonté
et tout le zèle que l'on y mettra, nous som
mes persuadé que la vingtième partie des
tails qui demandent la répression de l'auto-
rité supérieure contre ses employés gueux,
grands ou petits, ne parviendra pas sa
connaissance!
Ces soi-disants libéraux ne manqueront
pas, en effet, d'intimider leurs subalter-
nes et de les menacer de la privation de
leur emploi, la moindre plainte que ceux-
ci pourraient faire ou au moindre témoi-
gnage qu'ils pourraient dormer: puis, la
loyauté ou la foi gueuse aidant, on trouvera
dix raisons pour motiver le renvoi du pau-
vre ouvrier
Les faits sont cependant nombreux et
criants, et l'interpellation qui sera faite
1 administration, produira un excellent effet,
si faible que soient les preuves dont on
pourra l'appuyer!
Du reste, les moyens ne seront pas épui-
sés, pensons-nous, après cette interpella
tion, et il faudra chercher a tout prix a
rabattie 1 audace de ces employés gueux,
assez sourds pour rester insensibles aux
cris et aux plaintes de l'ouvrier, dont ils
révoltent la conscience et violent les droits
les plus respectables.
A Apres, on a déjü découvert un autre
moyen: la aussi, des pères de familie, ou-
•y 1. j i u i;. r ioici
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