O R GANE CAT HO L Q U E D E LA R R O N DISSE M E N T
MERGREDI 26 Novembre 1879.
10 centimes le numéro.
I4r année.
N" 1451
On s'abonne rue au Beurre, 60, a Ypres, et a tons les bureaux de poste du rovaume
Résumé politique,
-P- FRANCE. La revocation de M. Cent,
nommé gouverneur de la Martinique, a man-
qué d'occasionner la débacle du ministère
franpais. M. Lepere voulait donnet' sa démis-
sion. Mais grace l'intervention de Gambetta,
qui recule devant la responsabilité du pou-
voir, le ministre de l'intérieur l'a retirée.
Gambetta renonce aussi a s'expliquer de
vant. ses électeurs de Belleville. L'un de ses
itdèles, M. Floquet, est sorti très-applati d'une
reunion électörale au cirque Myers. Le Prési
dent de la Chambre, qui prévoil pour lui-
même un échec semblable, ne se soucie pas
d'un interrogatoire oü les aimabies Bellevil-
lois pourraient l'einbarrasser.
II va, parait-il, publier un article-program
me dans son journal la République fraw-aise.
La redaction de eet article Fooeupe, dit-on,
depuis plusieurs jours.
GRANDE-BRETAGNE. Les affaires
d'Irlande deviennent graves. S'il faut en
croife 1c Central News, le gouvernement an
glais aurait élé informé que les fenians d'A-
mérique out organisé un plan pour soulever
l'Irlande. G'est a cette révélation que serait
due la surveillance dont sont en ce moment
l'objet les navires américains dans les ports
irlandais.
L'arrestation de trois des prijocipaux chefs
du mouvement a soulevé une émotion proton-
de. Des meetings nombreux se réunissent
partout et les protestations les plus énergi-
ques sont votées d'enthousiasme.
Les individus arrêtés sont accuses, non-
seulement d'avoir tenu des discours siditieux,
mais encore de complot contre la süreté de
FEtat.
11 est incontestable que l'Irlande se trouve
dans une position miserable. Les fermiers ne
trouvent pas dans les résultats d'une mauvai-
se récoltc le moyen de payer leurs redevan-
ces, et le régime auquel est soumis la pro-
priété dans ce pays n'est réellement pas équi-
table.
Mais ils ne pourront obtenir le redresse-
ment de justes griefs en sortant de la légalité.
Le gouvernement anglais a fait droit sur bien
des points déjü. line opposition sur le ter
rain légal, conduite avec prudence et surtout
avec persévérance, aurait raison de preten
tions non justifiées.
L'Anglais est animé d'un esprit trop prati
que pour ne pas rendre justice a ceux qui ont
vraiment droit.
ITALIË. Le ministère est constitué.
Gairoli et Depretis, jadis adversaires, sont
aujourd'hui assis cote a cóte.
L'ltalie ira jusqu'au fond de l'abime oil les
révolutionnaires sont en train de lamener.
AMÉRIQUE. Les Gbiliens viennent
de remp'ofter une grande 'victoire sur les
allies, prés d'Iqürque.
La corvette péruvienne, Pil Mayo, a été
capturée.
rAUTRICHE. La visite du prince im
perial de Russie a Yienne et Berlin a pro-
duit un rapprochement entre ces gouverne-
ments et la Russie.
L'alliance austro-prussienne a surtout un
but conservateur auquel la Russie ad hère plei-
nement. Le gouvernement anglais la voit de
bon ceil.
11 en résulterait que la France,qui peut être
considérée comme le porte-drapeau de la re
volution, serait isolée.
L'échange de vues d'après le
Progrès.
Nous avons déjü rendu compte de la comé-
die que M. Frère-Orban avait organisée la
Chambre et du piloyable fiasco qui en a été
ïe résultat.
Liberaux et calholiques Font constaté avec
unanimité; les uns pour montrer combien ces
anciennes accusations contre les catholiques
tombaient a faux, les autres pour lui prouVer
que toute sa diplomatie avait abouti un
échec colossal.
L'Echo du Parit ment soul avait conserve
sa brosse cirage et iustrait les bottes de son
seigneur et maltre. Le Progrès. vient de se
joindre a ini. Notre petit confrère saisit le
pinceau et veut donner une petite lèche la
cliaussure défraichie de Jupiter.
Notre organe liberal raconle a sa fayon ce
qui s'est passé a la Chambre et résumé d'une
maniere étrangé les documents diplomatiques
qui ont été publiés.
11 n'a garde de les publier lui-même, il y
trouverait sa condamnation. II pousse même
l'outrecuidance jusqu'a regrclier de ne pon-
vóir le faire. C'est payer d'audace. Maiscela
ne sufïït pas pour faire admettre l'expücation
mensongère qu il en donne.
Oil done a-t-il vu que Léon Xlll désavoue
en tous points la conduite de notre clergé?»
Oü a-t-il apergu le désarroi des organes
eléricaux et la situation gênée des Evê-
ques?
G'est se préparer de rudes déboires que de
prendre ses désirs pour des réalités, et il faut
être d'une témérité tqute progressiste pour
annoncer triomphalement que les catholi-
ques véritables se demanderont ce quest
devenue Finfaillibilité pontificale.
Catholique véritable, le Progrès est loin de
Fêtre; il n'y aspire même pas. Comment
peut-il juger de Finfaillibilité porititicale qui
l'offusque, alors que Finfaillibilité de M.
Carton a seule quelque valeur a ses yeux.
Qu'il ne s'aventure pas sur ce terrain absolu-
ment ineonnu pour lui.
Nous ne craignons pas la publication de
ces fameux documents oü !e Progrès prétend
voir lant de cboses. M. Frère en espérait
beaucoup et son espoir est dégu. L'lndépen-
dance vient de lui dire qu'après eet écliange
de vues, lui, tout-puissaut ministre, sait....
qu'il lie sait Tien. La Öhromque lui écrit qu'il
n'a rien obteuu et, cöté de ces deux organes
attitrés de l'opiniou libérale, le Progrès d'Y-
pres vient annoncer pompeusement qu'il voit
quelque chose. Hélas! le dindon de la fable
Toutes les lunettes sont mal nettoyéës au
Progrès.
Voici done quelques extraits de ces docu
ments diplomatiques que le Progrès peut mé-
diter a l'aise
Les évêques sont indépendants et ce n'est
que dans des cas exceptionnels ei. dans les
circonstances les plus graves que le Rape
leur adresse des observations. II n'y a done
pas lieu d'intervenir lorsqu'il s'agit. d'actes
coilectifs de Fépiscopat et que ces actes ont
pour but de s'opposer une loi projetée
dont les conséquences seraient facheuses
»,pour l'iiifiuence de l'égbse.
Nous avons déja donné au gouverne-
ment royal une grande preuve de notre dé-
sir de ne pas aggraver le conflit en ne ve-
nant pas en aide aux évêques; mais parai-
tre desapprouver même indirectement et
quant la forme, quelque regrettable que
puisse être cette forme, la ligne de conduite
des prélats bel'gés, nous ne le pouvons pas.
Voici un autre passage plus explicite enco
re de ces meines documents.
Sous le rapport de la doctrine, la lettre
des prélals est parfaitement correcte... Les
évêques ont agi dans la limite de leurs
droits stricts et sous leur propre responsa-
bilité... Sa Sainteté ne peut ni blamer ni
désavocer les principes sur les quels ils se
basent.
Nous sommes loin, on ie voit, du désavcu
infligé par Léon XIII aux évêques beiges d'a
près le Progrès.
Le Progrès dit le contraire de la vérité.
Sa Sainteté ne peul ni blamer ni déSavouer.
G'est clair cela. 11 faut appartenir la ré-
daction du Progrès pour ne pas comprendre
un texte aussi formeJ.
L avis de M. Frère de même doit être de
quelque poids dans l'occurence.
Voici comment s'est exprimé le ministre,
auteur de l'échange de vues,dans la séance de
Mardi:
11 ne faut pas qu'on interprête ainsi ma
pensée, que le Pape approuve la séculari-
sation de Fenseignement. Ce serait nbsur-
de. Je ne pretends pas que le Pape est fa-
vorable au principe de nos lois en cette
matière, ni qu'il les trouve conformes aux
principes de FEglise catholique. Le Pape
et les Évêques sont, j'en suis persuadé.
parfaitemenl d'accord sur ce point de doe-
trine.
Et ailleurs il ajoute
Les lRêques .peuvent afiirmer en toute
vérité et sans crainle d'être démentis que
sous Ie rapport dogmitique, ils sont en par-
faxte communion dfidées avec le Souverain
Pontxfe. Lorsquils combat tentqu'its fe-
prouvent, qifils répudient l'école non con-
fessionnelle il le font comme le Pape le fe-
rait.
Personne ne songe parmi nous a oppo-
ser sous le rapport du dogme le Pape aux
Évêques. A ce point de vue il y a pleine
harmonie entre eux, c'est entendu.
Voilü qui est clair. M. Frère-Orban lui-
même le constate: et n'existe entre le Pape
et les Évêques aucun dissentiment.
Que valent après cela les assertions du
Progrès, que signifient ses audaces?
M. Rara disait un jour a la Chambre, en
s'adressant un collègue: 11 ment et il sait
qu'il ment.
Que le Progrès examine si cette parole mi-
nistériclle ne lui est pas applicable.
Les liberies constitutionneiles
et les catholiques.
Le Bien;public apprécie comme suit le fa
meux exposé de M. Frère. Sou appréciation
est absolument fondée. Tous les journaux du
reste sont unanimes sur ce point:
Nous avons dit hier, en parlant du dis
cours de M. le ministre des affaires étrangé-
res, que le triomphe diplomatique que 31.
Frère-Orbau se flatle d'avoir remporté, ne
nous parait pas compenser 1'éclat de la pali-
nodie laquelle il a dü descendre.
Plus nous y réfléchissons, plus cette ap
préciation nous semble justitiée.
Le chef du cabinet, par les négociations
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Voyait bien quelque chose,
mais il ne savait
Pour quelle cause,
11 ne Oistinguait pas fort bien.
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