ORGANE C A T H O L IQU E DE L' A RRON D 1SSEMEN T. MERCREDI 3 Décembre 1879. 10 centimes le numéro. 14' nnnée. IV" 1453. On s'abonne rue au Beurre, 6ö, a Yprcs, et a tous les bureaux de poste du rovaurne. Résumé politique. FRANCE. Le discours de M Gam- belta, qui se résumé eu ces mots: trève aux discussions poliliques, il faut s'occuper avant tout des affaires, n'est pas entendu pa les deputes de la gauche.. L'union répu- blicaine et 1 extréme gauclie out decide que la question la plus urgente Ji régler était cello de lepuration des fonctionnaires et qu'une interpellation serait adressée dans le plus bret délai au ministère. La République fratipaise prend ;i taclie de critiquer et de malmener le gouvernement. La question de l'amnistie compléte doit ètre résolue avant tout d'après ce journal. La crise ministérielle dure toujours et n'aboutit jamais. La Gazette de France pour- rait bien avoir dit le dernier mot it ce sujet: Si dès aujourd'hui MM. Brissön, Gam- betta Simon et autres ne s'unissent pas pour renverser un cabinet que tous ils jugent in capable et impuissant, c'est la crainte de n'être pas appelés au profit, c'est la cr.iinte de voir le ministère tombér aux mains d'un groupe politique qui ne serait pas le leur. Ils sont li, tous, épiant l'instant favorable, se surveillant entre eux, et au fond du coeur se murmurant: Rien ne va, mais plutöt la de bacle pour tous, que la formation d'un nou veau cabinet, ou tel groupe serait sacrifié it tel autre. ITALIË. Le ministère Cairoli-De- pretis n'inspire qu'une médiocre confiance. Tout le monde s'attend a le voir tomber pro- Le Duel. chainement devant une coalition, comme les autres ministères de gauche depuis deux ans. Un ministère de droit© parait seul possible en présencede 1 opinion g'néralement expri- mce par les organes les plus importants de la presse italienne. Son avénement entrain ra ia dissolution des Chambres et de nouvelles élections. Gette éventualité ne sourit pas au Ro: Humbert. Les élect.ons menacent d'etre mau- vaises, mais cette solution est le seul moyen de sortir du gacbis actuel. -AMERIQUE. Le messacre du prési dent Hayes, qui vient d'etre publié prématu- rément, exprime ses féli itations au sujet de la reprise des paiemenis en espèces et de la grande reprise du commerce. II propose ;i la législation de rem lacer 792,000,000 dollars bonds 5'6 par des bonds 4 7»; il cónseille d'ajourner la législation sur ie monnayage et de suspendre le monnayage du dollar-argent. M. Hayes dit que l'impression du papier- monuaie, excepté dans des cas d'urgence, est contraire h la Constitution. Le Message recommande des impöts sur le café et sur le thé. Si le projet du percement du canal de Pa nama était entrepris sous les auspices de l'Amérique, l'argent nécessaire sera indubita- blement obtenu. Le rapport de M. Sherman évalue les re cettes de l'année prochaine :i 288 millions et les dépenses a 278 millions de dollars. ALLEMAGNE. L'ordonnance rendue centre les socialistes pour restreindre le dro't de séjour et la faculté de porter des armes a Berlin et dans les environs, est prolongée d'une année. RUSS1E. Les principaux membres de la diplomatie russe l'étranger sont réunis en ce moment a St Pétersbourg. L'Empereur sera rentré dans sa capitale le 4 Décembre. A en croire les journaux une nouvelle ère s'ouvnrait pour ('empire russe. Ecliange de vues. Le Mmiteur pu'die les divers documents de la correspondance diplomatique avec Rome. On peut remarquer par la lecture de ces pièces que M. Frère n'a pas été fort complet dans son exposé. 11 a laissé fort souvent dans l'ombre certains textes peu favorables a sa cause. II résulte des lettres et dépêches émanées de la Curie romaine: 1° Que S. E. le cardinal Nina n'a nulle- ment peis au sérieux l'accus ition dc rébellion dirigée par M. Frère-Orban contre certains journaux catlioliques. 2° Que l'attitude doctrinale du Saint-Siége demeure invariablement la même concernant les libertés moderues et qu'il ne loue ni ne favorise lesdites libertés. 3° Que le Saint-Siége pouivait avec rui- son se plaindre en voyant que, tandis que toute attaqué contre I E Use semble permi- se, sa defense est ennsid. rée comme un acte de révolte contre le pouvoir civil. Ce sont lii des points intéressants a iK ter et il nous a paru, au point de vue du débat récemment engagé ;i la Gliambre et qui doit bientót s'y reproduire, opportun d'en prendre acte. On éerit de Bruxelles ;i la Gazette de Liége Le document en réfutation au discours de M. Frère-Orban sur l échange de vues. et dont je vous avais télégrapbié la prochaine publication, n'a pas encore vu le jour et j'ai évité de vous en entretenir. Fourquoi! Voici la réponse en latin: tempus èst loquendi et tempus tqcendi. Aux radicaux de parler. La république en Belgique. Le programme libéral s'accentue cliaque jour davantage dans le sens républicain et radical. Le Journal de Bru ;es ne dissimule plus ses sentiments. Après avoir demandé la sup pression du budget des cult.es, du traitement des membres du clergé lui même, il fallait bi n pour rester conséquent dans les tradi tions révolutionnaires. réclamer aussi la suppression de la liste civile et de Ia royauté. Le Journal de Bruges vient de le faire sans ambages. Voici son raison enent: Qu.md on consulte les historiens de la Journal ^ë&agaBfclfgl Le JOURNAL, D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le payspour l'étranger, le port en sus. Les abonneraents sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Les articles et communications doivent ètro adressés franc de port a I'adresse ci-dessus. Les annonces coutent 15 centimes la ligne. Les réclam >s dans le corps du journal paicnt 30 centimes la ligne. Los insertions judiciaires1 franc la ligne. Les nuniéros suppló- mentaires content to francs les cent exetnplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les piandres! s'ad rosser a 1'A.genre Sams Laffit<\etC'« Uruxelles, 8t). Marclié aux Herbes, et a Paris. 8, Place de la Bourse. Nous ne trouvons que trop souvent dans les colonnes desjournaux des récits de combats sin guliers, qualiliés duels, et que l'on pourrait ap- peler des tentatives d'égorgement mutuel Com ment expliquer que notre siècle de progrès, ennemi déclaré de toas - préjugés d'un autre - ait pu maintenir en honneur une pratique aussi brutalement sauvage, onvers et contretous 'es codes di vinset humains? Ces mem es hommes qui proclament avec emphase la souveraineté de la loi, qui s'indignent et s'irritent lorsque des catlioliques obéissant a Dieu refusent parde- v°ir do s'incliner devant une majesté usurpa- trice, ces monies hommes décrètent sans hesita tion la nécessité de violer la loi en ce point qui nous occupe. L'honneur, disent-ils. le leur com mando.'La conscience du clirétien, tils de l'Eglise ne peut se soustraire a des prescriptions contrai rs a celles de Dieu même. Ntais le préjugé d'un mondain doit prévaloir sur les arrets d'une legislation en désacco'd avec Ce qu il nomme l'honneur. Ici d'ahord l'inconsé- quence est manifeste. L'homme digne de ce nom qui ne se ernit pas un étre éphémère comme 1 a- D'nial, mais qui se sent immortel, considère son Pasage sur cette terre comme l'aecessoire. L'es- Renti<q est ci'tte vie sans ternie qui" s'ouvre par |*'a le tombeau. Lorsque la volon'é arbitraire un législatieur lui coniiiiande de sacritier le principal a l'aecessoire et de commettre des actes qui lui fermeraient les portes du séjour de l'éter- nel bonheti'r, force est a ce croyant de refuser obéissance. Quand au contraire, le libre-penseur s'insurg on niatière de duel centre rmtte souve raineté de la loi, qu'il prétend absoluo. il sacri fié en aveiigle au prestige inexpliquó d'un vieil abus anti-social, revètu pat' errenr d'un noble nom. L'honneur Le mot dit tont. L'honneur or- donne a l'offensó de croiser le fer avec son insul- teur et d-' prendre sa vie ou de lui livrer la siéii- ne. Le sang ainsi versé lavera la tache que l'hon neur a re :ue. Telle est la force du-préjugé que les partisans du duel croienta sa nécessité avec una conviction sincere. Cependant leur opinion repose sur un maientendii. Qii'est-ce que cct honneur que l'on dó end, que l'on conserve en comméttant un crime Qu'est-ce que l'honneur en soi. le véri- table honneur? L'honneur de tout ètre pensant, celui de l'homme en particulier, ne peut ètre que le soin jaloux avec lequel il niaintient l'intêgrité de sadignité naturelle; N'e point la dégrad -r soi- même. ne point permettre que les autres y por tent atteinte, tel est le devoir de tont liornme justèineiit fier de son essence. .lusqü'ici, je le erois, nous serons tous d'accord. Mais en quoi consiste la dignité humaine? De quelle fa con peu'-elle ètre souillóe et par quels moyens doit- on la sauvogarder'? t dies sont les questions qui vont nous divisor. Evidem n -nt la dignité d'un ètre se mesureè la grand 'Ui' de son origine, a la noblesse de son essence et de se» faeultés, enfin l'élévation du but auquel .ses destlué'-s l'appel- lent. Connaissöns bien cette origine, cette valour intrinsóque de notre ètre. cette lin a laquclle nous devons prétendre, et nous saurons exacte- ment quelle est notre dignité. L-s consequences découleroiit d lles-inêm is et uoas saurons saus long examen ce que l'honneur or .oniieou defend. De d 'iix choses l'une ou nous somin -s l'ou- vrage du Dieu créateur de loutes choses, du Dieu intini, type éteruel d toute science, de tout per fection etalors il nous a fa its a son image, il nous appelle a la participation de son iuuuortalité; ou bien nous sommes le produit des torces incon- scientes de la nature, qui par des generations et des evolutions successive» a fiuien se perfection- nant toujours par mettre au jour l'ètre doué de raison. Absurde systèmerenfermant danssaseuledon- i.ée mille lois plus de mySfères et d'iucotliiues que tous les développeinents possibles des doctrines religieuses n'en prósenteroiit jamais. Nous u'a- vons pas a le combattre ici. Observons seuletnent que, ne distiiiguaiit point l'lioiiiine de renseinble d s olioses matérielles, il lie lui assigne aucuue tin supérieur; a cette vie; il le eondaume a se conton- dreala moi t avec les masses cosmiques, ou du moius a perdre sa personnalité par la métemp- sycose Je demand© aux adeptes de cette splen- dide théorie de vouloir bien me dire oü se trou- ve la dignité de riiomme. Ma faibie intelligence lie parvient pas, je l'avoue, a la découvrir. En quoi dilïérons-nous esseutiellemeut de l'liuitre ou du cliimpanzó? Même source, memos affluents, même confu sion dernière. Quel pourrait ëtre le p incipe gé- ïiérateurdes droits et. d s it voiis moraux'? Vivre et jouir, gardm-et a; cro.ire les moyens de conserve!* cette vie et ces j<> issances le plus longtemps possible, avisei- prudouiment a éviter la souü'ranee, les privations, le malheur: telle doit éti'e notre unique preoc iipatLón. Cependant, le préteudu philosopbe qui renonce de la sorte a toute (lignite ess uiielle parle haut dson honneur et se montre aussi .jaloux que personae de le defend re contre toute tentative hostile. Je suis loin de le. bISmcr, car ce senti ment, s'il le porto en soil coeur, est une protesta tion involontaire contre sou propre systèrne. C'est un hommage inconscient qu'il rend a cette dignité ïnècoiinue par lui même. Mais, enfin, ii est inconséquent, et, s'il vmt tirerdes premisses par lui posées les deductions qu'elles renl'er- ïuent, ilne peut sérieusement invoquerson hon neur. Qu il se plaigne ctse révoite alors que l'iil- jure ou ladilTainaiiou lui out fait perdre lesavan- tages exté icurs qui lui procuraiént la confiance et la consideration de ses semblables, rien de mieux. Mais qu il se borne alors a recourir aux mesures les plus propres a sauvegardersa posi- i tion compromise... Conserve!' les apparences j visa-vis de ses semblables, voila la seule étude sérieuse a laquelle il ait a se livrer. Travailler dans son for intérieur a se conformer a un type ideal de beauté morale qui pour lui u'existe pas, i ce serait un non-sens. Exiger que les autres I liommes lui attribuent dans leur pensee cette

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1879 | | pagina 1