dans lesquelles il s'est engagé, ne s'est pas seulement trouvé amené a désavouer l'attitu- de qu'il gardait naguère encore k la tête de l'opposition libérale, mais il a présenté lui- même la réfutation la plus compléte, la plus peremptoire et la plus autorisée du discours stéréotypé dont il a vingt fois au moins réga- lé, pour ne pas dire ennuyé, la Chambre. On sait quelle était la thèse favorite de M. Ie ministre des affaires étrangères: II y a incompatibilité entre la soumission docile aux enseignements du Saint-Siége et la loyale observation de la Constitution beige.» En développant cette thèse, avec l'apreté agressive qui caractérise son talent oratoire, M. Frère-Orban a maintes fois amené la droi- te parlementaire, assez disposée peut-être k ce sacrifice, a désavouer plusieurs organes de la presse catholique beige. II eüt été'assez facile cependant de ne pas reculer devant un débat approfondi et de montrer que les véri- tables adversaires de la Constitution, ceüx qui la minent par une action continue, se trouvejit dans le camp même dont M. Frère- Orban est le chef. Mais ce premier triomphe n'avait pas suffi it 1 orateur de la gauche. Que sont après tout les thèses de la presse? Des opinions in- dividuelles qui n'engagent, en dernière analy se, que la responsabilité directe et isolée de celui qui les professe! M. Frère-Orban voulut aller plus loin. II prétendit amener la droite ii désavouer ex- plicitement les enseignements du Saint-Siége sur la valeur intrinsêque des libertés moder- nes. Ce fut le but d un amendement ii l'Adres- seau Roi, présentée en 1878; amendement qui répudiait le texte même des Encycliques pontificates.- La droite vota contre eet amendement; mais, cette fois encore, elle esquiva le fond du débat, si bien que les organes du parti libéral ne manquèrent pas de s'attribuer une victoire morale sur la majorité parlementaire de cette époque. Eb bien! cette thèse favorite du libéralis me, eet opiniatre lieu commun qui repoussait toujours comme de la mauvaise herbe, cette prétendue antithése entre la foi catholique et la loyauté civique qui faisait Ie fond de toute la polémique gueuse, M. Frère-Orban l'a lui- même anéantie, écrasée, enterrée, Mardi, sous une déclaration formelle et catégorique du souverain Pontife. Certes, il est impossible de prétendre que Léon XIII ait rétracté, désavoué, amoin- dri ou modifié les enseignements de ses pré- décesseurs sur les libertés modernes. L'En- cyclique de 1832, FEncyclique de 1864, le Syllabus, ce point de mire perpétuel des at taques du libéralisme, demeurent done debout dans toute leur signification. On ne citera pas une parole, pas un acte, pas une insinuation du Pape actuel qui soient de nature k en ébranler l'infaillible autorité. Eh bien! dans cette situation, Léon XIII déclare formellement aux catholiques beiges, obligés de, se soumettre avec une filiale obéis- sance aux enseignements pontificaux, qu'ils peuvent en même temps et en pleiné süreté de conscience se soumettre k la Constitution beige et l'observer avec une scrupuleuse fi- délité. Cette thèse avait déja été soutenue, sans soulever la moindre contradiction, par S. E. le cardinal archevêque de Malines dans sa lumineuse et substantielle brochure sur le serment constitutionnel. Elle recoit aujour- i d'hui la confirmation expresse du Souverain i Pontife, et, fait remarquable, cette confirma- tion, c'est M. Frère-Orban lui-même qui se charge de la notifier k la Chambre et au pays! Voilk done un argument fourbu, décidé- ment banni de la polémique des partis! Voilk le civisme des catholiques beiges placé sous une garantie solide et indiscu- table! Voila M. Frère-Orban désarmé par ses propres mains! Ce nest pas nous qui nous plaindrons de ce résultat. 11 n'entame en rien la valeur et f ortho doxie des doctrines que nous avons toujours défendues; en même temps, il dissipe k tout jamais une équivoque sur laquelle nos adver saires ont trop longtemps spéculé et dont ils abusaient pour tromper la bonne foi des sim ples. Le fait démontrera, en efifet, que ni par- mi le clergé, ni parmi les laïques, que ni dans la presse, ni hors de la presse, person ne ne se lèvera pour contredire ou pour affaiblir la déclaration du Saint-Père. Les catholiques beiges continueront done k penser des libertés modernes ce que l'infaillible enseignement des Encycliques et du Syllabus leur prescrit d'en penser; ils con tinueront en même temps a observer Ia Con stitution beige comme elle doit être obser- vée, c'est-k-dire loyalement et en supportant le mal quelle autorise en consideration du bien qu'elle permet. C'est le cas de dire: Roma locuta est, causa finita est. Ipriana liberates. En rendant compte l'autre jour de la der nière assemblée générale tenue par l'associa- tion libérale, Carton et Van Merris, délé- légués, nous avons eu tort de suivre la version du Proyrès. Ce moniteur est toujours incomplet quand il s'agit de ses amis. II nous est arrivé des renseignements trop intéressants pour que nous en privions nos lecteurs. Le discours prononcé par M. Carton est complètement défiguré dans le Proyrès. Ce n'est pas même un pale reflet de l'éloquence présidentielle qu'on trouve dans ses colonnes. Cela étonne de la part de ce journal; d'or- dinaire il soigne son patron. Bichonné parle Proyrès, M. Carton parait mieux; la tenue est plus correcte, le noeud de cravatte mieux cro- qué, les moustaches un peu brossées. Dans les grandes occasions on voit le résultat du coup de fer et les sous-pieds ne sont pas ou bliés. Cette fois rien de tout cela. Nous savons le motif de cette simplicité. Le discours de M. Carton avait été ni plus ni moins qu'épatant, 11 est bien arrivé a ce président hors ligne et distingué de parler de Jonas a qui il fait exécuter des voyages de long cours dans le ventre de sabaleine,ce qui est excessivement spirituel, ou de prönerles droits de l'homme et les principes de libèrté inscrits dans la Con stitution, ce qui, de la part d'un autocrate comme lui, nous semble assez risqué, mais jamais il n'avait abordé le sujet qu'il avait détaillé con amore dernièrement. II a parlé des congrégations de jeunes lil ies et ce, nous dit-on, en homme qui connait la matière. Qui l'aurait jamais cru, M. Carton parlant de jeunes filles en pleine association libérale - d'Ypres. N'est-ce pas que c'est joli? la Chronique et les avancés ne sont pas con tents. On a voulu voir, on a vu. On voulait savoir, on sait.... On sait qu'on ne sait rien, et surtoul qu'on n'a rien. II est certain qu'un échange de vues entre M. Frère et le grand Lama aurait produit le même effet pratique. Déception! On ne ménage pas l'aveu sincere de cet échec colossal. Un membre de la gauche avancée a donné !e mot vrai de la situation: Jonglerie. Voici encore un des ces traits de sincérité gueuse dont le ministère est si prodigue: Le Moniteur publie un avis émané de M. Van Humbeeck. et annoneant qu'eu égard au grand nombre de demandes d'admission aux cours normaux officiels, les examens des aspirantes seront différés, et que l'age d'admission k 1'examen, qui avait été fixé d'abord a 18 ans au moins, est abaissé a 17 ans. Première question: si le nombre d'aspi- rantes est si grand, pourquoi différer l'époque de 1'examen? Seconde questionPourquoi abaisser l'age de 18 ans au moins k 17 ans? Le grand nombre de demandes ne motive nullement ces deux exceptions k la règle. Mais qui sait? Aujourd'hui que 10 k 15 élèves dans une école primaire communale forment un grand nombre, il en est sans doute de même dans les cours normaux offi ciels, et dès lors tout s'explique. Appreciations libera les. L exposé deM. Frère est jugé par lesjour- naux libéraux. L'Echo du Parlement joue de la brosse au cirage. C'est §on métier. Mais Vindépendance et la Flandre libérale, Les moyens de coaction. Voici un instituteur très-laïque et très- officiel qui veut rendre l'enseignement du catéchisme obligatoire au moyen de correc tions manuelles et d'eftusion de sang. C'est ce que nous apprend le Précnrseur dans les termes suivants: Nous recevons d'un particulier de Rru- xelles la lettre suivante: Bruxelles, 21 novembre. Monsieur le Rédacteur en chef, Une plainte au procureur du Roi accompa- gnée de la déclaration d'un médecin a été déposée par un négoeiant de St-Gilles k char ge d'un instituteur communal de cette loca- lité. Procés-verbal a également été dressé par M. le eommissaire de police, k la de- mande du négoeiant, contre ledit instituteur. Voici les fails: L'enfant dont il s'agit avait déja été plu sieurs fois l'objet du mauvais vouloir de l'in- stituteur, paree que son père avait déclaré qu'il ne voulait pas qu'on lui enseignat le catéchisme. Un des jours de cette semaine le profes- seur annonp k l'enfant qu'il lui retirait une bonne note paree qu'il parlait. Le bambin mordit alors sur son doigt, signe qui équiva- lait a dire: Haie! je suis pincé. Le professeur, prenant ce geste pour une moquerie, saisit alors le bambin et le poussa si violemment contre un banc que le sang jaillit du nez. Non content de cette brutalité, il jeta enco re l'enfant contre la porte de la classe oü il se fit une blessure au front. L'enfant est alité depuis lors. M. A an Humbeeck, devenu si dévot k l'égard du catéchisme, ne peut manquer de faire décorer ce zélé instituteur. divers. ■k Nous trouvons dans uu journal gueux de Bru xelles le portrait suivant. DE KERCHOVE DE DENTERGHEM, Représentant de Gand, Bourgmestre de cette ville nère fin neur actuel du Hainaut, digne 'rejeton d'uR^ de géants; a fait un riche mariage et p indépendamment de cela. une familie disnS mourir avant lui, ce qui le met petit a netit i f tete d une fortune colossale; la fait ft-uctijler avlf. autant d intelligence que de précautions Nature ouverte et loyale, est très-aimé of donne beaucoup... de bons conseils. 11 est arrivé a la Chambre par accident do,,,. rcrnplacer Pierre de Baets, turne énormétnem vote comme on veut, mais ne parle jamais. II a été déposé, au conseil communal d'An vers, la proposition suivante Le collége' chargé de s'entendre avec l'administration hospices pour conlier la direction et l'enseiene ment de 1 orphelinat des filles k des institutnm laïques, a partir du Janvier prochain ou tout au moins dans le dólai le plus rapproché nossi ble de cette date. A Liége les Jésuites n'ont jamais eu leur collége envahi par un flot de population aussi élevé; leurs cours latins réunissent 447 élèves- ils ont du répartir en trois classes les 143 étu- diants de leur sixièmo latine: le 20 Novembre ils comptaient rangés sur les bancs de leur éta blissement 736jeunes gens [.'augmentation dn nombre d'ólèves se constate dans tons les établissements destruction diri- gés par des religieux. La gauche parlementaire a été convoquée pour Mardi soir dans les bureaux du président de la Chambre. Le f*' commandement. II y a quelques jours, une religieuse d'un couvent école situé a proximité d'une ville de la Flandre, rentrait chez elle après la classe. Arrivée prés d'un champ de navets, elle crut remarquer deux en- fants occupées furtivement a arracher le pré- cieux tubercule. Ah! je vous attrape, s'écrie-t- elle aussitót, ah! les voleuses demain vous man- gerez pain sec 1 Mais quel ne fut pas l'étonne- ment de la bonne religieuse quand, au lieu de deux élèves attardóes qu'elle croyait surpren- dre, elle vit se dresser et s'enfuir deux jeunes demoiselles, et qu'elle reconnut eu elles deux institutrices communales du voisiuage. Tout effa- rées et confuses, elles allèrent se cacher dans la maisonnette d'un garde barrière, mais le fait n'en fut pas moins connu et commentó dans tous les environs. Voler des navets, mes demoiselles, mais ce sont des manières de bouvier! Et le septième commandement de Dieu, que M. Van Humbeeck a conserve, i'ignorez-vous ou l'avez vous oublié Prenez bien garde, que cela n'arrive pas une se conde fois; sans quoi vos noms et prénoms seront publiés dansles colonnes de notre journal et le gouvernement se verra force do vous enlever les sinecures qu'il a eu la gracieuseté de vous procurer La situation financière de la ville de Bru xelles n'est pas seulement embrouillée, comme on l'avoue enfin a gauche, elle est mauvaise et dangereuse. Le budget des recettes et dépen- ses ordiuaires cloture cette année par une diffé- rence ou déficit de 1,230,862 francs 49 centimes. Tol est le chiffre officie/.. Nous admirons les 49 centimes! Dans un bilan aussi embrouillé et ii> quiétant - on est heureux de trouver ces 49 centi mes qui tranquiliisent sur le présent et l'avenir les libéraux officieux. Pourtant nous connais- sons des contribuablesquine sont pas compléte- ment satisfaits et qui cessent de chanter l'éloge de nos magnifiques édiles. Hs n'en payeront pas moins. On écrit de Herbesthal (première station allemande sur le chemin de fer do Verifiers Aix et Cologne) Le transport des pommes de terre pour la Belgque est très-considérable; en moyenne, ilen passe par jour 120 wagons de 10,000 kil. chacun. II y en a pour toutes les localitós du pays, pour Namur, Gand, Menin, Courtrai, Bruges, Deynze, pour les Flandres, mais surtout pour le bassin de Charleroi Ces jours-ici, la station de Herbesthal était transformée en bourse, tant il' s'y trouvait en grand nombre des marchands allemands et bei ges. Malgró la grande abondance de la marehan- dise, les prix restent très-élevés.- Voici les noms des représentants des di- verses nations au mariage d'Alpbonse XII M. l'amiral Jaurèc, pour la France; M. le cointe de 'Gortscbakoff, pour la Russie; lord Napier, pour l'Angleterre; le général Cialdini, pour l'Ita- lic; M. le comte de Solms, pour l'Allemagne M. lecomte de Ludolf, pour l'Autriche M. le baron de Beyens, pour la Belgique; M. Semeschina, pour le Japon; M. Rherman, pour laSuède; ge neral Caula, pour le Portugal, et M. Belzanni, pour la Grèce. L'ex-impératrice Eugénie, accompagnéedu due de Bassano, a passé par Paris. L'autorisa- tionde traverser la France lui avait été accor- dée a la suite d'une demande faite au pres du gouvernement par l'ambassade anglaise. Lex- impératrice se rend a Madrid, auprès de sa mere, la comtesse de Montijo, qui est gravement ma- lade. On annonce la mort de M'ne la comtesse de Montijo, mère de l'ex-impératrice Eugénie-

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 2