5
ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT.
MERCREDI 29 Octobre 1879.
10 centimes le numéro.
14e année. N" 444&.
On s'abonne rue au Beurre, 0(5, a Ypres, et k tous ies bureaux de poste du royaume.
Résumé politique.
FRANCE. Nous n'en avons pas fini
avec les révoeations de maires coupables
d'avoir pris part a des banquets royalistes.
On annonce que M. Lepère vient de présen
ter a la signature du' président de la Répu-
blique une troisième liste, ce qui porterait le
nombre des maires révoqués pour le même
fait a cinquante environ.
Ce n'est pas tout. Les journaux republi-
cains annoncent que, par ordre du ministre
de la guerre, une enquête doit être faite pour
rechercher les officiers de l'armée territoriale
qui auraient pris part a ces mêmes réunions
royalistes. La peine de la suspension de
grade serait prononcée contre ces officiers
comme elle l'a été, dit-on, contre M. de Ca-
rayon-Latour.
Décidément, le Gouvernement francais
tie veut plus laisser le champ fibre aux mani
festations des communards. Le préfet de la'
Seine vient de prendre, évidemment sur l'or-
dre du Ministère, un arrêté pour interdire
toutes quêtes, cotisations ou collectes dans
l'intérieur des cimetières. Les maitres du
jour se souviennent du profit qffion peut tirer
des réunions- tumultuaires organisées autour
de centaines tombes, et ils ne veulent pas
qu'on puisse user contre eux des procédés
révolutionnaires qui les ontportés au pouvoir.
Le préfet de police vient d'acquérir égale-
ment.un nouveau titre a l'animad version des
radicaux intransigeiants. R a défendu quion
apposat sur les murs de Paris des affiches
annonpant la publication du Mot cl'Ordre,
feuille destinée k rem placer la Marseillaise
pendant la suspension de ce dernier journal.
La presse démagogique proteste énergique-
ment et fait remarquer que les hommes du
16-Mai, contre lesquels les républicains-ont
tant crié, n'ont jamais été jusque-lk.
PRUSSE. La presse libérale est tou-
jourS fort en peine de savoir si oui ou non
Ml de Puttkamer, le nouveau ministre des
cultes, est, comme on le prétend, en désac-
cord avec le prince de Bismark sur le ter
rain religieux et si ce dernier va ou ne va pas
mattre a pied le successeur de M. Falk. Dans
ce sentiment de vive curiosité, la dite presse
cite comme un indice favorable k ses vues
ces paroles adressées par M. de Puttkamer a
une députation du clergé catholique et repro
duces par le Staatzanzeiger En ce qui
concerne les vceux que vous me faites con-
ualtre, je les tiens également k ceeur et je
prie Dieu pour que le temps vienne bientót
oil il sera permis de les accompliv dans les
limites et sur le terrain des lois du pays.
Ges paroles sont-elles réellement de na
ture ii rassurer les amis du KuUurkampf?
Voilk ce dont nous ne sommes nullement per-
suadé.
AUTRICHE.Le gouvernement Autri-
chien appréhende vivement d'etre débordé
par la majorité fédéraliste.
Le comte Taaffe a déclaré au Cardinal
Kutschker, Archevêque de Vienne, en le
chargeant de négocier un compromis entre
les eonstitutionnels et les ultra-conserva-
teurs, que,, si la question des lois organiques
était agitée ii l'oceasio® de la discussion de
l'adresse, il se verrait contraint de se retirer.
- ANGLETERRE. Dans un discours
qu'il a prononcé, vendredi a Manchester, le
chef du parti libéral anglais, lord Hartingtöh,
a fait en termes passionnés le procés au cabi
net Beacousfield. S'attachant k réfuterj'opti
misme des discours prononcés peu de jours
avant dans la même ville par le marquis de
Salisbury, l'orateur a blamé la politique con-
quérante qui représente l'acquisition de l'ile
de Chypre comme une nécessité de la situa
tion faite ii l'Angleterre par les conséquences
de la guerre d'Orieut. Bref, il a fait ce qu'il a
pu' pour dénigrer le cabinet Beaconsfield et
provoquer uneéissolution du Parlement..
Gette dissolution,les libéraux l'oblicndront-
ils? Le Times le croit, mais le Standard le
nie. Quant au cabinet, s'il* faut en croire un
de ses membres, sir Stafford Northcote, il est
fa-mppient résolu k laisser mourir de sa belle
mort' la législature actuelle.
Prenez nxon ours
Le Progrès d'Ypres, se croyant encore
quelque peu commissaire d'arrondissément
ou l'étant en effet sous le nom d'un neveu,
recommande k l'attention des autres com
munes une délibération trop importante que
vient de prendre le Conseil- communafdeBoe-
singhe.
On ne s'expliquerait pas eet excès d'im-
portance si le Progrès ne nous apprenait
en même temps que. cette délibération coin
cide avec la nomination d'un instituteur en
chef
Mais quellès circonstances peuvent amener
ainsi une administration, dont le. chef se croit
quelque chose, k préférer aujourd'hui un can
didal dont elle ne voulait absolument pas il y
a quatre ans, qui a couru toutes les vacatures,
grandes et petites, ouvei'tes pendant les der-
nières années dans les éeofes rurales, que.
l'on a même dédaigné k Ypres, oü cependant
la disette se fait sentir dans le personnel des
écoles, qui s'était mis enfin a la disposition
de M. Ilévard comme matière k une nomina
tion d'offiee, en un mot, un candidal qui, il
y a quatre ans, pouvait avoir quelque titre,
mais qui est aujourd'hui un délaissé de par-
tout, et que nous croyions et pour cause
rayé depuis longtemps des registres de-
l'instruction publique!
Mais qüelle chance' aussi pour ce candidal
d'avoir enfin réussi! Et quellé gloire pour Ie
Progrès de pouvoir recommander aux autres
communes pareille nomination, comme un
exemple k suivre! - Pardon, c'est la déli
bération qui est recommandable, délibération
par laqttellé le coitseif cornmtinal'de Bbësin-
ghede favis du l'rogrès sans doutc a
fournf du lestk ce chef, oisean léger.
La voici, en substance, la délibération;
1° Enseigriemént primk'rfe gratuit pour
töus les en hint's de la commune.
2° Traitement de l'institoteur porté k
2,200 fr., outre le logement!
3°' et 4° EnSei'girement religieux donné'
comme auparavant. Prièresdites, id.
5° Rien ne sera change aux emblêmes
religieux qui figurent actuellement dans les
salles d'école
Quand l'instruction est solide et- bleu don-
née,- le père de familie la paye volöntiers;
témoin, celle que nos libéraux, nos magis-
trats communaux d'Ypres même, payent aux
écoles des religièuses et des prêtres pour
leurs propres enfanfö!
Mais lorsque 1'instituteur n'a nulle valeur
par lui-même, la gratuité absolue de l'énsei-
gnement' peut être un moyen de peupfér
plus ou moins l ecoie. Ce moven est-il bien
légal? Est-il même conforme k la nouvelle loi
sur l'enseignement primaire? Est-il digne
enfin d'un» administration sage et économe
des deniers publics?
La majorité de cette adminislration, déjk
fort ébranlée dans sa chaise curule, joue ici
son va-tout, sans doute par couardise pour le
maitre et patron du Progrès!
L'augmentation du traitement n'ajoutera;
rien k la cervelle de ce nouvel instituteur et
ne remplacera ni ses talents absents, ni ses
expériences d'insuccès: elle peurra cependant
être un nouvel attmit poui" l'éeole, car l'on
nous dit que le nouveau chef, accompagné du
garde-ehampêtre, a déjk fait une tournée de
village pour distribuer des sows k ses future
élèves!
Que l'enseignement religieux sera donné
et les prières dites comme auparavant,
est-ce bien: sur? L'administration communale
a-t-elle pris des renseignements auprès dé
l'autorité ou de l'inspection ecclésiastique
sur Ia manière dont eet instituteur en chef
donnait l'enseignement religieux et récitait
les prières en son école? Nous gageons quelle
ne s'en est pas même inquiétée. Or, entre
M. Bogaert, l ex-instituteür en chef, et le
nouveau chef, il y a un abime: sous-lei rap
port de la dévotion. du zèïe! etr des aptitudes!
Quant aux emblêmes religieux, nous ©spé-
rous bien que le nouvel instituteur, qui n'au-
ra pas. autre chose k faire, en nettoiera de
temps k autre la poussière de même que dés
meubles classiques; mais il se gardera bien
d'allonger les bras? du crueifix ou. de le
mutiler! Done, rien n'y sera change!
1'our.touCcela, le Progrès danue un brevet
d'intelligeneé k l'administration de Boesinghe!
Avec un peu dé reflexion cependant, il aurait
trouvé que c'est précisément une des admi
nistrations'qui out faitr le moins leuits devoirs
pour l'enseignement public; que, malgré les
instances de l'autorité supérieure, malgré les
commissaires spéciaux envoyés par feu M.
Vrambout, elle n'a jamais voulu se résoudre
k construire un nouveau local d'école; qu'au-
jourd'hui encore, elle n'a qu'un local platré et
replatré, qui ne supporterait l'examen. sur
aucune des conditions del'hygiène oude la
methodologie. L'ex-instituteur doit être bien
heureux d'avoir quitté cette galère, qui sem-
blera néanmoins, au nouveau chef, un palais
k cöté de la caverne qu'il occupait ailleurst
Mais voilkIntelligence est quelquefois
synonyme dé bonne volonté: or, le neveu,
pour accomplir Ia reconnaissance que Tonele
voue au père du candidat, a bien voulu dire
k Boesinghe: Prenez mon ours? ce n'èst
qu'un oursoh: il sera si gentil! Cé n'ëst même
qu'un knon!
Et voilk comment s'explique cette déli
bération trop importante pour ne pas être
reeommandée.
Pauvres communes rurales, songez que
nous vivons sous le règne de fhypocrisie;
c'est le cas de vous dire: Timeo Danaos et
dona ferèntes!
Pour pen que le Progrès alt encer.e quel-
ques recommandations pareilles k faire, c'en
est fait de l'influence de Tonele dans les com
munes rurales de l'arrondissementsauf
peut-être dans celle qui doit se trouver heu-
reuse aujoürd'hui de pouvoir dire: On m'a
délivrée de mon ours!
Nous ne parierons pas du conseil que le
Progrès se risque de donner k cette intel
ligente administration Le sujet est un peu
dëlicat et c'est tout k fait hoi's dé raison:
qu'il le demande k M. Alphonse, qui était
d'un avis tout opposé. Affaire de planche de
salut!'
Quelques aveux.
Le monde Thaponnique est ahuri de voir
Journal d'"Ypres
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
Le prix de l'abonnementpayable par anticipationest de 5 fr. 50 c. par an pour tout
le pays; pour létranger, le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre.
Les articles et communications doivent être adrrssés franc de port 4 l'adresse ci-dessus.
Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le. corps du journal patent
30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires 1 franc iadigrie. I.es numérós sirppfó-
mentaires coütent 10 francs les cent exemplaires.
Pour les annonces de France et de Belgiqne (excepté les 2 Flandres) s'adresser 4 1 'Ag^nce Havaa
Marehó aux Herbes, et a Paris, Place de-la Bourse.
Laffile, et G'e Bruxelles, 89,